Abandon progressif des maths au lycée : Bayrou responsable
La désaffection des jeunes pour les sciences a commencé il y a près de trente ans avec une décision du ministre de l’éducation nationale François Bayrou, rappelle Dominique Raulin, agrégé de mathématiques et docteur en sciences de l’éducation, dans une tribune au « Monde ».
Le printemps a mis en évidence une réalité inquiétante : le manque de candidats aux concours de recrutement dans les disciplines scientifiques. Différentes raisons peuvent l’expliquer, notamment la désaffection des jeunes pour les sciences – qui n’est pas une spécificité française –, mais aussi une suite de décisions politiques prises au cours des trente dernières années qui ont explicitement eu pour but de réduire l’importance des mathématiques dans l’enseignement secondaire.
Après la seconde guerre mondiale, plusieurs générations ont cru que l’avenir du monde se trouvait dans la science. Il suffit pour s’en persuader d’observer le désarroi, en 2020, des adultes de plus de 50 ans devant l’incapacité de la médecine à maîtriser le développement de la pandémie de Covid-19 – même si, en revanche, peu d’observateurs ont apprécié la performance scientifique qu’a représentée la mise au point d’un vaccin.
Ainsi, les sociétés à travers le monde qui jusque-là étaient persuadées que la science pourrait apporter une réponse à toutes les questions se sont retrouvées démunies, perdues, orphelines. C’est d’autant plus étonnant que les alertes sur les méfaits de la science se sont multipliées depuis la fin du XXe siècle : des pesticides aux gaz à effet de serre, en passant par le traitement des déchets nucléaires… Mais beaucoup d’adultes ont longtemps considéré les risques induits comme largement exagérés.
Les plus jeunes, quant à eux, inquiets pour leur avenir en raison des dangers environnementaux, se sont progressivement détournés des sciences. Cette attitude est pour le moins paradoxale parce que ce sont également des travaux scientifiques qui ont mis en évidence ces risques inconnus il y a quelques décennies.
Par ailleurs, les jeunes oublient souvent que les mêmes sciences qu’ils détestent et rejettent leur permettent de profiter d’une multitude d’objets technologiques (ordinateur, téléphone portable, Internet, ou, plus anciennement, four à micro-ondes…) qui rendent leur vie au quotidien plus confortable que celle de leurs aînés au même âge.
Enfin, ils oublient que le plaisir qu’ils ont à fréquenter leurs grands-parents est la conséquence de l’augmentation de la durée de vie, qu’on doit à une meilleure hygiène de vie, à des suivis médicaux plus fréquents, plus précis, mieux adaptés… qui n’existent que grâce au travail des scientifiques.
Incendies: L’urbanisation anarchique aussi responsable
par Christine Bouisset, Maître de conférences en géographie, membre du laboratoire TREE – Transitions Energétiques et Environnementales, UMR 6031 CNRS, Université de Pau et des pays de l’Adour (UPPA)Si la sécheresse et la chaleur exceptionnelles que connaît la France cet été sont l’élément déclencheur des grands incendies toujours en cours dans le massif des Landes de Gascogne, le drame prend aussi sa source dans les tendances lourdes de la démographie et les lacunes de l’aménagement du territoire.
Cet épisode met en évidence les limites d’une gestion du risque principalement réactive, fondée sur la réponse rapide et massive aux départs d’incendie.
En effet, la stratégie de lutte contre les incendies de forêts repose actuellement sur deux piliers complémentaires : l’aménagement forestier et la lutte contre les feux déclarés. La doctrine en vigueur mise sur la surveillance des forêts et l’intervention la plus rapide possible des secours sur les feux naissants par des moyens terrestres et aériens. Cette stratégie est rendue possible par l’aménagement des massifs forestiers pour créer des accès, des points d’eau, etc. Dans le massif landais, le dispositif de défense contre l’incendie (DFCI) permettant ces aménagements a été mis en place à la suite des grands incendies de la décennie 1940. La DFCI est financée pour partie par les propriétaires forestiers et fonctionne largement grâce à leur participation.
Cette organisation basée sur la complémentarité forestiers – pompiers, modernisée au fil du temps, s’est avérée particulièrement efficace en éteignant très rapidement la plupart des incendies et en limitant les superficies brûlées malgré un nombre important de départs de feu. Mais ce système, bien adapté au contexte d’un massif forestier exploité de façon intensive et d’une région rurale peu densément peuplée, se trouve aujourd’hui mis en échec par le changement climatique et l’urbanisatio
L’augmentation des températures et la plus grande fréquence des épisodes caniculaires sont sans conteste à l’origine d’une aggravation du risque d’incendie. Moins médiatisées mais tout aussi importantes, l’urbanisation et l’attractivité de la région depuis une cinquantaine d’années (notamment du littoral et de la Gironde), contribuent elles aussi à une aggravation graduelle du risque. D’abord en générant davantage d’activités sources d’incendies dans ou à proximité des forêts : barbecues mal éteints, feux de chantiers de BTP, mégots jetés en bord de route… Rappelons que près de 95 % des causes sont humaines et qu’en France, 80 % des incendies se déclenchent à moins de 50 mètres des habitations.
Dans le même temps, l’urbanisation dans les zones à risque signifie aussi mécaniquement l’augmentation des victimes et des dégâts potentiels, surtout lorsque cette urbanisation se fait sous forme de prolifération anarchique au contact de la forêt : en Nouvelle Aquitaine un habitant sur deux vit dans une zone peu dense et, selon l’Insee ce sont ces zones qui connaissent la plus forte croissance démographique. L’urbanisation s’est étalée autour des bourgs, dans des hameaux isolés, le long des voies de communication et génère la multiplication des zones de contact entre habitat et forê
Les incendies actuels montrent à quel point cette urbanisation complique le travail des secours face à un incendie de grande ampleur. La présence de nombreux quartiers et hameaux éparpillés contraint les secours à gérer la mise en sécurité de milliers de personnes et les oblige à disperser leurs moyens pour protéger les maisons dans une logique défensive, au détriment d’une stratégie offensive permettant de maîtriser plus rapidement la progression du feu.
Pire encore, les secours ne peuvent pas toujours intervenir à temps. L’exemple de l’incendie qui, en 2018, a fait 85 morts dans la petite ville de Paradise en Californie, l’illustre de façon dramatique : l’avancée rapide du feu, démarré aux environs de 6 heures du matin, a pris la population et les autorités par surprise et n’a pas laissé le temps d’évacuer, piégeant de nombreux habitants dans leur maison ou leur voiture.
