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Enseignement : des groupes de niveaux qui remettent en cause le collège unique

Enseignement : des groupes de niveaux qui remettent en cause le collège unique

Pour ne pas remettre en cause totalement la politique menée depuis des années et des années qui a considérablement abaissé le niveau des élèves, le ministre de l’éducation actuelle cherche des solutions. Ainsi il prévoit de mettre en place au collège des groupes de niveaux. Ce qui aura pour effet de faire peut-être progresser l’ensemble mais d’accroître encore l’écart entre les bons et les mauvais. Et quand on parle d’écarts il s’agit en fait d’un véritable précipice puisque certains à l’issue du collège savent tout juste de lire et encore quand d’autres maîtrisent les mathématiques et le français notamment.

Les syndicats de l’enseignement qui penchent évidemment à gauche et même à l’extrême gauche contestent cette réforme mais finalement leurs arguments curieusement rejoignent ceux du ministre , des experts et de l’opinion.

La plupart des syndicats enseignants voient d’un mauvais œil cette mesure, dont ils craignent l’effet «stigmatisant». Le Snes et le SE-Unsa rappellent par ailleurs l’importance de l’hétérogénéité des groupes, «qui ne freine pas les meilleurs et accélère les progrès des plus fragiles». Le Snalc, en revanche, souligne à quel point il est difficile pour les professeurs d’enseigner à des élèves de niveaux très divers. Et défend un projet de collège modulaire dans lequel le français et les mathématiques seraient dispensés en groupes de niveau «à effectif réduit» pour les élèves les plus en difficulté.

«Élever le niveau de l’école» et «redonner de l’autorité aux enseignants». Tel est, depuis la rentrée scolaire, le mantra de Gabriel Attal qui, le 5 octobre, avait lancé la mission «exigence des savoirs». Deux mois plus tard jour pour jour, l’heure est déjà aux annonces choc. Dans un mail envoyé aux enseignants ce mardi matin, puis lors d’une conférence de presse au collège parisien Charles Péguy (19e arrondissement), le ministre de l’Éducation nationale a détaillé son «choc des savoirs» visant à provoquer «un sursaut pour l’avenir de notre école». Le Figaro fait le point.

Attal a fait savoir qu’au premier trimestre 2024, il publiera un décret qui donnera à l’équipe pédagogique et non plus aux parents «le dernier mot s’agissant du redoublement de l’élève» afin de «donner toutes les chances à nos élèves de réussir». «Personne ne connaît mieux que vous le niveau de vos élèves, et pourtant… Votre avis quant aux conditions de passage de vos élèves dans la classe supérieure a été rendu accessoire dans le texte même du Code de l’éducation», déplore le ministre.

Les professeurs pourront par ailleurs «recommander, voire prescrire» des stages de réussite «conditionnant le passage des élèves en classe supérieure» pendant les vacances scolaires.

Le redoublement est une pratique en perte de vitesse en France depuis plusieurs années. Le classement Pisa 2022 publié ce mardi montre que 10% des élèves français âgés de 15 ans avaient redoublé au moins une fois dans leur scolarité, contre 40% en 2003, «ce qui dénote un grand changement en vingt ans». Aujourd’hui, la part des redoublants en France est à peine supérieure à celle de la moyenne des pays de l’OCDE. Ce qui convient plutôt bien aux organisations syndicales, qui estiment que le redoublement «n’est efficace que pour certains élèves dans des situations bien particulières».

«Tout se joue dès l’école primaire», estime Gabriel Attal. Le ministre annonce donc que de nouveaux programmes s’appliqueront en primaire, à commencer, dès septembre prochain, par les classes de la maternelle au CE2, avec pour ligne directrice «la clarification», l’intégration d’objectifs annuels et «le choix clair de la pédagogie explicite.» Pour les classes de CM1 et CM2, les nouveaux programmes entreront en vigueur à la rentrée 2025.

«Dès la rentrée prochaine, la révision des programmes de l’école primaire nous permettra d’adopter progressivement la méthode de Singapour pour les mathématiques, anticipant par exemple l’apprentissage des fractions et des nombres décimaux dès la classe de CE1», explique aussi le ministre, affirmant que cette méthode, désormais appliquée par 70 pays, «a fait ses preuves».

Mi-novembre, après la publication des résultats des évaluations nationales de septembre dernier, Gabriel Attal avait fait part de son «inquiétude» concernant le niveau des élèves de quatrième dans un entretien accordé au Parisien . La «réponse» pourrait être «des groupes de niveau» au collège, avait-il alors estimé, reprenant une piste qu’il avait déjà évoquée lors de la Journée mondiale des enseignants, début octobre. Ce mardi, il a confirmé que des groupes de niveau en français et en mathématiques seraient instaurés dès 2024 en sixième et en cinquième, avec des effectifs réduits pour les groupes d’élèves les plus en difficulté. À partir de 2025, cette organisation sera étendue aux classes de quatrième et troisième. Un «changement majeur et très profond», a insisté le ministre.

