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Politique-Brics: Une alliance sulfureuse pour rééquilibrer les rapports de force internationaux

Politique-Brics: Une alliance sulfureuse pour rééquilibrer les rapports de force internationaux

Pour s’affirmer face aux puissances occidentales, les BRICS recherchent notamment à renforcer leur position dans les instances mondiales et le poids du Yuan dans le système monétaire. Par Mary-Françoise Renard, Université Clermont Auvergne (UCA)

Un article intéressant qui montre le souci des pays en développement de davantage peser au plan économique mais aussi politique. Un article qui toutefois n’insiste pas suffisamment sur le caractère très sulfureux de cette alliance composée surtout de dictatures, de théocraties et de très fragiles démocraties. Sans parler du cancer de la corruption. NDLR

S’émanciper de l’influence des puissances occidentales et constituer une nouvelle force économique et géopolitique. Tel est le souhait qu’ont exprimé les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), lors de leur 15e sommet qui s’est tenu à Johannesburg, en Afrique du Sud, du 22 au 24 août 2023. C’est aussi ce qui ressort lors du G77 qui s’est achevé le 16 septembre à la Havane.

Il ne s’agit pas de rompre avec ces puissances, mais de s’affirmer face à elles. Ces États, à l’instar d’autres pays émergents, considèrent qu’ils subissent les effets négatifs du développement des économies avancées, par exemple en matière environnementale, tout en devant en payer le prix. Ils souhaitent donc limiter leur dépendance et accroitre leur pouvoir de décision.

On retrouve parmi les BRICS des situations très diverses. Le principal point commun à ces pays est d’être des économies émergeant grâce à une forte croissance, représentant des marchés attractifs pour les investisseurs internationaux, et n’appartenant plus au groupe des pays en développement sans être entrées dans celui des pays développés.
Le sommet de Johannesburg s’est conclu par l’adhésion de 6 nouveaux pays à partir de 2024 : l’Arabie saoudite, l’Argentine, l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Éthiopie, et l’Iran. Les candidats étaient nombreux et un futur élargissement est probable. Ce sommet très médiatisé fut un succès, notamment pour la Chine, très favorable à de nouvelles adhésions, celles-ci concernant des pays avec lesquelles elle entretient de solides relations.

Deux jours avant le sommet, le président sud-africain a affirmé sa volonté de non-alignement sur les grandes puissances. Il a ainsi confirmé la position de nombreux pays refusant de condamner l’agression russe en Ukraine afin de ne pas suivre la volonté de l’Europe et des États-Unis.

Ce sommet a donc été l’occasion de rappeler l’ambition de nombreux États du sud de reconfigurer leur rôle dans la gouvernance mondiale. Cela fait plusieurs années que les BRICS souhaitent accroitre leur poids au sein des institutions internationales, particulièrement le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale. Ce vœu avait particulièrement été exprimé lors du premier G20 en 2008.

Ces demandes répétées ont fait l’objet d’un vote de principe en 2012 au FMI et une modification de ce que l’on appelle les « quotes-parts » en 2015. La quote-part d’un pays détermine le montant maximal de ressources financières qu’il s’engage à fournir au FMI ainsi que le montant maximal de prêt qu’il pourra en obtenir. Surtout, en matière de gouvernance, elle représente le pouvoir de vote dans les décisions de cette instance mondiale. Ces quotes-parts sont révisées au moins tous les 5 ans par le Conseil des gouverneurs.

Or, malgré de profonds changements dans l’économie mondiale, les économies développées continuent d’être très majoritaires dans ce pouvoir de décision. La 15ᵉ révision présentée en 2020 n’a donné lieu à aucune modification des quotas, exacerbant le mécontentement des pays émergents : les BRICS restent en position de faiblesse par rapport aux économies avancées. Plusieurs modifications ont été proposées notamment dans la méthode de calcul, sans résultat jusqu’à maintenant. Cette méthode tient pour l’heure compte, par ordre d’importance, du PIB, du degré d’ouverture de l’économie, de sa stabilité et des réserves en or et en devises du pays.

Une 16e révision générale des quotes-parts est en cours et devrait être achevée d’ici mi-décembre 2023. En attendant, face à ce qu’elle considère comme une sous-estimation de son rôle dans l’économie mondiale, la Chine, en lançant l’initiative « Une ceinture, une route » (généralement appelée projet des routes de la soie), veut permettre la création d’institutions considérées comme des alternatives au FMI et à la Banque mondiale. La Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures créée en 2013 et la Nouvelle banque de développement, appelée parfois banque des BRICS, en 2015, ont leurs sièges respectifs à Pékin et Shanghai.

La Chine détient 26 % des droits de vote dans la première, contre 16 % pour la zone euro, et accroit ainsi son rôle dans la gouvernance mondiale. L’ouverture de la seconde à de nouveaux pays comme l’Arabie saoudite va renforcer ses capacités financières tout en permettant à ce pays de diversifier ses placements. Elle n’est pas une alternative au FMI ou à la Banque mondiale mais elle renforce le pouvoir de négociation des BRICS.

