Archive pour le Tag 'relativiser'

Finances publiques-Relativiser le niveau de la dette ?

Finances publiques-Relativiser le niveau de la dette ?

par
Éric Heyer
Directeur à l’OFCE, Sciences Po dans the Conversation

Bercy semble avoir coché au marqueur dans son agenda la page du 2 juin, date à laquelle l’agence de notation Standard and Poor’s doit actualiser son jugement sur la dette de la France. Deviendra-t-il plus difficile pour le pays de se financer si son passif est jugé un peu moins soutenable ? La dégradation de la note par une autre agence, Fitch, le 28 avril, à « AA- » avait déjà suscité des messages d’« alerte »]. Certes, la dette atteignait fin 2022 111,6 % du PIB et suit une trajectoire ascendante depuis plusieurs années, avec une accélération pendant les crises des subprimes et du Covid. Pourtant, sans doute le gouvernement ne s’attendait-il d’ailleurs pas à pareille décision, Bruno le Maire, ministre de l’Économie, qualifiant l’appréciation de « pessimiste », « sous-évaluant les conséquences des réformes ». La France a, de fait, voulu mettre en place des mesures pour assainir les finances publiques et rendre la dette plus soutenable, en tête la réforme des retraites qui avait vocation à réaliser 13,5 milliards d’économies. Il y avait eu aussi quelques semaines auparavant l’entrée en vigueur de la réforme de l’assurance chômage pour économiser jusqu’à 4,5 milliards d’euros par an à partir de 2025. Plus récemment, le 26 avril, a été présenté en conseil des ministres un programme de stabilité pour ramener la dette à 108,3 % du PIB en 2027.

L’argumentaire de Fitch semble en fait porter sur la méthode : la manière dont tout cela est mis en place est sujet à de fortes tensions sociales, ce qui augmenterait le risque de récession, d’impasse politique et consécutivement les difficultés à rembourser la dette.

Il ne semble cependant pas y avoir matière à s’inquiéter outre mesure : la note reste bonne. Se demander pourquoi elle le reste nous rappelle ce qu’est véritablement la dette : un instrument qui s’avère pertinent lorsqu’il permet de constituer un actif dont les générations futures tireront un bénéfice, actif que l’on sous-estime d’ailleurs sans doute. C’est pour cela qu’il peut être légitime de leur demander une contribution.

La France n’est pas en faillite
Précisions tout d’abord que les agences de notations sont payées pour noter les titres des acteurs privés : elles ne sont pas rémunérées pour s’intéresser aux États. C’est une sorte de vitrine qui fait parler d’elles. Au-delà des décisions de Fitch, Standard and Poor’s ou Moody’s, la troisième grosse agence de notation, il faut aussi garder en tête que la France reste encore très bien notée, de façon absolue comme relative.

Si l’on convertit les notes usuellement composées de lettres et de « + » et de « – » dans un format scolaire, la France obtiendrait une note entre 17 et 18 sur 20, ce qui reste, en absolu, une très bonne note, même dégradée. En relatif aussi : très peu d’États ont ce résultat-là. La France est certes derrière l’Allemagne, les Pays-Bas ou les États-Unis, mais elle est au niveau du Royaume-Uni et de la Belgique et devance les pays méditerranéens, la Chine et le Japon.

Or, un investisseur qui veut du « sans risque » réfléchit bien de manière relative. Les titres de dettes souveraines comptent parmi les moins risqués et l’objectif est de rester dans les mieux notées même si la note descend. Voilà pourquoi la dégradation par Fitch n’a par exemple pas eu d’impact sur l’écart de taux avec l’Allemagne.

Si la France reste bien notée, c’est parce qu’il n’y a pas de récession en vue à court terme, que le pays sait lever l’impôt, qu’il n’y a pas de leader extrémiste au pouvoir… C’est aussi car elle n’a pas qu’une dette, qu’un passif : ses actifs aussi augmentent.

Ce fait semble trop souvent oublié. On mesure de manière courante la dette par son poids relatif au PIB, ce qui demeure une approche extrêmement discutable. On met en relation un stock avec un flux de revenus annuel. Il vaudrait mieux comparer un stock avec un stock.

La question qui devrait se poser est plutôt la suivante : la dette contractée a-t-elle permis d’augmenter les actifs ? S’endetter pour payer du fonctionnement ne laisse pas de trace pour l’avenir : je n’ai rien après avoir payé. Si, en revanche, l’opération a permis d’investir dans des infrastructures ou dans des entreprises, un actif se constitue en face. En raisonnant en dette sur PIB, on néglige totalement cet aspect. L’Insee nous en présente les évolutions dans les comptes de patrimoines des administrations.

La photographie de l’économie va alors contre une idée reçue : les administrations publiques ont plus d’actifs que de passifs. On est loin, très loin d’une situation de faillite. Si l’on regarde un autre indicateur de soutenabilité, il apparaît que la France conserve d’ailleurs toujours une marge de manœuvre car le taux de croissance de l’économie additionné à l’inflation excède toujours les taux d’intérêt.

Une partie des actifs n’est d’ailleurs peut-être pas prise en compte au moment de dresser ce bilan. Dans l’exercice des comptes de patrimoine, l’Insee ne dénombre comme actif que ce qu’il peut valoriser. De l’immobilier, des titres financiers, des entreprises publiques, des stocks d’or, pour tout cela il existe un prix de marché. Quid d’un actif qui serait environnemental ?

Y faire figurer l’environnement implique de le monétiser, de le chiffrer en euros pour le comparer avec le passif dans une même unité. Même si les méthodes économiques de préférences déclarées ou révélées progressent, leurs résultats semblent encore assez insatisfaisants. Des investissements aujourd’hui qui développeraient un actif environnemental iraient au passif des comptes de patrimoine car on s’endette pour cela, mais pas dans l’actif car on ne sait pas le mesurer. Or, il y a sans doute là quelque chose de bénéfique pour les générations futures.

Il pourrait en être de même pour des dépenses plus souvent assimilées à des dépenses de fonctionnement comme l’éducation. Il existe un consensus autour d’une règle d’or chez les économistes qu’il n’est pas bon de s’endetter pour du fonctionnement pur, qui ne crée pas un actif pour l’avenir, sans accord néanmoins sur ce que l’on place derrière tous ces termes. Les dépenses d’éducation forgent pour l’avenir des citoyens éclairés, des salariés productifs qui pourront payer demain plus d’impôts. On pourrait imaginer laisser les générations futures en payer une partie car ils en ont bénéficié.

