Archive pour le Tag 'retour'

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Bientôt le retour sur la Lune

Bientôt le retour sur la Lune

 

Par Dimitri Chuard, Astrophysicien, chargé de recherches prospectives, Mines Paris

L’année 2022 devrait marquer une étape importante dans le retour sur la Lune. En effet, dans quelques mois doit décoller la première mission du nouveau programme lunaire américain, Artemis. Quel sera le déroulé et quels seront les enjeux techniques et économiques de ce grand projet spatial qui s’étalera sur toute la décennie ?

Annoncée pour la fin août au plus tôt, la mission Artemis I verra le premier décollage du nouveau lanceur géant de la NASA, le SLS (Space Launch System). Prévu à l’origine pour fin 2016, le programme fait face à d’importants retards. En avril dernier encore, le dernier grand test avant lancement, le wet dress rehearsal, a révélé plusieurs problèmes techniques, notamment liés au remplissage des réservoirs en oxygène et en hydrogène liquides. La NASA a ainsi dû renvoyer le lanceur dans son bâtiment d’assemblage pour réparation. Un nouvel essai doit avoir lieu le 20 juin 2022 sur le pas de tir 39B du centre spatial Kennedy, en Floride.

C’est seulement une fois ce test validé que la mission Artemis I pourra avoir lieu. Il faut dire que le SLS est un objet technique particulièrement complexe. Avec ses 70 tonnes et presque 100 mètres de haut, il sera le lanceur le plus puissant jamais construit, surpassant l’emblématique Saturn V qui conduisit 24 astronautes américains vers la Lune entre 1968 et 1972.

Au sommet du SLS est placé le vaisseau Orion, dans lequel voyageront les astronautes. Orion reprend l’architecture de son grand frère, le module Apollo, mais avec des dimensions plus importantes. Ainsi, quatre astronautes pourront faire le voyage vers la Lune lors de chaque mission, contre trois à l’époque d’Apollo.

Mais dans un premier temps, c’est un vaisseau Orion vide qui sera lancé par le SLS afin de tester l’ensemble des étapes de la mission. Il restera en orbite autour de la Lune plusieurs jours afin de permettre aux ingénieurs de la NASA de vérifier ses performances. Grâce aux moteurs de son module de service construit par l’Agence spatiale européenne, il reprendra ensuite le chemin de la Terre, afin de tester les étapes critiques de rentrée dans l’atmosphère et d’amerrissage.

Si cette répétition générale est concluante, un premier vol avec équipage suivra lors de la mission Artemis II, prévue pour l’instant pour la mi-2024. Comme leurs prédécesseurs d’Apollo 8, les quatre astronautes de la mission survoleront la Lune mais ne s’y poseront pas. Il faudra donc attendre Artemis III pour voir le véritable retour d’un équipage à la surface de notre satellite. Après avoir quitté Orion pour alunir à bord du HLS (Human Landing System), deux astronautes, dont la première femme à marcher sur la Lune, séjourneront près d’une semaine à la surface, soit plus du double du record établi lors des missions Apollo. Prévue pour 2025, la mission pourrait toutefois connaître plusieurs années de retard selon le dernier rapport de l’inspecteur général de la NASA.

En parallèle, une station spatiale, la Gateway, sera assemblée en orbite autour de la Lune à partir de la fin 2024. Beaucoup plus petite que la station spatiale internationale (ISS), elle s’appuiera sur un partenariat similaire entre agences spatiales américaine, européenne, japonaise et canadienne, mais cette fois sans la Russie. À terme, au moins trois astronautes européens devraient ainsi séjourner à bord de cette station en orbite lunaire dont l’un des modules est d’ailleurs déjà en construction en France.

La Gateway constitue l’une des grandes différences entre les programmes Artemis et Apollo. En offrant un point de transit et un lieu d’expérimentation entre la Terre et la Lune, elle est présentée comme un ingrédient de la pérennisation du retour sur la Lune. Car la NASA a bien compris qu’il y avait un enjeu fort à aller au-delà d’un retour symbolique et ponctuel sur la Lune, la course ayant déjà été remportée il y a plus de cinquante ans. Comme le soulignait l’astrophysicien américain John Horack en 2019, les motivations du retour sur la Lune sont aujourd’hui moins géopolitiques qu’économiques. Les accords Artemis, que la France vient de rejoindre, prévoient par exemple explicitement la possibilité d’extraire des ressources de la Lune, bien que la viabilité des modèles économiques associés soit encore loin d’être démontrée.

L’agence spatiale américaine encourage aussi la création d’un écosystème commercial autour de la Lune. Dans le cadre du programme Commercial Lunar Payload Services (CLPS), les acteurs privés sont ainsi financés pour construire des vaisseaux capables de se poser sur la Lune et y déposer des instruments ou des robots pouvant eux aussi être développés par des sociétés privées. Les atterrisseurs lunaires des sociétés Intuitive Machines et Astrobotic Technology seront les premiers à tenter la manœuvre, en principe d’ici la fin de l’année 2022.

Avec la même logique, le HLS qui déposera les astronautes sur la Lune a lui aussi été sous-traité à un partenaire privé, SpaceX. La société d’Elon Musk ne se contente d’ailleurs pas d’être un prestataire de services et développe en parallèle ses propres projets. Elle a par exemple annoncé avoir vendu un billet au milliardaire japonais Yusaku Maezawa pour un vol touristique en orbite autour de la Lune, plus simple et moins cher qu’un alunissage. Annoncé à l’origine pour l’année prochaine, il est peu probable que les délais soient tenus étant donné les récentes déconvenues que rencontre SpaceX dans le développement de son nouveau lanceur Starship.

S’installer dans la durée, tel est aussi l’enjeu pour les deux seules autres puissances spatiales à avoir réussi un alunissage : la Russie et la Chine. Si la Russie est un acteur historique de la course à la Lune, comme les États-Unis, la Chine a fait un rattrapage remarqué en posant pour la première fois un atterrisseur sur la face cachée de la Lune en 2019, et en réalisant avec succès un retour de roches lunaires sur Terre en 2020.

La Chine et la Russie ont annoncé en 2021 vouloir s’associer pour construire une station orbitale, l’International Lunar Research Station (ILRS), prévue pour le début des années 2030. D’ici là, plusieurs missions robotiques sont prévues, notamment Chang’e 6 côté chinois et Luna 25 côté russe. Le nom de cette dernière mission, prévue pour cet automne, s’inscrit dans la continuité du programme soviétique Luna, dont Luna 24 était depuis 1976 la dernière représentante. D’autres pays, l’Inde, la Corée du Sud, les Émirats arabes unis et le Japon, prévoient également des missions à destination de la Lune dans les prochains mois.

À plus long terme, l’idée derrière le programme Artemis est de réutiliser les développements réalisés pour un premier voyage vers la planète Mars à l’horizon 2040. Il faut pourtant rappeler que les défis que pose un voyage habité vers Mars sont sans commune mesure avec ceux du programme Artemis qui, malgré un coût pour la NASA approchant les 100 milliards de dollars, est encore loin de permettre une installation pérenne sur la Lune. Faire de notre satellite une destination en soi, voilà donc le défi que les acteurs du spatial devront relever bien avant d’espérer atteindre la planète rouge.

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Par Dimitri Chuard, Astrophysicien, chargé de recherches prospectives, Mines Paris

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Assemblée nationale: Le retour de l’idéologie…. ou de la démagogie ?

Assemblée nationale: Le retour de l’idéologie…. ou de la démagogie ?

