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Economie-Épargne et réindustrialisation : pour un livret A industrie durable

Economie-Épargne et réindustrialisation : pour un livret A industrie durable

Trois députés – Thomas Gassilloud (Renaissance), Christophe Plassard (Horizon) et Jean-Louis Thiériot (Les Républicains) – ont à nouveau déposé un amendement qui propose d’assigner « l’épargne des Livrets A et de développement durable et solidaire aux entreprises, notamment petites et moyennes sur les technologies de défense. Mais le problème se pose pour l’ensemble de l’industrie

Pour des questions constitutionnelles plus ou moins artificielles, la proposition déjà déposée précédemment avait été rejetée par le gouvernement car considérée comme irrecevable vis-à-vis de la constitution.

Le problème du financement de l’industrie dépasse celui du seul secteur de la défense. Par ailleurs se pose la question de l’utilisation effective des livrets d’épargne réglementée. Or sur cette question,, c’est le grand flou. Théoriquement l’essentiel des livrets d’épargne devrait être laissé vers le logement. Dans la pratique, c’est loin d’être le cas compte tenu de l’opacité sur ce sujet des banques qui collectent une grande partie des ressources

Par ailleurs, les travaux du rapporteur spécial des programmes 144 et 146 pour ce projet de loi de finances ont démontré que, depuis 2008, les banques contournent l’obligation qui est la leur de rendre public annuellement un rapport présentant l’emploi des ressources collectées au titre de ces deux livrets et non centralisées, en faisant figurer dans ce rapport l’ensemble de leurs fonds investis, et pas seulement les ressources collectées dans les livrets réglementés.

L’amendement propose donc « de préciser, clairement, que cette obligation faite aux établissements bancaires ne concerne que ces ressources collectées au titre des livrets, et pas les autres ».

Il serait temps et même urgent de créer un livret d’épargne a dessiné à l’industrie durable dans le cadre de la réindustrialisation du pays.

Épargne et réindustrialisation : pour un livret A industrie durable

Épargne et réindustrialisation : pour un livret A industrie durable

Trois députés – Thomas Gassilloud (Renaissance), Christophe Plassard (Horizon) et Jean-Louis Thiériot (Les Républicains) – ont à nouveau déposé un amendement qui propose d’assigner « l’épargne des Livrets A et de développement durable et solidaire aux entreprises, notamment petites et moyennes sur les technologies de défense. Mais le problème se pose pour l’ensemble de l’industrie

Pour des questions constitutionnelles plus ou moins artificielles, la proposition déjà déposée précédemment avait été rejetée par le gouvernement car considérée comme irrecevable vis-à-vis de la constitution.

Le problème du financement de l’industrie dépasse celui du seul secteur de la défense. Par ailleurs se pose la question de l’utilisation effective des livrets d’épargne réglementée. Or sur cette question,, c’est le grand flou. Théoriquement l’essentiel des livrets d’épargne devrait être laissé vers le logement. Dans la pratique, c’est loin d’être le cas compte tenu de l’opacité sur ce sujet des banques qui collectent une grande partie des ressources

Par ailleurs, les travaux du rapporteur spécial des programmes 144 et 146 pour ce projet de loi de finances ont démontré que, depuis 2008, les banques contournent l’obligation qui est la leur de rendre public annuellement un rapport présentant l’emploi des ressources collectées au titre de ces deux livrets et non centralisées, en faisant figurer dans ce rapport l’ensemble de leurs fonds investis, et pas seulement les ressources collectées dans les livrets réglementés.

L’amendement propose donc « de préciser, clairement, que cette obligation faite aux établissements bancaires ne concerne que ces ressources collectées au titre des livrets, et pas les autres ».

Il serait temps et même urgent de créer un livret d’épargne a dessiné à l’industrie durable dans le cadre de la réindustrialisation du pays.

Réindustrialisation en cours d’après le ministre Roland Lescure

Réindustrialisation en cours d’après le ministre Roland Lescure

« industrie verte », le ministre de l’Industrie, Roland Lescure, détaille dans une longue interview accordée La Tribune la stratégie de réindustrialisation du gouvernement après plus de quatre décennies de délocalisations. Financement, rôle crucial d’EDF, accès au foncier, taxe carbone, pénurie de main-d’œuvre, discussions avec Tesla, sécurisation des matières premières, rôle des startups, Roland Lescure n’esquive aucun sujet dans une interview à la Tribune .

La loi industrie verte a été adoptée au Sénat la semaine dernière et passera à l’Assemblée le 20 juillet. Quand on voit l’ampleur de la désindustrialisation au cours des 40 dernières années et les multiples obstacles à franchir, à commencer par les freins culturels, votre projet de loi peut-il vraiment permettre de réussir le pari de la réindustrialisation ?

ROLAND LESCURE- Oui, j’en suis convaincu. Et pas seulement en raison du projet de loi. Cette ambition fait partie d’un dispositif politique plus large qui connaît déjà des succès puisqu’aujourd’hui en France, il y a plus d’usines qui ouvrent que d’usines qui ferment. Sur le quinquennat précédent, le solde net s’est élevé à 300 nouvelles usines et sur les deux dernières années à 200. Cela a permis de créer plus de 90 000 emplois en six ans. La réindustrialisation a donc commencé et commence à porter ses fruits. Pour autant, il faut désormais changer d’échelle. Nous sommes entrés dans un virage de la réindustrialisation et, pour en sortir, il faut accélérer, changer de braquet en agissant sur tous les fronts, car les défis sont nombreux : le financement, je rappelle que nous ne disposons pas comme d’autres pays de fonds de pension, le foncier, la formation, la transformation des mentalités, car nous devons être capables de démontrer que l’industrie permet de réconcilier économie et écologie. L’industrie c’est 20% du problème écologique, mais 100% des solutions. Le défi majeur est culturel.


Dans ce « Yalta industriel vert » qui s’organise, comment se place l’Europe ?

L’Europe a l’avantage compétitif d’être le plus grand marché du monde. C’est un intérêt pour développer la production. Les investisseurs internationaux cherchent des portes d’entrée. Et la France est plutôt privilégiée, c’est une des portes d’entrée favorite. L’Europe est le continent le plus décarboné du monde, le seul qui tient ses objectifs en la matière. C’est un avantage compétitif. Tout le monde fixe l’objectif de décarbonation 2050, mais on ne sait pas comment les Chinois et les Américains vont le faire. Nous nous sommes engagés à faire la moitié du chemin d’ici à 2030. Un citoyen européen émet aujourd’hui moins de carbone qu’un Américain ou un Chinois. La France est parmi les meilleurs de la classe et émet encore moins qu’un Autrichien ou un Allemand. Enfin, l’Europe a changé de logiciel sur les aides d’État. Elle a réalisé que financer la décarbonation nécessitait de l’argent public, car à court terme ce n’est pas rentable. Nous avons des plans de financements : les grands projets européens, les moyens de France relance et France 2030, l’acceptation des crédits d’impôt … Même si on est parfois un peu plus lent et un peu plus lourd que les États-Unis, on y arrive.

Le gouvernement accorde une baisse d’impôts de production de 9 milliards d’euros, comptez-vous aller plus loin pour améliorer la compétitivité de la France ?

Nous allons terminer la suppression de la CVAE. Il reste encore plus de 4 milliards qui seront votés dans le cadre du prochain Projet de Loi des Finances (PLF). Les grands industriels internationaux nous disent qu’aujourd’hui, le gouvernement a fait le « boulot » en matière de financement, avec la fiscalité ou les aides du plan d’investissement France 2030 (54 milliards d’euros). Les aides font la différence entre les grandes zones. Il y a notamment une guerre mondiale des subventions entre l’Asie, l’Amérique et l’Europe. Mais, une fois que les industriels ont choisi leur zone géographique, au sein de l’Europe, la différence ne se fait pas sur les aides qui restent surveillées par Bruxelles, mais sur d’autres critères.

Le vrai sujet aujourd’hui, ce qui fait la différence, c’est le foncier et les délais des procédures pour pouvoir ouvrir une usine. Certes en termes de compétitivité, d’autres pays européens comme le Portugal ou de pays de l’Est bénéficient d’un coût du travail plus bas que le nôtre, mais avec sa capacité d’avoir une électricité bas carbone à coût raisonnable, sa position géographique et la qualité de sa main d’œuvre, la France dispose d’avantages compétitifs importants. Il faut notamment continuer à amplifier notre avantage en termes d’électricité, construire des EPR, du solaire et de l’éolien. Il nous faut de l’électricité à bas carbone à coût raisonnable pour nos industriels, notamment pour les 50 sites les plus émetteurs de CO2, pour leur permettre de se décarboner. Ils représentent 60% des émissions de gaz à effet de serre (GES) de l’industrie et veulent se décarboner. C’est essentiel pour leurs clients, leurs investisseurs, leurs salariés, sinon ils n’arriveront plus à recruter, à vendre, ni à investir. Ils nous disent que pour décarboner, ils ont besoin d’aide, parce qu’à court terme, ce n’est pas profitable.

Ces bas tarifs ne sont pas forcément compatibles avec la volonté d’EDF de vendre son électricité à un prix permettant de financer les investissements. EDF vient d’être nationalisée, doit-il dans votre esprit, fonctionner comme une régie ?

L’objectif est d’avoir une électricité à bas carbone à juste prix, c’est-à-dire un prix qui garantisse la compétitivité de l’économie et la capacité d’investissement d’EDF, avec le soutien de l’État. Mais, quel serait l’intérêt d’avoir un EDF rentable sans industrie et donc sans clients significatifs ? Il y a une voie pour le faire, notamment avec la réforme du marché européen de l’électricité. Dans ce débat européen, il faut rappeler que le nucléaire est l’un des atouts de la France. Il a été financé avec l’argent des Français dans les années 70 et 80. Il faut en faire bénéficier les Français. Et, outre le nucléaire, il y a une capacité de développement dans l’éolien, le solaire. EDF, c’est une entreprise que l’on va développer, mais qui a une responsabilité industrielle extrêmement forte, qu’elle doit assumer.

Pour autant l’écart des prix de l’électricité entre les États-Unis et l’Europe, déjà favorable aux États-Unis avant l’IRA, se creuse depuis. Ne craignez-vous pas que ce manque de compétitivité pousse à la fois certains industriels français à choisir les États-Unis et des industriels étrangers qui souhaitaient investir en France et choisir les États-Unis ?

C’est évidemment un point de vigilance important que nous avons avec Bruno Le Maire . La priorité c’est de livrer de l’électron compétitif. Nous réussirons ce chantier industriel de l’énergie, ou nous ne réussirons pas à réindustrialiser le pays. Mais n’ayons pas à rougir de nos atouts, en France et en Europe. L’Europe, c’est un marché de l’électricité unifié, un réseau électrique robuste, très bien entretenu en particulier en France. Quand vous êtes un industriel en France, vous savez pouvoir compter sur un approvisionnement électrique de qualité, sans coupure, même en période de crise comme l’hiver dernier. Ce n’est pas un hasard si nous avons réussi à coupler en urgence le réseau ukrainien l’année dernière, là où certaines régions aux États-Unis connaissent des black-out régulièrement. La France c’est aussi un plan : nous poussons les curseurs au maximum sur le nucléaire et les renouvelables. Grâce à ses efforts historiques, le prix ressenti de l’électricité payé par les industriels est parmi les plus compétitifs d’Europe, ça ne va pas changer. Moi, je crois dans les réalisations concrètes, et les acteurs ne s’y trompent pas. Si nous avons enregistré un record d’investissement à Choose France cette année, avec des industriels comme Prologium, Holosolis, qui seront de gros consommateurs d’électricité, s’engagent dans nos territoires, c’est que les conditions et les opportunités qu’ils trouvent chez nous valent bien celles des États-Unis. Dans ces preuves, je salue également le contrat signé par EDF et l’aluminerie Trimet lundi à Saint-Jean-de-Maurienne, premier contrat de long terme depuis longtemps qui est un très bon signal sur ce qu’on peut faire.