« Les failles affectives de Macron qui remettent en cause les résultats de son intelligence »

  • « Les failles affectives de Macron qui remettent en cause les résultats de son intelligence »
  •  L’ancien ministre de la Culture de Nicolas Sarkozy, Jack Lang livre dans l’Opinion ses vérités sur cette période d’épidémie, où la fragilité de nos vies s’est rappelée à nous.
  • Que révèle de la société française la crise sanitaire sans fin que nous traversons ?
  • Que la relation du pouvoir avec les citoyens demeure très paternaliste. Le pouvoir traite les citoyens comme de grands enfants. Les citoyens, très disciplinés, obéissent à ce qu’on leur dit de faire. Le fait qu’Emmanuel Macron se prenne pour le roi de France, qu’il ait cette nostalgie, alimente ce côté paternaliste. Ce n’est pas à lui d’expliquer tout le temps ce que l’on doit faire, comme s’il était le roi qui guérissait les écrouelles. Imagine-t-on De Gaulle ou Mitterrand donner les détails à la télévision du déconfinement ? On est toujours dans la même relation avec les présidents de la République (mais peut-être que ce sont les institutions qui le veulent) : tout procède d’eux, tout remonte à eux. Soit ils nous bluffent, soit on les haït. Ce rapport me semble dangereux.
  • Que vous inspire, après plus de trois années et demie à l’Elysée, le président Macron ?
  • En fait, je ne sais pas. Au début, j’étais totalement séduit. Je trouvais le côté adolescent qui prend la ville assez formidable. Ses premiers pas m’ont laissé pantois. Et puis après, il y a eu cette succession de petites phrases terribles, qui ont trahi autre chose. Quand il a violemment remis à sa place un jeune qui l’avait appelé « Manu » [« Tu m’appelles Monsieur ou Monsieur le président de la République. Et tu fais les choses dans le bon ordre : le jour où tu veux faire la révolution, tu apprends d’abord à avoir un diplôme et à te nourrir toi-même»], j’ai imaginé comment François Mitterrand aurait réagi. Emmanuel Macron a un amour de lui-même trop intense. Ses qualités intellectuelles sont remarquables, son énergie et son désir de bien faire évidents. Il montre une vraie résilience face à la série de crises sans précédent qu’il affronte depuis le début de son quinquennat. Mais il a des failles affectives qui viennent remettre en cause les résultats de son intelligence. Peut-être les compensera-t-il avec l’âge ? Il a la chance d’avoir à ses côtés une épouse très sympathique, qui est sa seule amie, et qui sans doute l’aide beaucoup. La haine qu’il récolte est la résultante de sa demande d’amour. Cela dit, Emmanuel Macron ne m’a jamais vu, ni parlé. Il y a chez moi certainement une part de déception personnelle, un sentiment pas très noble. Je ne suis pas le seul dans ce cas. Il y a eu un désir chez lui de passer l’aspirateur et de se débarrasser de tout le passé. Je sens le soufre pour lui. Stéphane Bern, qui est adorable, est consensuel ; moi, je le suis moins. Les gens clivants dans le domaine culturel, cela l’embête.
  • Est-il un président de droite ou de gauche ?
  • C’est un président d’ordre. C’est ce que disait Marguerite Duras : « Il est comme tous les gens de droite, il est fasciné par les gens de gauche ». Les gens de droite, ce qui les empêche de dormir, c’est la résilience de la gauche. Quand il va chez Philippe de Villiers, affiche une relation d’amitié avec lui, il montre qu’il y a en lui une connivence avec ce que cela représente, le côté scout. Parallèlement, il a à ses côtés un socialiste sincère comme Jean-Yves Le Drian. Emmanuel Macron donne plus de questions que de réponses.
  • L’Elysée a annoncé qu’après l’année De Gaulle, ce serait l’année Mitterrand. Le chef de l’Etat lui rendra hommage à plusieurs reprises. Qu’ont en commun Emmanuel Macron et François Mitterrand ?
  • La réponse la plus facile, ce serait « rien », mais je ne pense pas que cela soit vrai. Ils ont une curiosité intellectuelle commune, notamment vis-à-vis de leurs homologues étrangers. Ils savent se projeter sur la scène internationale et construire des relations fortes avec leurs interlocuteurs. Ce point commun s’explique par la haute idée que tous les deux se font de leur fonction, peut-être biaisée par leur narcissisme. Mais Mitterrand a été élu à un âge avancé. Il avait eu assez d’expérience, d’échecs dans la vie pour avoir un narcissisme plus raisonnable. La comparaison qui vient immédiatement à l’esprit est celle avec Valéry Giscard d’Estaing : le Président aimé, séduisant, qui rapte la République comme un séducteur emmenant la jeune fille dans son château, l’intelligence exceptionnelle, le désir de bien faire, la façon dont tout se retourne… Mais j’avais le sentiment que Giscard d’Estaing, que je voyais de temps en temps, ne l’aimait pas beaucoup.