Outre les instances internationales, c’est également via le marché des devises que les BRICS tentent d’acquérir un poids nouveau. Brièvement évoquée par le président du Brésil, l’existence d’une monnaie commune à ces États n’a pas été retenue et semble très peu probable compte tenu de leur hétérogénéité. Celle-ci devient en outre encore plus grande avec l’élargissement du groupe.

Le caractère international d’une monnaie s’apprécie par son utilisation en dehors de son territoire national, pour les échanges commerciaux et financiers, comme réserve de change et sur le marché des changes. Elle est un vecteur de confiance dans les transactions internationales. Depuis la création de l’euro en 1999, la part du dollar dans les réserves des banques centrales est passée de 71 à 54,7% en 2023, celle de l’euro étant de 18,3% et celle du Yuan de 2,39%. La baisse du poids du dollar est donc réelle, mais cette monnaie continue néanmoins à dominer très largement les autres, le Yuan (ou Renminbi) occupant le 7e rang.

C’est la Chine qui semble la plus à même de proposer une alternative et de permettre à certains pays de se soustraire à la domination du dollar. Le contexte y semble propice pour plusieurs raisons.

En faisant usage du pouvoir d’extraterritorialité de leur loi, permise par le statut de monnaie internationale du dollar, pour pénaliser notamment des entreprises étrangères, les États-Unis ont en quelque sorte rompu le pacte implicite qui les liait au reste du monde. En sanctionnant les pays commerçant avec ses adversaires, Washington a généré une grande inquiétude dans de nombreux pays réticents à s’aligner sur les positions américaines. D’ailleurs, à partir de 2014, début des sanctions occidentales contre la Russie, même les entreprises françaises ont diminué leur usage du dollar.

Alors que le gel des avoirs de la Russie et son exclusion du système de paiements internationaux Swift à la suite de l’invasion de l’Ukraine a été très mal perçu par nombre de pays du sud, la Russie s’est par ailleurs tournée vers le système alternatif mis en place en 2015 par la Chine, nommé CIPS pour « China International Payment System ».

L’internationalisation du Yuan progresse donc, assez lentement, mais son utilisation par les pays émergents et en développement est croissante. Il a été intégré aux Droits de tirage spéciaux du FMI en 2016. La banque centrale chinoise multiplie les accords de swaps qui facilitent les échanges de devises, et les prêts aux pays intégrés au projet des routes de la soie se poursuivent.

En juillet 2023, le yuan ne représentait que 3,06 % des paiements en devise contre 46,46 % pour le dollar et 24,42 % pour l’euro, ce qui le place au 5ᵉ rang. La taille du pays, son poids dans l’économie mondiale et particulièrement dans le commerce international pourrait soutenir la position du Yuan comme monnaie internationale.

Si l’on observe une diversification dans l’utilisation des monnaies, l’évolution la plus probable est une poursuite de ce mouvement, avec une régionalisation permettant l’usage de monnaies locales et la poursuite d’un processus d’internationalisation du Yuan, mais le dollar restant la monnaie internationale de référence. L’inconvertibilité du Yuan, le contrôle des capitaux et la taille insuffisante des marchés de capitaux de la Chine l’empêchent en effet encore de faire de sa monnaie une alternative au dollar. Celui-ci garde un rôle central dans le système monétaire international en raison du poids politique, militaire et économique des États-Unis qui, eux, présentent les garanties permettant d’avoir une monnaie internationale : un système financier de grande taille, une gouvernance de celui-ci transparente et fondée sur des règles et une faible distinction entre résidents nationaux et étrangers.

L’hétérogénéité des BRICS, la divergence de leurs intérêts rend difficile la coordination de leurs politiques. Comme ils ne souhaitent pas une rupture avec les États-Unis et l’Europe, ces rapprochements peuvent néanmoins leur permettre d’accroitre leur pouvoir de négociation et de peser sur la gouvernance mondiale sur les sujets fondamentaux que sont la lutte contre la pauvreté ou la soutenabilité environnementale du développement.

Brics: Une alliance sulfureuse pour rééquilibrer les rapports de force internationaux

Brics: Une alliance sulfureuse pour rééquilibrer les rapports de force internationaux

Pour s’affirmer face aux puissances occidentales, les BRICS recherchent notamment à renforcer leur position dans les instances mondiales et le poids du Yuan dans le système monétaire. Par Mary-Françoise Renard, Université Clermont Auvergne (UCA)

Un article intéressant qui montre le souci des pays en développement de davantage peser au plan économique mais aussi politique. Un article qui toutefois n’iniste pas suffisamment sur le caractère très sulfureux de cette alliance composée surtout de dictatures, de théocraties et de très fragiles démocraties. Sans parler du cancer de la corruption. NDLR

S’émanciper de l’influence des puissances occidentales et constituer une nouvelle force économique et géopolitique. Tel est le souhait qu’ont exprimé les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), lors de leur 15e sommet qui s’est tenu à Johannesburg, en Afrique du Sud, du 22 au 24 août 2023. C’est aussi ce qui ressort lors du G77 qui s’est achevé le 16 septembre à la Havane.

