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Internet : Renforcer l’autonomie des consommateurs face aux algorithmes

Internet : Renforcer l’autonomie des consommateurs face aux algorithmes

 

Le professeur de marketing Ronan de Kervenoael suggère, dans une tribune au « Monde », de s’appuyer pour des achats en ligne sur des communautés de consommateurs plutôt que sur des algorithmes.

 

Comment choisir un restaurant ? une location de vacances ? une machine à laver ? un paquet de biscuits ? La majorité des consommateurs fait aujourd’hui appel à des comparateurs en ligne pour les guider dans leurs décisions, confiant leur sort à des algorithmes pour tous ces microchoix de la vie quotidienne. Les suggestions qu’ils reçoivent tiennent compte des disponibilités des produits et services, de leurs prix, de quelques-unes de leurs caractéristiques, et surtout de nombreux avis d’anciens clients.Ce système, qui paraît aujourd’hui aller de soi, est pourtant de construction récente et devrait être amené à évoluer assez vite. Les interactions des consommateurs avec les « conseillers » algorithmiques en ligne sont en effet assez pauvres. Même si certains outils tiennent compte des achats passés, les préconisations prennent peu ou pas en considération les valeurs personnelles des individus.

Les préconisations ne les incitent pas non plus spécialement à agir de manière responsable. Elles excluent toute relation humaine, toute chaleur, toute émotion. Mais c’est surtout la prolifération de faux avis mis en ligne par des officines spécialisées qui remet en cause la crédibilité de ce système. Une application populaire comme Yuka suggère aujourd’hui de nouvelles pistes.

L’application Yuka aide les consommateurs à se décider dans les rayons alimentaires et cosmétiques, mais elle le fait en allant au-delà d’un comparateur de prix basique : elle met en lumière les aliments les plus sains en s’appuyant sur la recherche scientifique et promeut des valeurs parfois en avance sur la législation (« Food choice and the epistemic value of the consumption of recommender systems : the case of Yuka’s perceived value in France », Rajibul Hasan, Sara Kemari, Ronan de Kervenoael et Alexandre Schwob, Behaviour & Information Technology, nos 1-20, 2023).

Cette application est particulièrement intéressante, car elle s’appuie sur une large communauté de consommateurs qui s’implique, échange sur les forums, fournit des données, et qui a réussi, de manière indirecte, à peser sur les industriels de l’agroalimentaire et sur l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail.

Renforcer la présence économique en Afrique

Renforcer la présence économique en Afrique

«Nous devons renforcer notre présence économique en Afrique en adoptant une attitude d’égal à égal, sans arrogance, mais sans craindre de promouvoir nos valeurs et nos intérêts», défend le président du Cian, Etienne Giro. 

Depuis quelque temps, l’Afrique n’a pas bonne presse. Il faut dire que l’actualité de ces dernières semaines n’a pas été avare en mauvaises nouvelles pour la France. Fermeture du lycée français de Niamey après 60 ans d’activité, annonce de la réduction des bases militaires françaises, sortie de trois pays du Sahel de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), rencontre à Moscou des présidents Poutine et Déby — ce dernier qualifiant la Russie de pays frère —, sommet Italie-Afrique au cours duquel le gouvernement italien cherche à profiter des difficultés françaises sur le continent, défaut de paiement du Niger sur sa dette, et enfin report de l’élection présidentielle au Sénégal. Arrêtons là !

Alors que plane un sentiment anti-français, ou plutôt anti-politique française, cela fait beaucoup et il ne faut pas s’étonner qu’une certaine morosité, voire une frilosité, s’installe au sein des entreprises françaises vis-à-vis de l’Afrique. Tout cela est d’abord la manifestation d’une évolution profonde du continent depuis trente ans. Avec la fin de l’hégémonie occidentale, elle se traduit par l’émergence d’une nouvelle Afrique, mondialisée, digitalisée et souveraine, pilotée par de nouvelles générations d’Africains plus jeunes. Si l’on ajoute à ces transformations profondes les menaces terroristes, les manipulations sur les réseaux sociaux, certaines maladresses relationnelles franco-africaines, l’excès des normes et les risques réputationnels, il n’est pas surprenant que des entreprises s’interrogent sur leur futur développement sur le continent.

Et pourtant… la réalité est bien différente. Au-delà de ces signaux négatifs, si l’on veut bien regarder le long terme, il est clair que le potentiel de l’Afrique est toujours là. Ses fondamentaux et la réalité des faits font toujours de ce continent une future grande puissance économique, une région d’avenir et prometteuse.

Rentabilité. Il faut d’abord savoir qu’il existe des réponses techniques à tous les risques supposés ou réels qui inquiètent les entreprises, qu’il s’agisse des impayés, de la sécurité, de la santé ou même des désordres politiques. La présence économique française sur le continent est forte et répartie dans tous les pays : plus de 5 000 entreprises répertoriées, près de 100 milliards d’euros de chiffre d’affaires, 500 000 emplois, le second stock d’investissement direct à l’étranger (IDE) et une bonne rentabilité. En outre le comportement de nos entreprises en Afrique est remarquable, elles ne craignent pas la comparaison avec leurs concurrentes : action sociale et RSE, attitude citoyenne, africanisation des cadres et des dirigeants, contenu local et partenariats. Elles se comportent bien.
 Et nous bénéficions de liens étroits et de relations profondes et anciennes avec l’Afrique : historiques, culturels, linguistiques, techniques (Ohada ou franc CFA), et enfin des institutions expérimentées et dynamiques au service des entreprises (Agence française de développement, Business France, Expertise France, BPI).
 Voilà pourquoi nous devons renforcer notre présence économique en Afrique en adoptant une attitude d’égal à égal, sans arrogance, mais sans craindre de promouvoir nos valeurs et nos intérêts. A l’instar de celles qui sont déjà installées, les entreprises françaises qui auront cette dynamique ne le regretteront pas. Le secteur privé français peut écrire une nouvelle page des relations entre la France et l’Afrique.

Etienne Giros est président du Conseil français des investisseurs en Afrique.

Le numérique pour renforcer la sécurité

Le numérique pour renforcer la sécurité

« Promulguée en janvier 2023, la Loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur (LOPMI) vise un objectif majeur : faire de la présence des policiers nationaux et des gendarmes sur le terrain la règle, et le temps au commissariat ou en brigade l’exception » (par Benoît Fayet et Boris Laurent dans la Tribune )

Les épisodes de violence, qui se sont déroulées en juin et juillet dernier, ont été un véritable choc pour l’opinion et les pouvoirs publics, à plusieurs niveaux. D’abord, l’ampleur géographique avec 66 départements et 516 communes concernés [1]. Ensuite, des modus operandi inédits par les ciblages des forces de l’ordre mais aussi d’élus de la République. Enfin, le passage à l’action très rapide des émeutiers et la décrue soudaine des actes de violence, qui s’explique en partie par le déploiement massif et rapide des forces de l’ordre. La présence de ces dernières sur la voie publique renforce la sécurité au quotidien. Quod erat demonstrandum (CQFD).