 

Le sociologue Etienne Ollion analyse, dans un entretien au « Monde », ces premières semaines de discussions au Palais-Bourbon à la suite des élections législatives du mois de juin, qui marquent un tournant dans la recomposition politique.

 

Le sociologue propose une lecture assez complaisante des débats à l’assemblée nationale en considérant que le retour de l’idéologie dans l’hémicycle constitue un progrès démocratique. Peut-être une certaine confusion entre idéologie et démagogie. Un seul exemple,  l’absence totale d’analyse des facteurs d’augmentation de l’inflation et donc des politiques sociales pour mieux faire face. Sans parler du côté guignol de certains affrontements.  NDLR

 

La tribune

 

L’Assemblée nationale est-elle redevenue le théâtre de la vie politique française ? Entre fragmentation et imprévisibilité, brouillage des lignes idéologiques et tentatives de réinvention de l’image de marque des formations, le sociologue au CNRS Etienne Ollion, spécialiste de la vie parlementaire, a pour ses travaux enquêté pendant des années à l’Assemblée.

Après cette session extraordinaire, quels constats tirez-vous des débats qui se sont déroulés au Palais-Bourbon, dans ce contexte d’absence de majorité absolue pour Emmanuel Macron ?

On assiste clairement à une « ré-idéologisation » des débats à l’Assemblée nationale. Dire qu’il y a un retour de l’idéologie, ça ne veut pas dire qu’on parle de manière purement théorique ou déconnectée de la réalité. J’entends idéologie au sens de corpus d’idées constitué, établi. On l’a bien vu lors de débats pour savoir s’il fallait une prime ou une hausse de salaire pendant l’examen de la loi pouvoir d’achat, ou sur le rachat des RTT. A chaque fois, c’est une vision du travail, de la protection sociale, du rôle de l’Etat qui était en jeu.

Cela existait bien sûr avant, mais ce qui m’a frappé, c’est qu’on a vu bien plus de liens entre une mesure précise et ce que les parlementaires d’un camp ou de l’autre considèrent être sa signification politique. C’est quelque chose qui avait moins cours depuis plusieurs décennies, et certainement pendant la précédente législature (2017-2022), où on faisait de la politique moins sur le mode des idées qu’en invoquant le « bon sens » ou la raison technique.

Guerre: Retour du risque nucléaire ?

Guerre: Retour du risque nucléaire

 

Les propos guerriers de Poutine et de son entourage nourrissent  la crainte d’une hypothèse de guerre nucléaire. La Russie utilise certes cette éventualité à des fins d’intoxication mais pourrait bien être tentée de recourir au nucléaire pour sauver la dictature et le régime de Poutine.

Conscient de cette menace l’ONU par la voix de son secrétaire général l’ONU met en garde la Communauté internationale sur les risques encourus par le monde entier.

 L’humanité n’est qu’à «un malentendu» ou «une erreur de jugement» de l’«anéantissement nucléaire », a mis en garde lundi 1er août le secrétaire général de l’ONU, estimant qu’un tel «danger nucléaire n’(avait) pas été connu depuis l’apogée de la guerre froide ». «Nous avons été extraordinairement chanceux jusqu’à présent. Mais la chance n’est pas une stratégie ni un bouclier pour empêcher les tensions géopolitiques de dégénérer en conflit nucléaire», a déclaré Antonio Guterres à l’ouverture d’une conférence des 191 pays signataires du traité de non-prolifération nucléaire (TNP). «Aujourd’hui, l’humanité est à un malentendu, une erreur de calcul de l’anéantissement nucléaire», a-t-il martelé, appelant à construire un monde «débarrassé des armes nucléaires».

«Éliminer les armes nucléaires est la seule garantie qu’elles ne seront jamais utilisées», a-t-il encore ajouté, précisant qu’il se rendrait dans quelques jours à Hiroshima pour l’anniversaire du bombardement. «Près de 13.000 armes nucléaires sont stockées dans les arsenaux à travers le monde. À un moment où les risques de prolifération grandissent et les garde-fous pour prévenir cette escalade faiblissent», a-t-il insisté, évoquant notamment les «crises» au Moyen-Orient, dans la péninsule coréenne et l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

 

Retour des soignants non vaccinés: Contresens et irresponsabilité

Retour des  soignants non vaccinés: Contresens et irresponsabilité

 

À juste titre dans un papier du Monde, on dénonce l’irresponsabilité de certains élus  d’opposition qui militent pour le retour des soignants noms vaccinés comme si la pandémie était déjà terminée alors qu’on constate quotidiennement encore autour de 100 000 cas nouveaux et que l’apparition d’un nouveau variant n’est pas impossible à l’automne. 

En juin, les Français se sont dotés d’une Assemblée nationale qui reflète beaucoup plus fidèlement qu’auparavant l’état politique réel du pays. On peut se réjouir de cette meilleure représentation, ainsi que du retour en force d’un Parlement désormais arbitre incontournable des choix politiques. Encore faudrait-il que les oppositions exercent leur pouvoir dans un sens constructif et responsable. Tel n’est pas le cas lorsque, en une troublante convergence, des élus de la Nouvelle Union populaire, écologique et sociale (Nupes), des Républicains (LR) et du Rassemblement national (RN) défendent la réintégration des personnels du système de santé et des services d’incendie et de secours qui ont été suspendus, car non vaccinés contre le Covid-19.

L’obligation vaccinale est entrée en vigueur le 15 septembre 2021, avec le soutien presque unanime des professionnels de santé. Elle a été considérée comme relevant de l’évidence, s’agissant de personnels qui, par leurs fonctions, côtoient les personnes les plus exposées au Covid, dont ils sont chargés de préserver la santé. Le fait, pour eux, d’être astreints à des vaccinations spécifiques, comme celle contre l’hépatite B, n’avait d’ailleurs jusque-là guère fait débat. La mise en œuvre de cette obligation nouvelle a suscité de nombreuses tensions. Des soignants ont argué du manque de recul ou d’efficacité, ou de convictions personnelles, pour refuser la vaccination, et des suspensions ont dû être prononcées.

Alors que le SARS-CoV-2 continue de circuler fortement et que le vaccin protège contre les formes graves de la maladie, réintégrer celles et ceux qui le refusent reviendrait à céder aux arguments antiscientifiques et à renoncer à un fondement de la politique de santé publique qui fait de la vaccination un réflexe de protection collective et suppose l’exemplarité des soignants. Comment des patients pourraient-ils maintenir leur confiance dans des hôpitaux, des cliniques ou des Ehpad dont certains personnels refuseraient de mettre en œuvre les consensus scientifiques nationaux et internationaux ? « Aucun des arguments ressassés ne permet de valider scientifiquement le refus de se faire vacciner », qui, s’il est « respectable », reste « incompatible avec le métier de soignant », vient d’estimer l’Académie de médecine, réitérant sa « ferme opposition » à la réintégration des non-vaccinés.

Quant aux arguments selon lesquels une telle réintégration permettrait de pallier la grave pénurie de personnels soignants, voire de lutter plus efficacement contre les incendies de forêt, ils ne résistent pas aux chiffres. Comment soutenir qu’on tiendrait là un remède à une crise systémique massive, alors que seuls 600 des 240 000 infirmiers hospitaliers et 75 médecins et pharmaciens à l’hôpital sur 85 000 font défaut ? Alors que, globalement, les 12 000 personnes suspendues ne représentent que 0,53 % des personnels concernés ?