Il ne s’agit pas de rompre avec ces puissances, mais de s’affirmer face à elles. Ces États, à l’instar d’autres pays émergents, considèrent qu’ils subissent les effets négatifs du développement des économies avancées, par exemple en matière environnementale, tout en devant en payer le prix. Ils souhaitent donc limiter leur dépendance et accroitre leur pouvoir de décision.

On retrouve parmi les BRICS des situations très diverses. Le principal point commun à ces pays est d’être des économies émergeant grâce à une forte croissance, représentant des marchés attractifs pour les investisseurs internationaux, et n’appartenant plus au groupe des pays en développement sans être entrées dans celui des pays développés.
Le sommet de Johannesburg s’est conclu par l’adhésion de 6 nouveaux pays à partir de 2024 : l’Arabie saoudite, l’Argentine, l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Éthiopie, et l’Iran. Les candidats étaient nombreux et un futur élargissement est probable. Ce sommet très médiatisé fut un succès, notamment pour la Chine, très favorable à de nouvelles adhésions, celles-ci concernant des pays avec lesquelles elle entretient de solides relations.

Deux jours avant le sommet, le président sud-africain a affirmé sa volonté de non-alignement sur les grandes puissances. Il a ainsi confirmé la position de nombreux pays refusant de condamner l’agression russe en Ukraine afin de ne pas suivre la volonté de l’Europe et des États-Unis.

Ce sommet a donc été l’occasion de rappeler l’ambition de nombreux États du sud de reconfigurer leur rôle dans la gouvernance mondiale. Cela fait plusieurs années que les BRICS souhaitent accroitre leur poids au sein des institutions internationales, particulièrement le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale. Ce vœu avait particulièrement été exprimé lors du premier G20 en 2008.

Ces demandes répétées ont fait l’objet d’un vote de principe en 2012 au FMI et une modification de ce que l’on appelle les « quotes-parts » en 2015. La quote-part d’un pays détermine le montant maximal de ressources financières qu’il s’engage à fournir au FMI ainsi que le montant maximal de prêt qu’il pourra en obtenir. Surtout, en matière de gouvernance, elle représente le pouvoir de vote dans les décisions de cette instance mondiale. Ces quotes-parts sont révisées au moins tous les 5 ans par le Conseil des gouverneurs.

Or, malgré de profonds changements dans l’économie mondiale, les économies développées continuent d’être très majoritaires dans ce pouvoir de décision. La 15ᵉ révision présentée en 2020 n’a donné lieu à aucune modification des quotas, exacerbant le mécontentement des pays émergents : les BRICS restent en position de faiblesse par rapport aux économies avancées. Plusieurs modifications ont été proposées notamment dans la méthode de calcul, sans résultat jusqu’à maintenant. Cette méthode tient pour l’heure compte, par ordre d’importance, du PIB, du degré d’ouverture de l’économie, de sa stabilité et des réserves en or et en devises du pays.

Une 16e révision générale des quotes-parts est en cours et devrait être achevée d’ici mi-décembre 2023. En attendant, face à ce qu’elle considère comme une sous-estimation de son rôle dans l’économie mondiale, la Chine, en lançant l’initiative « Une ceinture, une route » (généralement appelée projet des routes de la soie), veut permettre la création d’institutions considérées comme des alternatives au FMI et à la Banque mondiale. La Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures créée en 2013 et la Nouvelle banque de développement, appelée parfois banque des BRICS, en 2015, ont leurs sièges respectifs à Pékin et Shanghai.

La Chine détient 26 % des droits de vote dans la première, contre 16 % pour la zone euro, et accroit ainsi son rôle dans la gouvernance mondiale. L’ouverture de la seconde à de nouveaux pays comme l’Arabie saoudite va renforcer ses capacités financières tout en permettant à ce pays de diversifier ses placements. Elle n’est pas une alternative au FMI ou à la Banque mondiale mais elle renforce le pouvoir de négociation des BRICS.

Outre les instances internationales, c’est également via le marché des devises que les BRICS tentent d’acquérir un poids nouveau. Brièvement évoquée par le président du Brésil, l’existence d’une monnaie commune à ces États n’a pas été retenue et semble très peu probable compte tenu de leur hétérogénéité. Celle-ci devient en outre encore plus grande avec l’élargissement du groupe.

Le caractère international d’une monnaie s’apprécie par son utilisation en dehors de son territoire national, pour les échanges commerciaux et financiers, comme réserve de change et sur le marché des changes. Elle est un vecteur de confiance dans les transactions internationales. Depuis la création de l’euro en 1999, la part du dollar dans les réserves des banques centrales est passée de 71 à 54,7% en 2023, celle de l’euro étant de 18,3% et celle du Yuan de 2,39%. La baisse du poids du dollar est donc réelle, mais cette monnaie continue néanmoins à dominer très largement les autres, le Yuan (ou Renminbi) occupant le 7e rang.

C’est la Chine qui semble la plus à même de proposer une alternative et de permettre à certains pays de se soustraire à la domination du dollar. Le contexte y semble propice pour plusieurs raisons.