Or, un récent rapport indique que les commissariats de police sont saturés de dossiers et de procédures en attente de règlement [2]. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 2,7 millions de dossiers anciens et 3,5 millions de nouvelles procédures enregistrées la même année. Les services de police sont ainsi complètement engorgés de dossiers liés à la délinquance quotidienne comme les cambriolages, les voies de fait mais aussi les coups et blessures plus graves. L’équation semble se compliquer pour le ministère de l’Intérieur, qui veut renforcer la présence policière dans la rue mais doit aussi désengorger les commissariats saturés de dossiers. Elle n’est pour autant pas insoluble.

La Loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur (LOPMI) prévoit de renforcer les effectifs des forces de l’ordre [3]. Promulguée en janvier 2023, la LOPMI vise un objectif majeur : faire de la présence des policiers nationaux et des gendarmes sur le terrain la règle, et le temps au commissariat ou en brigade l’exception. Pour « mettre plus de bleu dans la rue », le ministère de l’Intérieur compte également sur la transformation numérique de l’activité opérationnelle de ses agents sur le terrain par le déploiement d’outils numériques sur mesure pour les policiers nationaux et les gendarmes. C’est d’ailleurs le sens à donner à la LOPMI qui s’impose comme une « révolution numérique » ouvrant de nouvelles possibilités digitales pour les forces de sécurité intérieure.

La mise en place de la procédure des amendes forfaitaires délictuelles (AFD) opère cette double bascule numérique et opérationnelle. Les AFD permettent aux forces de l’ordre de verbaliser des délits directement sur la voie publique, en flagrance. Cette procédure est rendue possible grâce à un équipement numérique mobile mis à disposition des forces de l’ordre, appelé NEO. Ce terminal permet aux policiers nationaux et aux gendarmes d’accéder à tout moment et en tout lieu à leurs applications professionnelles. Il garantit un haut niveau de sécurité et permet donc de rédiger un procès-verbal électronique via une application dédiée et d’établir une AFD dans la rue.

L’ambition des AFD est double : réduire le volume de contentieux simples qui génèrent des lourdeurs sur l’ensemble de la chaîne pénale grâce à la suppression de tout passage devant les tribunaux, et lutter contre des infractions qui détériorent le quotidien des citoyens en générant de l’insécurité (usage de stupéfiants, occupation illicite de hall d’immeuble et conduite sans permis). Rendre les policiers et les gendarmes plus mobiles sur la voie publique et plus près des citoyens est tout le sens à donner à cette procédure des AFD.

Fort du succès des équipements mobiles NEO, évoqués plus haut, le ministère de l’Intérieur veut aller plus loin avec le déploiement d’une nouvelle génération, dite NEO 2. Les NEO 2 disposent de batteries et d’une capacité de calcul et de mémoire de meilleure qualité, ce qui va dans le sens d’une plus grande utilisation dans la rue pour les forces de l’ordre. Ils offrent des capacités de communications radio supplémentaires via le Réseau radio du futur (RRF) avec la mise à disposition d’un débit 4G ou 5G priorisé pour les communications des forces de sécurité. À terme, les technologies offertes par le RRF pourront aussi permettre de consulter plus de données en temps réel sur la voie publique et une meilleure interopérabilité avec d’autres acteurs producteurs de sécurité comme les polices municipales et leurs centres de supervision urbain (images issues de la vidéoprotection).

Enfin, le numérique peut aussi permettre de développer la présence des forces de l’ordre sur le terrain, comme en témoigne le dispositif Ubiquity déployé par la gendarmerie nationale pour renforcer son ancrage territorial et son lien avec la population. Il s’agit d’ordinateurs portables connectables en tout lieu, aussi bien au réseau de la gendarmerie qu’à un réseau wifi classique. Cet outil numérique dispose de fonctionnalités pour la rédaction de procédures en mobilité sur la voie publique, dans les espaces France Service, dans les hôpitaux ou les domiciles de victimes par exemple, facilitant ainsi la prise d’une plainte, l’audition d’un témoin ou la verbalisation d’infractions. Au-delà du rôle qu’il joue dans le renforcement de la présence des forces de l’ordre sur le terrain, le numérique permet ici d’offrir une nouvelle forme de relation entre les forces de l’ordre et la population. Il s’agit d’un changement de paradigme, de l’accueil en unité à une dynamique d’« aller vers » les citoyens.

L’action des forces de l’ordre sur la voie publique doit être assurée par un continuum de services numériques. Celui-ci doit suivre une logique de « chaîne intégrée » couvrant l’ensemble des gestes métiers qu’un policier ou un gendarme peut effectuer sur le terrain. Cela peut se traduire, en amont, par la consultation de fichiers de police sur la voie publique et par l’alimentation de fichiers de police par des informations issues d’une verbalisation dans le cadre d’une AFD, par exemple. Cette « chaine intégrée » doit offrir plus de possibilités d’actions aux forces de l’ordre sur la voie publique (prise d’empreintes digitales, par exemple) et être adaptée à leurs contraintes opérationnelles avec des matériels peu nombreux, idéalement intégrés aux NEO ou modulables et embarqués.

En patrouille ou en ilotage, il s’agira à terme de collecter et de traiter en temps réel toujours plus d’informations et de données. Plusieurs pistes de réflexion existent, comme les outils à commande vocale (possibilité de dicter les références d’une plaque d’immatriculation plutôt que de les saisir, etc…), ou encore l’amélioration d’outils de conduite des opérations « command and control » (C2) bénéficiant d’une géolocalisation fiabilisée des forces de l’ordre et des événements, et de suite logicielle de visualisation de données 3D. Les gains pour les politiques et les stratégies de sécurité territoriales et locales seraient dès lors conséquents.

De même, si on souhaite favoriser la consultation en temps réel de plus d’informations issues des fichiers de police sur les équipements mobiles NEO, il faut réfléchir à la manière dont ces informations sont affichées sur ces équipements pour permettre une consultation confortable sur des écrans de taille réduite avec les informations contextuelles clés et strictement nécessaires à la sécurisation des interventions (conduite à tenir si personne dangereuse, photo du visage, etc.).

Il faut enfin s’appuyer sur les innovations technologiques les plus récentes de l’IA pour développer autour des NEO 2 par exemple des briques de commandes vocales allant au-devant des solutions existantes de « speech to text » permettant de la rédaction de compte-rendu simplifié à la voix ou encore réfléchir à l’interopérabilité à terme avec d’autres équipements mobiles innovants du type lunettes connectées (lunettes XR/VR).

Une réflexion sur le cadre règlementaire de ces nouveaux usages devra être posée en amont. La question des données consultées et transmises est un enjeu clé, dans un contexte évolutif, et leur contrôle doit être systématisé au regard des finalités opérationnelles visées par les forces de l’ordre et selon un principe de proportionnalité.

