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Rétablir enfin l’autorité de l’enseignant

Rétablir enfin l’autorité de l’enseignant


Le ministre de l’Éducation nationale fait preuve de courage et de volonté politique, que ce soit pour répondre aux différentes formes d’emprise idéologique qui menacent l’école ou pour tenter de redresser le niveau catastrophique des élèves. Cela fait naître de grands espoirs chez tous ceux qui sont inquiets de la situation de l’enseignement en France, et qui connaissent le rôle déterminant de l’école pour l’avenir de notre pays. Je souhaiterais pourtant formuler quelques critiques au sujet des mots que Gabriel Attal a employés à l’Assemblée nationale ce mardi 12 décembre, quand il a défini ce qu’il a considéré comme «l’essentiel», à savoir «le rôle de l’école» et ses «racines».

par Hubert Heckmann, maître de conférences en littérature médiévale à l’Université de Rouen, critique l’usage incantatoire des «valeurs républicaines» par le ministre de l’Éducation. Face à la profonde crise que traverse l’école, nous devons aller plus loin, ajoute-t-il.

par Hubert Heckmann maître de conférences en littérature médiévale à l’Université de Rouen. Il est l’auteur de Cancel! De la culture de la censure à l’effacement de la culture (éditions Intervalles, 2022) dans le Figaro.

Il ne s’agit pas de reprocher au ministre son cap ni son action, mais plutôt de l’encourager à aller jusqu’au bout en s’affranchissant d’un discours incantatoire sur les valeurs de la République qui n’est pas à la hauteur de ses ambitions : il s’agit en effet d’éléments de langage qui n’ont servi jusqu’à présent qu’à faire illusion en camouflant l’impuissance volontaire des responsables de l’Éducation nationale.

«Le rôle de l’école française est de former des républicains», a proclamé le ministre. Si l’on essayait un instant de prendre un peu de recul, en adoptant par exemple le regard du Persan de Montesquieu, que penserait-on d’une institution d’éducation dont la mission première serait d’obtenir la conformité à un régime politique? J’ai inscrit mes enfants à l’école publique pour qu’ils soient instruits. Je me suis engagé dans la carrière d’enseignant à l’université pour aider mes étudiants à construire leur savoir. Ai-je tort de penser que le rôle de l’école est d’instruire ? «Républicain» est-il à entendre comme synonyme d’«instruit» ? On rencontre pourtant des Espagnols, des Anglais ou des Japonais qui peuvent être très instruits sans être particulièrement républicains…

Comment relever le niveau catastrophique des élèves dans toutes les matières fondamentales si l’on réduit l’instruction à l’instruction civique, au risque de politiser entièrement la transmission du savoir ?

Le ministre poursuit : «L’école française a des racines : la laïcité, l’égalité entre les femmes et les hommes, l’autorité de l’enseignant.» L’image des racines est malheureuse, car il s’agit moins de désigner une origine qu’un principe dans le premier cas, un objectif dans le deuxième, et un moyen dans le dernier. Faire de la laïcité la «racine» de l’école, c’est oublier que l’école de la République n’est pas née laïque, mais qu’elle est le produit d’un long combat pour la laïcisation de l’enseignement. L’école française a attendu plusieurs siècles pour être laïque (et les écoles confessionnelles d’aujourd’hui ne seraient-elles pas françaises?) ; l’école laïque a elle-même mis un temps certain avant de se donner pour objectif l’égalité entre les femmes et les hommes. La métaphore des racines traduit une conception erronée du principe de laïcité et de l’objectif d’égalité des sexes, qui ne peut d’ailleurs que les affaiblir en les naturalisant. Quant à l’autorité, qui est un moyen, c’est encore une autre affaire. L’école sans laïcité ni égalité des sexes a existé à beaucoup d’époques et se maintient en beaucoup d’endroits. Mais l’école sans l’autorité de l’enseignant est une contradiction : c’est l’autodestruction de l’école.

Le ministre confirme sa vision de l’école : «Même si certains cherchent à arracher ces racines – à déraciner notre école –, elles sont solides. Chaque jour, des milliers d’enseignants, qui forment des républicains et qui démocratisent le savoir au service de la République et de la France, les défendent.» Drôle d’école où il n’y a même plus d’élèves mais seulement des «républicains», et où les professeurs «démocratisent» ! Cette mobilisation générale de l’école «au service de la République» est le produit d’une rhétorique dont on comprend les intentions, mais qui a pour effet une idéologisation des missions de l’enseignement. «Démocratiser le savoir» et «former des républicains» n’est pas instruire. Comment relever le niveau catastrophique des élèves dans toutes les matières fondamentales si l’on réduit l’instruction à l’instruction civique, au risque de politiser entièrement la transmission du savoir ?

