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Robotisation et humains: quelle complémentarité ?

Robotisation et humains: quelle complémentarité ?

par
Ganesh Gowrishankar
Chercheur au Laboratoire d’Informatique, de Robotique et de Microelectronique de Montpellier, Université de Montpellier dans The Conversation

Développer des interactions entre humains et robots n’est pas seulement un défi robotique mais aussi un défi pour comprendre les humains et la société humaine : comment les humains perçoivent les robots, communiquent avec eux, se comportent autour d’eux et les acceptent (ou non). Cela devient d’autant plus important avec l’arrivée de la quatrième génération de robots, qui s’intègrent directement au corps humain.
Nous travaillons à mieux comprendre ce qu’on appelle « l’incarnation » de ces dispositifs : en effet, à mesure que ces robots en viennent à « ne faire qu’un » avec nous, ils modifient nos comportements et notre cerveau.

La première génération d’interactions humain-robot, pour l’industrie
Ce « voyage dans le temps » des robots, passés du statut de machines dangereuses à celui de partie intégrante de la société humaine, dure depuis plus de quarante ans.

Les robots sont très variés, de par leurs tailles (micrométriques voire nanométriques d’un côté, mais de taille humaine ou plus de l’autre), leurs manières de bouger et leurs fonctionnalités (industrielles, spatiales, de défense par exemple). Ici, je ne me concentre pas sur les robots eux-mêmes, mais sur les interactions entre humains et robots qui, selon moi, se sont développées sur quatre générations.

Schéma des quatre générations d’interactions
Ma vision personnelle de l’évolution de nos interactions avec les robots depuis les années 50. Ganesh Gowrishankar, Fourni par l’auteur
Les interactions entre humains et robots à grande échelle ont commencé avec l’arrivée des robots industriels, dont le premier a été introduit par General Motors en 1961. Ceux-ci se sont lentement répandus et au début des années 1980, les robots industriels étaient présents aux États-Unis, en Europe et au Japon.

Ces robots industriels ont permis d’observer la première génération d’interactions humain-robot : ils opèrent généralement dans des zones délimitées, pour s’assurer que les humains ne s’approchent pas d’eux, même par erreur.

Les robots industriels, qui ont d’abord été popularisés par les tâches d’assemblage automobile, sont maintenant utilisés pour diverses tâches, telles que le soudage, la peinture, l’assemblage, le démontage, le pick and place pour les cartes de circuits imprimés, l’emballage et l’étiquetage.

chaine d’assemblage de voitures
Robots dans une usine d’assemblage de voitures. A noter que des garde-corps sur le côté délimitent clairement l’espace de travail du robot de celui des humains. Spencer Cooper/Flickr, CC BY-ND
Travailler côte à côte
La recherche en robotique de cette période s’est concentrée sur le rapprochement des robots avec les humains, ce qui a donné lieu à une deuxième génération d’interactions humain-robot, matérialisée pour le grand public au début des années 2000, lorsque des machines, comme le Roomba et l’Aibo, ont commencé à entrer dans nos maisons.

Ces robots de deuxième génération travaillent à proximité des humains dans nos maisons et nos bureaux pour des « applications de service », telles que le nettoyage des sols, la tonte des pelouses et le nettoyage des piscines – un marché d’environ 13 milliards de dollars US en 2019. En 2009, il y avait environ 1,3 million de robots de service dans le monde ; un nombre qui avait augmenté en 2020 à environ 32 millions.

Les premiers robots à entrer dans nos maisons ne sont pas humanoïdes. Roman Pyshchyk/Shutterstock
Toutefois, bien que ces robots opèrent dans un environnement plus humain que les robots industriels, ils interagissent toujours de manière assez minimale et basique. La plupart de leurs tâches quotidiennes sont des tâches indépendantes, qui nécessitent peu d’interaction. En fait, ils essaient même souvent d’éviter les interactions avec les humains – ce qui n’est pas toujours aisé.

Interagir avec les humains
La relation entre humains et robots évolue désormais progressivement vers la troisième génération d’interactions. Les robots de la troisième génération ont la capacité d’interagir cognitivement ou socialement comme les robots dits « sociaux », mais aussi physiquement comme les exosquelettes.

un robot de rééducation
Lokomat est un robot qui peut s’attacher physiquement aux humains et peut fournir une assistance physique pendant la rééducation. Fondazione Santa Lucia, CC BY-NC-SA
Des robots capables d’assistance physique, qui pourraient être utilisés pour la rééducation et les soins aux personnes âgées, l’assistance sociale et la sécurité, ont par ailleurs été clairement identifiés comme prioritaires par les gouvernements en Europe, aux Etats-Unis ainsi qu’au Japon dès le milieu des années 2010.

Une façon notamment de répondre au problème du vieillissement des populations dans ces pays développés.

Contester la définition du corps humain
Nous voyons désormais lentement l’émergence d’une quatrième génération d’interactions humain-robot, dans laquelle les robots ne sont pas seulement physiquement proches des humains, mais bien connectés au corps humain lui-même. Les robots deviennent des extensions du corps humain.

C’est le cas des dispositifs d’augmentation fonctionnelle -tels que des membres robotiques surnuméraires- ou encore des dispositifs de remplacement fonctionnels tels que les avatars de robots (qui permettent à l’homme d’utiliser un corps de robot pour lui faire réaliser des tâches précises). D’autres dispositifs peuvent également fournir une perception sensorielle supplémentaire aux humains.

Les interactions de quatrième génération sont fondamentalement différentes des autres générations en raison d’un facteur crucial : avant cette génération, l’humain et le robot sont clairement définis dans toutes leurs interactions par les limites physiques de leurs corps respectifs, mais cette frontière devient floue dans les interactions de quatrième génération, où les robots modifient et étendent le corps humain en termes de capacités motrices et sensorielles.

En particulier, les interactions de la quatrième génération devraient interférer avec ces « représentations corporelles ». On sait qu’il existe des représentations spécifiques de notre corps dans notre cerveau qui définissent la façon dont notre cerveau reconnaît notre corps. Ces représentations déterminent notre cognition et nos comportements.

Par exemple, imaginez que vous faites vos courses dans une allée d’épicerie bondée. Pendant que vous atteignez des articles avec votre main droite, vous êtes capable, très implicitement et sans même vous en rendre compte d’éviter la collision de votre bras gauche avec les autres acheteurs.

