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Personne ne veut vraiment réduire la dette !

Personne ne veut vraiment  réduire la dette !

Les avertissements pleuvent, avant comme après les élections européennes et législatives. Agences de notation financière, FMI, Commission européenne, Conseil d’orientation des retraites, Haut Conseil des finances publiques, Cour des comptes… Ces institutions partagent une même préoccupation : les dérapages de la dette publique et du déficit budgétaire en France et ses conséquences. Pour le pays, ses voisins et l’euro. Le FMI a émis un appel en faveur de nouvelles économies dès le 23 mai, et Standard & Poor’s a dégradé la note de Paris huit jours plus tard. Avant que la Commission européenne n’enclenche cette semaine une procédure pour déficit excessif contre la deuxième économie de la zone euro, dont la dette est la deuxième plus élevée des 20 États membres, derrière celle de l’Italie, et dont le déficit frôle le double du maximum de 3 % imposé par les règles européennes.

un papier de Marie-Pierre Gröndahl dans La Tribune

 

 

Le même jour, le 16 juillet, le rapport annuel sur l’économie du FMI a rappelé l’urgente nécessité de contenir la dette publique (3 160 milliards à la fin mars, soit 110,6 % du PIB) ainsi que le déficit budgétaire (5,6 % du PIB, au lieu des 4,9 % prévus), alors que les perspectives de croissance, à 0,9 % en 2024, restent faibles. « La France doit rapidement agir sur sa trajectoire budgétaire si elle veut recréer des marges de manœuvre, a estimé le chef économiste du Fonds, Pierre-Olivier Gourinchas. Sans ajustement sérieux, il sera difficile d’atteindre les objectifs d’un retour du déficit à 3 % du PIB pour 2027. » D’autant plus que la charge de la dette s’est alourdie avec les hausses de taux d’intérêt. Son coût s’élèvera cette année à 55 milliards d’euros, puis à 83 milliards par an d’ici à 2027.

Alors que le déficit budgétaire s’est accru, en raison d’un manque inattendu de recettes fiscales en 2023, les prévisions de sa réduction par l’ex-gouvernement n’ont convaincu ni Bruxelles ni Washington. L’instabilité politique amplifie les inquiétudes. « Qui que ce soit qui gouvernera demain la France devra s’emparer de cette situation des finances publiques. Il devra réduire notre endettement », a déclaré le 16 juillet Pierre Moscovici, président de la Cour des comptes et ancien ministre de l’Économie, qui avait pourtant plaidé contre les hausses d’impôt lors de son passage à Bercy. Selon lui, la précarité des finances publiques s’aggravera avec la facture de la transition énergétique, jusqu’à 7 points de pourcentage jusqu’à 2030.

Face à ces risques, aucune des forces politiques n’a proposé de mesures de rééquilibrage budgétaire. « Le NFP et le RN ont au contraire présenté des programmes comportant des dépenses supplémentaires », s’alarme le chef économiste d’une grande banque française. Parmi les mesures prônées par le FMI figurent la réduction des allocations chômage, la baisse de la masse salariale du secteur public et la limitation des « chevauchements » entre niveaux administratifs. Toutes politiquement explosives. Un autre levier serait de renoncer à l’indexation totale des pensions de retraite sur l’inflation (revalorisées de plus de 5 % au 1er janvier, pour un coût de 14 milliards d’euros). Une option rejetée par Laurent Wauquiez (LR) il y a quelques jours. Atteindre les 3 % de déficit en 2027 suppose de réaliser 80 milliards d’euros d’économies en trois ans. Reste à définir comment y parvenir.

Comment réduire la dette publique et le chômage ?

Comment réduire la dette publique et le chômage  ?

En théorie, pour réduire l’endettement public et augmenter le taux d’activité, il faut générer de la croissance tout en maîtrisant l’évolution des dépenses publiques. Pourquoi depuis les années 1970 la France n’arrive pas à contenir sa dette publique et son nombre de chômeurs ? Raisons et solution. Par Gabriel Gaspard, Chef d’entreprise à la retraite, spécialiste en économie financièreNION. .( dans La Tribune)

La dette publiquele chômageDes trente glorieuses 1945-1973, on a retenu une expansion sans précédent dans une économie de paix du lendemain de la Seconde Guerre mondiale jusqu’au choc pétrolier de 1973. Depuis les années 1970, la dette de la France se dégrade. Elle s’est aggravée avec la crise financière de 2008. Elle atteint un record avec la pandémie. La dette publique française a dépassé 100 milliards d’euros en 1981, 500 milliards d’euros en 1993, 1 000 milliards d’euros en 2003 puis 2 000 milliards d’euros en 2014. Cette dette est passée de 15% du PIB en 1974 à 110,6% du PIB fin 2023 (3 101,2 milliards d’euros). Il faut noter qu’entre 1959 et 1974, la France n’a connu que trois années de déficits publics qui n’ont jamais dépassé 1,4% du PIB.

Depuis les années 1970, l’économie mondialisée s’est profondément transformée et avec elle le marché du travail. Ces mutations pourraient encore s’amplifier sous les effets de la révolution numérique et de l’intelligence artificielle. Au début des années 1970, le nombre de chômeurs s’élevait à 510.000 personnes, soit 2,4% de la population active. Fin 2023, ce taux remontait à 7,5% soit 2,3 millions de personnes indemnisées.

Les principales raisons fatidiques de cette progression.

Les années 1970. Le 15 août 1971, Richard Nixon (Président des États-Unis d’Amérique de 1969 à 1974) suspend la convertibilité du dollar en or pour augmenter l’offre de monnaie et fait du dollar la principale monnaie de réserve. Depuis cette date il n’y a plus de lien entre le Franc et l’or. Cette fin de parité ouvre une période d’incertitude. Les Européens cherchent une solution à cette instabilité. En 1972, le Franc fait partie des six devises du « serpent » monétaire, un système de taux de change mis en place par les six membres fondateurs de la Communauté économique européenne. En 1973 est votée la loi « Pompidou-Giscard ». Elle précise que le Trésor ne peut s’endetter que de manière limitée auprès de la Banque de France : « on a eu une loi stupéfiante [...]. On a obligé l’État à aller se financer sur le marché financier privé à 4% ou 5%, et… » Michel Rocard (Premier ministre de 1993 à 1994), Mediapolis, Europe 1, 22 décembre 2012. C’est en 1993 que la loi sur l’indépendance totale de la Banque de France a été votée.