Faut-il prolonger l’ARENH (« Accès régulé à l’électricité nucléaire historique ») qui oblige EDF à vendre à ses concurrents à des prix avantageux ?

L’ARENH se terminera fin 2025. Nous devons préparer une alternative. Nous ne pouvons pas dire que nous arrêtons sans proposer autre chose, parce que ce dispositif a su jusqu’à maintenant protéger nos industriels.

Mais il pénalise EDF….

L’ARENH est une manière de faire bénéficier l’économie française d’investissements passés faits par les Français. Le parc nucléaire appartient certes à EDF, mais c’est la France qui a investi de manière extrêmement ambitieuse pendant des décennies. Il est normal que cet investissement bénéficie à l’ensemble des consommateurs français. Nous sommes engagés auprès de l’Europe à trouver une alternative à l’ARENH d’ici à deux ans. Nous sommes dans une cause nationale. La révolution industrielle et l’industrie verte sont des opportunités exceptionnelles de prospérité dans les territoires, une opportunité politique… C’est une arme de restauration de l’espoir dans les territoires éloignés. Nous devons tous être derrière ce projet. Y compris les forces politiques dont j’attends qu’elles soient plutôt consensuelles autour du projet de loi.

Le coût de la décarbonation de l’industrie est estimé à 50 milliards d’euros d’ici à 2050, dont 30 pour les 50 sites les plus polluants. Quel serait le montant d’une enveloppe globale de subventions pour atteindre vos objectifs de réindustrialisation ?

C’est la beauté de la planification écologique. Depuis un an, nous travaillons à un vrai équilibre emploi-ressource de la décarbonation. Chaque secteur (industrie, logement, transports) présente son plan et ses besoins. Il y a les 54 milliards d’euros de France 2030 qui commencent à livrer, 9 milliards pour les projets de décarbonation, autant pour l’hydrogène. Nous avons déjà des enveloppes estimées qui permettent de lancer la machine. En novembre, le Président avait dit qu’il avait prévu 5 milliards pour la décarbonation des 50 sites, mais qu’il était prêt à doubler la mise si nous accélérions et que les industriels s’engageaient dans la démarche. C’est ce que nous sommes en train de finaliser pour pouvoir lui présenter des plans qui divisent par deux les émissions de l’industrie d’ici 2030 et permettent d’être carbone neutre en 2050. Pour cela, il faudra des moyens même si la priorité est de lancer les projets. Il faudra financer ces projets, en partie grâce au plan industrie verte qui orientera l’épargne des Français vers les investissements verts. Le fameux produit d’épargne climat pour les jeunes, c’est 1 milliard d’euros, avec l’assurance vie, ce sera 3 à 4 milliards …

Y aura-t-il des garanties climatiques à ces aides ?

Oui, nous suivrons de près les engagements de décarbonation pris par les industriels et il y aura des clauses de remboursement si les objectifs ne sont pas atteints.

Concernant le plan d’épargne climat pour les jeunes, pensez-vous que les Français suivront ?

Oui, parce que cela a deux avantages. Ce Plan avenir climat est exempté de charges et d’impôt et on peut l’ouvrir dès la naissance, avec des perspectives de rendement intéressant. J’imagine bien des grands-parents à la naissance de leurs petits enfants se dire je vais y mettre quelques centaines, voire des milliers d’euros. C’est l’occasion d’investir différemment dans l’économie verte. Il faut que les banques jouent le jeu pour financer l’industrie verte. Elles sont prêtes à le faire. Il faut aussi que les assureurs jouent le jeu. Ils ont des clients et des actionnaires. Et nous avons des discussions positives avec eux.

Vous l’avez souligné, le foncier est crucial dans la réindustrialisation. Il se heurte à l’objectif de « zéro artificialisation nette des sols » (ZAN) en 2050 fixé par la loi Climat de 2021, qui vise à réduire par deux d’ici à 2031, la consommation d’espaces naturels et agricoles puis d’atteindre d’ici à 2050, un solde net dans lequel les hectares « bétonnés » devront être compensés par la « renaturation » d’une surface équivalente. Faut-il sortir l’industrie du ZAN ?

L’industrie représente 5% du stock foncier. Et si on réindustrialise, 8% des flux. L’industrie ne devrait pas être un sujet de contentieux trop fort et nous disposons d’espaces très nombreux avec nos friches industrielles. Dans le nouveau foncier à déployer, l’essentiel se situe au niveau des infrastructures comme le canal Seine nord, ou le logement. Nous proposons d’exempter les grands projets industriels d’intérêt national et ceux liés à l’industrie verte du zéro artificialisation nette.

Le Sénat a modifié votre projet de loi qui visait à donner au préfet le pouvoir d’accorder les permis de construire, en ajoutant la nécessité d’avoir un avis conforme aux élus locaux concernés. Cela risque-t-il de freiner et de complexifier le processus d’attribution ?

L’objectif est que ça soit simple et efficace. C’est pourquoi nous voulions que le préfet et donc l’État soit le point d’entrée. C’est clairement ce que nous demandent les investisseurs internationaux.

Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre dans de nombreux secteurs d’activité, notamment l’industrie, comment trouver les bras nécessaires ?

Il y a des besoins énormes. Plus de 100.000 emplois dans le nucléaire. Compte tenu de la part de l’industrie dans l’emploi total, de notre perspective de réindustrialisation et des départs à la retraite, c’est au bas mot un million d’emplois industriels dont on aura besoin dans les 10 à 15 ans qui viennent. C’est énorme. Il faut accélérer, doubler, tripler les efforts. Là encore, la culture change. On a gagné le combat de l’apprentissage. Nous allons réformer le lycée professionnel. Quand je passe dans les usines sur les territoires, les gens ont envie que leurs jeunes se forment.

Au niveau de l’Éducation nationale, comment sensibiliser à l’industrie. Souvent c’est au moment de Parcoursup, mais les industriels disent que c’est trop tard. Qu’il faut le faire dès la fin de l’école primaire. Qu’en pensez-vous ?

Je suis d’accord. Il y a des visites d’usines. Des demi-journées découvertes pour faire entrer les jeunes dans l’usine et l’usine dans l’école. Mais, c’est encore un sujet culturel : trop d’industriels se méfient encore de l’école, et trop de directeurs d’école de l’industrie. Mais ça change. Sur la localisation des produits aussi. Pendant 20 ans on a dit qu’il valait mieux fabriquer nos iPhone et nos verres en Chine et en Inde plutôt qu’en France, ce n’est plus le cas. De plus en plus d’entreprises de textile se relocalisent en France : Petit Bateau, le Slip Français, le Coq Sportif qui va équiper l’équipe de France avec du made-in-France, l’Olympique de Marseille qui vend des maillots Puma faits à Marseille…

Au regard du coût du travail en France, la réindustrialisation est-elle compatible avec la volonté d’améliorer le pouvoir d’achat ?

C’est un défi énorme. Dans le textile, le made-in-France est un peu plus cher, mais il faut innover dans les processus de production pour faire baisser les prix. Mais les modes de consommation changent aussi. Il y a un sujet d’encadrement de la « fast fashion » et une réflexion à mener sur ce point, au moins sur l’étiquetage. Je suis effaré quand je vois des entreprises proposer des changements de collection tous les jours. Mais, changer de T-shirt ou de pantalon toutes les 3 semaines, est-ce une façon durable de consommer ? Les nouvelles générations font évoluer leur mode d’achat.

Les ouvertures d’usines suscitent souvent des oppositions en raison de leur impact environnemental. C’est le cas par exemple de celle de Crolles dans l’Isère, où STMicroelectronics va fabriquer des puces électroniques, en utilisant de l’eau. Comment jongler entre ces injonctions contradictoires ?

Il faut rester conscient de l’impact que va avoir l’usine de Crolles sur l’utilisation de l’eau. C’est pourquoi nous travaillons à un plan de recyclage des eaux. La réglementation est, par exemple, encore trop compliquée pour les industriels qui souhaitent réutiliser les eaux usées dans leur processus de production. Dans le plan industrie verte, il y a un volet pour la réutilisation des déchets. C’est essentiel, car aujourd’hui, par exemple, si vous recyclez une bouteille d’eau en plastique ailleurs que dans une usine qui fait des bouteilles d’eau, la procédure est très complexe…

Que comptez-vous faire face à la menace des recours qui planent pour tous les projets industriels ?

Les recours industriels ne sont pas les plus nombreux. Mais on a déjà dit au Sénat qu’on était prêt à regarder les recours abusifs. Ils sont soumis à des amendes qu’il faudrait peut-être durcir, tout comme il faudrait accélérer et simplifier les processus et les délais de traitement.

La réindustrialisation passe aussi par l’export. Dans le contexte de protectionnisme, n’y a-t-il pas un risque de représailles et de se couper des relations commerciales avec certains pays ?

Pour résorber notre déficit de la balance commerciale et repartir à la conquête du monde, il faut se réindustrialiser. Si on ne réindustrialise pas, la France va continuer à être bénéficiaire net dans les services et le tourisme et importer une bonne partie de ce que nous consommons du monde entier. Il faut être clair sur notre stratégie. Quand je vois de vrais relents protectionnistes, je m’inquiète. Parce que quand vous fermez une porte, elle se ferme dans les deux sens. Si vous empêchez des industriels internationaux de venir en France, vous risquez d’avoir des représailles. Entre le protectionnisme bête et méchant et la naïveté exagérée, il y a un juste milieu. Il faut une concurrence juste et équitable. Nous devons aussi être attentifs à la protection de l’environnement. On ne peut pas donner un bonus écologique à des véhicules électriques importés qui auraient été produits avec un impact carbone très négatif. Il ne s’agit pas d’interdire les importations ou d’empêcher les Français de choisir le véhicule qu’ils souhaitent, mais cela ne peut pas se faire avec une subvention du contribuable.

Le gouvernement prépare un bonus écologique pour le secteur automobile qui tiendra compte du bilan carbone du véhicule. Comment mesurer celui des voitures chinoises ?

Je ne veux stigmatiser aucun pays. Ce n’est pas le sens de notre politique. Nous sommes en train de définir précisément les critères pour évaluer la performance environnementale des véhicules électriques, en lien avec l’ADEME. Ce travail sera aussi mené pour tous les véhicules ! Tous les constructeurs devront prouver la bonne performance environnementale de leurs véhicules s’ils veulent que leurs clients bénéficient du bonus écologique… Il faut arrêter la naïveté, sans fermer les portes.

Allez- vous décliner cette mesure à d’autres secteurs ?

La politique d’achat public doit changer. Nous allons sécuriser les acheteurs qui souhaitent intégrer la composante environnementale dans l’achat public. Aujourd’hui c’est déjà prévu par la loi, mais les acheteurs publics sont insécurisés, ils craignent d’être taxés de favoritisme.