Dans ce contexte, la gestion des incendies telle que mise en place jusqu’à présent dans le massif landais, présente plusieurs défauts. Le premier est de s’attaquer principalement aux symptômes et de ne s’attaquer que marginalement à la source du problème. Pourtant la litanie des incendies de l’été en France offre une bonne vision de la diversité des causes humaines d’incendies : déséquilibré pyromane, panne d’un véhicule, braises échappées d’un camion pizza, étincelles au passage d’un train, travaux en forêt, feu d’artifice, jet de mégot, etc.
Une action plus efficace sur ces sources de départ de feu supposerait la remise en cause de certaines activités, des changements de pratiques individuels et collectifs, plus de sensibilisation, des contrôles, etc. Or dans ce domaine, l’efficacité de la lutte contre les feux déclarés constatée jusqu’à présent s’est finalement avérée contre-productive et a alimenté une forme de déni face aux alertes sur l’aggravation des risques.
Nos enquêtes auprès d’habitants et d’élus locaux dans le massif landais ont ainsi montré que beaucoup considéraient le problème des incendies comme bien maîtrisé : plus le dispositif réduisait les surfaces brûlées plus le risque était invisibilisé et moins il paraissait inquiétant.
Or, le deuxième défaut du dispositif qui rejoint le premier, est son coût croissant, non seulement pour les propriétaires forestiers mais également pour l’État et surtout les collectivités qui, au niveau national, financent les services d’incendie et de secours pour un montant supérieur à 5 milliards d’euros en 2020.
En France, la politique d’extinction absorbe les 2/3 des financements consacrés aux incendies. Mais là encore, plus le dispositif est efficace, plus son financement est difficile à justifier dans un contexte de budgets contraints : à quoi bon consacrer davantage de moyens à un problème qui occasionne peu de dégâts ?
La confiance excessive dans l’efficacité du dispositif de gestion des incendies explique aussi que les outils disponibles en matière d’aménagement du territoire sont peu ou mal mobilisés dans le massif landais. Seules 13 communes sont dotées de Plans de prévention du risque incendie de forêt (PPRIF).
Établis sur prescription du préfet, ils peuvent interdire les constructions nouvelles dans les zones les plus à risque, les subordonner au respect de certaines mesures de sécurité et même imposer des travaux de sécurisation des constructions existantes. Mais beaucoup d’acteurs du massif landais, à commencer par de nombreux maires, ont jusqu’à présent considéré l’outil comme trop contraignant car contrariant de façon excessive les projets d’urbanisation. Sans que l’État fasse preuve non plus d’une grande volonté à les voir se généraliser.
dans The Conversation
De la même façon, la réglementation impose aux propriétaires de débroussailler un périmètre de 50 mètres autour de leur maison. En évitant que les bâtiments soient au contact direct de la végétation, cette mesure permet de mieux les protéger et de faciliter l’action des secours. Or malgré des campagnes de sensibilisation nombreux sont les résidents de communes forestières qui ne respectent pas pleinement ces consignes, voire les ignorent.
De leur côté, communes et services de l’État montrent souvent peu d’empressement à faire appliquer rigoureusement cette réglementation contraignante. Or cette négligence accroît la vulnérabilité des populations et
des constructions, tout en compliquant l’intervention des secours.
A l’heure du changement climatique : anticiper les risques
Les leçons tirées de ce qui se passe ailleurs dans le monde indiquent qu’il est illusoire de croire que le simple renforcement des dispositifs actuels de gestion des incendies par toujours plus de moyens d’extinction, suffira à affronter le double défi du changement climatique et de l’urbanisation.
Sans action sur les causes, sans intégration du risque dans la prise de décision en matière d’aménagement du territoire et sans prise de conscience des populations et des pouvoirs publics locaux, le coût de la lutte deviendra exorbitant et sa capacité à assurer la protection des populations et celle des forêts de plus en plus incertaine au fur et à mesure que le changement climatique s’intensifiera. Car les techniques de lutte sont largement impuissantes face aux grands incendies.
Alors que la gestion actuelle mise surtout sur la réactivité face à l’événement, il est indispensable de penser davantage dans une logique anticipatrice, à long terme.
Macron responsable de l’audience des partis radicaux
En tuant en grande partie les partis de gouvernement ( PS et Républicains), Macron a donné l’occasion aux partis extrêmes d’exister et de se faire entendre avec le risque qu’un jour ils prennent le pouvoir car le flou de l’idéologie macroniste et la virtualité du parti En marche ne résisteront pas à l’après Macron.
La nouvelle donne politique, née avec l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir en 2017, a transformé le mode d’opposition sur lequel fonctionne notre démocratie, analyse Alexandre Viala, professeur de droit public, dans une tribune au « Monde ».
Lors d’une interview sur BFM-TV, le 5 juillet, Gérald Darmanin a distingué deux types d’opposition à la majorité présidentielle : si les députés Les Républicains et certains députés socialistes ou écologistes sont des « adversaires » avec lesquels il serait permis de trouver des compromis pour voter les lois, le Rassemblement national (RN) et La France insoumise seraient en revanche des « ennemis » sur lesquels il est impossible de compter. Le propos a choqué nombre de parlementaires qui, au sein de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) et du RN, se sont sentis regardés comme les parias de l’arc républicain, alors qu’ils représentent des millions d’électeurs à l’Assemblée nationale.
Les mots du ministre de l’intérieur ne devraient pourtant guère surprendre dès lors qu’ils s’inscrivent dans le prolongement de la stratégie d’Emmanuel Macron depuis le début de son aventure électorale. Pour conquérir l’Elysée en 2017, il a affaibli ses adversaires en s’appropriant les valeurs communes aux deux formations politiques à vocation majoritaire, de droite comme de gauche, afin d’être le seul à pouvoir tenir lieu de rempart au RN.
Dans un passé récent, Eric Dupond-Moretti a justifié son entrée en campagne dans les Hauts-de-France en vue de déstabiliser Xavier Bertrand aux élections régionales de juin 2021, avec la même nuance sémantique que celle de Gérald Darmanin : « Xavier Bertrand est un adversaire, précisait-il, Marine Le Pen un ennemi. » Révélatrice de l’évolution des rapports de force partisanes, cette stratégie consistant à affaiblir l’adversaire pour affronter confortablement l’ennemi est particulièrement intéressante du point de vue de la philosophie politique.