Le ministre a donc pleinement raison de soutenir les enseignants d’Issou et de vouloir restaurer l’autorité des professeurs, mais il ne devrait pas réduire leur rôle à « la formation de républicains ». L’autorité de l’enseignant repose en premier lieu sur le savoir.

Le vrai but de l’instruction n’est absolument pas de conformer les jeunes esprits à un ordre social, mais de former des esprits libres : libérés des préjugés et des fausses évidences, y compris des idées reçues que le pouvoir politique juge utiles à la cohésion sociale. Il s’agit de former des esprits qui ne dépendent pas aveuglément de la parole d’autrui, y compris de celle du gouvernement ou des institutions de «la République», pour construire leur propre jugement. Et cette liberté ne repose que sur l’acquisition du savoir, que vient entraver toute tentative de moralisation, de politisation ou d’idéologisation de l’enseignement – fût-elle parée des meilleures intentions.

Face à la gravité de la situation, ces reproches ne sont-ils pas hors de saison ? Il me semble pourtant, si l’on revient à l’affaire du tableau du Cavalier d’Arpin montré au collège d’Issou, que les «racines» de l’école invoquées par le ministre ne permettent pas de comprendre ce qui est en jeu. Faire étudier un tableau du peintre maniériste italien préféré du pape Clément VIII ne rendra pas les élèves plus «laïcs». Leur montrer Diane et Actéon, une scène où un homme habillé regarde cinq femmes nues, ne les sensibilisera pas non plus à l’égalité des sexes, à moins de transformer le cours d’histoire de l’art en leçon de morale, ce qui réduirait l’œuvre au statut inintéressant de témoin dépassé d’une évolution des mœurs. Et pourtant, les Métamorphoses d’Ovide qui racontent cette scène, comme le tableau du Cavalier d’Arpin qui la représente, méritent d’être étudiés et connus pour eux-mêmes, indépendamment de toute considération de morale républicaine.

La découverte gratuite de telles œuvres est certainement plus importante encore pour l’éveil d’une conscience que le cours d’éducation civique, et c’est la raison pour laquelle il est si important de continuer à pouvoir faire lire un tel texte ou montrer un tel tableau. Le ministre a donc pleinement raison de soutenir les enseignants d’Issou et de vouloir restaurer l’autorité des professeurs, mais il ne devrait pas réduire leur rôle à «la formation de républicains». L’autorité de l’enseignant repose en premier lieu sur le savoir, et aussi sur le soutien de sa hiérarchie. Il faut reconnaître au ministre le mérite d’apporter clairement ce soutien quand les rectorats sont trop souvent défaillants.

Inculquer des réflexes idéologiques est une tentation de la facilité, déjà vouée à l’échec, quand le rôle de l’école est d’instruire, en donnant aux élèves le goût de l’effort et du savoir.

Il est urgent d’en finir avec l’incantation des valeurs républicaines qui ne permettront d’élever ni le niveau du débat… ni celui des élèves ! L’expérience prouve que ces grands mots creux sont totalement impuissants à conquérir le cœur des enfants et des adolescents défiants vis-à-vis de l’institution scolaire. Pire, ces discours convenus ont une fâcheuse tendance à s’insinuer dans les programmes et dans les cours, substituant le conformisme idéologique aux exigences du savoir : leurs airs de faux dur permettent de rassurer l’opinion publique tout en accompagnant la baisse du niveau scolaire. Au contraire, s’il faut restaurer l’autorité de l’enseignant, c’est pour lui permettre d’éveiller chez ses élèves une vraie liberté d’esprit qui passe par la curiosité intellectuelle, par un goût de la beauté qui supporte que celle-ci puisse heurter notre sensibilité, par un amour inconditionnel de la vérité y compris quand elle dérange nos propres présupposés.

Inculquer des réflexes idéologiques est une tentation de la facilité, déjà vouée à l’échec, quand le rôle de l’école est d’instruire, en donnant aux élèves le goût de l’effort et du savoir. Je souhaiterais donc porter à la connaissance de Gabriel Attal ou de ses conseillers le magnifique texte du philosophe Alain mis à l’honneur récemment sur le site Mezetulle au sujet de «la littérature vertueuse» et de «l’abondance de sermons laïques». Le but de l’école ne saurait être le sermon laïc ou la leçon de morale républicaine, car selon Alain : «l’instruction est plus morale que la morale. Au lieu de maudire les ténèbres, allumez la lampe.»

Politique- Rétablir la confiance entre police et justice

Politique- Rétablir la confiance entre police et justice


La magistrate Béatrice Brugère et le policier Grégory Joron, tous deux affiliés à Force ouvrière, entendent, dans une tribune au « Monde », sortir du débat stérile entre police et justice et rappellent que ces deux institutions se parlent, y compris sur des sujets complexes.

