Archive pour le Tag 'relance'

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Des plans de relance pas très verts plutôt gris voire noirs

Des  plans de relance pas très verts plutôt gris voire noirs

il y a évidemment les discours et les grandes rencontres internationales pour défendre l’environnement et notamment la détérioration du climat. Mais il y a aussi les réalités politiques et économiques. Et de ce point de vue les énormes plans de relance lancée partout dans le monde consacrent bien peu d’argent aux dimensions environnementales et en particulier aux énergies renouvelables. Les investissements destinés aux énergies fossiles sont en effet six fois plus nombreux que ceux affectés aux renouvelables. Pourtant, alors même que la crise sanitaire « aurait pu changer la donne », le compte n’y est pas, souligne le groupe de réflexion international sur les énergies renouvelables REN21 dans un nouveau rapport. Pour cause,« en dépit de tous les discours vers un avenir énergétique propre », les plans de relance post-Covid ont en fait accordé six fois plus d’investissements aux fossiles qu’aux renouvelables, signale l’étude.

En cause évidemment le décalage constant entre les discours tonitruants des responsables politiques et leurs orientations réelles. Mais il convient aussi de prendre en compte également les réalités économiques et énergétiques. Dans la plupart des cas le recours total ad énergie renouvelable pour remplacer les fossiles et complètement utopiques en quelques années. Ou alors il faut alors accepter de tuer toute croissance, tout emploi et en même temps toute redistribution. Une politique énergétique ne peut se gérer que dans la durée et il faut des dizaines d’années pour progressivement faire évoluer un modèle pertinent et durable. À moins de conseiller à tous les Français par exemple de prendre leur vélo pour la totalité de leur dépassement. Une vision très bobo qui ne tient pas vraiment compte des réalités économiques ,urbanistiques et sociales.

SONDAGE- Réforme des Retraites : 53% des Français pour une relance

SONDAGE- Réforme des Retraites : 53% des Français pour une relance

 

D’après un sondage de l’IFOP pour le JDD, les  Français apparaissent relativement partagés : une courte majorité (53%) souhaite que la réforme des retraites soit relancée, contre 47% qui se rangent à l’avis contraire.

Dans le détail, il est intéressant d’observer des lignes de clivage différentes de celles relevées lors des précédentes tentatives de réforme du système de retraites : si les sympathisants de la majorité présidentielle (66%) et de droite (66%) se montrent largement en faveur de la relance du chantier, c’est également le cas… chez les plus jeunes, avec 63% des moins de 35 ans déclarant souhaiter que la réforme des retraites soit relancée.

Plan de relance européen: Trop peu trop tard

Plan de relance européen: Trop peu trop tard 

Selon Mathieu Plane, économiste, Ce plan est intéressant mais c’est trop peu et sans doute aussi trop tard car c’est maintenant que l’économie a besoin de relance et non dans 5 ou 10 ans

Interview dans France Info

 

Pourquoi la validation de ce plan de relance a-t-elle pris autant de temps ?

Mathieu Plane : C’est sûr que l’argent promis arrive après la bataille, car les Etats membres en auraient eu besoin immédiatement après le début de la crise sanitaire. Mais pour pouvoir verser cet argent, il a fallu que le plan soit accepté à l’unanimité par les pays et les divergences étaient nombreuses.

La particularité de ce plan réside dans le fait que les Etats ne vont pas recevoir des sommes proportionnelles au montant de leur produit intérieur brut (PIB), mais proportionnelles à leurs besoins. Par exemple, l’Espagne va percevoir plus d’argent que l’Allemagne. L’Allemagne a une situation économique qui lui permet très bien de faire ses investissements sans l’Europe, ce qui n’est pas le cas de l’Espagne et de l’Italie, pays pour lesquels il est plus compliqué de contracter une dette. En somme, ce plan de relance est un transfert d’argent des pays du Nord vers les pays du Sud.

Les pays frugaux ont été très réticents à aller plus loin, parce qu’ils versent une large contribution au plan de relance et accusent les pays du Sud de ne pas respecter les normes européennes en termes de dette et de déficit.

De plus, il y a de l’euroscepticisme dans plusieurs pays, ce qui pousse certains à s’opposer à toute solidarité avec les membres les plus en difficulté. Il n’y a pas d’Europe politique sur la question budgétaire, tout est une affaire de consensus. Etonnamment, l’Allemagne, qui est plutôt le pays tenant de l’orthodoxie budgétaire, a été leader dans les négociations.

Que va-t-il se passer, maintenant que le plan de relance est validé ?

La totalité de la somme promise aux Etats de l’UE, soit 750 milliards d’euros, va être débloquée progressivement pour financer les budgets nationaux. Un premier volet va être versé le mois prochain et les financements vont monter en charge progressivement, sur plusieurs années.

Pour pouvoir toucher cet argent, chaque Etat membre de l’UE devait rendre un rapport à la Commission européenne, pour expliquer comment ce budget serait dépensé. Celle-ci devait ensuite le valider. Le dossier de la France contenait pas moins de 800 pages. En contrepartie, chacun reçoit un financement direct, qui vient compléter les budgets nationaux alloués à la relance.

Comment le plan de relance va-t-il se traduire concrètement ?

Pour le moment, on voit les effets du plan de relance français, mais pas celui du plan de relance européen. Car dans l’enveloppe de 100 milliards d’euros que la France a dédiée à la relance économique, l’Union européenne va contribuer à hauteur de 40 milliards d’euros. Les 60 milliards restants sont financés par le budget français.

Le gouvernement a déjà commencé à dépenser cette somme, principalement pour trois mesures : la baisse des impôts de production qui a été décidée dès le début d’année, le soutien à l’activité partielle de longue durée et l’aide à l’embauche des jeunes.

