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Réforme des retraites : Pour un autre partage de la richesse

Réforme des retraites : Pour un autre partage de la richesse

 

Le besoin de réforme structurelle n’est pas là où Emmanuel Macron le situe et le gouvernement risque de se tromper dans ses choix politiques sur les retraites, alerte le syndicaliste Gérard Mardiné,Secrétaire général de la Confédération CFE-CGC,  dans une tribune au « Monde », qui insiste sur la nécessaire évolution de la gouvernance des entreprises.

 

Le rapport annuel du Conseil d’orientation des retraites (COR), publié le 15 septembre, affiche que « ses résultats ne valident pas le bien-fondé des discours qui mettent en avant l’idée d’une dynamique non contrôlée des dépenses de retraite ». Il donne cependant déjà lieu à des interprétations multiples, ce qui nécessite de bien décoder un contenu très ésotérique.

Les scénarios présentés sont d’abord le fruit d’hypothèses de long terme assez irréalistes, tant dans les champs démographique et économique qui sont les deux déterminants importants du poids et de l’équilibre financiers des retraites.

 

Bien que l’espérance de vie stagne depuis dix ans et alors que la mortalité à mi-août 2022 est déjà supérieure de 8 % à celle sur la même période de 2019, l’hypothèse d’une hausse future significative de l’espérance de vie (à titre d’exemple, l’espérance de vie à 60 ans des hommes augmenterait de deux ans et demi d’ici à 2040) paraît irréaliste.

Une extrapolation mathématique du passé ne peut pas primer sur le constat que l’état des facteurs objectifs influençant la mortalité ne plaide malheureusement pas actuellement pour une hausse de l’espérance de vie à court-moyen terme. A commencer par l’état désastreux de nos hôpitaux et par le niveau de pollution environnementale. Un scénario à espérance de vie constante dans les prochaines années devrait donc être considéré.

La baisse de l’hypothèse de fécondité interpelle également. Les causes de la baisse constatée sont d’abord la difficulté de nombreux jeunes à trouver la stabilité nécessaire pour se construire un projet de vie du fait d’emplois précaires, de difficultés de logement… et l’éco-anxiété des jeunes générations liée au constat de politiques environnementales très insuffisantes. Ne pas garder le chiffre précédent revient à considérer qu’il ne sera pas mené de politiques volontaristes dans ces domaines.

Les hypothèses économiques retenues méritent aussi d’être décodées et remise en cause. Les paramètres d’entrée considérés sont le produit intérieur but (PIB), la productivité du travail et le taux de chômage ; mais finalement, la valeur déterminante est la masse salariale sur laquelle est assis l’essentiel des recettes de notre système de retraite.

« Entre 1997 et 2019, la part revenant aux salariés a baissé, passant de 59,3 % à 54,9 %, alors que la part revenant aux actionnaires a triplé, passant de 5,2 % à 15,8 % »

La masse salariale est liée au PIB au travers du partage de la valeur ajoutée. Les données de la Banque de France montrent que, entre 1997 et 2019, la part revenant aux salariés a baissé significativement, passant de 59,3 % à 54,9 %, alors que la part revenant aux actionnaires a triplé, passant de 5,2 % à 15,8 %. Ce phénomène pénalisant les ressources de notre système de retraite est principalement lié à la financiarisation croissante menée par les directions générales des grandes entreprises ces vingt-cinq dernières années.

Race, religion et richesse: L’amalgame

Race, religion et richesse: L’amalgame

 

 

Trois économistes ont revisité, pour la démentir, la thèse de Max Weber expliquant les différences de revenu par la religion, lesquelles résultent plutôt d’une discrimination d’Etat, rapporte Pierre-Cyrille Hautcœur, directeur d’études à l’EHESS, dans sa chronique au « Monde ».

 

Chronique.

 

Les résurgences nationalistes actuelles s’alimentent volontiers d’affirmations à l’emporte-pièce sur l’infériorité d’une culture ou d’une religion, au nom parfois de leur incompatibilité avec la modernité. Les sciences sociales elles-mêmes ne sont pas toujours à l’abri.