Ceci est possible car votre cerveau a une représentation de la taille, de la forme de vos membres et est conscient et surveille chacun de vos membres. Si vous tenez un panier dans votre bras (ce qui change la taille et la forme du « bras »), vous aurez plus de difficultés à éviter instinctivement les collisions, et devrez faire un effort conscient pour que le panier ne heurte rien dans votre entourage proche.

De la même manière, notre cerveau peut-il s’adapter à un membre surnuméraire, ou autre addition robotique de quatrième génération, et mettre à jour ses représentations corporelles ? C’est ce que l’on appelle l’« incarnation » en neurosciences.

Si l’incarnation de ces dispositifs peut se produire, à quelle vitesse cela se produit-il ? Quelles sont les limites de cette incarnation ? Comment cela affecte-t-il notre comportement et le cerveau lui-même ?

Les interactions humain-robot de quatrième génération ne remettent pas seulement en question l’acceptation de la machine par le cerveau de l’utilisateur, mais aussi l’acceptation de l’utilisateur dans la société : on ne sait toujours pas si notre société acceptera, par exemple des individus avec des bras robotiques supplémentaires. Cela dépendra certainement d’aspects culturels que nous essayons également d’analyser.

En réalité, les robots de troisième et quatrième génération sont si proches des humains que nous devons mieux comprendre les comportements humains et notre cerveau pour les développer.

Dans nos travaux, nous combinons donc la recherche en robotique avec les neurosciences cognitives, motrices et sociales, pour développer ce que nous croyons être la science des interactions humain-machine.

C’est seulement grâce à une compréhension holistique des individus humains, des machines qui interagissent avec eux et de la société dans laquelle ils vivent, que nous pourrons développer les futures générations de robots. Et, dans un sens, la société du futur.

Robotisation : l’homme transformé en animal de compagnie des robots ?

Robotisation : l’homme transformé en animal de compagnie des robots ? 

 

 

 

Il y a évidemment quelque chose de surréaliste avec cette information en provenance de la Chine où une femme robot a été nommée PDG d’une entreprise de plusieurs milliers de salariés. On avance une raison « rationnelle » car ce robot travaille  mieux et surtout 24 heures sur 24.

On rêve aussi peut-être d’un robot un jour à la tête de l’État qui par parenthèse permettrait de faire l’économie d’élections qui ne servent  d’ailleurs pas grand-chose en Chine puisque le parti communiste décide de tout par avance.

Un parti communiste composé aussi pour l’essentiel de robots qui lèvent la main en même temps que le chef et savent aussi tous ensemble l’abattre sur les contestataires.

On pourrait prolonger la prospective et envisager aussi le remplacement des consommateurs par des robots. Donc des robots chefs d’entreprise, des robots producteurs et des robots consommateurs. De quoi se passer de l’espèce humaine et de réaliser peut-être le grand rêve communiste du socialisme totalitaire enfin réalisé.

On imagine aussi que les responsables de la défense seront désormais des robots de sorte qu’on pourra sans doute plus rapidement programmer la fin De l’Homo sapiens peut-être en animal de compagnie des robots.

Une femme robot vient d’être nommée à la tête d’une grosse entreprise chinoise. L’un des leaders chinois du jeu vidéo, NetDragon Websoft, est à l’origine de cette première et a confié sa filiale, Fujian NetDragon Websoft, à une intelligence artificielle. L’idée remonte en fait à plusieurs années. En 2017, grâce à l’IA, la société décide de créer un personnage virtuel et de lui donner des responsabilités. L’entreprise, à l’époque, a envie de montrer à ses clients que l’intelligence artificielle qu’elle développe pour ses jeux peut aussi fonctionner dans la vie réelle de l’entreprise.

Ce personnage est donc Tang Yu, une femme robot qui a commencé par occuper le poste de numéro 2 de l’entreprise, avant d’être nommée à un poste de PDG tournant de la société. C’est inédit. NetDragon Websoft compte plusieurs milliers de salariés et brasse des milliards de dollars. En interne, on appelle ça un dirigeant numérique virtuel mais qui a tout de même une apparence physique. Le visage de la PDG robot apparaît sur les écrans d’ordinateurs sous la forme d’un humanoïde, avec son, costume strict, sa coupe de cheveux parfaite. Grâce à l’intelligence artificielle, elle est aussi capable de s’exprimer.

 

Robotisation : la fin du travail ?

 Robotisation : la fin du travail ?

 

Une réflexion intéressante sur le développement de la robotisation qui menace le travail traditionnel. Une menace inquiétante comme  lors de chaque grand progrès technique. Dans l’histoire se sont  posées les mêmes questions mais sans doute de manière moins brutale. .Reste que la tertiarisation de  l’économie témoigne cependant de besoins toujours nouveaux de l’humain en amont comme en aval de la production et de façon plus  générale dans la société. le problème est de savoir si les progrès de productivité permis par l’IA ne seront as plus destructeurs que la dynamique de création d’emploi.

 