Pourquoi policiers et magistrats sommes-nous unis ? Parce que nous avons choisi d’inscrire nos actions sous la valeur de l’unité, mais surtout parce que notre société ne peut vivre en paix que si nos deux institutions fonctionnent ensemble. Justice et police sont les deux faces d’une même pièce, indissociables. Pourtant, ce ne sont ni les épreuves ni les obstacles qui manquent et nos détracteurs sont légion – parfois dans nos rangs –, mais nous resterons unis.

Depuis plusieurs années, la police nationale est soumise à un enchaînement de missions sans que les moyens suivent au même rythme : attentats, loi sur le travail puis sur les retraites, « gilets jaunes », Covid-19, lutte contre les stupéfiants, violences intrafamiliales, et récemment émeutes et pillages. Face à ce besoin de sécurité, tout semble reposer sur les épaules des policiers.

Du côté des magistrats et des greffiers, la situation n’est guère plus enviable. Nous assistons à un profond délitement des conditions de travail. Les acteurs judiciaires sont sous-équipés et mal dotés, alors que les missions augmentent au rythme effréné des nouvelles lois. Le bilan des Etats généraux de la justice frôle celui d’une faillite.

Alors que, chargés d’une mission de service public, nous essayons de rester fidèles à nos engagements dans un contexte de crises, nous déplorons que le « police bashing » réduise l’action de la police à une caricature de violences illégitimes tandis que les policiers comptent plus de dix mille blessés en service par an et sont les cibles assumées des délinquants.

Quant à l’action de la justice, elle doit être rendue dans un climat serein, respectueux des principes de présomption d’innocence et d’impartialité, et pas dans la rue ou sur les plateaux de télévision.

Lire aussi la tribune : Article réservé à nos abonnés « Non, les policiers ne sont pas les seules personnes pour qui la présomption d’innocence “ne compte pas” »

Tout cela participe à un climat délétère entretenu par une minorité hurlante qui prend le pas sur une majorité silencieuse. Dans ce climat, nous refusons d’être assignés dans un camp. Le débat nécessaire pour améliorer nos institutions ne peut se réduire à un combat fratricide, insensé, inutile, où toute posture devient imposture. Nos deux institutions travaillent au quotidien en bonne intelligence, et cette crise doit être analysée avec mesure si l’on veut la résoudre.

Rétablir la confiance entre police et justice

Rétablir la confiance entre police et justice


La magistrate Béatrice Brugère et le policier Grégory Joron, tous deux affiliés à Force ouvrière, entendent, dans une tribune au « Monde », sortir du débat stérile entre police et justice et rappellent que ces deux institutions se parlent, y compris sur des sujets complexes.

Pourquoi policiers et magistrats sommes-nous unis ? Parce que nous avons choisi d’inscrire nos actions sous la valeur de l’unité, mais surtout parce que notre société ne peut vivre en paix que si nos deux institutions fonctionnent ensemble. Justice et police sont les deux faces d’une même pièce, indissociables. Pourtant, ce ne sont ni les épreuves ni les obstacles qui manquent et nos détracteurs sont légion – parfois dans nos rangs –, mais nous resterons unis.

Depuis plusieurs années, la police nationale est soumise à un enchaînement de missions sans que les moyens suivent au même rythme : attentats, loi sur le travail puis sur les retraites, « gilets jaunes », Covid-19, lutte contre les stupéfiants, violences intrafamiliales, et récemment émeutes et pillages. Face à ce besoin de sécurité, tout semble reposer sur les épaules des policiers.

Du côté des magistrats et des greffiers, la situation n’est guère plus enviable. Nous assistons à un profond délitement des conditions de travail. Les acteurs judiciaires sont sous-équipés et mal dotés, alors que les missions augmentent au rythme effréné des nouvelles lois. Le bilan des Etats généraux de la justice frôle celui d’une faillite.

Alors que, chargés d’une mission de service public, nous essayons de rester fidèles à nos engagements dans un contexte de crises, nous déplorons que le « police bashing » réduise l’action de la police à une caricature de violences illégitimes tandis que les policiers comptent plus de dix mille blessés en service par an et sont les cibles assumées des délinquants.

Quant à l’action de la justice, elle doit être rendue dans un climat serein, respectueux des principes de présomption d’innocence et d’impartialité, et pas dans la rue ou sur les plateaux de télévision.

Lire aussi la tribune : Article réservé à nos abonnés « Non, les policiers ne sont pas les seules personnes pour qui la présomption d’innocence “ne compte pas” »

Tout cela participe à un climat délétère entretenu par une minorité hurlante qui prend le pas sur une majorité silencieuse. Dans ce climat, nous refusons d’être assignés dans un camp. Le débat nécessaire pour améliorer nos institutions ne peut se réduire à un combat fratricide, insensé, inutile, où toute posture devient imposture. Nos deux institutions travaillent au quotidien en bonne intelligence, et cette crise doit être analysée avec mesure si l’on veut la résoudre.