La Banque de France a joué le rôle de banquier central au service de la politique monétaire décidée par le gouvernement de 1936 jusqu’en 1994. Cette pratique est interdite depuis la création de la zone euro et la Banque centrale européenne BCE. La BCE n’a pas le droit d’apporter directement des financements aux besoins de l’État. Elle n’a pas le droit de financer les déficits publics par la création monétaire.

Les partenaires sociaux jouaient encore un rôle prépondérant dans la gestion de la Sécurité sociale. Les syndicats et le patronat géraient l’assurance chômage. La réforme Boulin en 1971 vise à relever sensiblement le niveau des pensions et en 1972 la retraite complémentaire devient obligatoire. Depuis, la gestion paritaire a été soumise de façon croissante à une tutelle publique et à des réformes législatives récurrentes qui visaient essentiellement à réduire les dépenses de l’État.

L’euro. « Le chiffre fait très mal : chaque Français aurait perdu environ 56 000 euros sur la période 1999-2017″. C’est en tout cas ce qu’affirme une étude réalisée par le centre de politique européenne de Fribourg (Allemagne), soit environ 3 304 milliards d’euros. Vingt ans après la mise en place de la monnaie unique. Emmanuel Todd dans son livre Les Luttes de classes en France au XXIe siècle aux éditions du Seuil, arrive à la même conclusion de la perte du pouvoir d’achat par les Français avec l’introduction de l’euro.

Selon Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie, l’euro au lieu de rapprocher les Européens a fini par les diviser et plomber l’économie. En d’autres termes, l’euro a contribué à un ralentissement économique et à des pertes de pouvoir d’achat pour les ménages européens.

L’euro est un frein à la croissance dans l’Union économique et monétaire. Quatre sous-périodes se distinguent : 1985-1991, 1992-1998, 1999-2016 et 2017-2022 pour 3 zones : monde, États-Unis et zone euro (données Banque mondiale).

 

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Dans la plupart des pays, l’introduction de l’euro n’a pas provoqué l’accélération promise de la croissance. Pour d’autres, l’accélération de la croissance s’est accompagnée de l’accroissement de déséquilibres structurels. Il faut réajuster aujourd’hui son taux de conversion au temps et à la réalité du poids de chaque pays dans la zone euro. Le traité de Lisbonne ne contient aucun mécanisme permettant la sortie de la zone euro.

La crise de 2008. Déclenchée aux États-Unis en 2007-2008, la crise des subprimes trouve son origine dans un excès d’endettement des particuliers. En 2008, face à cette crise, les banques centrales européennes ont abaissé leurs taux, ont injecté des liquidités et ont acheté de la dette publique et privée. La BCE a injecté 4 000 milliards d’euros de 2011 à 2017. En 10 ans, la crise financière a coûté approximativement 1 541 milliards d’euros à la France en termes de produit intérieur brut (PIB) selon les calculs d’Éric Dor, directeur des études économiques à IESEG School of Management. La dette de la France a augmenté de 1 000 milliards d’euros sur 10 ans entre 2007 et 2017. Pour la même période, le total de remboursement d’intérêts des dettes, à lui seul, s’est élevé à 500 milliards d’euros.

Le nombre de chômeurs indemnisés en France au sens du Bureau international du Travail (BIT) est ainsi passé de moins de 2 millions à près de 2,8 millions, une hausse de 40% entre mi 2008 et mi 2014. Le taux de chômage a augmenté de 7,3% à 10,5% de la population active.

Les taux de croissance de la productivité, très bas dans les années 1970-1980 (en moyenne inférieurs à 1% alors qu’ils se situaient autour de 3% dans les années 1960). La productivité du travail a progressé de manière régulière d’environ 1,3% de 1990 à la crise de 2008-2009. Après la crise de 2008, elle a connu une chute inédite de 2,6 points. Pour la période 2010-2016, la productivité a recommencé à croître, mais à un rythme de 0,9% inférieur à celui d’avant crise.

La pandémie. Déclenchée en Chine, l’impact économique du coronavirus (COVID-19) a été violent. Si l’on fait le compte total, sur les trois années frappées par la crise sanitaire (2020, 2021 et le début 2022), la facture de la crise sanitaire dépasse les 140 milliards d’euros.

Afin de faire face aux conséquences économiques de l’épidémie de COVID-19, en juillet 2020, l’Union européenne a mis sur pied un plan de relance de 806,9 milliards d’euros, 750 milliards d’euros au prix de 2018 (Next Generation EU). Ce plan octroie des subventions (338 milliards d’euros) et des prêts pour soutenir les réformes et les investissements (385 milliards d’euros) dans les États membres de l’UE. Ils ont décidé de s’endetter en commun et de rembourser cet emprunt de 2028 à 2058 (30 ans). La France a bénéficié de 40,3 milliards d’euros.

Pour la productivité du travail, avant la nouvelle crise sanitaire, de 2016 à 2019, les entreprises françaises accumulaient une productivité de +3,8%, 1,7% de cette productivité sera perdue en 2020. Depuis la crise sanitaire, d’après Dares, le niveau de productivité au travail continue de diminuer. En 2022 elle a baissé de 3% par rapport à 2019. In fine, de 1990 à 2022, la France a gagné en 33 ans en moyenne 0,85% par an.

Le Traité de Lisbonne. Adopté en 2007, le Traité de Lisbonne encadre actuellement le fonctionnement de l’UE. « Il a été engagé à la suite du résultat négatif de deux référendums sur le traité constitutionnel tenus en mai et juin 2005« . Le but de ce Traité était de favoriser la croissance et l’emploi tout en maintenant la compétitivité de l’économie européenne.

