Lagarde (FMI) craint le reflux des capitaux
« Il y a des inquiétudes grandissantes sur les retombées des politiques monétaires non-conventionnelles » qui mêlent rachat d’actifs et taux d’intérêt proches de zéro, a indiqué Mme Lagarde dans un texte fixant l’agenda de l’institution. La dirigeante, qui avait érigé mardi les banquiers centraux en « héros » de la crise, a estimé que ces politiques pouvaient toutefois provoquer des « effets indésirables » en alimentant des flux de capitaux vers les pays émergents, au risque de perturber le marché des changes et gonfler le prix de certains actifs. Ces effets « doivent être surveillés », a estimé la patronne du Fonds monétaire international qui tient cette semaine son assemblée générale à Washington. Elle a également relayé les « préoccupations croissantes » liées à la fin de ces dispositifs, qui se sont traduits par l’injection de milliers de milliards de dollars dans le circuit financier. »Beaucoup de pays émergents sont préoccupés par le possible choc qui pourrait frapper leur activité et leur système financier si d’importants afflux de capitaux refluaient rapidement » hors de leur économie, a-t-elle ajouté. Dans un rapport publié la semaine dernière, le FMI a déjà mis en garde contre un retrait « désordonné » des plans d’action des grandes banques centrales, notamment la Fed aux Etats-Unis et la BCE en Europe. »Le rythme auquel cela sera fait est important (…) parce que nous ne voulons pas avoir une situation précipitée dans laquelle les capitaux quittent soudainement le pays », a déclaré samedi sur ce point la ministre nigériane des Finances, Ngozi Okonjo-Iweala, lors d’une conférence presse. Le FMI a toutefois été chargé samedi par son instance politique, le Comité monétaire et financier international (CMFI), de mener des études approfondies pour mieux mesurer les effets de ces politiques non conventionnelles. Ces études examineront les conséquences actuelles de ces politiques, notamment sur les économies des pays émergents, cibles des importants flux de capitaux générés par ces politiques monétaires accommodantes. Mais elles s’intéresseront aussi à ce qui se passera lorsque ces politiques seront progressivement abandonnées, a précisé Mme Lagarde, pour éviter « une sortie désagréable » pour les pays concernés.