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La réponse européenne au protectionnisme américain: très insuffisante

La réponse européenne au protectionnisme américain: très insuffisante

Par Nicolas Ravailhe, Institut francophone de stratégies européennes, enseignant École de guerre économique et avocat au barreau de Bruxelles (droit européen).
Écoutez cet article dans la Tribune.

La réponse européenne à « l’Inflation Reduction Act » (IRA) n’est pas à la hauteur. Certes, les règles européennes en matière d’aides d’État – le droit des États membres et de leurs territoires d’utiliser de l’argent public pour aider des opérateurs économiques – devraient être aménagées. De même, le budget de l’Union européenne (UE) sera réorganisé pour mieux utiliser les programmes actuels. Le tout sera limité aux objectifs européens de croissance verte et numérique.

Dans le match économique USA-UE, qui est le plus fort ?
L’Europe n’est pas naïve. Victoire aux points depuis des décennies pour l’UE, qui connait des excédents commerciaux aux USA très importants, en augmentation de 10 milliards d’euros en moyenne tous les ans pour arriver à un chiffre de 155 milliards d’excédents européens en 2021.

Depuis le début de la guerre russo-ukrainienne, nous assistons à une correction économique significative des USA sur les Européens, par des achats d’armements et d’énergie aux entreprises américaines. Toutefois, elle est évaluée comme étant conjoncturelle quand les succès européens aux USA sont qualifiés de structurels.

Surtout, cette correction économique permet aux États européens qui la pratiquent – Allemagne en tête – de s’assurer de précieux alliés aux USA afin d’y protéger leurs exportations. Une forme de troc s’opère : armes et énergie Made in US contre une absence de représailles sur les exportations civiles germaniques outre-Atlantique. Et tant pis, voire pour certains tant mieux, si c’est au détriment de la défense européenne et en particulier des intérêts français très forts dans ce secteur.

L’Union européenne, sous contrôle de l’Europe du Nord, est forte et stratège. Tout est mesuré en Europe. À tous les sens du terme, c’est-à-dire évalué et contenu. « Tant que le protectionnisme américain ne remet pas en cause les succès européens aux USA, la réponse de l’Europe doit être bridée. » En effet, entrer dans une guerre frontale, coups pour coups, durcirait les relations et l’Europe étant gagnante actuellement, elle aurait plus à perdre.

Certes, la France n’a pas forcément les mêmes intérêts que les autres États européens même si elle semble aussi excédentaire aux USA (données à pondérer par les ré-importations en France de produits US en provenance d’autres pays comme les Pays-Bas. Ces derniers sont déficitaires avec les USA mais ils revendent ces importations pour avoir un énorme excédent de 229 milliards d’euros en 2021 dans le marché intérieur européen.

Donc, en Europe, on s’offusque, on aménage, mais on n’apporte aucune réponse directe. La guerre économique USA-UE n’est pas un concept nouveau. La modération de l’UE est constante depuis des années face à l’extra-territorialité du droit américain – qualifiée d’arme du faible qui ne produit pas et n’exporte pas -, au pillage des données par les GAFAM aussi objet de trocs… mais au final c’est l’Europe qui a des excédents commerciaux gigantesques.

Alors que faire face à « l’Inflation Reduction Act » ?

Quelques pistes juridiques seront brandies par l’UE, notamment le respect des règles de l’OMC : https://multimedia.europarl.europa.eu/fr/video/key-debate-eu-response-to-the-us-inflation-reduction-act-meps-debate-part-1_I234795. L’Europe dispose de peu de moyens juridiques pour contrer les aides d’État étrangères. Le nouveau règlement concernant la lutte contre les subventions étrangères générant des distorsions dans le marché intérieur devrait être inopérant en l’espèce.

De plus, il est quand même compliqué pour les Européens de dénoncer la réindustrialisation des USA contre la Chine, principale visée par l’IRA. D’autant plus que les Américains encouragent les Européens à les rejoindre dans ce combat. L’Europe s’y refuse jusqu’alors afin protéger l’excédent commercial allemand en Chine et les importations néerlandaises revendues aux autres Européens via le marché intérieur (même logique qu’avec les USA cf. tableau Eurostat par États membres). Telle est une des principales causes de la désindustrialisation de la France. Notre pays a les mêmes intérêts que les Américains contre la Chine, mais nos gouvernants laissent faire la passivité européenne…

Une alliance France-USA aurait aussi du sens pour contrer les excédents commerciaux allemands dénoncés dans nos deux pays. Elle est rendue très compliquée en raison d’une concurrence franco-américaine dans les secteurs de la défense et ainsi que dans l’aéronautique civile. Le schéma est connu. L’Allemagne est protégée de mesures protectionnistes en France par le droit européen, la notion d’entrave, et elle achète des armes aux USA afin de s’offrir de puissants soutiens pour ses intérêts civils. Les USA étant une grande démocratie avec de nombreux contre-pouvoirs, les lobbyistes « pro made in Germany » en joueront à merveille pour diviser les Américains. Tant que le cadre actuel perdure, IRA compris, une seule devise « wait and see » et si possible profitons-en !

Problématique environnementale : un sujet très ancien sans réponse

Problématique environnementale : un sujet très ancien sans réponse

 

L’historien Christophe Bonneuil rappelle, dans une tribune au « Monde », que la réduction du poids des combustibles fossiles et de leurs effets néfastes sur le climat a été inscrite à l’agenda politique international dès 1972.

 

Il y a cinquante ans, le 16 juin 1972, se clôturait à Stockholm la Conférence des Nations unies sur l’environnement humain, premier sommet onusien de la Terre, avant celui de Rio, en 1992. Alors que les questions environnementales n’étaient guère mentionnées dans la Charte des Nations unies de 1945, l’« environnement » et la possibilité que les modèles de développement humain altèrent l’habitabilité de la planète se voyaient érigés en enjeu global.

Que se passe-t-il à l’approche de la conférence de Stockholm pour que « l’environnement global » soit dans toutes les bouches et que l’écologie mette des millions de personnes dans les rues (20 millions en avril 1970 lors du premier « Jour de la Terre ») ? Avec un PIB mondial multiplié par 2,5 et des échanges mondiaux quadruplant entre 1950 et 1970, la transformation massive des armements et des modes de production, d’échange et de consommation malmène déjà l’habitat terrestre. La guerre froide a déjà généré des dizaines de milliers de mètres cubes de déchets nucléaires. Le basculement vers un système énergétique à dominante pétrolière a multiplié la consommation d’énergie par 16 au XXe siècle et favorisé l’urbanisation, le règne de l’automobile, une agriculture motorisée et chimiquement perfusée. Les polluants menacent les équilibres des forêts, des océans, des zones humides et altèrent le cadre de vie et la santé des urbains. Surtout, dans un contexte de détente Est-Ouest, d’anti-impérialisme (guerre du Vietnam, luttes postcoloniales, mouvement des droits civiques) et de radicalisation de la jeunesse, les aspirations des sociétés et les horizons des diplomates ont changé.

 

Quatre synthèses majeures participent à la visibilité croissante des enjeux écologiques : le livre Printemps silencieux (1962), de la biologiste américaine Rachel Carson (1907-1964) ; le rapport « Restaurer la qualité de notre environnement » remis en 1965 à la Maison Blanche ; le rapport Meadows sur les « limites à la croissance » de 1972 ; le livre Only One Earth (« une seule Terre »), commandé par l’ONU à Barbara Ward et René Dubos, pour poser les bases du sommet de Stockholm.