On s’aperçoit aujourd’hui, dans un contexte international ébranlé, marqué par une guerre à la porte de l’Europe, une nouvelle guerre au Moyen-Orient et une tension entre la chine et les États-Unis, que ce Traité n’a pas créé le renouveau voulu des modèles capitalistes européens. Il a cherché à réformer un modèle néolibéral par un mouvement de réformes structurelles (retraite, chômage, etc.). Depuis le début des années 1990, 7 réformes se sont succédé pour rétablir l’équilibre financier des régimes des retraites. À partir de la convention de 1979, qui marque une rupture avec la période 1958-1979, l’assurance-chômage ne fonctionne plus comme une assurance et les conditions sont de plus en plus restrictives.

Pour la première fois, la poussée des partis extrémistes, des partis nationalistes ou des partis populistes de gauche ou de droite, etc., s’observe dans une large majorité de pays européens. Cette droitisation pose une question du renouveau de l’économie européenne.

L’économie française est mise en déséquilibre par les dettes publiques, donc la solution, pour sauver la France, est de supprimer les emprunts d’État.

Les aides publiques aux entreprises sont en très forte hausse depuis les années 2020. La Cour des comptes estime à 260,4 milliards d’euros le soutien financier total pour les années 2020-2022 (y compris les prêts garantis et report du paiement des cotisations sociales). Le ministère du Budget évoque un montant de l’ordre de 140 milliards d’euros d’aides d’État en 2018 et l’Institut de recherches économiques et sociales (Ires) évalue à 157 milliards d’euros le montant global en 2019. Le bilan de ces mesures est jugé contrasté. Mais si l’État avait investi des milliards d’euros au lieu de soutenir les entreprises ?

Une étude réalisée dans l’essai Vers une économie écosociale pour sortir des crises (édition Vérone) montre un redressement spectaculaire des comptes publics de la France en 5 ans de 2020 à 2024 si cet argent avait été investi pour stimuler la croissance en temps de crise.

Pourquoi ne pas recourir à l’épargne des ménages pour soutenir l’économie sous forme de livrets réglementés (5 000 milliards d’euros en 2019 et 6 185,60 milliards d’euros fin 2023). D’après l’OFCE l’étude Investissement public, Capital public et croissance, coordonnée par Xavier Ragot et Francesco Saraceno, en période de crise et en particulier lorsque la politique monétaire atteint la borne zéro des taux d’intérêt, les investissements auront un effet de création de richesse estimée à un multiplicateur de 2 et 60 centimes rendus à l’État pour chaque euro investi.

Il s’agit d’investir chaque année : 100 milliards d’euros pour le pacte vert français ; 40 milliards d’euros pour le pacte dépendance et handicap ; 50 milliards d’euros pour le pacte républicain de solidarité ; 80 milliards d’euros pour le pacte ruralité et 10 milliards d’euros pour le développement responsable des PME-PMI.

Les résultats. À fin 2024, avec 6,1 millions de personnes inscrites à France Travail et une création de 5,26 millions d’emplois avec une réduction du coût public de 105,2 milliards d’euros, il y a bien un retour comme dans les années 1970 à moins de 1 million de chômeurs.

La dette publique tomberait à 1 494,86 milliards d’euros avec un taux d’endettement de 28,65%. La création de richesse par an est de 560 milliards d’euros avec 168 milliards d’euros de nouvelles recettes dans les caisses de l’État.

L’idée est d’investir pour soutenir une croissance supérieure à l’inflation et protéger les épargnes des ménages ; lutter contre les déserts médicaux et le déclin de l’espace rural ; atteindre la neutralité climatique tout en créant des emplois et en améliorant la qualité de vie ; freiner la poussée des extrêmes ; réformer le modèle néolibéral vers une économie écologique sociale et citoyenne et sortir de la démocratie de la rancune.

Réduire la dette ou la croissance ?

Réduire la dette ou  la croissance ?

En 2023, la dette publique de la France, au cœur des débats awvec le déficit public, s’élevait à 3088,2 milliards d’euros, soit 111,7 % du PIB. Dans sa loi de finances (LF) pour l’année 2024, le gouvernement avait pour objectif de la ramener à 108,3% du PIB à l’horizon de 2027 (soit un recul de -3,4 points de PIB). Ce désendettement prévu de l’État résultait d’un effort budgétaire très modéré : entre 2023 et 2027, les dépenses de consommation publique ne baissaient que de 23,3 à 22,1% du PIB et les transferts de 25,3 à 24,3% du PIB. Ainsi les dépenses publiques étaient ramenées aux niveaux d’avant la crise du Covid.

 

Par Fabien Tripier, Université Paris Dauphine – PSL ; François Langot, Le Mans Université ; Jean-Olivier Hairault, Paris School of Economics – École d’économie de Paris ; Jocelyn Maillard, Cepremap et Selma Malmberg, Sciences Po dans la Tribune

Le désendettement reposait donc surtout sur l’hypothèse d’une croissance forte, qui aurait dû augmenter mécaniquement les recettes. Or le contexte économique a changé. Et avec les perspectives confirmées de ralentissement économique, la réduction de la dette ne pourra s’obtenir que par un recul plus marqué des dépenses publiques, toute hausse des impôts étant écartée par le gouvernement.

Comment réduire les dépenses publiques pour baisser la dette publique tout en se fixant comme objectifs de ne pas dégrader davantage la croissance et de contenir les inégalités ? Pour répondre à cette question aux enjeux économiques et sociaux, nous avons eu recours dans notre recherche au modèle développé par l’observatoire de macroéconomie du Centre pour la Recherche économique et ses applications (Cepremap).