Pour ce qui est de la partie financée par le plan de relance européen, l’exigence est de dépenser cet argent dans la transition climatique et la transition numérique. Cela demande une transformation de l’économie en profondeur. Rénovation thermique des bâtiments, construction d’une filière industrielle dans l’hydrogène… Tout cela va nécessiter du temps, déjà d’un point de vue administratif, car il faut lancer des appels d’offres. Une fois cette étape passée, le déclenchement des travaux va créer de l’emploi et donc de l’activité économique à moyen terme.

Ce plan sera-t-il suffisant pour soutenir les Etats membres ?

Il faut souligner que ce plan est une bonne nouvelle, car il crée une solidarité européenne, mais on aurait pu aller beaucoup plus loin. Si l’on compare le plan de relance de l’Union européenne à celui des Etats-Unis, on voit qu’on n’y consacre que deux points de PIB européen, contre huit points aux Etats-Unis. Pourtant, la taille de l’UE est comparable à celle de ce pays.

Même en Chine, les montants investis dans le secteur de l’énergie sont astronomiques. Nous aussi, on aurait pu aller plus loin pour construire un leadership économique dans ce domaine et garantir la souveraineté énergétique des pays.

Ce plan européen révèle aussi les failles de l’Europe sur le plan fiscal, car on a réussi à avancer l’argent, mais les conditions de financement et de remboursement restent encore vagues. Ce n’est pas un problème pour le moment, mais en toute logique, il faudrait créer une taxation européenne pour le faire

Pour une relance verte aussi en Afrique

Pour une relance verte aussi en Afrique

 

L’expert Mohamed Adow et l’économiste Philippe Quirion rappellent que l’Afrique a besoin d’une relance verte, au moment où la France et les autres bailleurs s’apprêtent à desserrer les cordons de la bourse pour aider le continent à lutter contre le Covid-19.

 

Tribune.

 

Le 18 mai, plusieurs chefs d’Etat africains vont se réunir virtuellement autour du président français lors d’un « sommet sur le financement durable des économies africaines ». Si cet événement vise avant tout à répondre aux besoins des économies africaines durement touchées par la crise économique actuelle, il doit impérativement lier les enjeux de relance économique aux défis climatiques et environnementaux.

En mentionnant cet événement comme un enjeu de finance climatique lors du sommet des dirigeants sur le climat le 22 avril, Emmanuel Macron a illustré les liens existants entre dette et changement climatique. Les pays africains sont en effet en première ligne du changement climatique et subissent souvent de plein fouet des événements climatiques extrêmes (sécheresses, inondations…) qui affaiblissent leurs économies.

 

Ces pays souvent déjà massivement endettés, car le remboursement de leur dette accapare la majorité de leurs ressources, les empêchant de libérer des fonds pour répondre de manière adéquate aux besoins de leurs populations durement affectées par les impacts climatiques et de mettre en place les politiques sociales nécessaires.

Sans ressources suffisantes pour financer des initiatives d’adaptation au changement climatique, ces pays sont d’autant plus vulnérables aux chocs climatiques, qui les appauvrissent davantage, comme on l’a vu au Mozambique, où le cyclone Idai en mars 2019 a généré des dégâts équivalant à 12 % de son produit intérieur brut (PIB) national.

Pire encore, le risque élevé de catastrophes climatiques extrêmes augmente leur coût d’emprunt, ce qui limite encore leur accès à des ressources financières et aboutit, in fine, à les enfermer dans un véritable cercle vicieux.

Dans un tel contexte, répondre à la crise de la dette peut et doit avoir de véritables cobénéfices sociaux et environnementaux. Bien que bienvenue, la redistribution à titre charitable des droits de tirage spéciaux du Fonds monétaire international (FMI) qui pourraient s’élever à 650 milliards de dollars (536 milliards d’euros) et les mesures de suspension des paiements sont nettement insuffisantes.

Il est nécessaire de procéder à des annulations rapides et conséquentes de dettes souveraines, qui doivent s’étendre à tous les pays en développement confrontés à des situations intenables de surendettement. Plutôt que de s’engager dans une initiative unilatérale dont elle a trop souvent l’habitude, la France doit œuvrer pour promouvoir un mécanisme onusien, transparent, inclusif et équitable, de résolution des dettes, impliquant également les créanciers privés, pour mener une politique de restructuration des dettes à long terme.

Un nouveau plan de relance ?

Un nouveau plan de relance

Compte tenu des perspectives de la croissance pour 2021 et de la faiblesse de l’activité constatée pour le début d’année, un certain nombre d’experts estiment que le premier plan de relance de 100 milliards est insuffisant. À noter par ailleurs que cette enveloppe sera répartie sur plusieurs années, aujourd’hui seulement 30 % de cette somme a été engagée. De plus en plus de voix se font entendre pour un second plan de relance. L’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) estimait fin janvier que la France pourrait doubler le plan de relance actuel en profitant des conditions d’endettement favorables actuelles.

François Bayrou, Haut commissaire au Plan a aussi plaidé pour une « reconquête de l’appareil productif » français grâce à la mobilisation de 200 à 250 milliards d’euros.

Il y a quelques jours, le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux estimait que le plan de relance devrait être complété de manière « significative » pour les secteurs mis en difficulté par la crise.

Après l’annonce du calendrier du déconfinement, le patron de la Fédération du commerce, Jacques Creyssel, demandait lui sur BFM Business un deuxième plan de relance qui concerne « en priorité les secteurs qui ont été les variables d’ajustement, notamment le commerce ».

Pour l’instant Bercy fait la sourde oreille et préférerait que l’Europe prenne à sa charge un nouveau volet d’investissement de long terme en plus des mesures déjà prises.

Le débat va sans doute rebondir après la publication officielle des premiers résultats économiques du début de l’année y compris avril.