D’autres éléments, qui pèsent déjà lourd sur le passif, peuvent de même être interrogés comme la dette Covid qui correspond à environ 20 points de PIB. Sans même se demander ce qui a été sauvé comme vies humaines, Joseph Stiglitz, lauréat du prix Nobel d’Économie en 2001, a invité ses confrères à mesurer le « missing capital » : si l’État ne s’était pas endetté, combien d’entreprises auraient fait faillite ? Combien aurait-il manqué de capital privé au tissu productif ? En contrepartie de la dette publique du Covid, il y a des actifs privés sauvegardés, ce qui n’apparaît pas dans les comptes de patrimoine des administrations.

Tout cela suggère qu’on ne se pose peut-être pas bien la question. Peut-être, plutôt que de fixer des objectifs de niveau de dette (viser x % du PIB par exemple), s’agit-il de fixer des objectifs sur son utilité. Plutôt que de considérer la dette comme un objectif, il faut rappeler qu’il s’agit d’un instrument et donc questionner l’objectif qu’il sert.

Je suis face à un déficit du système de retraite : la dette est-elle un bon instrument pour le combler ? Je suis face à une crise énergétique : la dette est elle un bon instrument pour sauvegarder le pouvoir d’achat ? Je suis face à une crise sanitaire : la dette est-elle un bon instrument pour maintenir un tissu productif ? Je suis face à une transition écologique nécessaire : la dette est-elle un bon instrument pour décarboner l’économie ? Je veux retrouver une souveraineté médicale : la dette est-elle un bon instrument pour réindustrialiser ? Je veux anticiper des attaques cyber : la dette est-elle un bon instrument pour se doter de protections ?

Parfois oui, parfois non. L’idée est de se fixer un objectif de politique publique et de se demander, dans un second temps, si la dette est un instrument pertinent pour atteindre cet objectif, c’est-à-dire s’il est légitime de penser que les générations futures poursuivront aussi cet objectif et en bénéficieront.

Ce raisonnement semble devoir d’autant plus s’appliquer au moment où l’on sort d’une période d’argent gratuit, où les taux étaient nuls sinon négatifs. Puisque l’on va payer des intérêts sur notre dette, puisque la marge de manœuvre se réduit, va se poser de manière plus ténue encore la question de ce à quoi sert la dette. Si l’on s’engage dans une dépense publique non financée par un impôt, puisqu’elle coûte de l’argent, il faut qu’elle soit utile, que les générations futures y trouvent un actif.

Relativiser le niveau de la dette ?

Relativiser le niveau de la dette ?

par
Éric Heyer
Directeur à l’OFCE, Sciences Po dans the Conversation

Bercy semble avoir coché au marqueur dans son agenda la page du 2 juin, date à laquelle l’agence de notation Standard and Poor’s doit actualiser son jugement sur la dette de la France. Deviendra-t-il plus difficile pour le pays de se financer si son passif est jugé un peu moins soutenable ? La dégradation de la note par une autre agence, Fitch, le 28 avril, à « AA- » avait déjà suscité des messages d’« alerte »]. Certes, la dette atteignait fin 2022 111,6 % du PIB et suit une trajectoire ascendante depuis plusieurs années, avec une accélération pendant les crises des subprimes et du Covid. Pourtant, sans doute le gouvernement ne s’attendait-il d’ailleurs pas à pareille décision, Bruno le Maire, ministre de l’Économie, qualifiant l’appréciation de « pessimiste », « sous-évaluant les conséquences des réformes ». La France a, de fait, voulu mettre en place des mesures pour assainir les finances publiques et rendre la dette plus soutenable, en tête la réforme des retraites qui avait vocation à réaliser 13,5 milliards d’économies. Il y avait eu aussi quelques semaines auparavant l’entrée en vigueur de la réforme de l’assurance chômage pour économiser jusqu’à 4,5 milliards d’euros par an à partir de 2025. Plus récemment, le 26 avril, a été présenté en conseil des ministres un programme de stabilité pour ramener la dette à 108,3 % du PIB en 2027.

L’argumentaire de Fitch semble en fait porter sur la méthode : la manière dont tout cela est mis en place est sujet à de fortes tensions sociales, ce qui augmenterait le risque de récession, d’impasse politique et consécutivement les difficultés à rembourser la dette.

Il ne semble cependant pas y avoir matière à s’inquiéter outre mesure : la note reste bonne. Se demander pourquoi elle le reste nous rappelle ce qu’est véritablement la dette : un instrument qui s’avère pertinent lorsqu’il permet de constituer un actif dont les générations futures tireront un bénéfice, actif que l’on sous-estime d’ailleurs sans doute. C’est pour cela qu’il peut être légitime de leur demander une contribution.

La France n’est pas en faillite
Précisions tout d’abord que les agences de notations sont payées pour noter les titres des acteurs privés : elles ne sont pas rémunérées pour s’intéresser aux États. C’est une sorte de vitrine qui fait parler d’elles. Au-delà des décisions de Fitch, Standard and Poor’s ou Moody’s, la troisième grosse agence de notation, il faut aussi garder en tête que la France reste encore très bien notée, de façon absolue comme relative.

Si l’on convertit les notes usuellement composées de lettres et de « + » et de « – » dans un format scolaire, la France obtiendrait une note entre 17 et 18 sur 20, ce qui reste, en absolu, une très bonne note, même dégradée. En relatif aussi : très peu d’États ont ce résultat-là. La France est certes derrière l’Allemagne, les Pays-Bas ou les États-Unis, mais elle est au niveau du Royaume-Uni et de la Belgique et devance les pays méditerranéens, la Chine et le Japon.

Or, un investisseur qui veut du « sans risque » réfléchit bien de manière relative. Les titres de dettes souveraines comptent parmi les moins risqués et l’objectif est de rester dans les mieux notées même si la note descend. Voilà pourquoi la dégradation par Fitch n’a par exemple pas eu d’impact sur l’écart de taux avec l’Allemagne.

Si la France reste bien notée, c’est parce qu’il n’y a pas de récession en vue à court terme, que le pays sait lever l’impôt, qu’il n’y a pas de leader extrémiste au pouvoir… C’est aussi car elle n’a pas qu’une dette, qu’un passif : ses actifs aussi augmentent.

Ce fait semble trop souvent oublié. On mesure de manière courante la dette par son poids relatif au PIB, ce qui demeure une approche extrêmement discutable. On met en relation un stock avec un flux de revenus annuel. Il vaudrait mieux comparer un stock avec un stock.

La question qui devrait se poser est plutôt la suivante : la dette contractée a-t-elle permis d’augmenter les actifs ? S’endetter pour payer du fonctionnement ne laisse pas de trace pour l’avenir : je n’ai rien après avoir payé. Si, en revanche, l’opération a permis d’investir dans des infrastructures ou dans des entreprises, un actif se constitue en face. En raisonnant en dette sur PIB, on néglige totalement cet aspect. L’Insee nous en présente les évolutions dans les comptes de patrimoines des administrations.