Pour opérer le bon arbitrage, il convient tout d’abord de rappeler qu’il existe trois grandes catégories de dépenses publiques : la consommation publique (par exemple l’éducation nationale ou la défense), les transferts d’assurance sociale indexés sur les revenus, appelés transferts bismarckiens (pensions de retraite, indemnités chômage et autres revenus de remplacement) et les transferts d’assistance sociale, non indexés sur les revenus, appelés transferts beveridgiens (santé, action sociale et logement, famille et pauvreté). De notre point de vue, cette distinction entre les transferts bismarckiens et beveridgiens est importante pour la croissance et les inégalités. En effet, comme ils sont indexés sur les revenus, les transferts bismarckiens sont par nature neutres sur le plan de la redistribution, alors qu’au contraire, les beveridgiens sont fortement redistributifs.

Décrivons maintenant les implications des différents scénarios retenus. Si ces 20 milliards d’euros par an d’économies portent uniquement sur la consommation publique, alors les effets récessifs seront importants. Sur la période considérée, le taux annuel de croissance se réduirait de 0,51 point de pourcentage. Ce ralentissement économique pénaliserait fortement les ménages défavorisés, très dépendants des revenus d’activité. En conséquence, les ménages à haut revenu consommeraient 5,07 fois plus que ceux à bas revenu, au lieu de 4,83 dans le scénario de la LF. Concernant le ratio de la dette rapportée au PIB, s’il baisse effectivement de 1,8 point de pourcentage à l’horizon de 2027, il dépasserait les niveaux prévus dans la LF jusqu’en 2026, du fait de la récession créée par la baisse de la consommation publique.

Si ces 20 milliards d’euros par an d’économies portent de façon homogène sur les deux types de transferts, bismarckiens et beveridgiens, alors il n’y aura pas d’effets récessifs. En effet, dans ce cas, les ménages seraient incités à accroître leur offre de travail pour maintenir leur niveau de consommation. Cela compenserait alors les effets potentiellement récessifs de la baisse des transferts sur la demande globale. Cette réduction des dépenses publiques permet alors une forte baisse du ratio de la dette rapportée au PIB qui atteindrait 104,7 % en 2027 (-3,6 points de pourcentage par rapport à la LF 2024). Mais, dans ce scénario, la baisse des transferts d’assistance de type beveridgien, diminuant fortement le pouvoir d’achat des ménages défavorisés, génèrerait un fort accroissement des inégalités (les ménages à haut revenu consommeraient 5,29 fois plus que ceux à bas revenus).

Ces deux premiers scénarios échouent donc à concilier le désendettement public, le maintien de la croissance et la maîtrise des inégalités. Une solution pourrait consister à agir sur la composition des dépenses publiques. Les économies porteraient sur les transferts bismarckiens, en les réduisant d’un montant supérieur à 20 milliards par an (-39 milliards par an). Ce recul serait partiellement compensé par une hausse des transferts beveridgiens (+19 milliards d’euros par an). Cela représente toujours 20 milliards d’euros d’économies au total. Dans ce cadre, le PIB est stimulé à la fois par la hausse des heures travaillées et de la demande de consommation des plus défavorisés (avec + 0,17 point de pourcentage de taux de croissance annuel sur la période). Ceci induit dans le même temps une réduction des inégalités : les ménages à haut revenu consommeraient 4,75 fois plus que ceux à bas revenu, grâce au soutien à la consommation des plus pauvres, mieux ciblée par les transferts de type beveridgiens. Le ratio de la dette publique sur le PIB diminue à 106,0 % en 2027, soit une réduction de 5,7 points par rapport à la situation actuelle, améliorant les prévisions de la LF de 2,3 points.

Ce résultat souligne combien la stratégie gouvernementale adoptée dans la LF 2024 était à la fois risquée, en tablant exagérément sur la croissance, et sous-optimale, en laissant de côté des possibilités de réduction de la dette publique qui n’entravaient ni la croissance, ni la lutte contre les inégalités.

Depuis l’adoption de la LF 2024, l’ensemble des stratégies budgétaires est contraint par les dernières décisions du gouvernement. La baisse de la consommation publique est déjà engagée pour un montant de 10 Md€ et la réduction des transferts bismarckiens (lors de la réforme des retraites de 2023) a été insuffisante. Une stratégie s’appuyant sur une recomposition des transferts publics reste néanmoins à privilégier. Pour minimiser les pertes de croissance et contenir la hausse des inégalités, un ajustement budgétaire reposant sur une réduction de 10 Md€ de la consommation publique et de 19,3 Md€ pour les transferts bismarckiens, accompagnée d’une hausse de 9,3 Md€ des transferts beveridgiens, ne ferait perdre que 0,17 point de pourcentage de croissance par an. Elle freinerait la hausse des inégalités : les ménages à haut revenu consommeraient 4,91 fois plus que ceux à bas revenu. La dette publique s’établirait à 106,3 % du PIB, soit une réduction de 2 points supplémentaires par rapport à la LF 2024.

Ce résultat en matière de croissance et d’inégalités domine largement celui obtenu dans le cas d’une simple baisse de 20 milliards d’euros par an de la consommation publique. Cette réduction des transferts bismarckiens peut résulter d’une baisse des pensions de retraite via leur désindexation sur l’inflation pendant deux années. La hausse des transferts beveridgiens via la hausse des minima sociaux (minimum vieillesse, RSA, etc.) limiterait les conséquences négatives sur les inégalités des autres ajustements budgétaires.

Le chemin à suivre pour parvenir à désendetter l’État français sera complexe. Débattre des priorités sur le plan des dépenses publiques est néanmoins d’autant plus nécessaire que de nouvelles dépenses liées au changement climatique sont à prévoir. En l’absence d’une croissance forte et durable, le gouvernement devra arbitrer entre une protection sociale plus ou moins redistributive et le financement de la transition énergétique ou des autres biens publics pour contenir son endettement et respecter les règles du pacte européen de stabilité et de croissance.