Etats-Unis: une politique de relance coûte que coûte

Etats-Unis: une politique de relance coûte que coûte

Un article du Wall Street Journal qui souligne le caractère particulièrement volontariste de la politique de relance économique de Biden.

 

Lorsque Lawrence Summers a critiqué les nouvelles politiques économiques de l’administration Biden ces dernières semaines, en jugeant qu’elles étaient les moins responsables des quarante dernières années, on aurait pu s’attendre à ce que sa mise en garde ébranle les démocrates. Après tout, M. Summers a été secrétaire au Trésor américain sous la présidence de Bill Clinton, président de l’université de Harvard et conseiller économique personnellement choisi par Barack Obama pour l’aider à surmonter la crise financière de 2008-2009.

Au lieu de cela, les arguments de M. Summers ont été largement rejetés par ses collègues démocrates. Les progressistes l’ont même conspué sur Twitter après qu’il a averti que le plan de sauvetage économique de 1 900 milliards de dollars de la nouvelle administration pourrait stimuler excessivement l’économie et déclencher l’inflation. Pire, M. Biden a ensuite gonflé son plan de relance avec un nouveau programme de dépenses de 2 000 milliards de dollars dédiées notamment aux infrastructures. « Oui, c’est énorme, a déclaré le président américain. Oui, c’est audacieux. » Jeudi, il a inscrit 1 800 nouveaux milliards de dollars à sa liste de souhaits, portant cette fois sur des aides aux familles, ce qui porte à 6 000 milliards de dollars le montant des dépenses supplémentaires proposées ou approuvées sur la prochaine décennie, dont une grande partie sera en réalité distribuée rapidement.

En coulisses, ce qu’il se joue avec la résistance du Parti démocrate à l’appel à la modération de M. Summers est le signe d’un passage de flambeau dans la pensée et la politique économiques. Longtemps sur le devant de la scène, un groupe d’économistes centristes chevronnés est en train de sortir par la petite porte. Après avoir émergé pendant la spirale inflationniste des années 1970, ils ont gouverné des années 1990 aux années 2010, laissant derrière eux un bilan mitigé.

La dernière de ce cénacle à rester au pouvoir est Janet Yellen, la secrétaire au Trésor, qui a adopté la nouvelle pensée « go big » du moment. Pour Mme Yellen, qui a toujours fait montre d’une prudence extrême, le défi consiste à servir de passerelle entre l’ancien monde, averse au risque, et le nouveau, pétri d’idées ambitieuses. « Il y a bien des raisons pour lesquelles je pense que notre compréhension de l’économie a changé », a déclaré Mme Yellen au Wall Street Journal en mars.

Le postulat de son courant – connu sous le nom de néokeynésianisme – était que le gouvernement pouvait participer à la lutte contre les récessions et le chômage, mais que les dirigeants politiques devaient également prendre garde au risque d’inflation excessive, de déficits budgétaires importants et aux propres limites du gouvernement en tant qu’agent économique vertueux. Les difficiles expériences des années 1970 et du début des années 1980, période marquée par une inflation et un chômage à deux chiffres, ont servi de leçon aux néokeynésiens, qui ont cherché un juste milieu entre le libre marché et l’interventionnisme fédéral à tous crins.

Leurs succès ont été bien réels. Ils ont fait leur nid à Washington dans les années 1990 sous la présidence de Bill Clinton et ont présidé au boom économique d’alors – ce fût également la dernière fois que le pays a connu un excédent budgétaire fédéral. Puis, dans les années 2000, ils ont contribué à éviter une nouvelle Grande Dépression. En parallèle, ils ont également ouvert la voie au libre-échange, ce qui a nui à de nombreuses communautés américaines, ont été aux manettes du gouvernement pendant les dévastatrices bulles technologiques, boursières et immobilières des années 1990 et 2000 et ont participé à la croissance lente des années 2010.

Nombre d’entre eux ont fait leurs études dans des universités d’élite du Nord-Est, notamment le Massachusetts Institute of Technology, Yale et Harvard. La plupart étaient des démocrates, comme M. Summers et Mme Yellen, qui, à eux deux, ont fréquenté ou enseigné dans ces trois établissements. Il y avait aussi des républicains comme Ben Bernanke, qui a travaillé pour George W. Bush et a présidé la Fed pendant la majeure partie de la présidence de Barack Obama, Gregory Mankiw, qui a présidé le Conseil des conseillers économiques de M. Bush, et John Taylor, un responsable du Trésor de M. Bush. « Les néokeynésiens sont prudents quant à ce que la politique économique peut accomplir », déclare M. Mankiw.

Vieillissants et travaillant principalement dans des think tanks et des universités, les néokeynésiens les plus âgés cèdent maintenant leur place à une pensée plus progressiste à gauche et à une redéfinition des priorités à droite. La jeune garde économique de gauche n’a pas vu d’inflation depuis cinquante ans et ne s’en inquiète guère. Les taux d’intérêt étant bas, elle ne s’inquiète pas non plus beaucoup des déficits budgétaires. La disparition de ces préoccupations offre un boulevard aux nouveaux programmes dispendieux de dépenses publiques. De leur côté, les économistes de droite, qui traditionnellement défendent le marché libre et une intervention minimale de l’Etat, sont à la recherche de mesures susceptibles de séduire le nouvel électorat du Parti républicain, plus populiste, nationaliste, ouvrier et anti-libre-échange.

Ironie du sort, et quelque peu déroutant dans ce passage du flambeau économique en cours à Washington, c’est que M. Summers lui-même a contribué à amorcer cette transition. Au cours de la lente reprise qui a suivi la dernière crise financière, M. Summers a déclaré que l’économie souffrait de « stagnation séculaire », une longue période de faible demande qui exigeait une action gouvernementale audacieuse pour l’enrayer. La persistance d’une faible inflation et de taux d’intérêt bas, affirmait-il, a permis de financer à bon compte de fortes dépenses publiques.