Ainsi, la réflexion sur l’apport des outils numériques dans la sécurité publique fait apparaître en creux la question de l’équilibre entre la demande toujours plus forte d’efficacité de la police et de la gendarmerie, et le renforcement nécessaire de la réglementation pour la protection des données. L’enjeu est donc d’identifier des solutions permettant des gains opérationnels tout en ne transigeant pas sur la protection des données et leur bon usage par les forces de l’ordre, qui sont autant de principes fondamentaux de notre société.

De plus, il convient de ne pas minimiser la question du risque de vols d’équipements mobiles plus nombreux et qui pose des enjeux éthiques importants, considérant l’accès aux données sensibles que ces équipements permettent aujourd’hui et encore plus à terme (données recensant des personnes mises en cause dans des affaires pénales, etc…). Les systèmes de désactivation à distance doivent être renforcés et systématisés, tant cet aspect sécurité n’est pas à laisser de côté.

Enfin, qui dit numérique, dit sécurité des systèmes et cyberattaque. La multiplication des opérations réalisées par les forces de l’ordre en dehors de leurs unités appelle à une réflexion sur l’intégration des couches techniques socles des équipements mobiles. En effet, ces dernières sont indispensables au bon fonctionnement des équipements mobiles dont il faudra veiller continuellement à leur sécurité informatique, voire à la renforcer. L’objectif est d’empêcher les mauvais usages, l’utilisation non autorisée, la modification ou le détournement de ces outils numériques et les données concernées.

Pour concilier les objectifs de présence visible sur la voie publique, de performance de l’offre de sécurité du quotidien et de réponse pénale efficace, il convient donc de poursuivre le déploiement d’outils numériques adaptés, sur mesure et sécurisés, pour plus de services et de proximité avec les citoyens, tout en veillant à garantir le respect de la protection des données et leur bon usage par les forces de l’ordre, deux principes fondamentaux de notre société.

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[1] Contre 25 départements et 200 communes lors des émeutes de 2005.

[2] Les commissariats de police saturés par 2,7 millions de procédures en souffrance (lemonde.fr)

[3] 7.390 policiers et gendarmes supplémentaires d’ici à 2027 auxquels s’ajoutent 238 nouvelles brigades de gendarmes dans les zones rurales et péri-urbaines. La réserve opérationnelle de la police nationale devrait passer de 6.000 à 30.000 personnels et celle de la gendarmerie de 50.000 à 60.000 personnels.

« L’IA : pour renforcer les géants du numérique, mais aussi les affaiblir »

« L’IA : pour renforcer les géants du numérique, mais aussi les affaiblir »
CHRONIQUE par Alexandre Piquard dans Le Monde

L’intelligence artificielle en open source serait susceptible de rebattre les cartes du secteur dans un sens moins favorable aux Big Tech, explique Alexandre Piquard, journaliste au « Monde », dans sa chronique.L’intelligence artificielle (IA) va-t-elle rebattre les cartes du numérique ou asseoir le pouvoir des grands acteurs du secteur ? Le succès des logiciels capables de créer, à partir d’une simple commande écrite, des textes – comme ChatGPT – ou des images – comme Midjourney – a d’abord semblé confirmer la seconde hypothèse. Si c’était possible, ces systèmes allaient être encore davantage dominés par les Big Tech, tels Google, Microsoft, Meta (Facebook) ou Amazon, que la recherche en ligne, les réseaux sociaux, les logiciels ou l’e-commerce…

Mais ces derniers mois, avec l’apparition de modèles d’IA puissants diffusés en open source, donc accessibles à tous, une thèse alternative s’est développée : l’IA pourrait affaiblir les géants du numérique.

Pour étayer l’idée d’une consolidation du pouvoir des acteurs dominants, les éléments ne manquent pas : OpenAI, la start-up qui a créé ChatGPT, est depuis 2019 solidement arrimée, par un partenariat, à Microsoft, qui serait prêt à y investir 10 milliards de dollars (9,4 milliards d’euros). Google a, lui, misé 300 millions de dollars pour prendre une participation dans la start-up Anthropic. Et, grâce à leurs filiales d’hébergement et de services dans le cloud, Google a noué un partenariat avec Cohere ou C3 AI et Amazon avec Stability AI. Les géants du numérique apportent ici de la capacité de calcul pour entraîner des modèles gigantesques (540 milliards de paramètres pour PaLM, de Google). Il s’agit d’une ressource cruciale et coûteuse, car les puces dernier cri valent jusqu’à 40 000 dollars pièce.

Cette mainmise suscite déjà des critiques, notamment d’Elon Musk, pour qui créer OpenAI était une façon de pas laisser l’IA aux mains de Google. « La domination des Big Tech sur l’économie numérique sera scellée si les régulateurs n’interviennent pas », a mis en garde Sarah Myers West, de l’ONG AI Now Institute, dans le Financial Times. La FTC, l’autorité antitrust américaine, a dit être « vigilante », car « l’IA risque de conforter encore davantage la domination des grands acteurs du numérique ».

Certains craignent de voir les petites entreprises et la recherche publique dépendre d’une poignée de grands modèles d’IA, comme elles dépendent des grandes plates-formes, réseaux sociaux, environnements mobiles…

Faire un effort de formation pour renforcer l’employabilité

Faire un effort de formation pour renforcer l’employabilité.


« Pour affronter les changements majeurs induits par la transition numérique et environnementale, la France doit prendre, dès maintenant, le tournant de la formation » (Alain Roumilhac (ManpowerGroup France)

La lame de fond qui transforme actuellement le monde du travail français n’a jamais revêtu une telle force. Nous faisons face à des défis énormes : atteinte du plein-emploi, accompagnement des salariés aux innovations de rupture et inclusivité des talents.

Le marché de l’emploi reste dynamique mais doit s’adapter aux enjeux des nouvelles technologies. Les innovations de rupture représentent des opportunités extraordinaires mais sont également sources d’angoisse pour de nombreux salariés. J’ai la conviction que nous pourrons surmonter ces défis en investissant pour renforcer l’employabilité des salariés tout en attirant de nouveaux profils.
A l’heure où les transitions numériques et environnementales s’accélèrent, un risque important existe, de décalage entre les besoins des entreprises et les compétences des talents disponibles.
Notre étude, The Great Realization, montre que six employés sur dix devront acquérir des compétences nouvelles pour exercer leur métier dans le monde de demain. L’enjeu à l’avenir sera d’aborder la disparition de certains métiers à cause d’innovations de rupture et d’accompagner la transition environnementale des entreprises.

Pour affronter les changements majeurs induits par la transition numérique et environnementale, la France doit prendre, dès maintenant, le tournant de la formation pour que ces nouveaux métiers soient sources d’opportunité. C’est une nécessité pour faire de notre pays un leader dans ces deux domaines.