  • «A l’Elysée, sous Sarkozy, passer de Claude Guéant à Jean Castex, cela a été vraiment autre chose. On passait du croque-mort de Lucky Luke au type hyper sympa. Jean Castex est courageux, il incarne la droite civilisée, si le terme existe»
  • Dans Une drôle de guerre, vous êtes plus sympathique avec Edouard Philippe ou Bruno Le Maire…
  • Heureusement que Bruno Le Maire est là. Il donne le sentiment de tenir à bout de bras notre économie. Je l’ai beaucoup pratiqué quand j’étais ministre. C’est un mec très sérieux. Il arrive assez bien à être à la fois solidaire du gouvernement, fidèle au Président et en même temps à faire entendre sa propre personnalité.
  • « Que de bons souvenirs lorsqu’il était à l’Elysée et que j’avais affaire à lui. Sympa, solide. Perdu de vue et revoilà », rapportez-vous au sujet de Jean Castex, que vous avez connu secrétaire général adjoint de Nicolas Sarkozy.…
  • A l’Elysée, passer de Claude Guéant à Jean Castex, cela a été vraiment autre chose. On passait du croque-mort de Lucky Luke au type hyper sympa. Quand il a été nommé à Matignon, j’ai cru que ce serait le Pompidou de Macron. Mais ce n’est pas cela. Il est courageux, incarne la droite civilisée, si le terme existe. J’espère que le côté sacrificiel sera mis à son crédit. Avec lui, Emmanuel Macron aura un type très loyal. Il sera le soutier du Président, dans la tradition des Premiers ministres sous la Ve République.
  • Autre remarque au détour d’une page : « Sarkozy embrasse Macron pour mieux l’étrangler »…
  • On sent tellement qu’il a envie de revenir. Il se dit que si c’est le chaos, entre l’incapacité de la droite à se mettre d’accord sur un candidat et la folie de la gauche qui court désespérément derrière Anne Hidalgo, il peut avoir une partition à jouer. Contrairement à ce que certains ont pensé, je ne partageais pas la vision du monde politique de Nicolas Sarkozy. Mais il a toujours été impeccable avec moi. Lui si interventionniste, il m’a laissé tranquille à la Culture. Récemment, je suis allé le voir et je le lui ai dit. Je crois qu’il en a été touché. On a une relation presque familiale.
  • « Presque tous les évènements qui dessinent l’aventure de ce siècle ont été pour les contemporains des surprises presque totales.» Cette citation de René Rémond figure en exergue de votre livre. C’est ce à quoi il faut s’attendre pour la présidentielle de 2022 ?
  • L’irrationnel est devenu la règle. Cette épidémie nous l’a rappelé. L’ampleur des destructions morales, citoyennes introduites par ce virus est impossible à imaginer pour l’instant. Que sortira-t-il de tout cela ? Aujourd’hui, je voterais Emmanuel Macron tout de suite malgré mes réticences.
  • Comment jugez-vous Roselyne Bachelot à la Culture ?
  • Très bien. Même si elle ne gagne pas tous les combats qu’elle mène, elle a réussi à tisser un pacte de confiance avec le monde culturel, chez qui la confiance peut être une donnée assez évanescente.
  • Le monde culturel peut-il se relever de la crise qu’il vit ? Quelles seront les conséquences ?Ce qui se passe est épouvantable. Je pense tout le temps aux artistes, comédiens, directeurs de salle, comme Laurent Bayle, le directeur de la Philharmonie de Paris, qui doivent se battre face à mille vents. Beaucoup prennent des initiatives pour mettre en ligne leur production, mais rien ne peut remplacer le spectacle vivant. On ne pourra jamais en faire une visioconférence. Et puis c’est toute la structure de la ville, vidée de son âme, qui s’en ressent. Pour l’instant, on le supporte, on fait le dos rond. Mais dans quel état le monde culturel sortira-t-il de tout cela ? Je n’ai pas la réponse.
  • Dans Le temps des tempêtes, Nicolas Sarkozy écrit : « Au ministère de la Culture, qui dispose d’un petit budget et d’une administration faible et fragmentée, le manque de charisme public devient rapidement un immense problème ». Etes-vous d’accord ?
  • C’est son côté paillettes ! S’il y a eu deux grands ministres de la Culture, Malraux et Lang, d’autres ont fait des choses et ne doivent pas être oubliés : Jacques Duhamel, Michel Guy qui, si Valéry Giscard d’Estaing ne l’avait pas sacrifié face à Raymond Barre, serait devenu son Jack Lang, Renaud Donnedieu de Vabres… Un bon ministre de la Culture est d’abord un ministre qui a des idées, parvient à les mettre en œuvre. Et puis s’il a du charisme, il s’impose. Quel Français connaissait Jack Lang quand il a été nommé ?



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