Croissance France : l’économie replonge
Les grands médias et les lobbys économiques ont fait de place à l’écroulement de la consommation au mois de novembre. Au troisième trimestre, on avait noté une assez nette reprise de la consommation qui laissait espérer une croissance en baisse mais moins importante que prévu pour 2020 La recrudescence du virus a précipité l’économie française dans une nouvelle situation d’urgence. Après un troisième trimestre 2020 au plus haut, la consommation des Français a de nouveau plongé au mois de novembre.
Selon les chiffes de l’institut de statistiques publié ce vendredi 8 janvier, les dépenses de consommation ont chuté de 18,9% au moment de la mise en oeuvre du confinement annoncé par le président de la République Emmanuel Macron fin octobre. La fermeture des commerces jugés « non-essentiels » a provoqué cette baisse brutale. La réouverture de la plupart des commerces au début du mois de décembre et les fêtes de fin d’année devraient permettre de limiter la casse.
En fait il s’agit d’un phénomène conjoncturel mais aussi structurel. Depuis le début de la crise, la consommation des ménages français continue d’augmenter mais beaucoup moins vite qu’avant la crise. Entre 2000 et 2007, elle augmentait en moyenne de 2,2 % par an. Depuis 2008, la consommation augmente de seulement 0,9 % par an. En 2019, les dépenses de consommation des ménages ont progressé de 1,5 %, soit une accélération par rapport à 2018 (+ 0,9 %). A l’exception de 1993 et de 2012, la consommation des Français, mesurée en volume, a augmenté chaque année depuis 1949.
La progression de la consommation subit des à-coups. La consommation de voitures est l’exemple le plus marquant. L’achat de véhicules représentait en 2014 près de 38 % de la consommation totale en valeur. Or ces achats étaient fortement liés aux dispositifs gouvernementaux, principalement à la prime à la casse. On note des pics de consommation après leur mise en place puis un recul des immatriculations. En 2014, l’achat d’automobiles s’est stabilisé (- 0,1 % en volume) après deux années de chute en 2012 (- 10,3 %) et en 2013 (- 7,9 %).
En valeur, le revenu disponible brut des ménages s’est accru en 2019 (+ 3,1 %) à un rythme quasiment similaire qu’en 2018 (+ 3 %). Dans le même temps, l’inflation a été de 1,1 % en 2019 contre 1,8% en 2018. En conséquence, le pouvoir d’achat des ménages a augmenté en 2018 et 2019, alors qu’il s’était contracté en 2012 et 2013.
Cette évolution favorable du pouvoir d’achat explique le redressement de la consommation des ménages en 2018 et 2019. Toutefois, leurs dépenses de consommation ont cru en 2019 de 1,6 point de pourcentage de moins que leur revenu disponible (+ 3,1 %). En conséquence, le taux d’épargne des ménages a progressé en 2019 pour atteindre 15 % du revenu disponible brut.
En 2019, la consommation effective des ménages français (c’est-à-dire incluant la consommation de services publics payés indirectement par les ménages) s’élevait à 1 668,2 milliards d’euros, soit près de 72 % du PIB.
En milliards d’euros | Coefficient budgétaire en % | |
Produits alimentaires et boissons non alcoolisées | 165,6 | 9,9 |
Boissons alcoolisées et tabac | 48,2 | 2,9 |
Habillement et chaussures | 44,9 | 2,7 |
Logement, chauffage, éclairage | 332,1 | 19,9 |
Meubles, articles de ménage et entretien courant de l’habitation | 57,9 | 3,5 |
Santé | 50,5 | 3,0 |
Transports | 178,8 | 10,7 |
Communications | 29,2 | 1,8 |
Loisirs et culture | 100,3 | 6,0 |
Éducation | 6,2 | 0,4 |
Hôtels, cafés et restaurants | 96,9 | 5,8 |
Autres biens et services | 156,8 | 9,4 |
Correction territoriale | -14,0 | -0,8 |
Dépenses effectuées par des administrations et instituts au service des ménages | 415,0 | 24,9 |
Dépense de consommation * | 1 668,2 | 100,0 |