« Les progrès réalisés ces cinq dernières années dans l’intelligence artificielle vont permettre de construire des robots, capables d’exécuter quasiment toutes les tâches humaines, menaçant des dizaines de millions d’emplois au cours de 30 prochaines années, s’accordent à prédire des scientifiques. « Nous approchons du moment où les machines pourront surpasser les humains dans presque toutes les tâches », a prévenu Moshe Vardi, directeur de l’Institute for Information Technology à l’Université Rice au Texas. « La société doit se pencher sur cette question dès maintenant car si des robots font presque tout ce que nous faisons comme travail, qu’allons nous faire », s’est-il interrogé samedi aux côtés d’autres experts lors de la conférence annuelle de l’American Society for the Advancement of Science (AAAS) réunie à Washington. Pour le scientifique qui n’exclue pas la fin du travail humain, « la question est de savoir si l’économie mondiale peut s’adapter à un taux de chômage de plus de 50 % ». Aucune profession n’est à l’abri, pas même les travailleurs du sexe, a-t-il lancé. L’automatisation et la robotisation ont déjà bouleversé le secteur industriel ces 40 dernières années, dopant la productivité au détriment de l’emploi. Le nombre de création de postes dans le secteur manufacturier a atteint son pic en 1980 aux Etats-Unis et n’a cessé depuis de diminuer, s’accompagnant d’une stagnation des revenus de la classe moyenne, a expliqué Moshe Vardi. Aujourd’hui on compte plus de 200.000 robots industriels dans le pays et leur nombre continue à augmenter. La recherche se concentre actuellement sur la capacité de raisonnement des machines et les progrès ces vingt dernières années sont spectaculaires, selon cet expert. Selon lui, 10% des emplois qui nécessitent de conduire un véhicule aux Etats-Unis pourraient disparaitre en raison de l’automatisation de la conduite d’ici vingt-cinq ans. »On a toutes les raisons de penser que les progrès des 25 prochaines années seront tout aussi impressionnants », a-t-il ajouté. Bart Selman, professeur de sciences informatiques à l’Université Cornell prévoit quant à lui que « dans les deux ou trois ans (à venir) des machines autonomes (…) feront leur entrée dans la société permettant entre autres la conduite automatisée de voitures et camions mais aussi de contrôler des drones de surveillance ». Cet expert a expliqué que des progrès très importants ont été faits depuis cinq ans notamment dans la vision et l’ouïe artificielles permettant à des robots de voir et d’entendre comme les humains. Le professeur Selman a indiqué que les investissements dans l’intelligence artificielle aux Etats-Unis ont été de loin les plus élevés en 2015 depuis la naissance de ce domaine de recherche il y a cinquante ans, citant Google, Facebook, Microsoft et Tesla, du milliardaire Elon Musk, soulignant que le Pentagone a demandé 19 milliards de dollars pour développer des systèmes d’armement intelligents.  « On peut donc s’interroger sur le niveau d’intelligence que ces robots pourront atteindre et si les humains ne risquent pas un jour de perdre le contrôle », a pointé Bart Selman. Ce qui est inquiétant dans ces nouveaux logiciels, s’accordent à dire les experts, c’est leur capacité à synthétiser les données et à exécuter des tâches complexes. L’astrophysicien britannique Stephen Hawking avait notamment mis en garde contre ce danger expliquant que « les humains sont limités par une évolution biologique lente ». « L’intelligence artificielle pourrait se développer d’elle-même à un rythme de plus en plus rapide », avait-il expliqué. Ces questions ont conduit les scientifiques à envisager l’établissement de règles éthiques pour encadrer le développement de l’intelligence artificielle ainsi que de programmes centrés sur la sécurité. Elon Musk a lancé en 2014 une initiative de 10 millions de dollars à cette fin, estimant que l’intelligence artificielle était « potentiellement plus dangereuse que le nucléaire ». En 2015, un groupe de personnalités de haut vol, dont Stephen Hawking, Elon Musk et Steve Wozniak, cofondateur d’Apple, avait publié une lettre ouverte plaidant pour « l’interdiction des armes autonomes ». Ils expliquaient que « si une grande puissance développait des armes dotées d’une intelligence artificielle autonome, cela entraînerait une course dangereuse de ce type d’armement ». Pour Wendel Wallach, un éthicien de l’Université Yale, ces dangers nécessitent une mobilisation de la communauté internationale. L’idée, a-t-il résumé samedi, « est de s’assurer que la technologie demeure un bon serviteur et ne devienne pas un maître dangereux ».

(LNT avec Afp)

La fin de l’emploi avec la robotisation ?

La fin de l’emploi avec la robotisation ?

 

De l’ordre de 50% des emplois  pour pourraient être menacés en Europe  d’ici une trentaine d’années. Une évolution évidemment anxiogène car la robotisation et d’une manière générale la numérisation pénètre nombre d’activités. À noter toutefois que les grandes mutations économiques ne sont pas nouvelles. Avant la seconde guerre mondiale l’activité et l’emploi étaient majoritairement portés par l’agriculture. Aujourd’hui l’agriculture ne représente plus que de l’ordre de 3 % du PIB. Même déclin pour l’industrie qui représentait il y a une quarantaine d’années 55 % du PIB, un pourcentage ramené aujourd’hui autour de 15 % (et seulement 10 % en France). Les services ont pris la place des anciennes activités et les emplois avec. Les services représentent à peu près 80 % du PIB. Ceci étant,  certains emplois de service seront aussi bousculés par la numérisation qui va investir de plus en plus le processus de production. Resteront alors les emplois amont et aval qui exigeront un assez haut niveau de qualification,  aussi les autres emplois requérants une présence humaine dont certains de très haute qualification et d’autres basiques. Notons que dans le même temps nous nous ne connaissons pas encore les nouveaux produits et services qui apparaîtront d’ici 30 à 40 ans. Autant dire que des activités vont disparaître, d’autres être assuré de manière robotisée et que beaucoup vont naître pour satisfaire des besoins nouveaux. Ce qui caractérise la période c’est peut-être l’accélération des transformations car le monde a connu davantage d’évolution pendant les 30 glorieuses que pendant des siècles et des millénaires, une mutation qui s’est encore accélérée au cours des 20 dernières années Dans un article paru sur ITG, on rend compte d’une étude de  l’institut européen Bruegel qui a publié les résultats de l’enquête menée par un économiste et un ingénieur d’Oxford. Leur constat est alarmant : 50% des emplois européens sont menacés par les ruptures technologiques dans les décennies qui viennent.

 