Le Maire veut réduire le financement du développement de la fibre

Le Maire veut réduire le financement du développement de la fibre

Le gouvernement a décidé de réduire de 150 millions le plan de développement de la fibre. Un non-sens économique évidemment car il s’agit d’une technologie support fondamentale pour le développement économique, aussi pour l’aménagement du territoire

Le ministre de l’économie a décidé de tailler dans le financement du plan France Très haut débit (PTHD), qui ambitionne d’apporter la fibre à tous les Français à l’horizon 2025. D’après le décret, Bercy compte annuler près de 38 millions d’euros d’autorisations d’engagement, et près de 117 millions d’euros de crédits de paiement. Un coup de rabot, qui, au total, atteint plus de 154 millions d’euros.

 

Les collectivités, elles, sont très remontées. Interrogée par La Tribune, l’Avicca, l’influente association regroupant les collectivités impliquées dans le numérique, ne mâche pas ses mots. Elle se dit « stupéfaite ». L’association considère, notamment, que ces annulations de financement « mettent en péril le financement des RIP ». C’est-à-dire les Réseaux d’initiative publique déployés dans les campagnes grâce, en partie, aux deniers de l’Etat. L’Association des maires de France (AMF) y est aussi allée de son coup de gueule. « Le plan France Très haut débit perd 40% de ses crédits », déplore-t-elle dans un communiqué, soulignant que l’ensemble des réductions budgétaires présentées ce jeudi vont « lourdement impacter le quotidien des Français ».

 

Pesticides: réduire les risques mais soutenir notre souveraineté alimentaire

Pesticides: réduire les risques mais soutenir notre souveraineté alimentaire


La semaine dernière, pas moins de cinq ministres ont participé à la présentation des orientations de la stratégie Ecophyto 2030, visant à la réduction de l’utilisation des produits phytopharmaceutiques en France. Après Ecophyto 1 & 2, ce nouveau plan s’inscrit dans le même esprit que celui des précédents — qui ont tous échoué —, avec un objectif chiffré de baisse de l’usage des pesticides. Comble du ridicule, on annonce encore une fois l’objectif arbitraire d’une réduction de 50  % de volume, comme ce fut déjà le cas, il y a quinze ans, lors du Grenelle de l’environnement, et toujours sans aucune évaluation scientifique préalable.

La tribune de Gil Rivière-Wekstein, fondateur et rédacteur de la revue « Agriculture & Environnement » dans l’Opinion.

Or, ce qui importe, ce n’est pas une réduction quantitative, mais une réduction des risques pour la santé et pour l’environnement. Ce n’est pourtant un secret pour personne que la réduction quantitative globale des pesticides n’induit pas une réduction automatique des risques ! De même, on peut parfaitement réduire un risque sans diminuer de façon importante les quantités. Notamment grâce à de meilleurs outils de pilotage.

En gardant un mauvais indicateur — celui des quantités, alors qu’il faudrait un indicateur des risques —, on fait fausse route. D’autant plus qu’on met systématiquement de côté la question essentielle, qui consiste à savoir pourquoi un agriculteur utilise des produits phytosanitaires. Un rapport du ministère de l’Agriculture rendu en juillet dernier apporte une réponse claire à cette question : « Dans beaucoup de cas, le choix de recours à la molécule chimique autorisée permet d’optimiser le temps passé et le coût, et donc assurer une double performance économique et sociale. » C’est précisément la mise en péril de cette double performance qui pose un problème non seulement pour l’agriculteur, mais plus généralement pour la compétitivité de la Ferme France.

Il faut arrêter cette focalisation sur les questions quantitatives qui ne veulent rien dire
Indicateurs. Tout le monde s’accorde pour affirmer la nécessité de garantir notre souveraineté alimentaire, ce qui implique aujourd’hui une augmentation de la production agricole végétale comme animale, car nous importons déjà beaucoup trop. Il nous faut donc définir avant tout un cadre avec des objectifs de production qui soient quantitatifs et qui répondent à nos besoins. C’est dans ce contexte seulement qu’on peut engager un plan Ecophyto qui doit, lui, se focaliser sur une réduction des risques, mais sans mise en péril de la production.

Il nous faut donc, au préalable, un indicateur de production. Sans celui-ci, il ne sera pas possible de mesurer les conséquences des décisions qui sont prises sur les pesticides. Ces deux indicateurs — de production et de réduction des risques — doivent remplacer les indicateurs quantitatifs que sont les Nodu (pour Nombre de doses unités) et les IFT (Indicateur de fréquence de traitements). Et surtout, il faut arrêter cette focalisation sur les questions quantitatives qui ne veulent rien dire. « Sortir du glyphosate », simplement pour sortir du glyphosate, reste une aberration, dès lors que les solutions de substitution passent par des solutions moins vertueuses pour la santé et pour l’environnement.

C’est seulement lorsqu’on aura ces deux indicateurs qu’il sera possible de réaliser correctement les arbitrages. Autrement dit : il nous faut savoir quels sont les risques que nous sommes prêts à accepter, y compris pour la biodiversité, et pour quel niveau de production. Car il est évident qu’on peut parfaitement produire des quantités considérables si l’on accepte des risques considérables — ce qui n’est pas souhaitable —, tout comme on peut éviter tout risque en ne produisant plus rien — ce qui n’est pas davantage l’objectif. Tant que le pilotage avec ces deux indicateurs qui doivent être acceptés par la société n’est pas mis en place, on ira droit dans le mur.

Gil Rivière-Wekstein est fondateur et rédacteur de la revue « Agriculture & Environnement » et auteur de nombreux ouvrages sur les grands questionnements alimentaires.

Une nouvelle réglementation des télécoms pour réduire la dépendance numérique de l’Europe

Une nouvelle réglementation des télécoms pour réduire la dépendance numérique de l’Europe

Réduire la dépendance numérique de l’Europe notamment vis-à-vis des États-Unis mais aussi de la Chine, ce serait l’objet d’une nouvelle réglementation des télécoms en Europe. Actuellement dans le champ européen, le marché est complètement éclaté entre une multitude de petits opérateurs qui ne peuvent évidemment avoir d’ambition mondiale.