Défense : : rétablir le service militaire obligatoire

Défense : : rétablir le service militaire obligatoire

 

 

 

Le conflit entre l’Ukraine et la Russie devrait nous inciter à réfléchir sur la stratégie militaire. Jusque-là en effet, comme dans d’autres pays, la doctrine reposait  surtout sur la force de dissuasion nucléaire. Cette force et autres  moyens techniques ont convaincu qu’on pouvait se passer de force terrestre notamment d’infanterie en grand nombre. L’expérience de la force de Barkhane en Afrique qui a du se replier lamentablement devrait aussi nous montrer qu’on ne peut se passer des capacités d’intervention terrestre nombreuses et fortes.

Les Forces armées françaises d’active comprennent du personnel militaire d’active professionnel et du personnel civil. En 2018, les Forces armées comptent 206 317 militaires d’active et 61 287 personnels civils, soit un total de 267 604 hommes et femmes.

Dans les années 60 la France a compté environ 700 000 personnes dans son armée. Aujourd’hui l’armée de terres ne compte environ que  100 000 personnes. Il faudrait ajouter des chiffres de la réserve opérationnelle mais qui se limite environ 30 000 personnes. Bref, la France serait tout juste capable de mobiliser autant de force que celle d’Ukraine !!

En Ukraine où  la Russie est vraisemblablement en train de se diriger vers un échec du fait de force terrestre notamment d’infanterie notoirement mal formée et mal organisée. À l’inverse l’Ukraine a bénéficié depuis des années d’une solide formation en particulier des États-Unis.

Rien ne permet de penser que le conflit entre l’Ukraine et la Russie va contaminer le reste de l’Europe. Mais rien ne permet d’affirmer aussi le contraire pour aujourd’hui ou demain.

L’appel à mobiliser 300 000 soldats supplémentaires de Poutine va se heurter au fait que la plupart non seulement ne sont pas motivés mais aussi nullement formés pour cette tâche de guerre conventionnelle.

Lâchement et démagogiquement, la France a supprimé le service militaire obligatoire pour des raisons politiques autant que budgétaires. Des centaines de casernes et autres lieux militaires ont été bradées. On a laissé supposer que le service militaire obligatoire pourrait être remplacé par un pseudo service civil bidon qui ne concernant pas grands monde contrairement aux annonces et qui de toute façon ne saurait constituer une formation militaire.

Pour former des militaires et des sous-officiers, il faut au moins une formation de l’ordre de deux à quatre mois. Ce délai va constituer une période particulièrement dangereuse pour Poutine d’autant que sur les 300 000 soldats attendus, il ne pourra en recruter que de l’ordre de 50 000 suites aux désertions. Les stratèges militaires français seraient bien inspirés d’analyser le conflit et ses conséquences tant sur le plan géostratégique que de la doctrine militaire.

« Accessoirement »  le rétablissement du service militaire constituerait un des moyens d’insertion pour une meilleure appropriation des valeurs républicaines.

 

 

Géopolitique : rétablir le service militaire obligatoire

Géopolitique : rétablir le service militaire obligatoire

 

Le conflit entre l’Ukraine et la Russie devrait nous inciter à réfléchir sur la stratégie militaire. Jusque-là en effet, comme dans d’autres pays, la doctrine reposait  surtout sur la force de dissuasion nucléaire. Cette force et autres  moyens techniques ont convaincu qu’on pouvait se passer de force terrestre notamment d’infanterie en grand nombre. L’expérience de la force de Barkhane en Afrique qui a du se replier lamentablement devrait aussi nous montrer qu’on ne peut se passer des capacités d’intervention terrestre nombreuses et fortes.

. En Ukraine, la Russie est vraisemblablement en train de se diriger vers un échec du fait de force terrestre notamment d’infanterie notoirement mal formée et mal organisée. À l’inverse l’Ukraine a bénéficié depuis des années d’une solide formation en particulier des États-Unis.

Rien ne permet de penser que le conflit entre l’Ukraine et la Russie va contaminer le reste de l’Europe. Mais rien ne permet d’affirmer aussi le contraire pour aujourd’hui ou demain.

L’appel à mobiliser 300 000 soldats supplémentaires de Poutine va se heurter au fait que la plupart non seulement ne sont pas motivés mais aussi nullement formés pour cette tâche de guerre conventionnelle.

Lâchement et démagogiquement, la France a supprimé le service militaire obligatoire pour des raisons politiques autant que budgétaires. Des centaines de casernes et autres lieux militaires ont été bradées. On a laissé supposer que le service militaire obligatoire pourrait être remplacé par un pseudo service civil bidon qui ne concernant pas grands monde contrairement aux annonces et qui de toute façon ne saurait constituer une formation militaire.