Deux des 109 recommandations finales du sommet de Stockholm prônent une vigilance sur les « activités pour lesquelles il existe un risque appréciable d’effets sur le climat ». Si le réchauffement climatique n’est encore qu’un des nombreux problèmes, avec les pollutions, les marées noires, l’urbanisation incontrôlée, les déchets, les limites des ressources, les dégâts des pesticides, qui s’agrègent pour former le concept d’« environnement global », il n’en est pas moins présent. Le rôle des produits de combustion dans l’effet de serre est connu depuis le début du XXe siècle, mais il faut attendre le milieu des années 1950 pour que la teneur croissante de l’atmosphère en CO2 soit surveillée. Les services géologiques des Etats-Unis annoncent, à la fin des années 1950, une montée des océans déjà en cours. En 1967, les premiers modèles 3D du climat prévoient un net réchauffement planétaire : + 0,5 °C entre 1970 et l’an 2000, puis entre + 2 et + 4 °C au cours du XXIe siècle.

Inflation : le blocage des salaires comme réponse !

Inflation : le blocage des salaires comme réponse !

Pour limiter les effets pervers de l’inflation, les deux économistes, Olivier Blanchard et Jean Pisani-Ferry, proposent, dans une tribune au « Monde », d’établir une tarification duale de l’énergie et de suspendre certains mécanismes d’indexation des prix et des salaires.

 

Les deux célèbres économiste ont trouvé la martingale pour empêcher en tout cas freiner l’inflation, ils proposent tout simplement le blocage des salaires. Très clairement leur proposition vise à faire payer par les ménages les dégâts de la crise.

Exactement le même discours que les ultras libéraux, les banques ou la banque centrale européenne. Il serait sans doute temps que ces économistes en mal existentiel arrêtent d’abreuver l’opinion ( accessoirement le gouvernement afin de faire se faire remarquer ) de propositions aussi incohérentes . Les économistes n’ont pas encore  repris l’analyse encore plus invraisemblable de Christine Lagarde qui nie tout simplement l’inflation en tout cas la considère comme très temporaire.Il serait sans doute urgent que ces vénérables économistes passnte de la discipline macro-économique à la discipline micro économique pour voir comment on peut s’en tirer avec un salaire de 1300 € et une inflation de  5 à 6 % NDLR

 

La hausse des prix de l’énergie et la guerre en Ukraine imposent de poursuivre simultanément trois objectifs individuellement clairs mais contradictoires entre eux : protéger le pouvoir d’achat des ménages, contenir l’inflation et accentuer la pression économique sur la Russie.

Le premier objectif s’impose, si l’on sait qu’entre 2019 et aujourd’hui le poids de la facture énergétique dans le revenu national est passé d’un peu moins de 2 % à plus de 4 % du PIB. C’est un prélèvement très lourd, particulièrement pour les faibles revenus (l’énergie pèse directement ou indirectement pour un peu plus de 10 % du budget des 20 % de ménages les plus modestes).

 

Le deuxième objectif résulte de ce que plus l’inflation monte, plus elle s’enkyste et plus il est socialement coûteux de la réduire. Si, demain, les anticipations de hausse des prix s’ancrent sur 5 % d’inflation, nous serons obligés de passer par un douloureux épisode de hausse du chômage pour la ramener à 2 %. La France, heureusement, connaît aujourd’hui une inflation nettement plus basse que ses partenaires de la zone euro. Mais du fait de mécanismes d’indexation (smic, minima sociaux, retraites) plus protecteurs, elle n’est pas à l’abri d’une spirale inflationniste.

Le troisième objectif est de diminuer les recettes d’exportation de la Russie. L’Union européenne a fait le choix de riposter prioritairement à l’agression sur le terrain économique, et ses sanctions – gel des réserves de change et restrictions aux exportations, notamment – ont eu des effets puissants. Jour après jour, cependant, la hausse des prix de l’énergie finance la guerre de Moscou.

 

Toutefois, les moyens mis au service de ces objectifs se contredisent entre eux. Les mesures de transfert sous condition de ressources, comme le chèque énergie ou l’indemnité inflation, améliorent le pouvoir d’achat des bénéficiaires, mais n’abaissent pas le prix des consommations énergétiques. Elles sont donc traitées par l’Insee comme de purs transferts.

A l’inverse, les mesures générales (bouclier tarifaire, baisse de la TVA sur les carburants) qui composent le gros de la politique française agissent sur les prix. Selon l’Insee, elles réduisent l’inflation de 2 points. C’est un effet d’ampleur, très favorable au pouvoir d’achat et qui va améliorer substantiellement la compétitivité française au sein d’une zone euro où l’inflation est nettement plus élevée. Mais de telles mesures bénéficient indirectement à la Russie, car les ménages sont moins incités à réduire leur consommation que s’ils payaient l’énergie au prix du marché.

Pour une réponse collective face aux cyber menaces

Une réponse collective face aux cyber menaces

 

La dématérialisation de l’information  pénètre de plus en plus l’économie et la société mais en même temps la fragilise grandement Alors que la valeur des entreprises est de plus en plus immatérielle, de nombreuses organisations cherchent à la capter ou à la détruire. Face à cela, la prévention seule ne suffit pas. Il était urgent pour les acteurs économiques de se coordonner et de contre-attaquer. En cela l’inauguration, ce mardi, du Campus Cyber, près de Paris, est une bonne nouvelle estime David Lacombled , président de la Villa numéris ( dans l’Opinion)

Selon le Baromètre Anozr Way paru en janvier, le nombre d’attaques dans le monde double d’année en année. Les pays les plus riches sont les plus exposés. Les Etats-Unis ont concentré la moitié des attaques au monde en 2021 suivis de l’Europe pour un quart. En France, tous les deux jours, une entreprise se fait racketter selon une technique dite de l’hameçonnage (ransomware) lui réclamant une forte rançon pour lever (prétendument) la menace de divulguer ses données ou d’engorger jusqu’à étouffement son système d’information.

Payer ne suffit pas, loin s’en faut, à retrouver l’intégrité de son système. Les entreprises ne communiquent pas sur ce sujet au risque d’attester d’une certaine faiblesse de leurs investissements et leurs processus pour se protéger. Au-delà, l’étude montre des effets de contagions provoquant des dégâts de proche en proche : « une entreprise attaquée en met 150 autres en danger à cause des attaques par rebond». Ainsi, «13% des entreprises victimes de ransomware en France en 2021 sont des entités partenaires ou clientes d’une première victime. Chaque entreprise victime expose en moyenne les données personnelles de 5500 personnes (collaborateurs, clients, patients). »

Talon d’Achille numérique. Les soubresauts géostratégiques, les menaces de guerre en Ukraine, les perspectives électorales et une sortie de crise sanitaire qui n’en finit pas sont autant de facteurs exogènes servant de prétexte à des organisations criminelles pour passer à l’attaque. Des salariés à distance, en télétravail, pour peu qu’ils ne soient pas suffisamment formés aux risques, offrent parfois des possibilités d’entrée dans les systèmes d’information comme on parlerait de voie d’eau dans un sous-marin. Les vulnérabilités humaines constituent autant de portes grandes ouvertes à l’extérieur. Un lien cliqué par mégarde dans un e-mail d’apparence sibylline peut avoir des conséquences désastreuses. Il en va de même pour les personnes trop bavardes sur les réseaux sociaux qui attirent ainsi l’attention. Les attaques sont d’autant plus dommageables que de longs mois peuvent s’écouler avant qu’elles ne puissent être détectées, trop tardivement, pour organiser une riposte adaptée. Par ailleurs, si l’extraction et l’exploitation des données permettent aux entreprises de développer une connaissance intime et de plus en plus prédictive de leurs consommateurs, ces mêmes données en disent également beaucoup de ces entreprises aux pirates pour en dresser la carte des points névralgiques.