Laisser entendre, comme certains le prétendent à gauche, à droite et à l’extrême droite, que le retour des non-vaccinés réglerait la crise de l’hôpital et servirait la justice et la paix civile relève d’une dangereuse démagogie. Céder à ces arguments nourrirait au contraire la défiance envers le système de santé et la rationalité scientifique et alimenterait les conflits au sein des équipes soignantes. En poursuivant cette croisade néfaste, les oppositions donneraient un piètre avant-goût du rôle qu’elles peuvent jouer au cours d’un quinquennat qui s’annonce si lourd de défis.

Retour à l’exploitation des mines en France ?

Retour à l’exploitation des mines en France ? 

 

L’exploitation minière en France est un tabou qu’il faut lever. Elle peut favoriser la souveraineté dans le secteur des métaux, cruciaux pour la transition énergétique, créer des emplois et respecter l’environnement. Pour atteindre cet objectif, certaines conditions doivent être réunies. Par Didier Julienne, Président de Commodities & Resources (*).( dans la Tribune)

Dans les années 1950, une génération de géologues, de mineurs et d’énergéticiens exploita ce qui pouvait l’être en France avant de gagner des territoires à l’étranger. Cela permettait l’industrialisation de notre pays post-Deuxième guerre mondiale.

À cette époque, comme aujourd’hui, le cycle industriel et de réindustrialisation est le suivant: exploration, exploitation et transformation de ressources naturelles, ensuite fabrication industrielle, marketing, puis service et enfin recyclage.

Mais l’industrie minière française n’a pas échappé au grand mouvement «désindustrialisateur » qui fragilise notre pays. Elle est même une déception pour deux raisons. Par manque de vision, elle est restée prostrée, petite et figée alors que des géants sont nés ailleurs. Glencore, leader minier mondial, n’existait pas au début du siècle, il surpasse de loin nos sociétés minières centenaires. D’autres leaders mondiaux, Rio Tinto ou Newmont, ont bâti des empires en achetant notamment des découvertes françaises du BRGM (Yanacocha, Neves Corvo, Tembo Grande…) qui n’ont pas intéressé des mineurs français. Pourquoi ?

Depuis cette époque, la mine française n’a pas eu de nouveau projet d’ampleur si ce n’est le zénith de la catastrophe : l’affaire d’Uramin dont on a fêté le triste quinzième anniversaire le 15 juin dernier.

C’est pourquoi la mine française moderne doit être replacée au centre de l’intérêt général. À notre époque, c’est la décarbonation. Les métaux extraits doivent être sélectionnés pour être réellement utiles à réussir cet objectif tandis que les autres doivent rester sous terre.

En d’autres termes, nous avons aujourd’hui moins besoin d’extraire l’or de la Guyane que de développer l’exploitation avec responsabilité de nos gisements métropolitains de titane, de tungstène, d’étain, de lithium d’antimoine, de cuivre… Tous identifiés ou répertoriés dans le sous-sol hexagonal si peu exploré.

Deuxième réalité, reconnaissons que dans les esprits, la mine en France c’est Salsigne, et elle fait peur. Replacer la mine au centre de l’intérêt général et de l’industrie, c’est commencer par réparer : faisons nos preuves, nettoyons tous les Salsigne de l’hexagone. Nous en avons les compétences et, dans le cadre de l’économie circulaire, ces opérations seront rentables.

Troisièmement, libérons l’administration de ses carcans. Par exemple, est-il normal que l’autorisation administrative de deux forages identiques demande un délai administratif de deux mois pour une exploration géothermique, mais souffre d’un délai de deux ans pour une exploration minérale ?

Quatrièmement, la mine n’est plus celle de Zola, la mine française privilégie la sécurité de ses employés et les anciennes méthodes qui ont blessé la nature ont cédé la place aux méthodes environnementales modernes, compatibles avec notre territoire densément peuplé.

Ainsi, la future mine française est souterraine et non pas à ciel ouvert pour limiter son emprise écologique, elle fonctionne naturellement avec des engins électriques ou à hydrogène, elle n’engendre ni poussière, ni déchet, ni bruit à l’extérieur, elle a attiré à proximité les emplois d’industries métallurgiques qui convertissent immédiatement les métaux en produits, sans que ces derniers fassent le tour de la terre pour être transformés et consommés.

Elle est enfin une gigantesque pompe à chaleur capable d’engendrer sa propre énergie et fournir l’éclairage et le chauffage des villes aux alentours. En un mot, elle a réussi le compromis entre progrès et protection de l’environnement. Inversement, c’est au titre de cette crédibilité que nous devons exclure la folie des mines sous-marines, elles sont incompatibles avec ces normes d’exploitation responsable.

La France pourrait ainsi ouvrir rapidement une dizaine de petites mines, souvent avec des coproduits qui sont des « métaux stratégiques » et créer une multitude de nouveaux emplois qui serviraient la transition énergétique.

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(*) Didier Julienne anime un blog sur les problématiques industrielles et géopolitiques liées aux marchés des métaux. 

Finances-Hausse des taux: le retour aux fondamentaux économiques

Finances-Hausse des taux: le retour aux  fondamentaux économiques

 

Les turbulences boursières récentes reflètent un contexte économique fragile marqué par la forte inflation. Une situation qui tranche avec l’évolution des cours pendant la pandémie de Covid. Par Vincent Fromentin, Université de Lorraine

 

Tribune

 

La bourse danse tel un voilier sur la houle qui navigue à vue ! Les marchés financiers mondiaux sont en baisse depuis ces dernières semaines, malgré de légers soubresauts d’optimisme. Le CAC 40 a perdu environ 19 % depuis le début de l’année 2022. L’Euro Stoxx 50 (indice de référence des marchés de la zone euro) chute de 20 % en 6 mois. Aux États-Unis, l’indice S&P 500 plonge de 23 %.

Les investisseurs aiment anticiper mais ils n’aiment pas l’incertitude… Les variations de la bourse sont donc régies par les anticipations des agents économiques et des investisseurs. Autrement dit, la valeur d’une action reflète principalement les anticipations de résultats d’une entreprise, la vigueur de l’économie mondiale et le momentum de marché (le taux d’accélération du prix d’un titre).

Ces dernières semaines, la deuxième dimension a pris le dessus au regard du contexte politique, économique et financier : guerre en Ukraine, ralentissement économique en Chine, problèmes sur les chaînes d’approvisionnement, forte inflationremontées des taux d’intérêt, fragmentation des dettes souveraines, envolée du « spread » italien… La plupart des voyants « macro » sont dans le rouge ; la bourse aussi.

La macro-finance étudie la relation entre les prix des actifs et les fluctuations économiques ; entre « la bourse et la vie ». Les prix des actifs correspondent à une prime de risque (supplément de rendement par rapport à un actif sans risque) importante, variable dans le temps et corrélée au cycle économique. Les prix des actions et les rendements des actifs sont donc souvent corrélés aux cycles économiques et aux variations des fondamentaux macroéconomiques.

Les rendements boursiers aident également à prévoir les événements macroéconomiques tels que la croissance du PIB, le chômage et l’inflation. On comprend alors que la connexion ou la déconnexion et la causalité entre les variables macroéconomiques et le marché boursier reste une question centrale pour les universitaires, les décideurs politiques, les investisseurs ou les gestionnaires de fonds.

On cherche à solutionner le paradoxe de l’œuf et de la poule. En effet, on peut se demander si les marchés boursiers sont en avance ou en retard sur les fondamentaux macroéconomiques. D’un côté, les variables macroéconomiques influencent et aident à prédire les prix des actions. Les changements économiques affectent les taux d’actualisation et, parallèlement, les variables macroéconomiques font partie des facteurs de risque sur les marchés boursiers. D’un autre côté, les marchés boursiers peuvent également être des indicateurs retardés, réagissant aux données macroéconomiques. Par exemple, les prix des actions peuvent être liés à la production future attendue.