La taxe carbone aux frontières européenne fait débat au motif notamment qu’elle s’accompagne de la fin progressive des quotas de CO2 gratuits dont disposent certains industriels, lesquels craignent de devenir moins compétitifs ?

Tout le monde hurle en prétendant qu’il y aurait un effet boomerang. Mais c’est une très bonne idée, nous avons remporté le principe, il va falloir continuer à discuter pour en élargir le champ.

Peut-on revenir sur le rythme de fin des quotas gratuits ?

La fin des quotas gratuits est le sens de l’histoire, mais il y a peut-être une discussion à avoir autour des délais. Il faut s’assurer que le calendrier d’extinction (entre 2026 et 2034, Ndlr) est compatible avec l’ensemble. Les achats publics, la taxation aux frontières, les normes et la régulation. Il faut tout prendre en compte. Dans les batteries, on met en place des normes de recyclage minimum. À terme, elles devront avoir 40% de matériaux de base recyclés. C’est bon pour l’environnement, c’est aussi un avantage compétitif en Europe, qui recycle mieux les matériaux nobles des batteries que partout ailleurs dans le monde.

Faudrait-il taxer les importations des entreprises françaises qui ont délocalisé ?

Il n’y a pas de raison que les entreprises françaises qui produisent à l’étranger, typiquement Renault, soient défavorisées par rapport aux entreprises étrangères qui produisent à l’étranger. La vraie question est d’inciter des entreprises françaises à relocaliser leurs productions. Je suis plutôt favorable à la simplification des procédures, aux crédits d’impôt, aux subventions, aux achats publics. Cet arsenal va nous aider.

Que proposez-vous à Tesla pour qu’il s’installe en France ?

À Tesla, comme à tout grand projet industriel étranger, nous sommes en capacité de proposer du foncier, et parfois des emprises foncières très grandes, bien reliées aux infrastructures de transport, une énergie décarbonée abondante et à prix raisonnable et une main-d’œuvre qualifiée. J’ajouterais à cela, que dans le cas d’entreprises de l’automobile, nous avons désormais un écosystème dynamique en France, avec des entreprises qui fabriquent et recyclent les batteries, des constructeurs automobiles et des fournisseurs de nombreux composants, qu’il s’agisse du véhicule thermique ou du véhicule électrique. Tout cela intéresse les industriels du secteur, qui cherchent à se rapprocher de leurs clients et fournisseurs pour réduire les coûts logistiques et optimiser leurs produits. Enfin, le projet de loi sur l’industrie verte va nous permettre de réduire de moitié le temps nécessaire pour obtenir les autorisations pour l’implantation des sites industriels (de 17 mois à 9 mois).

Ne craignez-vous pas de mettre en danger les constructeurs français ?

Je préfère que des véhicules étrangers soient faits en France et bénéficient d’un bonus à l’achat plutôt que des véhicules français faits au bout du monde. D’ailleurs, je considère que Toyota est un constructeur français puisqu’il dispose d’une usine à proximité de Valenciennes, et crée de la richesse sur notre territoire. Le patriotisme cocardier m’insupporte.

Après la filière de batteries, comment faire pour développer d’autres filières ex nihilo comme les éoliennes ou les pompes à chaleur ?

La dynamique est lancée : on assemble des éoliennes en mer à Saint-Nazaire. Il y a des briques qui commencent à émerger. On va faire des microprocesseurs à Crolles. Dans certaines filières, nous devons accélérer et les structurer davantage. Mais on y travaille : on a réuni les industriels des énergies renouvelables, photovoltaïques et éoliens. Un plan de formation, de montée en gamme pour s’assurer qu’on aura les talents, est à l’étude. Il faut que nous travaillions sur les pompes à chaleur. C’est l’une de mes priorités. Le crédit d’impôt va aider. Cela fait partie des secteurs qui vont être appuyés.

Comment sécuriser les matières premières ?

C’est l’ un des autres nerfs de la guerre. Il est hors de question de remplacer une dépendance aux hydrocarbures, par une autre. Nous avons nommé un délégué interministériel aux matériaux rares, Benjamin Gallezot, pour piloter la stratégie. Il faut tout d’abord s’assurer qu’on ait accès à l’ensemble de la chaîne de valeur. Puis, pour les matériaux de base, voir si l’on peut en produire et en extraire en Europe et en France. Nous avons du lithium. En Alsace, Eramet va produire du lithium dans des usines de géothermie qui tournent bien. On peut en extraire chez nous, mais en extraire ailleurs aussi à condition de s’assurer que, d’un point de vue géopolitique, l’endroit est pertinent. Et que d’un point de vue du financement, on est capable de le faire. Et que du point de vue des clients, on est capable de prendre des commandes et les intégrer. Nous allons lancer un fonds d’investissement dans les matériaux de base, avec le gestionnaire, Infravia. L’État mettra 500 millions d’euros. L’objectif : avoir 2 milliards à terme. Ce fond public/privé de 2 milliards va développer des projets en France et ailleurs. Avec des partenaires qui sont des clients, Stellantis, Renault et d’autres, … prêts à faire des contrats d’off tech, d’approvisionnement assuré. Une bonne manière de ne pas dépendre de l’étranger pour les matériaux de base, c’est aussi de recycler, ce qu’on a déjà. Dans les directives européennes concernant les batteries, il y a un objectif de recyclage de 40% des matériaux. Il faut voir si on peut le faire dans d’autres secteurs.

Quel est le rôle des startups dans la réindustrialisation ?

Le vrai sujet des startups industrielles, qui font partie des priorités de France 2030, c’est l’accès au capital. Nous n’avons pas de fonds de pension, et elles ont besoin de capital. BPI fait sa part du boulot, France 2030 aussi, mais j’appelle les investisseurs qui ont de l’argent à investir dans les usines directement. Ce sont les family office et les institutionnels, comme les assurances vie.

Les investisseurs sont-ils trop frileux ?

En France, il y a un problème de culture d’investissement. Il faut que tous les investisseurs allongent leur horizon. Je salue la BPI, l’acteur public par excellence qui n’existait pas il y a 10 ans, et qui s’est imposé comme un acteur prêt à investir aux conditions de marché, avec un horizon plus long que la moyenne. Mais, tout le monde doit s’aligner là-dessus. Il faut changer les métriques. L’État fait sa part. On subventionne, on fait des crédits d’impôt. La France est le pays qui prête le plus et investit le moins. J’appelle vraiment tous les investisseurs à faire une petite refondation culturelle dans les processus. On parle beaucoup d’investissement socialement responsable (ISR) ou de responsabilité sociétale des entreprises (RSE), c’est ça l’investissement social, c’est la capacité à allonger l’horizon.

Et les investisseurs étrangers ?

Ils font des fonds à impact, ils investissent dans les infrastructures. Le monde entier réalise que la transition écologique est une opportunité industrielle et financière sans équivalent. Ce qui manquait, c’est le financement public pour les rendre rentables des projets moins rentables à court terme. L’Europe le fait, les États-Unis le font. Je dis aux banquiers français… Allez-y. Ils doivent mieux prendre en compte les investissements véritablement socialement responsables. Ce ne sont pas des labels, des ratings, c’est un état d’esprit. Ne faisons pas les mêmes erreurs que par le passé. On a des chercheurs, des avantages technologiques, on a des entreprises françaises exceptionnelles.
Fanny Guinochet et Fabrice Gliszczynski
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Réindustrialisation : aussi une question de vitesse d’exécution

Réindustrialisation : aussi une question de vitesse d’exécution


Emmanuel Macron souhaite la mise en place de « procédures hypersimplifiées » pour « diviser par deux les délais » d’une nouvelle implantation industrielle en France. « La clé, c’est la simplicité et la rapidité », « surtout face à la Chine et aux Etats-Unis », estime-t-il. Le fondateur et président de Flying Wales estime que la simplification des procédures administratives doit être pensée pour les fonctionnaires, avec eux, pour leur offrir flexibilité et vitesse d’exécution. Par Sébastien Bougon, fondateur et président de Flying Wales.Dans la « Tribune »

« D’après le rapport Guillot, la simple validation administrative d’un site prend 17 mois en France, six mois en Suède et trois mois en Allemagne (sic) » (Stéphane Bougon, PDG de Flying Wales).

Les industriels français ont été entendus. Jamais un gouvernement n’avait autant fait pour eux que les deux équipes successives du président Macron. Sur le plan opérationnel le Secrétariat général pour l’investissement comme les équipes du directeur général de Bpifrance Nicolas Dufourcq sont d’une efficacité exemplaire. La relance industrielle est clairement amorcée, avec un soutien encore renforcé par le projet de loi Industrie Verte.

Dans les administrations, sur les territoires, au sein des instances de financements publiques, tous les acteurs sont mobilisés pour faire renaître nos industries en France. Toutefois, alors que toutes les briques et les acteurs sont en place pour encore accélérer, il ne faut pas négliger un dernier catalyseur : la vitesse d’exécution.

État et régions engagés pour faire revivre l’industrie
Plus que tout autre pays en Europe, la France a laissé s’étioler son industrie. Entre 2000 et 2017, ce serait ainsi un million d’emplois qui auraient été détruits. La pandémie et aujourd’hui, la crise géopolitique, nous rappellent, dans la douleur, l’importance de disposer d’un outil industriel puissant et souverain, afin de garantir notre autonomie et notre cohésion sociale.

La volonté de nos politiques, qu’il s’agisse du président de la République, comme de ses ministres, des présidents de région avec leur directeurs généraux des services (dont on parle moins, à tort !), est forte et se traduit dans les faits par de nombreuses décisions ou mesures pour accélérer la réindustrialisation de notre pays. L’État joue enfin son rôle pour accompagner nos territoires dans ce renouveau, soutenant les industriels à tous les niveaux pour leur permettre d’innover..

De nombreuses réformes, programmes et législations rendent aujourd’hui cette réindustrialisation à la fois crédible et possible. Plusieurs milliards d’euros ont ainsi été déployés depuis six ans pour encourager les initiatives industrielles porteuses sur de nombreuses verticales : batteries, électronique, industrie pharmaceutique, intelligence artificielle, quantique, industrie aéronautique…

800 projets de localisation ou de relocalisation ont pu être financés, tandis que le programme Territoires d’industrie fédère une alliance de 149 territoires et 550 intercommunalités. Bpifrance, l’opérateur du plan France 2030, propose aujourd’hui plusieurs dispositifs puissants destinés à accompagner les entreprises industrielles innovantes. Sur les 30 milliards d’euros provisionnés sur cinq ans dans le cadre de ce grand projet d’investissement, 2,3 sont dédiés à accompagner la transformation de l’industrie et à favoriser l’émergence des champions industriels de demain.

À tout cela, s’ajoutent l’excellence de l’enseignement supérieur français qui permet de former les futurs talents dont notre industrie a besoin, et des équipes en régions particulièrement actives, certainement motivées par une concurrence générant une saine émulation. Pour avoir travaillé avec quatre présidents de Région, dont un en particulier, j’ai été sidéré d’observer leur entrepreneuriat chevillé au corps et la gourmandise avec laquelle ils se penchent sur la chose industrielle.

Tout va donc pour le mieux dans le meilleur de notre monde. À une exception près : les délais de réalisation. Au-delà des montants investis, la force des Américains mais aussi des Chinois est leur rapidité d’exécution. Lorsqu’il nous faut souvent sept ans pour pouvoir déployer un champ éolien, il faut à peine six mois aux Américains pour les autoriser. Et il en va de même pour une implantation d’usine : trois à quatre ans pour la faire sortir de terre en France (sans difficulté majeure rencontrée) contre un an aux États-Unis. D’après le rapport Guillot, la simple validation administrative d’un site prend 17 mois en France, six mois en Suède et trois mois en Allemagne (sic).