Les dommages et les pertes sont difficilement mesurables. Certaines entreprises victimes perdent jusqu’à 25% de leur chiffre d’affaires. Si les attaques contre les institutions publiques, aux systèmes informatiques plus fragiles mais aux caisses vides, telles des hôpitaux, permettent de frapper les esprits, ce sont les PME les plus exposées aux risques car les grandes entreprises sont elles-mêmes mieux équipées pour y parer.

Naturellement, la menace cyber ne se limite pas au seul hameçonnage. Les techniques sont variées et massives. Face à l’insécurité grandissante, il était urgent d’apporter une réponse collective et coordonnée. En cela, la réunion d’un écosystème, regroupant acteurs privés et publics, dans un même lieu permettant de l’incarner, le Campus Cyber, porte la promesse d’une intelligence accrue, d’une mutualisation de connaissances et de ressources pour se défendre à bon niveau. Son succès dépendra, comme PariSanté Campus inauguré il y a quelques semaines, d’une alchimie savante à initier et à faire vivre entre les entreprises, jeunes pousses comme grands groupes, les ministères publics et les acteurs académiques. Sans doute demain des organisations représentatives de collectivités territoriales pourront-elles également apporter leurs connaissances fines du maillage économique.

La France peut ainsi affirmer sa volonté de se défendre et d’exposer ses savoir-faire là où d’autres nations l’avaient devancée. Ainsi, en moins de huit ans, Israël, avec le regroupement de ses entreprises dans un Cyber Park, est devenu le deuxième acteur mondial de la cybersécurité, derrière les Etats-Unis qui concentrent leurs talents à New York. Avec Skolkovo, la Russie dispose elle aussi de son propre centre de recherche. Même dans des guerres cybernétiques, il importe d’afficher le nombre de ses divisions, de ses troupes et de son artillerie.

David Lacombled est président de la Villa numéris.

Emeutes contre la vie chère au Kazakhstan : la réponse militaire russe

Émeutes contre la vie chère au Kazakhstan : la réponse militaire russe

La hausse subite des prix a nourri le mouvement de colère populaire contre le pouvoir au Kazakhstan r. Aux abois ce dernier a fait appel à la Russie. Des dizaines et des dizaines de manifestants ont été blessées ou tuées à balles réelles. L’intervention de la Russie se justifie par des inquiétudes géo politiques mais tout autant par le risque un jour de voir le même phénomène se dérouler en Russie et remettre ainsi en cause la dictature de Poutine.

Le président kazakh, Kassym-Jomart Tokaïev, a repris la dialectique du pays attaqué de l’extérieur et a accusé des groupes de «terroristes», selon lui entraînées à l’étranger, d’être derrière les émeutes.Bilan, des «dizaines» de manifestants tués et plus d’un millier de personnes blessées, dont 62 grièvement. Dix-huit membres des forces de sécurité ont été tués et 748 blessés, ont par ailleurs rapporté les agences de presse, citant les autorités. Selon les agences de presse russes, le nombre de personnes arrêtées en lien avec les émeutes s’établit à 2298.

Crise des sous-marins : une réponse de l’Europe après la claque ?

Crise des sous-marins : une réponse de l’Europe après la claque ?

Clément Beaune, le secrétaire d’Etat aux affaires européennes appelle l’Union européenne à prendre en main son destin de grande puissance. On ne sait pas cependant s’il s’agit d’un espoir ou d’une perspective crédible. On est encore loin en effet d’une politique de défense commune en Europe compte tenu de la position ambiguë de l’Allemagne. De toute manière Emmanuel Macron n’envisage nullement de quitter l’OTAN. ( interviews dans le JDD, extrait)

Il y a quatre ans jour pour jour, dans son discours de la Sorbonne, Emmanuel Macron appelait de ses vœux la « refondation d’une Europe souveraine ». Son souhait a-t‑il été suivi d’effet?
En quatre ans, l’Europe a profondément changé. Elle a subi un double choc : d’abord avec le Brexit, puis avec la crise sanitaire et économique qui a été gérée avec succès, sans dogmatisme budgétaire, avec une intervention monétaire massive et une solidarité sanitaire qui n’était pas du tout évidente. En parallèle de cela, elle s’est renforcée en étant souveraine en matière de technologie, ambitieuse en matière de climat, à la pointe de la régulation sur les grandes entreprises du numérique. Elle a amélioré la gestion de ses frontières extérieures, créé un premier budget européen de défense. Nous avons mobilisé au Sahel plus de dix pays européens aux côtés des forces spéciales combattantes françaises. Son logiciel n’est plus du tout celui de 2017. Nous ne sommes plus les herbivores de la mondialisation. Les Européens ne tendent plus la joue quand on les gifle. Cette mentalité de bons élèves qui doivent toujours chercher à tendre la main ou à s’excuser recule de jour en jour.

Est-ce encore plus le cas après l’affaire des sous-marins australiens?
Cette crise est un bon exemple. Elle a montré que la solidarité entre États membres est désormais un réflexe. Assez rapidement, au plus haut niveau, de nombreux pays se sont exprimés. Les déclarations allemandes ou italiennes sont très claires : quand un problème de cette nature touche la France, c’est un camouflet européen. Certains de nos alliés pensent que la parole engagée vis‑à-vis d’un grand pays européen ne vaut rien, que l’on peut travailler sur des questions stratégiques, dans une région aussi cruciale que l’Indo-Pacifique sans les Européens. Non, nous nous tenons ensemble.

Comment, après cette crise des sous-marins, reconstruit-on la relation entre la France et l’Europe d’un côté, les États-Unis de l’autre?
La relation transatlantique reste nécessaire, on ne peut s’en dispenser. Il n’y a pas de débat là-dessus. Mais les Européens doivent prendre conscience que leurs intérêts se définissent à Bruxelles et dans les autres capitales européennes, pas à Washington. Qu’il s’agisse récemment de l’Afghanistan ou des sous-marins australiens, nous ne devons pas nous lamenter d’avoir été « maltraités ». Nous serons de plus en plus livrés à nous-mêmes : ça s’appelle être une puissance. L’Europe a toujours été tournée vers elle-même, car elle s’est construite sur un projet de réconciliation. L’étape suivante, c’est une Europe qui règle sa relation à l’extérieur, qu’il s’agisse des migrations, de la défense, de la régulation des grandes plateformes numériques ou du climat. Nous ne pouvons pas attendre des autres de définir cette relation, comme nous le faisions au temps de la guerre froide, qu’on a connue pendant soixante ans.

Le Président réfléchit-il, après cette crise, à quitter l’Otan?
Ce sont de pures inventions.

Que peut impulser la France, qui prendra le 1er janvier la tête de la présidence de l’Union européenne, sur ce thème de la défense?
Nous continuerons d’avancer sur la question des opérations extérieures communes, comme au Sahel, mais aussi sur la cybersécurité. Toutes nos démocraties, malheureusement, sont soumises à des cyberattaques privées ou d’État. Nous avons développé des compétences importantes sur ce sujet. Nous ne devons pas tout attendre des Américains, ni tout faire non plus au seul niveau national.