Pour sa part, M. Summers ne se considère pas comme un néokeynésien. Selon lui, ce courant de pensée ne s’est jamais suffisamment concentré sur les tendances à long terme en matière de dépenses et d’investissements. C’est pourquoi il a préconisé, avant la plupart des autres à Washington, un vaste programme pour les infrastructures publiques.

Le problème actuel, dit-il, est que le plan de relance de 1 900 milliards de dollars liée à la Covid-19 est excessif à court terme et a été utilisé à mauvais escient. Selon lui, plutôt que d’envoyer des chèques du gouvernement fédéral aux ménages, cet argent aurait dû être consacré à des programmes d’infrastructure comme la construction de ponts ou le déploiement d’Internet en milieu rural. La stagnation séculaire, explique-t-il, ne signifie pas qu’un décideur politique peut déverser n’importe quelle quantité d’argent dans l’économie, n’importe où et à n’importe quelle vitesse. Il ajoute que le vaste plan d’aide de lutte contre la Covid risque de faire ressurgir les problèmes rencontrés dans les années 1970 qui ont façonné le courant néokeynésien et que Washington a fini par croire qu’il pouvait désormais ignorer. « Les lois de l’arithmétique économique s’appliquent toujours », a-t-il affirmé dans une interview.

Pour expliquer pourquoi un fort interventionnisme gouvernemental ne présente pas de risque sérieux, certains économistes de gauche ont invoqué la Théorie monétaire moderne, selon laquelle aucun frein n’existe pour la Fed ou les emprunts publics à moins que l’inflation ne réapparaisse clairement. La TMM, comme on l’appelle, n’est pas née dans les universités d’élite de l’Ivy League qui ont façonné les néokeynésiens. Sa principale promotrice, Stephanie Kelton, est professeure à l’université Stony Brook de Long Island et a obtenu son doctorat à la New School for Social Research de Manhattan.

Plus que toute autre théorie universitaire, la nouvelle approche du rôle du gouvernement fédéral dans l’économie est fondée sur ce qui ne s’est pas produit au cours des vingt dernières années. La Réserve fédérale a, à deux reprises, ramené les taux d’intérêt à court terme à près de zéro et injecté des milliers de milliards de dollars dans le système financier par le biais de programmes d’achat d’obligations (parfois appelés assouplissement quantitatif). Dans le passé, de telles politiques étaient accompagnées d’une montée en flèche des prix à la consommation – mais pas cette fois-ci. Depuis que la Fed a fixé son objectif officiel d’inflation de 2 % en 2012, les mesures réelles des prix à la consommation ont été inférieures de près d’un demi-point de pourcentage à ce seuil. Le Conseil des conseillers économiques de M. Biden s’attend à ce que l’inflation s’accélère dans les mois à venir, puis s’estompe, a-t-il récemment indiqué dans une déclaration publiée sur le site de la Maison Blanche.

Les déficits budgétaires importants n’ont pas non plus entraîné les répercussions négatives contre lesquelles les manuels économiques nous mettent en garde. En théorie, un accroissement important de la dette publique devrait entraîner une hausse des taux d’intérêt. L’idée est que le gouvernement devrait promettre aux investisseurs un rendement toujours plus élevé pour les persuader de continuer à acheter de plus en plus de sa dette. Cela augmenterait les coûts d’emprunt de l’Etat et découragerait l’investissement privé.

Pourtant, même si le gouvernement fédéral a augmenté sa dette publique de près de 5 000 milliards de dollars depuis le début de 2020, le coût des intérêts sur les bons du Trésor à 10 ans est aujourd’hui inférieur d’environ 0,2 point de pourcentage (1,6 %) à ce qu’il était alors. Les emprunts du secteur privé n’ont pas été freinés par les largesses du gouvernement ; en réalité, ils sont même en plein essor.

Il s’est avéré que l’inflation a été contenue en raison de la concurrence des autres pays dans une économie plus mondialisée et par la lenteur de la reprise après la récession de 2007-2009. Les taux d’intérêt ont été maintenus à un bas niveau en partie parce que l’appétit des autres pays pour les obligations du Trésor américain est si grand qu’ils ont continué à en acheter même lorsque les taux étaient très bas.

L’actuel programme économique de grande envergure des démocrates est en partie motivé par le sentiment qu’ils se sont trop concentrés sur la réduction des déficits budgétaires après la récession de 2007-2009, ce qui a joué, politiquement, en leur défaveur en freinant la reprise sous l’ère Obama. Lorsque les républicains étaient au pouvoir, ils ont réduit les impôts et laissé les déficits se creuser. « Les avez-vous entendus se plaindre [des déficits budgétaires] lorsqu’ils ont voté les quelque 2 000 milliards de dollars de réduction d’impôts de Trump ? », a lancé M. Biden lors d’une conférence de presse ce mois-ci.

Cette fois, le président américain est enclin à voir grand et à ne traiter les problèmes économiques qui pourraient en résulter que s’ils se présentent réellement.

 

Économie -Le plan de relance français : une liste à la Prévert

Économie -Le plan de relance français : une liste à la Prévert

 

l’Europe a prévu un plan de relance de 750 milliards. Un plan qui est d’ailleurs embourbé dans les procédures européennes et étatiques et qui restent encore à approuver. Il  ne sera sûrement pas opérationnel avant 2022 voire au-delà. La France a proposé son propre plan. Il s’agit d’un plan d’une centaine de milliards qui était présenté à Bruxelles puisque 40 milliards devraient être financés par l’union économique.

