« Jean Marie Lepen devrait prendre sa retraite » (Marine )
Jean marie Lepen sera convoqué « devant le bureau exécutif » du parti « siégeant en sa qualité de structure disciplinaire » déclaré Marine Lepen qui a souhaité qu’il prenne sa retraite. . Commission de discipline comme un simple militant pour celui qui a co-fondé le FN en 1972 et qui l’a présidé pendant près de 40 ans ? « Personne ne comprendrait qu’il y ait au FN des personnalités qui puissent exprimer une pensée qui soit personnelle et contraire aux statuts du FN« , a justifié la benjamine des trois filles du « menhir». Elle a réaffirmé son souhait que « Le Pen » ne représente pas le FN aux régionales de décembre en Paca. La décision, a-t-elle rappelé, appartiendra au bureau politique du parti, qui se réunira le 17 avril. Mais, exprimant son « chagrin en tant que fille » de Jean-Marie Le Pen et « comme militante » face à la situation, elle a demandé à celui qui a été élu pour la première fois député en 1956 de « faire preuve de sagesse, de tirer les conséquences du trouble qu’il a lui-même créé et peut-être arrêter ses responsabilités politiques. » Pourquoi en vient-elle à une procédure disciplinaire cette fois alors qu’elle n’avait jusqu’ici opposé que des protestations verbales aux multiples déclarations polémiques de son père ? « C’est le phénomène de la récidive« , a lâché l’eurodéputée. »On a le sentiment dans cette interview qu’il y a toutes les provocations qui sont réitérées (…), des propos qui sont totalement en rupture avec la ligne » du parti. Invité de RTL vendredi matin, Jean-Marie Le Pen aura l’occasion de dire s’il compte se présenter à cette convocation de l’instance suprême du FN, composée de neuf membres… et dont il est déjà membre de droit. La réunion devrait se tenir dans au minimum 15 jours, à cause du délai obligatoire de convocation, selon une source FN. Jusqu’à peu, les dirigeants FN, même dans les discussions avec les journalistes, gardaient une certaine mesure concernant « Le Pen », soulignant avec une quasi-tendresse son côté « emmerdeur » et le présentant, autant lassés qu’amusés, comme le « vieil oncle éructant à la fin des repas de famille« . Pouvoir de nuisance ? Aucun ou presque, assuraient-ils. Les dagues sont dégainées depuis mercredi matin au lendemain de la diffusion de l’entretien de Jean-Marie Le Pen à Rivarol, dans lequel -sans nouveauté majeure sur le fond-, il déroule « un best of des textes et des mots de toute sa carrière », selon les termes du patron des socialistes Jean-Christophe Cambadélis. Dans cette polémique qui se déroule par médias interposés, le numéro deux du parti, Florian Philippot, a été le plus loin, assurant jeudi qu’il serait « préférable » que Jean-Marie Le Pen démissionne du parti. L’hypothèse même d’une exclusion de Jean-Marie Le Pen du FN n’est plus inenvisageable. « Toutes les options sont sur la table« , a lâché M. Philippot. Une exclusion ? Cette décision serait « complètement folle », porteuse d’un « risque d’implosion » du FN, a répliqué dans la journée Le Pen père. Mais le bain de sang à venir pourrait ne pas éclabousser tout le monde. En rompant avec son père, Marine Le Pen peut espérer tirer un avantage politique dans sa stratégie de « dédiabolisation« . Nombre de frontistes ont d’ailleurs salué sur Twitter la prestation télévisée de leur chef: « L’étoffe d’une femme d’Etat« , pour M. Philippot. La crise, « une chance pour le FN », selon Robert Ménard, maire de Béziers. Ce changement radical de ton envers Jean-Marie Le Pen n’est par ailleurs pas dépourvu de calcul : « Ils accélèrent le processus de destruction. Quand la bête est à terre, on l’achève« , remarque un frontiste historique. L’intérêt général des Français devant l’intérêt personnel de Jean-Marie Le Pen: ainsi est mis en forme le rejet du « suicide politique » évoqué par Marine Le Pen. Mais le principal intéressé est convaincu: en cas d’exclusion, « le prestige que je conserve assez naturellement au sein du FN provoquera des remous considérables et pour elle, une perte d’influence qu’elle ne mesure sans doute pas. » Une situation qui a réjoui les adversaires du FN, et au premier rang desquels l’ancien président Nicolas Sarkozy, qui en meeting dans l’Oise a assuré : « On se sent humiliés d’assister à un tel spectacle ». La violente dispute occulte aussi un autre danger pour le parti d’extrême droite, qui doit faire face à une enquête judiciaire sur ses campagnes électorales qui s’est accélérée avec de nouvelles mises en examen dévoilées jeudi, notamment pour financement illégal du parti.