Relance économique ; le Japon fait le contraire de l’Europe
Curieusement peu d’observateurs note que le Japon va à contrecourant de l’Europe, d’abord en injectant des liquidités pour financer notamment de grands travaux (près de 90 milliards), ensuite avec une politique monétaire plus accommandante enfin pour laisser filer l’inflation. Pourtant le taux d’endettement du Japon est de l’ordre de celui de l’Italie (autour de 200%). Ce qui est bon au Japon (et qui est bon aux Etas unis) serait banni en Europe ? Ou alors l’Europe a décidé de perdre la guerre monétaire et derrière a guerre économique. Depuis début janvier, Shinzo Abe explique qu’il a « trois flèches dans son carquois » pour redresser l’économie japonaise. Son premier projectile est un plan de relance de 10.300 milliards de yens (87 milliards d’euros) qu’il compte activer dans les toutes prochaines semaines. Il propose de remettre les entreprises du pays au travail en finançant sur les deniers publics de nouveaux chantiers d’infrastructures, des travaux de reconstruction dans les régions dévastées par le tsunami de 2011 et en les aidant à investir plus dans les technologies du futur et notamment dans la biotech. Au total, 3.800 milliards de yens devraient être débloqués pour la rénovation de routes, de ponts ou d’écoles et 3.100 milliards de yens iront aux secteurs d’avenir. Une somme équivalente sera consacrée à l’amélioration de la vie quotidienne de la population et notamment des personnes âgées. Selon les premiers calculs du gouvernement, ce plan devrait refaire partir à la hausse le PIB dès le deuxième trimestre de 2013. Près de 600.000 emplois pourraient être créés et une croissance de 2 % pourrait être atteinte sur l’année fiscale qui démarrera en avril prochain. Cette semaine, Shinzo Abe va sortir la seconde flèche de son carquois économique en pressant la Banque du Japon (BoJ) de relâcher sa politique monétaire. Le leader dispose d’une semaine pour convaincre la banque d’élargir massivement son programme d’assouplissement quantitatif et d’accepter de se fixer un objectif d’inflation annuelle de 2 %. « Cela entraînerait des changements fondamentaux », a assuré, hier, le dirigeant sans vraiment expliciter son raisonnement. La Banque a déjà un objectif d’inflation de 1 % et pourtant l’Archipel reste englué dans la déflation. Sans conviction, l’institution devrait toutefois accepter, le 21 janvier, les consignes du nouvel exécutif. Il sera alors temps pour Shinzo Abe de se concentrer sur sa troisième flèche. Mais il apparaît moins pressé de la tirer, tant elle semble plus délicate à manoeuvrer. Le dernier volet de sa stratégie prévoit la définition des grandes réformes économiques et sociales permettant d’entretenir sur le temps long la relance de l’activité. Les cibles sont plus mouvantes et le dirigeant se donne au moins six mois pour les ajuster.