En réalité,  un plan très vague qui couvre à peu près tout englobant la transition énergétique, les technologies et les équipements. Bref une sorte de liste à la Prévert comme l’indique le président de la commission des finances de l’assemblée :

 

« Un peu une liste à la Prévert », a pointé le président de la commission des Finances à l’Assemblée nationale Eric Woerth, lors d’une audition du ministre de l’Economie Bruno Le Maire et de son ministre délégué aux Comptes publics, Olivier Dussopt.

Mais la France devra justifier son plan de relance ou les accompagner par des réformes structurelles qui sont pour l’instant gelées comme par exemple la réforme des retraites renvoyées après les présidentielles de 2022.-

De toute manière ce plan européen beaucoup trop tardif et trop faible par rapport à la relance américaine prévoit notamment un soutien de 1900 milliards pour la relance socio-économique et de 2000 milliards pour le développement des infrastructures. Une différence qui pourrait peser lourdement sur le différentiel de croissance entre les deux zones.

Les membres du comité monétaire de la banque centrale des États-Unis se préparent en moyenne à 6,5% de croissance dès cette année. Une telle flambée, comparable aux prévisions des économistes privés, serait sans précédent depuis 37 ans. En décembre, la prévision médiane des dix huit membres du comité n’était que de 4, 2%. Pour l’Europe on aura bien du mal à atteindre la perspective de 4 % retenus par les institutions européennes.

 

 

Le plan de relance français : une liste à la Prévert

Le plan de relance français : une liste à la Prévert

 

l’Europe a prévu un plan de relance de 750 milliards. Un plan qui est d’ailleurs embourbé dans les procédures européennes et étatiques et qui restent encore à approuver. Il  ne sera sûrement pas opérationnel avant 2022 voire au-delà. La France a proposé son propre plan. Il s’agit d’un plan d’une centaine de milliards qui était présenté à Bruxelles puisque 40 milliards devraient être financés par l’union économique.

En réalité,  un plan très vague qui couvre à peu près tout englobant la transition énergétique, les technologies et les équipements. Bref une sorte de liste à la Prévert comme l’indique le président de la commission des finances de l’assemblée :

 

« Un peu une liste à la Prévert », a pointé le président de la commission des Finances à l’Assemblée nationale Eric Woerth, lors d’une audition du ministre de l’Economie Bruno Le Maire et de son ministre délégué aux Comptes publics, Olivier Dussopt.

Mais la France devra justifier son plan de relance ou les accompagner par des réformes structurelles qui sont pour l’instant gelées comme par exemple la réforme des retraites renvoyées après les présidentielles de 2022.-

De toute manière ce plan européen beaucoup trop tardif et trop faible par rapport à la relance américaine prévoit notamment un soutien de 1900 milliards pour la relance socio-économique et de 2000 milliards pour le développement des infrastructures. Une différence qui pourrait peser lourdement sur le différentiel de croissance entre les deux zones.

Les membres du comité monétaire de la banque centrale des États-Unis se préparent en moyenne à 6,5% de croissance dès cette année. Une telle flambée, comparable aux prévisions des économistes privés, serait sans précédent depuis 37 ans. En décembre, la prévision médiane des dix huit membres du comité n’était que de 4, 2%. Pour l’Europe on aura bien du mal à atteindre la perspective de 4 % retenus par les institutions européennes.

 

 

Plan relance italien : la dernière chance pour le pays ?

Plan relance italien : la dernière chance pour le pays ?

 « Le plan Draghi est l’une des dernières opportunités pour le pays d’accroître sa croissance potentielle » pour le directeur de la conjoncture chez Rexecode (interview dans l’Opinion)

 

Pourquoi la situation économique de l’Italie est un sujet pour toute l’Europe ?

Parce que l’Italie est une pierre angulaire de la zone euro. Troisième économie de l’union monétaire, le pays représente 15 % du PIB de la zone euro et finance 17 % du budget de l’Union européenne (UE). Sans l’Italie, la zone euro ne tiendrait pas. C’est aussi un pays très important pour les banques françaises. BNP Paribas et Crédit Agricole y sont fortement exposées avec des filiales qui comptent parmi les dix premières banques du pays.

Avec plus de 115 000 morts et près d’un million d’emplois détruits en un an après un recul de 8,9 % de son PIB en 2020, l’Italie est-elle l’homme malade de l’Europe ?

Elle dispute le titre avec l’Espagne qui est encore plus exposée aux secteurs les plus touchés par la crise, comme le tourisme. Mais c’est vrai que l’Italie souffre davantage que la moyenne de la zone euro. C’est d’ailleurs l’un des points cruels de cette crise : les pays les plus endettés sont aussi ceux les plus durement affectés par la récession, ce qui est de nature à aggraver les déséquilibres qui existaient avant.

L’Italie est effectivement l’un des pays européens les plus endettés. Qu’est-ce qui explique le dérapage de ses finances publiques ?

Sa dette est trop importante et sa croissance trop faible pour la faire diminuer. L’excédent budgétaire primaire enregistré depuis des années permet simplement de stabiliser la dette. L’Italie subit une spirale négative depuis son entrée dans la zone euro, coincée entre des taux plus élevés et une croissance potentielle plus faible que la moyenne européenne. L’écart d’endettement public avec l’Allemagne ne fait que se creuser : il est passé de 40 points de PIB en 2008 à 88 points fin 2020. Le poids de la dette italienne est aujourd’hui plus de deux fois supérieur à celui de l’Allemagne !

C’est un risque pour la zone euro ?

Cela ne poserait pas de problème si les dettes étaient totalement mutualisées. Mais incontestablement, la concentration des dettes dans certains pays en l’absence de mécanisme de correction fragilise l’édifice.