La photographie de l’économie va alors contre une idée reçue : les administrations publiques ont plus d’actifs que de passifs. On est loin, très loin d’une situation de faillite. Si l’on regarde un autre indicateur de soutenabilité, il apparaît que la France conserve d’ailleurs toujours une marge de manœuvre car le taux de croissance de l’économie additionné à l’inflation excède toujours les taux d’intérêt.

Une partie des actifs n’est d’ailleurs peut-être pas prise en compte au moment de dresser ce bilan. Dans l’exercice des comptes de patrimoine, l’Insee ne dénombre comme actif que ce qu’il peut valoriser. De l’immobilier, des titres financiers, des entreprises publiques, des stocks d’or, pour tout cela il existe un prix de marché. Quid d’un actif qui serait environnemental ?

Y faire figurer l’environnement implique de le monétiser, de le chiffrer en euros pour le comparer avec le passif dans une même unité. Même si les méthodes économiques de préférences déclarées ou révélées progressent, leurs résultats semblent encore assez insatisfaisants. Des investissements aujourd’hui qui développeraient un actif environnemental iraient au passif des comptes de patrimoine car on s’endette pour cela, mais pas dans l’actif car on ne sait pas le mesurer. Or, il y a sans doute là quelque chose de bénéfique pour les générations futures.

Il pourrait en être de même pour des dépenses plus souvent assimilées à des dépenses de fonctionnement comme l’éducation. Il existe un consensus autour d’une règle d’or chez les économistes qu’il n’est pas bon de s’endetter pour du fonctionnement pur, qui ne crée pas un actif pour l’avenir, sans accord néanmoins sur ce que l’on place derrière tous ces termes. Les dépenses d’éducation forgent pour l’avenir des citoyens éclairés, des salariés productifs qui pourront payer demain plus d’impôts. On pourrait imaginer laisser les générations futures en payer une partie car ils en ont bénéficié.

D’autres éléments, qui pèsent déjà lourd sur le passif, peuvent de même être interrogés comme la dette Covid qui correspond à environ 20 points de PIB. Sans même se demander ce qui a été sauvé comme vies humaines, Joseph Stiglitz, lauréat du prix Nobel d’Économie en 2001, a invité ses confrères à mesurer le « missing capital » : si l’État ne s’était pas endetté, combien d’entreprises auraient fait faillite ? Combien aurait-il manqué de capital privé au tissu productif ? En contrepartie de la dette publique du Covid, il y a des actifs privés sauvegardés, ce qui n’apparaît pas dans les comptes de patrimoine des administrations.

Tout cela suggère qu’on ne se pose peut-être pas bien la question. Peut-être, plutôt que de fixer des objectifs de niveau de dette (viser x % du PIB par exemple), s’agit-il de fixer des objectifs sur son utilité. Plutôt que de considérer la dette comme un objectif, il faut rappeler qu’il s’agit d’un instrument et donc questionner l’objectif qu’il sert.

Je suis face à un déficit du système de retraite : la dette est-elle un bon instrument pour le combler ? Je suis face à une crise énergétique : la dette est elle un bon instrument pour sauvegarder le pouvoir d’achat ? Je suis face à une crise sanitaire : la dette est-elle un bon instrument pour maintenir un tissu productif ? Je suis face à une transition écologique nécessaire : la dette est-elle un bon instrument pour décarboner l’économie ? Je veux retrouver une souveraineté médicale : la dette est-elle un bon instrument pour réindustrialiser ? Je veux anticiper des attaques cyber : la dette est-elle un bon instrument pour se doter de protections ?

Parfois oui, parfois non. L’idée est de se fixer un objectif de politique publique et de se demander, dans un second temps, si la dette est un instrument pertinent pour atteindre cet objectif, c’est-à-dire s’il est légitime de penser que les générations futures poursuivront aussi cet objectif et en bénéficieront.

Ce raisonnement semble devoir d’autant plus s’appliquer au moment où l’on sort d’une période d’argent gratuit, où les taux étaient nuls sinon négatifs. Puisque l’on va payer des intérêts sur notre dette, puisque la marge de manœuvre se réduit, va se poser de manière plus ténue encore la question de ce à quoi sert la dette. Si l’on s’engage dans une dépense publique non financée par un impôt, puisqu’elle coûte de l’argent, il faut qu’elle soit utile, que les générations futures y trouvent un actif.

Dette: Un problème sérieux mais à relativiser

Dette: Un problème sérieux mais à relativiser

Par Augustin Landier (professeur à HEC), David Thesmar (professeur au MIT) dans les Echos

Depuis quelque temps, les signaux d’alerte sur la dette publique s’accumulent. De l’autre côté de l’Atlantique, démocrates et républicains s’affrontent sur les limites de l’endettement fédéral, alors qu’en Europe les marchés ont rappelé aux gouvernements l’importance de respecter certaines lignes rouges.

L’annonce soudaine par le gouvernement britannique d’un stimulus fiscal important a ainsi été sévèrement sanctionnée par les marchés à l’automne dernier. La dette française a été dégradée par l’agence Fitch. Avec la remontée des taux, la charge de la dette devrait augmenter de 12 milliards cette année, soit l’équivalent de l’économie générée par la réforme des retraites. Certains commentateurs commencent à s’alarmer sérieusement de la hausse des taux. Ils soulignent qu’il faut absolument sortir du « quoi qu’il en coûte ».

Ces alarmistes ont-ils raison de crier « au feu » ? En fait, le danger n’est pas imminent du fait de la persistance d’une croissance positive et d’une inflation supérieure aux taux d’intérêt. Malgré un déficit très élevé, l’inflation et la croissance érodent doucement le ratio dette sur PIB. Les taux d’intérêt réels sont négatifs (de l’ordre de -3 % à dix ans), ce qui euthanasie les créanciers, au moment même où la croissance accroît la capacité de l’Etat à rembourser.

A cela s’ajoute une manne inespérée, moins souvent soulignée par les économistes : la hausse des taux réduit la valeur de la dette française qui est souscrite à taux fixe sur des maturités assez longues. L’Etat y gagne car la dette est plus facile à rembourser. En France, les taux ont augmenté de 3 points depuis janvier 2022 ; avec une maturité d’environ huit ans, cette manne est de l’ordre de 25 points de PIB !

Un gros shoot de soutenabilité, souvent ignoré dans le débat sur la dette car la notion de dette utilisée est la valeur de remboursement, non la valeur de marché. Au total, malgré un déficit très élevé, ce petit calcul (effets combinés de la croissance, de l’inflation et de la hausse des taux) aboutit à une réduction du ratio valeur de la dette sur PIB de l’ordre de 30 points de PIB en 2022 !

Bien que la situation actuelle ne nécessite pas une alerte rouge, elle n’en reste pas moins préoccupante. Un ralentissement économique peut très vite déséquilibrer l’équation. La croissance et l’inflation cesseraient de diluer la dette.