En faisant usage du pouvoir d’extraterritorialité de leur loi, permise par le statut de monnaie internationale du dollar, pour pénaliser notamment des entreprises étrangères, les États-Unis ont en quelque sorte rompu le pacte implicite qui les liait au reste du monde. En sanctionnant les pays commerçant avec ses adversaires, Washington a généré une grande inquiétude dans de nombreux pays réticents à s’aligner sur les positions américaines. D’ailleurs, à partir de 2014, début des sanctions occidentales contre la Russie, même les entreprises françaises ont diminué leur usage du dollar.

Alors que le gel des avoirs de la Russie et son exclusion du système de paiements internationaux Swift à la suite de l’invasion de l’Ukraine a été très mal perçu par nombre de pays du sud, la Russie s’est par ailleurs tournée vers le système alternatif mis en place en 2015 par la Chine, nommé CIPS pour « China International Payment System ».

L’internationalisation du Yuan progresse donc, assez lentement, mais son utilisation par les pays émergents et en développement est croissante. Il a été intégré aux Droits de tirage spéciaux du FMI en 2016. La banque centrale chinoise multiplie les accords de swaps qui facilitent les échanges de devises, et les prêts aux pays intégrés au projet des routes de la soie se poursuivent.

En juillet 2023, le yuan ne représentait que 3,06 % des paiements en devise contre 46,46 % pour le dollar et 24,42 % pour l’euro, ce qui le place au 5ᵉ rang. La taille du pays, son poids dans l’économie mondiale et particulièrement dans le commerce international pourrait soutenir la position du Yuan comme monnaie internationale.

Si l’on observe une diversification dans l’utilisation des monnaies, l’évolution la plus probable est une poursuite de ce mouvement, avec une régionalisation permettant l’usage de monnaies locales et la poursuite d’un processus d’internationalisation du Yuan, mais le dollar restant la monnaie internationale de référence. L’inconvertibilité du Yuan, le contrôle des capitaux et la taille insuffisante des marchés de capitaux de la Chine l’empêchent en effet encore de faire de sa monnaie une alternative au dollar. Celui-ci garde un rôle central dans le système monétaire international en raison du poids politique, militaire et économique des États-Unis qui, eux, présentent les garanties permettant d’avoir une monnaie internationale : un système financier de grande taille, une gouvernance de celui-ci transparente et fondée sur des règles et une faible distinction entre résidents nationaux et étrangers.

L’hétérogénéité des BRICS, la divergence de leurs intérêts rend difficile la coordination de leurs politiques. Comme ils ne souhaitent pas une rupture avec les États-Unis et l’Europe, ces rapprochements peuvent néanmoins leur permettre d’accroitre leur pouvoir de négociation et de peser sur la gouvernance mondiale sur les sujets fondamentaux que sont la lutte contre la pauvreté ou la soutenabilité environnementale du développement.

École : Rééquilibrer les priorités vers les élèves pauvres

École : Rééquilibrer les priorités vers les élèves pauvres

 

Quand cessera-t-on de « faire des économies » sur les crédits destinés aux élèves pauvres ?, s’interroge, dans une tribune au « Monde », Jean-Paul Delahaye, ancien directeur général de l’enseignement scolaire. La priorité, pour le prochain gouvernement, sera de renforcer en urgence l’accompagnement sanitaire et social des élèves.

 

 

 

En France, 20 % des élèves des écoles, collèges et lycées vivent dans des familles pauvres. L’école n’est certes pas responsable de toutes les inégalités à l’œuvre dans une société qui continue à produire de la précarité, du chômage, de l’exclusion, des ghettos urbains, de la grande pauvreté.

Si les pauvres étaient moins pauvres, évidemment, leurs enfants viendraient à l’école avec une plus grande égalité de droits. Comment, en effet, entrer sereinement dans les apprentissages quand on rencontre des difficultés pour se loger, pour s’habiller, pour se nourrir, pour participer à une sortie scolaire, pour se cultiver, pour acheter les fournitures, pour se soigner ?

 

 Mais l’école n’est pas sans possibilité d’action. Or, il faut reconnaître qu’on est loin du compte pour la partie de l’action sanitaire et sociale qui est de la responsabilité de l’éducation nationale.

Il faut en particulier que le prochain gouvernement, quel qu’il soit, renforce en urgence l’accompagnement sanitaire et social des élèves. En nombre insuffisant, les assistants et assistantes des services sociaux s’épuisent dans l’accompagnement des élèves et des familles. Dans un rapport de décembre 2021, la Cour des comptes signale les effets de la pénurie de médecins et d’infirmiers scolaires : en 2018-2019, 58 % des enfants de 6 ans n’ont été vus par aucun professionnel de santé de l’éducation nationale (ils n’étaient « que » 26 % en 2013-2014).