Parmi les œuvres les plus célèbres de Max Weber, un des pères fondateurs de la sociologie, figure L’Ethique protestante et l’esprit du capitalisme, publiée (en allemand) en 1905 et intensément débattue depuis. On en retient, en simplifiant beaucoup, que l’éthique du protestantisme conduit les croyants à accumuler les richesses par l’épargne et l’investissement, à l’inverse d’un catholicisme plus prompt à jouir des richesses. Un article récent réexamine l’argumentation empirique de Weber, qui comparait notamment les revenus des protestants et des catholiques allemands pour démontrer sa thèse (« Weber revisited : the protestant ethic and the spirit of nationalism », Felix Kersting, Iris Wohnsiedler et Nikolaus Wold, Journal of economic history, n° 80/3, 2020).

Soucieux de mettre en évidence les processus par lesquels la religion pourrait affecter le revenu, les auteurs incluent, parmi leurs variables, le niveau d’alphabétisation et le taux d’épargne, données disponibles au niveau des 434 comtés prussiens pour plusieurs années, entre 1875 et 1904.

En premier lieu, les auteurs montrent qu’une analyse rigoureuse ne permet pas de confirmer la thèse de Weber. Les différences de revenu, d’épargne et d’alphabétisation entre catholiques et protestants ne sont pas significatives. En revanche, les populations de culture et de langue polonaises (« d’ethnicité polonaise », écrivent les auteurs), nombreuses à l’Est et massivement catholiques, sont significativement moins riches que celles de culture et de langue allemandes. Si une variable affecte les revenus négativement (ainsi que l’épargne et l’alphabétisation, d’ailleurs), ce serait donc l’appartenance nationale polonaise.

Ces résultats doivent être compris dans le contexte de la construction de l’Etat national allemand par Bismarck à la suite des victoires prussiennes de 1866 et 1870 contre les empires « catholiques » autrichien et français. Invoquant la menace culturelle que représenterait l’« ennemi de l’intérieur » catholique (qui domine en Bavière, en Rhénanie et dans l’ancienne Pologne), Bismarck conduit, à partir de 1871, un Kulturkampf (« combat des cultures »), qui se traduit par la laïcisation de l’enseignement, l’expulsion des congrégations religieuses et la confiscation de leurs biens, ainsi que par des discriminations dans la fonction publique et dans la politique foncière, et, enfin, par la germanisation forcée des minorités linguistiques. Si le Kulturkampf est atténué à partir de 1881 grâce à un accord avec la papauté – Bismark a besoin du soutien du parti catholique face à la montée socialiste –, certains de ses éléments perdurent dans l’est de l’Allemagne.

Afghanistan : la richesse de la mafia des talibans

Afghanistan : la richesse de la mafia des talibans

 

Michel Santi, économiste, explique comment fonctionne le système mafieux des talibans dans la Tribune (extrait)

l’Afghanistan (selon un rapport des Nations unies) produit actuellement 84% de l’opium mondial dont les revenus – 416 millions de dollars par an – vont dans leur écrasante majorité aux talibans qui pratiquent une gestion en bonne et due forme de ce qui est désormais une «industrie» taxée à hauteur de 10% à 20% de son chiffre d’affaires. Les minerais représentent par ailleurs une source de profits substantielle car les talibans se font en moyenne 500 millions de dollars l’an en autorisant les exploitants à poursuivre leur extraction de cuivre, d’or, de zinc, de marbre et d’autres métaux dont certains très rares.

Ce business est véritablement mafieux puisque les patrons de mines refusant ce type d’extorsions reçoivent dans un premier temps des menaces de mort avant d’être liquidés. Cet «impôt», qui est également prélevé sur la population et sur l’ensemble du milieu des affaires et du commerce évoluant dans les zones dominées par les talibans, leur a jusque-là rapporté 160 millions de dollars par an, chiffre qui inclut une taxe de 10% sur les récoltes et l’impôt islamique sur la fortune – « Zakat »-  de 2,5% sur les richesses détenues par les familles.

Les exportations de matériaux volés par les talibans (dont des armes Made in USA) et du minerai subtilisé aux exploitants leur procurent en outre 240 millions de dollars, auxquels doivent s’ajouter 80 millions de revenus immobiliers émanant entres autres du Pakistan. Les donations aux talibans, enfin, représentent 250 millions de dollars l’an, provenant d’institutions «charitables» et de trusts privés à travers le monde, principalement bien-sûr du Golfe Persique dont bien des pays et des citoyens éprouvent une grande sympathie pour la cause talibane. Le contre-terrorisme américain estime que 60 millions de dollars sont offerts annuellement aux talibans par des citoyens saoudiens, pakistanais, qataris et iraniens.

