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Avenir Syrie : délicat jeu d’équilibre entre les puissances régionales

 Syrie :  délicat  jeu d’équilibre entre les puissances régionales

La Russie occupée ailleurs, les États-Unis en retrait, l’Iran affaibli… La nouvelle Syrie doit d’abord se préoccuper de ne pas susciter l’ire des puissances arabes, très méfiantes envers toute orientation djihadiste qui remettrait en cause leurs régimes respectifs. Elle doit aussi rester dans les bonnes grâces de la Turquie d’Erdogan et faire le dos rond face aux bombardements israéliens sur les arsenaux de l’armée défaite de Bachar Al-Assad. Al-Joulani a montré ses capacités de chef de guerre ; il va maintenant devoir faire ses preuves en tant que diplomate.

 

par   Professeur agrégé de Géographie, membre du laboratoire Médiations, Sorbonne Université dans  » The Conversation » 

 

L’entretien accordé par Abou Mohammed Al-Joulani à CNN le 6 décembre dernier, alors que les combattants de son mouvement, Hayat Tahrir-al-Cham (HTC), étaient sur le point de renverser le régime de Bachar Al-Assad, témoigne de sa volonté de présenter désormais un profil plus « présentable » aux puissances occidentales, et notamment aux États-Unis, dont la capacité de projection dans la région reste importante.

La presse souligne à juste titre ce renouveau : HTC rejette la logique du djihad global, qui a abouti à l’intervention des puissances occidentales en Syrie et en Irak contre l’État islamique (EI ou Daech) et les filiales d’Al-Qaida. Joulani semble soucieux de ne franchir aucune ligne rouge et tire les enseignements de l’échec de l’EI, dont l’éphémère califat instauré en 2015 a été démantelé, avec une perte quasi totale de ses territoires, en 2019.

Cependant, si HTC respecte plusieurs lignes rouges, celles-ci sont surtout tracées par les puissances régionales comme l’Arabie saoudite, la Turquie, le Qatar, l’Iran ou encore Israël. À l’inverse des puissances lointaines comme les États-Unis ou la Russie, contraintes l’une et l’autre à se désengager de la Syrie soit par isolationnisme (les États-Unis de Trump) soit par manque de moyens militaires disponibles (l’Ukraine absorbe la quasi-totalité du potentiel militaire russe), les puissances régionales sont, quant à elles, particulièrement enclines à s’ingérer dans les affaires intérieures de la Syrie, particulièrement si le nouveau gouvernement de Damas menace leurs intérêts stratégiques.

Le risque d’ingérence de la part de la Turquie, de l’Arabie saoudite ou du Qatar est d’autant plus grand que la Syrie sort de la guerre considérablement affaiblie : l’armée dirigée par les alaouites s’étant décomposée, les deux principaux groupes rebelles, le HTS et l’ANS (l’armée nationale syrienne soutenue par la Turquie), certes alliés contre Bachar Al-Assad, pourraient s’opposer maintenant que leur ennemi commun a disparu.

Pour compléter ce tableau, les frappes massives de Tsahal ont achevé de détruire les capacités opérationnelles de l’État syrien tandis que les graves tensions entre les milices kurdes qui contrôlent le nord-est du pays et l’ANS pro-turque risquent de plonger à nouveau cette partie du pays dans la guerre civile.

Dès lors, la nouvelle république islamique que souhaite probablement instaurer HTC en Syrie s’apparente à un État failli ou, du moins, à un régime trop faible pour survivre à d’éventuelles interventions de puissances voisines.

C’est pourquoi HTC n’a d’autre choix que de conduire une politique équilibriste destinée à ménager les intérêts des puissances voisines pour limiter leur ingérence et ainsi espérer construire un régime pérenne dans un pays ravagé par 13 ans de guerres civiles et soumis à l’influence grandissante de ses voisins.

Dans un contexte de révolte des masses sunnites contre le régime alaouite et de rejet de la domination iranienne dans la région, il est fondamental pour HTC de s’assurer le soutien, ou du moins, la neutralité des puissances sunnites de la Ligue arabe comme l’Égypte, la Jordanie et, surtout, l’Arabie saoudite. Cette dernière a montré, lors de la guerre civile syrienne, qu’elle était capable d’intervenir directement ou indirectement contre les forces sunnites qui remettent en question la légitimité de la monarchie des Saoud.

En 2014, la restauration du titre de calife par Abou Bakr Al-Baghadi et Daech a achevé de persuader Riyad de participer à la coalition contre l’EI, mouvement que les Saoud avaient pourtant soutenu lors de son émergence. La restauration califale constitue clairement une ligne rouge pour l’Arabie saoudite puisqu’elle rappelle l’illégitimité dynastique et historique de la monarchie saoudienne. En 1932, la proclamation de l’Arabie saoudite s’était faite au détriment du dernier calife, Hussein ben Ali al-Hashimi.

Roi du Hedjaz, chérif de la Mecque puis calife (après l’abrogation du califat ottoman) de 1924 jusqu’à 1925, le roi Hussein disposait alors d’une puissante légitimité à gouverner les lieux saints de l’islam : appartenant à la famille des Hachémites, le dernier calife était un Quraysh, la tribu du prophète Mahomet. D’autant qu’Hussein était la figure tutélaire des mouvements panarabistes alors en plein essor, ce qui lui assurait un vrai soutien populaire et l’appui de nombreux cheikhs.

La prise de La Mecque en 1925 par Ibn Séoud puis la proclamation en 1932 du royaume saoudien peuvent dès lors s’apparenter à une usurpation, ce qui prive la monarchie saoudienne d’une réelle légitimité dynastique et historique. D’où l’hostilité de Riyad aux groupes djihadistes qui aspirent à recréer un « califat » et à s’approprier un titre que la monarchie saoudienne tente de faire disparaître. On comprend dès lors pourquoi Al-Joulani ne proclamera certainement pas le retour du « califat », à l’inverse de ce qu’avait fait Al-Baghdadi en 2014 : le leader de HTC connaît parfaitement les lignes rouges de l’Arabie saoudite et ne compte pas les franchir avant d’avoir reconstruit un régime pérenne et stable à Damas.