La BCE devrait diminuer ses taux, ce qui revaloriserait la dette française. Avec des taux réels de l’ordre de 1,5 % et une croissance plus proche du potentiel de long terme, la France devrait alors en urgence réduire son déficit primaire à 0 pour stabiliser sa dette, effort très important et que le projet de programmation pluriannuelle de finances publiques ne prévoit pas à moyen terme.

Il faudra donc établir des priorités entre différents segments de la dépense publique. On ne pourra pas à la fois investir dans la santé, l’éducation, la recherche, la défense, la sécurité et la transition énergétique. Selon nous, l’éducation secondaire et supérieure doit rester une priorité, sous peine de décrochage.

L’Etat pourrait être contraint de progressivement abandonner le principe d’universalité totale des services publics, comme il l’a fait il y a quelques années pour les allocations familiales . Cela impliquerait par exemple une éducation et une santé plus chères pour les classes moyennes supérieures. Pour engager ces ajustements, le gouvernement devra choisir sa stratégie : véritable délibération démocratique, passage en force ou, au contraire, passage « en douce » en n’explicitant pas les choix.

Une baisse du chômage à relativiser

Une baisse du chômage à relativiser

Olivier Dussopt s’est trompé lorsqu’il a déclaré devant l’Assemblée nationale, mardi 14 février, que le taux de chômage était « le plus bas (…) depuis quarante ans ».

Certes le niveau du chômage s’est heureusement amélioré en France comme ailleurs . Selon Eurostat, le taux de chômage des pays de la zone euro s’élevait en moyenne à 6,6 % en décembre 2022, contre 7,2% donc en France.

« Enormément d’emplois aidés ont été également créés », estime l’économiste Bruno Coquer de l’OFCE . L’Etat a ainsi fortement encouragé le recours à l’apprentissage en versant une prime de 6 000 euros pour toute embauche d’apprenti. L’effet a été immédiat, puisque plus de 800 000 contrats d’apprentissage ont ainsi été signés en 2022. Selon l’Insee, l’ensemble de l’emploi aidé représentait près de 2,3 millions de postes fin 2021, en hausse de près de 7% sur un an.

Certains estiment que la baisse du chômage s’explique par le nombre record de radiations de chômeurs par Pôle emploi. « Le gouvernement multiplie les mensonges ! Non seulement le taux de chômage n’est pas au niveau historiquement bas qu’ils prétendent, mais en plus le taux baisse… car les radiations augmentent ! Plus de 50 000 personnes ont été radiées de Pôle emploi en 2022″, a ainsi dénoncé sur Twitter Alexandre Loubet, député de Moselle et vice-président du groupe Rassemblement national à l’Assemblée nationale.

« La hausse des radiations, de 40 000 auparavant en moyenne à 50 000 actuellement, ne peut numériquement expliquer la baisse du chômage », explique Eric Heyer, économiste et directeur du département analyse et prévision à l’OFCE. L’augmentation des radiations est ainsi à comparer avec les créations nettes d’emploi, qui atteignent en 2022 près de 304 900 dans l’emploi salarié privé, selon l’Insee. « Si les radiations avaient un impact plus important, on aurait vu le ‘halo autour du chômage’ exploser », ajoute l’économiste.

L’expression « halo autour du chômage » regroupe des situations diverses d’individus ne rentrant pas dans les critères classiques des demandeurs d’emploi au total, 1,9 million de personnes se trouvent dans le « halo autour du chômage », chiffre l’Insee.

En revanche, bien qu’il soit également en forte baisse, le pourcentage important de personnes ‘en situation de contraintes sur le marché du travail’, c’est-à-dire au chômage, en temps partiel subi ou dans le « halo autour du chômage », peut cependant relativiser les bons résultats de l’emploi. Selon l’Insee, près de 16,5 % des « participants au marché du travail » se trouvaient dans une telle situation de contrainte, un pourcentage plus de deux fois plus important que celui du taux de chômage au sens du BIT.

Même s’il n’est pas au plus bas depuis 40 ans, le chômage n’a donc jamais été si peu élevé depuis pratiquement une quinzaine d’années. Cela va-t-il durer ? « Un ralentissement est dans les tuyaux, la croissance économique ne devrait être que de 0,6% en 2023″, avertit Eric Heyer. « Si la productivité des entreprises – qui a baissé durant l’après Covid – repart également, ce qui réduirait la demande de travail, alors on risque d’avoir des destructions d’emplois. »

Social-Une baisse du chômage à relativiser

Social-Une baisse du chômage à relativiser

Olivier Dussopt s’est trompé lorsqu’il a déclaré devant l’Assemblée nationale, mardi 14 février, que le taux de chômage était « le plus bas (…) depuis quarante ans ».

Certes le niveau du chômage s’est heureusement amélioré en France comme ailleurs . Selon Eurostat, le taux de chômage des pays de la zone euro s’élevait en moyenne à 6,6 % en décembre 2022, contre 7,2% donc en France.

« Enormément d’emplois aidés ont été également créés », estime l’économiste Bruno Coquer de l’OFCE . L’Etat a ainsi fortement encouragé le recours à l’apprentissage en versant une prime de 6 000 euros pour toute embauche d’apprenti. L’effet a été immédiat, puisque plus de 800 000 contrats d’apprentissage ont ainsi été signés en 2022. Selon l’Insee, l’ensemble de l’emploi aidé représentait près de 2,3 millions de postes fin 2021, en hausse de près de 7% sur un an.

Certains estiment que la baisse du chômage s’explique par le nombre record de radiations de chômeurs par Pôle emploi. « Le gouvernement multiplie les mensonges ! Non seulement le taux de chômage n’est pas au niveau historiquement bas qu’ils prétendent, mais en plus le taux baisse… car les radiations augmentent ! Plus de 50 000 personnes ont été radiées de Pôle emploi en 2022″, a ainsi dénoncé sur Twitter Alexandre Loubet, député de Moselle et vice-président du groupe Rassemblement national à l’Assemblée nationale.

« La hausse des radiations, de 40 000 auparavant en moyenne à 50 000 actuellement, ne peut numériquement expliquer la baisse du chômage », tranche Eric Heyer, économiste et directeur du département analyse et prévision à l’OFCE. L’augmentation des radiations est ainsi à comparer avec les créations nettes d’emploi, qui atteignent en 2022 près de 304 900 dans l’emploi salarié privé, selon l’Insee. « Si les radiations avaient un impact plus important, on aurait vu le ‘halo autour du chômage’ exploser », ajoute l’économiste.