Depuis 2017, une règle tacite oriente le jeu de la campagne présidentielle, réitéré en 2022 : le Graal revient à celui qui se qualifiera en finale face à la représentante d’un électorat protestataire qui a fait sociologiquement sécession en se maintenant solidement au-dessus de 20 %, sans pouvoir rassembler au second tour. Pour nourrir cette stratégie gagnante, Emmanuel Macron a substitué au vieux clivage gauche-droite, celui qui oppose, disait le philosophe Karl Popper, les partisans de la société ouverte [démocratique et gouvernée par la raison] face aux tenants de la société fermée. Cette nouvelle donne politique est le symptôme d’une évolution sociologique qui outrepasse le contexte hexagonal.
Sondage crise politique : Macron responsable pour 70 %
D’après une étude Odoxa Backbone Consulting pour Le Figaro, 83% des Français jugent qu’Emmanuel Macron ressort affaibli de ces élections et 76% estiment qu’il sera empêché de mettre en œuvre son programme. Pire encore, 70% des sondés affirment que le chef de l’État porte lui-même la responsabilité de cette situation politique. Même parmi les sympathisants du parti présidentiel, 40% des sondés imputent cet échec à Emmanuel Macron.
Cette déconvenue amène également les électeurs à souhaiter un changement à Matignon. Bien que ce soit une prérogative du président, la pratique oblige à choisir un premier ministre avec le soutien de la majorité parlementaire. Après les résultats décevants de la coalition présidentielle, les Français sont 57% à ne plus vouloir Élisabeth Borne à Matignon. Un souhait plus marqué parmi les sympathisants du Rassemblement national (75%), de Reconquête (66%) et de La France Insoumise (64%). Seuls les partisans de LREM (32%) et des Républicains (40%) préféreraient qu’elle reste en place. Élisabeth Borne, deuxième femme première ministre sous la Ve République, n’est en fonction que depuis le 16 mai 2022.
Une large majorité de Français (80%) convient que le RN est le grand gagnant de ces élections. Seuls 55% jugent que c’est la Nupes qui a remporté ce scrutin, avec 131 sièges, répartis entre les Insoumis (72), les socialistes (24), les écologistes (23) et les communistes (12). La coalition pour la majorité présidentielle est considérée comme perdante par 77% des Français interrogés, presque autant que les Républicains et l’UDI (81%), qui ont vu leur nombre de députés passer de 100 à 64. Pour autant, 57% des Français souhaitent que LR et l’UDI restent dans l’opposition et votent les lois au cas par cas.
Abstention : l’absence d’offre politique est responsable
L’adéquation entre l’offre politique et la demande populaire n’a jamais existé, mais elle est encore davantage compromise aujourd’hui, estiment dans une tribune au « Monde », les politistes Pierre-Henri Bono et Janine Mossuz-Lavau.
Il est certain que le fossé ne cesse de s’agrandir du fait de l’obsolescence de l’offre politique, voire de sa caricature, face à l’évolution de la demande du citoyen. Les tracts récents reçus pour les législatives témoignent du côté archaïque de cette offre qui évidemment ne peut convaincre nombre de citoyens bien conscients que les changements d’orientation sont autrement plus complexes que ces promesses de coiffeur à la veille d’élections. NDLR
Quand croissent l’abstention et le vote en faveur des extrêmes, quand se déploie la défiance, s’élève une déploration récurrente, se référant à un bon vieux temps où l’offre (les partis, les élus, les détenteurs de pouvoir) et la demande (les « vraies-gens-dans-la-vraie-vie ») auraient cohabité pacifiquement, sinon harmonieusement. Mais ne faut-il pas plutôt admettre que cette concorde n’est plus ce qu’elle n’a jamais été ? Et qu’il ne peut y avoir de véritable entente entre cette offre et cette demande…
A l’aide des données accumulées au Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof), nous avons les moyens de prendre la mesure de cette distorsion, qui s’affirme au fil des ans. De faire parler ce malaise. De le cerner en son cœur même.
Depuis les années 1970, on observe une augmentation régulière du nombre de personnes qui ne sont pas en mesure de désigner un parti dont elles se sentiraient le plus proches – ou le moins éloignées. Dans la période récente, jusqu’à 30 % de l’électorat ne se reconnaît pas dans l’offre qui lui est proposée. De là des conclusions hâtives sur une société où les repères traditionnels ne seraient plus de mise, balayés par la mondialisation, la modernisation, sans compter les « responsabilités » des deux parties. D’un côté, un personnel politique qui chercherait davantage à se servir qu’à servir et, de l’autre, des électeurs et électrices qui seraient devenus « individualistes ». Mais peut-il en être autrement ? L’offre et la demande peuvent-elles faire bon ménage ? Deux raisons, selon nous, poussent à répondre par la négative.
La première, structurelle, tient à la composition du corps électoral. Retour aux sources. A l’origine, en 1789, les représentants à la Chambre, des hommes et des propriétaires, ne sont pas très éloignés de ceux qu’ils représentent, et leurs décisions sont en phase avec les intérêts de ces derniers. Maisdepuis le XIXe siècle, ce corps électoral n’a cessé de s’agrandir : suppression du cens, suffrage « universel masculin », puis vote des femmes, vote dès l’âge de 18 ans, entrée des citoyens de l’Union européenne pour les élections européennes et locales, croissance démographique. Comment l’offre pourrait-elle prendre en charge les desiderata de cette demande aux mille et une facettes ? Comment près de 49 millions d’électeurs et d’électrices peuvent-ils être satisfaits des décisions de 577 députés, 348 sénateurs, quelques dizaines de gouvernants, un président de la République et des centaines ou milliers d’élus locaux ?
Quatre ans après un premier rapport, la situation n’a pas évolué: environ une mort prématurée sur six dans le monde est liée à la pollution, déplore la Commission sur la pollution et la santé du Lancet.
La pollution était responsable de la mort prématurée de neuf millions de personnes en 2019, selon une étude publiée mercredi 18 mai dans la revue Lancet, un bilan qui ne s’améliore pas, principalement à cause de la mauvaise qualité de l’air et des polluants chimiques, le plomb notamment.