Il faut également être conscient du fait que les Etats de ces pays abreuvent les talibans à hauteur de 500 millions l’an, selon les mêmes sources qui reconnaissent toutefois que ces chiffres sont compliqués à vérifier car les pays donateurs usent évidemment de moyens de paiement échappant à tout contrôle.

Un chiffre (calculé par l’OTAN) démontre l’ampleur du pouvoir des talibans : c’est 1,6 milliard de dollars qui ont été générés par eux en 2020, montant qui achève de prouver la débilité de la politique et de l’approche américaines en Afghanistan et ce, dès le départ.

 

Il faut savoir (selon un tout récent rapport du  » US Special Inspector General for Afghanistan Reconstruction »), que les Etats-Unis ont «investi» 1.000 milliards de dollars en Afghanistan en 20 ans… qui ne leur ont pas pour autant permis d’emporter l’adhésion populaire. Et pour cause puisque (selon ce même rapport) 86% de cette somme astronomique fut injectée en faveur de l’armée. (Souvenons-nous du discours du Président Eisenhower de 1961 mettant en garde contre le «complexe militaro-industriel» de son propre pays, toujours d’une actualité brûlante).

L’Oncle Sam a brûlé 1.000 milliards de dollars Toujours est-il que le peuple afghan n’aura reçu en 20 ans que 130 milliards de dollars dont 83 se logèrent dans des forces de sécurité nationales… dont on a bien constaté l’efficacité ces jours derniers. 10 autres milliards furent destinés à la lutte contre le trafic de drogue et 15 autres à des agences US opérant en territoire afghan. Bref, ce rapport officiel américain indique que 2% (!) de ce trillion de dollars dépensés par l’Amérique en 20 ans le furent réellement au bénéfice du peuple de ce pays, de ses infrastructures, de l’éradication de la pauvreté. Pas un sou ne fut consacré à construire des écoles et des hôpitaux, en équipements agricoles, en programmes de nutrition, à l’édification d’un réseau de distribution de l’eau digne de ce nom, etc. Après 20 ans, l’Oncle Sam quitte un pays où il a brûlé 1.000 milliards de dollars et laisse derrière lui une espérance de vie de 63 ans et un taux de mortalité enfantine de 38% !

L’aventure afghane fut qualifiée de «guerre oubliée» - »forgotten war »- dès lors que les Etats-Unis tournèrent leurs obsessions en direction de l’Irak. M’est avis que ce débat ne fait que démarrer.

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(*) Michel Santi est macro-économiste, spécialiste des marchés financiers et des banques centrales. Il est fondateur et directeur général d’Art Trading & Finance.
Il vient de publier « Fauteuil 37 » préfacé par Edgar Morin. Il est également l’auteur d’un nouvel ouvrage : « Le testament d’un économiste désabusé ».
Sa page Facebook et son fil Twitter.

Histoire: Mille ans de richesse et de pauvreté

Histoire: Mille ans de richesse et de pauvreté

Par Julien Damon (sociologue, chroniqueur aux « Echos »)

 

Dans un excellent dossier, la revue mensuelle « L’Histoire » traite des appréciations et réalités, sur un millénaire, de la pauvreté et de la richesse. L’exploration passe par l’analyse de la distinction entre pauvreté volontaire (célébrée) et pauvreté ordinaire (dénoncée) au Moyen Age, dualité qui, en réalité, traverse les âges. Un entretien avec Thomas Piketty, à contenu notamment littéraire, porte sur la nature de la propriété et sur les inégalités au XIXe et au XXe siècle. Dans une contribution centrée sur l’actualité, l’historienne Axelle Brodiez-Dolino revient sur les évolutions et débats récents, singulièrement en France et aux Etats-Unis. L’ensemble permet de saisir les permanences de ces sujets, les grandes inflexions, mais aussi la diversité des outils de mesure (les différents indicateurs) et des outils visant à limiter les phénomènes (comme l’impôt progressif ou encore les dispositifs de protection sociale).