De même, le régime syrien ne revendique pas pour l’instant de liens directs avec les Frères musulmans qui soutiennent officiellement l’ANS (l’armée nationale syrienne) alliée à la Turquie et plus particulièrement le Faylaq-al-Cham (l’une des composantes de l’ANS). Le mouvement des Frères musulmans, organisé depuis le Qatar et la Turquie, est interdit dans la plupart des pays arabes de la région, surtout dans les régimes autoritaires dont l’Égypte depuis le retour de l’armée au pouvoir en 2013 ainsi que dans les monarchies comme l’Arabie saoudite ou la Jordanie.

En effet, le mouvement frériste se veut républicain et hostile aux monarchies en place auxquelles il reproche, outre leur nature autoritaire, leur convergence avec les intérêts occidentaux. Les Frères restent avant tout un mouvement postcolonial qui lutte contre les résidus d’influence occidentale dans la région et contre Israël, perçu comme « une avant-garde américaine » au Levant. Dès lors, ils fustigent la politique de rapprochement entre Israël et les monarchies arabes comme l’Arabie saoudite, la Jordanie ou le Maroc qui a abouti aux accords d’Abraham en 2020.

Dans ces conditions, on comprend mieux le refus d’Al-Joulani de tomber dans la surenchère antisioniste ou anti-occidentale. Il ne s’agit pas simplement de « faire bonne figure » auprès de l’Ouest mais aussi de rassurer les voisins arabes de la Syrie, qui voient d’un œil pour le moins inquiet l’émergence de groupes alignés sur les Frères musulmans. D’où aussi la timidité du soutien d’Al-Joulani au Hamas palestinien, véritable branche armée des Frères musulmans à Gaza, et ce malgré les bombardements massifs de Tsahal sur le sol syrien ces derniers jours. Dès lors, HTC doit rester sur une ligne de crête puisque la Turquie, alliée aux Frères musulmans, constitue le principal parrain du nouveau régime…

Le principal acteur dont Joulani doit ménager les intérêts est bien évidemment la Turquie, qui tente de placer la Syrie sous son influence. La chute d’Assad a en effet été rendue possible par la politique turque de rapprochement entre l’ANS (armée nationale syrienne), composée de supplétifs arabes de l’armée turque, et le mouvement HTC. Cette alliance provisoire contre Assad pourrait faire long feu si le nouveau gouvernement syrien s’éloignait des projets d’Ankara pour la Syrie. D’autant que l’offensive actuelle de l’ANS à Manbij contre les milices kurdes des Forces démocratiques syriennes (FDS) montre que l’ANS obéit plus à Ankara qu’à Damas, l’offensive contre les Kurdes n’ayant pas été officiellement revendiquée par HTC.

À la lumière de ces évènements, on comprend l’accord passé entre HTC et la Turquie : accepter les offensives turques contre le FDS en échange du soutien des milices de l’ANS au pouvoir de Joulani. Ankara voit dans le Rojava kurde, au nord-est de la Syrie, une véritable menace pour son propre territoire, la Turquie considérant cette zone comme une base arrière du PKK, le parti indépendantiste kurde qui lutte contre la Turquie dans le Kurdistan turc.

Sous la pression d’Ankara, soucieux de conserver le soutien des milices proturques, Joulani devrait vraisemblablement abandonner le Rojava à la Turquie et à ses supplétifs. D’autant que le principal soutien des Kurdes, les Américains, avec le retour du très isolationniste Donald Trump à la Maison Blanche, devraient mener à son terme la politique de retrait de la Syrie. La neutralité des États-Unis en cas d’offensive massive turque sur le Kurdistan syrien ne fait presque aucun doute, comme le montrent les précédents des offensives lancées par Ankara sur la ville d’Afrine lors de l’Opération Rameau d’olivier en 2018, ou lors de l’Opération Source de Paix en 2019. Les deux fois, les États-Unis ont littéralement abandonné leur allié kurde menacé par l’armée turque et ses milices.

Par ailleurs, la Turquie pourrait constituer autour de Damas un nouvel « axe de la résistance » antisioniste et, par ce biais, reprendre un leadership dans le monde moyen-oriental laissé en jachère par l’affaiblissement de l’Iran et de ses « proxies ». L’hostilité d’Ankara et de l’AKP (le parti d’Erdogan) envers Israël croît d’année en année et s’intègre à la politique néo-ottomane de réaffirmation de la tutelle turque sur les anciennes provinces arabes de l’Empire ottoman.

Devenir le principal soutien à la lutte palestinienne permettrait à Ankara de fédérer les sociétés du Levant autour d’elle et d’accroître son soft power dans le monde arabe. Dans cette optique, la Syrie de Joulani joue un rôle clé puisqu’elle permet à la Turquie de se projeter aux frontières israéliennes, et pourrait constituer le cœur d’un « nouveau front de la résistance » anti-Israël qui, à la différence du front actuel piloté par l’Iran, serait, quant à lui, sunnite et donc plus susceptible de fédérer les masses musulmanes de la région.

Par conséquent, une orientation clairement antisioniste du régime de Joulani constitue un scénario très envisageable même si HTS ne peut à court terme, en aucun cas, défier Tsahal étant donnée le déséquilibre des forces au niveau militaire. Cette crainte a d’ailleurs certainement inspiré les bombardements massifs menés par l’État hébreu contre les dépôts d’armes de l’ancienne armée syrienne au lendemain de la chute d’Assad. Même s’il reste pour l’instant embryonnaire, le nouvel « axe de la résistance sunnite » se forme actuellement autour de la Turquie et de son vassal syrien et pourrait pousser les sunnites libanais du nord-Liban à rejoindre cette alliance en gestation.

