France : trop de réformes mal ficelées (Jean Pisani ferry)
Jean Pisani ferry, commissaire général à la prospective à Franc Stratégie, n’a pas tort de considérer que la France se caractérise trop de réformes mal ficelées. En cause d’abord de manque de continuité dans l’action publique où chaque majorité détricote ce qu’a fait la majorité précédente. En outre des réformes trop partielles parfois contradictoires. Exemple les mouvements de yo-yo sur la fiscalité ou sur les réformes de l’éducation nationale. Aussi la surproduction législative, produit de l’hypertrophie du Parlement et de l’administration française. Du coup les velléités de réforme structurelle s’enlisent dans les sables mouvants de la bureaucratie du corporatisme. Ce n’est pas un programme clés en main. Mais France Stratégie veut faire réfléchir les futurs candidats à l’élection présidentielle. Ce jeudi, en proposant une note sur la croissance mondiale dans les dix années à venir, l’organisme de réflexion lance le premier thème d’une série de douze, qui veut «éclairer» les débats des mois à venir. «Les nouvelles formes du travail et de la protection sociale», «Tirer parti de la révolution numérique», «Investir dans la jeunesse face au vieillissement», «Modèle de développement et répartition du revenu», «Compétitivité: que reste-t-il à faire?», «Dynamiques et inégalités territoriales»… Autant de sujets sur lesquels les politiques de gauche et de droite devront se pencher avant de dévoiler leurs choix au citoyen. Le commissaire général à la prospective, Jean Pisani-Ferry, explique au Figaro la nécessité d’un diagnostic et d’un inventaire des options.
LE FIGARO. - Quel rôle veut jouer France Stratégie dans le débat présidentiel à venir?
Jean PISANI-FERRY. - Celui d’un apporteur de matériaux pour un débat à la mesure des enjeux. Les candidats vont devoir offrir une lecture de la situation du pays, sélectionner des priorités, formuler des propositions… Le contexte dans lequel va se tenir cette élection rend d’autant plus nécessaire le débat: l’avenir européen est incertain ; le niveau de richesse par tête d’avant-crise n’a pas été retrouvé ; le pays est divisé entre des Français prospères et des Français appauvris. Nous voulons mettre sur la table des sujets à l’horizon dix ans, poser des diagnostics, cerner les options. L’élection présidentielle doit être l’occasion d’une délibération, pas d’une pluie d’invectives comme actuellement outre-Atlantique.
Comment expliquer que l’Hexagone ait tant de mal à se réformer?
Nous faisons beaucoup de réformes mais nous ne les faisons pas bien. Chaque gouvernement ouvre un ensemble de dossiers, modifie une série de paramètres et passe le bâton au suivant… Imaginez que nous avons fait cinq réformes des retraites en vingt ans et trois réformes de la formation en dix ans. Ce n’est pas rassurant pour les Français, et ça leur donne l’impression que chaque réforme ne fait que préparer la suivante. Cela ne crée pas de stabilité. Un jeune aujourd’hui n’a aucune idée de ce que sera sa retraite, s’il s’attend à en avoir une! C’est grave en termes de sécurité personnelle et de relations intergénérationnelles.
Comment obliger le parlement français à adopter des réformes ? (Wolfgang Schäuble)
C’est un peu le questionnement de orthodoxe ministre des fiances allemand Schäuble qui mer les pieds dans le plat comme i a coutume de le faire. Finalement il laisse entendre que le pays serait mieux dirigé par la troïka que par le gouvernement actuel. Wolfgang Schäuble est un coutumier du fait. Le ministre des Finances allemand a pour habitude de jeter des pavés dans la mare, notamment dans le cadre du feuilleton grec. Il s’est encore illustré jeudi soir depuis Washington en s’exprimant sur un sujet ô combien sensible: les réformes à mener sur le territoire français. « La France serait contente que quelqu’un force le Parlement, mais c’est difficile, c’est la démocratie », a-t-il ainsi déclaré lors d’un débat dans la capitale américaine, après avoir évoqué les réformes selon lui « très réussies » menées en Espagne sous la supervision de la troïka. « Si vous en parlez avec mes amis français, que ce soit (le ministre des Finances) Michel Sapin ou (de l’Economie) Emmanuel Macron, ils ont de longues histoires à raconter sur la difficulté à convaincre l’opinion publique et le Parlement de la nécessité de réformes du marché du travail », avait déclaré auparavant ce chantre de la discipline budgétaire. Nombreuses sont les voix à avoir réclamé davantage de réformes de la part de Paris. En premier lieu celle de Bruxelles. Ainsi Pierre Moscovici, le commissaire européen en charge des Affaires économiques et monétaires, avait affirmé, lors d’une interview accordé les 5 février dernier à BFMTV et BFM Business, que « l’effort de réformes doit se poursuivre ». »Il y a sans aucun doute dans les cartons du gouvernement français, dans les possibilités les potentialités de la France, d’autres réformes qui peuvent être accomplies. Ce que la Commission européenne attend c’est d’avoir une visibilité sur non pas une réforme mais sur tout un processus de réformes », développait-il. »Je sais que le président François Hollande n’a pas l’intention de s’arrêter de réformer et qu’il pense que tout son quinquennat est un quinquennat d’action et bien maintenant parlons-en », ajoutait-il. En ce sens, L’exécutif Français a envoyé mercredi dernier son programme national de réforme (PNR), un document attestant de la mise en œuvre de ses actions futures et passées. Paris espère ainsi que ces réformes permettront de créer 800 à 900.000 emplois supplémentaires d’ici à 2020 et 4 points de PIB en plus