Réunir le front républicain
Raphaël Glucksmann, Aurore Lalucq et Aurélien Rousseau : après la censure du gouvernement Barnier, « les forces politiques du front républicain doivent se réunir pour définir les convergences possibles »( Tribune dans Le Monde »
par
Raphaël Glucksmann
député européen (S&D)
Aurore Lalucq
députée européenne (S&D)
Aurélien Rousseau
député (Place publique)
Pour sortir de la crise, les eurodéputés et le député Place publique appellent, dans une tribune au « Monde », toutes les forces opposées au Rassemblement national à travailler ensemble à un accord de non-censure ou à la production d’une plateforme de gouvernement provisoire.
L’irresponsabilité politique menace de plonger notre nation dans l’abîme. Il est temps d’arrêter de jouer l’avenir du pays aux dés et de respecter les résultats des élections législatives du 7 juillet.»
Préférant céder à l’extrême droite plutôt que d’engager un véritable dialogue avec la gauche, le gouvernement de Michel Barnier s’est condamné à dépendre du bon vouloir de Marine Le Pen. Jusqu’à la chute. Notre pays, déjà dans une situation difficile, connaît désormais une crise de régime dont les conséquences risquent d’être dramatiques.
Le président de la République est évidemment comptable de cette faillite. Le poison lent de la dissolution continue de se diffuser et les élections législatives n’ont rien clarifié, sauf une chose : une majorité de Français refuse encore de donner les manettes à l’extrême droite. Il n’y eut, au fond, qu’un vainqueur incontestable le 7 juillet : le front républicain, dont le seul but était de barrer la route au Rassemblement national (RN). Pourtant, Emmanuel Macron, parce qu’il refusait toute réorientation de sa politique économique et sociale, a nommé comme premier ministre un représentant de la seule force politique à avoir rejeté ce barrage républicain. Pareil déni des résultats électoraux ne pouvait finir autrement.
Mais la responsabilité va au-delà du couple de l’exécutif. Elle est générale. Incapables d’accepter réellement l’idée de compromis entre rivaux et adversaires, les forces politiques françaises ont préféré, avec constance et aplomb, les postures boutiquières à l’intérêt général. Cela nous a fait perdre un temps précieux, à un moment, en plus, où la gauche pouvait profiter d’un rapport de force favorable pour imposer un certain nombre d’avancées pour l’ensemble des Français.