Toutefois, la littérature n’aboutit pas à un consensus sur l’existence, la force et la durée des causalités entre la bourse et les fondamentaux macroéconomiques, en raison du caractère non linéaire et variant des relations. Les cycles d’expansion et de récession semblent conditionner les transmissions et les retombées d’informations entre les fondamentaux macroéconomiques et le marché boursier.

Dans un article de recherche récemment publié, j’analyse l’existence et l’intensité d’une causalité bidirectionnelle variant dans le temps entre la bourse et cinq variables macroéconomiques aux États-Unis entre 1960 et 2021. En intégrant différents marchés (le marché monétaire avec un taux d’intérêt et une masse monétaire, le marché des biens avec l’inflation et la production industrielle et le marché du travail avec le chômage) dans un modèle économétrique, il est possible de déterminer les dates d’origine et de fin de tout épisode de causalité avec une méthodologie récente.

Les résultats empiriques ont révélé que ces relations varient dans le temps, en particulier lors de crises économiques ou financières. Pendant la crise sanitaire, ce constat était moins valable, ce qui pourrait témoigner d’une déconnexion entre les fondamentaux et l’activité boursière. La crise du Covid pourrait avoir modifié les relations économiques. On pourrait être en présence d’exubérances irrationnelles ou de bulles spéculatives. Durant la pandémie, les marchés vivaient leurs vies et se souciaient peu des fondamentaux macroéconomiques.

Dans une autre étude récente, qui se focalise sur les liens entre l’activité boursière et le chômage, les tests de causalité révèlent que les réalisations décalées du marché boursier ont un pouvoir prédictif sur le chômage, et vice versa. En effet, les cours des actions sont notamment impactés par les nouvelles sur les taux de chômage, qui peuvent contenir des informations sur la croissance et/ou la prime de risque des actions.

Toutefois, cette capacité prédictive, que l’on retrouve en particulier durant les périodes de crise, ne se produit que de manière sporadique dans le temps. Par exemple, pendant la bulle Internet, au début des années 2000, la capacité prédictive du chômage vers le marché boursier a semblé plus forte et plus persistante que pendant la grande récession qui a suivi la crise financière de 2008. Depuis, au fil du temps, l’intensité des causalités s’est diluée. On peut donc penser que la déconnexion s’est progressivement confirmée.

En revanche, l’activité boursière des dernières semaines semble étroitement corrélée avec certains fondamentaux macroéconomiques, tels que l’inflation ou les risques de ralentissement de l’activité.

En effet, récemment, la banque centrale américaine a largement augmenté ses taux à court terme de 0,75 point (ce qui est inédit depuis 1994) pour tenter de limiter les tensions inflationnistes, ce qui a provoqué des turbulences sur les marchés.

Toutefois, cette reconnexion récente risque de ne pas durer au regard des conclusions des études mentionnées précédemment. Elle semble principalement provenir d’une conjonction d’événements qui affole les investisseurs et les marchés boursiers, averses à la navigation à vue. La connexion est pourtant indispensable puisque la sphère financière devrait être étroitement reliée à l’économie réelle…

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Par Vincent Fromentin, Maître de conférences HDR, Université de Lorraine

Hausse des taux: le retour aux fondamentaux économiques

 Hausse des taux: le retour aux  fondamentaux économiques

 

Les turbulences boursières récentes reflètent un contexte économique fragile marqué par la forte inflation. Une situation qui tranche avec l’évolution des cours pendant la pandémie de Covid. Par Vincent Fromentin, Université de Lorraine

 

Tribune

 

La bourse danse tel un voilier sur la houle qui navigue à vue ! Les marchés financiers mondiaux sont en baisse depuis ces dernières semaines, malgré de légers soubresauts d’optimisme. Le CAC 40 a perdu environ 19 % depuis le début de l’année 2022. L’Euro Stoxx 50 (indice de référence des marchés de la zone euro) chute de 20 % en 6 mois. Aux États-Unis, l’indice S&P 500 plonge de 23 %.

Les investisseurs aiment anticiper mais ils n’aiment pas l’incertitude… Les variations de la bourse sont donc régies par les anticipations des agents économiques et des investisseurs. Autrement dit, la valeur d’une action reflète principalement les anticipations de résultats d’une entreprise, la vigueur de l’économie mondiale et le momentum de marché (le taux d’accélération du prix d’un titre).

Ces dernières semaines, la deuxième dimension a pris le dessus au regard du contexte politique, économique et financier : guerre en Ukraine, ralentissement économique en Chine, problèmes sur les chaînes d’approvisionnement, forte inflationremontées des taux d’intérêt, fragmentation des dettes souveraines, envolée du « spread » italien… La plupart des voyants « macro » sont dans le rouge ; la bourse aussi.

La macro-finance étudie la relation entre les prix des actifs et les fluctuations économiques ; entre « la bourse et la vie ». Les prix des actifs correspondent à une prime de risque (supplément de rendement par rapport à un actif sans risque) importante, variable dans le temps et corrélée au cycle économique. Les prix des actions et les rendements des actifs sont donc souvent corrélés aux cycles économiques et aux variations des fondamentaux macroéconomiques.

Les rendements boursiers aident également à prévoir les événements macroéconomiques tels que la croissance du PIB, le chômage et l’inflation. On comprend alors que la connexion ou la déconnexion et la causalité entre les variables macroéconomiques et le marché boursier reste une question centrale pour les universitaires, les décideurs politiques, les investisseurs ou les gestionnaires de fonds.

On cherche à solutionner le paradoxe de l’œuf et de la poule. En effet, on peut se demander si les marchés boursiers sont en avance ou en retard sur les fondamentaux macroéconomiques. D’un côté, les variables macroéconomiques influencent et aident à prédire les prix des actions. Les changements économiques affectent les taux d’actualisation et, parallèlement, les variables macroéconomiques font partie des facteurs de risque sur les marchés boursiers. D’un autre côté, les marchés boursiers peuvent également être des indicateurs retardés, réagissant aux données macroéconomiques. Par exemple, les prix des actions peuvent être liés à la production future attendue.

Toutefois, la littérature n’aboutit pas à un consensus sur l’existence, la force et la durée des causalités entre la bourse et les fondamentaux macroéconomiques, en raison du caractère non linéaire et variant des relations. Les cycles d’expansion et de récession semblent conditionner les transmissions et les retombées d’informations entre les fondamentaux macroéconomiques et le marché boursier.

Dans un article de recherche récemment publié, j’analyse l’existence et l’intensité d’une causalité bidirectionnelle variant dans le temps entre la bourse et cinq variables macroéconomiques aux États-Unis entre 1960 et 2021. En intégrant différents marchés (le marché monétaire avec un taux d’intérêt et une masse monétaire, le marché des biens avec l’inflation et la production industrielle et le marché du travail avec le chômage) dans un modèle économétrique, il est possible de déterminer les dates d’origine et de fin de tout épisode de causalité avec une méthodologie récente.

Les résultats empiriques ont révélé que ces relations varient dans le temps, en particulier lors de crises économiques ou financières. Pendant la crise sanitaire, ce constat était moins valable, ce qui pourrait témoigner d’une déconnexion entre les fondamentaux et l’activité boursière. La crise du Covid pourrait avoir modifié les relations économiques. On pourrait être en présence d’exubérances irrationnelles ou de bulles spéculatives. Durant la pandémie, les marchés vivaient leurs vies et se souciaient peu des fondamentaux macroéconomiques.