Pour former des militaires et des sous-officiers, il faut au moins une formation de l’ordre de deux à quatre mois. Ce délai va constituer une période particulièrement dangereuse pour Poutine d’autant que sur les 300 000 soldats attendus, il ne pourra en recruter que de l’ordre de 50 000 suites aux désertions. Les stratèges militaires français seraient bien inspirés d’analyser le conflit et ses conséquences tant sur le plan géostratégique que de la doctrine militaire.

 

Transport ferroviaire : Rétablir les petites lignes

Transport ferroviaire : Rétablir les petites lignes

 

L’Etat devrait aujourd’hui s’inspirer du « plan Freycinet », du nom du ministre des travaux publics de 1877 à 1879, et réinvestir massivement dans le ferroviaire pour redonner cohésion au pays tout en préservant l’environnement, plaide, dans une tribune pour « Le Monde », Jean-Marc Esnault, directeur du campus agricole The Land.

 

Et si l’Etat dépensait plus ? La proposition peut paraître osée, pour ne pas dire complètement incongrue dans une période où les équilibres budgétaires sont déjà impossibles à trouver. La France a une dette de 3 milliards, qui représente l’équivalent de toutes les richesses produites pendant toute une année par les entreprises implantées en France, et même un peu plus. C’est dire son caractère abyssal.

Pourtant, à une époque différente et dans un environnement économique marqué tout de même par une croissance en stagnation, c’est le choix qu’a fait, quelques années à peine après la guerre de 1870, l’ingénieur et homme d’Etat Charles de Freycinet (1828-1923), ministre des travaux publics de 1877 à 1879. La France considérait à l’époque que la guerre avait été perdue en partie parce que les réseaux de transport étaient insuffisants pour permettre le ralliement des hommes sur le lieu du conflit.

Pour relancer l’économie, mais aussi en ayant tiré les leçons de la défaite, l’Etat va engager des travaux d’ampleur un peu partout dans le pays qui vont concerner aussi bien les ports, les canaux que les lignes ferroviaires. C’est ce qu’on a appelé le « plan Freycinet ». Un plan d’une ampleur inégalée au XIXe siècle marqué par une hausse brutale de 40 % des dépenses d’investissement, pour créer notamment 181 lignes et 8 848 kilomètres de voies ferrées dites « d’intérêt général ».

A cette époque, il est fait le choix conscient et raisonné de reprendre et réorganiser des lignes déficitaires, mais jugées nécessaires sur le territoire, et ce pari, celui que fait Charles de Freycinet, va se révéler gagnant puisque le produit national brut va croître de 20 % en trois ou quatre ans… Alors, certes, le « Rapport sur l’avenir du transport ferroviaire »remis en février 2018 par Jean-Cyril Spinetta au premier ministre Edouard Philippe, nous a démontré, une multitude de chiffres à l’appui, le manque de pertinence de certaines lignes ferroviaires : 45 % du réseau ne représentant que 2 % des voyageurs, 46 trains par ligne et par jour en France, contre 140 aux Pays-Bas ou 85 en Allemagne…

Bref, une « palanquée » de chiffres qui ressemblaient à une sentence irrévocable ! Pourtant, s’il faut aller sur ce terrain-là, aux arguments économiques en faveur de la suppression des lignes, on peut opposer d’autres arguments économiques. Qu’en est-il au juste, dans cette approche, du lien entre transport, désenclavement, et emploi ? Qu’en est-il de la qualité de vie et du moral des Français, toutes choses qui par ailleurs influencent la consommation et donc aussi l’économie d’un pays ?

Vichy et les juifs : rétablir la vérité

Vichy et les juifs : rétablir la vérité

 

L’historien ,Jacques Semelin  revient, à la première personne, sur les faits et comment ils ont été établis. « Une énigme française », un livre contre Eric Zemmour.

Par André Loez ( Historien et collaborateur du « Monde des livres »)

« Une énigme française. Pourquoi les trois quarts des Juifs en France n’ont pas été déportés », de Jacques Semelin, avec Laurent Larcher, Albin Michel, 224 p., 19 €, numérique 13 €.

Qu’une connaissance historique soit exacte ne suffit pas pour qu’elle soit connue, reconnue, ni surtout correctement interprétée dans l’espace public. Tel est l’inconfortable constat qui traverse le nouveau livre de Jacques Semelin, directeur de recherche émérite au CNRS. Une énigme française tient à la fois du carnet de recherche et du plaidoyer pour la compréhension du fait remarquable qui en forme le sous-titre : Pourquoi les trois quarts des juifs en France n’ont pas été déportés. Il y récapitule les résultats des ouvrages qu’il a déjà consacrés à la question, dont le récent et fouillé La Survie des juifs en France. 1940-1944 (CNRS Editions, 2018).

