Retraite : la plus longue en France
En retraite, l’espérance de vie est bien plus élevée dans l’Hexagone que partout ailleurs. Elle atteint 23 ans en France contre 17 pour la moyenne européenne. Le relèvement de l’âge légal du départ à la retraite sera-t-il au cœur de la prochaine présidentielle? Dans sa réforme de 2013, François Hollande avait pris bien soin d’éviter le sujet, préférant jouer sur le taux plein, c’est-à-dire sur le nombre de trimestres nécessaires pour obtenir l’intégralité de la pension. Alain Juppé, François Fillon et Nicolas Sarkozy, et plus largement l’ensemble des probables candidats à la primaire républicaine, entendent, eux, relever l’âge légal de départ à la retraite s’ils arrivent à l’Élysée. Au-delà des problèmes de financement, ils ont un argument tout trouvé. La France avec sa désormais retraite à 62 ans apparaît aujourd’hui comme l’État le plus généreux avec les salariés. C’est ce qui ressort, indirectement, des dernières données d’Eurostat publiées la semaine passée. Ces statistiques comparent l’espérance de vie dans chaque pays d’Europe. On y découvre, sans grande surprise, que les Français font partie des Européens qui vivent le plus longtemps. Ce qui leur octroie, de facto, une durée de retraite sans équivalent. Prenons le cas d’un salarié né en 1963 (et donc âgé aujourd’hui de 53 ou 52 ans). Il devrait vivre en moyenne jusqu’à 85 ans. Et si, comme il en a le droit, il prend sa retraite après son 62ème anniversaire, il bénéficiera de la pension qui lui est due pendant 23 ans. Aucun autre pays de l’Union européenne n’accorde une durée de retraite aussi longue à ses salariés. Il faut dire que bon nombre de nos voisins européens ont mis en place des réformes qui repoussent bien plus loin l’âge du départ légal à la retraite. Dans la plupart des pays européens, un citoyen âgé aujourd’hui de 53 ans devra attendre d’avoir au moins 65 ans pour quitter le monde du travail, selon le comparatif du centre des liaisons européennes et internationales de Sécurité sociale. Aux Pays-Bas, en Pologne, en Allemagne et en République Tchèque, l’horizon est encore plus lointain puisqu’une personne née en 1963 va devoir travailler jusqu’à son 67ème anniversaire. La France s’offre ainsi le luxe d’un écart entre l’espérance de vie pour une personne née en 1963 et l’âge légal de départ à le retraite qui dépasse de 6 ans la moyenne européenne (voir encadré ci-dessous). Même les pays les plus « généreux » avec leurs salariés, sont loin d’offrir en moyenne, 23 années de retraite à ceux qui quitteront le monde du travail en 2025. Prenons le cas des salariés espagnols, les mieux lotis en la matière après les Français. A 53 ans, ils peuvent espérer vivre jusqu’à leurs 84,9 ans. Presqu’autant qu’un Français. Mais comme ils ne pourront pas prendre leur retraite avant leurs 65 ans, la durée moyenne pendant laquelle ils vivront de leur pension se limitera à 19,7 années. La différence avec les Allemands est encore plus nette. Les salariés allemands nés en 1963 devront travailler jusqu’à leurs 67 ans et leur espérance de vie étant plus courte, le versement de leur pension se limitera en moyenne à 16 ans, soit un tiers de moins qu’en France. Mais c’est avec la Bulgarie que la différence avec la France est la plus marquée: du fait d’une plus faible espérance de vie et d’un accès plus tardif, la retraite y dure 10 années de moins
(Agences)