Avec un taux de chômage à 7,1%, la France s’approche du plein-emploi. Néanmoins, un plein-emploi soutenable, agile et protecteur ne pourra être atteint qu’à la condition que les politiques de ressources humaines soient plus inclusives. En effet, de nombreux profils sont tenus éloignés de l’emploi à cause du manque d’adéquation entre les politiques RH et les spécificités des talents.
Rigidités. Les politiques de recrutement sont encore trop fondées sur des critères d’âge, de diplômes ou de zones géographiques, rigidifiant et fragmentant l’accès à l’emploi. En conséquence, nous sommes un des rares pays où coexistent un chômage élevé et une pénurie forte de talents.

L’employabilité ne peut pas être un mot cosmétique. Il nous impose des efforts de tous les jours en direction des salariés et des demandeurs d’emploi. A mon sens, c’est là le cœur de notre mission en faveur de l’attractivité française.

Renforcer la défense économique de l’Europe face au marché mondial

Renforcer la défense économique de l’Europe face au marché mondial

Par  Alain di Crescenzo et Marie-Pierre Vedrenne*

« Pour être audible et crédible, l’Union européenne doit se doter rapidement d’un instrument visant à lutter contre les mesures coercitives pour empêcher les Etats tiers de faire pression sur nos économies et nos modèles de société » ( L’opinion)

 

 

 

Tensions géopolitiques, choc de la Covid-19, guerre en Ukraine, les facteurs de bouleversement se succèdent et confrontent nos entreprises à une instabilité de plus en plus croissante. L’autonomie stratégique devient, dans ce contexte incertain, la boussole de l’Union européenne. Il est temps que cette dernière se dote de tous les instruments de puissance afin de garantir avec efficacité des conditions d’une concurrence juste et loyale.

 

La Présidence française du Conseil de l’Union européenne, qui porte à son agenda l’ambition de souveraineté, appelle à retrouver les notions de solidarité, d’unité et de concurrence loyale, qui font partie des fondements de l’Union européenne. Les expériences récentes montrent, et c’est un élément positif à souligner, que ces principes restent fédérateurs en temps de crise et que l’identité européenne peut encore s’affirmer. La conviction des PME françaises, réaffirmée par une étude que CCI France vient de réaliser, est que seule une réponse européenne unie et forte permettra des avancées majeures.

Entre le « Buy American Act », la quasi-impossibilité d’accéder aux marchés publics des pays émergents ou le « Buy Chinese », nos grands concurrents réservent la commande publique à leurs entreprises nationales. Levier incontestable et incontournable de croissance, la commande publique représente avec 2000 milliards d’euros par an près de 14% du PIB de l’Union européenne. En 2020, les entreprises des pays tiers ont bénéficié des marchés publics européens pour 50 milliards d’euros, sans contreparties pour les entreprises européennes. Il était temps de rétablir l’équilibre. Avec l’accord obtenu sur le nouvel instrument sur la réciprocité, une entreprise non européenne participant à un marché public dans l’UE pourra être exclue ou se voir appliquer une sanction jusqu’à 100% du montant du marché public si cette entreprise a pour origine un pays fermé aux entreprises européennes.

La coercition, une menace à contrer. Soyons très clairs sur l’état du monde, la coercition économique est désormais monnaie courante : que ce soit avec les sanctions extraterritoriales américaines ou les comportements unilatéraux et contraires au droit international de la Chine envers la Lituanie ou l’Australie, l’ère de la confrontation est engagée. Pour être audible et crédible, l’Union européenne doit se doter rapidement d’un instrument visant à lutter contre les mesures coercitives pour empêcher les Etats tiers de faire pression sur nos économies et nos modèles de société. Comment ? En renforçant les outils de l’Union pour lutter contre les abus etles pratiques visant à restreindre nos choix commerciaux stratégiques, donc nos libertés d’action au mépris du droit international le plus élémentaire. Soyons ambitieux, la proposition actuellement sur la table des négociations au niveau européen est intéressante. Les tentations d’affaiblissement de certains États européens par des pays tiers doivent être stoppées.

Les normes, un atout commercial stratégique. Un autre sujet de préoccupation à l’international pour les entreprises est celui du poids trop grand détenu par des intérêts économiques non européens dans la politique de normalisation communautaire. Il est fondamental de redonner aux entreprises européennes la main sur la production de nos propres références techniques, surtout que la nouvelle politique industrielle européenne se donne désormais pour but d’investir massivement dans les technologies clés : digital, transition énergétique, data ou encore cybersécurité. Sur ces sujets les récentes déclarations de Thierry Breton sont positives et vont dans le sens d’un renforcement d’une normalisation européenne plus « autonome », du moins sans risque de présence d’intérêt extra-européen dominant. Ces orientations doivent être suivies d’effet.

Les moyens, un renforcement du rôle du « procureur commercial ». Créée en juillet 2020, la fonction de « chief trade enforcement officer » vise d’une part à aider nos exportateurs à pleinement bénéficier des avantages de nos accords de commerce et d’autre part à renforcer l’application des engagements en matière de développement durable. Le Français Denis Redonnet, qui remplit cette fonction, doit se voir doter des moyens humains et des leviers législatifs indispensables pour remplir sa mission. L’Europe doit rendre plus efficace ses procédures d’ « enforcement », comme le font nos grands concurrents. Dans tout accord international, la mise en œuvre et le respect des engagements demeurent la clé, c’est une simple question d’équilibre et de confiance, et les opinions publiques y sont de plus en plus sensibles. C’est particulièrement vrai en matière environnementale : la réforme des chapitres du développement durable dans les accords commerciaux doit faire en sorte que toute violation grave des engagements environnementaux et sociaux puisse être sanctionnée, sauf à vider tous les accords de leur substance. Donc à fausser le jeu de la concurrence et aller à l’encontre des objectifs de lutte contre le réchauffement climatique en accélérant les délocalisations et les fuites de CO2. C’est le même sujet pour le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières, autre grande priorité de la Présidence française. Donnons-nous les moyens de faire respecter les équilibres dans nos accords internationaux, qu’ils soient juridiques ou de compensation financière aux frontières.

Aujourd’hui, la question pour l’Union européenne n’est pas le repli sur soi, loin de là. Il n’y aura pas d’autonomie stratégique sans ouverture. La nouvelle politique commerciale européenne doit réussir à créer les conditions d’une ouverture, tout en assurant le respect des équilibres nécessaires à un bon exercice du commerce mondial. Le défi est de pérenniser cette capacité nouvellement réaffirmée d’agir ensemble et de manière cohérente.

* Alain di Crescenzo est président de CCI France. Marie-Pierre Vedrenne est députée européenne, vice-présidente de la commission du Commerce International et membre de la Commission de l’emploi et des affaires sociales du Parlement européen.

Renforcer encore la guerre économique avec la Russie ( Jean Pisani Ferry)

Renforcer encore la guerre économique avec la Russie ( Jean Pisani Ferry)

 

L’Europe a les moyens de prouver que les représailles économiques peuvent faire reculer l’agresseur russe, analyse l’économiste Jean Pisani-Ferry  dans « le Monde ».