La citation« Rolin a fait assez de pauvres pour leur ouvrir un hôpital » (Louis XI au sujet du fondateur des hospices de Beaune, en 1443).

Moins de 1% possèdent la moitié de la richesse mondiale

Moins de 1% possèdent la moitié de la richesse mondiale

 

La question de la justice sociale se pose évidemment à l’échelle mondiale et peut entre encore davantage dans les pays en développement. Le patrimoine cumulé des 1% les plus riches du monde a dépassé  en 2016 celui des 99% restants, a affirmé l’organisation non-gouvernementale Oxfam (ONG)  L’organisation non-gouvernementale indique  que « la part du patrimoine mondial détenu par les 1% les plus riches était passée de 44% en 2009 à 48% en 2014, et dépasserait les 50 % en 2016″. » En 2014, les membres de cette élite internationale possédaient en moyenne 2,7 millions de dollars par adulte. Le reste du cinquième (20%, ndlr) le plus riche de la population possède 46% du patrimoine mondial alors que 80% de la population mondiale ne se partagent que les 5,5% restant », a précisé Oxfam. En France, les 1%  les plus riches possèdent environ 25% du patrimoine. Avec les crises subprimes, le phénomène n’a fait que se renforcer. Les 80 premiers milliardaires de la liste de Forbes possédait en 2010 un patrimoine de 1.300 milliards d’euros. Leur fortune cumulée est passée à 1.900 milliards en 2014, soit une augmentation de 50% en seulement quatre ans. En parallèle, la richesse totale détenue par la moitié la plus pauvre de la population mondiale a décliné sur la même période. Pire, la concentration de la richesse s’est encore accentuée en 2018, selon le rapport annuel de l’ONG Oxfam sur les inégalités mondiales. 26 milliardaires ont désormais entre leurs mains autant d’argent que la moitié la plus pauvre de l’humanité, dénonce l’ONG. D’une manière générale, la fortune des milliardaires dans le monde a augmenté de 900 milliards de dollars l’an dernier, soit au rythme de 2,5 milliards par jour, alors que celle de la moitié la plus pauvre de la population de la planète a chuté. Le nombre de milliardaires a d’ailleurs doublé depuis la crise financière de 2008, souligne le rapport d’OXFAM  «Les riches bénéficient non seulement d’une fortune en pleine expansion, mais aussi des niveaux d’imposition les moins élevés depuis des décennies» analyse Oxfam. «Si la tendance était inversée, la plupart des gouvernements auraient suffisamment de ressources pour financer les services publics», a souligné l’ONG. Selon Oxfam, sur un dollar d’impôt sur le revenu, seulement quatre centimes proviennent de la taxation de la richesse. «La richesse est tout particulièrement sous-taxée» dénonce le rapport. D’après l’ONG, les plus riches cachent au fisc 7600 milliards de dollars, dans certains pays comme le Brésil ou le Royaume-Uni et «les 10% les plus pauvres paient désormais des impôts plus élevés en proportion de leurs revenus que les plus riches». Les grandes fortunes bénéficient notamment de l’envolée du prix des actifs (en particulier des actions), soutenus notamment par les politiques monétaires accommodantes des grandes banques centrales de la planète. En outre, « 20% des milliardaires de la liste de Forbes auraient des intérêts et ou des activités dans les secteurs de la finance et de l’assurance », note Oxfam. Un constat déjà dressé par Challenges en juillet dernier lors de la sortie de son classement des grandes fortunes de France. Ainsi, après une hausse de 25% en 2012, le patrimoine des 500 premiers patrimoines professionnels français avait gonflé de 15% en 2013 pour atteindre 390 milliards d’euros.