Une utile synthèse des acquis

Ce rappel vient évidemment s’inscrire en opposition aux assertions d’Eric Zemmour qui, en partant des mêmes chiffres – sur près de 320 000 juifs établis en France avant 1940, environ 74 150 furent déportés, soit un taux de survie de 75 % –, attribue faussement la responsabilité de ce bilan (moins lourd que dans la plupart des pays soumis aux nazis, des Pays-Bas à la Pologne) au régime de Vichy dirigé par le maréchal Pétain. Un des derniers chapitres de l’ouvrage, sobrement intitulé « Déjouer les pièges de M. Zemmour », redit avec clarté pourquoi ces vues sont intenables.

Lire aussi cette tribune de Jacques Semelin (2021) : Article réservé à nos abonnés « M. Zemmour, votre rhétorique est celle de “l’entrepreneur identitaire” qui peut entraîner un pays au massacre »

Sur le plan factuel, en effet, le livre constitue une utile synthèse des acquis permettant de comprendre cette proportion apparemment étonnante, déjà soulignée dans les travaux de Serge Klarsfeld (Vichy-Auschwitz, Fayard, 1983) et dans le fameux discours de Jacques Chirac commémorant la rafle du Vél’d’hiv,’ en 1995. Si les trois quarts des juifs ont, en France, échappé à la déportation, ce n’est pas dû à une quelconque protection de Vichy, qui entreprit au contraire de les discriminer et prêta le concours de sa police à l’occupant pour les traquer, mais à l’entrecroisement de plusieurs facteurs : leurs propres stratégies de survie ; les priorités stratégiques du IIIe Reich, initialement moins brutal dans l’ouest de l’Europe ; des réseaux d’entraide ou d’évasion relevant notamment des Eglises ; la complicité ordinaire d’une population prompte à les cacher ou du moins à ne pas les dénoncer ; ainsi que les protestations publiques de plusieurs prélats catholiques, dont l’archevêque de Toulouse, Mgr Jules Saliège (1870-1956), en 1942, aboutissant à infléchir les politiques de persécution. De l’« énigme » du titre, il ne reste rien, en réalité.

 

Réforme de l’État : rétablir un lien entre acteurs publics et société

Réforme de l’État : rétablir un lien entre acteurs publics et société

 

Supprimer l’ENA et la remplacer par une institution plus adaptée ne peut prendre son sens que dans une transformation globale des relations entre les acteurs publics et la société, estime, dans une tribune au « Monde », Lucile Schmid, énarque et vice-présidente du think tank La Fabrique écologique.

 

Tribune. 

 

Le 8 avril, le président de la République annonçait la suppression de l’Ecole nationale d’administration (ENA) et son remplacement par l’Institut du service public, structure dont le nom sonne plus modestement. Depuis des années, la réforme de l’ENA ou sa suppression ont été invoquées pour conjurer l’entre-soi, la défiance à l’égard des élites publiques, et l’éloignement des citoyens vis-à-vis des institutions.

Fallait-il supprimer le symbole pour faire changer les choses ? Assez paradoxalement, cette disparition n’a guère suscité de débat passionné, que ce soit en pour ou en contre. Car l’essentiel est aujourd’hui ailleurs. Après dix-hui mois de pandémie, l’enjeu est d’abord de donner une perspective forte à l’action publique. Les enjeux de bien commun, d’exemplarité, de vision d’avenir résonnent dans la société. Ces attentes à l’égard de l’action publique sont très sensibles dans les jeunes générations. Mais elles se mêlent à une réelle insatisfaction par rapport aux fonctionnements actuels.

Donner un horizon au « modèle français »

Cette insatisfaction tient au désir d’un Etat qui transforme réellement les choses, d’un Etat actif qui se placerait à l’avant-garde. En 2018, la pétition « L’affaire du siècle », qui enjoignait à l’Etat de changer pour mener la transformation écologique, avait recueilli en quelques semaines plus de deux millions de signatures. Depuis, le mouvement Pour un réveil écologique, porté par des milliers d’étudiants, n’a eu de cesse de questionner la responsabilité de l’Etat et des politiques dans le déficit d’action publique sur ces sujets.

Supprimer l’ENA et la remplacer par une institution plus adaptée ne peut prendre son sens que dans une transformation globale des relations entre les acteurs publics et la société. Il ne s’agit pas seulement d’organiser des programmes d’enseignement, ou une insertion internationale et professionnelle, mais de donner un horizon à ce qu’on a coutume d’appeler « le modèle français ». La création de l’Institut du service public devrait être un big bang. Dans cette perspective, plusieurs éléments sont essentiels. D’abord, une pensée pratique des liens entre Etat et société. L’obsession de rapprocher le fonctionnement de l’Etat de celui des entreprises a aveuglé, laissant en friche le chantier d’un rapprochement entre la société et l’Etat. Le mouvement des « gilets jaunes » en est aussi la conséquence.