 

Chronique. Provocante, certainement, la formule du ministre de l’économie, Bruno Le Maire, n’en était pas moins juste : c’est bien une « guerre économique et financière totale » qui s’est engagée contre la Russie. Son enjeu dépasse l’Ukraine : il s’agit de savoir si les représailles économiques peuvent faire reculer un agresseur, ou bien si seule la force armée peut arrêter la force armée.

Ce qui se joue aujourd’hui, c’est d’abord l’existence d’un pays. Mais ce qui se teste, c’est notre capacité à faire levier de la puissance économique. Si nous parvenons à faire plier Poutine, la leçon sera claire : entre prédation et prospérité, il faut choisir. Si nous échouons, la volonté de puissance aura le champ libre.

 

Nous avons des atouts pour cette confrontation. Comme l’a dit Jason Furman, l’ancien conseiller économique de Barack Obama, la Russie n’est, pour l’économie mondiale, qu’une « grande station-service ». Elle est, en revanche, tributaire de l’extérieur pour la technologie, la finance, les biens d’équipement et les biens de consommation. La sanctionner lui fait beaucoup plus mal que cela ne nous coûte.

 

Les Etats-Unis et l’Europe ont instantanément mobilisé tous les moyens que leur donnent un quasi-monopole sur les monnaies de réserve, le contrôle des infrastructures financières internationales (dont la messagerie Swift n’est qu’un élément) et la suprématie technologique. L’effet de souffle des sanctions illustre une thèse formulée en 2019 par les politistes Henry Farrell et Abraham Newman sous le nom de « weaponized interdependence » (« l’interdépendance comme arme »). Les structures en réseau, disaient-ils, se sont développées pour des raisons économiques, mais elles confèrent un énorme pouvoir aux pays qui les contrôlent.

Ce n’était cependant que la première manche. Certes, la Russie est devenue un Etat paria, les oligarques sont privés de Riviera et la classe moyenne de meubles Ikea. Mais la dépendance énergétique de l’Europe l’a conduite à limiter le champ des sanctions. Seules certaines banques ont été mises au ban ; seules certaines technologies sont interdites d’exportation ; seules certaines entreprises ont définitivement choisi de plier bagage. Chaque jour, la Russie engrange près d’un milliard de dollars de recettes d’exportations énergétiques. Elle va rapidement retrouver les moyens d’importer.

Moscou subit déjà, en partie, l’ombre portée de sanctions pas encore arrêtées. Il n’est pas interdit d’acheter du pétrole russe. Mais, par crainte de mesures à venir, armateurs, banquiers et assureurs hésitent à participer à ce commerce. L’expérience des sanctions secondaires américaines de 2018, qui avaient banni toutes les entreprises en relation avec l’Iran, reste dans les mémoires. Résultat : le pétrole de l’Oural subit une décote importante, de 25 dollars par baril.

Poutine veut renforcer son emprise sur l’Ukraine

« L’Union européenne sous-estime depuis trop longtemps les implications de la grave crise qui couve à l’Est »

 

Poutine veut renforcer son emprise sur l’Ukraine  

 

Poutine veut renforcer son emprise sur l’Ukraine avertit l’analyste politique Piotr Buras dans une tribune au « Monde ».

Tribune.

 

Le casse-tête géopolitique de l’Europe orientale est à nouveau sous les projecteurs. Depuis 2015, date à laquelle la guerre dans le Donbass a été placée dans le « congélateur politique » baptisé « format Normandie » [destiné à encadrer les discussions entre la Russie, l’Ukraine, la France et l’Allemagne], les tensions récurrentes entre Moscou et les membres orientaux de l’Union européenne (UE) ont rarement inquiété au-delà des limites de la région.

Les manifestations démocratiques de 2020 en Biélorussie ont suscité une large sympathie en Europe. Leur violente répression par Alexandre Loukachenko a été suivie de quatre séries de sanctions limitées contre le régime – après quoi les Européens se sont tournés vers des problèmes plus urgents.

Mais ce que beaucoup considéraient comme une impasse gérable n’était qu’un statu quo extrêmement fragile. Aujourd’hui, ses fondations se délitent et l’Union européenne (UE) doit y porter toute son attention. Les enjeux ne sauraient en effet être plus sérieux : il s’agit de la sécurité de l’UE, de ses valeurs et de sa capacité à agir.

Répression du mouvement démocratique

A la frontière orientale de la Pologne, plusieurs milliers de migrants désespérés, bernés et trahis par le dictateur biélorusse, tentent d’entrer dans l’UE. Loukachenko est en quête d’une reconnaissance que l’Occident lui refuse en raison de sa répression du mouvement démocratique et de l’emprisonnement de centaines de ses opposants politiques.

Dans le même temps, quelque 100 000 soldats russes lourdement armés se massent à la frontière avec l’Ukraine. Cela constitue un rappel déroutant : Vladimir Poutine n’a jamais renoncé à mener à terme son objectif qui consiste à mettre Kiev au pas.

La crise migratoire pourrait aider Poutine à détourner l’attention des Européens, en vue d’une éventuelle agression de l’Ukraine. Poutine et Loukachenko, comme chacun sait, ne sont pas les meilleurs amis du monde, mais ils jouent dans la même équipe. Tandis que Loukachenko menace de couper les exportations de gaz vers l’UE, Poutine joue d’une ambiguïté soigneusement calibrée. Des avions militaires russes survolent ostensiblement – sur demande biélorusse – la région frontalière jouxtant la Pologne. Et les médias russes comme biélorusses multiplient les campagnes de propagande émaillées de menaces contre l’intégrité territoriale de la Pologne et de l’Ukraine.

Dictateurs cruels, bluff, chantage, désinformation et pièges de la connectivité – tels sont les ingrédients d’un nouveau type de conflit qui met aujourd’hui à l’épreuve la résilience et la détermination de l’UE. Les frontières entre guerre classique et affrontement non militaire sont brouillées. Il est en outre difficile de discerner les intentions qui se dissimulent derrière les provocations. L’Europe orientale se trouve confrontée à sa crise peut-être la plus grave depuis des années, une crise qui menace de bousculer sa fragile stabilité.

La Lettonie et la Lituanie veulent renforcer la frontière vis-à-vis des migrants de Biélorussie

La Lettonie et la Lituanie veulent renforcer la frontière vis-à-vis des migrants de Biélorussie

Le régiment pleine décomposition de la Biélorussie génère une vague de migrants qui se réfugient notamment en Lettonie et en Lituanie. Ces deux pays envisagent de créer des barrières renforcées aux frontières pour limiter ces arrivées. La Lituanie envisage de construire une clôture en accordéon, accompagné d’un grillage, dont le coût est estimé à environ 152 millions d’euros. La Lituanie, qui a offert un fort soutien et un refuge à l’opposition biélorusse, a commencé semaine de refouler des migrants après que plus de 4000 personnes sont entrées dans ce pays en provenance de Biélorussie depuis le début de l’année.