Dans une autre étude récente, qui se focalise sur les liens entre l’activité boursière et le chômage, les tests de causalité révèlent que les réalisations décalées du marché boursier ont un pouvoir prédictif sur le chômage, et vice versa. En effet, les cours des actions sont notamment impactés par les nouvelles sur les taux de chômage, qui peuvent contenir des informations sur la croissance et/ou la prime de risque des actions.

Toutefois, cette capacité prédictive, que l’on retrouve en particulier durant les périodes de crise, ne se produit que de manière sporadique dans le temps. Par exemple, pendant la bulle Internet, au début des années 2000, la capacité prédictive du chômage vers le marché boursier a semblé plus forte et plus persistante que pendant la grande récession qui a suivi la crise financière de 2008. Depuis, au fil du temps, l’intensité des causalités s’est diluée. On peut donc penser que la déconnexion s’est progressivement confirmée.

En revanche, l’activité boursière des dernières semaines semble étroitement corrélée avec certains fondamentaux macroéconomiques, tels que l’inflation ou les risques de ralentissement de l’activité.

En effet, récemment, la banque centrale américaine a largement augmenté ses taux à court terme de 0,75 point (ce qui est inédit depuis 1994) pour tenter de limiter les tensions inflationnistes, ce qui a provoqué des turbulences sur les marchés.

Toutefois, cette reconnexion récente risque de ne pas durer au regard des conclusions des études mentionnées précédemment. Elle semble principalement provenir d’une conjonction d’événements qui affole les investisseurs et les marchés boursiers, averses à la navigation à vue. La connexion est pourtant indispensable puisque la sphère financière devrait être étroitement reliée à l’économie réelle…

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Par Vincent Fromentin, Maître de conférences HDR, Université de Lorraine

Covid: Le retour de la pandémie

Covid: Le retour de la pandémie

 

La question sanitaire a été complètement ignorée au cours de la récente campagne électorale. Pourtant la pandémie a toujours été présente. Aujourd’hui elle atteint même des chiffes  particulièrement inquiétants;  par exemple hier 30 juin 2022,  on a enregistré 134 000 contaminations nouvelles en 24 heures. La progression des hospitalisations est également significative.

On compte en effet plus de 80.000 cas par jour, alors que nous étions descendus à moins de 20.000 à la fin du mois de mai. Pour le moment, les autorités sanitaires semblent un peu sidérées par la rapidité de cette vague et semblent compter sur le seul «bon sens» individuel pour l’endiguer. La ministre de la Santé, Brigitte Bourguignon, s’est ainsi contentée de recommander le port du masque dans les transports, sans prendre la moindre mesure supplémentaire.

Jusqu’au début de l’année 2022, le sous-variant BA.2 d’Omicron comptait pour la majorité des cas détectés à travers le monde (et 99% des cas enregistrés en France fin avril). Mais les dernières mutations-Notamment BA 5- ont progressivement pris le pas, et sont par exemple responsables, selon l’OMS, de la cinquième vague épidémique que l’Afrique du Sud a connue à partir de la fin du mois d’avril.

Si BA.5 inquiète autant la communauté internationale, c’est qu’il affiche des taux de contagiosité plus élevés que ses prédecesseurs. La faute à deux mutations qui affectent sa protéine Spike, celle qui permet au virus d’entrer dans nos cellules. La mutation L452R augmente sa transmissibilité, l’amenant à être environ 20% plus contagieux que le sous-variant BA.2. Ce qui expliquerait la nette expansion de BA.5, relevée par Santé publique France dans sa dernière note. L’autre mutation, appelée F486, « est associée à une réduction de la neutralisation des anticorps », expliquait mi-mai l’épidémiologiste Antoine Flahault auprès de La Dépêche.

« Il semble que ces variants se diffusent plus rapidement (…) car ils échappent davantage à l’immunité acquise par la vaccination comme par l’infectiona confirmé à franceinfo Samuel Alizon, épidémiologiste et directeur de recherche au CNRS. Un phénomène qui se conjugue avec une autre variable, déjà bien connue : l’immunité offerte par les vaccins diminue naturellement avec le temps, ce qui nous rend plus vulnérable face au virus, ainsi qu’aux formes graves de la maladie.

A en juger par le cas sud-africain, la dangerosité de BA.5 serait comparable aux autres sous-variants d’Omicron. Une faible augmentation des hospitalisations a été remarquée, avec un taux de létalité légèrement inférieur, comme l’a noté l’équipe du docteur Wasiila Jassat, dans une étude citée par la revue scientifique Nature (en anglais). Il faut toutefois rappeler que le taux de létalité dépend d’autres facteurs extérieurs, indépendants de la forme du virus, comme la couverture vaccinale d’une population et l’état du système hospitalier d’un pays.

La grande différence de ce sous-variant tient dans la durée des symptômes, qui peuvent mettre jusqu’à dix jours pour disparaître, contre quatre jours pour le sous-variant BA.1 d’Omicron, comme l’a fait remarquer le médecin et journaliste de France Télévisions Damien Mascret. En plus des symptômes désormais bien connus du Covid-19, comme la fièvre, la toux, les maux de gorge et une fatigue inhabituelle, les malades infectés par le sous-variant BA.5 peuvent avoir le nez qui coule, mais aussi souffrir de nausées et de vomissements.

 

 

Covid: Retour du masque

Covid: Retour du masque

 

Alors que la France est actuellement touchée par un rebond de l’épidémie de Covid-19, la ministre de la Santé Brigitte Bourguignon «demande aux Français de remettre le masque dans les transports», a-t-elle indiqué sur RTL ce lundi soir 27 juin.

 

«Je n’irais pas jusqu’à l’obligation mais je (le) demande. Il suffit de regarder un hall de gare ou un train bondé pour savoir qu’il faut se protéger soi-même et les autres. C’est quasiment un devoir citoyen», a-t-elle ajouté, évoquant le port du masque dans tous «les lieux clos». «Il faut qu’on fasse très attention à cette reprise». Environ 60.000 nouveaux cas de Covid sont actuellement détectés chaque jour en France. Vendredi dernier, 79.262 cas ont été signalés par Santé publique France

Elle a aussi réitéré son appel à un nouveau rappel de vaccination avec la quatrième dose pour certaines catégories de la population. «Je fais un appel pour que les personnes qui n’y ont pas eu recours le fassent très vite», a-t-elle dit en citant les plus de 60 ans et les personnes immunodéprimées. Le Pr. Alain Fischer, président du conseil d’orientation de la stratégie vaccinale, a appelé dimanche ces personnes à se faire administrer leur deuxième rappel de vaccination

Face au rebond de l’épidémie, la première ministre Élisabeth Borne présidera d’ailleurs mardi une réunion sur le sujet du Covid avec les agences régionales de santé et les préfets. La réunion, qui débutera à 15H00, permettra d’émettre une série de recommandations pour les prochaines semaines, précise l’entourage de la première ministre. Ce lundi, 15.099 malades du Covid sont hospitalisés, dont 880 en soins critiques.

Retour à la IVe République

 

Retour à la IVe République

 

 

Les résultats des législatives confirment l’éclatement des forces politiques en trois groupes particulièrement inconciliables. Du coup, Macron pourrait être réduit à passer son temps à trouver d’impossibles majorités sur chaque texte à l’Assemblée nationale.Avec à la clé des marchandages du type de ceux de la IVe République avec des majorités fragiles, fluctuantes et même ambiguës.

 

 

Inévitablement tout cela finira par une motion de censure et par une dissolution. La France installe donc dans une situation politique très instable au moment de grands enjeux sont à prendre en compte en particulier l’explosion de l’inflation, la crise sanitaire qui est loin d’être terminée, et les questions récurrentes concernant la santé, l’école, le climat  ou encore la sécurité. Sans parler évidemment de la situation financière très précaire.