Justice sociale : Ces 1% qui possèdent 50% de la richesse mondiale

Justice sociale : Ces 1% qui possèdent  50% de la richesse mondiale

La question de la justice sociale se pose évidemment à l’échelle mondiale et peut entre encore davantage dans les pays en développement. Le patrimoine cumulé des 1% les plus riches du monde a dépassé  en 2016 celui des 99% restants, a affirmé l’organisation non-gouvernementale (ONG)  L’organisation non-gouvernementale indique  que « la part du patrimoine mondial détenu par les 1% les plus riches était passée de 44% en 2009 à 48% en 2014, et dépasserait les 50 % en 2016″. »En 2014, les membres de cette élite internationale possédaient en moyenne 2,7 millions de dollars par adulte. Le reste du cinquième (20%, ndlr) le plus riche de la population possède 46% du patrimoine mondial alors que 80% de la population mondiale ne se partagent que les 5,5% restant », a précisé Oxfam. En France, les 1%  les plus riches possèdent environ 25% du patrimoine. Avec les crises subprimes, le phénomène n’a fait que se renforcer. Les 80 premiers milliardaires de la liste de Forbes possédait en 2010 un patrimoine de 1.300 milliards d’euros. Leur fortune cumulée est passée à 1.900 milliards en 2014, soit une augmentation de 50% en seulement quatre ans. En parallèle, la richesse totale détenue par la moitié la plus pauvre de la population mondiale a décliné sur la même période.

Les grandes fortunes bénéficient notamment de l’envolée du prix des actifs (en particulier des actions), soutenus notamment par les politiques monétaires accommodantes des grandes banques centrales de la planète. En outre, « 20% des milliardaires de la liste de Forbes auraient des intérêts et ou des activités dans les secteurs de la finance et de l’assurance », note Oxfam. Des secteurs qui ont bénéficié des largesses de l’Etat afin d’éviter des faillites en cascade.

Un constat déjà dressé par Challenges en juillet dernier lors de la sortie de son classement des grandes fortunes de France. Ainsi, après une hausse de 25% en 2012, le patrimoine des 500 premiers patrimoines professionnels français avait gonflé de 15% en 2013 pour atteindre 390 milliards d’euros.  Oxfam a exhorté les Etats à adopter un plan pour lutter contre les inégalités, en contrant l’évasion fiscale, en promouvant la gratuité des services publics, en taxant davantage le capital et moins le travail, en instaurant des salaires minimum ou encore en mettant en place une protection sociale pour les plus pauvres.

1% de la population détient la moitié de la richesse mondiale.

1% de la population détient la moitié de la richesse mondiale.

 

Accroissement de la richesse mondiale mais surtout des inégalités. : es riches sont encore plus nombreux mais encore plus riches. Les écarts ne cessent de s’agrandir même si effectivement l’extrême pauvreté recule dans le monde.  Le nombre de personnes dans le monde vivant sous le seuil d’extrême pauvreté (1,90 dollar par jour et par personne)  a diminué d’un peu plus d’un milliard en trente ans, passant de 2 milliards en 1981 à 900 millions en 2012 Une évolution d’autant plus positive que, dans le même temps, la population mondiale est passée de 4,5 à 7 milliards d’individus. Du coup, le taux d’extrême pauvreté a été divisé par 3,5 : 12,8 % de la population des pays en voie de développement ou émergents vit aujourd’hui avec moins de 1,90 dollar par jour, contre 44,3 % il y a 30 ans.

La richesse dans le monde a encore progressé l’an dernier, mais à un rythme moins soutenu qu’en 2014 (5,2 % au lieu de 7,5 %), selon le dernier rapport du Boston Consulting Group. Le ralentissement de la croissance mondiale et la forte baisse des rendements des actifs financiers n’ont pas permis aux ménages de s’enrichir aussi vite que l’année précédente.

C’est dans les pays développés que le coup de frein est le plus marqué. Si les États-Unis demeurent le pays le plus riche du monde, le patrimoine (hors résidence principale) des habitants d’Amérique du Nord n’a par exemple augmenté que de 2 % en 2015, trois fois moins vite qu’un an plus tôt. Il dépasse désormais 60.000 milliards de dollars mais reste très concentré dans les mains des plus aisés: les millionnaires en détiennent 62%.