L’expression « halo autour du chômage » regroupe des situations diverses d’individus ne rentrant pas dans les critères classiques des demandeurs d’emploi au total, 1,9 million de personnes se trouvent dans le « halo autour du chômage », chiffre l’Insee.
En revanche, bien qu’il soit également en forte baisse, le pourcentage important de personnes ‘en situation de contraintes sur le marché du travail’, c’est-à-dire au chômage, en temps partiel subi ou dans le « halo autour du chômage », peut cependant relativiser les bons résultats de l’emploi. Selon l’Insee, près de 16,5 % des « participants au marché du travail » se trouvaient dans une telle situation de contrainte, un pourcentage plus de deux fois plus important que celui du taux de chômage au sens du BIT.
Taux de personnes au chômage, dans le halo du chômage ou en sous emploi (INSEE)
Même s’il n’est pas au plus bas depuis 40 ans, le chômage n’a donc jamais été si peu élevé depuis pratiquement une quinzaine d’années. Cela va-t-il durer ? « Un ralentissement est dans les tuyaux, la croissance économique ne devrait être que de 0,6% en 2023″, avertit Eric Heyer. « Si la productivité des entreprises – qui a baissé durant l’après Covid – repart également, ce qui réduirait la demande de travail, alors on risque d’avoir des destructions d’emplois. »

Une baisse du chômage à relativiser

Une baisse du chômage à relativiser

Olivier Dussopt s’est trompé lorsqu’il a déclaré devant l’Assemblée nationale, mardi 14 février, que le taux de chômage était « le plus bas (…) depuis quarante ans ».

Certes le niveau du chômage s’est heureusement amélioré en France comme ailleurs . Selon Eurostat, le taux de chômage des pays de la zone euro s’élevait en moyenne à 6,6 % en décembre 2022, contre 7,2% donc en France.

« Enormément d’emplois aidés ont été également créés », estime l’économiste Bruno Coquer de l’OFCE . L’Etat a ainsi fortement encouragé le recours à l’apprentissage en versant une prime de 6 000 euros pour toute embauche d’apprenti. L’effet a été immédiat, puisque plus de 800 000 contrats d’apprentissage ont ainsi été signés en 2022. Selon l’Insee, l’ensemble de l’emploi aidé représentait près de 2,3 millions de postes fin 2021, en hausse de près de 7% sur un an.

Certains estiment que la baisse du chômage s’explique par le nombre record de radiations de chômeurs par Pôle emploi. « Le gouvernement multiplie les mensonges ! Non seulement le taux de chômage n’est pas au niveau historiquement bas qu’ils prétendent, mais en plus le taux baisse… car les radiations augmentent ! Plus de 50 000 personnes ont été radiées de Pôle emploi en 2022″, a ainsi dénoncé sur Twitter Alexandre Loubet, député de Moselle et vice-président du groupe Rassemblement national à l’Assemblée nationale.

« La hausse des radiations, de 40 000 auparavant en moyenne à 50 000 actuellement, ne peut numériquement expliquer la baisse du chômage », tranche Eric Heyer, économiste et directeur du département analyse et prévision à l’OFCE. L’augmentation des radiations est ainsi à comparer avec les créations nettes d’emploi, qui atteignent en 2022 près de 304 900 dans l’emploi salarié privé, selon l’Insee. « Si les radiations avaient un impact plus important, on aurait vu le ‘halo autour du chômage’ exploser », ajoute l’économiste.

L’expression « halo autour du chômage » regroupe des situations diverses d’individus ne rentrant pas dans les critères classiques des demandeurs d’emploi au total, 1,9 million de personnes se trouvent dans le « halo autour du chômage », chiffre l’Insee.
En revanche, bien qu’il soit également en forte baisse, le pourcentage important de personnes ‘en situation de contraintes sur le marché du travail’, c’est-à-dire au chômage, en temps partiel subi ou dans le « halo autour du chômage », peut cependant relativiser les bons résultats de l’emploi. Selon l’Insee, près de 16,5 % des « participants au marché du travail » se trouvaient dans une telle situation de contrainte, un pourcentage plus de deux fois plus important que celui du taux de chômage au sens du BIT.
Taux de personnes au chômage, dans le halo du chômage ou en sous emploi (INSEE)
Même s’il n’est pas au plus bas depuis 40 ans, le chômage n’a donc jamais été si peu élevé depuis pratiquement une quinzaine d’années. Cela va-t-il durer ? « Un ralentissement est dans les tuyaux, la croissance économique ne devrait être que de 0,6% en 2023″, avertit Eric Heyer. « Si la productivité des entreprises – qui a baissé durant l’après Covid – repart également, ce qui réduirait la demande de travail, alors on risque d’avoir des destructions d’emplois. »
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Relativiser la récession (PDG de Morgan Stanley)

Relativiser la récession  (PDG de Morgan Stanley) 

 James Gorman, PDG de Morgan Stanley depuis 2009, analyse  dans le JDD les risques qui menacent l’économie mondiale.

James Gorman, 64 ans, a reçu son baptême du feu en arrivant en tant que coprésident à la tête de Morgan Stanley, en 2007, en pleine crise financière. Face aux tensions actuelles, celui qui est devenu PDG de l’un des premiers groupes bancaires au monde en 2009 se montre moins pessimiste que ses pairs. « Ferons-nous face à une inflation incontrôlable ? Je ne le pense pas », assure-t-il ainsi. Pour le JDD, il analyse les risques qui menacent l’économie mondiale et assure que la France bénéficie de nombreux atouts.

 

Depuis le déclenchement de la pandémie, des crises successives multiples ont aggravé la conjoncture économique. Cela va-t-il empirer ?
Je pense qu’il faut relativiser l’ampleur des bouleversements subis. Nous ne vivons pas une peste qui a décimé 10 % de la population mondiale. Ni une guerre mondiale qui a causé des dizaines de millions de morts. La crise sanitaire semble s’atténuer. La crise géopolitique, avec la première guerre sur le sol européen depuis plusieurs décennies, est indéniable. Mais elle est régionale et non globale. Ce qui se multiplie, en revanche, ce sont les incertitudes. Et leurs différentes conséquences à moyen et long termes, difficiles à évaluer pour l’instant – notamment celles liées à la pandémie, comme le changement du rapport au travail, la santé mentale ou l’équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle. Ces incertitudes agrégées produisent un environnement inconfortable, entre autres parce que les marchés financiers ne redoutent rien tant que les incertitudes.

 

Comment se porte Morgan Stanley dans ce contexte ?
Depuis douze ans que je suis à la tête de la banque, notre stratégie a consisté à construire un modèle économique résilient. Pour que le groupe puisse résister aux chocs, y compris lors de périodes très difficiles. Nous avons réalisé une très bonne année en 2021, avec deux acquisitions significatives. Dans deux domaines essentiels, le trading et la banque d’investissement, nous sommes clairement l’un des gagnants de la décennie en matière de gains de parts de marché. Et nous sommes aussi l’une des banques, si ce n’est la seule, à jouir d’une capitalisation exceptionnelle. La situation actuelle n’a rien à voir avec celle de 2008, heureusement.