Finalement une sorte de retour à la IVe République qui consistera régulièrement à débaucher certains leaders  (une pratique constante chez Macron) et à trouver des alliances de circonstance après marchandage. Le second septennat de Macron pourrait dégager un certain parfum de IVe République avec à la fois son inefficacité et ses compromissions fragiles et temporaires. 

Bourse : Le retour aux fondamentaux

Bourse : Le retour aux fondamentaux

Retour à une forme classique d’évaluation des actifs financiers» par  Benjamin Blondeau, directeur de la stratégie de Skaleet ( dans la Tribune)

 

Lors de l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes, les marchés financiers ont un peu vacillé puis se sont repris. Dès mars 2022, certains commentateurs ont appelé à la rescousse une citation apocryphe de Nathan Mayer Rothschild: « Achetez au son des canons, vendez au son des trompettes ». Il l’aurait prononcée pendant les guerres napoléoniennes.  On ne l’a jamais prouvé, mais la légende veut que le fondateur de la branche londonienne de la famille Rothschild ait fait fortune en achetant à bon prix des actifs que d’autres vendaient en mode panique. Son secret ? Disposer avant tout le monde d’informations fiables fournies par un correspondant et transmises, après la bataille de Waterloo, par un pigeon voyageur…

Aujourd’hui, si les réseaux sociaux, Internet et les chaînes de télévision ont remplacé les pigeons du 19e siècle, la volatilité des bourses de valeurs est une constante familière. Cependant, depuis 40 ans, plusieurs investisseurs ont forgé la certitude qu’acheter dans les creux du marché est une bonne stratégie puisque le prix des actifs financiers semble rebondir à coup sûr. Qu’on s’en souvienne, l’année 1982 marque le début d’une formidable tendance de baisse des taux orchestrée par les banques centrales des pays industrialisés. Or, quand les taux à long terme baissent, le prix des actions a tendance à augmenter. Une étude de la Réserve Fédérale américaine de juillet 1997 avait démontré le lien semblant exister entre le taux des emprunts d’État américain à 10 ans et la valeur des actions, basée sur les profits estimés pour les douze prochains mois. Au vrai, cette méthode est la copie quasi conforme d’une méthode d’évaluation des actions utilisée en France dans les années 1980. Le multiple de capitalisation, c’est-à-dire le ratio entre le cours de bourse et le bénéfice par action estimé l’année suivante, était calculé en prenant l’inverse du taux moyen du marché obligataire. Un taux de 12% donnait un multiple de 8,3, un taux de 10% donnait un multiple de 10, un taux de 7% donnait un multiple de 14,3 et ainsi de suite. En poussant cette logique aujourd’hui, avec des taux à zéro, le prix des actions tend vers l’infini.

À partir de l’année 1999, les choses se sont emballées. La crainte d’un bug informatique massif a fait peur aux banquiers centraux qui ont « distribué » de la liquidité par des prises en pension massives d’emprunts d’État auprès des banques commerciales. Cette abondance de liquidité et quelques innovations financières mal maîtrisées, dont la titrisation et la structuration de créances hypothécaires de qualité médiocre (subprime) ont conduit à la crise financière de 2008-2009. La solution de cette catastrophe potentielle ? La recette de l’abondance de liquidité pardi, et en oubliant les pratiques orthodoxes. La crise du Covid-&ç onze ans plus tard ? Aux mêmes maux, les mêmes remèdes : la liquidité et les taux bas, toujours et encore.

En conséquence, le prix des actifs financiers s’est envolé, de même que le prix des actifs physiques facilement titrisables comme l’immobilier. Les gérants de fonds, un peu affolés par cette tendance, ont essayé de trouver les actions les plus à même à fournir une perspective de plus-values sur le long terme. Les valeurs technologiques, dont les spécialistes du Software as a Service (SaaS), c’est-à-dire de la vente d’abonnement, et du cloud, ont tiré leur épingle du jeu, surtout pendant la pandémie. Avec des taux quasi-nul à long terme, il était normal de parler de multiple de chiffre d’affaires à deux chiffres pour des sociétés dont la rentabilité était… différée. L’année boursière 2022 a démarré sur les chapeaux de roue.  Et puis, le mouvement s’est grippé.

Une première alerte a eu lieu début 2021, avec les problèmes d’approvisionnement en puces électroniques des industries automobiles. On a alors découvert que la supply chain était un élément critique de nos économies mondialisées. Puis l’inflation, oubliée pendant trois décennies, s’est réveillée.  Les taux d’intérêt sont remontés, provoquant une baisse de valeur des portefeuilles obligataires.

Les banques centrales veulent juguler l’inflation (hausse des taux courts) mais, en même temps, ne souhaitent pas mettre à mal leurs économies et leurs entreprises souvent très endettées. En Europe, la BCE cherche à préserver l’Italie. Tout cela est une recette efficace pour une poursuite de la volatilité, un ajustement à la baisse des valorisations et, sans doute, quelques mouvements de vente panique. Dans une telle situation, les meilleures actions, qui ont conservé une certaine altitude, serve de « banque » aux investisseurs, particuliers ou institutionnels : ils sont forcés de les vendre pour compenser les autres pertes du portefeuille. Imaginons une personne ayant perdu 80% de son patrimoine avec les cryptomonnaies. Elle sera peut-être ravie de pouvoir vendre les 20% restant de son patrimoine s’ils sont composés d’actions dites de « bon père de famille » (sans trop de volatilité, versant un dividende régulier, du type Air Liquide). Est-ce que cela peut durer ?

L’habitude des rebonds boursiers des années précédentes laisse envisager des jours meilleurs… à condition que la paix en Ukraine revienne, que les prix de l’énergie baissent et que la Chine et l’Asie du Sud Est puissent maintenir une bonne croissance avec un risque de crédit maitrisé.

Pour les actions, les stratèges des grandes banques d’affaires reconnaissent que le discernement actif, le « stock picking », est à privilégier. Cela suppose de pouvoir répondre à plusieurs questions : l’entreprise considérée est-elle affectée durablement par les évènements ? Peut-elle y répondre en ajustant son modèle économique ? Peut-elle protéger ses marges ? Peut-elle répondre efficacement à ses concurrents ?

Au vrai, il n’y a là rien de nouveau sous le soleil, mais, en période d’euphorie boursière, on a tendance à oublier les fondamentaux. Il est temps de se les rappeler et de les appliquer. C’est un peu le grand retour du multiple de capitalisation des profits.

Après les législatives, le retour à la IVe République

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Les résultats des législatives confirment l’éclatement des forces politiques en trois groupes particulièrement inconciliables. Du coup Macron pourrait être réduit à passer son temps à trouver d’impossibles majorités sur chaque texte à l’Assemblée nationale.

 

 

Inévitablement tout cela finira par une motion de censure et par une dissolution. La France installe donc dans une situation politique très instable au moment de grands enjeux sont à prendre en compte en particulier l’explosion de l’inflation, la crise sanitaire qui est loin d’être terminée, et les questions récurrentes concernant la santé, l’école, le climat  ou encore la sécurité. Sans parler évidemment de la situation financière très précaire.

Finalement une sorte de retour à la IVe République qui consistera régulièrement à débaucher certains leaders  (une pratique constante chez Macron) et à trouver des alliances de circonstance après marchandage. Le second septennat de Macron pourrait dégager un certain parfum de IVe République avec à la fois son inefficacité et ses compromissions fragiles et temporaires. 