Cette étude pose que la part des emplois impactée par les évolutions technologiques pourrait varier entre 45 et 60% dans les états membres de l’Union Européenne. En France, le risque est estimé à 49,54%.   Cet impact serait multi-facteur : l’automatisation de métiers peu qualifiés, l’augmentation de la puissance de calcul des programmes informatiques qui permettent d’automatiser des tâches humaines, la mutation de l’économie. En effet, ayant subi une perte de son appareil productif industriel et ayant fait le choix de l’économie de l’intelligence, l’Europe semble menacée de déséquilibre social, ce qui pourrait toucher en premier lieu les salariés les moins qualifiés. Le phénomène s’accroit également par la pénurie récurrente de profils orientés vers les nouvelles technologies alors que le besoin des entreprises est croissant en la matière. Le taux moyen de menace serait de 54% contre 45% aux États-Unis qui semblent mieux préparés à cette transition. Au sein même des pays européens, les pays scandinaves tirent (encore) leur épingle du jeu : la part d’emplois menacée par les évolutions informatiques serait plus faible en Suède (46,69%) et au Royaume-Uni (47%). La France n’est d’ailleurs pas distanciée dans ce classement puisqu’avec les Pays-Bas elle reste en dessous du taux de 50%, dépassé par l’Allemagne (51%). Sans surprise, les pays les plus menacés du fait de leur retard technologique sont respectivement la Roumanie (62%), le Portugal (59%), puis la Croatie (58%) et la Bulgarie (56,5%). Autant de transformations qui pourraient à terme favoriser des nouvelles formes d’emploi comme le portage salarial. En effet, les salariés s’orienteraient progressivement vers des formes plus autonomes, plus souples et plus adaptés à ces nouvelles compétences et ces nouvelles communautés de travail. Tous les spécialistes de l’emploi semblent s’accorder sur les conséquences sur l’emploi de l’émergence de processus d’intelligence artificielle et de la robotisation divise encore les spécialistes : le  marché de l’emploi va changer. La question se pose désormais sur la rapidité de l’évolution et surtout sur la prise de conscience des pouvoirs publics. Une nouvelle étude du Pew Research Center a publié le 6 août 2014 intitulée « AI, Robotics and the future of jobs ». Pour celle-ci, le Centre a interrogé près de 2000 experts du sujet. La question essentielle qui se posait était : la robotisation des processus industriels et des services créera-t-elle plus d’emplois qu’elle n’en détruira ? Le résultat est très partagé car près de 48% des répondants répondent que oui et 52% estiment que non Deux conception s’affrontent logiquement. Les plus favorables estiment que l’intelligence humaine va se déplacer vers de nouveaux métiers, de nouveaux usages, de nouvelles façons d’utiliser des technologies et donc de nouvelles ressources. Ils s’appuient principalement sur le marché de l’emploi américain qui a su se redresser depuis plusieurs mois grâce aux géants de l’Internet et leur implantation Outre-Atlantique. Pour les plus pessimistes, l’accélération est tellement rapide qu’un nombre important d’employés prendra du temps avant de retrouver un emploi. En effet, l’arrivée prochaine de nouveaux modèles autonomes de voitures, de l’utilisation de drones peuvent avoir des effets en cascade comme la menace de secteurs établis tels que le secteur de l’assurance, qui était basé sur une économie de la possession et non de l’usage. Dans cette nouvelle économie, une partie infime de travailleurs, de vrais experts pourrait s’en sortir mais la précarisation de la majorité pourrait également en découler : une disparition de la classe moyenne souvent évoquée. Les systèmes publics d’éducation et de formation ne semblent donc vraiment pas adaptés à cette mutation en cours. Ainsi, l’économiste britannique Jeremy Bowles a déclaré « Les conclusions de ces estimations sont évidentes : si nous croyons que la technologie sera capable de surmonter les obstacles traditionnels dans le domaine des tâches cognitives non routinières, nous devons doter la prochaine génération de travailleurs de compétences qui leur permettent de tirer profit des technologies plutôt que d’être menacés par celles-ci ».  La France semble avoir récemment pris conscience de ce constat en proposant désormais à ses étudiants d’accéder à des cours de codage informatique dés l’école primaire. Cela suffira-t-il à pallier « l’inadéquation des compétences » décrite par l’Organisation internationale du travail et la pénurie de compétences dans les domaines IT régulièrement pointés par la Commission Européenne ?

 

Industrie, robotisation et emploi

Industrie, robotisation et emploi

 

La situation de l’emploi est évidemment liée au niveau d’activité mais aussi à la structure de cette dernière. Or force est de constater que l’industrie ne cesse de régresser en France pour ne plus représenter que de l’ordre de  10 % du PIB tandis que les services représentent de l’ordre  de 80 % ; un phénomène mondial puisque la part de l’industrie dans le PIB est  passée de 55% à 15% en 40 ans.  S’ajoute à ce phénomène celui de la robotisation. Pour remettre en perspective ces évolutions, Re.sources a sollicité Jean-Marc Daniel. Ce spécialiste de l’histoire économique pose son regard sur 40 ans de désindustrialisation apparente, dévolution économique de robotisation, et d’emploi.

La part des services dans le PIB français n’a cessé d’augmenter depuis les années 1970 alors que celle de l’industrie est orientée à la baisse. De quelles transformations ces évolutions opposées témoignent-elles?

La part de l’industrie dans le PIB baisse comme cela avait été le cas auparavant de celle de l’agriculture. C’est une évolution assez naturelle qui traduit l’amélioration du pouvoir d’achat de la population et l’évolution de la productivité industrielle. L’amélioration du pouvoir d’achat conduit à la diversification de la consommation. Et cette diversification se porte maintenant vers des objets ou des produits qui ne sont pas comptabilisés comme des produits industriels. Ainsi, avec le vieillissement de la population et l’amélioration des techniques médicales, c’est maintenant le secteur de la santé qui occupe une place croissante dans le PIB. Le deuxième facteur est l’évolution de la productivité, c’est-à-dire de l’efficacité du processus productif. Il faut de moins en moins d’heures de travail humain pour produire un même objet. Cela débouche sur une baisse des coûts et in fine une baisse ou une moindre augmentation des prix des produits industriels. Lorsque l’on a créé la TVA il y a 60 ans, le taux sur les automobiles était de 33 % car c’était à l’époque un produit de luxe compte tenu de son prix. L’automatisation croissante du secteur fait que maintenant, pratiquement tout le monde a une automobile. Là encore on retrouve un mécanisme que l’on a connu avec l’agriculture. La production industrielle en 20 ans a légèrement augmenté mais son poids dans le PIB a baissé parce que ses prix ont augmenté moins vite que les prix des services et que les revenus. Ces gains de productivité et les baisses de prix relatifs qui en découlent sont une bonne chose car cela améliore le pouvoir d’achat général.

 

Quel est l’impact concret de ces évolutions sur l’emploi ?

 

Soyons clairs : l’impact est une baisse de l’emploi industriel. C’est le principe du « grand déversement » décrit dans les années 60 par l’économiste Alfred Sauvy. Les pays développés ont connu d’abord l’exode rural. Ils connaissent en ce moment une forme d’« exode industriel » qui traduit une mutation des emplois. Le chômage de long terme n’est pas dû à la disparition de l’emploi industriel mais aux obstacles que tout un chacun rencontre dans la création d’entreprises, qui freinent l’émergence des secteurs productifs appelés à prendre le relai de l’industrie.

 

Au regard de la situation économique du pays, faut-il se réjouir ou au contraire redouter ces évolutions ?