Vilnius et Bruxelles accusent l’homme fort du pays Alexandre Loukachenko d’avoir délibérément encouragé de nouvelles arrivées de migrants illégaux en représailles aux sanctions contre son régime. L’union européenne semble pour l’instant très réticente pour financer le renforcement des frontières de la Lituanie et de la Lettonie.

 

Renforcer la solvabilité des PME et ETI

Renforcer la solvabilité des PME et ETI

La tribune d’Alberto Sánchez Navalpotro, directeur général de la société Inbonis Rating, agence de notation de crédit spécialisée pour PME et ETI dans l’Opinion.

La France vient d’obtenir le feu vert de la Commission européenne sur le programme des prêts participatifs Relance et des obligations subordonnées Relance. Ce sont 20 milliards d’euros à destination de quelque 10 000 PME et ETI dans le but de leur permettre de réaliser des investissements productifs de nature à améliorer leur productivité et leur compétitivité. Selon Bruno Le Maire, le « maître mot de l’année 2020 a été la protection », et le « maître mot de l’année 2021 doit être l’investissement ».

Les prêts participatifs Relance vont permettre aux PME et ETI d’investir. Inspirés des « subordinated loans » anglo-saxons, et déjà utilisés par l’Etat français à plusieurs reprises en temps de crise – en 1978 en soutien au secteur sidérurgique puis en 2008 en soutien au secteur automobile – les prêts participatifs, à mi-chemin entre le financement en fonds propres et les prêts à long terme, représentent une nouvelle source de financement à long terme des investissements pour les entreprises.

Par ailleurs, les prêts participatifs Relance sont de nature à améliorer la notation de crédit des entreprises auprès des agences de notation et de la Banque de France. En effet, l’article L.313-14 du Code monétaire et financier prévoit que « les prêts participatifs sont, au regard de l’appréciation de la situation financière des entreprises qui en bénéficient, assimilés à des fonds propres ».

La France en tête de l’innovation financière en Europe. Le programme des prêts participatifs et des obligations Relance est sans précèdent en Europe par son ampleur. Il est aussi inédit par la coopération entre les banques et sociétés de gestion, au contact des PME/ETI, et les compagnies d’assurances, gestionnaires d’une épargne que Bercy souhaite flécher vers l’économie réelle, dans l’intérêt de notre tissu économique et de notre modèle de société.

En effet, l’Etat joue pleinement son rôle en apportant une garantie de 30 % qui permet d’offrir aux PME et ETI un financement plus risqué et à moindre coût par rapport à de la dette privée, et qui de surcroit permet de restaurer la solvabilité des entreprises, donner du temps et de la confiance aux PME et ETI.

La sélectivité comme enjeu majeur de la relance. Ces PME et ETI devront avoir une qualité de crédit minimum de BB ou 5+ selon un Organisme externe d’évaluation de crédit (exclusivement les agences de notation de crédit agréées par l’Autorité européenne des marchés financiers, ESMA, et la Banque de France) et présenter un plan d’affaires ou d’investissement permettant de démontrer qu’il s’agit bien d’entreprises qui cherchent à investir et croître pour se relancer.

La notation de crédit, un outil de transparence. Ainsi, il existe plus que jamais une nécessité de transparence et de sélectivité dans la stratégie de financement public et toutes les actions publiques. La notation de crédit fournit une opinion qualitative sous forme d’un rapport transparent et détaillé du modèle économique, stratégique et de gouvernance d’une entreprise. Les agences de notation agréées par l’Autorité européenne des marchés financiers ont une méthodologie éprouvée qui garantit l’indépendance de leur activité.

En assurant sélectivité et transparence, les valeurs que promeuvent les agences de notation de crédit s’inscrivent bel et bien dans la volonté générale d’une orientation vertueuse de la relance, car sans investissement, il n’y a pas d’avenir.

Alberto Sánchez Navalpotro est directeur général de la société Inbonis Rating, agence de notation de crédit spécialisée pour PME et ETI.

Les États-Unis veulent renforcer l’alliance avec l’Australie, l’Inde et le Japon pour faire face à la Chine

Les États-Unis veulent renforcer l’alliance avec l’Australie, l’Inde et le Japon pour faire face à la Chine

 

 

Si comme prévu la tonalité à changer dans les rapports entre la Chine et les États-Unis, sur le fond on peut s’attendre à des divergences stratégiques presque identiques entre ces deux pays. Les États-Unis veut en effet renforcer l’alliance stratégique baptisée «Quad»,. Une alliance clairement pour faire face au danger chinois. Le département d’État américain a indiqué que le secrétaire d’État Antony Blinken allait s’entretenir avec ses homologues de chacun des trois pays. Au programme: la pandémie de Covid-19 et le changement climatique. «Ces discussions avec les ministres des Affaires étrangères du Quad sont essentielles pour faire avancer nos objectifs communs d’une région indo-Pacifique libre et ouverte et pour être à la hauteur des défis de notre temps», a dit le porte-parole du département d’État, Ned Price, mercredi à la presse.

La formation du Quad, groupement stratégique informel initié en 2007, avait été fortement encouragée par l’ex-Premier ministre japonais, Shinzo Abe, qui voulait un contrepoids à une Chine de plus en plus puissante et ambitieuse. En novembre, les pays du Quad ont mené d’importantes manœuvres navales communes dans le golfe du Bengale.

Le journal chinois Global Times a récemment averti Joe Biden que renouveler l’alliance du Quad serait «une sérieuse bourde stratégique», et qu’il risquait une «sérieuse confrontation stratégique» avec Pékin en essayant de limiter son influence.

« Crise sanitaire : une opportunité pour renforcer la démocratie »

« Crise sanitaire : une opportunité pour renforcer la démocratie »

Un collectif de personnalités d’horizons variés regroupées au sein de l’initiative nationale Ethique & Pandémie, parmi lesquelles Emmanuel Hirsch, Marie-Françoise Fuchs et le professeur Didier Sicard, appelle, dans une tribune au « Monde », à mieux associer à la gestion de la crise du Covid la représentation nationale, les corps intermédiaires, les expertises académiques et associatives.

 Tribune

Qu’est-ce qu’être citoyen face à la crise sanitaire en cours ? C’est la question que nous devons nous poser avant toutes les autres, pour inventer non pas seulement des savoirs scientifiques, mais aussi de nouveaux savoir-faire et savoir-vivre dans ce contexte pandémique. Il est établi maintenant que cette crise sociétale va durer et durablement changer sur le long terme nos modes de coexistence.

Alors qu’il est fait appel au « civisme » des Français, la question se pose de savoir quel sens nous entendons donner à ce mot. Car ce qui nous frappe depuis le début de la deuxième vague de pandémie, c’est que les questions techniques et de gestion de la crise sanitaire semblent avoir pris le pas sur les questions politiques, pourtant primordiales. Réduire l’espace du civisme à l’observation de dispositions sanitaires est révélateur d’une conception redoutablement réductrice du rôle de la société civile.