Là encore, le gouvernement répond présent en annonçant un choc de simplification des procédures administratives dans le cadre de son plan Industrie Verte. Comment ? En simplifiant les procédures complexes : environnementales, urbanisme, archéologiques… Il envisage également des procédures exceptionnelles qui pourraient être adoptées pour les projets majeurs jugés d’intérêt national.

C’est une excellente nouvelle mais le levier majeur que cette loi doit traiter est de desserrer le carcan législatif qui s’imposent à nos fonctionnaires, ceux du terrain qui, au quotidien, font avancer ces projets. Notre avenir industriel est aussi entre leurs mains. Ils tombent véritablement amoureux de nos projets. Ils y travaillent intensément. Il leur manque simplement les moyens d’aller plus vite. La simplification des procédures administratives doit être pensée pour eux, avec eux, pour leur offrir flexibilité et vitesse d’exécution !

Réindustrialisation : des gadgets

Réindustrialisation : des gadgets

Le président de la République qui a regretté une désindustrialisation qu’on «a parfois laissé faire», est mal placé pour critiquer le passé lui qui a commencé par transférer les activités électriques d’Alstom à l’Américain General Electric , qui a largement favorisé la désindustrialisation au cours de son premier mandat et organisé la pagaille en matière de politique énergétique; témoin, de nombreuses entreprises qui ont dû fermer leurs portes. La part de l’industrie dans le produit intérieur brut tricolore n’a cessé de dégringoler passant de 27,7% en 1949 à 13,1% à la fin de l’année 2021, selon l’Insee. Et sous le premier quinquennat Macron, l’industrie a encore perdu du terrain dans le total de la richesse produite par l’économie tricolore (-1 point de PIB entre fin 2016 et fin 2021).

Et d’exprimer une vérité de Lapalisse « La réindustrialisation exigera la création de nombreux emplois industriels ». Pour que ces postes soient pourvus, Emmanuel Macron a annoncé que «700 millions d’euros seront engagés dès les prochains jours et dans l’année à venir pour faire évoluer la carte des formations à tous les niveaux de diplôme».

Par ailleurs sur le plan fiscal, Emmanuel Macron a annoncé la création d’un crédit d’impôt industrie verte. Ce crédit d’impôt pourra bénéficier aux technologies «identifiées dans les textes européens», comme les batteries, les pompes à chaleur, les éoliennes ou les panneaux solaires. Il devra permettre de lutter contre la concurrence d’autres nations exportant ces biens.

Face à la compétitivité des Américains et des Chinois, qui vont «beaucoup plus vite» que les Français pour valider les projets industriels,( Aujourd’hui des autorisations de projets qui s’étalent sur un an et demi).

Emmanuel Macron souhaite revoir les critères d’attribution du bonus automobile – le bonus écologique, servant à acheter un véhicule propre -, «pour mieux prendre en compte l’empreinte carbone de la production du véhicule». Un moyen, surtout, de soutenir les «batteries, les véhicules produits en Europe», et d’éviter que cette aide ne bénéficie aux fabricants asiatiques ou américains.

Bref des mesures très partielles qui ne constituent pas véritablement un plan de redressement d’une industrie qui s’est complètement écroulée en France-la balance commerciale qui accuse régulièrement 100 milliards par an quand les Allemands affichent un profit en moyenne de 200 milliards.

Il est clair qu’une véritable politique de réindustrialisation mérite d’être examinée et décidée branche par branche et non traitée de façon globale et finalement anecdotique. L’urgence étant sans doute de revenir à une énergie électrique très compétitive en prévoyant le plan de financement des futures centrales EPR.

Economie-Macron et la réindustrialisation : des gadgets

Economie-Macron et la réindustrialisation : des gadgets

Le président de la République qui a regretté une désindustrialisation qu’on «a parfois laissé faire», est mal placé pour critiquer le passé lui qui a commencé par transférer les activités électriques d’Alstom à l’Américain General Electric et qui a largement favorisé la désindustrialisation au cours de son premier mandat et organisé la pagaille en matière de politique énergétique; témoin: de nombreuses entreprises qui ont dû fermer leurs portes.Le « plan »"n a été renvoyé un organisme marginal et la DATAR, ell,e a été totalement supprimée comme le ministère de l’industrie !

Et d’exprimer une vérité de Lapalisse « La réindustrialisation exigera la création de nombreux emplois industriels ». Pour que ces postes soient pourvus, Emmanuel Macron a annoncé que «700 millions d’euros seront engagés dès les prochains jours et dans l’année à venir pour faire évoluer la carte des formations à tous les niveaux de diplôme».

Par ailleurs sur le plan fiscal, Emmanuel Macron a annoncé la création d’un crédit d’impôt industrie verte. Ce crédit d’impôt pourra bénéficier aux technologies «identifiées dans les textes européens», comme les batteries, les pompes à chaleur, les éoliennes ou les panneaux solaires. Il devra permettre de lutter contre la concurrence d’autres nations exportant ces biens.

Face à la compétitivité des Américains et des Chinois, qui vont «beaucoup plus vite» que les Français pour valider les projets industriels,( Aujourd’hui des autorisations de projets qui s’étalent sur un an et demi).

Emmanuel Macron souhaite revoir les critères d’attribution du bonus automobile – le bonus écologique, servant à acheter un véhicule propre -, «pour mieux prendre en compte l’empreinte carbone de la production du véhicule». Un moyen, surtout, de soutenir les «batteries, les véhicules produits en Europe», et d’éviter que cette aide ne bénéficie aux fabricants asiatiques ou américains.

Bref des mesures très partielles qui ne constituent pas véritablement un plan de redressement d’une industrie qui s’est complètement écroulée en France-la balance commerciale qui accuse régulièrement 100 milliards par an quand les Allemands affichent un profit en moyenne de 200 milliards.

Il est clair qu’une véritable politique de réindustrialisation mérite d’être examinée et décidée branche par branche et non traitée de façon globale et finalement anecdotique.

Politique de réindustrialisation : des gadgets

Politique de réindustrialisation : des gadgets

Le président de la République qui a regretté une désindustrialisation qu’on «a parfois laissé faire», est mal placé pour critiquer le passé lui qui a commencé par transférer les activités électriques d’Alstom à l’Américain General Electric , qui a largement favorisé la désindustrialisation au cours de son premier mandat et organisé la pagaille en matière de politique énergétique; témoin, de nombreuses entreprises qui ont dû fermer leurs portes.

Et d’exprimer une vérité de Lapalisse « La réindustrialisation exigera la création de nombreux emplois industriels ». Pour que ces postes soient pourvus, Emmanuel Macron a annoncé que «700 millions d’euros seront engagés dès les prochains jours et dans l’année à venir pour faire évoluer la carte des formations à tous les niveaux de diplôme».

Par ailleurs sur le plan fiscal, Emmanuel Macron a annoncé la création d’un crédit d’impôt industrie verte. Ce crédit d’impôt pourra bénéficier aux technologies «identifiées dans les textes européens», comme les batteries, les pompes à chaleur, les éoliennes ou les panneaux solaires. Il devra permettre de lutter contre la concurrence d’autres nations exportant ces biens.

Face à la compétitivité des Américains et des Chinois, qui vont «beaucoup plus vite» que les Français pour valider les projets industriels,( Aujourd’hui des autorisations de projets qui s’étalent sur un an et demi).

Emmanuel Macron souhaite revoir les critères d’attribution du bonus automobile – le bonus écologique, servant à acheter un véhicule propre -, «pour mieux prendre en compte l’empreinte carbone de la production du véhicule». Un moyen, surtout, de soutenir les «batteries, les véhicules produits en Europe», et d’éviter que cette aide ne bénéficie aux fabricants asiatiques ou américains.

Bref des mesures très partielles qui ne constituent pas véritablement un plan de redressement d’une industrie qui s’est complètement écroulée en France-la balance commerciale qui accuse régulièrement 100 milliards par an quand les Allemands affichent un profit en moyenne de 200 milliards.

Il est clair qu’une véritable politique de réindustrialisation mérite d’être examinée et décidée branche par branche et non traitée de façon globale et finalement anecdotique. L’urgence étant sans doute de revenir à une énergie électrique très compétitive en prévoyant le plan de financement des futures centrales EPR.

Macron et la réindustrialisation : des gadgets

Macron et la réindustrialisation : des gadgets

Le président de la République qui a regretté une désindustrialisation qu’on «a parfois laissé faire», Est mal placé pour critiquer le passé lui qui a commencé par transférer les activités électriques d’Alstom à l’Américain General Electric et qui a largement favorisé la désindustrialisation au cours de son premier mandat et organisé la pagaille en matière de politique énergétique; témoin; de nombreuses entreprises qui ont dû fermer leurs portes.

Et d’exprimer une vérité de Lapalisse « La réindustrialisation q exigera la création de nombreux emplois industriels ». Pour que ces postes soient pourvus, Emmanuel Macron a annoncé que «700 millions d’euros seront engagés dès les prochains jours et dans l’année à venir pour faire évoluer la carte des formations à tous les niveaux de diplôme».

Par ailleurs sur le plan fiscal, Emmanuel Macron a annoncé la création d’un crédit d’impôt industrie verte. Ce crédit d’impôt pourra bénéficier aux technologies «identifiées dans les textes européens», comme les batteries, les pompes à chaleur, les éoliennes ou les panneaux solaires. Il devra permettre de lutter contre la concurrence d’autres nations exportant ces biens.

Face à la compétitivité des Américains et des Chinois, qui vont «beaucoup plus vite» que les Français pour valider les projets industriels,( Aujourd’hui des autorisations de projets qui s’étalent sur un an et demi).

Emmanuel Macron souhaite revoir les critères d’attribution du bonus automobile – le bonus écologique, servant à acheter un véhicule propre -, «pour mieux prendre en compte l’empreinte carbone de la production du véhicule». Un moyen, surtout, de soutenir les «batteries, les véhicules produits en Europe», et d’éviter que cette aide ne bénéficie aux fabricants asiatiques ou américains.

Bref des mesures très partielles qui ne constituent pas véritablement un plan de redressement d’une industrie qui s’est complètement écroulée en France-la balance commerciale qui accuse régulièrement 100 milliards par an quand les Allemands affichent un profit en moyenne de 200 milliards.

Il est clair qu’une véritable politique de réindustrialisation mérite d’être examinée et décidée branche par branche et non traitée de façon globale et finalement anecdotique.

Réindustrialisation dans les pays occidentaux ?

Réindustrialisation dans les pays occidentaux ?

 

Les récents plans d’investissement dans les productions de puces électroniques devraient être suivis par d’autres industries, estime François Cadillon, Vice-Président pour la région Europe Continentale de Workday. Ce phénomène pourrait soutenir la croissance économique des dix prochaines années.
( dans la Tribune)

 Plus de 20 ans après l’entrée de la Chine dans l’Organisation mondiale (11 décembre 2001), la dépendance des économies occidentales à certains composants stratégiques, dont les puces électroniques, n’est plus politiquement acceptable, ni aux États-Unis ni en Europe. En témoigne la décision des autorités européennes et américaines de stimuler l’investissement des acteurs privés dans d’importantes capacités de production sur chaque territoire, au moyen de subventions directes ou de crédits d’impôt.

