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Crise démographique: revoir le congé parental

Crise démographique: revoir le  congé parental 

La réforme sur le congé parental était à l’agenda du gouvernement Attal et gagnerait, selon le mouvement Les Voies, à figurer parmi les priorités de la prochaine équipe gouvernementale. Par le mouvement Les Voies (*) dans la Tribune

. L’INSEE a recensé une baisse de 7,6% des naissances en France au mois de juin par rapport à l’année dernière. L’année 2023 était pourtant déjà la pire année depuis 1945. Les chiffres ne cessent de le confirmer : la France s’enfonce dans une crise démographique profonde et durable. Un déclin de la natalité qui représente une menace existentielle pour notre modèle social, l’activité économique et le financement de nos services publics. Le nombre d’actifs cotisant pour chaque retraité ne cesse de diminuer, passant de plus de 4 au début des années 1960, à 2,6 en 1990, puis à 1,67 aujourd’hui. Pour faire face à cette situation, l’exécutif avait annoncé en début d’année un grand plan de lutte contre l’infertilité et la création d’un nouveau « congé de naissance ». Une intention louable, mais dont l’efficacité dépendra, le cas échéant, du niveau d’ambition de la réforme.

De plus en plus de couples, souvent en raison de contraintes économiques, choisissent de retarder ou de renoncer à avoir un enfant. Le défi de la natalité se révèle un angle mort de la crise du pouvoir d’achat. Si je suis inquiet pour ma fin de mois, comment me projeter sur le long terme avec un projet d’enfant ? Loin des débats idéologiques, l’enjeu se révèle avant tout pragmatique. Pour répondre à l’urgence démographique et faire progresser l’égalité femmes-hommes, il sera fondamental que les politiques publiques évoluent en profondeur.

C’est ce que visait le congé parental instauré en 1977. Initialement réservé aux mères, il a été élargi aux pères pour promouvoir l’égalité dans l’éducation des enfants et le monde du travail. Le nombre de bénéficiaires a toutefois chuté de 500 000 en 2013 à 246 000 en 2020, avec moins de 1 % de pères concernés. Ce congé pourrait bientôt être remplacé par un nouveau congé de naissance, maintes fois annoncé par le Président Emmanuel Macron et qui se fait attendre. Pour concevoir une réforme réellement efficace, inspirons-nous des modèles attractifs et performants mis en place par nos voisins européens.

En Suède, le congé parental constitue l’un des modèles les plus ambitieux d’Europe. Chaque parent dispose de 480 jours à partager, dont 90 jours non transférables par parent, indemnisés au même titre qu’un arrêt maladie. Grâce à cette politique, 82 % des pères d’enfants nés en 2017 ont utilisé leur allocation, contre seulement 46 % en 1994. Nous pourrions imaginer que ce modèle soit incompatible avec les cultures plus latines. Pourtant l’Espagne est devenue en janvier 2021 le premier pays au monde à instaurer un congé parental strictement égalitaire : 16 semaines pour chaque parent, rémunérées à 100 %, non transférables et obligatoires durant les 6 semaines suivant la naissance de l’enfant. Ces mesures rassurent et diffèrent l’engagement financier important que constituent les frais de garde de l’enfant. De plus, et c’est notable, elles en limitent la durée.

Si certains jugent une telle politique coûteuse pour les finances publiques, ses bénéfices économiques et sociaux à long terme seraient largement supérieurs. Par ailleurs, une étude menée par la Commission européenne a démontré que l’utilisation du congé parental par les pères améliore la participation des femmes au marché du travail, réduit les inégalités salariales, équilibre les temps de vie et favorise le développement des enfants. En facilitant l’implication des pères, ces politiques contribuent à créer un environnement plus favorable à la parentalité. Ce potentiel impact démographique, si cher à Emmanuel Macron, façonnera-t-il le futur congé de naissance ? Nous appelons le prochain gouvernement à agir avec célérité pour restaurer la confiance des Français dans l’avenir. Le défi est à la hauteur des enjeux.

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* Les signataires : Amandine Rogeon, Présidente du mouvement Les Voies ; Antoine Glasser ; Etienne Dubanchet ; Alexandra Laffitte ; Cécile Batard ; Grégory Bozonnet ; Paul Duclercq ; Victoire Bath ; Hélène Pied…

Prix Electricité : revoir la régulation

Prix Electricité : revoir la régulation

par
Jean Pascal Brivady
Professeur, EM Lyon Business School

Abdel Mokhtari
Economiste, Chargé de cours, EM Lyon Business School dans The Conversation

La modification du contexte géopolitique et la perspective d’un monde moins ouvert ont remis sur le devant de la scène le concept de souveraineté. Relocaliser de nombreuses productions industrielles, considérées comme stratégiques (molécules pharmaceutiques ou chimiques, semi-conducteurs, construction automobile, voire certaines matières premières comme le lithium par exemple) fait partie de l’agenda public. Les groupes industriels concernés ne seront cependant enclins à rapatrier leur production que dans la mesure où les investissements permettent de rester compétitif sur leurs marchés.

Stabilité de l’environnement règlementaire, qualité des infrastructures, niveau d’éducation de la population, possibilité de disposer de subventions, tous ces paramètres entrent en ligne de compte au moment de prendre pareille décision. D’autres facteurs sont de nature plus économique, parmi lesquels, dans le cas précis de l’industrie, le coût de l’électricité et sa maîtrise sur le long terme.

La France et l’Allemagne l’avaient bien compris en optant chacun pour une solution garantissant sur plus de 20 ans, des prix bas de l’électricité via la construction du parc électro nucléaire en France et l’accès au gaz russe en Allemagne. Cet équilibre a été brutalement rompu par le déclenchement de la guerre en Ukraine.

Or, le conflit ne semble pas une simple parenthèse : deux tendances de fond sont en effet d’ores et déjà à l’œuvre. D’une part, la transition écologique accélérée dans laquelle s’est engagée l’Europe va entrainer une hausse de 35 % environ de la demande au-delà de 2030, ce qui suppose à la fois une augmentation des capacités, le passage à une production décarbonée, et une adaptation du réseau de transport.

D’autre part, les concurrents économiques de l’Europe investissent massivement pour garantir la compétitivité de leurs industries. Les États-Unis ont, par exemple, opté pour l’option la plus simple qui consiste à attribuer des subventions massives, dans le cadre notamment de l’Inflation Reduction Act. Pour rester dans le jeu, l’Union européenne est donc aujourd’hui contrainte de réagir.

Plusieurs facteurs déterminent le prix de l’électricité. Une partie a trait aux infrastructures. On note, par exemple, un effet d’expérience en cas de passage du prototype à un ensemble d’unités. Dans le cas des réacteurs pressurisés européens (EPR), l’Ademe estime le coût du mégawattheure à 110-120 euros pour le seul site de Flamanville, susceptible d’être ramené à 70 euros à compter de la 4e unité mise en service.