Un Conseil de l’ordre des journalistes : pour quoi faire ? Pour rétablir la censure ?

Un Conseil de l’ordre des journalistes : pour quoi faire ? Pour rétablir la censure ?

Le secrétaire d’Etat au Numérique, Cédric O invite les journalistes à créer un conseil de l’ordre. Pour quoi faire ? Pour mettre de l’ordre évidemment puisque c’est la fonction de ce type d’organisme. Officiellement,  il s’agirait de lutter contre les fausses nouvelles distillées en France par des supports médiatiques sous influence étrangère. En fait,  il y a longtemps que le pouvoir actuel cherche d’une manière ou d’une autre à installer des formes de censure pour mettre encore davantage sous tutelle l’information. Des conseils de l’ordre existent dans certaines professions et pas dans d’autres. On se  demande bien pourquoi par exemple un conseil de l’ordre des masseurs kinésithérapeutes et pas un conseil de l’ordre des bouchers charcutiers ou des podologues. De toute façon, même l’honorable conseil des médecins est très critiqué  pour ses positions relativement réactionnaires. On doit bien sûr toujours se méfier quand un État se met en tête directement ou indirectement de mettre de l’ordre. Organiser un secteur, réguler ses conditions d’exercice c’est autre chose que d’imposer un ordre. Dans le domaine des fausses nouvelles,  la frontière entre ce qui est exact et ce qui ne l’est pas  peut être mince. Une fausse nouvelle d’aujourd’hui peut se révéler exact demain et inversement. Par exemple les soupçons  qui pèsent sur Sarkozy aujourd’hui dans plusieurs affaires politiques ou financières ne sont pas contestés quand hier ils  pouvaient l’être. Il en sera de même pour Macron le moment venu quand on saura  par exemple quelles sont ces généreux donateurs qui ont financé sa campagne ( affaire en cours enliser dans les sables de l’information judiciaire),  quand on saura par exemple ce qu’il a fait des millions gagnés chez Rotchild, quand on saura quelle affaire il a pu traiter pour gagner autant en si peu de temps. La justice se réveillera sans doute quand Macron ne sera plus président de la république. Ce qui est à craindre dans le cadre du régime autocratique que met en place Macron,  c’est une tentative d’organiser la police de l’information. Certes on comprend qu’il faille combattre les intoxications venues de l’extérieur est destinées à peser sur la démocratie française. Par contre on doit sans doute se montrer très dubitatif face à la déclaration abrupte du secrétaire d’État au numérique. “Je considère qu’il doit y avoir un Conseil de l’ordre des journalistes, des journalistes entre eux, qui prennent des décisions et qui disent à l’Etat : ‘vous devez retirer l’agrément de tel ou tel ‘canard’, mettre des avertissements’.”Ce rapport propose aussi qu’en cas de manquement éthique ou déontologique, le même conseil pourra émettre “des avis qui pourraient être rendus publics». A ses yeux, il ne revient pas à l’Etat de sanctionner les médias diffusant de fausses nouvelles. “Mais à un moment, devant la menace contre la démocratie, on le fera”, a-t-il poursuivi. “Ce sera le CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel) ou une autorité indépendante qui va décider ce qu’est une infox ou pas.”. Bref une régulation à la chinoise de l’information. Pourquoi pas dans  la même veine aussi une durée illimitée pour le mandat du président comme en Chine ? Les journalistes feraient bien de ce réveiller un peu vis-à-vis de l’atteinte possible à la liberté d’expression d’autant que 80 % de la presse est déjà sous influence des financiers et autres industriels qui soutiennent Macron

Rétablir l’ISF par référendum

Rétablir l’ISF par référendum

 

 