Il faut aussi augmenter le montant des bourses qui ne sont pas aujourd’hui au niveau qu’il faudrait : par exemple, malgré la revalorisation effectuée en 2016, le montant maximal d’une bourse de collège n’est que de 459 € par an, soit 2,50 euros par jour de classe, c’est-à-dire même pas le prix d’un repas à la cantine scolaire. Il faut aussi mieux accompagner les familles pour réduire le taux de non-recours aux bourses, car la numérisation récente de la procédure d’accès à ce droit entraîne de lourdes difficultés. La « start up nation » oublie que les pauvres sont aussi des pauvres en numérique.

 

Enfin, les crédits consacrés aux fonds sociaux des établissements du second degré (pour permettre l’achat d’une tenue de sport, l’accès à la cantine scolaire, le paiement de la sortie scolaire…) doivent cesser d’être des variables d’ajustement budgétaire et être augmentés de façon significative. Rappelons que ces fonds ont été divisés par 2,3 entre 2001 (73 millions d’euros) et 2012 (32 millions d’euros). Après une augmentation de 2013 à 2017 (59 millions d’euros), ils ont à nouveau été divisés par 2 en 2020, avant d’être portés à 49,6 millions d’euros en 2022, soit encore 16 % de moins qu’en 2017. Quand cessera-t-on de faire des économies sur les crédits destinés aux élèves pauvres ?

Entreprise : Rééquilibrer utilité et performance

Entreprise : Rééquilibrer utilité et performance

 

Michel Bauwens et Raphaële Bidault-Waddington(*)., deux chercheurs militent pour une autre évaluation de la performance des entreprises.

« 

La crise covid-19 a mis à l’arrêt des pans entiers de l’économie. Malgré le dé-confinement, les réglementations, le ralentissement durable, l’incertitude, et les nouvelles normes d’usage remettent en question l’utilité et donc la source de création de valeur et la raison d’être de nombreuses entreprises. La crise accentue également la prise de conscience du caractère si peu durable et potentiellement caduque de nombreuses activités. Il n’y a pas de création de valeur économique sans valeur d’utilité, que celle-ci soit purement fonctionnelle ou d’ordre plus immatériel. Pourquoi relancer une activité à l’identique si celle-ci est en voie d’obsolescence ?

Faillites et chômages vont être les premières conséquences de cette crise paradigmatique et existentielle des organisations économiques. Les entreprises doivent ré-ausculter leurs gisements de valeurs et contributions positives à la société pour devenir résiliente et retrouver leur utilité, leur sens comme leur prospérité. Elles ne peuvent plus simplement servir leurs clients et leurs actionnaires (silo), mais doivent développer des visions éco-systémiques d’elles-mêmes prenant la pleine mesure de leurs différentes chaînes d’impact et de valeur(s), pour devenir robustes et durables. La notion d’impact vient remplacer celle de performance.

Nouvelle forme d’organisation générative

Si les audits de responsabilité sociale (RSE) ont favorisé la prise de conscience et la mesure de ces externalités, cette évaluation doit devenir le cœur de la refondation stratégique des modèles organisationnels et économiques, en tandem avec une réflexion sur leur mission, raison d’être et utilité publique (notion de purpose difficile à traduire). La labellisation des « entreprises à mission » (Loi Pacte, 2019) et des B-Corp sont des processus  qui peuvent aider les entreprises à ré-explorer en profondeur leurs gisements de valeur pour réinventer leur modèle d’affaire et leur modèle social.

La notion émergente d’ »entreprise générative » se présente aussi comme une alternative à l’entreprise « extractive« . Marjorie Kelly en propose une architecture de propriétés intéressante: vocation vitale (vs. vocation financière) ; propriétaires engagés (vs. actionnariat fantôme) ; gouvernance centrée sur la mission (vs pilotage automatique des marchés financiers) ; financeurs partenaires (vs finance « casino ») ; chaînes de valeurs éthiques (vs valeur de marchandise).

 

Le modèles des communs est une autre grille de lecture stratégique de l’entreprise pour comprendre où sont ses potentialités de réinvention, de création d’activité, d’emploi et de valeur, au bénéfice du bien commun. Le modèle des plateformes montre que la formation des communautés est le terreau sur lequel grandit l’économie collaborative. La communauté forme la valeur autour d’une infrastructure qui la catalyse et devient écosystème.

Comment chaque entreprise peut-elle réinvestir et faire éclore (générer) la valeur latente de ses différentes communautés, que ce soit ses salariés, ses clients, ses actionnaires et ses organisations partenaires (économiques, territoriaux, sociaux, culturels, académiques) ? Quelles ressources matérielles et immatérielles, usages et culture ont-elles en communs ? Quels talents former et mobiliser pour donner à l’entreprise sa capacité d’action, de transformation et de résilience (vs. capitaux inertes) ? Et quel contrat de confiance et d’échange peuvent-elle passer avec leurs parties-prenantes internes et externes pour créer ensemble valeur(s) et prospérité partagées ? La fabrique de commun est au cœur de l’entreprise générative de demain.

 

Ce laboratoire du design organisationnel et ontologique qui cherche à refonder l’entreprise, s’accompagne d’un volet comptable. Comment rendre compte des écosystèmes de valeurs et d’impacts multiples qui se forment autour de l’entreprise ?  Là encore, de nombreuses expérimentations existent. Une piste est le développement de comptabilités ‘outside-in‘ qui aide l’entreprise à s’adapter et travailler en intelligence avec la donne publique.