L’innovation intervient également. Par exemple, l’évolution technologique des éoliennes a permis de multiplier leur puissance par 60 entre 1985 et 2015. Il en résulte une baisse régulière du prix de production moyen de 130-190 euros en 2000 à 60-110 euros actuellement.

Outre le coût des matières premières, l’état de santé financière des opérateurs joue également. Ce sont néanmoins des évolutions de nature fiscale qui ont le plus fait varier le prix du mégawattheure au cours de la dernière décennie.

À 15 ans, les différents scénarios anticipent une accélération de la croissance de la demande en électricité résultant d’une part de la transition énergique (habitat, transport) et d’autre part de la relocalisation industrielle. De là résulterait une inadéquation durable entre l’offre et la demande compte tenu des incertitudes inhérentes au déploiement des nouvelles infrastructures (en termes de coûts et de délais), d’autant plus que la transition énergétique requiert principalement de l’électricité décarbonée.

Ces scénarios laissent anticiper à la fois une hausse tendancielle des prix mais également une forte augmentation de la volatilité. Mettre en place les conditions d’une offre d’électricité durablement compétitive suppose donc de maîtriser ces deux risques.

Une faible volatilité des prix permet aux producteurs de pouvoir garantir sur le très long terme le remboursement des dettes destinées à financer les infrastructures. Il s’agirait donc d’une invitation à investir, notamment pour une transition verte. Pour les clients consommateurs, cela permet de mieux prévoir et donc de maîtriser leurs dépenses.

Pour la limiter, plusieurs options sont ouvertes : diversifier le mix de production en faveur des capacités dont la part de coût variable est la plus faible possible, développer des solutions de « stockage » de l’électricité, ou surdimensionner la capacité de production par rapport à la demande attendue. Toutes ont en commun une mise en œuvre longue et complexe, et le risque d’accroitre sensiblement les coûts de production. La meilleure solution consiste donc à améliorer les mécanismes du marché actuel, en particulier avec le développement sa composante à long terme (maturités supérieures à 2 ans)

Pour ce qui est du niveau des prix, deux aspects nous paraissent source de réflexion. Le premier a trait à l’ouverture à la concurrence, impulsée par une directive de 1996. Le postulat consiste à considérer qu’une concurrence accrue présente un impact positif sur les prix à long terme. Il a poussé à réduire la position des opérateurs historiques pour faire place à de nouveaux entrants. En France, par exemple, avec « l’accès régulé à l’électricité nucléaire historique » (Arenh), les concurrents d’EDF peuvent accéder à la rente issue de la production des centrales nucléaires à des conditions fixées par l’administration.

Le bilan s’avère globalement négatif. En premier lieu, l’évolution du prix moyen de vente du mégawattheure à l’industrie en Europe depuis 1991 démontre qu’il n’y a pas de relation significative entre niveau de la concurrence et prix, puisque ce dernier reste avant tout conditionné par des facteurs de nature conjoncturelle. Ensuite, en cas de crise, la volatilité est hors de contrôle. Enfin, la situation financière de l’opérateur historique est fortement pénalisée et handicape d’autant sa capacité à investir.

L’autre postulat suppose une optimisation de la capacité de production, donc que la réponse à une demande supplémentaire provienne de la dernière unité mise en production – en l’espèce pour des raisons techniques, des centrales thermiques et soit donc valorisée sur la base du coût marginal de cette dernière unité. Or c’est justement ce mode de calcul qui est à l’original de l’envolée du prix du mégawattheure et de l’explosion de la volatilité. Il convient donc de mettre en œuvre un autre mode de calcul à défaut de quoi le coût de la volatilité viendra gonfler de manière disproportionnée, l’inflation induite par la hausse de la demande.

Parmi les solutions envisageables, outre les changements relatifs à l’organisation de la production décrits précédemment, certains acteurs ont formulé des propositions au moment de l’invasion de l’Ukraine. Le gouvernement grec, notamment, a soumis en juillet 2022 à l’Union européenne, un modèle visant à segmenter le marché de gros en deux compartiments distincts.

D’un côté, il y aurait les centrales à coûts marginaux faibles mais à coûts fixes élevés, produisant lorsqu’elles sont disponibles (nucléaires et énergie renouvelables). De l’autre côté, les centrales à coûts variables élevés (qui produisent à partir des combustibles fossiles), qui produiraient à la demande et contribueraient à équilibrer le marché en complément des productions évoquées précédemment. Les premières ne seraient plus rémunérées sur la base des coûts marginaux, mais recevraient un prix couvrant leur coût moyen de long terme, appelé Levelized Cost of Electricity. Le prix payé par le consommateur résulterait d’une moyenne pondérée des prix observés dans chacun des deux compartiments du marché.

Ce système présente l’avantage de rémunérer les producteurs en fonction de leur coût réel de production, plutôt que de se baser sur le coût des centrales fossiles et provoquer ainsi une baisse du coût moyen de l’électricité. De plus, en lissant les anticipations des prix futurs, elle devrait mécaniquement réduire la volatilité potentielle.

Voilà pourquoi, pour faire de la maîtrise du prix de l’énergie un socle de la compétitivité industrielle, il parait nécessaire de remettre en cause des postulats qui ont prévalu à l’organisation de la production sur les 20 dernières années et qui ont eu pour effet d’affaiblir les anciens monopoles sans véritable contrepartie mesurable sur le plan économique. Et ce alors que le défi de la transition énergétique passe par un effort d’investissement colossal, dont le succès repose, au-delà du cadre que nous venons de décrire, sur une parfaite coordination sur les plans technique, industriel et institutionnel. Si les acteurs privés ont leur place dans le dispositif, le rôle du maître d’œuvre sera déterminant.

Economie: Revoir le système financier

Economie: Revoir le système financier

Après la faillite de SVB, le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz l’économiste américain n’exclut pas d’autres défaillances bancaires. ( le Figaro)

Quelques jours après la faillite de la Silicon Valley Bank, qui a secoué banques et marchés mondiaux, le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz n’exclut pas, dans un entretien accordé à l’AFP, d’autres défaillances à venir. Une sortie qui prend encore plus de sens face aux difficultés rencontrées mercredi par Crédit Suisse, le deuxième établissement bancaire helvète. « Les banques sont plus saines que par le passé, notamment en 2008. Il y a eu des progrès, mais pas autant que nécessaire », assène l’économiste.