Le retour de l’affaire sulfureuse Alstom-GE-EDF

Le retour   de l’affaire sulfureuse Alstom-GE-EDF

 

 

Compte tenu des risques qui pèsent sur le carnet de commandes de turbines Arabelle, constitué aux deux tiers de commandes du géant russe Rosatom, EDF veut réviser la valorisation de cette acquisition. À la suite de l’invasion russe en Ukraine, la Finlande a rompu son contrat avec Rosatom pour la livraison d’une nouvelle centrale nucléaire.

L’ affaire des achats ventes et revente des ex turbine Alstom risque donc de revenir à la surface de l’actualité. On se souvient que Macron avait en quelque sorte imposé avec les Américains la vente des turbines d’Alstom à general electric  dans des conditions plus que troubles. Conditions sans doute également liées au financement de la campagne de Macron ( affaire enterrée par la justice et qui n’est pas sans ressemblance avec l’actuelle affaire MC Kinsey)).

Aujourd’hui c’est EDF qui s’interroge. EDF qui déjà est dans une situation financière particulièrement délicate et qui a du obéir à la demande de Macrno de racheter les fameuses turbines vendues précédemment par Alstom à GE.

Et l ‘offensive russe en Ukraine relance l’affaire des ex-turbines Alstom. Près de quatre mois après s’être félicité à Belfort du retour sous le pavillon français des célèbres turbines Arabelle, cédées il y a sept ans de façon très controversée à General Electric, EDF est sur le point  de rouvrir la boîte de Pandore. En cause : le prix jugé aujourd’hui surévalué face aux risques de désistement de grands clients qui ont signé la construction de centrales avec le principal client de ces turbines, le géant du nucléaire russe Rosatom.

La Finlande a donné le signal. Le 2 mai, le consortium à majorité finlandaise, Fennovoima, a annoncé annuler son contrat avec le russe Rosatom pour construire le réacteur Hanhikivi-1, dans le nord du pays. Il invoque des risques « aggravants provoqués par la guerre en Ukraine », en plus des retards significatifs et de l’incapacité de Rosatom à délivrer la centrale.

 

Vente de la branche énergie à General Electric (Wikipedia )

Le 23 avril 2014, alors que Patrick Kron et Jeffrey Immelt, PDG de General Electric, discutent confidentiellement aux États-Unis les derniers détails de la vente de la branche énergie du groupe, l’agence Bloomberg publie une dépêche révélant les négociations entre les deux PDG.

Le rachat partiel d’Alstom par General Electric, est proposé pour un montant de 13 milliards de dollars.

Le 27 avril, une offre alternative est faite par Siemens, par laquelle ce dernier exprime son souhait d’acquérir les activités énergétiques d’Alstom, contre une partie des activités ferroviaires de Siemens.

Patrick Kron doit accepter l’offre de rachat de la branche énergie d’Alstom par le groupe américain General Electric (GE) face aux pressions du gouvernement américain (cf. infra) et à l’emprisonnement abusif d’employés stratégiques d’Alstom comme Frédéric Pierucci . La branche restante d’Alstom, c’est-à-dire les activités de transport qui ne représentent alors qu’un tiers du chiffre d’affaires du groupe, serait chargée du paiement de l’amende liée à un procès de corruption intenté aux États-Unis sur une base d’extraterritorialité des lois anticorruption .

Le 30 avril, le conseil d’administration d’Alstom accepte l’offre de 12,35 milliards d’euros de General Electric, pour ses activités énergétiques. Les actionnaires approuvent cette offre à 99,2 %. General Electric confirme son offre de 16,9 milliards de dollars.

Le 5 mai 2014, General Electric annonce son souhait d’acquérir 25 % de la filiale énergétique indienne d’Alstom pour environ 389 millions de dollars, si son offre globale réussit.

Le même jour, le gouvernement français s’oppose à l’offre de General Electric, s’inquiétant des activités turbine de la filière nucléaire française civile et militaire, des emplois et du futur de ses activités ferroviaires, invitant General Electric à regrouper ses activités ferroviaires avec celles d’Alstom.

L’état tente de renforcer son poids dans la négociation. Le 16 mai, Il promulgue le décret no 2014-479 qui étend à de nouveaux secteurs de l’énergie, de l’eau, des transports, des télécommunications et de la santé publique les pouvoirs du décret no 2005-1739, qui portent sur la possibilité donnée au gouvernement de mettre un veto sur des investissements étrangers qui portent atteintes aux intérêts stratégiques.

Le 16 juin, Siemens et Mitsubishi Heavy Industries émettent une nouvelle offre commune alternative à celle de General Electric. Siemens souhaite acquérir les activités d’Alstom dans les turbines à gaz pour 3,9 milliards de dollars et Mitsubishi Heavy Industries formerait des co-entreprises avec Alstom sur ses activités du nucléaire, de la distribution électrique et de l’hydroélectricité, pour 3,1 milliards de dollars5.

Le 19 juin 2014, General Electric annonce une variation de son offre initiale, sur la même valeur, mais avec davantage d’échanges d’actifs par la création d’une co-entreprise sur les activités électriques renouvelables, sur les réseaux de distributions d’énergies, sur les activités de turbines à vapeur et sur les activités nucléaires. General Electric s’engage également à vendre son activité dans la signalisation ferroviaire à Alstom5

Le 20 juin 2014, Siemens et Mitsubishi Heavy Industries modifient leur offre regroupant les co-entreprises proposées en une seule entre Alstom et Mitsubishi et augmentent la partie de l’offre en liquide de Siemens de 400 millions d’euros à 4,3 milliards d’euros.

Le même jour, le gouvernement français annonce soutenir dorénavant l’alliance entre Alstom et General Electricet vouloir prendre 20 % des actions d’Alstom (rachetés à Bouygues). Mais les tractations entre Bouygues et l’État semblent difficiles, les parties prenantes du dossier ne s’entendant pas sur le prix.

Le 4 novembre 2014, le ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique, Emmanuel Macron (successeur d’Arnaud Montebourg), autorise l’investissement de General Electric dans Alstom.

Inflation: Retour de taux punitifs ?

Inflation: Retour de taux punitifs ? 

 

 

Il y a deux types de politiques monétaires. La préventive et la punitive. Aujourd’hui, l’inflation galopante ne laisse plus d’autres choix qu’une politique punitive. Par Karl Eychenne, stratégiste et économiste.(la Tribune)

 

 

Jadis, la politique monétaire n’hésitait pas à agir de manière préventive. Pour lutter contre l’inflation menaçante par exemple, la Banque centrale remontait les taux d’intérêt afin de tuer dans l’œuf tout risque inflationniste. La gorgone monétaire était capable d’effrayer l’inflation juste en fronçant les sourcils.

Mais aujourd’hui, la politique monétaire contemporaine est contemplative. Elle préfère voir plutôt que prévoir. Certains prétendent même que la Banque centrale 2.0 n’agit jamais contre l’intérêt de son client. et son client c’est nous. Sauf si la Banque centrale estime que son client est menacé. Elle peut alors être amenée à prendre des décisions qui fâchent. Nous y voilà.