En Europe de l’Ouest, le ralentissement est plus modeste. La richesse des ménages a même finalement augmenté plus vite qu’outre-Atlantique en 2015. Elle s’est arrondie de 4 % en un an (contre 6 % en 2014), grâce à des marchés financiers assez cléments dans certains pays. En dépit de sa faible croissance économique, la France a bien tiré son épingle du jeu. La richesse y a progressé de plus de 5 % l’an dernier, selon le BCG, un des taux les plus élevés du Vieux Continent. Si les détenteurs d’un patrimoine inférieur à 1 million de dollars n’ont en moyenne vu leurs actifs s’arrondir que de 2 %, ceux qui détiennent entre 1 et 20 millions ont vu le leur bondir de plus de 10 %. «Il est prévu que ce segment reste très dynamique cette année», indique Benoît Macé, directeur associé du Boston Consulting Group. Malgré la baisse des cours du pétrole, des matières premières et la crise ukrainienne, l’Europe de l’Est s’est bien défendu, avec des actifs en hausse de 6 % l’an dernier. C’est quand même presque moitié moins qu’en 2014 (11%). Mais, sans surprise, c’est en Asie-Pacifique que l’année a été la plus florissante. Le Japon est le seul pays où la richesse a progressé plus vite en 2015 qu’en 2014 (4 % au lieu de 3 %), grâce à la bonne tenue de la Bourse nipponne. Mais le reste de la région a été bien plus dynamique que l’Archipel, puisque le patrimoine des foyers y a bondi de 13 %, pour atteindre 37 000 milliards de dollars, grâce surtout à la hausse des revenus des individus, puisque les marchés financiers locaux n’ont guère été porteurs.  À ce rythme, prédit le BCG, les cartes risquent d’être très vite rebattues. L’Europe pourrait perdre son statut de deuxième région la plus riche du monde dès 2017 et l’Amérique du Nord se voir ravir par l’Asie à son tour sa place de numéro un après 2020. À cette date, les millionnaires, qui détiennent aujourd’hui dans le monde 47 % des richesses, en posséderont plus de la moitié (52 % selon le BCG). Car leurs fortunes continuent de prospérer plus vite que la moyenne. C’est le segment des plus riches d’entre eux - ceux qui sont à la tête de plus de 100 millions de dollars - qui a vu son patrimoine s’envoler le plus vite l’an dernier, au rythme de 7 % en moyenne. Dans la région Asie-Pacifique, ces très grandes fortunes ont même enregistré une croissance de 21 % en un an. De plus, le cercle des millionnaires dans le monde continue de s’élargir. Leur nombre a augmenté de 6 % en un an, grâce notamment à la Chine et l’Inde, grands pourvoyeurs de nouvelles fortunes. Mais c’est toujours en Suisse et au Liechtenstein que se trouve la plus forte densité de millionnaires.

 

(Avec le Figaro)

Les 1% les plus riches possèderont en 2016 la moitié de la richesse mondiale

Les 1% les plus riches possèderont en 2016 la moitié de la richesse mondiale

« L’ampleur des inégalités mondiales est tout simplement vertigineuse ». La dénonciation de cette inquiétante réalité, à l’approche de la 45e édition du forum économique mondial de Davos (Suisse), qui se tiendra de mercredi 21 janvier au samedi 24 janvier, vient de l’ONG Oxfam, pour laquelle d’ailleurs « le fossé entre les grandes fortunes et le reste de la population se creuse rapidement ». Etude à l’appui, l’organisation non-gouvernementale indique en effet que « la part du patrimoine mondial détenu par les 1% les plus riches est passée de 44% en 2009 à 48% en 2014, et dépassera les 50 % en 2016″. Ce qui signifie que le patrimoine cumulé des 1% les plus riches du monde dépassera en 2016 celui des 99% restants. « En 2014, les membres de cette élite internationale possédaient en moyenne 2,7 millions de dollars par adulte », souligne l’association. « Le reste du cinquième (20%, ndlr) le plus riche de la population possède 46% du patrimoine mondial, alors que 80% de la population mondiale ne se partage que les 5,5% restant », précise encore Oxfam. L’organisation, dont la directrice générale Winnie Byanyima va coprésider le forum de Davos, appelle ainsi les dirigeants internationaux à s’attaquer « aux intérêts particuliers des poids lourds qui font obstacle à un monde plus juste et plus prospère ».  Elle exhorte notamment les Etats à adopter un plan pour lutter contre les inégalités, en contrant l’évasion fiscale, en promouvant la gratuité des services publics, en taxant davantage le capital et moins le travail, en instaurant des salaires minimum ou encore en mettant en place une protection sociale pour les plus pauvres.

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