Que peut-on attendre du nouveau couple franco-allemand, alors qu’ont lieu aujourd’hui outre-Rhin des législatives pour choisir un nouveau chancelier?
C’est à la fois un chapitre majeur qui se tourne, avec le départ prochain d’Angela Merkel, et en même temps il n’y aura aucun changement dans l’importance de la relation franco-allemande. Celle-ci n’est pas remplaçable. Nos projets en matière de coopération économique, industrielle, de défense sont irréversibles. En revanche, cette relation n’est pas exclusive. Nous la complétons aujourd’hui avec des partenaires traditionnels comme l’Italie et l’Espagne, d’autres moins évidents comme les Pays-Bas et les pays nordiques. Nous acceptons même des tensions avec l’Allemagne. C’est précisément parce qu’on ne pense pas pareil à Paris et à Berlin que nous trouvons des consensus au niveau européen, comme ce fut le cas avec le plan de relance. Mais la boussole est claire : le nouveau chancelier regardera d’abord vers Paris, et la France tendra tout de suite la main à l’Allemagne.

Quelle que soit son appartenance politique?
Oui, car nous avons préparé cette relation de confiance, en premier lieu avec Angela Merkel, mais en cultivant aussi depuis quatre ans nos réseaux parmi les chefs de parti. Selon le chancelier, les domaines plus faciles ou difficiles ne seront pas les mêmes. Le SPD ou les Verts ont des sensibilités plus éloignées des nôtres sur les questions d’énergie ou de défense, la CDU et le FDP sur les questions d’investissement et de règles budgétaires. Lorsque le programme de coalition va se construire, sans immixtion mais sans indifférence non plus, nous travaillerons avec les Allemands pour faire passer un certain nombre d’idées sur l’Europe. La période de définition du contrat de coalition est essentielle : elle ne peut pas être une période de glaciation ou de distance entre Paris et Berlin, elle doit déjà être une période de travail.

Le socialisme démocratique et participatif comme réponse à la dictature communiste chinoise ?

Le  socialisme démocratique et participatif comme réponse à la dictature communiste chinoise ?

 

 

 

Tribune dans le monde de Thomas Piketti (extrait)

Alors que le Parti communiste chinois (PCC) célèbre ses 100 ans, les pays occidentaux peinent toujours à définir leur attitude face au régime de Pékin. Disons-le d’emblée : la bonne réponse passe par la fin de l’arrogance occidentale et la promotion d’un nouvel horizon émancipateur et égalitaire à l’échelle mondiale, une nouvelle forme de socialisme démocratique et participatif, écologique et postcolonial.S’ils s’en tiennent à leur posture habituelle de donneurs de leçons et à un modèle hypercapitaliste hors d’âge, les pays occidentaux risquent d’avoir le plus grand mal à relever le défi chinois.

Autoritaire et oppressif, le régime chinois a certes de multiples fragilités. Selon le Global Times, quotidien officiel, la démocratie à la chinoise serait supérieure au supermarché électoral à l’occidentale, car elle confie les destinées du pays à une avant-garde motivée et déterminée, à la fois sélectionnée et représentative de la société – le PCC compte quelque 90 millions de membres –, et plus profondément impliquée au service de l’intérêt général que l’électeur occidental moyen, versatile et influençable.

En pratique, cependant, le régime s’apparente de plus en plus à une dictature numérique parfaite, tellement parfaite que personne n’a envie de lui ressembler. Le modèle de délibération à l’intérieur du PCC est d’autant moins convaincant qu’il ne laisse aucune trace à l’extérieur, alors que, à l’inverse, chacun peut voir de plus en plus nettement la mise en place d’une surveillance généralisée sur les réseaux sociaux, la répression des dissidents et des minorités, la brutalisation du processus électoral à Hongkong, les menaces portées sur la démocratie à Taïwan.

La capacité d’un tel régime à séduire les opinions des autres pays (et pas uniquement leurs dirigeants) paraît limitée. Il faut ajouter la forte montée des inégalités, le vieillissement accéléré, l’extrême opacité qui caractérise la répartition des richesses, le sentiment d’injustice sociale qui en découle et qui ne pourra être éternellement apaisé par quelques mises à l’écart.

Malgré ces fragilités, le régime dispose de solides atouts. Lorsque des catastrophes climatiques surviendront, il n’aura pas de mal à stigmatiser les responsabilités des anciennes puissances, qui, en dépit de leur population limitée (environ 15 % de la population mondiale pour l’ensemble Etats-Unis, Canada, Europe, Russie, Japon), représentent près de 80 % des émissions carbone cumulées depuis le début de l’ère industrielle.

Policiers agressés :  » réponse pénale insuffisante »

Policiers agressés :  » réponse pénale insuffisante » 

« La réponse pénale est insuffisante pour toutes les agressions envers les forces de l’ordre », a expliqué sur France InfoJoaquim Pueyo, l’ancien directeur de prisons, et aujourd’hui maire d’Alençon, après l’attaque au couteau vendredi contre une policière municipale en Loire-Atlantique.

 

 

Interview

« Je pense que la réponse pénale n’est pas suffisante et doit être revue », a affirmé samedi 29 mai sur franceinfo Joaquim Pueyo, maire d’Alençon et ancien directeur des prisons de Fleury-Mérogis et de Fresnes notamment, au lendemain de l’attaque d’une policière municipale à La Chapelle-sur-Erdre (Loire-Atlantique).

L’assaillant présumé, un homme de 39 ans, était inscrit au fichier des signalements de la prévention de la radicalisation à caractère terroriste et effectué plusieurs peines de prison pour des faits de droits communs. Selon Joachim Puyo, ils sont « entre 1 200 et 1 500 terroristes radicalisés dans les prisons françaises » et  »il faut absolument des moyens pour que la prise en charge à la sortie de prison soit de plus en plus ferme ».

Les personnes comme celle responsable de cette attaque sont-elles nombreuses en prison ?

Joaquim Pueyo : Effectivement, les prisons sont sous pression actuellement parce que nous avons entre 1 200 et 1 500 terroristes radicalisés dans les prisons françaises. La radicalisation reste au cœur des inquiétudes et nous savons également que des centaines de terroristes vont sortir de prison dans les trois ans à venir. Quelle prise en charge à la sortie ? Est-ce que les renseignements sont suffisamment forts pour les suivre à la trace, quasiment d’une manière quotidienne ? Ce sont des questions réelles.

Quelle est la part de détenus radicalisés qui souffrent de troubles psychologiques ?

Je ne peux pas vous donner un chiffre, mais ils sont relativement nombreux. Par conséquent, la prise en charge au niveau de la psychologie se pose bien évidemment en prison. Vous savez que dans les prisons, nous avons bien sûr des psychiatres, mais cette prise en charge psychiatrique n’est pas suffisante. De même, le suivi socio-judiciaire est indispensable, mais il n’est pas suffisant. Il faut absolument des moyens pour que cette prise en charge soit de plus en plus ferme.

Ce sont des questions qu’on doit se poser dès maintenant parce que lorsque vous avez des centaines de détenus radicalisés qui vont sortir, notamment des jeunes sous influence, qui peuvent effectivement suivre des théories telles qu’on les connaît, moi j’ai des inquiétudes. La prise en charge à l’extérieur doit être renforcée.