«Il y a toujours des rumeurs au sujet de telle ou telle banque qui serait vulnérable, mais sauf à connaître leur bilan comptable, leurs expositions et (leurs résultats) aux tests de résistance, c’est difficile de les vérifier», a-t-il ajouté. S’attardant principalement sur la faillite de SVB, Joseph Stiglitz estime que les nouvelles technologies sont mal prises en compte par le système bancaire et favorisent les ‘bank runs’, ces fameux mouvements de paniques bancaires qui peuvent pousser les clients – ménages comme entreprises – à retirer leurs argents. Soit ce qui a précipité la chute de la Silicon Valley Bank.

«On pensait jusqu’ici que les comptes bancaires étaient difficiles à déplacer. Mais quand tout le monde gère son compte bancaire par Internet, c’est beaucoup plus facile de retirer tout son argent et de le placer ailleurs», estime-t-il. Et d’ajouter : «la stabilité du système financier doit être repensée, en prenant en compte les nouvelles technologies».

Les mesures des autorités américaines et les assurances des gouvernements européens sur la solidité du système bancaire à la suite de la faillite de la Silicon Valley Bank (SVB) ont pu stabiliser un peu les marchés mardi. Mais « les craintes quant à la solidité du secteur» persistent et «l’ombre de l’effondrement de la SVB plane toujours», souligne Susannah Streeter, analyste d’Hargreaves Lansdown.

Preuve en est, ce mercredi, les déclarations du premier actionnaire du Credit Suisse, la Saudi National Bank, ont mis en grande difficulté l’établissement helvète. Perçu comme le maillon faible du secteur bancaire en Suisse, Crédit Suisse a vu le cours de son action perdre jusqu’à 30% pour toucher un nouveau plancher historique à 1,55 francs suisses malgré les tentatives de son président, Axel Lehmann, de rassurer.

Lors d’une conférence, ce dernier a assuré que la banque n’a pas besoin d’aide gouvernementale. Ce n’est «pas un sujet», a-t-il déclaré, soulignant que la banque s’appuie sur de «solides ratios financiers», sans toutefois parvenir à rassurer les marchés. Or, l’inquiétude dépasse les frontières du pays alpin. La première ministre française Élisabeth Borne a ainsi demandé aux autorités suisses de régler les problèmes du Credit Suisse.

Revoir le système financier

Revoir le système financier

Après la faillite de SVB, le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz l’économiste américain n’exclut pas d’autres défaillances bancaires. ( le Figaro)

Quelques jours après la faillite de la Silicon Valley Bank, qui a secoué banques et marchés mondiaux, le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz n’exclut pas, dans un entretien accordé à l’AFP, d’autres défaillances à venir. Une sortie qui prend encore plus de sens face aux difficultés rencontrées mercredi par Crédit Suisse, le deuxième établissement bancaire helvète. « Les banques sont plus saines que par le passé, notamment en 2008. Il y a eu des progrès, mais pas autant que nécessaire », assène l’économiste.

«Il y a toujours des rumeurs au sujet de telle ou telle banque qui serait vulnérable, mais sauf à connaître leur bilan comptable, leurs expositions et (leurs résultats) aux tests de résistance, c’est difficile de les vérifier», a-t-il ajouté. S’attardant principalement sur la faillite de SVB, Joseph Stiglitz estime que les nouvelles technologies sont mal prises en compte par le système bancaire et favorisent les ‘bank runs’, ces fameux mouvements de paniques bancaires qui peuvent pousser les clients – ménages comme entreprises – à retirer leurs argents. Soit ce qui a précipité la chute de la Silicon Valley Bank.

«On pensait jusqu’ici que les comptes bancaires étaient difficiles à déplacer. Mais quand tout le monde gère son compte bancaire par Internet, c’est beaucoup plus facile de retirer tout son argent et de le placer ailleurs», estime-t-il. Et d’ajouter : «la stabilité du système financier doit être repensée, en prenant en compte les nouvelles technologies».

Les mesures des autorités américaines et les assurances des gouvernements européens sur la solidité du système bancaire à la suite de la faillite de la Silicon Valley Bank (SVB) ont pu stabiliser un peu les marchés mardi. Mais « les craintes quant à la solidité du secteur» persistent et «l’ombre de l’effondrement de la SVB plane toujours», souligne Susannah Streeter, analyste d’Hargreaves Lansdown.

Preuve en est, ce mercredi, les déclarations du premier actionnaire du Credit Suisse, la Saudi National Bank, ont mis en grande difficulté l’établissement helvète. Perçu comme le maillon faible du secteur bancaire en Suisse, Crédit Suisse a vu le cours de son action perdre jusqu’à 30% pour toucher un nouveau plancher historique à 1,55 francs suisses malgré les tentatives de son président, Axel Lehmann, de rassurer.

Lors d’une conférence, ce dernier a assuré que la banque n’a pas besoin d’aide gouvernementale. Ce n’est «pas un sujet», a-t-il déclaré, soulignant que la banque s’appuie sur de «solides ratios financiers», sans toutefois parvenir à rassurer les marchés. Or, l’inquiétude dépasse les frontières du pays alpin. La première ministre française Élisabeth Borne a ainsi demandé aux autorités suisses de régler les problèmes du Credit Suisse.

Revoir totalement la gouvernance du football français

Revoir totalement la gouvernance du football français

La tribune de Thierry Granturco dans l’Opinion

«Il est plus que temps de revoir en profondeur la gouvernance du football français. Remplacer Noël Le Graët à la tête de la FFF ne servira à rien si les règles de gouvernance restent les mêmes»

Une contribution intéressante mais qui passe sous silence le fait que le football professionnel français est régulièrement éliminé des compétitions européennes. Pour résumer le niveau n’est pas la hauteur en France. NDLR

On croyait Noël Le Graët intouchable. Il est pourtant tombé, mis en retrait de la présidence de la Fédération Française de Football (FFF) depuis le 11 janvier. Pour un homme habitué à jouer les premiers rôles dans les instances dirigeantes du football français — tant amateur que professionnel —, cette relégation sur le banc de touche doit être particulièrement cruelle. La chute s’est passée en deux temps.

D’abord, le Guingampais a osé s’en prendre à l’iconique Zinedine Zidane. Lors de l’émission de Marion Bartoli sur la radio RMC, le président de la FFF a sèchement répondu à l’ancienne tenniswoman qui le questionnait sur la prolongation du contrat d’entraîneur des Bleus, légitimement accordée à Didier Deschamps pour services rendus lors des deux dernières Coupes du monde.