En Europe, Intel a présenté un programme d’investissement de 80 milliards d’euros. Centré en Allemagne, dans le Land de Saxe-Anhalt, en ancienne Allemagne de l’Est, il concernera aussi la Belgique, l’Espagne, la France, l’Irlande, l’Italie et la Pologne. En France, STMicroelectronics et son partenaire Global Foundries ont présenté un projet d’investissement de 5,7 milliards d’euros pour l’usine de Crolles, à côté de Grenoble.

Parallèlement, les États-Unis et l’Union européenne ont mis en œuvre chacun leur version d’un « Chips act », doté de 52,7 milliards de dollars de crédit outre-Atlantique et d’un peu plus de 40 milliards d’euros en Europe. Ces montants sont considérables, à l’aune de ce que coûte une machine de production : de 160 millions d’euros à 200 millions d’euros pour les générations actuelles ; de 300 millions à 350 millions d’euros pour les suivantes.

En France, on l’appelle dirigisme, sinon « bonapartisme industriel » ; on lui doit les succès gaulliens sur le parc de centrales nucléaires, le TGV, l’aéronautique européenne et la conquête spatiale. Cette volonté arrive à point nommé pour compenser des conditions de financement aujourd’hui pénalisante sur les marchés financiers. Depuis le début de l’année, le rythme d’inflation s’est emballé, entraînant une hausse des taux d’intérêt à court terme orchestré par les banques centrales.

Tous les observateurs économiques s’accordent à dire qu’elles sont « en retard » sur le phénomène inflationniste et que les hausses des taux ne sont pas terminées. D’où une instabilité sur les marchés du crédit, de l’incertitude sur l’évolution des prix des actifs financiers, le tout n’étant pas de bon augure pour financer des investissements à long terme. Par ailleurs, les politiques de « quantitative easing » des banques centrales mises en œuvre lors de la crise financière de 2008 puis pendant la pandémie Covid n’ont eu qu’un impact limité sur la croissance économique. Certes, ces liquidités abondantes ont stimulé la hausse des valorisations d’entreprise.

Aujourd’hui, alors que la fête des valorisations excessives et des licornes est terminée, les pays développés font les yeux de Chimène à l’industrie. La dynamique ne concerne pas uniquement les « éléphants blancs » du type « usine de semi-conducteurs », mais un réseau de PMI flexibles pouvant être alimenté par des start-up industrielles. Voilà pour la volonté affichée, mais deux obstacles doivent être gérés à court terme : le recrutement de jeunes talents et la gestion du temps de développement de l’innovation.

Réenchanter les emplois du secteur est possible, mais, s’ils veulent recruter, les industriels doivent proposer à leur prospect des conditions de travail les plus proches de leur pratique privée. Comprenez que les fonctions support et administratives doivent être sollicitées ou gérées aussi simplement que l’utilisation d’une application sur un smartphone. De nombreux progrès sont à faire alors que les technologies ad hoc sont disponibles aujourd’hui.

En France, Nicolas Dufoucq, le président de Bpifrance, a analysé 20 ans de désindustrialisation française dans un ouvrage remarqué (« La désindustrialisation de la France : 1995-2015 », édition Odile Jacob). Il a récemment expliqué que passer la part de l’industrie de 10% à 12% du PIB est un objectif raisonnable sur plusieurs années. C’est là un point critique : le temps de développement de l’industrie est beaucoup plus « long » que le rythme rapide des startups du logiciel. Bpifrance possède de multiples courroies de transmission, de multiples leviers pour enclencher ce mouvement nécessaire de réindustrialisation.

Enfin, plusieurs initiatives privées pourront s’appuyer sur cette volonté d’état. Un exemple ? L’association Arts & Métiers Business Angels (AMBA), existe depuis 2008 et a financé l’amorçage de 130 startups industrielles. L’AMBA n’est pas la seule à œuvrer dans le domaine. Or, on sait que les petits ruisseaux font les grandes rivières et, mis bout à bout, les efforts privés pourraient générer un mini-boom d’investissement, phénomène que l’occident n’a pas connu depuis la dévaluation du Yuan par la Chine en 1994 ! Il est permis non pas de rêver, mais, raisonnablement d’espérer.

 

Réindustrialisation : Faire de l’inflation des matières premières une opportunité

Réindustrialisation : Faire de l’inflation des matières premières une opportunité

Le contexte inflationniste repose l’équation de la rentabilité. Surtout, ses incidences sur le coût de l’énergie et des approvisionnements ouvrent de nouvelles opportunités pour les PME et ETI : en révisant leurs plans directeurs, elles ont une carte gagnante à jouer à condition de miser sur l’investissement de leurs outils de production. Par Jacques Schaffnit, operating partner chez I&S Adviser.(dans la Tribune)

Indubitablement, les matières premières et l’énergie sont les deux préoccupations centrales des PME et ETI du secteur industriel en ce début d’automne. Et les prévisionnistes s’accordent sur un point : aucun de ces coûts ne reviendra à son niveau d’avant crise à court terme, lié à un phénomène non de pic, mais de plateau qui se ré-élève mois après mois. Par conséquent, les dirigeants d’entreprises industrielles n’ont pas d’autre choix que de retravailler leur plan directeur d’usine à 5 ans. Avec comme objectif de se réinventer.
Les nouveaux paramètres des plans directeurs à 5 ans.

Face à la nouvelle donne de 2022, et, quel que soit le type d’activité industrielle, le plInflation des matières premières, unean directeur doit revoir l’ensemble des coûts et intégrer de nouveaux paramètres : en premier lieu l’inflation qui va peser sur les dépenses à court et à moyen terme ; ainsi que les démarches concourant à faire des économies d’énergie et à décarboner les activités.
Pour cela, un seul mot d’ordre : relancer les investissements. Non seulement ces investissements sont indispensables, mais surtout ils sont devenus inévitables et ne peuvent plus être reportés. Trop d’équipements de production dans les PME sont en effet énergivores et à l’origine de gaspillages. Les industriels doivent profiter de ce momentum pour réaliser les investissements qu’ils n’ont pas faits jusque-là.

La première difficulté pour passer à l’action est de changer la façon dont les dirigeants de PME-PMI préparent et gèrent le développement de leurs activités.
Beaucoup vont notamment devoir accepter de consentir à des dépenses supérieures à celles qu’ils ont l’habitude de s’autoriser en temps de tension économique. Ce qu’ils doivent avant tout percevoir, c’est que c’est non seulement possible, mais aussi qu’ils en sortiront gagnants.
Tout d’abord, investir dans ses usines et ses équipements de production permet des gains et qui plus est, des gains immédiats : baisse de la consommation d’énergie, donc de la facture d’électricité et/ou de gaz ; maintien, voire augmentation de la productivité ; diminution des rebuts grâce aux performances améliorées des machines – ce qui permet de consommer (et donc d’acheter) moins de matières. Par exemple, le dirigeant peut changer ou effectuer des travaux sur ses systèmes de chauffage et d’isolation de ses bâtiments, ajuster sa flotte automobile ou encore remplacer les machines

De plus, il faut distinguer rentabilité industrielle et rentabilité financière. En investissant maintenant, le dirigeant se donne les moyens d’absorber le risque et les hausses prévisibles qui vont peser sur le résultat opérationnel de son entreprise à moyen terme. En effet, l’inflation et les économies permises par les investissements changent le calcul de rentabilité. Si jusque-là, le payback était relativement long à obtenir, ce n’est plus le cas depuis mi-2022 – il est parfois même obtenu en 2 fois moins de temps dans certains cas observés (en passant de 5 ans à 2 ans et demi). Au bout du compte, l’investissement s’avère rentable à court terme et à moyen terme.

La seconde difficulté pour les dirigeants de PME-PMI est celle du cash disponible – et donc l’épineuse question de la capacité financière de l’entreprise à investir. Soit l’entreprise a la trésorerie suffisante et dans ce cas, son défi est avant tout d’oser avancer. Soit elle ne l’a pas et s’offre alors à elle différentes options à étudier.
Elle peut par exemple trouver un équilibre intéressant dans les offres de leasing d’équipements de production et matériels d’entreprise proposées par les établissements financiers. Dans ce cas, il y a fort à parier que le gain productif généré avec les nouveaux équipements sera supérieur aux économies réalisées (en premier lieu sur la facture d’énergie), ce qui rend pertinent le modèle de financement des investissements inscrits dans le plan directeur. La PME-PMI aura de surcroît le choix de garder ou non en fin de période les équipements acquis en leasing en se basant sur les bénéfices constatés.
?
La crise énergétique et les tensions sur les matières premières peuvent au bout du compte devenir des vecteurs de réindustrialisation et de modernisation de l’outil productif de la France.
Ce qui a manqué dans beaucoup de nombreuses situations et pendant de trop nombreuses années, c’est l’investissement structure

Jusque récemment encore, rien n’y incitait ni n’y contraignait. Les nouveaux paramètres nés des tensions inflationnistes sur les énergies et les matières premières, en modifiant les logiques de calcul de rentabilité, rendent l’investissement non seulement pertinent d’un point de vue « ROI », mais aussi indispensable pour créer de la valeur et assurer sa pérennité à long terme. Restera alors à faire les bons choix pour projeter son entreprise dans le futur et attirer et fidéliser les compétences clés de demain, sujet sur lequel il est important que le dirigeant ne travaille pas et se fasse épauler idéalement par ceux qui l’ont déjà fait comme les operating partners.
Jacques Schaffnit

Réindustrialisation et énergie

Réindustrialisation et énergie

Un papier de la Tribune souligne le rôle stratégique de l’énergie dans une perspective de réindustrialisation du pays

 

Après quarante ans de désindustrialisation et de délocalisations à marche forcée, tous les gouvernements européens, la France en tête, font de la réindustrialisation leur cheval de bataille. Pour Bruno Le Maire, elle est même la mère de toutes les batailles. La France doit impérativement retrouver sa souveraineté industrielle et se libérer de la dépendance massive à l’égard de certains pays comme la Chine ou la Russie mise en lumière par la crise du Covid-19 et les conséquences de la guerre en Ukraine. L’heure est donc à la sécurisation des chaînes d’approvisionnement éclatées aux quatre coins du monde et à leur rapprochement des centres de consommation : le « near shoring » en anglais. Or rien de mieux pour les « dévulnérabiliser » que de produire chez soi ou en Europe. D’autant plus quand les coûts du transport explosent.

Estimant qu’un tel mouvement favorise le pouvoir d’achat des Français (il y a évidemment débat), le locataire de Bercy entend donc donner un coup d’accélérateur à une politique, qui, il faut le reconnaître, a connu un certain succès ces derniers mois puisqu’elle s’est traduite par une forte augmentation des ouvertures de sites industriels dans l’Hexagone. Toute une série de mesures sont dans les cartons pour faciliter l’implantation des usines, à commencer par une nouvelle diminution des impôts de production.

Il ne faudra pas manquer d’imagination. Car si l’ambition est louable, elle semble difficilement compatible avec le contexte énergétique tricolore actuel et la communication du gouvernement qui l’accompagne. Pas sûr en effet que les menaces de coupures de gaz aux industriels cet hiver ou la multiplication des arrêts de production en raison de l’explosion des prix de l’électricité donnent envie aux industriels de revenir en France.