Thierry Breton veut « faciliter les opérations transfrontalières et la création de véritables opérateurs d’infrastructures paneuropéens ». Seuls de tels acteurs auraient, d’après le commissaire, « l’envergure nécessaire pour exploiter pleinement le potentiel d’un marché des télécommunications à l’échelle de l’UE ».

Parmi les enjeux de la nouvelle loi il s’agit donc de favoriser la création d’opérateurs susceptibles de rivaliser avec des grands mondiaux. Il y aura aussi la question des attributions de fréquences des services 3G, 4G ou 5Gc’est et leurs tarifs aujourd’hui coûteux pour les opérateurs. Sans parler de la complexe question de l’utilisation des données.

ÉLECTRICITÉ:60 % des Français pensent réduire leur consommation

ÉLECTRICITÉ:60 % des Français pensent réduire leur consommation

Selon la nouvelle enquête « L’Opinion en direct » menée par Elabe pour BFMTV, 60% d’entre eux ont l’intention de réduire leur consommation dans les prochains jours et les prochains mois.

Et pour cause, ils sont presque autant (59%) à juger que le risque de coupures au cours de l’hiver est « élevé ». Une situation qui inquiète par ailleurs la moitié des sondés (50%, dont 14% « très inquiets »), et en particulier les catégories populaires (59% inquiets), les moins de 50 ans (58%) et les femmes (55%).
71% des 18-24 ans prévoient de réduire leur consommation

Parmi les actions les plus citées figurent le changement de leurs ampoules classiques pour des LED (91%, dont 76% le font déjà et 15% prêts à le faire), privilégier le programme « éco » ou décaler l’utilisation du lave-linge ou lave-vaisselle (89%), baisser le chauffage (84%) et débrancher systématiquement les appareils en veille (84%).
En revanche, 3 Français sur 10 (31%) disent qu’ils voient quelques gestes qu’ils pourraient faire pour réduire leur consommation mais que « ce n’est pas très clair » et 6% indiquent qu’ils ne savent pas quoi faire concrètement pour y parvenir.

Si une majorité de Français se dit prêt à faire un effort pour limiter le risque de coupures d’électricité, 27% considèrent que c’est avant tout aux entreprises de faire des efforts, tandis que 69% estiment que les entreprises et les particuliers doivent faire autant d’effort. Seuls 4% jugent que c’est d’abord aux particuliers d’agir.

Selon RTE, les Français ont déjà réduit leur consommation électrique ces dernières semaines, avec un recul qui s’est amplifiée la semaine dernière, à -8,3% par rapport à la moyenne des années précédentes (2014-2019).

Réduire la dépendance économique du pays Christophe Lecourtier

Réduire la dépendance économique du pays par Christophe Lecourtier (Business France)

Christophe Lecourtier (Business France)Estime nécessaire de réduire la dépendance économique

La redécouverte du plan en quelque sorte avec France 2030 mais il est probable que les moyens ne seront pas à la hauteur de l’enjeu si l’on compare par exemple la France et l’Allemagne NDLR


Les menaces de récession se précisent partout en Europe. Où se situent l’économie française actuellement et l’attractivité de la France en particulier ?

CHRISTOPHE LECOURTIER – La situation de l’économie française est contrastée mais le tableau est loin d’être complètement noir. Les créations d’emplois restent dynamiques. Le moral des chefs d’entreprise, dans l’industrie, est en voie d’amélioration. La croissance devrait rester positive à la fin de l’année. L’attractivité de la France fait face aux difficultés du contexte international. Au sein de l’Europe, la France est confrontée aux mêmes problématiques que la plupart de ses voisins.

Elle a cependant la chance de disposer de France 2030, qui éclaire le moyen terme. Ce projet fixe des priorités et mobilise des moyens importants. Plus de 50 milliards d’euros sont mobilisés pour favoriser le développement des énergies renouvelables mais aussi des industries de la santé, de l’agroalimentaire…etc. France 2030 vise à réduire notre dépendance aux importations et redonner au tissu industriel français une longueur d’avance.

Quel regard portez-vous sur les perspectives pour l’année prochaine ?
En 2023, le monde entier risque de traverser une zone de turbulences. D’où l’importance de se projeter au-delà. Au regard de nos voisins, la France est la seule à avancer cette vision. L’Allemagne est confrontée à sa dépendance au gaz russe et le Royaume-Uni change très souvent de politique économique. Dans le domaine de l’énergie, la France fait face à une potentielle difficulté en termes de génération d’électricité mais nous disposons de nombreuses centrales nucléaires qui devraient se remettre en fonctionnement dans quelques mois.
La France a également annoncé la construction de nouveaux réacteurs. Cette vision et ces projets vont conforter la volonté des investisseurs étrangers de continuer à choisir la France comme leur destination favorite. Jusqu’en octobre, nous constatons une légère croissance du nombre de projets potentiels d’investissement par rapport à 2021 alors que c’était déjà une année record.

Dans un contexte géopolitique particulièrement tendu, comment aidez-vous les entreprises tricolores à se projeter à l’international ?
Nous aidons les entreprises étrangères à venir prendre part à cette stratégie France 2030. Les trous dans la raquette industrielle de la France ne seront pas tous comblés par des entreprises françaises. Business France compte bien donner envie aux entreprises étrangères de participer à la réindustrialisation et, par ailleurs, nous aidons les entreprises françaises, les PME et les ETI, à exporter en plus grand nombre et davantage en s’appuyant sur la Team France Export.
A cet égard, les équipes de la Team France Export, partout en France, aident nos entreprises à définir leur stratégie et à choisir les marchés étrangers prioritaires pour elles. A l’étranger, nos équipes les accueillent et les accompagnent pour rencontrer les bons partenaires. C’est un outil puissant, qui fonctionne efficacement, car le nombre d’exportateurs a augmenté ces dernières années malgré la pandémie. La France compte sur son territoire 139.000 exportateurs contre 132.000 au début du précédent quinquennat. C’est plus qu’en Italie. Même si la balance commerciale est négative en raison notamment du coût de l’énergie, les exportations connaissent une belle dynamique. Sur le premier semestre 2022, la France a davantage exporté qu’au premier semestre 2019 avant la crise sanitaire.