A propos de Zizou, Noël Le Graët s’est totalement lâché : « Je ne l’aurais même pas pris au téléphone. Pour lui dire quoi ? “Bonjour Monsieur, ne vous inquiétez pas, cherchez un autre club, je viens de me mettre d’accord avec Didier” ? Il fait ce qu’il veut, cela ne me regarde pas. Je ne l’ai jamais rencontré et on n’a jamais envisagé de se séparer de Didier Deschamps. J’en ai rien à secouer, il peut aller où il veut, dans un club, il en aurait autant qu’il veut en Europe, un grand club. Une sélection, j’y crois à peine en ce qui me concerne. »

Bornes. Ces propos ont scellé le sort de l’ancien président de Guingamp. La France entière s’est levée pour signifier à Noël Le Graët qu’il avait dépassé les bornes, tant les professionnels du sport que les politiques. Kylian Mbappé, dont l’aura excède la seule dimension sportive, a lui-même pris position contre le président de sa fédération, rejoint en cela par la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra qui a alors immédiatement demandé des excuses pour ce « mot de trop ». Peu aimé par l’exécutif, moins encore par le président de la Ligue professionnelle Vincent Labrune ou l’influent journaliste sportif Daniel Riolo, Noël Le Graët s’est de lui-même mis sur le billot. En parallèle, le parquet de Paris a annoncé l’ouverture d’une enquête préliminaire pour harcèlement moral et sexuel à son encontre.
L’hallali est désormais sonné. Mais Le Graët ne serait-il pas le coupable idéal ? L’arbre permettant de cacher une forêt de petits et de grands chefs du football français dirigeant une fédération en perdition ? Les exploits de l’équipe nationale ne peuvent à eux seuls cacher les errements de la direction, dans le secteur de la formation comme dans le monde amateur ou dans les tribunes. Le fait que le président de la FFF puisse être accusé de harcèlement sexuel ou mis en retrait pour ses propos sur un joueur star, ne devrait pas masquer un problème de gouvernance plus profond.

«Outre le fait que les présidents élus à la tête des fédérations partagent très peu leurs pouvoirs, pour ne pas dire pas du tout, la manière dont ils exercent ce pouvoir pose également question»
Voici, en effet, un homme qui est membre du conseil d’administration de la Ligue de football professionnel (LFP, anciennement Ligue nationale de football) depuis… 1984, ligue qu’il a présidée de 1991 à 2000, avant de devenir vice-président de la FFF en 2005, puis président de cette même fédération de 2011 jusqu’à aujourd’hui. Comment Noël Le Graët, qui est à la tête du football français depuis près de trente ans, peut-il encore être en fonction aujourd’hui ? Au point d’avoir été réélu président de la FFF pour quatre ans, en 2021, à l’âge de 80 ans ?

Il faut dire que lors de la dernière élection à la présidence de la FFF, son principal opposant n’était autre que Frédéric Thiriez, lui-même âgé de 71 ans, qui a été membre du comité exécutif de la FFF sans discontinuité pendant… 29 ans tout en étant membre du conseil d’administration puis président de la LFP pendant 21 ans.

Accaparement. Tout ceci est-il bien sérieux ? La loi du 2 mars 2022 sur la démocratie dans le sport français, adoptée sous l’impulsion de Roxana Maracineanu, l’ancienne ministre déléguée aux Sports de l’époque, devrait limiter à l’avenir ce genre d’accaparement du pouvoir par quelques-uns au sein de nos fédérations sportives, et plus particulièrement au sein de la FFF. Mais tout ne sera pas réglé pour autant.

Outre le fait que les présidents élus à la tête des fédérations partagent très peu leurs pouvoirs, pour ne pas dire pas du tout, la manière dont ils exercent ce pouvoir pose également question. Que dire de ces compétitions sportives dont les règlements ne sont publiés qu’après qu’elles ont débuté ? Des règlements qui changent d’une saison sur l’autre, créant une insécurité juridique majeure pour les acteurs du football français ? Des commissions juridiques d’appel au sein desquelles siègent des membres de la commission juridique de première instance, qu’on n’imagine pas vraiment se déjuger, bafouant ouvertement le principe du double degré de juridiction ? Des modes d’élection totalement verrouillés, ne permettant ni la pluralité dans la gouvernance ni la pluralité des idées ? Des présidents qu’il est quasi impossible de démettre de leurs fonctions ?

Il est plus que temps de revoir en profondeur la gouvernance du football français. Remplacer Noël Le Graët à la tête de la FFF ne servira à rien si les règles de gouvernance restent les mêmes. « Mais c’est une révolte ? » Non, Sire, c’est d’une révolution dont nous avons besoin.

Thierry Granturco est avocat spécialisé en droit du sport et agent de footballeurs. Depuis 2020, il est maire sans étiquette de Villers-sur-Mer (Calvados).

Après l’Ukraine,revoir complètement la politique étrangère française

Après l’Ukraine,revoir complètement la politique étrangère française 

 

Le projet de souveraineté européenne doit être repensé en fonction d’une menace russe qui va perdurer, analyse l’ancien diplomate, Michel Duclos, ancien diplomate et conseiller spécial à l’Institut Montaigne dans une tribune au « Monde » Une vision qui évidemment va à l’encontre du courant pro-russe d’une grande partie de la diplomatie française.

C’est de nouveau « par le fer et le sang », du fait de l’agression russe en Ukraine, que se modifie la carte politique de l’Europe. Les conséquences pour la France sont évidemment profondes, au point que des pans entiers de sa politique étrangère apparaissent désormais à reconstruire. Nous en donnerons trois illustrations.

D’abord en Europe même. Les Français souhaitaient une Europe plus souveraine pour la mettre en mesure de se protéger des turbulences du monde et lui permettre de jouer un rôle face au binôme sino-américain en gestation. Ils pensaient que le problème russe devait être traité par la fermeté, certes, mais aussi par un dialogue stratégique tenant compte des intérêts légitimes de Moscou.

Cette vision de la relation avec le Kremlin, peu partagée par nos partenaires, a été démentie par les événements. Depuis le 24 février, la France a d’ailleurs rejoint les autres Européens, parfois les a devancés, dans la politique de sanctions contre la Russie et d’aide militaire, économique et politique à l’Ukraine. Toutefois, la longue patience des autorités françaises à l’égard de Vladimir Poutine – jointe à des positions hétérodoxes sur l’OTAN – a entamé notre crédit auprès des Européens de l’Est et du Nord. Ceux-ci considèrent qu’ils avaient mieux compris le sens de l’histoire. La même décote s’applique à l’Allemagne. Le risque est qu’une majorité d’Européens estiment qu’il y ait lieu d’abandonner tout agenda d’autonomie de l’Union européenne (UE) pour mieux pérenniser la protection américaine.

Comment renverser cette tendance ? Sur le plan intellectuel, nos dirigeants doivent se convaincre que la Russie de Poutine sortira diminuée de sa folle entreprise mais encore plus agressive dans son approche de l’Europe. Elle conservera des capacités de déstabilisation considérables vis-à-vis de ses anciennes terres d’empire, mais aussi – par des pressions économiques et politiques – à l’égard de l’Europe de l’Ouest. Elle a démontré qu’elle n’éprouve aucune inhibition devant le recours à la force – appuyé sur son statut de puissance nucléaire.

