Débat théologique :Ne pas confondre relocalisations « ricardiennes » et « schumpetériennes »
El Mouhoub Mouhoud, président de l’Université Paris Dauphine – PSL Propose un débat théologique sur la typologie des relocalisations. Une typologie assez théorique dans la mesure où l’innovation n’est pas forcément contradictoire avec la recherche par ailleurs d’avantages sociaux et fiscaux low-cost. (La tribune)
La relocalisation dont on parle beaucoup depuis la crise sanitaire n’est pas un phénomène nouveau. Elle exprime simplement l’idée qu’une entreprise qui a délocalisé ses processus de production pour bénéficier des écarts de coûts (par unité produite) peut aussi faire machine arrière. Et donc revenir produire dans son pays d’origine ou dans des territoires se trouvant à proximité des marchés qu’elle dessert. Mais la relocalisation peut aussi refléter un phénomène plus large de reconquête des avantages comparatifs des pays dans certains secteurs grâce à l’innovation technologique de procédés (robotisation, par exemple) ou de produits (nouveaux matériaux textiles, par exemple).
Il faut en fait distinguer deux types d’avantages comparatifs : les avantages longs et les avantages courts. Un pays disposant de ressources spécifiques permettant la fabrication d’un groupe de produits dispose d’un avantage long sur ses compétences mais d’avantages comparatifs courts sur les variétés de produits issus de ces compétences. Théoriquement, les pays innovateurs peuvent récupérer des avantages antérieurement perdus par rapport aux pays retardataires imitateurs. Dans la lignée des théories néo-technologiques du commerce international, certains modèles de croissance endogène des années 1990 ont pu montrer l’existence de ces phénomènes de récupération des avantages comparatifs.
Imaginons deux pays à capacités technologiques différentes représentant le Nord développé et le Sud en rattrapage. Les producteurs du Sud peuvent imiter les produits découverts par le pays du Nord et les producteurs du Nord peuvent innover dans la fabrication de ces mêmes produits. Le pays innovateur accomplit ainsi des efforts d’innovation pour récupérer la production et donc la rapatrier, car il possède les compétences initiales et les activités de R&D. L’activité d’imitation du pays du Sud, parce qu’elle requière des ressources, est donc coûteuse. Ce qui exclut alors l’hypothèse traditionnelle d’une diffusion automatique des connaissances dans le monde. Parallèlement, les politiques de subvention à la recherche dans le pays du Nord augmentent le montant des ressources consacrées à cette activité et donc la probabilité d’innover.
Ces va-et-vient potentiels vont à l’encontre de la théorie du cycle du produit de Raymond Vernon, qui suppose une perte définitive du pays innovateur sur le produit imité et délocalisé. Ces récupérations d’avantages comparatifs s’expliquent par l’existence d’avantages longs et cumulatifs des pays innovateurs sur les blocs de compétences ayant permis l’invention et la production du produit qui connaîtra ensuite un processus de banalisation par imitation. L’avantage de localisation du produit se modifie en fonction du cycle d’innovation-imitation mais l’avantage long sur les compétences permet des retours des avantages comparatifs sur les produits. Le cycle du produit ne constitue en fait qu’un moment dans la dynamique d’évolution des connaissances technologiques issues d’un secteur donné.
D’où l’existence de deux types de relocalisations. La première, les relocalisations de retour dites « ricardiennes » liées à l’inversion des différences de coûts de production par unité produite entre les pays grâce, par exemple, à la robotisation par exemple. Ces relocalisations ne sont pas forcément pérennes. La seconde, les relocalisations «schumpetériennes » ou de développement compétitif liées à l’innovation de produits dans les territoires et autorisant une nouvelle dynamique de croissance. Ces dernières, plus pérennes, sont à privilégier.
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Relocalisations : mais comment ?
Relocalisations : mais comment ?
. «Délocaliser notre industrie a été une faute majeure. Maintenant il faut relocaliser», expliquait de son côté le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, le 14 mai.
A la relocalisation brutale et immédiate s’opposent de nombreuses raisons. La première c’est que la France a perdu une bonne partie de ses capacités industrielles et de recherche. En 20 à 30 ans, on a perdu 1 million d’emplois et en même temps le savoir-faire. Il Faudrait trouver évidemment dés investisseurs ce mais également réinvestir dans la formation aussi bien des cadres que des ouvriers. La seconde difficulté tient à la complexification des processus de production qui fait que nombre d’éléments de production viennent de l’étranger. Une reproduction relocalisation totale apparaît difficile. Elle ne pourrait être que progressive et sans doute ceux situés sur des secteurs très stratégiques et très pointus, lorsque notamment cela remet en cause la souveraineté française. Le problème est tellement complexe qu’on a de la difficulté à savoir ce qui est réellement produit en est ce qui ne l’est pas ainsi la célèbre marque Renault, considéré comme un étendard français ne fabrique en France environ 30 % de sa production, encore un peu moins pour Peugeot. À l’inverse dés marches étrangère fabriquent au moins en partie certains produits entre France, Toyota par
Une hypothèse relocalisation ne pourra s’inscrire que dans le temps et après un examen complexe et approfondi des différentes filières, des forces et des faiblesses du pays. En attendant peu de choses changeront sauf sans doute dans le secteur agricole là les choses peuvent aller mais en tenant compte aussi de l’État de ne nos echanges internationaux et de notre balance commerciale favorable.
. «Délocaliser notre industrie a été une faute majeure. Maintenant il faut relocaliser», expliquait de son côté le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, le 14 mai.
A la relocalisation brutale et immédiate s’opposent de nombreuses raisons. La première c’est que la France a perdu une bonne partie de ses capacités industrielles et de recherche. En 20 à 30 ans, on a perdu 1 million d’emplois et en même temps le savoir-faire. Il Faudrait trouver évidemment dés investisseurs ce mais également réinvestir dans la formation aussi bien des cadres que des ouvriers. La seconde difficulté tient à la complexification des processus de production qui fait que nombre d’éléments de production viennent de l’étranger. Une reproduction relocalisation totale apparaît difficile. Elle ne pourrait être que progressive et sans doute ceux situés sur des secteurs très stratégiques et très pointus, lorsque notamment cela remet en cause la souveraineté française. Le problème est tellement complexe qu’on a de la difficulté à savoir ce qui est réellement produit en est ce qui ne l’est pas ainsi la célèbre marque Renault, considéré comme un étendard français ne fabrique en France environ 30 % de sa production, encore un peu moins pour Peugeot. À l’inverse dés marches étrangère fabriquent au moins en partie certains produits entre France, Toyota par
Une hypothèse relocalisation ne pourra s’inscrire que dans le temps et après un examen complexe et approfondi des différentes filières, des forces et des faiblesses du pays. En attendant peu de choses changeront sauf sans doute dans le secteur agricole là les choses peuvent aller mais en tenant compte aussi de l’État de ne nos echanges internationaux et de notre balance commerciale favorable.