Ainsi, dans un contexte d’affaiblissement extrême de l’État syrien, HTC ne peut survivre sans le soutien des puissances régionales et se trouve sur une ligne de crête entre deux orientations politiques possibles : HTC pourrait jouer la carte du rapprochement avec les puissances arabes sunnites (Arabie saoudite, Jordanie, Égypte), unies dans leur volonté commune d’affaiblir l’Iran et tous ses alliés dans la région ; ou bien le régime de Joulani pourrait accepter, voire revendiquer, le parrainage turc, et devenir le premier proxy « néo-ottoman » d’Ankara.

Entre ces deux orientations, HTC semble privilégier la deuxième option. Mais il continue de mener un habile jeu d’équilibriste en attendant la reconstruction de la puissance syrienne tout en acceptant l’ingérence turque. HTC ne revendique pas d’affiliation avec les partis qui combattent les régimes arabes en place comme les Frères musulmans et cherche à ne pas bousculer Riyad ou Le Caire.

On voit bien, à travers l’exemple de la Syrie, à quel point le retrait des puissances internationales comme les États-Unis ou la Russie offre de nouvelles opportunités aux impérialismes régionaux qui, à l’image de celui de la Turquie néo-ottomane, redessinent la carte du Moyen-Orient.

Fiasco des sondages élections régionales: Pourquoi ?

 

De toute évidence, les sondages se sont lourdement trompés lors des élections régionales. Personne n’avait prévu un tel niveau d’abstention (près de 65 % en moyenne) pas plus que la bonne résistance des républicains et des socialistes. Il faut dire que la plupart des sondages sont largement influencés par ceux qui les commandent c’est-à-dire des grands médias eux-mêmes aux mains des financiers.

C’est notamment le cas pour les chaînes d’info continue doute dans les mains de puissants intérêts qui ont notamment soutenu Macron dans sa campagne. Un seul exemple Xavier Bertrand après sa victoire aux régionales s’est vu attribuer un score de presque 20 % de soutien pour les présidentielles de 2022. Quelques jours après il était descendu à 14 % au même niveau ou presque que la présidente de l’Île-de-France ou de Vauquiez.

Pourquoi ? Tout simplement parce que certains intérêts financiers sont déjà inquiets du profil un peu atypique de Xavier Bertrand qui n’est pas spécialement formaté comme un candidat de l’ENA , c’est-à-dire comme un servile serviteur des les intérêts les plus puissants de ce pays. Le JDD était un des exemples caricaturaux du soutien des financiers au pouvoir en place avec la sortie régulière de chiffres invraisemblables du soutien à Macron. À peu près tous les grands médias sont dans les mains de ces grands intérêts financiers qui instrumentalisent les sondages pour peser sur l’opinion.

Régionales 2021 : Un abstentionnisme de désillusion

Régionales 2021 :  Un abstentionnisme de désillusion 

 

Le spécialiste d’histoire politique Jean Garrigues affirme, dans une tribune au « Monde », que l’abstention record aux régionales montre non pas que l’envie de politique est morte, mais que celle-ci ne trouve plus son expression dans les formes traditionnelles de la démocratie représentative.

 

Tribune.

 Quatre faits marquants se dégagent, a priori, des résultats des élections régionales. Le premier, c’est évidemment l’abstention massive, et exceptionnelle, qui a éloigné les deux tiers des électeurs inscrits des bureaux de vote. Le deuxième, c’est bien sûr l’échec patent du parti de la majorité présidentielle, La République en marche, largement distancé lors du second tour, oscillant entre 9 % et 15 % selon les régions, quand il n’a pas été écarté dès le premier tour. Le troisième, c’est la déception du Rassemblement national, incapable de conquérir la région PACA et en recul dans la plupart des autres régions. Enfin, quatrième enseignement majeur, la victoire des anciennes coalitions, d’un côté l’union de la droite et du centre, de l’autre l’union de la gauche, qui conservent respectivement six et cinq régions qui leur étaient acquises en métropole.

Faut-il en conclure que la page du « macronisme » est tournée, que le duel Macron-Le Pen est définitivement enterré pour la présidentielle et que les partis qui ont gouverné la France depuis 1958 sont de retour ? Ce serait aller trop vite en besogne.


En ce qui concerne l’abstention, les causes conjoncturelles ne sauraient dissimuler les facteurs structurels, inhérents à la crise du fonctionnement démocratique. On peut évidemment invoquer les effets de la pandémie de Covid-19 pour expliquer la démobilisation des électeurs, après une campagne avortée, hors-sol, polluée par des thématiques sécuritaires et identitaires très éloignées des enjeux des élections régionales et départementales. On peut d’ailleurs se référer à l’incompréhension de ces enjeux, liés à la méconnaissance collective de ces territoires à la fois trop éloignés des citoyens et dont les réelles attributions leur sont inconnues.

 

C’est en partie ce qui explique le tropisme abstentionniste de ce type d’élection depuis plusieurs décennies, tropisme accentué par la surprésidentialisation de notre agenda électoral. Toutes les élections intermédiaires pâtissent du surinvestissement politique de l’élection présidentielle, qui vampirise la vie politique depuis 1965. Encore faut-il constater que la lèpre abstentionniste a gagné le rendez-vous majeur de notre monarchie républicaine, dépassant un quart des inscrits lors du second tour de 2017. Et il n’est pas exclu de voir le mal s’étendre lors de la présidentielle de 2022, si la dynamique de déprise électorale se poursuit.

 

Et c’est, bien sûr, ce qui nous renvoie aux causes structurelles de l’abstention, qui sont elles-mêmes complexes à interpréter. Un récent sondage indiquait que 27 % des abstentionnistes entendaient exprimer un mécontentement par rapport au monde politique dans son ensemble. Se pose donc la question de l’adéquation des partis protestataires, notamment le Rassemblement national et La France insoumise, au mécontentement exprimé par les abstentionnistes. Ce qui voudrait dire que la situation d’aujourd’hui est bien pire que celle des années 1960, lorsque le mécontentement populaire pouvait être canalisé par le Parti communiste. Le rejet de la vie politique ne pourrait alors s’exprimer que dans la rue, sous la forme d’émotions collectives du type « gilets jaunes » ou d’agressions récurrentes à l’encontre des acteurs publics.