Pour moi, il faut s’en réjouir et plutôt se désoler de la lenteur des mutations. Il y a dans ce pays un discours de nostalgie de l’industrie à l’ancienne, des usines avec des cheminées qui fument, des ingénieurs en blouse grise avec une règle à calcul dans leur poche. L’usine de demain sera une chaîne de robots produisant pour peu cher des produits de plus en plus sophistiqués. Elle occupera des ingénieurs travaillant sur ordinateur et des services de maintenance très pointus. Comme les robots sont sensibles à la poussière, celui qui passera l’aspirateur aura une mission essentielle. Mais plus besoin des travailleurs de force que les travaux pénibles usaient prématurément.

La faiblesse de notre situation est le retard que nous prenons dans la robotisation par rapport aux pays comparables. En ce sens, les discours sur la sauvegarde des emplois et leur traduction sous forme de baisses des cotisations sociales sont catastrophiques. Une politique intelligente repose sur l’employabilité des acteurs en fonction des emplois de demain et non pas du maintien coûte que coûte des emplois d’hier.

 

La baisse de l’industrie vous paraît-elle inéluctable?

En termes d’emplois, elle est non seulement inéluctable mais indispensable : il faut de la productivité et donc des robots qui remplacent les hommes. En termes de valeur ajoutée, nous allons assister à une remontée de la part de l’industrie pour des raisons extérieures à l’industrie. En effet, c’est désormais le tour des prix des services de commencer à baisser. Dès lors mécaniquement, la part des services dans la valeur ajoutée baissera, faisant remonter celle des autres secteurs. Là encore, on assiste à ce phénomène pour l’agriculture. Nous allons ensuite vers des gains de productivité considérables dans les services grâce aux NTIC. On peut en espérer en particulier une baisse sensible des effectifs de la fonction publique, ce qui réduira la part non marchande de la production et augmentera simultanément celle des autres secteurs.

 

Cette baisse est-elle pour autant synonyme d’un déclin de l’industrie selon vous? Si oui, faut-il y remédier?

Malgré le phénomène des pays émergents quittant l’agriculture pour l’industrie, la part de l’industrie recule dans le PIB de la planète. C’est la dynamique des prix relatifs dont nous avons abondamment parlé dans les questions précédentes. En France, cette dynamique s’accompagne d’une spécialisation nouvelle qui se traduit par des délocalisations mais aussi par l’apparition de nouvelles activités. L’Europe s’est construite à ses débuts sur le charbon et l’acier, deux activités qui ont reculé fortement. En France, on ne produit plus du tout de charbon. Cela n’a pas réduit pour autant notre revenu.

 

Au regard de la répartition entre l’industrie et les services, la France vous semble-t-elle se distinguer des autres pays développés?

La France est dans la situation des pays développés. Néanmoins, sa production industrielle est inférieure à celle de l’Allemagne, mais aussi de l’Italie et du Royaume-Uni. C’est dû à un problème qui dépasse le cas de l’industrie : ce problème est celui que pose notre faible croissance. Cette faible croissance n’est pas imputable à une quelconque désindustrialisation mais à un manque général de dynamisme entrepreneurial. A force de matraquer fiscalement les entreprises et de s’évertuer à préserver le passé, on sacrifie l’avenir. Au lieu de baisser les salaires directs ou indirects, on doit baisser le coût de l’investissement, laissé les entreprises utiliser comme elles l’entendent leurs profits et leur permettre de reprendre la course à la croissance au travers notamment de l’innovation. La robotisation

Impact robotisation sur l’emploi

Impact robotisation sur l’emploi

 

Dans un article paru sur France info,  François Lenglet s’interroge sur l’impact des robots sur nos emplois. Qu’il s’agisse de l’industrie ou des services, les robots sont amenés à avoir une place de plus en plus importante. L’intelligence artificielle est aussi en plein essor, portée par les projets de grands groupes comme Facebook. Faut-il s’inquiéter de cette évolution ? Comment repenser notre rapport aux machines, dans notre vie professionnelle comme personnelle ? Entretien croisé entre le philosophe Michel Serres, membre de l’Académie française, et l’essayiste Hakim El Karoui, consultant chez Roland Berger, qui a piloté une étude remarquée sur les impacts de l’automatisation.

 

François Lenglet : Michel Serres, vous êtes un philosophe français éminent. Etes-vous un « robot-optimiste » ? Comment envisagez-vous notre cohabitation, nos interactions futures avec les robots ?

 

Michel Serres : Tout dépend de ce que vous appelez un robot. Si, pour vous, il s’agit d’une machine qui se trouve dans une usine, au sein d’une chaîne, il s’agit d’une machine comme une autre. Ce que je trouve terrifiant, ce sont des robots que l’on rencontrerait dans la rue, qui auraient une forme humaine et que nous ne saurions pas reconnaître. Cela me rendrait mal à l’aise de rencontrer ces « gens », ces robots dans la rue. Est-ce possible ? Je ne le sais pas.

 

Et vous, Hakim El Karoui, êtes-vous optimiste face à l’émergence de ces « machines humanoïdes » ?

Hakim El Karoui : Cela dépend de quel point de vue vous vous placez. En termes d’innovation, des produits et des services nouveaux apparaissent, et cela peut être formidable pour la société. Nous allons pouvoir nous libérer de certaines tâches qui étaient très désagréables. En termes d’impact sur l’organisation de notre société, nous avons des raisons d’être un peu plus inquiets. Les personnes très qualifiées vont pouvoir fabriquer et utiliser des robots. D’autres, beaucoup moins qualifiées, sauront les entretenir ou travailler dans le domaine des services à la personne. Mais la classe moyenne, elle, s’inquiète : les domaines dans lesquels elle travaille sont en passe d’être automatisés.

 

Michel Serres : Oui, cela se voit déjà avec les ordinateurs. Vous voyez des personnes très qualifiées, très spécialisées dans ces ordinateurs, et des personnes qui n’arrivent pas vraiment à s’y adapter. C’était déjà une réalité pour le livre : il y a un décalage entre celui qui s’adapte à la nouveauté, à la nouvelle technologie, et celui qui ne s’adapte pas.