Revoir la politique des territoires outre-mer

 

Revoir la politique des territoires outre-mer

Par Antoine Joly(Ancien ambassadeur en Amérique latine et dans les caraïbes, ancien délégué à l’action extérieure des collectivités territoriales)

(Le Monde)

 

Tribune.

 

Lors du premier tour de l’élection présidentielle, les territoires d’outre-mer ont majoritairement voté Jean-Luc Mélenchon et, au second tour, Marine Le Pen. Dimanche 24 avril, le résultat en outre-mer a même été exactement l’inverse que le résultat global national : 58 % pour la candidate du Rassemblement national, contre 42 % pour le président sortant. L’outre-mer a-t-il basculé dans l’extrême droite et ses luttes contre les migrations, ou est-elle devenue subitement « insoumise » ?

Le plus vraisemblable est que nos outre-mer sont arrivés à une étape de leur histoire où la relation avec la métropole doit être profondément reformée. Les choix nationaux proposés lors des élections générales françaises ne correspondent plus aux aspirations des citoyens français de l’océan Indien, des Caraïbes ou de l’Amérique du Sud et aux difficultés particulières de ces territoires.

La réponse aux problèmes spécifiques de régions insérées dans un environnement bien différent de la métropole ne peut désormais venir que des territoires eux-mêmes et de leurs habitants. Y compris sur des sujets considérés comme régaliens. On pourrait commencer par les questions de sécurité, de politique migratoire ou de nationalité, ou encore la santé, mais je voudrais dans ce court espace évoquer la politique étrangère.

Il est habituel de dire que nos territoires sont une chance pour la France, porte d’entrée en Amérique latine, aux Caraïbes ou dans l’océan Indien. La réalité est toutefois beaucoup plus contrastée. Le Quai d’Orsay, en laissant largement la main au ministère des outre-mer pour l’intégration régionale de ces territoires, s’est en partie désintéressé d’une diplomatie de proximité, tandis que l’outre-mer se focalise surtout sur les questions de sécurité.

Les élus locaux, quant à eux, légitimes pour porter une ambition régionale, considèrent à raison qu’ils n’en ont pas la compétence constitutionnelle s’agissant de relations avec d’autres Etats, sauf à demander expressément, et à chaque fois, l’autorisation à Paris.

Surtout, la présence de territoires français en Amérique du Sud, dans la Caraïbe ou l’océan Indien donne malgré tout à notre pays dans ces régions l’image d’une nation dont les horloges restent réglées au siècle précédent. Ces territoires aujourd’hui pèsent donc plus sur nos relations internationales dans la zone qu’elles les servent.

Si la Communauté des Caraïbes (Caricom) est si frileuse à accepter les Antilles et la Guyane comme membres associés, c’est en grande partie parce qu’elle a l’impression qu’elle ferait entrer Paris dans cette enceinte plutôt que Cayenne, Fort-de-France ou Pointe-à-Pitre. Pour les mêmes raisons, la France n’est pas membre de l’Organisation du traité de coopération amazonienne (OTCA) par le refus des autres Etats membres, alors que son territoire en recouvre une partie avec la Guyane.

EHPAD privés: Revoir la régulation et la financiarisation

EHPAD privés: Revoir la régulation et la  financiarisation 

 

 

Laure de la Bretèche, directrice déléguée des politiques sociales de la Caisse des dépôts, et Jean-François Vitoux, directeur général d’Arpavie, dénoncent, dans une tribune au « Monde », l’impressionnante financiarisation du secteur ces dix dernières années.

 

Tribune.

 

 Le livre-enquête de Victor Castanet, Les Fossoyeurs (Fayard, 400 pages, 22,90 euros), sur le groupe privé d’Ehpad Orpea, a suscité une réaction rapide des pouvoirs publics : une enquête de l’inspection générale des affaires sociales a été annoncée ; le directeur général du groupe a été convoqué et, depuis, révoqué par son conseil d’administration. Intervenant après la crise due au Covid-19, qui avait déjà jeté une lumière violente sur les Ehpad, ces révélations, au-delà des faits cités dans le livre, interpellent les pouvoirs publics sur la régulation des Ehpad privés commerciaux, notamment au vu de certaines pratiques tarifaires.

Ces Ehpad commerciaux accueillent aujourd’hui 150 000 personnes âgées. Un changement global de mode de gestion ne serait donc pas réaliste à court terme, et il serait injuste de jeter l’opprobre sur l’ensemble de ce secteur. Pour autant, la financiarisation du secteur commercial depuis dix ans est impressionnante. Elle a pris de court les pouvoirs publics qui n’ont su anticiper ni sa puissance ni ses conséquences.

Pour envisager ce que pourrait être une nouvelle régulation, il faut comprendre l’origine de cette financiarisation. Les groupes commerciaux d’Ehpad ont bénéficié d’une conjonction d’éléments favorables : des barrières à l’entrée protectrices, liées aux autorisations d’exploiter ; des fondamentaux démographiques positifs, du fait du vieillissement et des dotations publiques importantes qui stabilisent leur chiffre d’affaires.

Ces atouts ont fait de ces groupes des cibles très attractives pour les investisseurs financiers. Alors que, depuis la crise financière de 2008, la politique accommodante de la Banque centrale européenne a abreuvé le marché de liquidités, la valorisation de ces sociétés a explosé. En 2014, un groupe privé d’Ehpad s’achetait environ 9,5 fois son résultat d’exploitation. En 2019, ce multiple atteignait 14,5. En cinq ans, la valeur d’un groupe d’Ehpad a ainsi pu augmenter de plus de 50 %. Alimentée pour l’essentiel par les fonds d’investissement attirés par les perspectives du secteur, cette financiarisation a conduit les manageurs à faire du pilotage financier le critère central de leur action.

Est-il normal que les Ehpad privés commerciaux dégagent des rentabilités aussi élevées alors qu’ils profitent de dispositifs publics de solidarité ? Non. Est-il possible de repenser la régulation de ce secteur avec un mécanisme juste, équitable et facile à mettre en œuvre ? Oui.

Revoir le système financier mondial

Revoir le système financier mondial

Les pays en développement qui ont de bonnes perspectives de croissance devraient pouvoir emprunter de manière fiable à des conditions de marché décentes. Ce qui leur permettrait en particulier d’investir dans les solutions de développement durable, estime Jeffrey Sachs. (économiste, chroniqueur aux « Echos ») (extraits )

Lors de la COP26, des centaines d’institutions financières ont déclaré qu’elles allaient consacrer des milliards de dollars au financement de solutions destinées au changement climatique. Un obstacle important s’y oppose toutefois : le système financier mondial entrave le flux de financement vers les pays en développement, ce qui crée un piège financier mortel pour eux.