Vous avez récemment organisé les deuxièmes rencontres de la Team France Invest. Quelles sont les nouvelles priorités de la stratégie d’attractivité à l’international de la France et de ses régions ?
La souveraineté industrielle et la réindustrialisation font partie des priorités. Cela doit passer notamment par France 2030. Il y a également un axe de priorité sur la méthode de travail avec les régions. Car c’est dans ces territoires que les projets atterrissent. Nous avons renforcé le travail en équipe avec les régions, pour offrir aux investisseurs étrangers un « front uni », par le biais des équipes de la Team France Invest.
Ce « meilleur accompagnement » est très concret. Il s’agit d’aider les entreprises à trouver des terrains, de la main-d’œuvre, les bonnes aides pour réussir leur implantation. La Team France Invest entend être le guichet unique pour les investisseurs étrangers.

Lors d’une récente intervention devant la Commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, vous avez évoqué le sujet du foncier en France. Comment concilier cette problématique et celui des enjeux de préservation environnementale ?
Le foncier disponible en France n’est pas abondant. On a travaillé à identifier des sites clés en main, c’est-à-dire des lieux ayant toutes les autorisations nécessaires pour limiter l’impact environnemental ou archéologique. 127 territoires ont été identifiés. Les entreprises évoquent aussi certaines difficultés résultant du dispositif de « zéro artificialisation nette » des sols.
Cela implique de mieux utiliser les friches, mais ce n’est pas toujours adapté aux besoins. Il existe aussi des enjeux d’acceptabilité des populations des projets qui peuvent être polluants. Il faut réussir à jongler entre tous ces paramètres et trouver le bon équilibre. Il faut concilier les règles nécessaires, le respect des souhaits des populations et en même temps ne pas s’interdire de poursuivre la réindustrialisation.

La France est devenue en 2019 le premier pays en matière d’accueil d’investissements étrangers en Europe. La guerre en Ukraine risque-t-elle de mettre un coup d’arrêt à cette place de leadership sur le Vieux continent ?
La France a réussi à passer de la troisième place en 2017 à la première place en 2019. Nous avons réussi à conserver cette place en 2020 et 2022, et même creuser l’écart avec l’Allemagne et la Grande Bretagne. Le Royaume-Uni semble entré dans une ère d’instabilité économique et politique. En Allemagne, la question énergétique est très forte dans le contexte de la guerre en Ukraine et de la dépendance au gaz russe. L’Europe, et l’Allemagne en particulier, ont compris qu’elles ne voulaient plus être prises en otage d’un fournisseur qui prend le gaz comme une arme.
Les pays compétiteurs de la France sont logés à la même enseigne. Actuellement, tous les pays en Europe connaissent des prix très élevés de l’énergie. Tous les pays doivent faire face à l’inflation et la désorganisation des chaînes de production. Je suis convaincu que le pays gagnant sera celui qui sera capable de présenter un projet à l’horizon 2030. C’est un horizon suffisamment loin pour espérer que la guerre en Ukraine soit terminée et que l’inflation soit contrôlée. Mais c’est un horizon suffisamment proche pour un investisseur. Les investisseurs qui viennent en France investissent pour des durées suffisamment longues. Il s’agit de prendre en compte les évolutions annoncées et de bénéficier des avantages traditionnels du site France. Cette période de turbulences peut compliquer les décisions d’investissement mais pas particulièrement en France. Ce n’est pas l’Hexagone qui est dans l’œil du cyclone.

Le renchérissement des matières premières et des prix de l’énergie menace-t-il tous les efforts réalisés en matière de réindustrialisation et de relocalisation ?

Il faut espérer que ce renchérissement ne dure pas trop longtemps. La France doit être suffisamment convaincante sur le projet France 2030 pour que les investisseurs étrangers continuent à s’intéresser à notre territoire, et aient envie de bâtir à notre côté nos industries de demain.

Les investisseurs que nous rencontrons raisonnent sur du moyen terme. Ils sont évidemment sensibles aux sujets conjoncturels mais ce qui les guide dans leur choix d’implantation, ce sont des trajectoires. C’est tout le sens de France 2030 qui dessine cette transition de notre économie à travers des choix clairement énoncés.

Dans les pharmacies françaises, certains médicaments manquent à l’appel. Le phénomène est en train d’empirer, frappant désormais certains antibiotiques et imposant aux autorités sanitaires de prendre des mesures d’urgence. Comment faire pour inciter les industries pharmaceutiques à rapatrier leurs productions en France ?
La santé fait partie des filières prioritaires de France 2030. La pandémie a montré que la France était trop dépendante, notamment de la Chine, mais pas seulement, en matière de médicaments. Depuis 2020, la France a commencé à rapatrier certains éléments des chaînes de production. Aujourd’hui on se bat en permanence pour pouvoir localiser ici de nouveaux produits, tout en recherchant un bon équilibre entre les incitations offertes aux investisseurs et une maîtrise des dépenses en matière de santé.

Même si la France ne peut pas être autosuffisante, la santé est un secteur suffisamment critique pour que des efforts soient faits afin de reconstituer ou développer un tissu industriel dans ce domaine. Il y a un vrai besoin, qui justifient des efforts pour que les industriels français et étrangers développent leurs activités chez nous. Ma conviction qu’il existe un environnement des affaires, et un régimes d’aides, suffisamment attractifs pour que ces industriels restent, viennent et se développent.

Ecologie: Réduire la population, la solution miracle !

Ecologie: Réduire la population, la solution miracle !

Une curieuse contribution pour réduire la pollution et le réchauffement climatique, celle de « l’association Démographie responsable » publiée dans le « Monde ».Il s’agit de diminuer la population pour réduire les besoins de ressources. Une proposition qui d’une certaine manière rejoint les solutions des partisans de la décroissance forte.