Élections régionales : les raisons

Élections régionales : les raisons 

 

Une analyse intéressante du Politologue Pierre Martin (CNRS) qui est l’un des meilleurs analystes français des élections.

Mais une analyse quand même un peu trop partielle qui ne pose pas la question du fonctionnement du système politique, de sa légitimité et de son efficacité. une  analyse qui ne montre pas assez l’énorme décalage entre la demande et l’offre politique. Quant au come-back de Wauquiez c’est un peu surréaliste.  Et cela discrédite une grande partie du papier !Pourquoi pas aussi Muselier futur président de la république !!! (Interview dans l’Opinion)

Comment expliquez-vous l’abstention historique observée aux élections régionales et départementales de juin, qui s’élève à 66 % au premier comme au second tour ?

Il y a trois raisons principales : tout d’abord le déclin du sens du devoir électoral. C’est un phénomène fort, qui se développe en liaison avec un individualisme narcissique analysé par de nombreux sociologues depuis la fin des années 1960. Il a joué d’autant plus que les Français ont le sentiment que ces élections touchent peu leur vie quotidienne. Donc beaucoup d’électeurs s’en désintéressent.

Le deuxième facteur, c’est la conjoncture politique. On a une conjoncture beaucoup moins mobilisatrice, car beaucoup moins dramatique, qu’en 2015. N’oublions pas toute la série d’attentats islamistes en France, Charlie Hebdo en janvier 2015 puis le Bataclan en novembre. C’était une conjoncture très politique, au sens où un certain nombre d’électeurs se sentaient mobilisés sur la politique. En même temps, il y avait un mécontentement très fort contre le pouvoir en place et contre François Hollande. Les électeurs qui ne s’intéressent pas aux enjeux de l’élection elle-même utilisent l’élection pour s’exprimer sur la politique nationale.

Le dernier facteur, c’est la position dans le calendrier électoral. Ces élections régionales et départementales sont arrivées après d’autres élections intermédiaires, les européennesles municipales, où les électeurs avaient déjà eu l’occasion de s’exprimer. Donc c’était là aussi une temporalité peu favorable. Car il ne faut jamais oublier une chose : c’est la participation qu’il faut expliquer, pas l’abstention. L’immense majorité des électeurs, que ce soit en France ou ailleurs, ont un rapport très distant avec la politique. Donc ce qu’il faut expliquer, c’est pourquoi ils viennent voter. On ne s’étonne pas que les gens qui ne s’intéressent pas au football ne vont pas assister à un match de football et ne regardent pas les matches à la télévision. Pourquoi s’étonner que les gens qui ne s’intéressent pas à la politique n’aillent pas voter ?

Est-ce qu’on peut tirer des enseignements nationaux de cette élection sans électeurs ?

Bien sûr, mais avec une très grande prudence. D’abord, est-ce qu’il ne va pas y avoir aussi une baisse de la participation à l’élection présidentielle de 2022 ? En 2002 déjà, on avait eu une participation qui était de l’ordre de 70 % seulement au premier tour. Elle s’était très fortement redressée en 2007, avec les campagnes de Nicolas Sarkozy, de François Bayrou, de Ségolène Royal, donc des têtes nouvelles très mobilisatrices au premier tour. Cette participation importante d’ailleurs n’avait pas été un succès pour le FN. Depuis, c’est vrai qu’en 2012 et en 2017, il y a eu un effritement de la participation à l’élection présidentielle. Donc on peut se poser la question de la participation en 2022.

Autre enseignement, cette faible participation confirme qu’aujourd’hui, il n’y a pas une vague de mécontentement importante contre le pouvoir en place. C’est ce qu’indiquent aussi les enquêtes sur la popularité du Président, mais aussi la réélection assez facile de la ministre Brigitte Bourguignon lors d’une législative partielle début juin dans le Pas-de-Calais. Enfin, l’évènement, au fond, de ces élections régionales, c’est le come-back spectaculaire de Laurent Wauquiez.

Il était pourtant très attendu…

Peut-être, mais ça change très fortement la donne à LR. C’est lui qui a fait le meilleur résultat. Sa victoire, dans une région tenue par le PS jusqu’en 2015, a entraîné, dans un effet d’amplification, deux conseils départementaux, le puy de Dôme et l’Ardèche. Cela rebat les cartes à droite pour la présidentielle, c’est une évidence. D’autant plus que Laurent Wauquiez est membre de LR, contrairement à Xavier Bertrand. C’est ce dernier qui va être en difficulté. Il est hors de question désormais que la direction de LR impose un candidat sans procédure d’arbitrage ; or Xavier Bertrand a toujours refusé cette procédure. Il va donc être en porte à faux.

Marine Le Pen sort-elle fragilisée de ces élections ?

Oui. Déjà qu’un certain nombre de leaders de la droite radicale et de militants doutaient de sa capacité à gagner l’élection présidentielle, maintenant il n’y a plus vraiment de doute… Cela va donc être difficile pour elle de mobiliser son parti dans la perspective d’une élection où, au fond, sa crédibilité est profondément affaiblie. Si même Mariani n’a pas réussi à l’emporter en Provence-Alpes-Côte d’Azur, comment imaginer que Marine Le Pen puisse gagner à l’élection présidentielle ?

Cette fragilisation ouvre-t-elle la voie à Eric Zemmour ?

Elle peut ouvrir une perspective pour ceux qui chercheraient une autre candidature, c’est évident. Maintenant, il n’est pas certain que Zemmour ait suffisamment de crédibilité.

Ces élections changent-elles quelque chose pour la gauche ?