Faut-il rouvrir le débat sur les peines de sureté, comme le souhaitent certains ?

Je pense que oui. Il y a une réponse pénale qui doit être réévaluée. On ne peut plus accepter actuellement que tous les jours, toutes les semaines, nous ayons des policiers, des gendarmes, des pompiers, qui se font attaquer, agresser ou tuer.

Je pense que la réponse pénale doit être revue. Je pense qu’elle n’est pas suffisante. Je le dis tel que je le pense parce que je connais bien le système pénitentiaire. Je connais bien également le droit pénal. Je pense qu’il y a eu effectivement des annonces faites par le gouvernement, mais je pense que la réponse pénale est insuffisante pour toutes les agressions envers les forces de l’ordre.

Drogue : après le policier tué, on attend une réponse pénale à la hauteur

Drogue : après le policier tué, on attend une réponse pénale à la hauteur

Ces évênements « sont de plus en plus communs à différents endroits en France. Vous avez des points de deal qui se structurent et qui augmentent. On voit que les individus sont armés et malheureusement il en découle le décès d’un jeune papa »,  a expliqué sur franceinfo Claude Simonetti, représentant d’Unité-SGP-FO dans le département du Vaucluse, après la mort mercredi 5 avril d’un policier tué lors d’une intervention anti-drogue à Avignon.

Gérald Darmanin se rend mercredi soir à Avignon. « On attend toujours des renforts, une prise en compte du problème policier qui est de plus en plus un métier à part, Claude Simonetti, Il faudra des réponses pénales si cet individu est interpellé. J’espère que ça ne sera pas très léger comme on peut le voir par moment, on attend vraiment une réponse pénale forte. »

« L’entrepreneuriat réponse à l’emploi  » ! (Pepy)

« L’entrepreneuriat réponse à l’emploi  » !  (Pepy)

Guillaume Pepy, le patron du réseau associatif de financement des entreprises Initiative France, veut mettre la création d’entreprises au coeur de la relance économique. L’ex-PDG de la SNCF souhaite en 2021 accélérer la réorientation de l’économie vers la transition écologique et le numérique. En attendant, les associations membres d’Initiative France doivent encore faire face à « des situations personnelles dramatiques ».

 

On peut quand même se demander de quel légitimité jouit Guillaume Pépy  jouit pour parler d’entreprenariat, lui qui a surtout exercé ses fonctions dans le secteur public et à la SNCF ! NDLR  

Interview dans la Tribune

 

- Plus d’un an après l’arrivée du virus en Europe, quel bilan tirez-vous pour les entreprises accompagnées par le réseau Initiative France ?

GUILLAUME PEPY- Depuis le début de la crise, nous avons assisté à un double mouvement. D’un côté, une réduction des créations d’entreprises de l’ordre de 15%, qui correspond aux deux confinements. Et, en parallèle, une explosion de l’activité de l’accompagnement des jeunes entreprises en difficulté. L’activité du réseau a crû de 70% en 2020. 32.000 entreprises ont été accompagnées durant cette période.

Pour les entreprises créées avant le Covid, le choc a été rude. Elles ont avant tout tout fait pour survivre avant de pouvoir rebondir. De ce point de vue, l’Etat, les régions et Bpifrance ont vraiment fait leur travail. Nos 21.000 bénévoles et 1.000 salariés ont déployé toute leur énergie pour rencontrer les entrepreneurs et les soutenir. Nous avons pu rééchelonner leur prêt, les aider à repositionner leur activité, les orienter parmi les nombreuses mesures qui ont été prises. Toutes ces jeunes entreprises ont bénéficié d’un accompagnement personnalisé et humain déterminant. Les jeunes entreprises qui ont pu résister doivent maintenant construire l’avenir.

Quelles sont les principales difficultés exprimées par les entrepreneurs depuis un an ?

La situation personnelle des entrepreneurs à la tête de jeunes entreprises a été dans certains cas dramatique. Un sur trois n’a reçu aucune rémunération, un autre tiers a connu une baisse de rémunération réduite et seul un tiers a pu s’assurer une rémunération normale. Les sujets de trésorerie ont été très lourds et complexes à gérer. Les plans garantis par l’Etat (PGE) et les rééchelonnements de prêts ont permis de sauver l’essentiel des entreprises. Mais, ce qui a le plus compté, c’est la capacité des entrepreneurs à repositionner leur activité. Beaucoup d’entreprises développaient des activités à l’international. Certaines étaient sur des marchés qui ont tout simplement disparu avec la pandémie. Je pense, par exemple, à des entrepreneurs qui s’étaient lancés dans des activités de tourisme à l’étranger, qui ont su pivoter vers du tourisme de proximité. Ou encore, à ce jeune restaurateur parisien qui s’est lancé dans la préparation de plats pour les professionnels, pour pallier les effets de la crise. Grâce à la crise, certaines personnes ont créé des activités de circuit-court ou dans l’économie circulaire. Les grands vainqueurs de cette crise sont le local et les activités de proximité.

La crise a mis en lumière la fragilité du statut des indépendants. Comment faire pour améliorer leur accompagnement ?

Avec les réformes menées depuis une dizaine d’années comme celle des auto-entrepreneurs, les conditions de création des nouvelles entreprises sont devenues favorables. Des problèmes de bureaucratie existent toujours mais beaucoup d’acteurs, et notamment les banques, jouent le jeu, contrairement à certaines idées reçues. Les grands réseaux comme BNP Paribas, Société générale, Crédit Agricole ont fait des efforts pour accompagner ces entreprises. Les régions et les intercommunalités ont également joué un rôle important en faisant preuve de souplesse sur les différés de loyer, par exemple. Certaines communes ont aidé les entrepreneurs à identifier de nouveaux circuits de commercialisation. Les très petites entreprises et les indépendants ont été aidés grâce à cette mobilisation.

La crise a aussi montré que l’accompagnement par des réseaux comme le nôtre avait une très forte valeur ajoutée sur la pérennité des nouvelles entreprises. Les porteurs de projet qui créent ou reprennent leur entreprise avec le réseau Initiative France ont plus de 9 chances sur 10 de voir leur entreprise encore en activité, après trois ans. Quand ces porteurs de projet travaillent de manière isolée, ils n’ont que 6 chances sur 10 d’être là au bout de trois ans.

 

Quelle est votre feuille de route pour l’année 2021 ?

La priorité de notre réseau en 2021 est de retrouver le niveau de créations d’entreprises d’avant la crise. On est assez optimiste. Les premiers résultats de créations pour le premier trimestre 2021 sont très encourageants. On constate un vrai engouement pour la création ou la reprise d’entreprise. L’entrepreneuriat est l’une des réponses à la relance et au problème de l’emploi. En 2020, nous allons aussi poursuivre l’accompagnement des entreprises en difficulté. Beaucoup de secteurs sont encore fermés et les entrepreneurs ont besoin de nous.

La troisième priorité est de participer à la réorientation de l’économie autour de la transition écologique et numérique et du retour au local. Dans les deux années qui viennent, nous allons soutenir les entreprises à impact sociétal, environnemental ou territorial, en octroyant 3.000 Labels « Initiative Remarquable ».

Cette feuille de route, nous allons la mettre en œuvre avec nos partenaires, aussi bien l’Etat, les Régions, les intercommunalités et Bpifrance, que les entreprises privées, qui sont de plus en plus nombreuses à s’engager pour la création d’entreprises dans notre pays.

Quel regard portez-vous sur le plan de relance du gouvernement ?