 

Les marchés obligataires mondiaux et les systèmes bancaires devraient fournir des fonds suffisants pour la phase de « rattrapage » du développement durable à forte croissance, mais ce n’est pas le cas aujourd’hui. Le flux de fonds des marchés obligataires mondiaux et des banques vers les pays en développement reste faible, coûteux pour les emprunteurs et instable. Les emprunteurs des pays en développement ont des taux d’intérêt souvent de 5 à 10 % plus élevés que ceux des pays riches.

Les pays en développement emprunteurs en tant que groupe sont considérés comme présentant un risque élevé. Les agences de notation leur attribuent des notes inférieures par défaut simplement parce qu’ils sont pauvres. Pourtant, les risques perçus sont exagérés et ont souvent un effet Pygmalion.

Lorsqu’un gouvernement émet des obligations pour financer des investissements publics, il compte généralement sur la capacité de refinancer une partie ou la totalité des obligations à mesure qu’elles arrivent à échéance, à condition que la trajectoire à long terme de sa dette par rapport aux revenus soit acceptable. Si le gouvernement a soudain du mal à refinancer les dettes qui arrivent à échéance, il peut être mis en défaut de paiement – non pas en raison d’une insolvabilité à long terme, mais par manque de liquidités.

C’est ce qui arrive à beaucoup de pays en développement. Les prêteurs ou les agences en viennent à croire, souvent arbitrairement, que le pays X est devenu insolvable. Ce qui entraîne un « arrêt soudain » des nouveaux prêts au gouvernement. Sans accès au refinancement, ce dernier est contraint de se mettre en défaut de paiement, ce qui « justifie » les craintes précédentes. Il se tourne alors vers le Fonds monétaire international pour un financement d’urgence. Mais le rétablissement de sa réputation prendra des années.

Les gouvernements des pays riches qui empruntent au niveau international dans leur propre monnaie ne sont pas confrontés au même risque, parce que leurs banques centrales agissent comme prêteurs de dernier recours. Ils empruntent donc à faible coût et avec peu de risque d’illiquidité, sauf dans les moments de mauvaise gestion politique exceptionnelle, comme en 2008. En revanche, les pays à revenu faible et moyen empruntent en devises étrangères, paient des taux d’intérêt très élevés et subissent des arrêts soudains.

Une refonte du système financier mondial est donc urgente. Les pays en développement qui ont de bonnes perspectives de croissance devraient pouvoir emprunter de manière fiable à des conditions de marché décentes. A cette fin, le G20 et le FMI devraient concevoir un système de notation du crédit amélioré qui tienne compte des perspectives de croissance de chaque pays et de la viabilité de sa dette. La réglementation bancaire devrait ensuite être révisée en fonction du système amélioré de notation de crédit afin de faciliter les prêts bancaires à ces pays.

Pour mettre fin aux arrêts soudains, le G20 et le FMI devraient utiliser leur puissance de feu financière pour soutenir un marché secondaire liquide des obligations souveraines des pays en développement. La Fed, la BCE et d’autres banques centrales clés devraient établir des accords de crédit croisé avec les banques centrales des pays à revenu faible et intermédiaire inférieur.

 La Banque mondiale et d’autres institutions de financement du développement devraient également augmenter leurs subventions et leurs prêts « bonifiés » aux pays les plus pauvres. Enfin, et surtout, si les pays et les régions riches, dont plusieurs Etats américains, cessaient de parrainer le blanchiment d’argent et les paradis fiscaux, les pays en développement auraient davantage de revenus pour financer leurs investissements dans le développement durable.

Jeffrey D. Sachs est économiste. Il dirige et enseigne à l’Institut de la Terre de l’université Columbia.

 

Santé publique: Revoir la gouvernance mondiale

Santé publique: Revoir la gouvernance mondiale

 

Jean-François Alesandrini, ancien directeur des affaires publiques à la DNDi,  Benjamin Coriat, économiste Fabienne Orsi, économisteEstiment qu’il faut penser la santé publique mondiale comme un bien commun.

 

 

Tribune. 

Salués par les grands médias et de nombreux experts en santé publique, des accords ont récemment été conclus entre les groupes pharmaceutiques Pfizer et Merck et le Medicines Patent Pool (MPP) [une initiative lancée par l’organisation Unitaid pour encourager la levée des brevets installée à Genève] pour accélérer la production de médicaments et leur diffusion dans des pays à revenu faible et intermédiaire.

Que deux grands laboratoires pharmaceutiques annoncent ainsi la mise à disposition imminente de deux nouveaux médicaments contre le Covid-19, avec de surcroît la possibilité offerte de les produire sous forme générique pour nombre de pays pauvres ne peut en première approximation qu’être salué comme une excellente nouvelle. Comment ne pas se réjouir de voir l’arsenal thérapeutique contre le Covid-19 s’élargir au-delà des vaccins et l’être, de plus, avec un relâchement de la propriété intellectuelle sur de nouveaux traitements ?

Ici, il faut, comme souvent, aller au-delà des apparences et tâcher de mieux comprendre ce qui est en jeu.

Pour qui se soucie d’aller au-delà de la surface des choses et des effets d’annonce (au demeurant soigneusement orchestrés par les agences de communication des grandes compagnies pharmaceutiques), cette séquence inédite offre un terrain d’analyse incomparable. On y perçoit la réalité des rapports de forces, des enjeux et des tensions qui se jouent depuis le début de la pandémie entre les géants de l’industrie, les gouvernements et la société civile, avec en toile de fond le contrôle de l’innovation thérapeutique et les conditions de son accès aux patients et aux citoyens de l’ensemble de la planète. L’enjeu financier se chiffre en centaines de milliards d’euros, avec en balance la question de l’accès pour tous, condition qui dicte celle du contrôle de la pandémie.

Selon ces accords, le Lagevrio (Merck) et le Paxlovid (Pfizer), conçus pour traiter les formes légères et modérées du Covid-19, seront accessibles sans contrainte de brevets dans une centaine de pays à bas et moyens revenus. Grâce à des licences volontaires qui pourront, par l’intermédiaire du MPP, être octroyées à des génériqueurs [les laboratoires qui fabriquent et commercialisent les médicaments génériques] intéressés à les produire partout dans le monde, ces nouveaux médicaments pourront être accessibles à moindre coût dans les pays en question. Cela permettra en principe aux patients qui en bénéficieront d’éviter les formes graves et en même temps de prévenir la saturation des hôpitaux dont on connaît partout la fragilité, une fragilité plus marquée encore dans les pays pauvres.