 

Le modèle du mouvement (germanophone) de l’Économie pour le Bien Commun (Felber), propose de faire évaluer l’entreprise par 17 clusters de partie-prenantes et d’impacts autour de l’entreprise. Sa taxation est ensuite ajustée au niveau de ses performances collectives, ce qui l’incite à aller dans la bonne direction. Une autre stratégie consiste à internaliser complètement ces nouvelles orientations, tel que le propose le projet Compta CARE.

Dans ce modèle, l’obligation fiduciaire de gérer et faire fructifier le capital financier, est étendue aux capitaux humain et naturel, formant ainsi les trois capitaux à dorénavant cultiver et préserver.  Les dirigeants deviennent légalement responsable du bon traitement de ces ‘ressources primordiales’. D’autres modèles de comptabilité en « triples capitaux » (Gray) existent. En remettant le bilan de l’entreprise dans une perspective éco-systémique, ils viennent redéfinir la notion même de valeur ajoutée.

 

Des comptabilités ‘post-capitalistes’ voit également le jour, notamment la comptabilité « contributive » adaptée aux entreprises aux cadres légaux flous tels que les communautés auto-organisées du logiciel libre ou des pratiques de design partagé (ex : arduino, wiki-house, open-motors, etc.). Par exemple, le Open Value Network de Sensorica, comptabilise, toutes les contributions, y compris non marchandes.  Le REA (Resources-Events-Agents) est lui une comptabilité de flux, conçu pour gérer des écosystèmes collaboratifs. Enfin, le projet ‘Global Thresholds and Allocations’, du groupe ‘Reporting 3..0′, intègrent les flux de ressources (matières et énergies) dans les flux comptables en tenant compte des limites planétaires.

Une autre approche comptable des écosystèmes collaboratifs, vient des technologies blockchain qui rendent possibles des comptabilités partagées.  Leurs programmes distribués façonnent simultanément une infrastructure légale, comptable et transactionnelle, autour de laquelle s’organise l’activité des entreprises impliquées, y compris leurs flux et usages les plus tangibles.

Tous ces modèles émergents sont des grilles d’analyse que les entreprises peuvent utiliser pour faire face à la crise et réinventer leurs utilité, schéma socio-économique et prospérité, tout en intégrant leurs externalités et en respectant les limites planétaires, tel que le suggère Kate Raworth dans son livre « Doughnut Economics » (Cornerstone, 2018).

*Michel Bauwens est le fondateur de la Peer to Peer Foundation (wiki.p2pfoundation.net), un réseau international de chercheurs engagés, et spécialistes de la production et de l’économie de pair à pair.

Raphaële Bidault-Waddington est la fondatrice du LIID Future Lab (liid.fr), une plateforme de recherche prospective sur les mutations des écosystèmes économiques, urbains, socio-culturels et académiques. »

 

Rééquilibrer les rapports fisc-contribuables ?

Rééquilibrer les rapports fisc-contribuables ?

 

Ce serait grandement souhaitable, c’était même l’intention gouvernement en 2008 mais force est de constater une la pratique punitive a souvent pris le pas sur la pédagogie, la confiance et la transparence selon une étude d’EY Société d’Avocats. Selon ce rapport en cause souvent la complexité de la cathédrale fiscale, aussi la dénonciation dans les médias  de quelques grandes affaires d’évasion à l’échelle internationale qui a fait dominer la stratégie du soupçon dans l’administration fiscale.  La tentative de rééquilibrer les droits des contribuables par rapport aux pouvoirs de l’administration reste en l’état de l’ordre de l’”illusion d’optique” au vu de la dissymétrie qui s’est creusée au cours des dix dernières années. “Seuls 13% des 103 mesures de procédure fiscale qui ont été votées depuis 2008 ont été des mesures en faveur des droits des contribuables, une immense majorité des dispositions l’ont été au soutien de l’administration fiscale”, note Jean-Pierre Lieb responsable  d’EY. Ce renforcement “légitime et fondé” des pouvoirs d’investigation et de sanction accordés à l’administration fiscale s’est inscrit dans un contexte international marqué par une prise de conscience croissante des Etats de la nécessité de mieux lutter contre l’évasion et l’optimisation fiscales. “En 2008, la crise a conduit les Etats à se rendre compte que leurs budgets étaient fragiles et que leurs rentrées fiscales constituaient un enjeu crucial”, précise Jean-Pierre Lieb. Et depuis la succession des révélations de type “Luxleaks”, “Panama Papers” et “Paradise papers” ont également contribué à accentuer la tendance du renforcement des arsenaux de lutte contre la fraude, à l’échelle nationale et internationale. Pour “revisiter ou au moins aménager” la législation, les trois auteurs soumettent donc 37 propositions décrites comme “raisonnables, compréhensibles, consensuelles et acceptables par l’administration” dans une logique “gagnant-gagnant, à la fois pour les contribuables mais également pour la collectivité, l’administration et les finances publiques”.