Quatre ans après un premier rapport, la situation n’a pas évolué: environ une mort prématurée sur six dans le monde est liée à la pollution, déplore la Commission sur la pollution et la santé du Lancet. La pollution et les déchets créés par les humains rejetés dans l’air, l’eau et le sol tuent rarement directement, mais sont à l’origine de graves maladies du cœur, de cancers, de problèmes respiratoires ou de diarrhées aiguës. «Les effets sur la santé restent énormes, et les pays à faible et moyen revenus en subissent le poids», résume l’auteur principal et codirecteur de la commission Richard Fuller. Ils concentrent en effet 92% de ces décès et la majeure partie des pertes économiques qui en découlent. «L’attention et le financement n’ont que très peu augmenté depuis 2015, malgré une augmentation bien documentée des préoccupations du public en matière de pollution et de ses effets sur la santé», se lamente-t-il, cité dans un communiqué.
Si les décès prématurés liés aux types de pollutions associées à l’extrême pauvreté sont en repli, ceux liés à la pollution de l’air et à la pollution par produits chimiques augmentent. «L’effet de la pollution sur la santé reste bien plus important que celui de la guerre, du terrorisme, de la malaria, du VIH, de la tuberculose, des drogues et de l’alcool, et le nombre de morts causées par la pollution rivalise avec celles causées par le tabac», est-il souligné. En 2019, 6,7 millions des morts prématurées sont attribuables à la pollution de l’air, 1,4 million à la pollution de l’eau, 900.000 au saturnisme. «Le fait que la situation du plomb s’aggrave, principalement dans ces pays plus pauvres, et s’accélère en termes de nombre de décès, est horrible», s’est inquiété Richard Fuller auprès de l’AFP. Une exposition à la substance toxique peut, par ailleurs, générer des retards dans le développement cognitif des enfants.
Si la mortalité liée à la pollution au sein du foyer (liée à la combustion de carburants ou à des problèmes d’eau ou d’hygiène) a reculé, particulièrement en Afrique, les formes «modernes» de pollution pèsent largement plus qu’il y a vingt ans. En 2000, les décès prématurés liés à la pollution de l’air ambiant s’élevaient à 2,9 millions, et 4,5 millions en 2019. Particules fines et ozone dans l’air, exposition au plomb, à des carcinogènes dans le cadre de son travail, pollutions chimiques dans l’environnement, gagnent du terrain, surtout en Asie. «Si nous ne parvenons pas à nous développer d’une manière propre et écologique, alors ce que nous faisons est terriblement mauvais», a confié M. Fuller à l’AFP.
Une quinzaine d’intellectuels de gauche parmi lesquels la directrice de la revue « Esprit » Anne-Lorraine Bujon et l’historien Benjamin Stora, affirment, dans une tribune au « Monde », qu’ils voteront pour Emmanuel Macron au second tour, mais l’appellent à revoir son programme pour éviter « la catastrophe ».
Tribune.
Le Rassemblement national est aux portes du pouvoir. Dimanche 24 avril, Marine Le Pen peut gagner l’élection présidentielle. On peut aussi craindre que le second tour soit marqué par un fort taux d’abstention. Bien entendu, on peut comprendre les motivations de celles et ceux que cet affrontement ne passionne pas, et qui voudraient se retirer du jeu. Mais, qu’ils ou elles le veuillent ou non, ils ou elles en sont partie prenante, et l’abstention viendra mécaniquement renforcer le score du mieux placé des deux candidats. C’est pourquoi si, comme le dit justement Jean-Luc Mélenchon, « pas une voix ne doit aller à Marine Le Pen », cela ne suffit néanmoins pas. C’est pourquoi nous voterons Emmanuel Macron au deuxième tour de l’élection présidentielle.
Mais c’est à ce dernier qu’il incombe au premier chef de faire refluer l’abstention qui menace de faire passer Marine Le Pen : en 2002, Jacques Chirac a fait mine de ne pas voir que son immense succès du second tour ne valait pas soutien à sa personne et à son programme, mais signifiait le rejet de son adversaire. Même chose avec Emmanuel Macron en 2017, qui a cru pouvoir confondre légitimité institutionnelle du président élu et soutien à son programme. Il ne peut en être de même en 2022, sauf à courir à la catastrophe.
Dans tous les pays démocratiques, c’est à une large coalition des démocrates que l’on assisterait, comme on l’a vu plusieurs fois en Allemagne notamment. La logique institutionnelle française n’étant pas la même, une telle coalition n’est pas possible. Mais il faut que le candidat s’adresse à toutes et tous, alors que les gauches toutes confondues font 30 % des votants.
En revanche, s’enferrer dans la défense de « son » projet, comme c’est le cas d’Emmanuel Macron et de ses représentants, c’est être aveugle à la nécessité de rassembler bien au-delà de son camp, pour la défense des valeurs de la démocratie et de l’Etat de droit. Pourtant, c’est la seule base sur laquelle peuvent se rassembler toutes celles et tous ceux qui refusent la perspective néfaste d’une victoire du Rassemblement national.
Cela veut dire mettre l’accent sur la démocratisation de nos institutions, la reconnaissance du Parlement (ce qui signifie en finir avec l’absurde calendrier électoral actuel qui place les législatives dans la foulée de l’élection présidentielle, et revenir d’une manière ou d’une autre à des législatives à mi-mandat), faire confiance aux diverses collectivités territoriales, et faire vivre la démocratie sociale, en s’appuyant sur des partenaires sociaux, et/ou en inventant des formes nouvelles de consultation, comme aurait pu l’être la convention citoyenne pour le climat, si elle avait été suivie d’effets.
Croissance de l’ extrêmisme: Macron, Premier responsable du phénomène
Frédéric Dabi, Directeur général Opinion de l’IFOP donne sa lecture de la situation politique au vu des derniers sondages à trois jours d’un premier tour qui semble annoncer un nouveau match Macron/Le Pen, mais un second tour le 24 avril beaucoup plus serré et incertain.( La Tribune)
On disait que les Français ne voulaient pas de ce match retour Macron/Le Pen et pourtant les sondages les placent à nouveau en tête du premier tour de la Présidentielle de 2022. Le candidat Macron avait promis en 2017 de « faire reculer les extrêmes ». A-t-il échoué ?
Son objectif n’a à l’évidence pas été atteint. En 2017, le total des voix Mélenchon/Le Pen/Dupont-Aignan/Asselineau était très élevé, à près de 47%. A trois jours du premier tour de 2022, le total Mélenchon/Dupont-Aignan, Zemmour, Le Pen dépasse 50%.
