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Eric Zemmour: Les ressorts de la rhétorique

Eric  Zemmour: Les ressorts de la rhétorique

 

Indéniablement, l’ascension de Zemmour dans les sondages constitue un événement assez inédit. Dans les médias, beaucoup d’abord considéraient  cette  progression commun phénomène passager, une sorte de bulle électorale qui devait éclater comme celle de Balladur ou de Chevènement. La persistance de la tendance oblige désormais certains politistes à considérer que cette envolée cessera sitôt que Zemmour déclarera officiellement sa candidature. Beaucoup pensent aussi que Zemmour  manifeste une grande faiblesse programmatique en dehors de la question migratoire. Certains vont même jusqu’à affirmer qu’il n’a aucun programme. Seul l’avenir permettra d’évaluer la pertinence de ces appréciations. On peut cependant aborder la question fondamentale de la rhétorique de Zemmour. Cette rhétorique présente plusieurs caractéristiques :

–la clarté expression

–l’énoncé de faits indiscutables et partagés par l’opinion publique

–la généralisation outrancière voire caricaturale de ces faits

- la réduction des facteurs explicatifs de tous les phénomènes à la question migratoire

–des orientations radicales et irréalistes.

 

La clarté d’expression

Depuis des années,  la rhétorique des énarques a gagné l’ensemble des milieux politiques ou presque. Rien d’étonnant à cela car la plupart des partis sont maintenant noyautés par les élèves de l’ENA ( et les salles d’attente que constituent les nombreux instituts d’études politiques). En outre et surtout, le monde politique a adopté le langage abscons de l’énarchie qui dissimule derrière une approche scientiste à la fois un manque de compétence technique et un manque de connaissance des réalités socio-économiques. Pour parler simplement,  la dialectique énarchique vise surtout à ne pas trancher et en endormir l’interlocuteur. Rien d’étonnant à cela car l’ENA au départ est surtout destinée à former des préfets et non des dirigeants politiques. Zemmour , lui aussi, est un produit de Sciences-po mais il s’est débarrassé des oripeaux langagiers des clercs de la politique. Il parle clair et y compris jusqu’au simplisme voire à la caricature. Mais tout le monde y trouve son compte précisément les populistes qui ne veulent pas s’encombrer d’analyse complexe mais aussi les plus évolués qui apprécient les références historiques et littéraires de Zemmour qui donnent un crédit pseudo scientifique un discours un peu brutal et trop simplifié. Le grand avantage de Zemmour, c’est de parler comme on s’exprime dans la vraie vie sans périphrase, sans  contour inutile. Enfin Zemmour n’hésite pas à emprunter à la rhétorique marxiste qui utilise la terreur du vocabulaire pour disqualifier l’adversaire:  » c’est faux, vous avez tort, vous n’avez rien compris, je vais vous expliquer ! » Ou quand l’anathème remplace l’argument!

Des  fait indiscutables

La rhétorique de Zemmour s’appuie au départ sur des faits indiscutables : exemple le déclin économique, l’immigration incontrôlée ou encore l’écroulement de notre système de formation. Sur l’aspect le plus controversé par ses adversaires à savoir l’immigration incontrôlée et la mise en cause de la laïcité, un récent sondage a montré que plus de 60 % des Français partageaient cette inquiétude. Nombre d’observateurs tentent de minimiser l’ampleur et la nature de ces craintes. D’après eux, seulement quelques quartiers seraient concernés en France. Certainement des quartiers dont ils ignorent tout et dans lesquels ils n’ont pas résidé, ni eux, ni leurs familles ni leur entourage. Or pas moins sans doute  1000 quartiers sont contaminés par l’insécurité, la drogue et le changement sociologique et sociétal. Les métropoles, les grandes villes mais aussi les villes moyennes sont concernées. Contester ces faits réels ne fait que renforcer la crédibilité du discours de Zemmour.

Une généralisation outrancière

La technique de Zemmour consiste à partir de faits réels mais de les amplifier et de les généraliser. Ainsi par exemple parle-t-il de guerre civile ou de dictature. Une sémantique complètement exagérée et une méthodologie grossière. S’il faut effectivement reconnaître des insuffisances, des déclins, des faiblesses, on ne peut cependant en conclure que le pays connaît une forme de libanisation, d’affrontements guerriers et de dictature. Même si par exemple les outrances de l’éco féminisme gagnent du terrain ( plus généralement la cancel culture ou le wokisme) ; il s’agit encore surtout d’un phénomène à la fois élitiste et marginal. Une idéologie à contester mais qui est loin d’avoir aboli les valeurs traditionnelles majoritaires dans la société. Des thèses portées par des gauchistes comme Sandrine Rousseau, écolo bobo qui n’a même pas été capable d’être élue représentante d’Europe écologie les Verts. Un parti qui de toute manière ne recueillera qu’autour de 10 % des suffrages aux présidentielles et encore. Zemmour se refuse à faire des analyses pertinentes du type coût bénéfice, avantages inconvénients, progrès et régression.