Gouvernement : un remaniement plus large pour rééquilibrer à gauche

Gouvernement : un remaniement plus large pour rééquilibrer à gauche

 

On se demande bien pourquoi il faut autant de temps pour effectuer ce mini remaniement du fait en particulier de la nomination de Castaner comme responsable de la république en marche. En faite, il ne s’agira pas d’un simple remaniement technique mais d’un remaniement un peu à l’ancienne avec la nomination de personnalités pour rééquilibrer les sensibilités politiques visant pour Macron  à se repositionner davantage à gauche. Du coup contrairement à ce qu’avait annoncé Macron,  le gouvernement pourrait être aussi pléthorique que sous les mandats précédents avec une ribambelle de secrétaires d’État qui ne servent  pas à grand-chose mais qui permettent  d’afficher des sensibilités sous représentées. On pourrait ainsi voir arriver de nouveaux ministres ou secrétaires d’État de sensibilité socialiste, écolo mais aussi des constructifs républicains afin de déstabiliser un peu plus la droite. Bref du vrai bricolage politique à l’ancienne. Le retard pour la constitution de ce gouvernement remanié tient aussi aux difficultés à vérifier l’honnêteté fiscale des personnalités sollicitées. Macron  voudrait notamment éviter un renouvellement de l’affaire Ferrand qui a permis à sa compagne de s’enrichir aux frais de la princesse lorsqu’il était directeur de la mutuelle de Bretagne. Depuis la découverte de cette affaire, la république en marche traîne Ferrand comme un boulet. Il y a aussi la sulfureuse affaire de l’enrichissement de Nicolas Hulot qui a réussi à constituer une fortune de 200 millions grâce à son business sur l’écologie. Pas étonnant d’ailleurs qu’il renvoie l’ascenseur aujourd’hui à certains lobbys qui l’ont soutenu financièrement. «La question de renforcer plusieurs ministères au périmètre très élargi se pose, glisse un visiteur du soir du chef de l’État. La réflexion a porté sur la nomination de secrétaires d’État pour épauler certains membres du gouvernement». Un peu déficients ou un peu tendres politiquement. Emmanuel Macron essaiera aussi de combler son déficit d’implantation dans la province profonde.

Réformes sociales : rééquilibrer les orientations du gouvernement

Réformes sociales : rééquilibrer les orientations du gouvernement

 

La plupart des organisations syndicales ont souhaité un décalage dans le temps du vote du Parlement. Certaines sont de bonne foi et souhaitent apporter une contribution positive à cette réforme structurelle. D’autres au contraire ont pour seul objectif de construire un front social pour combattre la politique du gouvernement. En clair, le report à l’automne du vote constitue un sérieux risque majeur de détérioration du climat social dans le pays. Certes aujourd’hui,  les syndicats à vocation essentiellement contestataire ne pourront pas organiser le troisième tour social qu’ils souhaitent  mais ils disposent cependant d’un pouvoir de nuisance suffisant pour pourrir le climat social et au-delà affecter négativement la confiance économique. Pour neutraliser l’opposition des syndicats gauchistes et corporatistes, il semble donc indispensable de rééquilibrer le projet de réforme par de nouvelles avancées pour les  salariés et les organisations qui les représentent. Globalement on ne peut qu’approuver  la philosophie du projet qui vise à décentraliser la négociation sociale dans l’entreprise mais cette décentralisation devrait aussi s’accompagner d’une plus grande association des salariés à la gestion des entreprises. L’objectif est double : permettre une meilleure appropriation de l’environnement économique de l’entreprise et renforcer le rôle de syndicats devenus complètement marginaux (le taux de syndicalisation atteint à peine 5 % sur la base de 12 timbres payés par an). Il ne s’agit pas  de dupliquer  la cogestion comme en Allemagne mais de s’en inspirer par exemple en créant des comités stratégiques consultatifs élus dans les grandes entreprises et les PME d’une certaine taille. Ces comités consultatifs auraient un rôle d’évaluation et de prospective concernant la stratégie de l’entreprise (notons que ce devrait être le rôle des comités d’entreprise malheureusement trop englués  dans la gestion des œuvres sociales et les questions accessoires). L’idée générale est de renforcer la syndicalisation et le niveau de connaissances économiques des représentants syndicaux et des salariés. D’autres formes d’association sont possibles avec la présence de représentants de salariés élus dans les conseils d’administration et/ou autre instances dirigeantes.

Projet de loi travail : « rééquilibrer le texte » (Berger, CFDT)

Projet de loi travail : « rééquilibrer le texte » (Berger, CFDT)

 

Dans le Parisien Laurent berger de la CFDT réaffirme que faciliter les licenciements pour embaucher est une erreur et réclame un sérieux rééquilibrage du texte.

 

Le recul de 15 jours de la loi, c’est uen avancée ?