Nos associations sur le terrain l’ont de manière générale trouvé concret et assez complet, avec des ambitions fortes sur l’entrepreneuriat, la transition écologique ou encore la transformation numérique. Il reste que la demande des entrepreneurs n’est pas d’être soutenus à bout de bras par de l’argent public. Leur première demande est de pouvoir travailler à nouveau, dans des conditions respectueuses des consignes sanitaires mais qui leur permettent de retrouver leurs clients et leur chiffre d’affaires. Plus vite la campagne de vaccination avancera, plus les jeunes entreprises pourront redevenir autonomes.

Beaucoup d’économistes redoutent une levée trop rapide des mesures d’urgence. Comment doit s’opérer une telle transition pour limiter les faillites et les destructions d’emplois ?

Cette crise sanitaire, économique et sociale a fait apparaître de nouveaux besoins et des préoccupations nouvelles, comme les services à domicile, les services médico-sociaux, les services de proximité, de l’économie circulaire et les circuits courts. Il y a de nouvelles opportunités d’entreprendre aujourd’hui. A l’autre extrême, des commerces, des activités culturelles attendent toujours de pouvoir rouvrir. Les aides doivent donc être très ciblées et adaptées à la situation de chaque secteur et de chaque entreprise. Un surcroît d’aides pourrait amener certaines entreprises à un niveau d’endettement excessif. L’essentiel, c’est le retour à l’activité et à la consommation, qui permettront aux entreprises de vivre et aux emplois d’exister.

La désinformation impose une réponse de transparence

La désinformation impose une réponse de transparence

Erwann Menthéour et Emmanuel Rivière estime dans l’Opinion que «Lutter contre la désinformation suppose de se plier à un devoir de transparence, de toujours agir conformément à ce que l’on serait capable d’assumer publiquement »

 

 

Selon un sondage Eurobaromètre de la Commission européenne récemment paru, 68 % des Français (et 51 % des Européens pour l’ensemble des vingt-sept pays de l’Union européenne) estiment avoir été confrontés à de la désinformation sur Internet. La fabrication et la circulation de fausses nouvelles, la prolifération de théories complotistes et les dangers que leur capacité de séduction fait peser sur la démocratie sont légitimement une préoccupation majeure des pouvoirs publics comme des médias.

Les parades sont de diverses natures : responsabilisation des plates-formes numériques, pénalisation de la diffusion de fausses nouvelles, fact checking, production et promotion d’un contre-discours, etc. Une autre manière de lutter contre la désinformation et ses dangers consiste à prendre la mesure de l’exigence qu’elle impose à tous ceux qui veulent mener ce combat : une exigence de vérité.

Les théories du complot sont d’autant plus efficaces quand elles parviennent à construire le récit conspirationniste autour d’un fait réel. Pour cette raison, la moindre faille est exploitable chez ceux que visent les complotistes, et tout petit arrangement avec la vérité, tout mensonge par omission, toute tentative de travestissement, voire de simplification d’une réalité embarrassante sont pour la désinformation un terreau extrêmement fertile.

Or la probabilité que soient mis à jour des faits que les pouvoirs, quels qu’ils soient, préféreraient dissimuler, est plus élevée que jamais. Et les opinions publiques le pardonnent de moins en moins. Ceux qui en 2016 voyaient en Donald Trump un candidat dont le principal défaut était son rapport très personnel avec la réalité ont pu lire dans son élection le démenti de l’attachement des citoyens à la vérité. Mais il se trouve que la faille était encore plus importante, dans l’opinion, du côté d’Hillary Clinton.

La réalité impose parfois des défis titanesques qui désemparent les responsables politiques les plus chevronnés, qui les déstabilisent au point de les conduire à un tel sentiment d’impuissance que le reconnaître les désavouerait, pensent-ils, aux yeux du peuple

Impératif. Une étude comparative menée juste avant l’élection de 2016 sur les qualités et défauts de l’une et de l’autre montrait que la candidate démocrate se voyait bien plus fortement et spontanément reprochée d’être secrète, accusation qui a beaucoup contribué au succès de son adversaire. Lutter contre la désinformation supposerait donc aussi, et peut-être avant tout, de se plier à un devoir de transparence, d’acquiescer à un impératif consistant à toujours agir conformément à ce que l’on serait capable d’assumer publiquement. Cette injonction peut sembler naïve, louable, évidente, dangereuse, ou un peu tout ça à la fois. Ce qui est sûr c’est qu’un tel objectif se heurte à plusieurs difficultés, de trois ordres.

La première est que l’idée de transparence est loin d’être consubstantielle à l’exercice du pouvoir. L’idée qu’il existe une raison d’Etat distincte de la raison du commun a longtemps prévalu. Du fait à la fois de la désidéologisation du débat politique et de l’abandon de la lutte des classes, notre modèle représentatif a conduit à faire de la compétence un critère aussi important que les valeurs ou la représentation d’intérêts partagés, dans le choix de délégués. Les titulaires de charges et de mandats sont supposés mieux maîtriser la complexité des enjeux, et disposer d’une forme d’exclusivité de cette capacité. Cette capacité est de plus en plus remise en cause, et l’une des leçons de la crise Covid-19 montre que les citoyens non seulement attendent l’exposition de cette complexité, mais apprécient que des dirigeants admettent ne pas tout savoir.

L’autre obstacle à l’exercice de la transparence tient précisément aux succès manifestes du complotisme et de la désinformation. Face à tant de mauvaise foi dans l’intention de nuire, il ne va pas de soi de faire toute la lumière sur des décisions qui sont souvent des arbitrages compliqués entre des intérêts divergents. Souvent la crainte l’emporte de voir la sincérité déformée et exploitée. A l’impératif moral de transparence s’opposerait le pragmatisme de la prudence.

Ce débat est difficile à trancher, mais pour s’en tenir au raisonnement bénéfices-risques, nous voulons ouvrir l’hypothèse, confortée par le sentiment que la maîtrise de l’information est de plus en plus un leurre, selon laquelle la transparence sur les intentions offrirait moins de billes aux complotistes que les tentatives de dissimulation, et davantage de gages à ceux qui s’alarment de la désinformation et veulent s’en défendre.

Universel. Ces derniers restent, ne l’oublions pas, la majorité. Gardons également à l’esprit, comme le rappelle le philosophe Frédéric Midal dans une interview publiée dans le premier numéro du magazine Mentors, que « quelqu’un qui croit à une théorie complotiste est quelqu’un qui souffre et [...] qui tente de se débrouiller avec le côté irrationnel du discours social et politique actuel dans lequel on ne nous parle pas ». Parler au nom de l’universel à l’universel, en omettant – volontairement ou non – de s’adresser en toute transparence aux êtres humains dans la singularité de leur existence, amène ceux qui exercent le pouvoir à se couper des bases et se tromper de combat. En précipitant leur propre défaite.

La troisième raison pour laquelle le pari de la vérité est un choix ardu est que les défis qui se présentent à ceux qui exercent les responsabilités sont particulièrement impressionnants, voire effrayants : à bien des égards, la séquence pandémique de ces derniers mois a matérialisé de manière concrète et parfois même sidérante combien l’exercice du pouvoir pouvait se révéler périlleux, voire quasiment insurmontable devant une situation inédite. Elle a illustré ce qu’est véritablement un arbitrage qui est la clef de voûte de la fonction politique.

