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« La crise Sahel : révélatrice de l’obsolescence de la coopération internationale » ?

« La crise Sahel : révélatrice de l’obsolescence de la coopération internationale » ?

Niagalé Bagayoko

Politologue et présidente de l’African Security Sector Network

La crise au Mali et dans les pays voisins est le révélateur de l’inadéquation entre les moyens mobilisés et les objectifs affichés souligne, dans une tribune au « Monde », la présidente de l’African Security Sector Network.

 

Un article intéressant mais qui parle de l’obsolescence de la coopération internationale comme si cette coopération existait. La vérité est plus cruelle. La France est dramatiquement seule  au Mali et plus généralement au Sahel et la coopération internationale en dehors de la France est insignifiante. Comment la France pourrait assurer à la fois la sécurité et le développement dans une zone aussi vaste, 10 fois plus grande que la France avec seulement 5000 hommes là où il en faudrait 50 000. Et au-delà de la sécurité, comment développer des politiques de développement concrète sur le terrain qui échappe à la corruption et où au détournement des fonds.

Tribune.

 

Huit ans après le début de l’engagement de la communauté internationale au Mali, les signaux alarmants d’aggravation de la crise qui enflamme le Sahel ne cessent de se multiplier. La crise sahélienne apparaît de plus en plus comme un révélateur de l’obsolescence de la plupart des instruments mobilisés de manière traditionnelle par les acteurs internationaux, à titre bilatéral ou multilatéral.

L’absence de résultats décisifs obtenus par l’opération « Barkhane », ainsi que les pertes humaines et son coût financier, sont soulignés de toutes parts. La négation de la dimension politique de la lutte insurrectionnelle menée par les groupes djihadistes qu’elle affronte – réduits à leur seul mode de combat à travers l’utilisation du vocable de terroriste, y compris lorsque leurs principales cibles sont des unités combattantes – a compromis la formulation d’objectifs politiques au service desquels mobiliser l’instrument militaire français.

Il convient d’interroger également les doctrines de formation, ainsi que les politiques d’équipement promues par des décennies de coopération de défense et de sécurité, qui ont échoué à développer les capacités des forces armées maliennes. Celles-ci avaient été incapables en 2012 de faire face à l’offensive venue du nord du pays. C’est pourtant en grande partie de ces dispositifs que s’inspirent les missions européennes chargées de pourvoir à l’entraînement des forces de défense et de sécurité sahéliennes. Si leur opérationnalité s’est indéniablement améliorée, ces forces n’apparaissent toujours pas en mesure d’assumer pleinement leurs missions de protection des institutions de l’Etat et de maintien de l’ordre public et de la sécurité sur l’ensemble des territoires.

Complexité et lenteur

La juxtaposition de nouvelles initiatives annoncées à l’issue des différents sommets – G5/Sahel, Alliance pour le Sahel, Partenariat pour la sécurité et la stabilité au Sahel (P3S), Force européenne Takuba – rend immense, voire impossible, la mission de coordination et de mise en cohérence du dispositif qui revient désormais à la Coalition internationale pour le Sahel dont la mise en place a été actée à Nouakchott en juin 2020. L’impact des programmes d’aide décidés est par ailleurs largement diminué par des méthodologies trop en décalage avec les réalités du terrain. A cela s’ajoute la complexité et la lenteur des procédures administratives et budgétaires pour matérialiser les financements massifs destinés à rendre plus opérationnelle la force conjointe du G5-Sahel qui sont annoncés à l’occasion des conférences internationales de donateurs.




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