On peut évidemment se féliciter que les parlementaires socialistes aient  pris l’initiative de proposer le rétablissement de l’impôt sur la fortune par référendum. Pas par la voie du référendum d’initiative citoyenne qui demandera s’il est adopté une modification constitutionnelle mais par la voie très légale du référendum d’initiative partagée créée en 2008 à l’initiative de Nicolas Sarkozy. – Cette proposition de loi pour organiser un référendum doit être déposée par au moins un cinquième des parlementaires – 185 élus au total -, mais avec 29 députés et 74 sénateurs, les socialistes ne forment qu’un ensemble de 103 parlementaires. Théoriquement des parlementaires pourraient appuyer la proposition des socialistes pour parvenir au chiffre indiqué. Reste que certains risquent d’être pris dans leurs contradictions entre leurs déclarations lors  du mouvement des gilets jaunes et leur orientation fondamentale notamment chez les sénateurs. Notons toutefois que cet éventuel référendum n’est pas pour demain. En effet il faut d’abord passer l’obstacle du Parlement, ensuite obtenir le feu vert du conseil constitutionnel afin de vérifier que cette consultation  est bien constitutionnelle. Un délai qui demandera déjà quelques mois. Ensuite il faudra aussi que cette proposition soit soutenue par près de 5 millions de citoyens français. Dans le meilleur cas il faudra encore attendre six mois pour que ce référendum soit enfin organisé. En clair une telle consultation ne paraît guère possible avant la fin 2019 voir début 2020. D’ici ce temps-là de l’eau aura passé sous le pont. En particulier il faut s’attendre à une montée du mécontentement relative à la baisse de l’activité et parallèlement au mieux au maintien du niveau du chômage actuel. Sans parler du pouvoir d’achat qui risque d’être bloqué par l’atonie du niveau d’activité. On pourrait éventuellement passer par une procédure moins contraignante comme le référendum d’initiative citoyenne. Ce que proposent d’ailleurs les insoumis. Reste que ce référendum d’initiative citoyenne doit aussi recevoir l’onction constitutionnelle. Là aussi ce n’est pas pour demain et sûrement pas avant fin 2019, courant 2020 voir à la saint-glinglin quand on aura mesuré l’étroitesse du champ de ce nouvel instrument démocratique.

Des milliers d’années pour rétablir les écosystèmes marins

Des milliers d’années pour rétablir les écosystèmes marins

D’après article des Echos, les écosystèmes océaniques altérés par le rapide changement climatique pourraient avoir besoin de plusieurs milliers d’années pour se remettre du réchauffement, selon une étude effectuée sur des fossiles de coquillages dans les fonds marins menée par des scientifiques américains. Ces travaux, dirigés par l’écologiste marine Sarah Moffitt, de l’Université de Californie à Davis, montrent que le réchauffement climatique et la désoxygénation des eaux de l’océan qu’il provoque peut très rapidement modifier l’écologie de ce milieu. La récupération peut alors prendre des milliers d’années, pas seulement des siècles comme on le pensait jusqu’alors, concluent ces chercheurs. Leur étude paraît dans les Comptes rendus de l’académie américaine des sciences ( PNAS ). Ces scientifiques ont analysé plus de 5.400 fossiles d’invertébrés, allant des oursins aux palourdes, dans une carotte de sédiments prélevée au large de Santa Barbara, en Californie. Cette carotte de dix mètres de longueur couvre une période remontant de 3.400 à 16.100 ans, ouvrant des fenêtres sur ce qui s’est passé dans les écosystèmes marins avant, pendant et après la dernière grande période de glaciation allant d’il y a 110.000 à 10.000 ans. La déglaciation a été une période de réchauffement rapide du climat et de fonte des glaces polaires avec la formation de zones étendues dans l’océan dans lesquelles les niveaux d’oxygène de l’eau étaient plus faibles. Les études précédentes des carottes sédimentaires des fonds marins se concentraient essentiellement sur des organismes unicellulaires appelés foraminifères et peu sur les formes de vie multicellulaires comme les invertébrés, précisent les auteurs. L’analyse des différentes couches de cette carotte de sédiments marin montre qu’avant le réchauffement des écosystèmes abondants et divers vivaient dans les fonds marins, dont les eaux étaient bien oxygénées. Ensuite, ces chercheurs ont observé une période de réchauffement et de perte d’oxygène dans les océans, suivie par une réduction rapide de la diversité. Les fossiles ont quasiment disparu dans cette partie de la carotte sédimentaire qui correspond à un appauvrissement des eaux de l’océan en oxygène. Les scientifiques ont calculé que les niveaux d’oxygène dans les océans ont diminué dans des proportions limitées, de 0,5 à 1,5 millilitre par litre d’eau en moins d’un siècle. Cela montre que même de petits changements peuvent avoir des effets drastiques sur les écosystèmes des fonds marins. Ces résultats suggèrent que le changement climatique de la planète pourrait provoquer des effets similaires sur les écosystèmes, qui auront besoin de millénaires pour récupérer. « Ce phénomène observé dans le passé nous montre combien les écosystèmes sont sensibles aux changements du climat terrestre avec des conséquences pour des millénaires », souligne Sarah Moffitt. « C’est une réalité à laquelle nous devons nous confronter en tant que scientifiques mais aussi comme citoyens qui se préoccupent de l’environnement », ajoute-t-elle. Une recherche publiée en 2014 dans Global Change Biology montrait que le réchauffement climatique contribue bien à la formation de zones mortes dans les océans, les lacs et rivières. Les auteurs en ont dénombré 476 autour desquelles, selon leurs modèles informatiques, la température devrait augmenter d’un peu plus de deux degrés au cours des prochaines décennies.

 

 




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