Les résultats ne règlent rien à gauche. Les Verts peuvent dire qu’ils sont les plus dynamiques, dans la mesure où ils ont gagné toutes les primaires avec le PS, là où le PS n’avait pas de président sortant. Et en même temps, le PS dit que c’est lui qui est la principale force de gauche, puisqu’il n’y a que lui qui a fait gagner la gauche. Mélenchon ne s’était pas impliqué dans ces élections locales, et Roussel a eu une stratégie plus identitaire, mais il est lui aussi affaibli, car le Val-de-Marne est passé à droite. La probable candidature d’Anne Hidalgo ne sort pas non plus renforcée, tout simplement parce que la candidate qu’elle a soutenue a échoué au premier tour en Ile-de-France et a lourdement échoué à Paris. Donc là encore, c’est touché mais pas coulé.

Et pour Emmanuel Macron ?

Eh bien, malgré le lourd échec des listes gouvernementales et la confirmation de l’incapacité de LREM à s’implanter à des élections locales, finalement, le Président peut quand même enjamber ces élections. Il y a au moins une candidature qui ne sera pas remise en cause à l’intérieur de son camp, c’est la sienne. Sans lui, les autres n’existent pas beaucoup à LREM…

La jeunesse de LREM suffit-elle à expliquer son défaut d’enracinement ?

Non, ce n’est pas cela qui explique cette difficulté d’enracinement. Si Emmanuel Macron l’a emporté lors de l’élection présidentielle de 2017, c’est parce que beaucoup d’électeurs considéraient que les partis traditionnels de gouvernement, le PS et LR, avaient échoué au niveau national. Mais les mêmes électeurs ne considèrent pas du tout que les élus locaux de ces partis traditionnels de gouvernement ont échoué, tout au contraire. C’est là la raison profonde de l’échec de LREM. Emmanuel Macron a dit qu’il voulait prendre le meilleur de la droite et de la gauche. Du coup, il est logique que les électeurs votent pour les sortants de gauche ou de droite dont ils sont satisfaits. C’est déjà ce que l’on a vu aux municipales en 2020. C’est d’ailleurs une situation qui n’est pas sans évoquer les débuts de la Ve République. L’arrivée au pouvoir du général De Gaulle en 1958 était aussi un phénomène de politique nationale. Beaucoup de Français considéraient que les partis traditionnels de la IVe n’étaient pas capables de résoudre les problèmes nationaux du pays, et en particulier la crise algérienne. Mais cela ne signifiait pas du tout que ces mêmes électeurs étaient mécontents de leurs maires et de leurs conseillers généraux, qu’ils soient indépendants, MRP, socialistes ou radicaux. Les gaullistes ont mis très longtemps à s’insérer dans des élections locales.

Les résultats de dimanche disent-ils que la droite pourrait figurer au second tour de la présidentielle ?

Non, ils ne disent pas cela, ils ne disent pas le contraire non plus. Vous inférez sur le comportement des électeurs à la présidentielle, dont ces élections ne nous disent rien. Par contre, ces élections ont un impact sur ce qu’il se passe à l’intérieur des équipes politiques. Ces élections vont inciter les partisans de LR à croire qu’ils peuvent gagner l’élection présidentielle. Cela va rendre encore plus âpre la bataille pour la candidature. C’est la raison pour laquelle, de mon point de vue, le principal événement de ces élections, c’est le résultat de Laurent Wauquiez, car il relance spectaculairement le match à droite.

Régionales: le Drian et Ferrand balayés en Bretagne

Régionales: le Drian et Ferrand  balayés en Bretagne 

 

Dans une région plutôt favorable à Macron, la liste proche du pouvoir n’a réussi à récolter qu’environ 15 % des voix soient en quatrième position. Un véritable échec pour le Drian tout autant que pour Ferrand qui n’a même pas été réélu alors qu’il est président de l’Assemblée nationale. La logique voudrait évidemment qu’il démissionne de ce poste stratégique.

Même sanction pour le parrain de «l’opération Burlot», le président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand. Le score médiocre obtenu par la majorité dans son fief du Finistère l’empêche de retrouver son siège au conseil régional. À moins de faire démissionner l’un des deux élus, «mais est-ce permis dans le nouveau monde de procéder ainsi?», ricane un soutien de Loïg Chesnais-Girard.

Régionales: La Corse championne des votes de France

Régionales: La Corse  championne des votes de France

 

33 % de participation en moyenne nationale pour le premier tour et guère plus pour le second. Dans le même temps en Corse on atteint 57 %.En cause le fait sans doute que cette élections régionale donne une sorte de dimension de Parlement corse et alimente ainsi les tendances autonomistes voire séparatistes. Aussi le fait que le taux de participation en Corse a toujours été important surtout avec les votes par correspondance y compris parfois d’électeurs fictifs.

 

Le duel Macron Le Pen bousculé par les régionales

Le duel Macron Le Pen bousculé par les régionales

par Gilles Savary dans l’Opinion. 

L’équation politique d’Emmanuel Macron s’est compliquée à l’occasion des élections régionales. Ce sont précisément les formations des deux favoris pour la finale de la présidentielle de l’an prochain qui ont subi les revers les plus spectaculaires.

Pour ce qui concerne le RN, c’est une alerte sans précédent sur la mobilisation de son électorat, que l’on pouvait penser animé d’une combativité à toute épreuve après des décennies d’une progression électorale opiniâtre et constante. La majorité présidentielle touche les dividendes de sa stratégie de clarté en Paca, mais confirme l’attrition considérable de son périmètre électoral par rapport à la présidentielle de 2017.

On objectera que des circonstances sanitaires exceptionnelles ont plombé ces élections intermédiaires, qui ont confirmé tous les sortants de 2015 plutôt que leurs partis politiques. Pour autant, toute élection crée du sens et s’imprime dans le paysage politique, même au rabais de la participation électorale. En tout cas, l’échantillon des votants, fût-il très incomplet, est toujours plus significatif que celui d’un sondage.