Si la crainte d’un retour des gilets jaunes pousse l’Etat à aider davantage les ménages que les entreprises, le gouvernement français serait bien inspiré néanmoins de regarder de l’autre côté des Pyrénées les mesures de soutien prises par l’Espagne et le Portugal. Madrid par exemple a diminué la TVA sur le gaz et a plafonné le prix de celui-ci pour la génération de l’électricité. Une mesure qui permet de baisser le prix de gros de l’électricité à 200 euros le mégawattheure quand il s’élève à plus de 400 euros en France. L’avantage compétitif est énorme. D’autant plus quand il s’ajoute à un coût du travail plus favorable.

Aussi, à part certains pays qui profitent des rares départs d’entreprise de Chine, comme le Vietnam, la Turquie, l’Espagne, le Portugal, la Pologne et le Mexique, les choses risquent de peu bouger pour la France. Du moins, tant que cette pression énergétique ne sera pas résolue, ce qui peut durer pas mal de temps encore. D’où le coup de pression d’Elisabeth Borne sur EDF pour qu’il remette en service d’ici à la fin de l’année un certain nombre de réacteurs nucléaires aujourd’hui à l’arrêt afin de faire baisser, sur les marchés, cette prime à la rareté qui contribue aujourd’hui à la flambée des prix l’électricité française.

L’enjeu majeur de la réindustrialisation

L’enjeu majeur de la réindustrialisation

 

À quelques jours de l’officialisation de son élection à l’Elysée, Macron doit choisir un ou une ministre en charge du Made in France. Rien n’est encore tranché à ce stade selon nos informations alors que le prochain gouvernement doit être annoncé dans les prochains jours. Le résultat des élections législatives au mois de juin pourrait déterminer le choix du président sur cette question brûlante de la réindustrialisation. ( la « Tribune »)

Au lendemain de la victoire d’Emmanuel Macron à la présidentielle, les salariés de l’emblématique fonderie de la Sam ont quitté dans la douleur leur usine implantée dans l’Aveyron après 154 jours d’occupation. Cette usine sous-traitant de Renault est le symbole d’un premier quinquennat marqué par des fermetures d’usines et des milliers de postes détruits dans l’industrie tricolore déjà foudroyée par plusieurs décennies de délocalisations.

Il faut dire que la pandémie a laissé de profondes traces sur le tissu productif hexagonal. Après plusieurs confinements à répétition et des pagailles en série sur les chaînes d’approvisionnement, l’industrie a payé au prix fort les répercussions économiques et sociales de cette maladie infectieuse.

L’invasion russe en Ukraine depuis le mois de février et les nouveaux confinements en Chine ont une nouvelle fois plongé l’industrie européenne dans un épais brouillard. Au lendemain de l’éclatement du conflit, le gouvernement avait réuni en urgence les grandes filières industrielles tricolores pour faire un inventaire des problèmes rencontrés par les entreprises.

L’exécutif a finalement répondu par un plan de résilience dont certaines mesures doivent permettre d’amortir une partie du choc énergétique mais cette enveloppe ne devrait pas suffire. En attendant la nomination d’un prochain gouvernement prévu dans les jours à venir, Emmanuel Macron sait qu’il devra absolument accélérer sur la réindustrialisation de l’économie tricolore s’il ne veut pas se retrouver à nouveau en fortes difficultés.

À ce stade, il est encore trop tôt pour savoir si un ou une membre du prochain gouvernement obtiendra un poste de ministre de l’industrie ou de secrétaire d’Etat. D’après plusieurs sources interrogées à Bercy, rien n’est encore tranché pour l’heure. Emmanuel Macron a choisi de jouer la montre avant d’annoncer la nomination du prochain gouvernement dans les jours à venir.

Il faut rappeler que l’industrie n’a pas toujours occupé une place de premier ordre sous le premier quinquennat Macron. En 2017, le président de la République, chantre de « la start-up nation » n’avait pas attribué de portefeuille spécifique au moment de la nomination de son premier gouvernement. Entre 2017 et octobre 2018, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire était en charge de l’industrie mais il n’y avait pas de portefeuille spécifique. Ce qui était une première depuis 1886, sous la IIIe République, et la nomination d’Édouard Simon en tant que ministre du Commerce et de l’Industrie. Le dernier titulaire du portefeuille, sous la présidence de François Hollande, était le secrétaire d’État Christophe Sirurgue, parti en mai 2017.

Juste avant la crise des Gilets Jaunes en novembre 2018, Agnès-Pannier Runacher arrive à Bercy pour reprendre les dossiers de Delphine Gény-Stephann sans obtenir de maroquin propre à l’industrie. Ce n’est qu’en juillet 2020 au moment de la nomination de Jean Castex à Matignon qu’elle devient ministre déléguée à l’industrie avec des missions plus précises. Malgré cette progression dans l’ordre protocolaire ministériel, l’industrie tricolore est encore loin d’avoir retrouvé des couleurs. « La réindustrialisation ne se fait pas en claquement de doigts. Les derniers chiffres du cabinet Trendeo montrent que cette politique a porté ses fruits mais il faut continuer d’accélérer », assure un proche de l’exécutif.

A l’exception des impôts de production et de mesures favorables à l’offre, le programme d’Emmanuel Macron présenté à la mi-mars à Aubervilliers devant des centaines de journalistes ne comporte pas de stratégie précise en matière de politique industrielle.  »Le programme de Macron est assez creux sur le thème de l’industrie. C’est un programme technique mais il n’y a pas de vision très claire », explique Anaïs Voy-Gillis, docteur en géographie et auteur avec Olivier Lluansi de l’ouvrage « Vers la renaissance industrielle », (Editions Marie B).  »C’est bien de baisser les impôts de production mais elles sont aussi une ressource pour les collectivités locales alors que la décentralisation est une forte demande des citoyens », ajoute-t-elle.

Il faut dire que le président de la République avait déjà dessiné à l’automne les contours des principales mesures pour l’industrie à l’occasion d’une grande présentation à l’Elysée du plan France 2030. Devant un parterre de ministres, chefs d’entreprise, économistes et étudiants, Emmanuel Macron avait posé les jalons du programme industriel pour les cinq prochaines années.

Doté d’une enveloppe de 30 milliards d’euros, ce plan est destiné à soutenir notamment les petits réacteurs nucléaires (1 milliard), l’avion bas carbone (4 milliards d’euros), les énergies renouvelables (500 millions d’euros), la décarbonation de l’industrie, l’agriculture et l’agroalimentaire (2 milliards d’euros) ou encore la santé (7,5 milliards d’euros).

Après plusieurs mois d’hésitations, c’est finalement le député de la République en Marche Bruno Bonnel qui est en charge du pilotage de ce plan. Pour Anaïs Voy-Gillis,  »le plan France 2030 manque encore de profondeur. Comment ce plan va-t-il s’articuler dans les filières ? Beaucoup de petites entreprises ont des solutions opérationnelles par rapport aux grands groupes. Comment ces petites entreprises peuvent-elles se trouver une place dans les écosystèmes ?  Comment on rapatrie des chaînes de valeur en Europe ?  Le plan France 2030 pose encore beaucoup de questions. « 

 

Réindustrialiser dans le contexte du changement climatique, un défi économique colossal pour le prochain quinquennat

La multiplication des catastrophes climatiques à l’échelle du globe accélère la nécessité pour les Etats développés de réindustrialiser leurs économies tout en prenant en compte l’impact environnemental. Sur ce point, la transition apparaît déjà comme un chantier colossal pour le prochain quinquennat. Il s’agit de réindustrialiser l’économie tricolore tout en respectant les engagements de la France en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de lutte contre le réchauffement climatique. Et sur tous ces sujets sensibles, l’Etat français est loin d’être exemplaire.

En 2021, la justice a condamné l’Etat pour inaction climatique et l’a obligé à « réparer le préjudice écologique dont il est responsable », avant 2022 dans sa décision dévoilée à l’automne dernier. Dans ce contexte, les marges de manoeuvre du prochain gouvernement seront particulièrement étroites.

« Dans le programme d’Emmanuel Macron, il n’y a pas vraiment de lien entre la réindustrialisation et la question environnementale », regrette Anaïs Voy-Gillis.  »La décarbonation de l’industrie n’est qu’un aspect de ce thème majeur. La biodiversité par exemple n’a pas été abordée alors que c’est un enjeu essentiel ».

De son côté, l’économiste du Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII) Thomas Grjebine, estime dans un récent entretien accordé à La Tribune  »qu’il n’est pas évident de concilier la transition écologique avec la réindustrialisation de l’économie française. Il n’est en effet pas clair aujourd’hui si cette transition est une opportunité pour notre tissu industriel ou si au contraire cela risque de conduire à un choc d’offre très négatif (on va mettre au rebus une partie du capital). »

Le retour en force de la planification

La pandémie et l’urgence climatique ont rappelé la nécessité de mettre en place des filières stratégiques dans le domaine de la santé et de la transition énergétique. Lors de la présentation de son programme, le président alors candidat avait dessiné les grands objectifs de cette politique économique.

« J’assume d’avoir une volonté de planification, qu’il s’agisse de la production d’énergie, comme du déploiement de nouvelles filières industrielles, et de décliner ensuite ces objectifs par territoire en laissant la liberté d’adaptation. Dans ce contexte-là, l’Etat aura à reprendre en main plusieurs aspects de la filière énergétique [...] Nous aurons à reprendre le contrôle capitalistique de plusieurs secteurs industriels », a déclaré Emmanuel Macron lors de la présentation de son programme. Les regards et les spéculations se tournent forcément vers EDF, et le scénario d’une nationalisation du géant français de l’électricité n’est pas exclu, après l’annonce en février de lancer la construction de six réacteurs EPR, plus huit en option.

Après le premier tour de la présidentielle, le président s’était même engagé à ce que son Premier ministre soit « directement chargé de la planification écologique » s’il était réélu, reprenant un terme utilisé par Jean-Luc Mélenchon arrivé sur la troisième marche du podium.

Cette planification autrefois largement critiquée est aujourd’hui réclamée par des industriels.  »C’est un thème important repris sur l’ensemble de l’échiquier politique. Beaucoup de secteurs énergétiques comme le nucléaire doivent passer par une forme de planification et de soutien public. C’est une bonne chose de sortir du dogme libéral et de la vision plus orthodoxe pour aider certains projets industriels. La France ne peut pas être présente dans tous les domaines. La planification est devenue relativement consensuelle », avait expliqué à La Tribune il y a quelques semaines l’économiste de l’université de Californie François Geerolf.

De son côté, Anaïs Voy Gillis estime que « la planification apparaît surtout comme un outil technique dans le programme de Macron. On ne comprend pas vraiment l’objectif poursuivi. Comment on accompagne socialement et économiquement ces transitions ? Comment repositionne-t-on les sites industriels en difficulté ? » Il faut dire que la mise en oeuvre du Haut-Commissariat au plan en septembre 2020 sous la houlette de François Bayrou a suscité de vives interrogations chez la plupart des économistes interrogés par La Tribune.

La bataille de la réindustrialisation est loin de se jouer uniquement sur le plan économique. Au-delà des incantations pour le Made in France scandées pendant la dernière campagne électorale, les derniers résultats à la présidentielle rappellent que la désindustrialisation a laissé des séquelles profondes sur de nombreux territoires.

La progression spectaculaire du Rassemblement national (RN) dans une trentaine de départements contre seulement deux en 2017 laisse augurer des perspectives bien assombries sur le plan politique pour le président de la République et son futur gouvernement. Dans une récente étude pour la fondation Jean Jaurès, le directeur du département Opinion chez Ifop Jérôme Fourquet avait montré que les intentions de votes chez les ouvriers en faveur du FN/RN avaient quasiment triplé en près de 30 ans, passant de 17% en 1988 à 45% en 2021.