Mélenchon est d’extrême-gauche selon vous ?
On peut remettre en cause cette qualification et l’addition que je viens de faire. Il n’en reste pas moins que le niveau historiquement bas, voire la quasi-disparition des « partis dits de gouvernement », LR et PS, est amplifié en 2022. Et qu’une majorité de Françaises et de Français se tournent vers un vote de colère et pour les extrêmes. Le bloc Macron reste important, plus élevé même qu’en 2017 : c’est le vote de la France qui va bien, mais Emmanuel Macron n’a pas réussi en cinq ans à faire reculer le bloc tribunicien qui capte l’électorat populaire, crispé après deux ans de Covid dans un sentiment général d’être victime de la mondialisation.
Samedi, les Français vont faire leurs courses et dimanche ils vont voter. Enfin, pour celles et ceux, le quart voire le tiers des électeurs semble-t-il, qui ne s’abstiendront pas. Le choc des prix sur le caddie aura-t-il un impact dans les urnes ? On a le sentiment que le thème du pouvoir d’achat, endossé par Marine Le Pen, a pris le dessus même sur les questions
Trouver des placements rentables « et » responsables (Denis Alexandre)
Depuis quelques mois, l’inflation n’est plus considérée par les banques centrales comme un phénomène passager, mais au mieux comme un évènement qui durera plusieurs semestres au moins. En période d’inflation, il est souvent recommandé d’augmenter la part des matières premières dans son allocation d’actifs. Les matières premières constituent en effet une couverture « naturelle » de l’inflation car, qu’elles soient agricoles ou énergétiques, elles sont souvent un facteur de la poussée inflationniste. Une étude a montré qu’entre 1970 et 2015, cette classe d’actifs a réalisé une performance de 22% lors des périodes de « surinflation ».
Grâce à la multitude d’ETF (fonds cotés en Bourse) sur les marchés, il est très simple d’investir soit dans un indice de matières premières diversifié comme le Refinitiv core commodity index (CRB), en hausse de 30% depuis le début de l’année, ou dans son équivalent spécialisé sur certaines matières premières agricoles (blé, soja, coton, sucre…) ou d’énergie (pétrole, gaz…). Mais en décidant d’accroître son allocation vers les matières premières, l’investisseur doit avoir en tête qu’il augmentera la demande sur ce type d’actifs et donc les prix. Les conséquences induites ne sont pas neutres en matière de « soutenabilité » :
Sur les matières agricoles comme le blé: des émeutes de la faim comme celles qu’ont connues certains pays africains en 2008 où à l’époque le blé avait doublé en un an.
Sur le pétrole : l’affaiblissement du pouvoir d’achat des populations est une première conséquence, mais elle s’accompagne d’une modification du mix énergétique, rendant à nouveau rentables de nouvelles utilisations d’énergies plus polluantes comme les gaz et pétrole de schiste ou même le charbon, comme nous le montre la crise ukrainienne actuelle.
Face à un marché incertain, il est également recommandé de diversifier son allocation avec de la gestion alternative qui se veut décorrélée des marchés actions. Or, si les stratégies des hedge funds sont extrêmement variées, la spécialisation de certains sur des classes d’actifs ou des stratégies particulières soulève des questions.
Sur les matières premières par exemple, un des plus connus est celui de Pierre Andurand qui a gagné plus de 100% depuis le début de l’année grâce à la hausse des prix de l’énergie, qu’il a su anticiper. Il n’a aucune contrainte ESG (environnementale, sociale ou de gouvernance) à respecter sur ces prises de position car ses investisseurs ne lui en imposent aucune…
D’autres, les commodity trading advisors (CTA), s’appuient sur des stratégies quantitatives l–’une d’elle consiste à « suivre la tendance » et investir sur tout type d’actifs dès qu’une tendance haussière ou baissière est détectée. Ils ont bénéficié de la hausse des matières premières avec des gains de plus de 10% cette année et ont amplifié les mouvements de hausse en aggravant les conséquences sociales décrites ci-dessus.
Certains hedge funds ont, au contraire, mis les critères ESG au cœur de leur stratégie. C’est le cas du hedge fund « activiste » TCI de Christopher Hoen,qui gère 40 milliards de dollars. Il a eu un impact certain dans les sociétés où il investissait, en militant pour une gouvernance beaucoup plus exigeante en matière de transition énergétique. Sa performance (23% en 2021) a toujours été positive au cours des treize dernières années, ce qui prouve que, même pour des fonds spéculatifs, l’ESG n’est pas forcément synonyme de baisses de performance.
La gestion alternative ne se résume pas aux hedge funds : le private equity est une autre classe d’actifs pouvant apporter de la diversification dans des marchés incertains et volatils. Mais lui aussi n’est pas exempt de critiques.
Comme le soulignait la passionnante étude de The Economist parue en février, des grands groupes cotés en Bourse ont dû se séparer d’actifs extrêmement rentables sous la pression de leurs investisseurs voulant respecter leurs critères environnementaux. Les grands noms du private equity (KKR, Blackstone, Carlyle) ont ainsi pu acheter pour 60 milliards de dollars d’actifs liés au pétrole, gaz et charbon. Il y a donc un paradoxe et une certaine hypocrisie : ces mêmes investisseurs (fonds de pension, fondations, fonds souverains…) poussent leurs participations cotées à sortir de ces actifs pour respecter leurs critères ESG et les rachètent à travers leur poche « private equity »,qui n’a pas ce type de contraintes.
Le bitcoin est souvent comparé par ses fans à l’or en plus efficient : le nombre de bitcoins en circulation a été limité dès sa conception, et il s’échange et se transporte plus facilement (un simple mot de passe). Il serait le seul refuge possible dans le monde inflationniste crée par la « folie » des banques centrales pendant la crise de la Covid.
Indépendamment de son caractère ô combien spéculatif, comme le montrent ses variations et tous les produits à effet de levier sur ce sous-jacent, il pose une vraie question de gaspillage énergétique, à l’heure du réchauffement climatique. Le Monde donne l’exemple de la plus grande usine de « minage » de bitcoins aux Etats-Unis, qui consommerait l’équivalent d’un demi-réacteur nucléaire ; le Guardian celui de la réouverture d’une mine de charbon dans le Montana pour satisfaire une autre entreprise de minage. Or les fans du bitcoin expliquent qu’au contraire, il est la solution pour l’optimisation et la rentabilité des énergies renouvelables. Fâcheux paradoxe !
