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«Quartiers sans relous» de Marlène Schiappa : une sémantique et une politique démodées (Éric Naulleau)

«Quartiers sans relous» de Marlène Schiappa : une sémantique et une politique démodées (Éric Naulleau)

Le chroniqueur et essayiste Éric Naulleau estime que le gouvernement et Marlène Schiappa à travers une sémantique démodée montre l’inefficacité de leur politique voire sa contre productivité (interview du Figaro)

Marlène Schiappa a déclaré vouloir créer des « QSR », des « quartiers sans relous ». Que vous inspire la sémantique usitée par la ministre déléguée à la Citoyenneté ?

Éric NAULLEAU. - Chaque fois qu’un politique s’essaye au style « djeuns », par le langage ou par l’attitude, me vient l’image de ces retraités en Floride qui se promènent toute la journée en jogging et sneakers. En plus de la fausse note produite se vérifie alors qu’on ne paraît jamais plus vieux que lorsqu’on prétend faire jeune. Marlène Schiappa confirme la règle, de même que, dans un passé récent, Jean-Luc Mélenchon dont les performances sur Tik Tok laissent un souvenir embarrassant ou Gabriel Attal, à peine trentenaire pourtant, qui ne parvint pas à se débarrasser des trois balais qu’on lui avait semble-t-il glissés dans le dos lors de son dialogue avec des influenceurs sur Twich.

Le terme « relou » ne convient pas pour un harceleur de rue dont on sait hélas que le comportement peut dégénérer en agression sexuelle, voire en viol.

Sur le fond à présent, il est tout de même très étonnant d’user d’un mot aussi faiblard que « relous » pour qualifier les auteurs de faits potentiellement aussi graves. Votre oncle Marcel qui ne peut s’empêcher de raconter des blagues salaces en fin de repas trop arrosé est certes un relou, mais le terme ne convient pas pour un harceleur de rue dont on sait hélas que le comportement peut dégénérer en agression sexuelle, voire en viol. À force de se réclamer du « cool » dans la communication, on finit au mieux par manquer l’effet recherché, au pire par délivrer un message contre-productif.

Et il faudrait en terminer avec cet affaissement continu de la parole publique, avec cette démagogie qui consiste à s’abaisser au niveau de langage supposé des personnes auxquelles on s’adresse, ce qui témoigne d’ailleurs d’une forme de mépris, plutôt que de sauvegarder une certaine verticalité — que suppose par définition la fonction de ministre. Bécassine, c’est ma copine, mais pas Marlène !

Le gouvernement veut cartographier la France pour identifier des « zones rouges » du harcèlement de rue. Pensez-vous que viser spécifiquement certains quartiers soit une mesure efficace ?

Les lois de la République s’appliquent sur tout le territoire, drôle de conception que celle d’un pays à la découpe, à la carte au sens propre, où les femmes seraient plus ou moins protégées, plus ou moins en sécurité selon la couleur du trottoir, rouge ou vert, sur lequel elles marchent. Plutôt que de parier sur la présence d’un policier au moment exact où un harcèlement se produira, sans parler de la difficulté à établir l’outrage dans certains cas, mieux vaudrait travailler à ce que les plaintes de femmes, partout en France, soient mieux reçues dans les commissariats. Autrement dit, mieux vaudrait privilégier les mesures efficaces au détriment des coups de com’.

Il peut paraître étonnant de déployer des policiers uniquement pour répondre au harcèlement et agressions à caractère sexiste, en mettant de côté les autres formes de violence…

Oui, en plus de la découpe du pays en appartements, telle qu’évoquée dans la question précédente, l’habitude a été prise de s’adresser non pas à l’ensemble de ses citoyens, mais à telle ou telle catégorie de sa population ou, pour user d’un langage emprunté à la publicité et sans doute plus pertinent, à tel ou tel segment de la population. Ce qui contribue à renforcer l’idée que l’intérêt général s’efface devant les intérêts particuliers — au risque d’aggraver encore le phénomène d’éparpillement de l’archipel français.

L’habitude a été prise de s’adresser non pas à l’ensemble de ses citoyens, mais à telle ou telle catégorie de sa population ou, pour user d’un langage emprunté à la publicité et sans doute plus pertinent, à tel ou tel segment de la population.

Que les femmes doivent être protégées, tout le monde en sera d’accord, mais pourquoi la mission des 2000 policiers dédiés à cette tâche, selon les annonces de Marlène Schiappa, ne s’étendrait-elle pas aux hommes qui ne peuvent sans risque arpenter nos rues s’ils arborent une kippa ? Pourquoi ne pas se donner les moyens de démanteler les réseaux de prostitution dont sont victimes d’autres femmes jour et nuit dans la rue ? Dans un registre moins crucial, la même question se pose à propos des multiples trafics à ciel ouvert dans les parages de certaines stations de métro parisiennes (et ailleurs). La fermeté proclamée comme le souci d’améliorer la sécurité de nos concitoyennes apparaîtraient plus convaincants s’ils ne semblaient à ce point dépourvus d’une vision d’ensemble, s’ils ne semblaient tant inspirés par un féminisme d’affichage et soufflés par l’air du temps.




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