« Immigration » : il faut tout revoir d’après Manuel Valls

  »Immigration » : il faut tout revoir d’après Manuel Valls

 

 

À son tour Manuel Valls met les pieds dans le plat de la problématique migratoire. Il est clair que désormais Zemmour  notamment a installé le thème dans la campagne électorale de 2022. «Les républicains des deux rives» doivent proposer une réforme drastique de l’immigration, notamment la suspension du regroupement familial et du droit à l’admission sur le territoire pour les conjoints étrangers, s’ils ne veulent pas que les Français se détournent d’eux à l’élection présidentielle de 2022, argumente l’ancien premier ministre.

L’ennui c’est que cette question est largement instrumentalisée par notamment les extrêmes. À gauche on fait valoir les droits de l’homme et les principes de liberté quand au contraire à l’extrême droite on multiplie à l’excès les conséquences néfastes d’une immigration non contrôlée.

Du coup la question prend surtout une dimension idéologique et s’éloigne des vraies réalités que connaissent nombre de Français. On notera quand même que sur cette question Macron lui-même a opéré un virage avec une réduction assez sensible du nombre de visas accordés pour le Maghreb. Entre l(hystérisation   du phénomène et son ignorance il y a sans doute un chemin que les partis politiques devront emprunter pour ne pas se discréditer.

Système de santé: Revoir le financement

Système de santé: Revoir le financement

Le Haut conseil pour l’avenir de l’Assurance-maladie a rendu public vendredi un rapport sur la régulation du système de santé.

Un article de l’opinion rend compte d’un rapport très critique du Haut conseil pour l’avenir de l’Assurance-maladie (Hcaam), publié vendredi un rapport sur le sujet.( extrait)

Ce rapport note d’abord la dérive. De 205 milliards d’euros en 2020 (avant les rallonges dues à la crise), l’Ondam augmente en moyenne de 2 % à 2,5 % par an (contre 10 % l’an passé). A sa création, il représentait 7 % du PIB. Il pourrait atteindre 9 % en 2022.

L’autre critique concerne le déficit des établissements publics de santé (569 millions d’euros en 2018), qui n’est pas comptabilisé dans l’Ondam, est régulièrement présenté comme un point de fuite de la régulation.

D’après ce rapportE, on estime qu’un acte de soins sur quatre est non pertinent. Chaque année, l’Assurance-maladie espère 500 à 700 millions d’euros d’économies en améliorant les pratiques médicales. Outre la refonte de l’architecture financière du système de santé, le Hcaam plaide donc pour une amélioration de l’efficience des soins. Comment ? En investissant massivement dans le recours au numérique et en misant davantage sur le partage des données de santé d’une part ; en structurant mieux les soins de ville pour éviter le recours aux urgences hospitalières et l’émergence de nouveaux déserts médicaux d’autre part.

Enfin, le Hcaam recommande de redécouper l’Ondam par destination des soins (premier recours, hospitaliers aigus, soins de réadaptation, grand âge, handicap, etc.) et non par producteurs de soins (hôpitaux, ville, médico-social). té financière.

«Contre les bombes artisanales, : revoir la stratégie militaire »

«Contre les bombes artisanales, : revoir la stratégie militaire »

 

L’ancien chef d’état-major de l’armée de l’air, le général Denis Mercier sstime que la lutte contre les engins explosifs improvisés (IED) passe par des solutions numériques et des compétences développées par l’Otan pour l’ancien chef d’état-major de l’armée de l’air ( L’Opinion)

Tribune

 

 

Au Mali, entre le 28 décembre et le 2 janvier, cinq soldats français ont été tués dans l’explosion de leur véhicule blindé léger. Ces deux attaques, dues à engins explosifs improvisés (IED), ont fait passer le cap symbolique des 50 morts depuis le début de l’intervention française dans le pays, en 2013.

Emblématiques des récents conflits, de l’Afghanistan à la guerre d’Irak, du Sahel au Levant, les bombes artisanales sont des armes bon marché, menaçant nos soldats dans des guerres désormais asymétriques. Enfouis dans le sol, les IED se déclenchent au passage des convois et causent de lourdes et tragiques pertes humaines. Ces attaques contraignent la liberté de mouvement et poussent les états-majors à privilégier des déploiements sécurisés derrière les murs d’une emprise fortifiée, et à aller au contact de la population dans des convois fortement blindés.

Comment contrer cette menace à laquelle les armées françaises sont exposées depuis de longues années ? Nos alliés ont été confrontés à ce même défi et ont décidé de traiter cette menace en amont, avec l’aide des nouvelles technologies.

Arme du pauvre. Aucune des armées engagées actuellement dans des missions de maintien de la paix ou de gestion de crise n’est épargnée par cette menace. Fort de ce constat, l’Otan a développé un concept de lutte contre les IED en amont, fondé sur l’analyse de données hétérogènes, le partage d’expériences, les échanges et la coordination de l’information. Ainsi la lutte contre les engins explosifs improvisés agrège des données provenant des réseaux humains, financiers, techniques et logistiques, à l’œuvre dans la production de cette « arme du pauvre ».

Aujourd’hui, les armées françaises ne font pas assez appel aux compétences développées par l’Alliance atlantique et à l’expérience acquise par les alliés au sein d’un centre d’excellence dédié, qui permettraient d’assister la force Barkhane et d’améliorer ses capacités de lutte contre les menaces de type IED.

Les outils numériques demandent un partage de données qui peuvent venir de multiples capteurs déployés au Sahel, mais aussi des armées alliées

Deux grands axes dirigent la lutte contre ces engins : la réponse « sur le terrain » consistant à protéger les convois et à détecter les IED enfouis dans le sol, et celle, plus en amont, permettant de détecter les paramètres dans de nombreux domaines qui, une fois corrélés, identifient les filières de fabrication, de stockage et de mise en œuvre pour mieux les contrer avant qu’ils soient enfouis.

Pour le premier, la capacité à stocker et comparer les très nombreux renseignements sur les voies de communication permettrait d’anticiper le risque, et d’établir les moyens de protection adéquats ou de lancer des missions d’investigation sur les zones suspectes. S’il n’est pas possible d’avoir des hommes et des femmes qui surveillent ces zones H24 ou dissèquent les quantités d’informations disponibles sans aide, les outils numériques démultiplient les capacités d’analyse. Ils demandent un partage d’informations et une architecture numérique autorisant la corrélation de données qui peuvent venir de multiples capteurs déployés au Sahel, mais aussi de toutes les armées alliées qui voudront contribuer à cette mission.

Sur étagère. Sur le deuxième axe, il s’agit d’identifier les réseaux multiples (humains, techniques, logistiques, financiers et bien d’autres) entrant dans la réalisation des IED. Seuls des algorithmes puissants, capables de gérer de grands volumes de données hétérogènes permettront la détection des signaux faibles et leur corrélation pour modéliser les filières et les démanteler en amont.