La réduction de tous à la question migratoire

Avec Zemmour, les sujets peuvent varier mais le facteur explicatif est unique à savoir l’immigration. Qu’il s’agisse de thèmes sociétaux, économiques, sociaux, politiques, ou culturels tout est imputable à la question migratoire. Certes l’absence de maîtrise de ces flux est responsable de faiblesses et même de régression mais on ne saurait lui imputer la responsabilité de toutes nos insuffisances. Un exemple celui du poids de l’État et de la fonction publique. Le nombre de fonctionnaires est loin d’être totalement dicté par la problématique migratoire. C’est une maladie bien française qui confond intérêt général, outil du service public et statut des institutions et des personnels. De la même manière, l immigration n’est pas responsable du noyautage des institutions et des partis politiques par les élèves de l’ENA. De même, pour  le manque de compétitivité et de productivité de la population active du pays.

Radicalisme et irréalisme des propositions

Face à ce qu’il appelle le grand remplacement Zemmour propose la rémigration. Notons cependant que depuis qu’il perce dans les sondages, il a beaucoup adouci son orientation en parlant maintenant de contrôle de l’immigration. Il s’est évidemment aperçu du caractère irréaliste de son orientation. De la même manière en matière économique, les analyses de Zemmour conduiraient au retrait de l’union européenne  et à l’abandon de l’euro. On voit mal en effet l’Union européenne nous accorder les bénéfices économiques notamment monétaires sans en respecter les règles. Du coup dans ce domaine aussi Zemmour s’est aperçu de l’outrance de ses préconisations. Il maintient sa critique radicale de l’Europe mais fais-lui « en même temps » en proposant que la France demeure dans l’Union et conserve l’euro.

 

En conclusion, il serait temps que les adversaires de Zemmour se mettent à la hauteur de l’efficacité de la rhétorique du polémiste. Le bla-bla énarchique est de ce point de vue obsolète. Mais on ne pourra combattre Zemmour qu’ avec davantage de clarté mais aussi davantage de pertinence et de détermination. Pour déconstruire le discours de Zemmour il faut d’abord en comprendre la logique mais lui opposer aussi une vision crédible, partagée et compréhensible. Bref il faudra pour cela des adversaires de Zemmour plus forts, plus crédibles  que lui sur le fond comme sur la forme. Pour l’instant ceux qui se sont affrontés à lui ce sont plutôt grillés  les ailes y compris  un Mélenchon qui ne manque pourtant pas de culture,  de bagout et d’outrances.

Zemmour: Les ressorts de la rhétorique

 Zemmour: Les ressorts de la rhétorique

 

Indéniablement, l’ascension de Zemmour dans les sondages constitue un événement assez inédit. Dans les médias, beaucoup d’abord considéraient  cette  progression commun phénomène passager, une sorte de bulle électorale qui devait éclater comme celle de Balladur ou de Chevènement. La persistance de la tendance oblige désormais certains politistes à considérer que cette envolée cessera sitôt que Zemmour déclarera officiellement sa candidature. Beaucoup pensent aussi que Zemmour  manifeste une grande faiblesse programmatique en dehors de la question migratoire. Certains vont même jusqu’à affirmer qu’il n’a aucun programme. Seul l’avenir permettra d’évaluer la pertinence de ces appréciations. On peut cependant aborder la question fondamentale de la rhétorique de Zemmour. Cette rhétorique présente plusieurs caractéristiques :

–la clarté expression

–l’énoncé de faits indiscutables et partagés par l’opinion publique

–la généralisation outrancière voire caricaturale de ces faits

- la réduction des facteurs explicatifs de tous les phénomènes à la question migratoire

–des orientations radicales et irréalistes.

 

La clarté d’expression

Depuis des années,  la rhétorique des énarques a gagné l’ensemble des milieux politiques ou presque. Rien d’étonnant à cela car la plupart des partis sont maintenant noyautés par les élèves de l’ENA ( et les salles d’attente que constituent les nombreux instituts d’études politiques). En outre et surtout, le monde politique a adopté le langage abscons de l’énarchie qui dissimule derrière une approche scientiste à la fois un manque de compétence technique et un manque de connaissance des réalités socio-économiques. Pour parler simplement,  la dialectique énarchique vise surtout à ne pas trancher et en endormir l’interlocuteur. Rien d’étonnant à cela car l’ENA au départ est surtout destinée à former des préfets et non des dirigeants politiques. Zemmour , lui aussi, est un produit de Sciences-po mais il s’est débarrassé des oripeaux langagiers des clercs de la politique. Il parle clair et y compris jusqu’au simplisme voire à la caricature. Mais tout le monde y trouve son compte précisément les populistes qui ne veulent pas s’encombrer d’analyse complexe mais aussi les plus évolués qui apprécient les références historiques et littéraires de Zemmour qui donnent un crédit pseudo scientifique un discours un peu brutal et trop simplifié. Le grand avantage de Zemmour, c’est de parler comme on s’exprime dans la vraie vie sans périphrase, sans  contour inutile. Enfin Zemmour n’hésite pas à emprunter à la rhétorique marxiste qui utilise la terreur du vocabulaire pour disqualifier l’adversaire:  » c’est faux, vous avez tort, vous n’avez rien compris, je vais vous expliquer ! » Ou quand l’anathème remplace l’argument!