 

Hakim El Karoui, vous avez réalisé une étude pour Roland Berger qui prédit la disparition de trois millions d’emplois en France d’ici à 2025. A terme, 40% des emplois français seraient menacés par l’automatisation…

Hakim El Karoui : Oui, ce chiffre représente environ la moitié des emplois qui seront, à terme, automatisés. Bientôt, vous ne verrez plus d’hommes dans les usines, ou seulement quelques-uns qui vérifieront le travail des robots. Ce qui est nouveau, c’est que vous verrez des robots sur des chantiers de construction, ou que certains métiers intellectuels seront effectués par des logiciels. Car le robot, cela peut aussi être un logiciel qui automatise les tâches. Si vous prenez l’exemple des comptables ou des journalistes, aujourd’hui, certains logiciels font déjà leur travail. Les professions intellectuelles pourront, elles aussi, être remplacées par des machines. Mais de nouveaux métiers vont aussi voir le jour. Gérer des immenses bases de données, par exemple, faire du community management ou être chasseur de drones. Des emplois apparaissent et d’autres disparaissent, c’est normal. Nous allons voir une accélération des destructions. Sera-t-on capable d’accélérer les créations ?  

 

S’oriente-t-on vers une société où le travail se fait plus rare ?

Hakim El Karoui : Un certain type de travail deviendra plus rare – le travail moyennement qualifié. Il y aura toujours des emplois dans les services à la personne, dans les domaines où la relation humaine est très importante. Nous aurons toujours besoin de métiers très intellectuels, produisant une forte valeur ajoutée. Mais que se passe-t-il entre ces deux types de métiers ? Là, de vraies questions se posent. Ce qui s’est passé avec la mondialisation pour les cols bleus pourrait se produire pour les cols blancs. Nous avons mis en concurrence les ouvriers français et occidentaux avec les ouvriers assez qualifiés des pays émergents. Le travail est parti. Il risque de se passer la même chose pour les cols blancs : le travail ne partira plus vers les pays émergents, mais vers les robots.

Certains économistes, envisageant un avenir largement automatisé, estiment qu’il faudra mettre en place un revenu universel afin de subvenir aux besoins des victimes de la mécanisation. Hakim El Karoui, cela vous paraît-il être une évolution probable et souhaitable ?

Hakim El Karoui : Ce n’est ni vraiment probable, ni vraiment souhaitable. Cela fonctionnerait si les nouveaux emplois permettaient la création de beaucoup de richesse, une richesse qui pourrait ensuite être redistribuée. La révolution technologique que l’on connaît aujourd’hui ne crée pas énormément de richesse. Ou plutôt, elle en crée beaucoup, mais celle-ci revient à un très petit nombre de personnes. Cela implique une mauvaise redistribution, qui rend la possibilité d’un revenu universel peu crédible. Et en termes sociaux, personne ne peut croire qu’une société où les gens ne travaillent pas soit une bonne nouvelle, et que nous ayons envie d’aller dans cette direction.

 

Depuis plusieurs mois, des scientifiques alertent sur le fait que les machines vont devenir de plus en plus puissantes, au point de nous dominer et de nous contrôler. Parmi ces voix, on compte celle du grand scientifique britannique Stephen Hawking. Cette peur des machines, de l’intelligence artificielle, a-t-elle toujours existé ?

Michel Serres : Cela dépend de ce que l’on entend par intelligence artificielle. L’invention de l’écriture a créé une intelligence « objectivée », dans le manuscrit, dans le livre et dans l’imprimé. Il y avait déjà là un dépassement de l’homme. Vous n’avez pas lu l’ensemble de la Bibliothèque nationale de France, moi non plus ! Nous sommes déjà dépassés. La mémoire de votre ordinateur est bien plus importante que la vôtre. Ce dépassement de l’intelligence artificielle est connu depuis toujours. Nous assistons à une accélération de ce dépassement, mais ce n’est pas une nouveauté. Je ne souhaite pas être bêtement optimiste, mais la technophobie me fait parfois rire. Nous sommes, de fait, liés à de nombreuses technologies. La technologie nous dépasse presque toujours, mais elle nous aide aussi. Si l’humanité doit disparaître, je pense que cela sera pour d’autres raisons que l’intelligence artificielle.

 

Hakim El Karoui, il existe déjà, à Hong Kong, un robot siégeant au conseil d’administration d’une société. Il est sollicité par les hommes pour ses conseils et son analyse. Peut-on imaginer qu’une entreprise soit un jour dirigée par un robot ?

Hakim El Karoui : On peut l’imaginer. Dans le cas de Hong Kong, il s’agit en fait d’un logiciel. Ce dernier traite une infinité de données : il dispose de tellement de cas de figures possibles dans sa base de données qu’il est capable de prendre des décisions. Cela existe aussi en médecine. Le robot Watson est aujourd’hui un meilleur prescripteur que les médecins les plus compétents, simplement parce qu’il dispose de millions de cas possibles et qu’il est capable de les analyser. Mais il manque de la sensibilité dans tout cela. Tout devient rationnel. Et dans le monde économique comme dans la vie, tout n’est pas rationnel. Peut-être verrons-nous un jour un robot chef d’entreprise, mais ce ne sera probablement pas le meilleur. Un très bon chef d’entreprise doit se fier à son instinct, il doit réagir aux évolutions de la société et du marché, avoir de la créativité.

 

Michel Serres : Dans ces cas-là, nous tombons dans une rationalisation totale où le format est roi. Or l’invention et l’innovation, c’est sortir du format. Le travail du chef d’entreprise, c’est d’inventer l’avenir, d’une certaine manière. L’intelligence n’est jamais dans le format. Ce qui fait l’avenir, c’est justement l’imprévisible, l’inattendu. Le robot, lui, ne fera toujours que du format.

La fin de l’emploi avec la robotisation ?

La fin de l’emploi avec la robotisation ?