Quels enseignements avez-vous tirés de la crise financière ?
J’ai été nommé coprésident en 2007, puis PDG à la fin de 2009. Je l’ai donc vécue au plus près. Les crises offrent une opportunité ­fascinante en matière de leadership. Il faut agir en tant que leader, et non pas uniquement se demander comment le devenir. Diriger une organisation de cette envergure dans un contexte de stress paroxystique, et donc de changements majeurs, est un grand privilège. C’est le temps des décisions, bonnes ou mauvaises, mais nécessaires. Nous avons saisi cette occasion pour nous renforcer, « faire du muscle », en quelque sorte. Nous nous sommes donc séparés de certaines activités et avons investi dans d’autres, plus stables, dont la gestion d’actifs et la gestion de fortune. Les actifs sous gestion de nos quinze millions de clients ont dépassé le seuil de six mille milliards de dollars. Et nous avons doublé le dividende pour récompenser nos actionnaires.

 

L’inflation suscite beaucoup d’inquiétudes. Les partagez-vous ?
Il faut en distinguer les causes. Sur le front du Covid, le défi scientifique a été relevé avec succès grâce aux vaccins. Mais les suites de la ­pandémie ont un effet inflationniste, à la suite des décès, des démissions et des départs en retraite anticipée. Concernant la guerre en Ukraine, malgré les pertes effroyables de vies humaines, il faut probablement se résigner à la probabilité d’une guerre longue. D’où des hausses durables des prix de l’énergie, notamment en Europe où plusieurs pays – dont l’Allemagne – sont dépendants de l’énergie russe. Cette situation ne pourra pas se prolonger indéfiniment sans que les gouvernements ne prennent des mesures adéquates pour tenter d’y remédier. Car ce n’est pas soutenable à long terme. S’ajoutent à tout cela des tensions géopolitiques et commerciales, des pénuries de matières premières et des dysfonctionnements dans la chaîne logistique. Mais il ne faut pas oublier que les mesures de soutien à l’économie prises par les gouvernements pendant la crise sanitaire, accompagnées alors de taux d’intérêt historiquement bas, ont permis une vigoureuse croissance mondiale l’an dernier.

Aurait-il fallu remonter les taux d’intérêt plus tôt ?
Il est désormais évident pour le plus grand nombre que les banques centrales ont réagi tardivement et lentement. Avant de les augmenter plus fortement qu’attendu ces derniers mois. Ces hausses vont bien sûr diminuer les bénéfices des entreprises et ralentir la consommation des ménages.

Et créer une récession ?
Pour les États-Unis, j’évalue ce risque autour de 50-50. Il est à mon avis bien plus important en Europe. Pas de 100 %, mais certainement très supérieur à 50 %. Celà dit, le mot « récession » fait peur, au point de devenir quasiment une obsession, alors que ce n’est pas si grave en soi. Il ne s’agit que d’un concept arithmétique : deux trimestres consécutifs de recul de l’activité. Le monde ne s’écroulera pas pour autant, et nous en sortirons peut-être aussi vite que nous y serons entrés. Le mot m’effraie moins que la réalité du monde qui nous attend dans deux ans. Où en serons-nous alors ? Ferons-nous face à une inflation incontrôlable ? Je ne le pense pas. La crise énergétique provoquera-t-elle des mouvements sociaux massifs ? Je ne le pense pas non plus. Mais il ne fait aucun doute que nous allons vivre des moments agités.

Vous venez d’assister à Paris au sommet Choose France. En tant qu’investisseur, quel est votre regard sur le pays ?
D’un strict point de vue énergétique, la France bénéficie d’une bien meilleure situation que la plupart de ses voisins européens, avec un mix plus diversifié que la moyenne du continent, grâce à l’énergie nucléaire. Elle compte aussi de nombreuses très grandes entreprises, bien implantées à l’international. Depuis la crise financière, son secteur bancaire est le plus solide de toute l’Europe – un avantage fondamental. Le Brexit a affaibli la Grande-Bretagne, tandis que la crise énergétique fragilise l’Allemagne et d’autres pays de l’Union européenne. De mon point de vue, la France est aujourd’hui plutôt bien placée face à la situation actuelle. Morgan Stanley y possède une implantation de première importance en Europe. Nous allons y doubler notre présence, en investissant notamment dans un nouveau centre de recherche et développement appliqué aux activités de marché, qui emploiera 100 personnes.

Économie–Croissance à 6,75 % : un record à relativiser après la chute de 8 % en 2020

Économie–Croissance à 6,75 % : un record à relativiser après la chute de 8 % en 2020

Tous les médias s’enflamment à propos du taux exceptionnel de progression de la croissance qui pourrait atteindre près de 7 % en 2021. Un record jamais vu indiquent certains médias.

 

Le seul problème c’est que cette augmentation de l’activité correspond à peu près à la perte de croissance de 2020. En effet, au cours de l’année précédente, le PIB  avait chuté de 7,9 %. En réalité l’activité française a tout juste retrouvé son niveau de 2019. Donc, elle est toujours en retard car normalement on aurait pu escompter d’une croissance de 1,5 à 2 % en 2020. La croissance actuelle n’est donc pas exceptionnelle. Le niveau de production est encore tard et nous assistons seulement un phénomène de rattrapage.

Pour preuve, dès 2022 les institutions économiques prévoient une augmentation du PIB de l’ordre de 2 % puis autour de 1,5 % en 2023. C’est-à-dire le retour à la croissance molle.  Ce qui rappelle l’économiste Jean Fourastié. « Il ne faut pas oublier que c’est la contrepartie du -8% de l’année dernière. On devrait revenir sur un régime de croissance de 1,5% autour de 2023″, table l’économiste. Du fait de la brutalité de la reprise, on constate nécessairement des bouchons dans les processus d’approvisionnement, de production et de distribution. Une situation qui devrait se normaliser des 2022.

Croissance à 6,75 % : un record à relativiser après la chute de 8 % en 2020

Croissance à 6,75 % : un record à relativiser après la chute de 8 % en 2020

Tous les médias s’enflamment à propos du taux exceptionnel de progression de la croissance qui pourrait atteindre près de 7 % en 2021. Un record jamais vu indiquent certains médias.

 

Le seul problème c’est que cette augmentation de l’activité correspond à peu près à la perte de croissance de 2020. En effet, au cours de l’année précédente, le PIB  avait chuté de 7,9 %. En réalité l’activité française a tout juste retrouvé son niveau de 2019. Donc, elle est toujours en retard car normalement on aurait pu escompter d’une croissance de 1,5 à 2 % en 2020. La croissance actuelle n’est donc pas exceptionnelle. Le niveau de production est encore tard et nous assistons seulementun phénomène de rattrapage.