Dans un environnement de marché complexe, s’ajoutent des contraintes ESG qui n’existaient pas il y a encore quelques années, ce qui rend la tâche des investisseurs, notamment institutionnels, encore plus difficile. Néanmoins, prendre un peu de recul et se poser les bonnes questions n’est pas si complexe. A moins que, comme Tartuffe, la tentation du rendement à tout prix pèse beaucoup plus lourd que les grands principes proclamés.
Denis Alexandre est professeur de finance et consultant en gestion des risques et marché de capitaux.
Les fake news financières prolifèrent et une question agite le monde des médias : au-delà des hackers et des activistes de la désinformation, qui de l’entreprise émettrice ou des journalistes doit en être tenu responsable ? Quelles réponses et solutions concrètes peut-on apporter? Par Jérôme Lascombe, président de Wiztopic et cofondateur de Wiztrust.
En 2021, les fausses informations ont connu un essor sans précédent. On se souvient notamment des hackers ayant diffusé la fake news selon laquelle Walmart allait utiliser le Litecoin, pour manipuler le marché des cryptomonnaies et faire une grosse plus-value. Ou encore du groupe d’activistes qui, en avril, relaie l’information selon laquelle Galp abandonne sa participation dans le nord du Mozambique, afin de dénoncer les pratiques jugées peu éco-responsables du groupe pétrolier portugais.
Qu’il s’agisse de hackers ou d’activistes, chacun s’accorde à pointer ces acteurs comme les premiers responsables de la publication de ces fausses informations. Mais dans un contexte où ces acteurs sont insaisissables, une question devient de plus en plus prégnante : qui, de l’entreprise émettrice de l’information ou du média qui la relaye, doit aussi assumer une part de responsabilité dans la publication de ces fake news ?
D’un côté, les médias connaissent un afflux d’informations à traiter et à diffuser jamais connu auparavant. Face à cet amas de communiqués de presse, bon nombre de journalistes peinent à jongler entre la vérification de l’authenticité de l’information et la nécessité de la publier au plus vite. Ce phénomène est amplifié pour les agences de presse financière qui publient en temps réel.
En France, la jurisprudence montre la responsabilité des médias dans ces situations. On peut notamment citer la condamnation de l’agence Bloomberg qui, après avoir repris un faux communiqué de presse en novembre 2016, avait été condamnée en première instance par l’Autorité des marchés financiers (AMF) puis en appel à payer une forte amende.
D’un autre côté, l’AMF décrit ce qu’elle attend des entreprises émettrices d’informations dans l’article 221-4 de son Règlement Général. Celui-ci indique que « L’information réglementée est transmise aux médias dans son intégralité et d’une manière qui garantisse la sécurité de la transmission, minimise le risque de corruption des données et d’accès non autorisé et apporte toute certitude quant à la source de l’information transmise« .
De ce point de vue, l’entreprise émettrice a aussi des obligations en termes de sécurité et de traçabilité de son information, ne serait-ce que pour éviter que ces actionnaires fassent les frais d’une fake news. De fait, elle a une part de responsabilité si elle n’adopte pas de bonnes pratiques. Sans compter le fait que les wires, systèmes de diffusion de communiqués de presse, sont souvent considérés par les entreprises et par les médias comme des canaux assurant l’authenticité des informations… alors que ce n’est pas leur rôle.
La responsabilité de la publication des fake news dans le secteur économique est donc un vrai sujet, où toutes les parties prenantes de l’information peuvent être mises en cause, de l’émetteur de ces informations aux médias, en passant par les entreprises et les wires qu’elles utilisent. L’accélération du temps des médias et la diffusion des communiqués de presse de manière archaïque, via des boîtes emails non-sécurisées, créent un terrain idéal pour hackers et activistes, qui s’emparent de cette situation pour manipuler les cours ou secouer la réputation des entreprises.
Mais si les nouvelles technologies sont à l’origine du phénomène, c’est aussi par elles que l’on peut trouver une solution. Certains médias et entreprises adoptent des solutions de certification basées sur la blockchain permettant de réduire drastiquement le risque de publication de fausses informations.
Côté entreprise, la blockchain permet de tracer une information, donc d’en authentifier la source, et de pouvoir confirmer qu’un communiqué de presse n’a pas été altéré. Côté média, elle permet de vérifier en temps réel l’émetteur de l’information. De quoi lutter contre les hackers et les activistes, sans alourdir les process des différentes parties prenantes de l’information.
C’est donc bien dans la blockchain qu’émergent les solutions les plus pérennes à ce souci de fake news. L’idée ? Utiliser cette technologie pour offrir aux investisseurs et aux médias la possibilité de vérifier en temps réel l’authenticité des informations qu’ils diffusent. Le tout pour, in fine, protéger leurs actionnaires de la désinformation, leurs dirigeants d’une usurpation d’identité, et remettre la responsabilité judiciaire de la fausse information entre les mains du réel coupable : le créateur de la fake news lui-même.
Les maisons de retraite Orpea, au centre d’un scandale de maltraitance de personnes âgées, avaient pourtant parmi les meilleures « notes » de respect de normes sociales, relève, dans sa chronique, Eric Albert, journaliste au « Monde ».
Chronique. Au départ, comme souvent en finance, se trouve une bonne idée. De plus en plus d’investisseurs souhaitent que leur argent se dirige vers des entreprises éthiques. C’est particulièrement vrai chez les jeunes générations qui ne veulent pas faire fructifier tabac, armes ou pollution.
De cette volonté, souvent sincère, est née une classification : des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) sont attribués aux entreprises. Progressivement, une véritable industrie a prospéré sur cette idée, déclinant de savantes études toujours plus sophistiquées sur les pratiques des sociétés, avec moult sigles, scores et tableaux comparatifs.
Jusqu’à 1 000 critères
Le MSCI World Index (anciennement Morgan Stanley Capital International), spécialisé dans la création d’indices boursiers, note l’ESG des entreprises de « CCC » à « AAA », sur un modèle rappelant les agences de notation. BlackRock, plus grande société d’investissement au monde, préfère attribuer des notes entre 0 et 40. ISS, une société de conseil, se vante d’analyser plus de 1 000 critères dans sa méthodologie.