Oui, gouverner, c’est arbitrer. Si celui-ci se résumait naïvement à faire un choix entre une bonne et une mauvaise solution, l’art de gouverner deviendrait en conséquence à la portée d’un enfant. Or, comme nous l’avons vécu une année durant, que ce soit au niveau national ou mondial, aucun choix, aucune solution, aucune intervention divine ne s’est révélée capable d’éradiquer ce virus qui continue de mobiliser les plus grands cerveaux de la planète. C’est ici que l’on découvre que la réalité impose parfois des défis titanesques qui désemparent les responsables politiques les plus chevronnés, qui les déstabilisent au point de les conduire à un tel sentiment d’impuissance que le reconnaître les désavouerait, pensent-ils, aux yeux du peuple.

La politique politicienne et son obsession de l’électoralisme ont vécu, tout comme est révolu le temps des technocrates sûrs de leur fait et persuadés que les masses ne peuvent pas comprendre. L’heure des grands hommes et femmes d’Etat a sonné

Complexité. A la lueur de cette complexité, il conviendrait de manifester un peu plus d’humilité et de transparence, en choisissant la pédagogie plutôt que la communication, en abandonnant toute logique court-termiste et en partageant de manière plus limpide et franche les difficultés auxquelles la crise sanitaire et toutes celles à venir nous confrontent tous de plein fouet aujourd’hui. Un choix d’autant plus nécessaire que ces situations risquent, en raison du dérèglement climatique, de se reproduire de plus en plus fréquemment dans les prochaines décennies.

L’ampleur des défis demande aussi beaucoup d’abnégation, car les réponses réellement efficaces ne le sont pas à l’échelle d’un mandat. La politique politicienne et son obsession de l’électoralisme ont vécu, tout comme est révolu le temps des technocrates sûrs de leur fait et persuadés que les masses ne peuvent pas comprendre. L’heure des grands hommes et femmes d’Etat a sonné. Seuls celles et ceux qui se projetteront loin avec humilité, abnégation et courage redonneront un sens à la fonction politique, si décriée depuis de nombreuses années et dont la dévaluation est le plus sûr chemin vers le populisme.

Pour toutes ces raisons, la vérité est un combat. Il impose à ceux qui exercent les responsabilités un travail de révision, qui concerne aussi bien les modalités de décisions que les formes de communication. On peut et on doit sans doute s’inquiéter d’un rapport à l’information qui s’apparenterait à une dictature de la transparence. Mais la menace que représentent le complotisme et la désinformation sur nos démocraties invitent aussi à se demander quel exercice de la transparence permettrait de prévenir le risque de dictature.

Pandémie : la réponse doit être collective et internationale (Macron)

Pandémie : la réponse doit être collective et internationale (Macron)

Dans une interview au JDD, le président de la république considère qu’il faut mener la guerre contre la pandémie à l’échelle mondiale. Pour Emmanuel Macron, cette « guerre mondiale » ne sera gagnée qu’au prix de la plus grande ­coopération internationale. « Nous sommes désormais engagés dans une lutte contre les variants, qui est une véritable course contre la montre, confie-t‑il au JDD. Sans une action collective internationale rapide, efficace et solidaire, nous prenons le risque que le virus nous échappe. »

 

« Les pays africains nous interpellent à juste titre sur leur accès aux vaccins, indique le chef de l’État. L’initiative ACT-A aura permis de sécuriser plus de 2 milliards de doses de vaccins à bien meilleur prix que si chaque pays les avait négociés séparément, c’est en soi une réussite. Mais nous devons encore accélérer les efforts, car chaque semaine compte. » Au cours des prochains jours, Emmanuel Macron échangera avec ses pairs de l’Union africaine et relaiera leurs messages vendredi lors d’une réunion par visioconférence du G7 organisée par Boris Johnson, qui en assure la présidence cette année.

Comme on l’admet volontiers à l’Élysée, et pour s’en réjouir ouvertement, cette mobilisation accrue n’aurait pas été la même sans le soutien de la nouvelle administration Biden aux États-Unis. Non seulement le président démocrate a rejoint immédiatement l’OMS dès ses premières heures à la ­Maison-Blanche, mais il a également confirmé le déblocage de 4 milliards de dollars pour financer les efforts d’ACT-A. « C’était l’un de mes premiers sujets d’échange avec le président Biden », raconte Emmanuel Macron, tout en se montrant perplexe sur l’absence ou le retard d’autres grandes puissances à rejoindre l’effort collectif. « Nous devons travailler avec les Chinois et les Russes pour que les vaccins développés par leurs scientifiques s’intègrent à ce grand effort multilatéral contre la pandémie – dès lors qu’ils auront fait l’objet des certifications nécessaires par l’OMS », plaide-t‑il.

Le président de la république oublie cependant que les Chinois comme les Russes grâce précisément à leurs vaccins utilisent cet outil pour renforcer leur impact diplomatique dans de nombreux pays en développement notamment en Afrique.

L’offensive pour vacciner toute la planète afin de prendre de vitesse les variants émerge aussi dans la presse scientifique écrit le JDD. Arnaud Fontanet cosigne cette semaine un article dans The Lancet où il insiste sur la « vulnérabilité » paradoxale des pays riches. « La fin de la pandémie », écrivent l’épidémiologiste du conseil scientifique et ses coauteurs (dont Salim Abdool Karim, qui conseille le gouvernement d’Afrique du Sud dans la lutte contre le Covid‑19), ne sera « possible » que lorsque « les vaccins seront distribués de manière équitable à travers le monde ». 

« Réponse à la crise sociale et la montée de la pauvreté»

« Réponse à la crise sociale et la montée de la pauvreté»

 

Nadia Hai , La ministre déléguée chargée de la Ville tente de justifier la politique du gouvernement pour gérer la crise sociale et la montée de la pauvreté . L’intéressée se réfère notamment au rapport Borloo de 2018 qui rappelons-le a été balayé publiquement d’un revers de main par Macron . La référence est donc un peu théorique. ( interview dans l’Opinion)

 

Quelles sont les conséquences de l’épidémie et du reconfinement dans les quartiers prioritaires de la ville ?

Nous faisons face à plusieurs niveaux de difficultés. Il y a tout d’abord la crise sanitaire, comme sur le reste du territoire national, même si je tiens à souligner que les mesures ne sont pas moins respectées dans les quartiers qu’ailleurs. La crise économique ensuite. Ces quartiers ont une concentration de contrats précaires, intérimaires et CDD. Les entreprises décident aujourd’hui de ne pas les renouveler et cela nous conduit vers une crise sociale. Les entrepreneurs et les indépendants font eux aussi face à des difficultés à cause des coups de rabot dans les dépenses des entreprises qui ont de graves conséquences sur leur activité et leurs revenus. Face à cette situation, le gouvernement a annoncé plusieurs mesures. Mais le confinement n’est pas une punition, contrairement à ce que peuvent dire certaines oppositions qui n’ont d’ailleurs pas de solutions à offrir. C’est une mesure obligatoire qui s’impose aujourd’hui à nous tous. Pas seulement en France mais partout ailleurs. Cela a été une décision difficile à prendre, même si nous voulons que la vie économique puisse continuer.

Comment comptez-vous aider leurs habitants face au risque de bascule dans la pauvreté ?