Sur la base du concept développé par l’Alliance atlantique, et dans l’attente d’une capacité européenne crédible, l’acquisition de solutions numériques sur étagère pouvant être utilisées immédiatement pour organiser et corréler de très grandes quantités de données, comme cela a été le cas pour la lutte menée en France contre le terrorisme par la sécurité intérieure, permettrait une première réponse rapide et efficace. Avec un seul objectif : sauver des vies.

Le général Denis Mercier a été chef d’état-major de l’armée de l’air française, puis commandant suprême allié chargé de la transformation de l’Otan (ACT). Il a rejoint le groupe privé Fives en 2018.

Autoroutes : revoir les concessions

Autoroutes : revoir les concessions

 

Un collectif de députés et sénateurs socialistes, dont Olivier Jacquin et Christine Pirès-Beaune, appelle, dans une tribune au « Monde », à mettre fin aux déséquilibres des concessions autoroutières en auditant les contrats, en vue

Tribune.

 

La vente des participations de l’Etat dans les sociétés d’autoroutes en 2005 a donné naissance à un secteur d’activité dominé par de puissantes sociétés concessionnaires. Vinci, Eiffage ou Abertis exploitent à elles seules plus de 90 % du réseau.

Le 11 octobre 2005, Thierry Breton, ministre de l’économie, déclarait : « Ceux qui pensent que le seul fait que l’Etat soit actionnaire garantit les missions de service public n’ont rien compris ! C’est le contrat et non l’actionnaire qui établit les responsabilités d’une entreprise. » Certes. Mais si le réseau est en excellent état, l’augmentation des tarifs et les bénéfices enregistrés par les concessionnaires sont hors de toute proportion : 23,4 milliards de dividendes ont été versés depuis 2006.

Les déséquilibres des contrats en faveur des concessionnaires sont soulignés rapport après rapport par le Parlement, l’Autorité de la concurrence, la Cour des comptes, des experts indépendants… Cet été encore, une commission d’enquête du Sénat concluait à un risque sérieux de surrémunération des concessionnaires de 40 milliards d’euros, avec une rentabilité qui doublera sur la période 2020-2036, comparativement à 2005-2020, pour atteindre des niveaux stratosphériques. Certaines concessions atteindraient leur profitabilité cible dès 2022, soit plus de dix ans avant leur terme.

Quant à l’Autorité de régulation des transports, pourtant chargée d’un contrôle de ces contrats, elle confesse dans son rapport de 2020 ne pas avoir pu en établir fidèlement la rentabilité globale. Dans deux récents articles, les juristes Jean-Baptiste Vila et Yann Wels (« L’équilibre économique des autoroutes et la couverture du risque : une lapalissade juridique étatisée », et « Convoquons les Etats généraux du droit pour les concessions d’autoroutes ! », « La Semaine juridique », n° 48) contestent la pertinence du modèle utilisé pour tenter d’obtenir cette estimation et s’interrogent sur la légalité de mécanismes financiers importants comme le mode de fixation des tarifs.

Il semble aujourd’hui impossible de déterminer l’équilibre économique des concessions, donnée pourtant essentielle à leur légalité et consubstantielle à l’évaluation de la pertinence de tous leurs paramètres constitutifs, à commencer par les tarifs. Contraint par la complexité des contrats, « des monstres » dixit Elisabeth Borne [en juin 2020, à l’époque ministre de la transition écologique et solidaire], l’Etat semble avoir perdu toute volonté sérieuse d’agir. Le sujet n’est pas tant le recours à des concessions que l’incurie actuelle de contrats trop souvent modifiés et mal négociés dès 2005.

Climat : revoir l’approche économique

Climat : revoir l’approche économique

 

La sociologue Dominique Méda détaille, dans sa chronique du Monde, l’insuccès des économistes à comprendre la catastrophe écologique avec leurs outils traditionnels

 

Chronique.

 

Les écologistes doivent-ils rompre avec la critique de la croissance, du productivisme et du capitalisme, pour mener de façon réaliste la « transition écologique » ? En 1972, le rapport du Club de Rome intitulé « Les limites à la croissance » (Rue de l’Echiquier, 2012) – plus connu sous le nom de « rapport Meadows », signé des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology Dennis et Donnella Meadows – prédisait un effondrement de nos sociétés avant la fin du XXIe siècle si des mesures drastiques n’étaient pas prises pour ralentir le rythme de la croissance.

Ces résultats étaient immédiatement et violemment critiqués par un économiste, William Nordhaus, futur récipiendaire, en 2018, du Prix de la Banque de Suède en sciences économiques. Il reprochait notamment aux Meadows de ne pas introduire la notion de prix dans leur modèle : le signal prix permettrait, selon lui, d’organiser la substitution d’une ressource rare à une autre et d’enrayer, grâce au progrès technologique, à la fois le risque de déplétion des ressources naturelles et de pollution. Avec la crise de la fin des années 1970, les travaux des Meadows ont été oubliés et c’est le modèle proposé par Nordhaus qui a été largement adopté, comme le raconte le passionnant ouvrage Les Modèles du futur (La Découverte, 2007).

L’exactitude des projections des Meadows a pourtant été confirmée par un chercheur australien, Graham Turner, qui les a comparées aux données réelles : il met en évidence la validité de la plupart des prévisions de l’équipe du MIT. Quant aux travaux de Nordhaus, ils font, depuis quelques années, l’objet de vives critiques : selon ses contradicteurs, l’économiste aurait minimisé les effets du changement climatique, considérant que celui-ci n’adviendrait que dans un futur très éloigné, et se serait essentiellement intéressé au coût de la transition écologique sans prendre en compte des questions physiques, indiquant par exemple qu’un réchauffement de 6 degrés coûterait 10 points de PIB et que la solution optimale consisterait en un réchauffement de 3,5 °C en 2100…

Dans un article publié en 2019 sur le site Mint Magazine et traduit en français, l’économiste australien Steve Keen dénonce avec vigueur les travaux de Nordhaus. Il aurait, selon lui, omis d’intégrer dans ses équations une notion déterminante pour les climatologues : celle de point de basculement, qui signifie que les évolutions ne sont pas linéaires et peuvent connaître de brusques changements une fois que certains seuils sont franchis. Il conclut ainsi ses réflexions : « Plutôt que d’“intégrer le changement climatique dans l’analyse économique de long terme”, comme le mentionne son prix Nobel, Nordhaus a emmené l’espèce humaine dans une promenade qui la conduit vers la possibilité d’une hécatombe. Lui emportera son prix Nobel dans sa tombe, mais nous, nous devons nous sortir de cette marche vers la mort, maintenant. Etant donné le niveau irrémédiablement mauvais du travail qu’ont fait les économistes sur les conséquences économiques du changement climatique, cette tâche devrait être laissée entre les mains de climatologues comme Steffen, Lenton et Garrett. On peut au moins leur faire confiance pour comprendre ce qu’est le réchauffement climatique. »

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