Sauf que les taux sont bas, y compris pour l’Italie en ce moment…

C’est à moitié vrai. Certes, le taux d’intérêt apparent est d’à peu près 2 %, ce qui est peu. Mais le vrai problème, c’est le besoin d’appel au marché qui va sortir considérablement accru de cette crise. Pour l’instant, le surcroît de dette est absorbé par la Banque centrale européenne (BCE) qui a quasiment doublé sa détention depuis 2017 à plus de 30 % du PIB, mais ça ne fonctionnera qu’à la condition que la BCE continue d’intervenir sur les marchés. Il y a de ce point de vue une forme de japonisation dans le rôle de la banque centrale dans l’économie italienne pour soutenir les finances publiques.

Comment échapper à cette spirale ?

Des transferts monétaires et budgétaires au niveau européen y contribueraient. Il faudrait que la BCE accepte de dévier de sa clé de répartition pour détenir davantage de dette italienne. Le côté budgétaire est quant à lui assuré par le plan de relance qui va commencer à se mettre en œuvre, mais ce n’est pas un free lunch pour l’Italie. Sur les 220 milliards d’euros du plan de relance italien, 192 milliards viennent de NextGenerationEU, dont 123 milliards de prêts. C’est de l’endettement auprès de la Commission plutôt que sur les marchés, mais au final, il faudra rembourser. Les subventions ne dépassent pas 69 milliards, dont 46 milliards devront aussi être remboursés indirectement. Ce qui laisse 13 milliards de transferts nets, soit 1,3 point de PIB seulement. Est-ce suffisant pour remettre l’Italie sur les rails ? On peut en douter.

L’Italie peut-elle faire exploser la zone euro ?

Pas à court terme. Mais cette force centrifuge qui éloigne inexorablement le pays de la moyenne européenne est inquiétante. Attention, je ne parle pas de la compétitivité. La part de marché de la Péninsule dans les exportations de la zone euro est plutôt stable depuis la crise de 2009, contrairement à celle de la France qui recule. Le problème italien concerne plutôt la faiblesse de la demande interne, liée au décrochage d’une partie du pays et qui traduit aussi un déficit d’investissement, sans parler des problèmes de productivité ou démographiques (l’Italie est le 2e pays le plus vieux au monde après le Japon). Le plan Draghi revêt donc une importance historique. C’est l’une des dernières opportunités d’inverser cette tendance et d’accroître la croissance potentielle du pays, qui si rien ne change approchera de zéro dans les prochaines années.

Le problème, c’est que neuf mois après l’adoption du plan de relance, pas un euro n’a encore été distribué par Bruxelles. Que se passe-t-il ?

Plusieurs facteurs rentrent en compte. Il y a d’abord le caractère suradministré du plan, avec des conditions soumises à des boucles de validation multiples. Le contraste est sur ce point saisissant avec les Etats-Unis qui donnent la priorité aux déblocages rapides des fonds. Le risque, c’est qu’on termine au final avec un plan Juncker bis : lourd, long, devant remplir des conditions drastiques avec des effets de substitution avec l’investissement privé.

Où sont les 750 milliards d’euros de relance de l’Europe ?

Où sont les 750 milliards d’euros de relance de l’Europe ?

 

Alors que les États-Unis ont déjà déversé concrètement des milliers et des milliers de milliers de dollars (environ 2000 milliard de soutiens économiques et sociaux et encore autant pour le développement des équipements.), l’union économique ,elle, est encore embourbée dans les procédures administratives et politiques pour son plan de 750 milliards qui n’a encore évidemment aucun effet concret et aucune réalité.

 

Pour être opérationnel le plan européen doit être approuvé par chacun des Etats , or  nombre d’états mettent de la mauvaise volonté pour approuver les orientations européennes dans semaine.
Parmi les pays retardataires pour la ratification, on trouve l’Allemagne, l’Autriche, la Pologne, les Pays Bas, la Lituanie, l’Estonie, la Finlande, la Roumanie et l’Irlande. Parmi eux, certains renâclent toujours pour des raisons de fond, comme le premier ministre hongrois Viktor Orban qui n’est pas d’accord avec la Commission sur l’utilisation des 16 milliards qui lui seront versés.

Par comparaison aux États-Unis on a injecté 2 000 milliards de dollars dans l’économie américaine (dont 274 milliards consacrés à la seule lutte contre le covid et 377 milliards en subventions et aides directes aux entreprises). Ce plan extraordinaire fut complété dès juillet par un plan de 1100 milliards de dollars, dont 111 milliards entièrement consacrés à la recherche, aux traitements, aux tests et aux médicaments

Par ailleurs les États-Unis ont lancé un nôtre plan pour l’emploi et les infrastructures américaines de 2290 milliards de dollars qui doit s’étaler sur huit ans. Un quart de cet argent ira aux transports (véhicules électriques, routes, ponts…), un autre au logement, aux écoles, aux connexions internet, le reste sera dévolu à la santé, aux personnages âgées, à la recherche, à l’industrie, et à la transition énergétique. Cela, alors que les Etats-Unis ont confirmé cette semaine leur retour dans le concert de l’Accord de Paris sur le Climat et relevé à 50% d’ici à 2030 leurs engagements de réduction des émissions de C02.

Une des conséquences sera une reprise rapide aux États-Unis qui va annuler le creux créé par la situation sanitaire alors  que dans l’union européenne il faudra attendre sans doute 2023. L’OCDE prévoit ainsi une croissance du PIB des Etats-Unis de 6,5% cette année, contre une précédente prévision de 3,2% en décembre.

Pour la zone euro, la croissance économique est attendue à 3,9% en 2021 (contre une précédente prévision de 3,6%) puis à 3,8% en 2022 (+3,3% précédemment), cependant la troisième vague unitaire en Europe pourrait compromettre cet objectif de 3,9 % d’augmentation du PIB en 2021.

 

Allemagne : rejet d’un recours contre le plan de relance européen

Allemagne : rejet d’un  recours contre le plan de relance européen

 

La Cour constitutionnelle allemande a rejeté, mercredi 21 avril, un recours en référé qui visait à bloquer la ratification du plan de relance européen et contestait notamment le mécanisme inédit de dette commune. « Un examen sommaire ne révèle pas une forte probabilité de violation » de la loi fondamentale, explique sur son site Internet la plus haute juridiction du pays.