Sur cette période, le nombre d’emplois industriels a dégringolé en France, passant de 4,5 millions à 3,1 millions, soit une chute spectaculaire de 45%. Et durant le quinquennat Macron, l’industrie a encore perdu des emplois (environ 4.000 emplois en moins) entre la fin du T2 2017 et la fin de l’année 2021 selon les derniers chiffres de l’Insee. « Entre 1974 et 2018 les branches industrielles ont perdu près de la moitié de leurs effectifs (2,5 millions d’emplois), l’industrie ne représentant plus aujourd’hui que 10,3 % du total des emplois », explique le dernier rapport de la commission d’enquête parlementaire sur la désindustrialisation.  En parallèle, la part de l’industrie dans le produit intérieur brut (PIB) a continué de s’effondrer au cours des dernières décennies.

La réindustrialisation : Enjeu majeur de Macron II

La réindustrialisation : Enjeu majeur de Macron II

 

À quelques jours de l’officialisation de son élection à l’Elysée, Macron doit choisir un ou une ministre en charge du Made in France. Rien n’est encore tranché à ce stade selon nos informations alors que le prochain gouvernement doit être annoncé dans les prochains jours. Le résultat des élections législatives au mois de juin pourrait déterminer le choix du président sur cette question brûlante de la réindustrialisation. ( la « Tribune »)

Au lendemain de la victoire d’Emmanuel Macron à la présidentielle, les salariés de l’emblématique fonderie de la Sam ont quitté dans la douleur leur usine implantée dans l’Aveyron après 154 jours d’occupation. Cette usine sous-traitant de Renault est le symbole d’un premier quinquennat marqué par des fermetures d’usines et des milliers de postes détruits dans l’industrie tricolore déjà foudroyée par plusieurs décennies de délocalisations.

Il faut dire que la pandémie a laissé de profondes traces sur le tissu productif hexagonal. Après plusieurs confinements à répétition et des pagailles en série sur les chaînes d’approvisionnement, l’industrie a payé au prix fort les répercussions économiques et sociales de cette maladie infectieuse.

L’invasion russe en Ukraine depuis le mois de février et les nouveaux confinements en Chine ont une nouvelle fois plongé l’industrie européenne dans un épais brouillard. Au lendemain de l’éclatement du conflit, le gouvernement avait réuni en urgence les grandes filières industrielles tricolores pour faire un inventaire des problèmes rencontrés par les entreprises.

L’exécutif a finalement répondu par un plan de résilience dont certaines mesures doivent permettre d’amortir une partie du choc énergétique mais cette enveloppe ne devrait pas suffire. En attendant la nomination d’un prochain gouvernement prévu dans les jours à venir, Emmanuel Macron sait qu’il devra absolument accélérer sur la réindustrialisation de l’économie tricolore s’il ne veut pas se retrouver à nouveau en fortes difficultés.

À ce stade, il est encore trop tôt pour savoir si un ou une membre du prochain gouvernement obtiendra un poste de ministre de l’industrie ou de secrétaire d’Etat. D’après plusieurs sources interrogées à Bercy, rien n’est encore tranché pour l’heure. Emmanuel Macron a choisi de jouer la montre avant d’annoncer la nomination du prochain gouvernement dans les jours à venir.

Il faut rappeler que l’industrie n’a pas toujours occupé une place de premier ordre sous le premier quinquennat Macron. En 2017, le président de la République, chantre de « la start-up nation » n’avait pas attribué de portefeuille spécifique au moment de la nomination de son premier gouvernement. Entre 2017 et octobre 2018, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire était en charge de l’industrie mais il n’y avait pas de portefeuille spécifique. Ce qui était une première depuis 1886, sous la IIIe République, et la nomination d’Édouard Simon en tant que ministre du Commerce et de l’Industrie. Le dernier titulaire du portefeuille, sous la présidence de François Hollande, était le secrétaire d’État Christophe Sirurgue, parti en mai 2017.

Juste avant la crise des Gilets Jaunes en novembre 2018, Agnès-Pannier Runacher arrive à Bercy pour reprendre les dossiers de Delphine Gény-Stephann sans obtenir de maroquin propre à l’industrie. Ce n’est qu’en juillet 2020 au moment de la nomination de Jean Castex à Matignon qu’elle devient ministre déléguée à l’industrie avec des missions plus précises. Malgré cette progression dans l’ordre protocolaire ministériel, l’industrie tricolore est encore loin d’avoir retrouvé des couleurs. « La réindustrialisation ne se fait pas en claquement de doigts. Les derniers chiffres du cabinet Trendeo montrent que cette politique a porté ses fruits mais il faut continuer d’accélérer », assure un proche de l’exécutif.

A l’exception des impôts de production et de mesures favorables à l’offre, le programme d’Emmanuel Macron présenté à la mi-mars à Aubervilliers devant des centaines de journalistes ne comporte pas de stratégie précise en matière de politique industrielle.  »Le programme de Macron est assez creux sur le thème de l’industrie. C’est un programme technique mais il n’y a pas de vision très claire », explique Anaïs Voy-Gillis, docteur en géographie et auteur avec Olivier Lluansi de l’ouvrage « Vers la renaissance industrielle », (Editions Marie B).  »C’est bien de baisser les impôts de production mais elles sont aussi une ressource pour les collectivités locales alors que la décentralisation est une forte demande des citoyens », ajoute-t-elle.

Il faut dire que le président de la République avait déjà dessiné à l’automne les contours des principales mesures pour l’industrie à l’occasion d’une grande présentation à l’Elysée du plan France 2030. Devant un parterre de ministres, chefs d’entreprise, économistes et étudiants, Emmanuel Macron avait posé les jalons du programme industriel pour les cinq prochaines années.

Doté d’une enveloppe de 30 milliards d’euros, ce plan est destiné à soutenir notamment les petits réacteurs nucléaires (1 milliard), l’avion bas carbone (4 milliards d’euros), les énergies renouvelables (500 millions d’euros), la décarbonation de l’industrie, l’agriculture et l’agroalimentaire (2 milliards d’euros) ou encore la santé (7,5 milliards d’euros).

Après plusieurs mois d’hésitations, c’est finalement le député de la République en Marche Bruno Bonnel qui est en charge du pilotage de ce plan. Pour Anaïs Voy-Gillis,  »le plan France 2030 manque encore de profondeur. Comment ce plan va-t-il s’articuler dans les filières ? Beaucoup de petites entreprises ont des solutions opérationnelles par rapport aux grands groupes. Comment ces petites entreprises peuvent-elles se trouver une place dans les écosystèmes ?  Comment on rapatrie des chaînes de valeur en Europe ?  Le plan France 2030 pose encore beaucoup de questions. « 

 

Réindustrialiser dans le contexte du changement climatique, un défi économique colossal pour le prochain quinquennat

La multiplication des catastrophes climatiques à l’échelle du globe accélère la nécessité pour les Etats développés de réindustrialiser leurs économies tout en prenant en compte l’impact environnemental. Sur ce point, la transition apparaît déjà comme un chantier colossal pour le prochain quinquennat. Il s’agit de réindustrialiser l’économie tricolore tout en respectant les engagements de la France en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de lutte contre le réchauffement climatique. Et sur tous ces sujets sensibles, l’Etat français est loin d’être exemplaire.

En 2021, la justice a condamné l’Etat pour inaction climatique et l’a obligé à « réparer le préjudice écologique dont il est responsable », avant 2022 dans sa décision dévoilée à l’automne dernier. Dans ce contexte, les marges de manoeuvre du prochain gouvernement seront particulièrement étroites.

« Dans le programme d’Emmanuel Macron, il n’y a pas vraiment de lien entre la réindustrialisation et la question environnementale », regrette Anaïs Voy-Gillis.  »La décarbonation de l’industrie n’est qu’un aspect de ce thème majeur. La biodiversité par exemple n’a pas été abordée alors que c’est un enjeu essentiel ».

De son côté, l’économiste du Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII) Thomas Grjebine, estime dans un récent entretien accordé à La Tribune  »qu’il n’est pas évident de concilier la transition écologique avec la réindustrialisation de l’économie française. Il n’est en effet pas clair aujourd’hui si cette transition est une opportunité pour notre tissu industriel ou si au contraire cela risque de conduire à un choc d’offre très négatif (on va mettre au rebus une partie du capital). »

Le retour en force de la planification

La pandémie et l’urgence climatique ont rappelé la nécessité de mettre en place des filières stratégiques dans le domaine de la santé et de la transition énergétique. Lors de la présentation de son programme, le président alors candidat avait dessiné les grands objectifs de cette politique économique.

« J’assume d’avoir une volonté de planification, qu’il s’agisse de la production d’énergie, comme du déploiement de nouvelles filières industrielles, et de décliner ensuite ces objectifs par territoire en laissant la liberté d’adaptation. Dans ce contexte-là, l’Etat aura à reprendre en main plusieurs aspects de la filière énergétique [...] Nous aurons à reprendre le contrôle capitalistique de plusieurs secteurs industriels », a déclaré Emmanuel Macron lors de la présentation de son programme. Les regards et les spéculations se tournent forcément vers EDF, et le scénario d’une nationalisation du géant français de l’électricité n’est pas exclu, après l’annonce en février de lancer la construction de six réacteurs EPR, plus huit en option.

Après le premier tour de la présidentielle, le président s’était même engagé à ce que son Premier ministre soit « directement chargé de la planification écologique » s’il était réélu, reprenant un terme utilisé par Jean-Luc Mélenchon arrivé sur la troisième marche du podium.

Cette planification autrefois largement critiquée est aujourd’hui réclamée par des industriels.  »C’est un thème important repris sur l’ensemble de l’échiquier politique. Beaucoup de secteurs énergétiques comme le nucléaire doivent passer par une forme de planification et de soutien public. C’est une bonne chose de sortir du dogme libéral et de la vision plus orthodoxe pour aider certains projets industriels. La France ne peut pas être présente dans tous les domaines. La planification est devenue relativement consensuelle », avait expliqué à La Tribune il y a quelques semaines l’économiste de l’université de Californie François Geerolf.

De son côté, Anaïs Voy Gillis estime que « la planification apparaît surtout comme un outil technique dans le programme de Macron. On ne comprend pas vraiment l’objectif poursuivi. Comment on accompagne socialement et économiquement ces transitions ? Comment repositionne-t-on les sites industriels en difficulté ? » Il faut dire que la mise en oeuvre du Haut-Commissariat au plan en septembre 2020 sous la houlette de François Bayrou a suscité de vives interrogations chez la plupart des économistes interrogés par La Tribune.

La réindustrialisation, un enjeu politique majeur

La bataille de la réindustrialisation est loin de se jouer uniquement sur le plan économique. Au-delà des incantations pour le Made in France scandées pendant la dernière campagne électorale, les derniers résultats à la présidentielle rappellent que la désindustrialisation a laissé des séquelles profondes sur de nombreux territoires.

La progression spectaculaire du Rassemblement national (RN) dans une trentaine de départements contre seulement deux en 2017 laisse augurer des perspectives bien assombries sur le plan politique pour le président de la République et son futur gouvernement. Dans une récente étude pour la fondation Jean Jaurès, le directeur du département Opinion chez Ifop Jérôme Fourquet avait montré que les intentions de votes chez les ouvriers en faveur du FN/RN avaient quasiment triplé en près de 30 ans, passant de 17% en 1988 à 45% en 2021.