La vacuité de ces classements est apparue avec le scandale des maisons de retraite Orpea. Le groupe est accusé de pratiques honteuses dans Les Fossoyeurs, le livre enquête de Victor Castanet (Fayard, 400 pages, 22,90 euros). Il y est question de personnes âgées laissées dans leurs excréments parce que les couches sont rationnées, de lits médicalisés défectueux, d’escarres grosses comme le poing, au nom d’une rentabilité financière effrénée.
Pourtant, dans son dernier rapport annuel, paru avant le scandale, l’entreprise se vantait de ses excellentes notes ESG. ISS lui donnait « C » alors que 75 % du secteur des maisons de retraite faisaient moins bien. Gaïa Rating lui attribuait 69 points, tandis que la moyenne du secteur était de 52. Comment Orpea a-t-il réussi ce miracle ? Le groupe expliquait « faire œuvre de transparence en répondant régulièrement aux questionnaires des agences de notation extrafinancières ». Il organisait aussi des visites des établissements pour les analystes ESG. Force est de constater que ceux-ci sont complètement passés à côté du problème.
Les fournisseurs de notes ESG n’utilisent pas toutes les mêmes critères ni les mêmes méthodes
Une bonne note ESG n’est pas un simple avantage marketing. Elle permet aussi d’attirer les investisseurs. Grâce à sa bonne note, Orpea s’est retrouvée présente dans toute une série d’indices boursiers soi-disant vertueux : FTSE4Good, Stoxx France 90 ESG-X, etc. Ces indices sont aujourd’hui très influents : un investisseur qui se veut « responsable » peut donner comme instruction d’y mettre son argent, sans nécessairement connaître dans le détail chacune des entreprises le composant.
Politique-Macron responsable de la droitisation du pays (Piketti) ?
Le macronisme au pouvoir a déplacé une bonne partie des électeurs et des élus du centre gauche vers le centre droit, analyse l’économiste dans sa chronique au Monde.
Piketti, pourtant assez souvent pertinent , tombe sans doute dans le piège partisan en affirmant que Macron est le principal responsable de la droitisation dans le pays. En effet ,le paysage politique n’a pas eu tellement besoin de Macron pour glisser sous l’effet des désillusions de la gauche. Une gauche qui a beaucoup promis et n’a jamais tenu ses promesses. Pire qui est passée du discours radical voire révolutionnaire des campagnes électorales à la gestion la plus traditionnelle est la plus piteuse quand elle était au pouvoir. Une gauche de gouvernement qui sociologiquement n’a jamais été composé des couches moyennes et populaires qu’elle est supposée représenter. Bref jusque-là l’échec réitéré de la social-démocratie. Après celui de la SFIO, celui du parti socialiste. Et que dire des radicaux révolutionnaires écolos et autres gauchistes dans l’implantation dans les milieux populaires a toujours été relativement marginal voire nul.
Chronique.
Comment expliquer la droitisation extrême du paysage politique français ? Même si la question est complexe et admet des réponses multiples, il ne fait guère de doute que l’expérience du macronisme porte une responsabilité écrasante.
Soyons clairs : la dispersion des candidatures à gauche et l’effet de découragement produit sur les électeurs contribuent aussi à expliquer cette situation. Cette explication est toutefois insuffisante. Si l’on additionne l’ensemble des candidats de gauche (socialistes, écologistes, « insoumis », communistes, etc.), on arrive péniblement, d’après la dernière enquête réalisée par Le Monde en décembre, à 27 % des intentions de vote au premier tour de l’élection présidentielle prévu le 10 avril 2022, contre 29 % en totalisant les deux candidats d’extrême droite (Zemmour et Le Pen), 17 % pour la candidate de droite (Pécresse) et 24 % pour le président sortant, qui, pour simplifier, peut être placé au centre droit, et est d’ailleurs de plus en plus perçu comme tel par les électeurs. Nulle part chez nos voisins on n’observe une telle faiblesse de la gauche. Les partis sociaux-démocrates, socialistes, travaillistes ou démocrates sont au pouvoir en Allemagne et en Espagne, ou en situation d’y revenir lors des prochaines élections au Royaume-Uni et en Italie.
Il faut certes prendre en compte que le Parti socialiste a été au pouvoir en France pendant vingt ans au cours des quarante dernières années, ce qui a pu nourrir une lassitude particulière. Par comparaison, les sociaux-démocrates ont été au pouvoir seulement sept ans en Allemagne et les travaillistes treize ans au Royaume-Uni. Il n’y a qu’en Espagne que les socialistes ont été davantage au pouvoir, ce qui a d’ailleurs fini par alimenter une scission au sein de la gauche, avec l’émergence de Podemos, que les deux partis ont eu bien du mal à surmonter, pour finalement gouverner ensemble. En France, il aurait sans doute fallu que le centre gauche reconnaisse ses erreurs au pouvoir et se tourne davantage vers La France insoumise après la débâcle de 2017. Cela n’aurait peut-être pas suffi, mais il est toujours temps d’essayer.
La droitisation extrême du paysage politique français peut également s’expliquer par d’autres facteurs spécifiques, à commencer par un traumatisme postcolonial et franco-algérien particulièrement virulent en France. La nostalgie de l’Algérie française et le terreau xénophobe qui entoure ces plaies toujours vives ont ainsi joué un rôle central dans l’émergence du lepénisme comme du zemmourisme.
Macron responsable de la droitisation du pays (Piketti) ?
Le macronisme au pouvoir a déplacé une bonne partie des électeurs et des élus du centre gauche vers le centre droit, analyse l’économiste dans sa chronique au Monde.
Piketti, pourtant assez souvent pertinent , tombe sans doute dans le piège partisan en affirmant que Macron est le principal responsable de la droitisation dans le pays. En effet ,le paysage politique n’a pas eu tellement besoin de Macron pour glisser sous l’effet des désillusions de la gauche. Une gauche qui a beaucoup promis et n’a jamais tenu ses promesses. Pire qui est passée du discours radical voire révolutionnaire des campagnes électorales à la gestion la plus traditionnelle est la plus piteuse quand elle était au pouvoir. Une gauche de gouvernement qui sociologiquement n’a jamais été composé des couches moyennes et populaires qu’elle est supposée représenter. Bref jusque-là l’échec réitéré de la social-démocratie. Après celui de la SFIO, celui du parti socialiste. Et que dire des radicaux révolutionnaires écolos et autres gauchistes dans l’implantation dans les milieux populaires a toujours été relativement marginal voire nul.