 

De l’ordre de 50% des emplois  pour pourraient être menacés en Europe  d’ici une trentaine d’années. Une évolution évidemment anxiogène car la robotisation et d’une manière générale la numérisation pénètre nombre d’activités. À noter toutefois que les grandes mutations économiques ne sont pas nouvelles. Avant la seconde guerre mondiale l’activité et l’emploi étaient majoritairement portés par l’agriculture. Aujourd’hui l’agriculture ne représente plus que de l’ordre de 3 % du PIB. Même déclin pour l’industrie qui représentait il y a une quarantaine d’années 55 % du PIB, un pourcentage ramené aujourd’hui autour de 15 % (et seulement 10 % en France). Les services ont pris la place des anciennes activités et les emplois avec. Les services représentent à peu près 80 % du PIB. Ceci étant,  certains emplois de service seront aussi bousculés par la numérisation qui va investir de plus en plus le processus de production. Resteront alors les emplois amont et aval qui exigeront un assez haut niveau de qualification,  aussi les autres emplois requérants une présence humaine dont certains de très haute qualification et d’autres basiques. Notons que dans le même temps nous nous ne connaissons pas encore les nouveaux produits et services qui apparaîtront d’ici 30 à 40 ans. Autant dire que des activités vont disparaître, d’autres être assuré de manière robotisée et que beaucoup vont naître pour satisfaire des besoins nouveaux. Ce qui caractérise la période c’est peut-être l’accélération des transformations car le monde a connu davantage d’évolution pendant les 30 glorieuses que pendant des siècles et des millénaires, une mutation qui s’est encore accélérée au cours des 20 dernières années Dans un article paru sur ITG, on rend compte d’une étude de  l’institut européen Bruegel qui a publié les résultats de l’enquête menée par un économiste et un ingénieur d’Oxford. Leur constat est alarmant : 50% des emplois européens sont menacés par les ruptures technologiques dans les décennies qui viennent.

 

Cette étude pose que la part des emplois impactée par les évolutions technologiques pourrait varier entre 45 et 60% dans les états membres de l’Union Européenne. En France, le risque est estimé à 49,54%.   Cet impact serait multi-facteur : l’automatisation de métiers peu qualifiés, l’augmentation de la puissance de calcul des programmes informatiques qui permettent d’automatiser des tâches humaines, la mutation de l’économie. En effet, ayant subi une perte de son appareil productif industriel et ayant fait le choix de l’économie de l’intelligence, l’Europe semble menacée de déséquilibre social, ce qui pourrait toucher en premier lieu les salariés les moins qualifiés. Le phénomène s’accroit également par la pénurie récurrente de profils orientés vers les nouvelles technologies alors que le besoin des entreprises est croissant en la matière. Le taux moyen de menace serait de 54% contre 45% aux États-Unis qui semblent mieux préparés à cette transition. Au sein même des pays européens, les pays scandinaves tirent (encore) leur épingle du jeu : la part d’emplois menacée par les évolutions informatiques serait plus faible en Suède (46,69%) et au Royaume-Uni (47%). La France n’est d’ailleurs pas distanciée dans ce classement puisqu’avec les Pays-Bas elle reste en dessous du taux de 50%, dépassé par l’Allemagne (51%). Sans surprise, les pays les plus menacés du fait de leur retard technologique sont respectivement la Roumanie (62%), le Portugal (59%), puis la Croatie (58%) et la Bulgarie (56,5%). Autant de transformations qui pourraient à terme favoriser des nouvelles formes d’emploi comme le portage salarial. En effet, les salariés s’orienteraient progressivement vers des formes plus autonomes, plus souples et plus adaptés à ces nouvelles compétences et ces nouvelles communautés de travail. Tous les spécialistes de l’emploi semblent s’accorder sur les conséquences sur l’emploi de l’émergence de processus d’intelligence artificielle et de la robotisation divise encore les spécialistes : le  marché de l’emploi va changer. La question se pose désormais sur la rapidité de l’évolution et surtout sur la prise de conscience des pouvoirs publics. Une nouvelle étude du Pew Research Center a publié le 6 août 2014 intitulée « AI, Robotics and the future of jobs ». Pour celle-ci, le Centre a interrogé près de 2000 experts du sujet. La question essentielle qui se posait était : la robotisation des processus industriels et des services créera-t-elle plus d’emplois qu’elle n’en détruira ? Le résultat est très partagé car près de 48% des répondants répondent que oui et 52% estiment que non Deux conception s’affrontent logiquement. Les plus favorables estiment que l’intelligence humaine va se déplacer vers de nouveaux métiers, de nouveaux usages, de nouvelles façons d’utiliser des technologies et donc de nouvelles ressources. Ils s’appuient principalement sur le marché de l’emploi américain qui a su se redresser depuis plusieurs mois grâce aux géants de l’Internet et leur implantation Outre-Atlantique. Pour les plus pessimistes, l’accélération est tellement rapide qu’un nombre important d’employés prendra du temps avant de retrouver un emploi. En effet, l’arrivée prochaine de nouveaux modèles autonomes de voitures, de l’utilisation de drones peuvent avoir des effets en cascade comme la menace de secteurs établis tels que le secteur de l’assurance, qui était basé sur une économie de la possession et non de l’usage. Dans cette nouvelle économie, une partie infime de travailleurs, de vrais experts pourrait s’en sortir mais la précarisation de la majorité pourrait également en découler : une disparition de la classe moyenne souvent évoquée. Les systèmes publics d’éducation et de formation ne semblent donc vraiment pas adaptés à cette mutation en cours. Ainsi, l’économiste britannique Jeremy Bowles a déclaré « Les conclusions de ces estimations sont évidentes : si nous croyons que la technologie sera capable de surmonter les obstacles traditionnels dans le domaine des tâches cognitives non routinières, nous devons doter la prochaine génération de travailleurs de compétences qui leur permettent de tirer profit des technologies plutôt que d’être menacés par celles-ci ».  La France semble avoir récemment pris conscience de ce constat en proposant désormais à ses étudiants d’accéder à des cours de codage informatique dés l’école primaire. Cela suffira-t-il à pallier « l’inadéquation des compétences » décrite par l’Organisation internationale du travail et la pénurie de compétences dans les domaines IT régulièrement pointés par la Commission Européenne ?

 

Robotisation : la fin du travail ?

Robotisation : la fin du travail ?

 

Une réflexion intéressante sur le développement de la robotisation qui menace le travail traditionnel. Une menace inquiétante comme  lors de chaque grand progrès technique. Dans l’histoire se sont  posées les mêmes questions. Reste que la tertiarisation de  l’économie témoigne cependant de besoins toujours nouveaux de l’humain en amont comme en aval de la production et de façon plus  générale dans la société.