Car ce n’est pas tant le contenu des mesures sanitaires prises par le gouvernement qui doit faire aujourd’hui débat que les modalités de leur élaboration et de leur mise en œuvre. Elles doivent résulter d’un débat démocratique au sein duquel la représentation nationale et les espaces citoyens de discussion doivent trouver toute leur place.

En cette période, il nous faut davantage communiquer et créer des liens, reconnaître à la vie démocratique son urgence et ses droits. Peut-on ainsi accepter un discours paternaliste énoncé « pour notre bien », au motif de vouloir garantir notre santé et notre sécurité « quel qu’en soit le prix » ? Peut-on accepter le manque d’un projet qui fédère et mobilise sur la base de principes explicites et issus d’une concertation ?

On pourrait, dès lors, comprendre les nécessaires adaptations sans transiger sur l’essentiel. Or, ces mesures suscitent aujourd’hui incompréhension et désespérance, du fait d’un mode de gestion de la crise pandémique fondé sur des analyses jugées par beaucoup comme limitées et incertaines, souvent injustes et disproportionnées, sans mesurer toutes les conséquences humaines et sociales des plans d’urgence qui se succèdent de semaine en semaine.

L’exécutif doit se rendre à l’évidence : dans un contexte inédit, le manque de prise en compte de notre représentation nationale, des corps intermédiaires, d’expertises académiques en sciences humaines et sociales ou associatives n’est plus audible aujourd’hui.

Si, comme l’affirme le président de la République, « rien n’est plus important que la vie humaine », encore est-il indispensable de comprendre qu’il ne s’agit pas de la vie « nue », mais d’une existence douée de sens, attachée à des valeurs, que nous nous devons de préserver.

Une réforme du MES pour renforcer les banques européennes

Une réforme du MES pour renforcer les banques européennes

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Cet modification de l’accord MES ( mécanisme européen de stabilité) vise à permettre le soutien éventuel aux banques en difficulté. Au-delà,  il doit rendre possible le renforcement du système financier. Pas vraiment encore une véritable union bancaire mais un petit pas.

Bloqué depuis l’an dernier, rendra la zone euro plus stable et plus apte à résister aux crises futures, a ajouté le ministre allemand, dont le pays assure la présidence tournante de l’UE.

“Il y a des décisions, notamment au niveau de l’UE, qui semblent si techniques qu’il est difficile de reconnaître à première vue leur impact politique”, a-t-il dit.

“L’accord de ce jour sur la réforme du fonds européens de sauvetage fait partie de ces décisions: la réforme du Mécanisme européen de stabilité renforce l’euro et tout le secteur bancaire européen. Parce que nous rendons la zone euro encore résistantes aux attaques des spéculateurs”, a-t-il ajouté.

Pour son collègue français, Bruno Le Maire, cet accord constitue “Un nouveau pas pour l’Europe”.

“Ce soir, ajoute-t-il sur son compte Twitter, les ministres des Finances de la zone euro se sont entendus sur le renforcement du Mécanisme européen de stabilité et de l’Union bancaire.” Il y voit “deux avancées pour encore mieux protéger les Européens et l’économie de la zone euro”.

Renforcer l’industrie française

Renforcer l’industrie française

Le député LR Olivier Marleix estime très insuffisant le plan envisagé pour sauver ce qui reste de l’industrie française et propose un plan de soutien plus significatif.  Comparant les plans français et allemand, Marleix anticipe des «dégâts» plus importants en France. «Les Allemands viennent de mettre 200 milliards pour la capitalisation des grandes entreprises quand nous en prévoyons 20 milliards», souligne-t-il en jugeant la France «beaucoup plus faible» qu’en 2008,

Sébastien Laye, entrepreneur dans le domaine des services financiers, soulignait il y a peu de temps le sérieux retard que la France accuse sur le plan industriel. »

«  Pomprendre le désastre industriel français, il convient de revenir sur les erreurs stratégiques des pouvoirs publics français et de nos grands patrons, eux-mêmes issus du moule techno-politique via les grands corps. Nous devons à Serge Tchuruk dans les années 90, le patron de ce qui était alors Alcatel (depuis démantelé en de nombreuses entités), d’avoir théorisé chez nous le concept d’industrie sans usines, sans actifs, «asset-light»: une hérésie stratégique vite abandonnée par les Américains mais qui a perduré en France jusque dans les années 2000. Or notre monde économique actuel, loin d’avoir vu la disparition de la vieille industrie au profit d’une économie purement tertiaire et de services, est beaucoup plus complexe. En réalité nos économies sont devenues hyper industrielles, avec le logiciel ou les services à valeur ajoutée qui sont venus transformer l’usine d’antan. Les smart factories embarquent des compétences en informatique, robotique et automatisation en brouillant la frontière avec l’univers de la technologie et des GAFA. Ainsi, d’une certaine manière, l’industrie n’existe peut-être plus en tant que secteur autonome mais paradoxalement elle est omniprésente: même les acteurs des nouvelles technologies doivent déployer des plateformes industrielles et logistiques colossales, que ce soit Amazon ou Google avec ses data centers.

Alors que la puissance économique est avant tout une puissance industrielle, la France et victime d’un vrai décrochage industriel.

Les États-Unis ont compris depuis une dizaine d’années qu’un modèle économique uniquement orienté vers la consommation domestique est voué à l’échec: ce mouvement s’est accéléré sous le mandat Trump, qui a vu la création de 400 000 emplois manufacturiers. Par un subtil équilibre de baisses massives d’impôts (alors que les impôts sur la production obèrent toute rentabilité de nos usines.) et de menaces, Trump a obtenu de Softbank/Sprint, de GoPro ou encore d’Apple une relocalisation aux États-Unis de leur base manufacturière. Pfizer, Comcast, Boeing, notamment en rapatriant les profits offshores, investissent à nouveau dans leurs usines américaines. Les Américains ont supprimé en deux ans la moitié du code des réglementations pour créer de nouvelles usines ; les Chinois, avec un modèle moins libéral mais un État visionnaire, développent non seulement leur base industrielle mais sont aussi en train de réindustrialiser toute l’Asie par leur projet de nouvelle route de la soie, qui se traduit par de colossales infrastructures de transport.

Alors que la puissance économique est avant tout une puissance industrielle, comme en attestent la réindustrialisation de l’Amérique de Donald Trump ou les grandes réalisations chinoises, la France est victime d’un vrai décrochage industriel. Or développer la seule économie de services (petits boulots en chaîne) ou des start-up (peu intense en capital humain) ne permettra pas à la France de juguler le fléau du chômage et de la croissance molle. On ne peut qu’être sidéré par le manque de volontarisme des pouvoirs publics français en la matière, alors que notre génie industriel était la marque de fabrique de la France encore dans les années 1990 (il suffit de noter le rayonnement des produits de Schneider, Airbus, Alstom, Dassault, à cette époque) et que le complexe militaire, comme aux États-Unis, fournissait un excellent levier public pour le développement de l’industrie privée.