Pour preuve, dès 2022 les institutions économiques prévoient une augmentation du PIB de l’ordre de 2 % puis autour de 1,5 % en 2023. C’est-à-dire le retour à la croissance molle.  Ce qui rappelle l’économiste Jean Fourastié. « Il ne faut pas oublier que c’est la contrepartie du -8% de l’année dernière. On devrait revenir sur un régime de croissance de 1,5% autour de 2023″, table l’économiste. Du fait de la brutalité de la reprise, on constate nécessairement des bouchons dans les processus d’approvisionnement, de production et de distribution. Une situation qui devrait se normaliser des 2022.

Relativiser la portée de la nouvelle fiscalité internationale

Relativiser la portée de la nouvelle fiscalité internationale

Arnaud Leparmentier dans sa chronique au monde relativise la portée de la nouvelle fiscalité internationale.

 

Chronique.

Ne boudons pas notre plaisir, bravo aux pays du G7 pour avoir décidé d’imposer aux multinationales une taxation minimale de leurs profits à hauteur de 15 %. C’est moins que les 21 % proposés par Joe Biden, mais c’est un premier pas vers le retour des entreprises sur la place du village global, où chacun doit payer ses impôts pour rendre le vivre-ensemble harmonieux.


Bravo à Joe Biden, qui a relancé la négociation fiscale mondiale (suspendue depuis 2020) pour des raisons largement intérieures : le président démocrate veut faire payer Park Avenue, l’avenue la plus chic de New York, plutôt que Scranton, sa ville ouvrière natale en Pennsylvanie ; il voudrait financer son programme de grands travaux en augmentant le taux de l’impôt sur les sociétés (IS) de 21 à 28 %, tandis que la taxation minimale des profits étrangers serait doublée à 21 % et son assiette élargie. Pour cela, il faut montrer qu’il n’est pas naïf et que les autres pays imposent eux aussi leurs multinationales.

La préoccupation n’est pas neuve, les Etats-Unis sont depuis longtemps tout aussi furieux que les grands pays européens de voir leur manne fiscale s’évaporer en Irlande ou au Luxembourg. En 2017, Donald Trump avait commencé la chasse, avec une réforme fiscale ayant conduit conduit Apple à rapatrier en 2018, 250 milliards de dollars (205 milliards d’euros) et payer 38 milliards (31 milliards d’euros) au fisc des Etats-Unis. Mais le président républicain était dans un esprit de concurrence tandis que son successeur veut mettre fin à la course à la baisse du taux d’imposition sur les sociétés. Au moins, la décision du G7 met-elle fin à la surenchère vers le moins-disant fiscal.

Bravo également, parce que la décision va atténuer le récit qui impute tous les maux de la terre aux paradis fiscaux et aux multinationales. Pour ramener les choses à leur juste proportion, prenons les chiffres de l’Observatoire européen de la fiscalité, dirigé par l’économiste français Gabriel Zucman : avec une imposition de 25 %, les recettes de l’IS augmenteraient de moitié (170 milliards d’euros dans l’Union européenne, 26 milliards en France).

C’est certes sans commune mesure avec la taxe française sur les GAFA (350 millions d’euros en 2019), ou les fonds récupérés dans le scandale de l’argent occulte des Panama Papers (1,15 milliard d’euros dont 126 millions par la France). Mais puisqu’on est dans un débat systémique – la faible taxation des multinationales est-elle ou non la cause de l’effondrement des systèmes sociaux et étatiques ? –, remettons les chiffres dans leur contexte macroéconomique. La nouvelle taxe rapportera 1,1 % du produit intérieur brut (PIB) français, et encore, uniquement avec une taxation à 25 %. Avec le taux proposé de 15 %, on n’est qu’à 4,3 milliards d’euros, soit 0,18 % du PIB.

Relativiser la réforme fiscale mondiale

Relativiser la réforme fiscale mondiale

 

 

Nombre de médias s’emballe sur le caractère révolutionnaire de la réforme fiscale mondiale qui fixe un minimum de 15 % pour l’impôt sur les entreprises avec en plus un nouveau mode de répartition entre les pays. D’abord il faut rappeler que l’objectif de départ de Biden était de 21 % et que finalement il a fallu descendre la barre à 15 % pour obtenir un consensus mondial. Deuxième observation l’imposition dans les pays développés présente un taux généralement très au-dessus de 15 %.

Si on se réfère aux taux d’imposition sur les sociétés des pays du G7, ce taux de 15% est bien en-dessous des montants auxquels ils imposent eux-mêmes les entreprises sur leurs territoires. En 2019, la France était première du classement, avec un taux d’imposition de 34,4%, suivie de l’Allemagne et du Japon. En 2022, ce taux tricolore devrait toutefois atteindre 25%.

« Joe Biden proposait 21%. Pourquoi la France n’a-t-elle pas suivi ce chiffre, qui aurait vraiment été historique ? L’effet pervers, c’est qu’on reste dans un contexte de concurrence fiscale, donc on baisse les taux pour s’aligner. Et en fixant un taux bas, on n’empêche pas la concurrence fiscale. » S’interroge Alexis Brezet dans les Échos

Fabrice Bin, Expert, est plus tempéré. Ce taux inférieur aux ambitions affichées ressemble, selon lui, « à une négociation pour limiter l’imposition, de manière à ce que les entreprises jouent le jeu. Ça correspond à peu de choses près au taux en vigueur au Luxembourg. Pour l’Irlande, c’est 12,5% », précise le maître de conférences. Avec un taux de 15%, le but est de se rapprocher malgré tout du taux appliqué dans les pays à la législation fiscale avantageuse.

. Si la mesure est bien mise en œuvre, elle consistera à prélever 15% sur 20% des bénéfices réalisés par l’entreprise dans un pays, à condition qu’elle réalise une marge de plus de 10%. « C’est une marge qui se réalise dans beaucoup de secteurs, comme le luxe, l’habillement, c’est tout à fait atteignable, ce n’est pas un pourcentage négligeable », commente Fabrice Bin. Concrètement, si une entreprise française basée fiscalement à l’étranger, réalise 100 millions d’euros de bénéfices en France, et qu’elle a bien un taux de marge de 10%, lui seront prélevés 15% de 20 millions, soit 3 millions d’euros.

Le problème c’est que les ressources de l’ingénieries fiscales sont sans limites et qu’on pourra sûrement externaliser des bénéfices dans les pays à faible fiscalité est inversement internaliser des coutsdans les pays dont le niveau d’impôt est fort.