Ce n’est pas tant la prime aux sortants qui constitue la surprise de ces élections, que la renaissance de LR et surtout la manière dont Xavier Bertrand s’est imposé dans le jeu présidentiel de l’an prochain, avec le concours d’une stratégie erronée de la majorité. Cinq années d’efforts de fracturation de la droite s’en trouvent compromises.

Le président du groupe macroniste au Sénat, François Patriat, a raison de relever que la présidentielle 2022 sera un tout autre match que ces élections territoriales, mais les actes de foi ne doivent pas dispenser de lucidité. Après les municipales de l’an dernier, ces élections régionales et départementales ont, à dix mois de la présidentielle, validé la stratégie de repolarisation de la vie politique française poursuivie par les partis de droite comme de gauche, en refusant obstinément – sauf en Paca au prix d’une crise de nerfs – toute alliance avec la majorité présidentielle.

C’est surtout un tout autre match que la finale annoncée Macron-Le Pen que ces élections réintroduisent. Pour le confirmer, il reste à la droite ressuscitée à se choisir un candidat unique, dans un contexte de droitisation du pays qui peut exacerber les ambitions de l’excès de présidentiables dont elle se trouve subitement dotée.

« Tout sauf Macron ». L’alternative qui s’offre à la gauche, entre une multiplication de candidatures de témoignage et une union baroque qui confirme en Pays de la Loire et en Ile-de-France qu’elle ne s’additionne pas, ne règle pas son problème de qualification pour le second tour, mais sa stratégie du « tout sauf Macron » lui permet d’envisager de retrouver une bonne part de ses électorats au premier tour.

Nonobstant les sondages qui placent le Président à des niveaux de popularité et de satisfaction très supérieurs à ceux de Hollande en 2016 et de Sarkozy en 2011, ces élections territoriales déplacent l’enjeu de l’élection présidentielle sur le premier tour. Jamais un président sortant ne l’abordera avec un parti aussi faible qu’Emmanuel Macron, s’il se représente. Mais ces élections ont aussi confirmé que la société politique était devenue très minoritaire au sein de la société française.

Cette situation n’est sans doute pas pour déplaire à Emmanuel Macron, mais elle n’est pas sans péril et interroge surtout la majorité parlementaire qu’il sera en mesure de fédérer autour de lui. Une chose est sûre : Macron 2 ne sera pas la réplique de Macron 1.

Gilles Savary est ancien député PS de Gironde et délégué général de Territoires de progrès.

Régionales–Record d’abstention : pourquoi ?

Régionales–Record d’abstention : pourquoi ?

 

Comme il fallait s’y attendre, on ne s’est pas bousculé dans les bureaux de vote. La vérité, c’est que les assesseurs attendaient les clients qui se faisaient très rares. Les organismes de sondage avaient prévu une abstention déjà record de près de 60 %;  or l’abstention est proche de 70 %. Un événement qui évidemment comporte de nombreux facteurs explicatifs conjoncturels et structurels. Un score qui après déjà la très faible participation aux municipales remet d’une certaine manière en cause le concept même de démocratie. Quelles légitimités peuvent en effet détenir des élus qui n’auront obtenu au deuxième tour que 10 ou 20 % des inscrits. Et encore il faut aller et prendre en compte les non-inscrits pour mesurer un vrai taux de démocratie électorale.

 

Ces élections étaient vraiment mal situées dans le calendrier. On sait qu’elles ont été repoussées en raison de la crise sanitaire. Or les premiers jours de liberté après la levée des mesures restrictives n’ont pas de toute évidence étaient consacrées en priorité par les Français à leur devoir électoral.

Des élections locales difficiles à comprendre pour les électeurs moyens. La raison est assez simple, bien peu connaissent en vérité qu’elles sont les attributions de l’échelon départemental ou du niveau régional. La  plupart des Français ignorent le rôle respectif de ces instances. Ils ignorent tout autant le nom des élus et des candidats. Ajoutons à cela qu’on a oublié de distribuer à nombre de Français la propagande électorale officielle !

L’abstention s’est également nourrie de la perspective quasi certaine d’un second dans la quasi-totalité des régions et du fait qu’il conviendrait donc de voter à nouveau la semaine prochaine.

L’indifférence à l’égard de ce type d’élection locale provient également surtout de l’empilage de nombre de structures administratives et politiques. À la base de l’organisation politique française on trouve parfois des délégués de communes, ensuite partout des communes, souvent des structures intercommunales (communautés de communes), ensuite des départements, des régions et bien sûr l’Etat. Il y a au moins deux étages de trop.

Du  coup de façon un peu arbitraire, on se partage les compétences sans grande cohérence. Ainsi les départements sont surtout chargés des dépenses sociales (RSA, aide sociale à l’enfance, création et gestion de maisons de retraite), de la construction, l’entretien et l’équipement des collèges, de l’administration de la voirie départementale, ainsi que de la gestion des bibliothèques de prêt, des services d’archives et de musées. Une sorte de bric-à-brac ou d’auberge espagnole. Cela d’autant plus la législation sociale est souvent du ressort de l’État. L’État décide par exemple l’augmentation des conditions du RSA et les départements financent. Même chose pour le financement et l’entretien des routes. L’État décide de la fiscalité et les départements entretiennent ce qui relève de leurs compétences avec ce que leur attribue l’État. Résultat dans nombre de régions les infrastructures dites secondaires sont dans un attentat pitoyable. Quant aux régions elle s’occupe un peu de tout et de rien et ont surtout peu d’influence sur le développement économique.