Chronique.
Comment expliquer la droitisation extrême du paysage politique français ? Même si la question est complexe et admet des réponses multiples, il ne fait guère de doute que l’expérience du macronisme porte une responsabilité écrasante.
Soyons clairs : la dispersion des candidatures à gauche et l’effet de découragement produit sur les électeurs contribuent aussi à expliquer cette situation. Cette explication est toutefois insuffisante. Si l’on additionne l’ensemble des candidats de gauche (socialistes, écologistes, « insoumis », communistes, etc.), on arrive péniblement, d’après la dernière enquête réalisée par Le Monde en décembre, à 27 % des intentions de vote au premier tour de l’élection présidentielle prévu le 10 avril 2022, contre 29 % en totalisant les deux candidats d’extrême droite (Zemmour et Le Pen), 17 % pour la candidate de droite (Pécresse) et 24 % pour le président sortant, qui, pour simplifier, peut être placé au centre droit, et est d’ailleurs de plus en plus perçu comme tel par les électeurs. Nulle part chez nos voisins on n’observe une telle faiblesse de la gauche. Les partis sociaux-démocrates, socialistes, travaillistes ou démocrates sont au pouvoir en Allemagne et en Espagne, ou en situation d’y revenir lors des prochaines élections au Royaume-Uni et en Italie.
Il faut certes prendre en compte que le Parti socialiste a été au pouvoir en France pendant vingt ans au cours des quarante dernières années, ce qui a pu nourrir une lassitude particulière. Par comparaison, les sociaux-démocrates ont été au pouvoir seulement sept ans en Allemagne et les travaillistes treize ans au Royaume-Uni. Il n’y a qu’en Espagne que les socialistes ont été davantage au pouvoir, ce qui a d’ailleurs fini par alimenter une scission au sein de la gauche, avec l’émergence de Podemos, que les deux partis ont eu bien du mal à surmonter, pour finalement gouverner ensemble. En France, il aurait sans doute fallu que le centre gauche reconnaisse ses erreurs au pouvoir et se tourne davantage vers La France insoumise après la débâcle de 2017. Cela n’aurait peut-être pas suffi, mais il est toujours temps d’essayer.
La droitisation extrême du paysage politique français peut également s’expliquer par d’autres facteurs spécifiques, à commencer par un traumatisme postcolonial et franco-algérien particulièrement virulent en France. La nostalgie de l’Algérie française et le terreau xénophobe qui entoure ces plaies toujours vives ont ainsi joué un rôle central dans l’émergence du lepénisme comme du zemmourisme.
Covid 19 : le laxisme européen responsable de la pandémie (OMS)
Avec plus de 2,5 millions de cas et près de 30.000 morts enregistrés depuis une semaine, le Vieux Continent est de loin la région du monde la plus touchée par la pandémie, selon les données officielles collectées par l’AFP. Et la tendance reste à la hausse.
L’Organisation mondiale de la santé tire la sonnette d’alarme sur la situation sanitaire dans le Vieux continent. L’OMS s’est inquiétée dans un communiqué publié mardi 23 novembre de l’ »emprise » de la pandémie de Covid-19 en Europe, estimant qu’elle pourrait être à l’origine de 700 000 morts de plus dans le continent, d’ici le printemps 2022. Si ce scénario se confirmait, il y porterait le nombre total de décès à 2,2 millions.
« On peut s’attendre à ce que les lits d’hôpitaux soient soumis à une pression élevée ou extrême dans 25 pays et à une pression élevée ou extrême dans les unités de soins intensifs dans 49 des 53 pays d’ici au 1er mars 2022. Les décès cumulés signalés devraient atteindre plus de 2,2 millions d’ici le printemps prochain, sur la base des tendances actuelles », a expliqué l’organisation dans un communiqué.
Actuellement, plus de 1,5 million de personnes sont mortes du Covid-19 dans la région.
Pour l’OMS, l’augmentation des cas s’explique par la combinaison de la prévalence du variant Delta hautement contagieux, d’une couverture vaccinale insuffisante et de l’assouplissement prématuré des mesures anti-Covid-19.
Selon ses données, les décès liés à la pandémie ont plus que doublé depuis fin septembre, passant de 2 100 par jour à près de 4 200 quotidiens.
Covid : le laxisme européen responsable de la pandémie (OMS)
En dépit du haut niveau de vaccination en Europe, le laxisme général des gouvernements a grandement favorisé la diffusion de la cinquième vague. Une nouvelle fois l’Europe a considéré prématurément que la pandémie était terminée et a autorisé depuis l’été un énorme brassage de population à l’origine de la diffusion de la maladie. Ou quand la démagogie prend le pas sur l’intérêt général. Avec plus de 2,5 millions de cas et près de 30.000 morts enregistrés depuis une semaine, le Vieux Continent est de loin la région du monde la plus touchée par la pandémie, selon les données officielles collectées par l’AFP. Et la tendance reste à la hausse.
L’Organisation mondiale de la santé tire la sonnette d’alarme sur la situation sanitaire dans le Vieux continent. L’OMS s’est inquiétée dans un communiqué publié mardi 23 novembre de l’ »emprise » de la pandémie de Covid-19 en Europe, estimant qu’elle pourrait être à l’origine de 700 000 morts de plus dans le continent, d’ici le printemps 2022. Si ce scénario se confirmait, il y porterait le nombre total de décès à 2,2 millions.
« On peut s’attendre à ce que les lits d’hôpitaux soient soumis à une pression élevée ou extrême dans 25 pays et à une pression élevée ou extrême dans les unités de soins intensifs dans 49 des 53 pays d’ici au 1er mars 2022. Les décès cumulés signalés devraient atteindre plus de 2,2 millions d’ici le printemps prochain, sur la base des tendances actuelles », a expliqué l’organisation dans un communiqué.
Actuellement, plus de 1,5 million de personnes sont mortes du Covid-19 dans la région.
Pour l’OMS, l’augmentation des cas s’explique par la combinaison de la prévalence du variant Delta hautement contagieux, d’une couverture vaccinale insuffisante et de l’assouplissement des mesures anti-Covid-19.
Selon ses données, les décès liés à la pandémie ont plus que doublé depuis fin septembre, passant de 2 100 par jour à près de 4 200 quotidiens.