Laurent Berger. C’est une première étape. Nous avons gagné l’ouverture d’une concertation. Depuis l’automne, il y a eu des discussions avec le gouvernement, mais pas sur tous les aspects du texte. Et j’ai découvert l’avant-projet de loi dans les colonnes du Parisien, cela pose un souci ! Je n’appelle pas ça une concertation. L’enjeu maintenant pour nous est de pouvoir rééquilibrer ce texte. Les deux objectifs de cette loi doivent être le renforcement de la négociation collective et des syndicats dans l’entreprise, et l’amélioration des droits rattachés à la personne  à travers le compte personnel d’activité. Partir de l’idée que pour créer de l’emploi il faille faciliter le licenciement et réduire les droits des salariés, c’est mentir aux Français et faire fausse route. Dire cela ce n’est pas non plus accepter le statu quo actuel.

 

Le premier ministre parle d’«incompréhensions», l’Elysée de manque de «pédagogie»… Et vous ?.

La CFDT a bien compris ce qu’il y avait dans le texte. Il n’y a pas un problème d’ «incompréhensions» mais de désaccords qui doivent être absolument corrigés. La CFDT prendra tous les moyens pour entrer dans une véritable concertation et faire des contre-propositions. Et si nous ne sommes pas entendus, on fera le choix de la mobilisation.

 Quels sont les points inacceptables ?

Nous refusons qu’au détour du renforcement de la négociation collective on en profite pour brader les droits des salariés. Sur le volet du temps de travail, par exemple nous refusons toutes les dispositions qui permettent à l’employeur de décider seul. Concernant le forfait jours, en l’état actuel du texte, une entreprise de moins de 50 salariés pourra décider unilatéralement d’imposer à ses salariés de travailler en forfait jours. Ce n’est pas acceptable. Pour la CFDT, il doit y avoir un principe clair dans le projet de loi : s’il n’y a pas négociation d’un accord d’entreprise, rien ne doit changer. Autrement dit, en l’absence d’accord collectif on maintient le droit existant aujourd’hui en matière de temps de travail.

 Mais comment fait-on dans les petites entreprises où il n’y a pas de syndicats ?

La CFDT va demander un mandatement, comme lorsque les 35 heures ont été mises en oeuvre. Concrètement, dans les PME de moins de 50 salariés, pour qu’il y ait un accord d’entreprise, il devra être négocié seulement avec des salariés mandatés par des organisations syndicales. L’un des problèmes posés par ce texte, c’est la différence de traitement entre les entreprises de plus de 50 salariés et celles de moins de 50.

 

 Quels sont les autres points de désaccord, les chiffons rouges ?

Concernant le travail des apprentis de moins de 18 ans autorisés dans le projet de loi à travailler 10 heures par jour et 40 heures par semaine par simple information de l’employeur à l’inspection du travail, la CFDT est contre. Le gouvernement doit rétablir de la demande d’autorisation de l’inspection du Travail, comme c’est le cas aujourd’hui. Nous demandons par ailleurs le retrait pur et simple des dispositions sur les indemnités prud’homales.

 

 Et sur le licenciement économique, un volet ajouté à la dernière minute ?

C’est inacceptable en l’état. Le périmètre sur lequel le plan social est calculé pour les entreprises multinationales ne nous convient pas: il ne doit pas se limiter à la filiale française de l’entreprise, sinon c’est la porte ouverte au dumping social. Quant à la définition du licenciement économique, la CFDT est d’accord pour la faire évoluer en lien avec la jurisprudence. Mais au lieu de retenir la notion de quatre trimestres de baisse du chiffre d’affaire consécutif, il faut passer à six trimestres. Enfin, la partie concernant la préservation et le développement de l’emploi doit aussi être revue.

 Qu’attendez-vous de la réunion syndicale prévue après-demain ?

On souhaite définir avec les organisations syndicales ce qui est inacceptable, ce qui doit être retiré, modifié. Et aussi décider de ce qui doit être amélioré, comme le compte personnel d’activité (CPA) pour lequel la CFDT s’est battue, avec d’autres syndicats. Par exemple, nous souhaitons une généralisation du compte-épargne temps pour les salariés, intégré dans le CPA.

 Plusieurs appels à la mobilisation sont lancés pour le 9 mars. Faut-il les suspendre ?

Ce n’est pas à la CFDT de dire aux autres ce qu’ils doivent faire. Certains demandent le retrait du projet de loi. Moi je suis déterminé à me battre pour améliorer le texte. Chacun prend ses responsabilités.

 Le Medef, qui réclame le maintien du projet de loi en l’état, dénonce une «intoxication» des syndicats.

Il y a des mesures qui sont inacceptables parce qu’injustes pour les salariés. Elles sont en plus inutiles car inefficaces en terme de créations d’emploi. La question est là, le Medef devrait se la poser. Il faut entendre cela.

 Craignez-vous un mouvement social qui échappe aux syndicats ?

Les salariés et ceux qui aspirent à le devenir, les jeunes, ont besoin de savoir quelles protections ils auront demain et dans quel monde du travail ils vont évoluer. Il est là le risque de désaccord profond. On sent les gens à bout. Et la période n’est pas dénuée de manipulation politique en tout genre.




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