L’investissement et l’organisation des transports constituent le principal poste de dépenses des régions. Elles sont notamment chargées de l’organisation des transports par trains express régionaux (TER).  Les régions sont chargées de la construction, de l’entretien et du fonctionnement des lycées généraux, professionnels ou agricoles, elles sont également responsables des formations professionnelles, d’apprentissage et d’alternance. Les régions veillent également au développement économique des territoires. Elles élaborent un schéma régional qui fixe, pour 5 ans, les orientations. Ce sont elles qui versent des aides directes aux entreprises (subventions, prêts, avances remboursables, etc.). La région gère aussi une partie des fonds européens. La région a aussi en charge des compétences en matière d’aménagement du territoire et d’environnement. A ce titre, elle gère par exemple les parcs naturels régionaux. Elle doit aussi fixer des objectifs concernant la lutte contre le changement climatique et la pollution de l’air. Le conseil régional doit également établir un plan de prévention et de gestions des déchets, qui doit fixer des objectifs en matière de recyclage et de valorisation des déchets. Les régions doivent par ailleurs présenter un schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires (SRADDET). Ce schéma fixe notamment les objectifs sur le territoire « en matière d’équilibre et d’égalité des territoires, d’implantation des différentes infrastructures d’intérêt régional, de désenclavement des territoires ruraux, d’habitat, de gestion économe de l’espace ».Bref des compétences dispersées et floues

Il faut sans doute ajouter à cela le fait que le président de la république a largement brouillé l’enjeu de ces élections locales en choisissant de faire une grande tournée en France surtout pour tenter de vendre sa politique nationale. Pas sûr qu’il ait particulièrement réussi d’autant que le résultat assez lamentable de la république en marche (autour de 13 % avec le MoDem d’après les sondages mais nettement moins de 10 % de manière séparée)  sera difficilement explicable d’autant que les ministres candidats auront été-tu largement battus.

Ce nouveau taux d’abstention record ne renforce pas la démocratie qui perd régulièrement de sa substance et ôte  une grande partie de la légitimité à des élus qui ne représentent pas grand-chose. Il serait temps d’engager une réflexion globale sur les modalités des échéances électorales avant qu’un jour tous les élus -nationaux comme locaux– ne soient plus désignés que par une infime minorité de citoyens.

Politique-Régionales et départementales : Un rôle marginal qui explique le taux d’abstention

Politique-Régionales et départementales : Un rôle marginal qui explique le taux d’abstention

 

Des réformes successives rendant illisible le rôle des élus locaux et une crise sanitaire qui a renforcé la place centrale du chef de l’Etat ont accentué l’indifférence des Français à l’égard de ces scrutins, estime dans une tribune au « Monde » la juriste Nelly Ferreira.

 

Tribune. 

 

Le taux d’abstention historiquement haut du premier tour des élections régionales et départementales (bien qu’elles aient pourtant été organisées le même jour, ce qui devait inciter les citoyens à se déplacer) a, bien sûr, de multiples explications d’ordre « politiste » ou sociologique : désenchantement, méfiance récurrente vis-à-vis du personnel politique, crise démocratique et désintérêt pour des élections qui « ne changeront rien », absence d’une offre politique malgré un nombre de listes/candidats toujours plus important, la sortie du couvre-feu…

Mais, à côté de ces arguments, ce taux d’abstention a vocation également à questionner les entités au cœur de ces élections. Les collectivités territoriales, depuis longtemps déjà, ne parviennent pas à attirer, à attiser la curiosité citoyenne, à mobiliser les électeurs. Hormis peut-être les communes – mais pour lesquelles on note aussi une érosion du taux de participation –, elles ne semblent pas intéresser les citoyens ou plutôt, elles sont si méconnues qu’elles en deviennent transparentes. Pourtant, en 1982, la décentralisation devait permettre un renouvellement de la démocratie notamment locale, par le biais de la démocratie représentative et la nécessité de « conseils élus » comme l’exige l’article 72 de la Constitution.

Presque quarante ans plus tard, ces aspirations à une démocratie locale redynamisée se heurtent à une démocratie participative toujours balbutiante et surtout à ce qui semble être un désintérêt de la part des citoyens pour les élections de ces conseils territoriaux.

Désintérêt qui peut s’expliquer par le fait que les élections nationales, et principalement l’élection présidentielle, vampirisent les autres rendez-vous électoraux, invisibilisant les enjeux qui ne sont pas nationaux, et considérant comme quantité négligeable les questions locales. L’élection présidentielle a une capacité d’absorption politique, dangereuse pour les autres élections qui semblent dès lors très secondaires et dans l’incapacité de produire une décision politique, une action politique. C’est aussi la mise en exergue accrue du président de la République qui remise les autres élus, parlementaires, mais aussi locaux. Et la période de crise sanitaire n’a fait que renforcer ce rôle polarisateur du chef de l’Etat, asséchant les compétences autres, et notamment celles des élus locaux, malgré leurs efforts pour conserver leur rôle et le rendre visible.

Politique- Régionales–sondage abstention: indifférence et rejet croissants

Politique- Régionales–sondage abstention: indifférence et rejet croissants

Selon un sondage Odoxa Backbone-Consulting réalisé pour Le Figaro et Franceinfo, pour un abstentionniste sur deux, la «défiance» et le «désintérêt» sont à l’origine de leur «non-vote».

 

Pour cette part de la population, voter aux régionales dimanche «ne servait à rien» (17%), l’offre politique proposée «ne convenait pas» (13%) et la politique «en général» ne les intéressait pas (24%). S’ils ont choisi sciemment de ne pas aller voter, d’autres ont toutefois involontairement manqué ce rendez-vous électoral.

Quelque 16% des abstentionnistes n’ont ainsi pas voté parce qu’ils n’avaient pas eu les informations nécessaires. Parmi eux, 5% ignoraient la tenue du scrutin et 12% n’avaient pas reçu «les informations pratiques» – programmes, listes, modalités du vote – leur permettant d’aller voter.

Bien que répandue, l’abstention reste mal perçue par les Français. Ils sont même majoritaires à y voir un signe «révélateur d’une rupture entre les citoyens et la vie politique» (91%). D’autres considèrent cela comme un «signal d’alarme» (86%), et trois-quarts des citoyens (73%) trouvent cette abstention «inquiétante pour notre démocratie».