 

« Les progrès réalisés ces cinq dernières années dans l’intelligence artificielle vont permettre de construire des robots, capables d’exécuter quasiment toutes les tâches humaines, menaçant des dizaines de millions d’emplois au cours de 30 prochaines années, s’accordent à prédire des scientifiques. « Nous approchons du moment où les machines pourront surpasser les humains dans presque toutes les tâches », a prévenu Moshe Vardi, directeur de l’Institute for Information Technology à l’Université Rice au Texas. « La société doit se pencher sur cette question dès maintenant car si des robots font presque tout ce que nous faisons comme travail, qu’allons nous faire », s’est-il interrogé samedi aux côtés d’autres experts lors de la conférence annuelle de l’American Society for the Advancement of Science (AAAS) réunie à Washington. Pour le scientifique qui n’exclue pas la fin du travail humain, « la question est de savoir si l’économie mondiale peut s’adapter à un taux de chômage de plus de 50 % ». Aucune profession n’est à l’abri, pas même les travailleurs du sexe, a-t-il lancé. L’automatisation et la robotisation ont déjà bouleversé le secteur industriel ces 40 dernières années, dopant la productivité au détriment de l’emploi. Le nombre de création de postes dans le secteur manufacturier a atteint son pic en 1980 aux Etats-Unis et n’a cessé depuis de diminuer, s’accompagnant d’une stagnation des revenus de la classe moyenne, a expliqué Moshe Vardi. Aujourd’hui on compte plus de 200.000 robots industriels dans le pays et leur nombre continue à augmenter. La recherche se concentre actuellement sur la capacité de raisonnement des machines et les progrès ces vingt dernières années sont spectaculaires, selon cet expert. Selon lui, 10% des emplois qui nécessitent de conduire un véhicule aux Etats-Unis pourraient disparaitre en raison de l’automatisation de la conduite d’ici vingt-cinq ans. »On a toutes les raisons de penser que les progrès des 25 prochaines années seront tout aussi impressionnants », a-t-il ajouté. Bart Selman, professeur de sciences informatiques à l’Université Cornell prévoit quant à lui que « dans les deux ou trois ans (à venir) des machines autonomes (…) feront leur entrée dans la société permettant entre autres la conduite automatisée de voitures et camions mais aussi de contrôler des drones de surveillance ». Cet expert a expliqué que des progrès très importants ont été faits depuis cinq ans notamment dans la vision et l’ouïe artificielles permettant à des robots de voir et d’entendre comme les humains. Le professeur Selman a indiqué que les investissements dans l’intelligence artificielle aux Etats-Unis ont été de loin les plus élevés en 2015 depuis la naissance de ce domaine de recherche il y a cinquante ans, citant Google, Facebook, Microsoft et Tesla, du milliardaire Elon Musk, soulignant que le Pentagone a demandé 19 milliards de dollars pour développer des systèmes d’armement intelligents.  « On peut donc s’interroger sur le niveau d’intelligence que ces robots pourront atteindre et si les humains ne risquent pas un jour de perdre le contrôle », a pointé Bart Selman.Ce qui est inquiétant dans ces nouveaux logiciels, s’accordent à dire les experts, c’est leur capacité à synthétiser les données et à exécuter des tâches complexes. L’astrophysicien britannique Stephen Hawking avait notamment mis en garde contre ce danger expliquant que « les humains sont limités par une évolution biologique lente ». « L’intelligence artificielle pourrait se développer d’elle-même à un rythme de plus en plus rapide », avait-il expliqué. Ces questions ont conduit les scientifiques à envisager l’établissement de règles éthiques pour encadrer le développement de l’intelligence artificielle ainsi que de programmes centrés sur la sécurité. Elon Musk a lancé en 2014 une initiative de 10 millions de dollars à cette fin, estimant que l’intelligence artificielle était « potentiellement plus dangereuse que le nucléaire ». En 2015, un groupe de personnalités de haut vol, dont Stephen Hawking, Elon Musk et Steve Wozniak, cofondateur d’Apple, avait publié une lettre ouverte plaidant pour « l’interdiction des armes autonomes ». Ils expliquaient que « si une grande puissance développait des armes dotées d’une intelligence artificielle autonome, cela entraînerait une course dangereuse de ce type d’armement ». Pour Wendel Wallach, un éthicien de l’Université Yale, ces dangers nécessitent une mobilisation de la communauté internationale. L’idée, a-t-il résumé samedi, « est de s’assurer que la technologie demeure un bon serviteur et ne devienne pas un maître dangereux ».

(LNT avec Afp)

 

Robotisation : 3 millions d’emplois supprimés d’ici 2025 ?

Robotisation : 3 millions d’emplois supprimés d’ici 2025 ?

 

Une étude intéressante qui essaye de mesurer l’impact du développement de robots sur l’emploi. Une étude toutefois un peu mécanique car qui fait l’impasse sur le développement de nouveaux services et de nouveaux produits aussi sur évolution de modes de vie. Ainsi plus de la moitié des produits consommés dans 20 ans sont aujourd’hui inconnus. Le débat sur l’apport positif ou négatif des robots dans l’économie doit donc être nuancé.  Selon un scénario jugé « tout à fait probable » par une étude de Roland Berger commandée par le JDD et publiée dimanche 26 octobre, les robots seraient responsables de la suppression de 3 millions d’emplois en France, d’ici à 2025 en raison de 20% des tâches devenues automatisées. Ainsi, « le taux de chômage en pertes brutes s’élèverait à 18% ». Quelques secteurs seraient épargnés, d’après l’étude. Pour la santé, la culture et l’éducation, aucune perte d’emploi ne serait à déplorer à cause des robots. L’environnement, la relation clients et les nouvelles technologies devraient encore mieux s’en sortir puisque 500.000 postes seraient créés dans ces domaines. A contrario, le bâtiment, l’industrie, l’agriculture, l’administration publique, l’armée, la police et le service aux entreprises devraient être particulièrement touchés. Toutefois avec l’automatisation, 30 milliards d’euros (recettes et économies) seraient engrangés et 13 milliards d’euros de pouvoir d’achat seraient libérés (en dividende et baisse de prix), d’après le cabinet de conseil Roland Berger. La robotisation va toucher « les classes moyennes, y compris les classes moyennes supérieures », explique Hakim El Karoui, associé au cabinet Roland Berger, dont les propos sont rapportés par le JDD. Il s’agirait des professions intellectuelles comme les comptables, les journalistes, les juristes, dont certaines tâches pourront être accomplies par des machines. Ce qui implique des problèmes posés « à notre modèle social », analyse le JDD d’autant plus que la classe moyenne repésente le « cœur de la démocratie » d’après Hakim El Karoui.

 




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