Elle poursuivra son examen sur le fond mais rejette la demande de suspension en urgence, estimant que « les inconvénients » d’un retard de ratification l’emportent sur tout autre considération. Un retard de l’entrée en vigueur « compromettrait l’objectif de politique économique » et « les inconvénients pourraient s’avérer irréversibles » étant donné l’urgence de la relance face à la pandémie de Covid-19, détaillent les magistrats.

Le Tribunal constitutionnel allemand avait suspendu le processus de ratification le 26 mars alors que les deux chambres du Parlement venaient d’approuver le texte de loi. Celui-ci devait encore être paraphé par le chef de l’Etat allemand, Frank-Walter Steinmeier, pour pouvoir être pleinement ratifié.

Plan de relance européen : au rythme d’escargot

Plan de relance européen : au rythme d’escargot

 

L’avancée du plan de relance européen se fait au rythme d’escargot. La première raison est la nécessité de faire avaliser ce plan par tous les Etats. Ensuite la complexité même des soutiens économiques envisagés enfin évidemment la lourdeur de la bureaucratie européenne. En faite, l’Europe devrait dégager un plan de 800 milliards mais sur cinq ans à comparer bien sûr aux plusieurs milliards mis à disposition de leur économie par les États-Unis. Très récemment  1900 milliards au service du développement socio-économique et de  2000 milliards pour la modernisation des infrastructures.

 

La Commission européenne vient laborieusement de préciser mercredi, les moyens par lesquels elle entendait financer le plan de relance décidé par les chefs d’Etat et de gouvernement au mois de juillet 2020 . Au menu : la levée de 800 milliards d’euros (en valeur actuelle) entre la mi-2021 et la fin 2026.

Un véritable « changement d’échelle sur les marchés de capitaux », a affirmé mercredi le commissaire chargé du Budget, Johannes Hahn, lors d’une conférence de presse. Un changement qui porte en germes, notamment, la création d’un actif sûr européen susceptible de venir concurrencer le roi dollar dans cette catégorie. Et qui pourrait donc appuyer l’objectif des Européens de faire de leur devise un outil de leur autonomie stratégique, via son internationalisation progressive. Une espérance autant qu’une utopie car d’une part les chiffres ne sont pas la hauteur de l’enjeu, la France a d’ailleurs réclamé un second plan, d’autre part l’utilisation majoritaire de l’euro dans les échanges internationaux demeure marginale.

Relance et marché ne sont pas contradictoires

Relance et marché ne sont pas contradictoires

 

La chercheuse en science politique Ulrike Lepont relativise, dans une tribune au « Monde », le « retour de l’Etat » aux commandes de l’économie, car ni la nécessité de réduire son périmètre ni la priorité donnée au secteur privé pour l’allocation des ressources ne sont remises en cause.

 

 

 

Tribune. 
Après plusieurs décennies où l’Etat avait été assigné à s’en tenir à un rôle de garant du respect des règles de la concurrence et de contrôle de l’inflation par la seule politique monétaire, les plans de relance européens actuels, de par leur ampleur, sont souvent interprétés comme la marque d’un retour de l’Etat dans l’économie. Le recours à la politique budgétaire du « quoi qu’il en coûte », mais aussi à la politique industrielle via des investissements publics dans des secteurs jugés stratégiques pour la croissance future, est à nouveau légitime pour stimuler l’activité économique du pays. Ce phénomène n’est en réalité pas simplement conjoncturel : il s’inscrit dans un processus engagé depuis la crise de 2008, du fait de l’échec de la politique monétaire européenne à relancer la croissance de la zone euro, ainsi que de la montée du patriotisme économique à l’échelle internationale.

Pour autant, cette relégitimation des politiques industrielle et budgétaire est loin de signer le retour de l’Etat keynésien d’après-guerre. Du point de vue de la politique industrielle tout d’abord, les investissements publics sont conçus selon des objectifs et des modalités diamétralement différents. Durant les « trente glorieuses », l’objectif des politiques d’investissement était, pour l’Etat, de structurer des secteurs économiques entiers, parfois directement par des nationalisations, parfois par des subventions qui lui permettaient d’influer sur les choix de développement des entreprises. Il s’agissait ainsi de contrôler le marché, voire, pour certains secteurs comme l’énergie, de s’y substituer.

Les politiques d’investissement actuelles visent au contraire à encourager le développement des acteurs privés et du marché en déterminant des objectifs généraux – comme la transition écologique –, mais sans intervenir dans les stratégies des acteurs économiques. Elles s’appuient, pour ce faire, sur des instruments financiers comme des prêts, des prises de participation sous forme de capital-risque ou des garanties qui sont délivrées en premier lieu par les banques publiques d’investissement – dont l’activité a explosé depuis une décennie.

 Ces financements sont octroyés sur le critère de la rentabilité financière des projets et de la promesse d’un « retour sur investissement » pour l’Etat, mais sans exigence de contrepartie en matière de gouvernance. De plus, quand l’Etat investit par le biais des banques publiques d’investissement au capital d’entreprises, l’objectif est de s’en retirer dès que l’activité est rentable, de manière à réinvestir dans d’autres activités émergentes prometteuses, sur le modèle d’un fonds d’investissement. Enfin, l’Etat n’investit jamais seul, mais en cofinancement avec des acteurs privés, ce qui lui permet de miser sur l’« effet levier », mais qui réduit également sa capacité de contrôle.