La responsabilité n’est en revanche pas totalement imputée à l’exécutif. Si Emmanuel Macron (37%) et le gouvernement (20%) sont critiqués pour leur «mauvaise information», les Français rejettent la faute de manière plus générale sur les partis politiques et les candidats «qui n’ont pas su intéresser les électeurs avec ces élections» (60%). Cette «incompétence» des partis fait même consensus sur le plan partisan. Elle concerne à la fois les sympathisants EELV (66%), les socialistes (65%), les Marcheurs (58%), les Insoumis (53%), les Républicains (52%) et les partisans du Rassemblement national (49%). Au-delà des appareils politiques, les citoyens eux-mêmes sont mis en cause pour leur «manque de civisme» (30%).

S’ils constatent un problème, les Français avancent aussi des solutions. À commencer par le vote par internet, plébiscité par 78% d’entre eux. Le vote obligatoire ne semble en revanche pas à même de résoudre la situation puisqu’il est sévèrement rejeté (65%).

Régionales 2021: le PS résiste

Régionales 2021: le PS résiste

L e parti socialiste résiste compte-tenu de son implantation locale et parvient à conserver cinq présidents régionaux . La pilule est surtout amère pour les écolos qui pensaient gagner dans certaines régions; Pire, qui entendaient asseoir une certaine hégémonie sur la gauche dans la prévision des élections présidentielles de 2022.

Du coup, les socialistes reprennent espoir et risquent d’avoir un candidat au premier tour de 2022. L’union de la gauche recule d’autant plus que le résultat des insoumis est complètement marginal. Des insoumis en recul qui s’inscrivent d’une certaine manière fort logiquement sur le chemin déclinant des communistes comme leur prédécesseur le PC. Le PC qui pèrd d’ailleurs d’ailleurs le dernier département qu’il possédait dans le Val-de-Marne.

Régionales : Pays de la Loire : l’écolo bobo Mathieu Orphelin nettement balayé

Régionales : Pays de la Loire : l’écolo bobo Mathieu Orphelin nettement balayé

 

L’écolo bobo Mathieu Orphelin, ancien fonctionnaire,  qui se voyait déjà engagé sur une piste pouvant en faire un candidat potentiel pour 2022 aux présidentielles a finalement été nettement battu par la présidente sortante. Selon les estimations, la candidate LR de la droite et du centre a remporté 46,3% des suffrages devant l’alliance des verts (EELV- Ecologie ensemble citoyenne et solidaire) et du Parti socialiste qui capte 34,6% des voix. Un score qui la place au-dessus du résultat réalisé en 2015 par son prédécesseur Bruno Retailleau.  Avec 10,8% des voix, le candidat du Rassemblement National (RN), Hervé Juvin, arrive en troisième position. Il devance François de Rugy (LREM) qui obtient 8,3% des suffrages. C’est quatre points de moins qu’au premier tour (11,7%).  Une défaite cuisante pour la majorité d’autant que rugit a été ministre et président de l’Assemblée nationale.

Régionales 2021 : les présidents sortants réélus mais avec autour de 10 %à 15% des voix !

Régionales 2021 : les présidents sortants réélus mais avec autour de 10 %à 15%  des voix !

 

Du fait de l’extraordinaire niveau d’abstention (environ 66%), la plupart des présidents de région auront été élus pour certains par 10 à 15 % des voix des inscrits. À peu près tous les présidents sortants réélus. La gauche garde ses cinq régions et en acquiert une nouvelle, tandis que la droite passe de huit à sept territoires à son actif en perdant La Réunion. En lice pour un second mandat, c’est la socialiste Carole Delga qui enregistre le score le plus élevé alors qu’elle avait refusé le soutien des insoumis. Réélue avec 58,5% des voix, la sortante écrase largement ses concurrents RN, Jean-Paul Garraud (23,5%) et LR, Aurélien Pradié (18%).

Les régionales rebattent les cartes pour 2022 ?

Les régionales rebattent  les cartes pour 2022 ?

 

 

Bien qu’il faille relativiser le résultat des élections régionales compte tenu de l’ampleur exceptionnelle de l’abstention, la dynamique pourrait être modifiée d’après le politicien de Benjamin Morel qui s’exprime dans le Figaro. 

 Les partis traditionnels (LR et PS), sont-ils renforcés?

 

Benjamin MOREL. - Il faut sur ce point différencier résultats et dynamiques. La faible mobilisation a profité au PS et à la droite républicaine pour deux raisons. D’abord, on constate une prime aux sortants, liée à un bilan et à leur notoriété. Ensuite, l’abstention ne touche traditionnellement pas les catégories sociales aisées et âgées qui représentent la base électorale de la droite de gouvernement et peuvent, plus marginalement, se retrouver sur un vote PS. Il ne faut donc pas faire de ces élections des plébiscites, 8 % des électeurs franciliens ont mis un bulletin Pécresse dans l’urne lors du premier tour, 14 % un bulletin Wauquiez en Auvergne-Rhône-Alpes. D’un point de vue politique toutefois, cela peut enclencher une forte dynamique.

Régionales : une victoire de la droite avec 38 %

Régionales : une victoire de la droite avec 38 %

 

 

Même si indéniablement le vainqueur des élections régionales est l’abstention, autour de 66 % autant qu’au premier tour, le parti public et ses alliés ressort également gagnant avec 38 % des voix.- Les perdants dans l’ordre sont la démocratie puisque nombreux d’élus n’auront recueilli que de l’ordre de 10 % des inscrits (sans parler des non inscrits), le Front National qui recule enfin la république en marche qui connaît une véritable débâcle et montre sa quasi inexistence sur le plan local. Bref une élection qui d’une certaine manière bat aussi les cartes des rapports de force entre les différents courants politiques en France et permet même d’envisager beaucoup d’hypothèses pour 2022.

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