Sur cette période, le nombre d’emplois industriels a dégringolé en France, passant de 4,5 millions à 3,1 millions, soit une chute spectaculaire de 45%. Et durant le quinquennat Macron, l’industrie a encore perdu des emplois (environ 4.000 emplois en moins) entre la fin du T2 2017 et la fin de l’année 2021 selon les derniers chiffres de l’Insee. « Entre 1974 et 2018 les branches industrielles ont perdu près de la moitié de leurs effectifs (2,5 millions d’emplois), l’industrie ne représentant plus aujourd’hui que 10,3 % du total des emplois », explique le dernier rapport de la commission d’enquête parlementaire sur la désindustrialisation.  En parallèle, la part de l’industrie dans le produit intérieur brut (PIB) a continué de s’effondrer au cours des dernières décennies.

Réindustrialisation  » le plan d’investissement du gouvernement » (Agnès Pannier-Runacher)

Réindustrialisation  » le plan d’investissement du gouvernement »  (Agnès Pannier-Runacher)

 

,La ministre en charge de l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher, s’explique notamment sur le plan d’investissement (dans la Tribune, extrait)

 

Vous avez signé ce lundi à Lyon un nouveau contrat de filière, Solutions industrie du futur (SIF), qui vient rejoindre d’autres filières au sein du Conseil national de l’Industrie (CNI) : un an après la constitution des filières, pourquoi cet ajout et à quels enjeux tentez-vous de répondre plus précisément ?

AGNES PANNIER-RUNACHER - La signature du contrat de filière Solutions Industrie du Futur vise à rendre visible toutes les solutions françaises qui permettent de moderniser et digitaliser les chaînes de production. La France a raté le virage des machines-outils, à la différence de l’Allemagne, la Suisse, ou même de l’Italie du Nord. Nous devons réussir aujourd’hui le virage de ce que l’on appelle l’industrie du futur, et qui comprend toutes ces technologies de machines à commandes numériques, de fabrication numérique, de robots et capteurs qui permettent de gérer en temps réel la production et de réaliser de la maintenance productive.

Il s’agit d’un élément clé pour notre compétitivité, il n’y aura pas d’industrie solide sans ces technologies. Or, il existe un grand nombre d’acteurs très pointus dans ce secteur, mais dont la taille est trop petite pour qu’ils soient connus par les industriels. Tout l’enjeu est donc de les rendre visibles, et de faire en sorte que des partenariats se concrétisent, afin de proposer des solutions plus intégrées.

La relocalisation était à l’ordre du jour de votre déplacement à nouveau, mais comme vous l’introduisiez hier, « ce n’est pas un combat facile ». Bruno Le Maire a affirmé lui-même ce week-end qu’il n’y aurait « pas de souveraineté politique sans souveraineté technologique ». Après des mesures fortes comme la baisse pérenne de 10 milliards d’euros par an des impôts de production, quelles sont les pistes étudiées pour redonner à la France une compétitivité durable ?

Depuis quatre ans, le président de la République a mis ces questions au cœur de notre politique économique. Nous en avons amélioré l’attractivité de la France avec la baisse sur l’impôt sur les sociétés de 33 à 25 %, ce qui est considérable, ou encore avec des mesures sur la fiscalité du capital, qui permettent aux investisseurs qui prennent le risque d’investir dans les entreprises d’avoir un meilleur retour sur investissement.

Nous avons également réformé le code du travail, pour donner plus de prévisibilité aux entreprises, ainsi que la formation et investi 15 milliards d’euros dans les compétences : c’est du jamais vu jusqu’ici.

Nous avons enfin travaillé sur la simplification, à travers trois lois qui rompent avec la tradition de bureaucratie française, dont une loi qui donne le droit à l’erreur aux entreprises et la loi d’accélération et de simplification de l’action publique (Asap) du 7 décembre 2020 qui accélère et simplifie l’extension des sites industriels. Nous allons continuer grâce à la loi 3Ds ( différenciation, décentralisation, déconcentration et simplification) en cours de discussions, ou à la Loi Climat et Résilience, qui permet de prendre par ordonnance des mesures de simplification l’installation des sites industriels sur d’anciennes friches.

Notre obsession a été sans cesse de simplifier les procédures administratives, sans rien enlever à nos exigences environnementales. Car il ne faut pas confondre les exigences environnementales et les procédures administratives.

Utiliser l’épargne pour la réindustrialisation

Utiliser l’épargne pour la réindustrialisation

Un groupe de sénateurs les indépendants proposent d’utiliser l’épargne pour industrialiser la France. ( Tribune dans l’opinion ) ( mais les modalités manquent cruellement de précisions  -NDLR)

 

 

Tribune

La crise sanitaire a mis fin à la croyance naïve en une « France sans usines » taillée pour la mondialisation. Lorsque le monde entier s’est mis à l’arrêt pour lutter contre la pandémie, notre pays a soudainement pris conscience de sa très forte dépendance vis-à-vis de l’étranger. Pour certains, c’était une révélation, pour d’autres une piqûre de rappel : la souveraineté d’une nation dépend aussi de son appareil productif.

Finies les lubies d’un monde post-industriel ! La crise nous a brutalement confrontés à la réalité : notre société est devenue, pour reprendre le mot de Pierre Veltz, « hyper-industrielle ». Les transitions, notamment écologique, loin de condamner l’industrie, la replacent au contraire au cœur de nos modèles de développement. En délaissant ce secteur, dont la part dans notre PIB a, depuis 1980, chuté de 10 points, la France pensait faire un grand bond en avant dans la modernité. C’est l’inverse que l’on constate aujourd’hui : la France s’est désindustrialisée, contrairement à l’Allemagne et l’Italie. Elle a accumulé un retard inquiétant, en ratant des virages technologiques et en négligeant ses domaines d’excellence.

Car entre-temps, les chaînes de valeur ont évolué et se sont globalisées. Les innovations qui compteront demain se préparent dès aujourd’hui. Elles exigent, dans les territoires, des collaborations renforcées entre acteurs scientifiques, entreprises, investisseurs privés et décideurs publics. Surtout, cette nouvelle donne nous impose de réindustrialiser le pays en commençant par les industries d’avenir, grâce au financement de projets d’infrastructures régionaux qui eux-mêmes bénéficieront aux écosystèmes locaux.

La dynamique lancée par les divers dispositifs gouvernementaux doit désormais être renforcée, amplifiée et relayée, dans un contexte conjoncturel profondément marqué par la pandémie. Et pour cause : alors que les besoins en capitaux n’ont jamais été aussi cruciaux, nos finances publiques n’ont jamais été aussi dégradées. Les mesures d’urgence heureusement prises pour sauvegarder l’économie pèseront encore longtemps sur les comptes de l’Etat, obérant ainsi nos capacités d’investissements publics, tandis que s’est constituée une importante épargne privée.

Effet de levier. Il s’agit désormais de convertir une part de cette sur-épargne en investissements structurants, productifs et orientés vers la transition des territoires. L’année 2020 vient d’enregistrer un record : les ménages ont épargné près de 200 milliards d’euros, près du double du montant accumulé usuellement, selon la Banque de France. Au total, ce sont quelque 100 milliards d’euros supplémentaires sur les livrets A et autres produits d’épargne – soit le montant total de notre plan de relance. Ces potentialités considérables doivent être en partie exploitées en vue de la sortie de crise. Comment mobiliser cette sur-épargne pour accélérer la relance et la reconstruction ?

Maximiser l’impact des 100 milliards engagés via « France relance » implique que chaque euro public fasse effet de levier sur cette sur-épargne, afin de préparer la France et ses infrastructures aux défis de demain. Il s’agirait d’hybrider cette sur-épargne avec les fonds publics nationaux et européens pour investir par l’intermédiaire de « fonds souverains régionaux ». Pour ce faire, il conviendrait de faire confiance aux élus locaux pour réaliser les investissements les plus adaptés à la réalité de leur territoire ; d’accélérer la transition écologique en mobilisant des fonds importants dans un contexte de forte dégradation des finances publiques ; de dynamiser le tissu économique local, notamment industriel, et d’assurer la montée en gamme des compétences et savoir-faire, en permettant à des TPE, des PME et ETI des territoires de participer à la réalisation de ces projets d’investissement.

«Le principe de subsidiarité doit jouer à plein pour optimiser les chances de réanimation et de développement de notre industrie. Les fonds souverains régionaux seraient ainsi garants que l’épargne est bien dirigée vers les écosystèmes des territoires, et pas exclusivement vers les grands groupes»

Ces fonds pourraient ainsi financer par la dette des projets locaux d’investissement dans les infrastructures, que ce soit dans la production, le stockage de l’énergie, la régulation du réseau électrique ou le développement de l’hydrogène (flottes de bus et/ou de camions, stations-service adaptées et autres solutions de transport hydrogène).

Elan national, déclinaisons territoriales. Ainsi parviendrait-on à mobiliser tous les échelons de la gouvernance, des collectivités locales à l’Union européenne en passant par l’Etat. Mais, pour être efficace, la réponse apportée doit s’ancrer dans les territoires. En effet, il n’est plus soutenable d’administrer, depuis « le haut » des solutions calibrées à Paris, de façon uniforme au sein de territoires aux besoins et ressources si divers.

Les réponses à la crise doivent, au contraire, être différenciées et élaborées à l’échelon local avec un double soutien, public et privé, pour être réellement efficaces. C’est le principe de subsidiarité qui doit ici jouer à plein pour optimiser les chances de réanimation et de développement de notre industrie. Les « fonds souverains régionaux » seraient ainsi garants que l’épargne est bien dirigée localement vers les écosystèmes des territoires, et pas exclusivement vers les grands groupes.

Mutation verte. Ce dispositif permettrait aux Français d’être acteurs de la relance envisagée comme un véritable effort de reconstruction de « la France d’après », et de contribuer à financer la mutation verte des territoires. Les citoyens contributeurs pourraient mesurer les effets concrets de leur apport personnel à la relance de l’économie. Surtout, cette dynamique ferait des Français des acteurs de la relocalisation des chaînes de valeur. La mondialisation redeviendrait ainsi ce qu’elle est déjà aux Etats-Unis, en Allemagne, en Chine : une réalité locale.

C’est la meilleure façon d’ouvrir nos territoires à la mondialisation : toutes les collectivités doivent y prendre leur part si nous souhaitons éviter le décrochage de la France, à commencer par les régions, qui disposent de la compétence économique. Alors que la campagne pour les élections régionales peine à décoller, tant les préoccupations sanitaires saturent l’espace médiatique, il est urgent d’ouvrir de nouveaux horizons de projection politique. Ces « fonds souverains régionaux » permettraient d’articuler participation citoyenne, développement industriel et transition écologique.

Claude Malhuret est président du groupe Les Indépendants-République et Territoires du Sénat. Vanina Paoli-Gagin est sénatrice de l’Aube, membre de la commission des finances. Elle vient de déposer une proposition de loi pour créer des fonds souverains régionaux, et des livrets de développement des territoires destinés à les financer. Emmanuel Capus, Daniel Chasseing, Jean-Pierre Decool, Joël Guerriau, Jean-Louis Lagourgue, Alain Marc, Pierre Médevielle, Colette Mélot, Franck Menonvielle et Dany Wattebled sont membres du groupe Les Indépendants.

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