Nous avons annoncé des mesures de soutien aux ménages les plus fragiles, notamment une prime pour les bénéficiaires des APL. Mon prédécesseur avait débloqué 15 millions d’euros de fonds d’urgence pour les associations et l’achat de matériel informatique pour les écoliers à la maison. J’ai également annoncé il y a peu la création d’un fonds d’urgence pour les associations de proximité de 20 millions d’euros, car nous savons que ce sont elles qui peuvent réaliser le dernier kilomètre jusqu’aux publics les plus en retrait. Cette semaine, j’ai aussi annoncé une prime de 1 500 euros de trésorerie pour les entrepreneurs des quartiers. Cette mesure s’adresse à un public très large et nous visons les 5 000 bénéficiaires. Nous allons aussi agir sur l’emploi avec le doublement annoncé des personnes en contrat aidé, les parcours emploi compétences, dans les quartiers. Nous prenons ces mesures exceptionnelles car l’enjeu est bien d’éviter une crise sociale de grande ampleur dans les quartiers.

Les deux confinements ont montré l’urgence de la question du logement et de l’habitat, que comptez-vous faire ?

Nous allons poursuivre le programme de rénovation urbaine porté par nos prédécesseurs. Nous sommes arrivés à la fin du programme de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru) et avons doublé l’enveloppe du nouveau pour atteindre les 10 milliards d’euros. Nous intervenons aussi dans la construction de logements neufs, en intégrant par exemple des balcons là où il n’y en a pas dans les programmes en cours de réalisation. Cela paraît anecdotique mais la crise a révélé que c’était indispensable. Pour cela, le secteur de la construction doit continuer à fonctionner. Les entreprises du BTP nous ont confirmé que si les consignes sanitaires sont strictement respectées, il n’y a pas de risque. Il s’agit non seulement de l’un des moteurs de la relance mais aussi d’une nécessité pour la poursuite des programmes de l’Anru. Il y a encore des copropriétés dégradées avec pour certaines des urgences qui ne peuvent pas attendre. Nous devons aussi actionner le levier du cadre de vie et de l’environnement. Créer des espaces verts, des jardins partagés, des espaces de travail et des tiers lieux. Nous avons mis un gros coup d’accélérateur avec l’ambition de repenser de nouveaux critères pour les projets à l’aune des conséquences de l’épidémie et du premier confinement au printemps.

Comment la politique de la ville doit-elle évoluer ?

La crise a eu pour effet de remettre beaucoup de choses à plat. Certaines peuvent être revues, même si nous sommes confortés dans nos choix de soutien et d’accompagnement économiques. Le rapport remis en 2018 par Jean-Louis Borloo à Emmanuel Macron a donné naissance à une feuille de route de la mobilisation nationale pour les habitants des quartiers qui s’en est beaucoup inspirée. J’ai décidé de créer un comité de suivi de cette feuille de route pour mieux tenir compte de l’évolution de la situation économique et sanitaire. On y retrouvera des personnalités qualifiées, des associations, des citoyens, des membres du conseil présidentiel des villes ainsi que des élus, maires et parlementaires, de la majorité comme de l’opposition. Je souhaite faire d’ici deux à trois mois un état de la situation de la mise en œuvre de l’ensemble des mesures prévues, pour voir ce qui marche ou ne marche pas et si besoin renforcer ou réorienter l’action du ministère.

 

 

Castex-Violence et drogue : une amende comme réponse !

Castex-Violence et drogue : une amende comme réponse !

 

 

Autant convenir que les orientations de Castex pour lutter contre la violence notamment sur fond de drogue ne sont pas du tout à la hauteur de l’enjeu. Pour résumer, la mesure essentielle est constituée par la perspective d’une amende en direction des consommateurs de stupéfiants.  Pas vraiment une réponse aux meurtres récents et aux scènes de crimes dans les quartiers : la policière écrasée, le chauffeur de bus assassiné ou encore le pompier volontairement atteint par balle. Sans parler des règlements de compte de bandes dans des quartiers qui ressemblent à Chicago. Parmi les autres mesures, il faut noter 60 policiers de plus à Nice, un ou deux emplois en plus pour l’action pénale dite proximité mais dans les tribunaux qui seront toujours aussi éloignés. Et pour la police municipale et le renforcement de son rôle : « on fera une étude » !

Le Premier ministre a en effet annoncé le lancement d’une expérimentation sur « l’extension des compétences de la police municipale ».

Des mesurettes complètement surdimensionnées par rapport à l’ampleur des violences. Pourquoi pas aussi une amende pour tout ce qui recouvre le concept d’incivilité évoquée par Macon et son gouvernement ; un concept d’incivilité qui comprend les crimes, les meurtres, les insultes et autres écarts anecdotiques comme criminels.

 

Le scandale est évidemment de qualifier d’incivilité des meurtres en plus souvent prémédités et organisés.  Les mesures prises par le premier ministre sont tellement insignifiantes  que les grands médias peinent en rendre compte.

 

Naomi Klein : « ll faut une réponse réponse audacieuse à la crise  » (Naomi Klein )

 

Naomi Klein  , , auteur de nombreux ouvrages à succès sur les dérives du capitalisme et le dérèglement climatique, la pandémie souligne à quel point les différentes crises que nous traversons sont imbriquées.

En 2007, la militante écologiste et anticapitaliste canadienne Naomi Klein publiait La Stratégie du choc : la montée d’un capitalisme du désastre (Actes Sud), un essai dans lequel elle analysait la façon dont pouvoirs et élites tentent de profiter des situations de crise. Son dernier livre, Plan B pour la planète. Le New Deal vert (Actes Sud)publié en novembre 2019, prône un changement radical pour atteindre la neutralité carbone en dix ans. Une idée qu’elle a défendue aux côtés du candidat à l’investiture démocrate pour la présidentielle américaine Bernie Sanders, qu’elle a soutenu jusqu’à ce qu’il se retire de la course, le 8 avril.

La journaliste, également professeure à l’université Rutgers (New Jersey), revient sur la façon dont l’épidémie due au coronavirus accroît les inégalités, et réagit aux manifestations de colère aux Etats-Unis après la mort de George Floyd, tué par des policiers à Minneapolis.

Comment expliquez-vous ce qui se passe actuellement aux Etats-Unis ? Cela vous paraît-il lié, d’une certaine façon, à la pandémie ou à la façon dont elle est gérée ?

Le racisme et les inégalités ont façonné la réponse à la crise du Covid-19. Tant qu’il apparaissait que tout le monde était en danger, les gouvernements étaient prêts à suspendre l’activité économique au nom de la santé humaine. Mais dès qu’il est apparu que les plus menacés par le virus étaient les pauvres, les Noirs, les personnes âgées ou handicapées – ceux que l’on considérait déjà comme des citoyens au rabais –, alors les appels à « relancer l’économie » sont devenus plus vifs. Les policiers de Minneapolis filmés en train d’étouffer tranquillement George Floyd, ça a été la goutte de trop.

Cette période est évidemment extrêmement inquiétante, mais je dois dire aussi que je suis impressionnée par le courage de tous ces jeunes qui sont dans la rue – car ce sont essentiellement des jeunes, de toutes origines. Ces personnes étaient chez elles depuis des mois et c’est pour mener ce combat pour la justice qu’elles brisent le confinement. On ne sait pas sur quoi il va déboucher mais c’est un moment extraordinaire.

Aujourd’hui, nous avons besoin de renflouer des entreprises mais nous devons surtout nous demander quel futur nous voulons bâtir. Tous ces combats dans lesquels nous sommes engagés, que ce soit le combat contre les violences policières, contre le dérèglement climatique ou pour une économie juste, sont liés.

 

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