La Banque centrale, européenne ou américaine, ne peut plus détourner le regard. L’inflation est trop forte, depuis trop longtemps. Et les événements géopolitiques en cours ne sont pas de nature à calmer les prix. La Banque centrale doit donc se retrousser les manches, et mettre les mains dans le cambouis. C’est là qu’elle grimace, comme si elle mettait le doigt sur 3 problèmes majeurs :

Problème 1 : il est interdit d’interdire aux prix de monter

On ne peut pas freiner l’inflation juste en appuyant sur les prix pour les empêcher de monter. En tout cas, la Banque centrale ne sait pas faire. Elle ne peut pas interdire aux prix de monter, juste parce qu’elle a envie qu’ils ne montent pas. Par contre, elle peut inciter les prix à ne pas monter…

Par exemple : elle ne dit pas « les prix arrêtez de monter ! ». Elle dit « j’ai mis des taux directeurs très hauts ». Si vous pratiquez un peu, vous comprenez alors l’allusion. Des taux élevés ne donnent pas envie d’utiliser son argent pour consommer, mais pour épargner. Des taux élevés ne donnent pas non plus envie d’emprunter, car il faudra rembourser davantage d’intérêts. Et donc tout cela crée des conditions favorables à une inflation plus sage. Voilà pour la théorie.

La Banque centrale n’interdit donc pas formellement aux prix de monter, mais lorsqu’elle remonte les taux d’intérêt, tout le monde comprend le message. De la même manière, lorsque Paul demande « Pierre est-il toujours célibataire ? », Jacques lui répond « je sais seulement qu’il a réservé un voyage pour deux aux Maldives… ». L’art de dire les choses sans les dire. Ça peut marcher, ou pas.

La Banque centrale aimerait bien freiner l’inflation sans freiner le reste. Mais c’est impossible, elle sait bien que pour calmer l’inflation, elle devra étourdir l’Homo économicus à coup de hausses des taux d’intérêt, de réduction de la taille de son bilan, et globalement de politique monétaire moins accommodante.

La Banque centrale aimerait bien secouer l’inflation sans que cela empêche la planète économique de tourner. Mais rien à faire, la Banque centrale ne sait pas faire fouetter la toupie, cet art de donner de grands coups de fouets sur la toupie afin de la garder en mouvement.

La Banque centrale ne peut pas punir simplement l’inflation. Elle doit punir tout le monde. Il n’y a pas de justice rétributive possible. Tout le monde doit être sanctionné pour la faute d’un seul : l’inflation.  Consommateurs, entreprises, marchés financiers, et même les gouvernements, vont devoir participer à la peine.

Contre les prix qui montent trop, il y a une solution qui fonctionne à tous les coups. Vous privez le consommateur de pouvoir d’achat. Vous êtes certain qu’en cessant d’aller consommer, il ne fera plus monter les prix. Par contre, ce n’est pas parce qu’il n’ira plus consommer qu’il n’aura plus faim. Une politique monétaire de lutte contre un choc inflationniste est donc un peu perverse.

Cette politique devient même sadique si l’on adhère à la thèse du choc d’offre inflationniste plutôt qu’au choc de demande.

Le choc d’offre c’est lorsqu’il y a pénurie parce qu’il y a moins de biens dans les magasins, mais qu’il y a toujours autant de gens pour les consommer : les prix montent alors que les gens ne sont pas plus riches. Si vous montez alors les taux, c’est la double peine pour le consommateur. Il y a alors un risque majeur de pratiquer une politique monétaire restrictive. Le Banquier central guérisseur peut alors muer en morticole, puis s’entêter : cacothanasie.

Un choc de demande c’est différent, car alors le consommateur consomme trop. C’est sa faute si les prix sont trop élevés. Dans ce cas, si la Banque centrale monte ses taux on dira qu’elle pratique une politique de santé publique en raisonnant le consommateur exubérant. Certains grands penseurs ont beaucoup pensé, et pensent que l’inflation américaine est surtout une histoire de choc de demande (les chèques Biden). Pourtant, j’ai beau me frotter les yeux, je ne vois toujours pas de PIB exubérant, ni d’économie en surchauffe. Je vais frotter encore.

Retour de la planification : pourquoi ?

Retour de la planification : pourquoi ?

 

 

 

 

Pour atteindre la neutralité carbone en 2050, la France renoue avec la planification, mais se heurte à trois types de contraintes : les exigences de Bruxelles, la mise en place d’un processus d’élaboration démocratique, et les maigres ressources de l’Etat, détaille un papier  Jean-Michel Bezat, journaliste au « Monde », dans sa chronique.

 

Un article intéressant sur ce qui justifie le retour de la planification, ce concept tabou et même condamné il y a encore quelques semaines ou quelques mois. En plus des facteurs explicatifs évoqués, il aurait sans doute été intéressant d’approfondir bien davantage la complexification des processus de production , distribution et même de consommation qui ne peuvent évoluer de façon favorable que dans le temps que compte tenu d’une part de l’ampleur des investissements mais aussi des comportements. Bref des organisations systémiques modernes ne se changent pas  pas brutalement le temps d’un mandat électoral d’où la nécessité de se fixer des objectifs à moyen long terme.

 

tribune

 

Mais où donc est passé François Bayrou ? Que fait le haut-commissaire au plan depuis sa nomination, en septembre 2020, à un poste taillé sur mesure par le président de la République ? De droite à gauche, d’Emmanuel Macron à Jean-Luc Mélenchon, la planification (pourvu qu’elle soit « écologique ») est redevenue l’« ardente obligation » gaullienne de jadis. Mais de plan, on ne voit pas grand-chose. Au fond, que signifie ce mot, trois quarts de siècle après le rêve planificateur du Conseil national de la Résistance et après quatre décennies de dérégulation économique où l’Etat a abdiqué face à la toute-puissance du marché ?

 

Il a existé une « planification à la française », loin du Gosplan soviétique, associant dirigisme et pragmatisme, Etat et marché. Incarné par le Commissariat général du plan, créé en janvier 1946 et confié à Jean Monnet, il fut rattaché au président du gouvernement provisoire, le général de Gaulle, autant pour en souligner le rôle stratégique que pour contrebalancer l’influence grandissante d’un Parti communiste qui occupait trois des six ministères économiques et sociaux.

 

L’Etat y pèse alors de tout son poids, même si les hauts fonctionnaires échangent avec des patrons et des syndicalistes dans les « commissions de modernisation » (charbon, électricité, sidérurgie, transports, BTP, main-d’œuvre…), instances consultatives chargées de faire des propositions au commissaire et au gouvernement. Il fixe un agenda et une trajectoire dès le premier plan (1947-1953), mettant l’accent sur l’énergie et la sidérurgie, bases indispensables au développement de l’industrie manufacturière et des transports.

M. Mélenchon a réveillé l’idée pour en faire le cœur de son projet présidentiel, puis législatif. Il est peu probable qu’il mette jamais à exécution un projet de « rupture avec le productivisme » quand M. Macron veut au contraire une France « plus productive ». Mais l’« insoumis » a poussé le président à en reprendre le principe. Au début de la crise sanitaire, le chef de l’Etat avait timidement évoqué « une stratégie où nous retrouverons le temps long et la possibilité de planifier » ; il l’a fortement réaffirmée à Marseille, entre les deux tours de la présidentielle.

En 1945, la France devait être « modernisée », grande injonction politique de l’époque et mission essentielle du plan. En 2022, il lui faut changer de modèle économique en une génération. L’ambition, tout aussi titanesque et plus difficile, est d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Il ne s’agit plus de reconstruire, mais de déconstruire des activités pour les remplacer par d’autres dans un processus qui entraînera une importante destruction de valeur – inédite à une telle échelle en temps de paix. Le gouvernement ayant dû renoncer à une transition écologique par le marché à travers une taxe carbone incitant particuliers et entreprises à modifier activités et comportements, elle se fera surtout par l’Etat, régulateur et investisseur. Les voies et moyens d’une telle planification sont plus complexes qu’en 1945.

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