Des  fait indiscutables

La rhétorique de Zemmour s’appuie au départ sur des faits indiscutables : exemple le déclin économique, l’immigration incontrôlée ou encore l’écroulement de notre système de formation. Sur l’aspect le plus controversé par ses adversaires à savoir l’immigration incontrôlée et la mise en cause de la laïcité, un récent sondage a montré que plus de 60 % des Français partageaient cette inquiétude. Nombre d’observateurs tentent de minimiser l’ampleur et la nature de ces craintes. D’après eux, seulement quelques quartiers seraient concernés en France. Certainement des quartiers dont ils ignorent tout et dans lesquels ils n’ont pas résidé, ni eux, ni leurs familles ni leur entourage. Or pas moins sans doute  1000 quartiers sont contaminés par l’insécurité, la drogue et le changement sociologique et sociétal. Les métropoles, les grandes villes mais aussi les villes moyennes sont concernées. Contester ces faits réels ne fait que renforcer la crédibilité du discours de Zemmour.

Une généralisation outrancière

La technique de Zemmour consiste à partir de faits réels mais de les amplifier et de les généraliser. Ainsi par exemple parle-t-il de guerre civile ou de dictature. Une sémantique complètement exagérée et une méthodologie grossière. S’il faut effectivement reconnaître des insuffisances, des déclins, des faiblesses, on ne peut cependant en conclure que le pays connaît une forme de libanisation, d’affrontements guerriers et de dictature. Même si par exemple les outrances de l’éco féminisme gagnent du terrain ( plus généralement la cancel culture ou le wokisme) ; il s’agit encore surtout d’un phénomène à la fois élitiste et marginal. Une idéologie à contester mais qui est loin d’avoir aboli les valeurs traditionnelles majoritaires dans la société. Des thèses portées par des gauchistes comme Sandrine Rousseau, écolo bobo qui n’a même pas été capable d’être élue représentante d’Europe écologie les Verts. Un parti qui de toute manière ne recueillera qu’autour de 10 % des suffrages aux présidentielles et encore. Zemmour se refuse à faire des analyses pertinentes du type coût bénéfice, avantages inconvénients, progrès et régression.

La réduction de tous à la question migratoire

Avec Zemmour, les sujets peuvent varier mais le facteur explicatif est unique à savoir l’immigration. Qu’il s’agisse de thèmes sociétaux, économiques, sociaux, politiques, ou culturels tout est imputable à la question migratoire. Certes l’absence de maîtrise de ces flux est responsable de faiblesses et même de régression mais on ne saurait lui imputer la responsabilité de toutes nos insuffisances. Un exemple celui du poids de l’État et de la fonction publique. Le nombre de fonctionnaires est loin d’être totalement dicté par la problématique migratoire. C’est une maladie bien française qui confond intérêt général, outil du service public et statut des institutions et des personnels. De la même manière, l immigration n’est pas responsable du noyautage des institutions et des partis politiques par les élèves de l’ENA. De même, pour  le manque de compétitivité et de productivité de la population active du pays.

Radicalisme et irréalisme des propositions

Face à ce qu’il appelle le grand remplacement Zemmour propose la rémigration. Notons cependant que depuis qu’il perce dans les sondages, il a beaucoup adouci son orientation en parlant maintenant de contrôle de l’immigration. Il s’est évidemment aperçu du caractère irréaliste de son orientation. De la même manière en matière économique, les analyses de Zemmour conduiraient au retrait de l’union européenne  et à l’abandon de l’euro. On voit mal en effet l’Union européenne nous accorder les bénéfices économiques notamment monétaires sans en respecter les règles. Du coup dans ce domaine aussi Zemmour s’est aperçu de l’outrance de ses préconisations. Il maintient sa critique radicale de l’Europe mais fais-lui « en même temps » en proposant que la France demeure dans l’Union et conserve l’euro.

 

En conclusion, il serait temps que les adversaires de Zemmour se mettent à la hauteur de l’efficacité de la rhétorique du polémiste. Le bla-bla énarchique est de ce point de vue obsolète. Mais on ne pourra combattre Zemmour qu’ avec davantage de clarté mais aussi davantage de pertinence et de détermination. Pour déconstruire le discours de Zemmour il faut d’abord en comprendre la logique mais lui opposer aussi une vision crédible, partagée et compréhensible. Bref il faudra pour cela des adversaires de Zemmour plus forts, plus crédibles  que lui sur le fond comme sur la forme. Pour l’instant ceux qui se sont affrontés à lui ce sont plutôt grillés  les ailes y compris  un Mélenchon qui ne manque pourtant pas de culture,  de bagout et d’outrances.

 

GRB




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