En 2018, la part de l’industrie dans la richesse nationale en France n’était plus que de 11 %, contre 17 % à la fin des années 1990, ce qui est le niveau actuel de la plupart des autres économies développées. À l’origine du déclin de l’industrie, on peut noter la détérioration générale de la compétitivité des entreprises françaises. Face à la concurrence mondiale, l’industrie française ne fait plus le poids dans certains secteurs. D’autre part, en quinze ans, alors que les ventes de biens ont augmenté de plus de 50 % sur nos territoires, notre production manufacturière… est restée au même niveau. Sans compter qu’au-delà des ventes de biens, les services à haute valeur ajoutée ont accru leur part dans notre PIB, et à ce niveau la domination des GAFA et autres entreprises technologiques étrangères a signifié d’irrémédiables pertes de marché: elles sont visibles dans les chiffres du déficit du commerce international, qui se creuse depuis notre plus haut point en 2004 ; non seulement nos entreprises ne produisent plus ce que les Français consomment, mais elles ne disposent pas des compétences et technologies clefs dont nos concitoyens ont besoin. Enfin, l’absence de fonds de pension entrave le développement de nos entreprises, empêchant le financement de l’innovation de long terme et poussant les plus grandes d’entre elles à abandonner leur base hexagonale.

Les conséquences de ces défaillances sont visibles: notre industrie est l’une des moins robotisées (126 robots pour 10 000 salariés contre 270 en Allemagne), les investissements dans les NTIC sont deux fois moins nombreux que dans le reste de la zone euro et trois fois moins nombreux qu’aux USA. Le très poussif basculement du CICE en baisse de charges, l’hypothétique baisse de l’IS promise à l’horizon 2022 et l’absence de baisse des impôts sur la production ne laissent pas augurer un redressement rapide de l’investissement privé. Il faut donc rapidement changer de braquet et promouvoir des partenariats publics-privés ancrés sur des dépenses d’investissement public (que Bruxelles doit mieux distinguer des dépenses de fonctionnement).

On est en droit de douter de la volonté du gouvernement actuel de redresser notre industrie.

Il convient en premier lieu de favoriser la montée en gamme de nos industries informatique, robotique et d’intelligence artificielle: cela passe par le redéploiement des interventions de la BPI trop centrées sur l’internet grand public, et par plus de précisions sur le plan d’investissement promis par Macron sur le quinquennat, qui pour l’instant inclut essentiellement des dépenses de fonctionnement dans l’éducation. La robotisation est aussi une opportunité pour notre industrie et souvenons-nous que les pays les plus robotisés sont aussi ceux où le chômage est le plus faible. Elle doit être couplée par un plan massif d’équipement 5G sur notre territoire, car ces nouveaux robots et objets doivent pouvoir communiquer, seul moyen de révéler le vrai potentiel de nos territoires.

On est en droit de douter de la volonté du gouvernement actuel de redresser notre industrie: clientélisme à l’égard d’autres secteurs, manichéisme économique simpliste (l’industrie c’est l’ancien monde, la start-up le nouveau qui doit aller de l’avant.), remise aux calendes grecques des mesures pour favoriser l’investissement et la modernisation: la survie politique plus que la vision stratégique semble servir de cap aux décisions économiques. À Bercy, nous avions déjà testé le manque de détermination, voire l’ambiguïté d’Emmanuel Macron sur ces sujets, lorsqu’il avait écarté hâtivement toutes les alternatives, notamment françaises, au rachat par General Electric. L’amateurisme actuel est si évident que Bercy version Lemaire n’a jamais lu les comptes du repreneur d’Ascoval, British Steel, en état de faillite théorique dès le rachat du site français….

Il est plus qu’urgent de rééquiper notre secteur industriel, afin de monter en gamme, de produire à nouveau sur notre territoire, de redevenir une machine à exporter et à créer des emplois. À défaut, toutes les réformes lancées par le pouvoir actuel, ne viendront jamais à bout de notre chômage structurel. »

Retraite : « renforcer le paritarisme »

Retraite  : « renforcer  le paritarisme »

C’est l’occasion de renforcer le paritarisme estiment dans une tribune au Monde Jacques Barthélémy, avocat, conseil honoraire en droit social, Gilbert Cette, professeur associé à l’université d’Aix-Marseille

 

Tribune.

« Dans sa déclaration du 11 décembre, le premier ministre a réaffirmé son choix d’atteindre, avec une seule réforme, deux objectifs : le changement systémique du passage à un régime universel à points, et l’équilibre de celui-ci par des mesures paramétriques. Ce choix accroît la complexité de l’épreuve, chacune de ces deux dimensions étant très technique. Il permet à ceux qui s’opposent à toute mesure de financement de critiquer le passage à un système universel à points, qui renforce pourtant l’équité et correspond mieux aux mobilités contemporaines. Il résultera de ce choix des inefficacités plus grandes, du fait des compromis qui ne manqueront pas d’être passés pour sortir du conflit.

Le passage souhaitable à un système universel, de surcroît à points, est confronté à de grandes difficultés techniques. Les questions de la vitesse et surtout du périmètre de l’absorption des régimes spéciaux ne sont pas tranchées, pas plus que celle de l’intégration des agents de la fonction publique et en particulier des enseignants qui pourraient perdre au changement. Au demeurant, leurs droits actuels à la retraite s’apparentent plus au maintien partiel du traitement avec cessation d’activité qu’à un droit de tirage social sur un pot commun. Alors qu’elle motive les modalités de financement, la gestion de l’équilibre à moyen terme du régime reste confuse, le premier ministre ayant dit que les partenaires sociaux auront la charge de la valeur du point… mais que cette valeur serait indexée sur les salaires, ce qui est pour le moins contradictoire.

D’autres questions n’ont pas été débattues, comme celle de l’avenir des régimes complémentaires, menacés si le plafond contributif du régime universel est porté à trois plafonds de Sécurité sociale. Est-il opportun de planifier ainsi la liquidation de la plus importante réussite du paritarisme de gestion, l’Agirc-Arrco ? Les partenaires sociaux y ont fait preuve d’inventivité et de responsabilité en prenant toujours les décisions assurant sa soutenabilité financière, cela grâce à la culture du compromis. Ce sont d’ailleurs eux qui ont inventé le système à points, dans le régime des cadres dès 1947…

Exclure le paritarisme, c’est programmer la fiscalisation de la protection sociale et sa dénaturation par l’assurance collective

La gestion paritaire responsable y est renforcée par l’obligation de recherche permanente de l’équilibre financier puisque le recours à l’emprunt y est interdit. C’est là une différence notable avec l’assurance-chômage, où la possibilité d’emprunter a abouti à un endettement de l’ordre du budget annuel de l’Unédic, environ 35 milliards d’euros ! En accordant de façon discrétionnaire sa garantie sur cette dette, l’Etat a de fait pris la main sur un paritarisme de gestion perverti puisque réduit à du formalisme. »

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