Plans de relance : s’inspirer du passé et du New Deal

Plans de relance : s’inspirer du passé et du New Deal

Les économistes Thomas Belaich et Eric Monnet décrivent, dans une tribune au « Monde », les dispositifs qui, dans le New Deal de Roosevelt ou la reconstruction d’après-guerre, ont cherché à éviter la capture de l’argent public par les intérêts privés ou politiques.

Tribune.

Historiquement, tous les grands programmes de dépense publique ont été accompagnés d’une réflexion sur leur gouvernance, tant en termes de vigilance vis-à-vis de la représentativité démocratique des choix d’allocation que pour éviter une capture des dépenses par des intérêts privés. Il est crucial d’étudier quelques expériences passées, dans la mesure où ces problèmes ne manqueront pas de réapparaître avec l’Etat investisseur et qu’elles rappellent que la capacité de l’Etat à orienter l’investissement vers des objectifs prioritaires ne peut se résumer aux montants dépensés.

Le New Deal de Roosevelt (1933-1939) est ainsi une référence explicite de l’administration Biden, même si les montants étaient encore plus importants — près de 50 % du PIB américain de l’époque, déboursés à raison de 6 % de PIB par an sur sept ans. Pour optimiser ces investissements, le New Deal s’accompagnait d’une réforme majeure de l’administration (création de nombreuses agences spécialisées) et de la mise en place de contre-pouvoirs, notamment syndicaux. Roosevelt était attentif à ce que le New Deal rompe la logique d’investissement centré sur les grands groupes bancaires et les grandes firmes industrielles du Nord-Est. On retrouve certains de ces éléments dans le plan Biden, notamment le soutien à la syndicalisation, des infrastructures ciblées pour des « populations désavantagées », la lutte contre les paradis fiscaux pour mieux contrôler les profits privés et le rôle central des agences fédérales pour l’investissement massif dans la recherche et la transition énergétique, sur le modèle du financement de la défense – au risque de réveiller les soupçons d’un complexe énergético-industriel d’une nouvelle nature…

 

Le débat français et européen prend plutôt comme référence les années d’économie planifiée, ou du moins concertée, des « trente glorieuses ». Plus que les montants d’argent public investi, c’est la gouvernance de ces dépenses qui mérite attention. Par exemple, le montant de l’investissement public dans l’après-guerre en France varie du simple au double selon que l’on inclut ou pas les entreprises publiques. Et comme l’ont montré les économistes Jean-Jacques Carré, Paul Dubois et Edmond Malinvaud dans La Croissance française : un essai d’analyse économique causale de l’après-guerre (Seuil, 1972), l’influence de la planification allait bien au-delà du seul montant des dépenses de l’Etat. 

Relance économique : suivre l’exemple des États-Unis (Jean Pisani-Ferry )

Relance économique : suivre l’exemple des États-Unis  (Jean Pisani-Ferry )

 

L’économiste, Jean Pisani-Ferry ,  observe, dans sa chronique au Monde , la conversion de l’administration Biden à une politique résolument expansionniste et suggère à l’Europe de suivre cette même voie

Chronique.

 

 Nonobstant des controverses bruyantes sur l’ampleur du plan Biden, un consensus émerge aujourd’hui aux Etats-Unis : la meilleure stratégie pour effacer les séquelles de la crise sanitaire et atténuer les lourds problèmes sociaux du pays, c’est de placer l’économie en régime de haute pression.

L’idée n’est pas neuve. Elle remonte à Arthur Okun (1928-1980), un économiste keynésien, ancien conseiller de Lyndon Johnson. Mais elle a été évoquée par Janet Yellen, peu avant sa nomination comme secrétaire au Trésor, et inspire visiblement Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale (Fed).

De quoi s’agit-il ? Depuis une célèbre conférence prononcée par Milton Friedman en 1968, les politiques macroéconomiques s’articulent généralement autour de l’idée qu’il existe un taux de chômage d’équilibre en dessous duquel on ne peut descendre qu’au prix d’une inflation croissante. A l’approche de ce seuil, il faut freiner la croissance pour éviter une surchauffe. C’est ce qu’on a fait régulièrement depuis les années 1980, au point d’aboutir à une inflation trop basse dont on n’arrive pas à se dépêtrer.

La thèse d’Okun, formulée en 1973, est au contraire qu’il faut tester les limites à la baisse du chômage pour tenter de faire fonctionner l’économie en régime de rareté des ressources en travail. Cela demande un peu plus d’efforts de recrutement et de formation aux entreprises, mais ramène vers l’emploi celles et ceux qui en sont le plus loin : chômeurs de longue durée, personnes tombées dans l’inactivité, salariés à faibles qualifications, minorités. En cas de succès, le bénéfice est double : un potentiel de production plus élevé (de 2 à 3 points pour chaque point de baisse du chômage, selon Okun) et une amélioration sensible de la situation des plus défavorisés.

Jamais complètement oubliée outre-Atlantique, l’idée est à nouveau en vogue. En août 2020, la Fed a révisé sa stratégie monétaire. Elle vise maintenant à minimiser le déficit d’emploi par rapport au maximum atteignable. Cette formulation signifie que les risques inflationnistes associés à un niveau d’emploi trop élevé sont tenus pour moins graves que ceux induits par un niveau d’emploi trop faible. Et Jerome Powell, dans l’explication de texte qu’il en a donné le même jour, souligne les bienfaits qu’un marché du travail tendu apporte aux « communautés à faible revenu », notamment aux minorités ethniques.

Début 2020, avant le choc du Covid-19, ces bienfaits étaient visibles. Alors que le taux de chômage des Noirs et des non-diplômés était, en 2009, supérieur de cinq points au chômage moyen, l’écart n’était plus que de deux points et demi début 2020. Parallèlement, les taux d’activité augmentaient et les salaires du bas de l’échelle progressaient sensiblement plus vite que la moyenne. L’expansion à tout-va de Donald Trump avait produit les effets annoncés par Okun.

 

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