 

Croissance Chine : de 18 % au premier trimestre , à relativiser

  • Croissance Chine : de 18 % au premier trimestre , à relativiser

 

  • Un chiffre spectaculaire avec une hausse de 18 % du PIB chinois au premier trimestre. Une évolution toutefois à relativiser dans la mesure où la croissance s’était écroulée de près de 7 % pour la période de référence de 2020. La vraie croissance en faisant abstraction du phénomène de rattrapage serait de l’ordre de 5 %, donc en dessous de la dynamique de 2019.
  • Cette statistique indique que le géant asiatique poursuit en 2021 sa robuste reprise, qui lui a permis d’échapper à la récession l’an passé, bien que n’ayant pas retrouvé pleinement le dynamisme de l’avant Covid. De janvier à mars, la croissance s’est accélérée de 0,6% par rapport au dernier trimestre 2020, selon les chiffres du Bureau National des Statistiques (BNS) du régime communiste.
  • La Chine est la seule économie majeure de la planète à avoir échappé à la récession en 2020, et compte consolider son rebond cette année, mais elle n’a pas retrouvé le niveau de dynamisme d’avant la pandémie jugent les économistes. «Tous les indicateurs montrent qu’on est en dessous de l’ère pré Covid. Cela signifie que l’épidémie a laissé des traces, et qu’on n’assiste pas encore à une véritable reprise. Il faudra encore panser les plaies cette année et l’an prochain» explique au Figaro Zhang Lin, économiste indépendant, à Pékin. La véritable croissance au premier trimestre serait d’environ 5%, hors effet de rattrapage, ce qui est en dessous des performances de 2019 pointe cet expert chevronné ancien membre du think tank Unirule, fermé sous pression des autorités.
  • Sur l’ensemble de l’année la Chine est-ce qu’on une progression de la croissance de l’ordre de 6 %

 

CES : relativiser la « French Tech »

CES : relativiser la « French Tech »

 

À écouter certains médias ou même la ministre en charge du numérique la France serait à égalité avec les meilleurs en matière d’électronique. La ministre en charge du secteur Axelle Lemaire a même déclaré dans une interview accordée à La Tribune. «La France n’a pas de leçon à recevoir de la Silicon Valley». Une phrase évidemment excessive car si la France compte effectivement un grand nombre de petites start-up; ces start-up sont loin d’atteindre le niveau de développement des américaines notamment des GAFA comme Google et autres… la France ce singularise surtout sur les objets connectés avec dans certains cas de vrais  progrès mais aussi beaucoup de gadgets. L’enflure sémantique ne suit pas toujours la réalité du progrès technologique comme ce concept de réalité virtuelle augmentée. Cependant  Tout est de plus en plus connecté : la maison, le corps, le transport. Le montant des investissements certes dynamiques demeurent encore modestes. D’après CB Insights, les financements de la French Tech ont atteint un sommet depuis quatre ans à 1,5 milliard de dollars sur les neuf premiers mois de 2016 (+71% comparé à l’ensemble de 2015) et au troisième trimestre, « la France a attiré plus de financements que les startups technologiques allemandes et s’est approchée des niveaux des startups britanniques ». Parmi les nouveautés, Encore plus d’objets connectés, la montée en puissance de la commande vocale pour les piloter, sans oublier l’essor de l’intelligence artificielle et des transports autonomes (véhicules, drones…), et des modes d’interactivité encore plus complets (écrans et enceintes à plus haute résolution, réalité augmentée et virtuelle …).  Certaines inventions (ou plutôt innovations comme on les appelle désormais) marqueront durablement les esprits, comme le jeu vidéo Pong en 1975, mais d’autres tomberont vraisemblablement dans l’oubli sitôt le salon terminé.  Signe de l’engouement pour les objets connectés, l’enceinte intelligente d’Amazon, Echo, et son système de reconnaissance vocale Alexa, ont enregistré une excellente fin d’année marquée par des ruptures de stock. Une tendance qui dépasse d’ailleurs la seule reconnaissance vocale : apparaissent également des capteurs haptiques voire même… des capteurs d’activité cérébrale. L’édition 2017 voit aussi la maturation de certains champs d’innovation, et l’émergence de standards communs autour desquels peut se structurer un écosystème de technologies compatibles. C’est ainsi que Samsung a annoncé le lancement d’un aspirateur autonome qu’on peut piloter par commande vocale grâce à la technologie d’Amazon. Les réorganisations successives au fil des développements technologiques influencent d’ailleurs directement le nombre de sociétés présentes : ainsi, si 2016 avait vu les constructeurs automobiles s’allier face à la Silicon Valley, 2017 devrait les voir resserrer leurs rangs après les essais de véhicules autonomes d’Uber ou de Waymo, filiale d’Alphabet-Google.  Mercedes-Benz, Ford, Toyota ou encore Nissan seront également présents pour défendre leurs progrès en matière de véhicules autonomes, aux côtés de Tesla et Faraday Future, avec lesquels ils occuperont près d’un quart de la surface du salon. Et quid des réalités virtuelles et augmentée ?  Après une année 2016 marquée par le succès du jeu de réalité augmentée Pokemon Go, l’espace officiel consacré à la technologie comptera une vingtaine d’exposants, contre plus de 70 pour les jeux de réalité virtuelle, près du double de l’édition 2016. En revanche, Oculus, filiale de Facebook, qui y avait annoncé l’année dernière la mise en vente de son casque de réalité virtuelle grand public, ne disposera pas cette année de son propre stand.

 

(Avec agences)

Assurance-maladie: fraude record en 2014 à relativiser

Assurance-maladie: fraude record en 2014 à relativiser

Toute la presse titre « hausse record de la fraude à la sécurité sociale ». Certes la hausse es certaine mais en valeur absolue la fraude est presqu’insignifiante, de l’ordre de 0.1% des dépenses. C’est toujours trop évidemment mais c’est quand même infime et contrairement à ce qui est parfois affirmé les patients ne sont responsables que de 20% de ces fraudes. Le montant des fraudes détectées à l’Assurance-maladie s’est monté à près de 200 millions d’euros en 2014, en hausse de 17% sur un an, et les professionnels de santé sont les premiers fraudeurs, selon Les Échos. Le quotidien économique souligne que ces chiffres «ne concernent que la Caisse nationale d’assurance-maladie des travailleurs salariés» où «se concentrent 96 % des fraudes».   L’an dernier, le montant des fraudes et activités fautives détectées «s’est élevé précisément à 196,2 millions, contre 167,1 millions en 2013», précisent Les Échos qui évoquent un «nouveau record historique». Un montant qui reste modeste en comparaison des 178 milliards d’euros de dépenses de santé en 2014, d’autant que les pénalités financières prononcées «n’ont pas dépassé 12,3 millions d’euros».  Les fraudes sont «principalement repérées chez les professionnels de santé», explique le quotidien. «Avec 73,1 millions d’euros, ils ont détourné 37 % de ces 196 millions d’euros». Viennent ensuite les établissements de santé, poursuit le journal, avec «52,6 millions d’euros (27 % du total)». Les assurés sont eux «les auteurs de moins de 20 % des fraudes, à 38,8 millions d’euros». Interrogée par l’AFP, l’Assurance-maladie n’a pas démenti ces chiffres