On peut se demander comment un journal comme « le Monde » laisse passer de telles propositions qui en fait s’adressent directement aux pays en développement. Cette orientation ne saurait en effet concerner les pays développés où au contraire la démographie en nette baisse ne permet plus de remplacer les populations existantes ( même en Chine).

Il est clair qu’en supprimant la vie sur Terre, on supprimerait aussi les besoins en ressources des populations !

Ce que ne dit pas cet article ,c’est que l’essentiel des ressources n’est pas consommé par les pays pauvres mais au contraire par les pays développés. De la même manière, les pays occidentaux sont globalement les plus responsables des émissions polluantes et du réchauffement climatique.

Une exception toutefois avec la Chine dont les industries sont particulièrement polluantes mais qui pour la plupart sont la résultante de la délocalisation d’unités de production occidentale.

À noter aussi que dans les pays en développement pour précisément des inquiétudes économiques et sociétales, la tendance est nettement orientée vers une baisse de la natalité.

Sobriété énergétique : réduire la mobilité et réaménager le territoire

Sobriété énergétique : réduire la mobilité et réaménager le territoire

 

Les experts de la mobilité Christophe Gay et Sylvie Landriève proposent, dans une tribune au « Monde », de réorganiser les territoires pour réduire les distances de déplacement liés au travail, aux loisirs, au commerce.

Du fait de l’aménagement du territoire qui concentre de plus en plus les activités, les ménages sont sont de plus en plus prisonnier de l’automobile avec laquelle ils effectuent en moyenne 60 km par jour. Cette dépendance à l’automobile est évidemment coûteuse mais c’est aussi l’un des principaux facteurs explicatifs des émissions polluantes et des gaspillages d’énergie NDLR

 

Elisabeth Borne, Christophe Béchu et Agnès Pannier-Runacher, respectivement première ministre chargée de la planification écologique et énergétique, ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires et ministre de la transition énergétique, ont un chantier historique devant eux pour réduire les émissions de CO2 du pays.

Mais ce chantier ne peut aboutir que s’ils tirent les conséquences de ces dernières années marquées par les crises sociale « gilets jaunes », sanitaire avec le Covid-19, et écologique. Ces crises ont conforté et mis en lumière une aspiration à vivre autrement identifiée depuis longtemps : en 2016 déjà, huit Français sur dix déclaraient aspirer à ralentir au quotidien et à vivre en plus grande proximité (Enquête internationale sur les aspirations liées à la mobilité et aux modes de vieForum Vies Mobiles, 2016).

Un appel qui est aussi une opportunité pour réussir la transition écologique et sociale, les Français parcourant en moyenne 60 kilomètres par jour. Très peu d’entre eux peuvent réellement se passer de voiture. Cette dépendance a été renforcée depuis des décennies par un aménagement qui sépare et éloigne les lieux à rejoindre au quotidien avec les logements d’un côté, les zones industrielles ou de bureaux d’un autre et les centres commerciaux ailleurs encore.

Les transports : 30 % des émissions nationales de CO2

Mais la moyenne masque de fortes inégalités : les temps de déplacement des Français varient dans une proportion de 1 à 30 et les distances qu’ils parcourent de 1 à 60. Ainsi, si 30 % des Français pratiquent déjà l’essentiel de leurs activités en proximité, ce n’est pas le cas des autres, en particulier de tous ceux dont le travail nécessite des déplacements au quotidien qu’ils soient conducteurs, livreurs, aides à domicile, artisans, ou agents d’entretien …

Energies-Gaz et pétrole : réduire drastiquement la consommation en Europe

Energies-Gaz et pétrole : réduire drastiquement la consommation en Europe

 

Face à l’augmentation des risques pour la sécurité énergétique, les gouvernements européens doivent cesser de subventionner le pétrole et le gaz et demander aux citoyens de consommer moins, estime, dans une tribune au « Monde », l’économiste Simone Tagliapietra.

 

La décision de la Russie de couper l’approvisionnement en gaz naturel de la Pologne et de la Bulgarie marque une escalade sérieuse dans la tentative russe de se servir de l’énergie comme arme contre l’Europe. D’autres interruptions pourraient bientôt avoir lieu, transformant en réalité ce qui, jusqu’à présent, n’était qu’un scénario catastrophe théorique pour l’Europe.

Face à cette situation qui se détériore rapidement, les gouvernements européens doivent enfin prendre au sérieux la réduction de la demande de pétrole et de gaz et prendre deux mesures : cesser de subventionner le pétrole et le gaz de manière universelle et demander aux gens de consommer moins. Bien que politiquement difficiles, ces deux mesures sont désormais nécessaires de toute urgence, tant du point de vue de la sécurité énergétique que des finances publiques, et ne peuvent plus être reportées.

Car l’Europe doit s’atteler sérieusement à réduire sa consommation de pétrole et de gaz. Depuis le début de la crise énergétique en Europe à l’été 2021, les gouvernements européens ont fortement subventionné la consommation de pétrole et de gaz, par le biais d’une grande variété d’interventions allant des subventions directes aux réductions d’impôts. Initialement conçues pour apporter une solution rapide à ce qui était censé n’être qu’un problème temporaire de prix élevés de l’énergie, ces mesures sont désormais devenues structurelles et beaucoup plus importantes.

 

Depuis septembre 2021, de grands pays européens comme l’Allemagne, la France, l’Italie et l’Espagne ont dépensé chacun environ 20 à 30 milliards d’euros pour faire baisser artificiellement les factures de gaz et d’électricité, ainsi que les prix de l’essence et du diesel. D’aussi importantes subventions du pétrole et du gaz ne sont pas seulement insoutenables du point de vue des finances publiques. Elles sont également préjudiciables du point de vue de la géopolitique et de la sécurité énergétique, sans parler de l’environnement.

Comme l’Europe importe 40 % de son gaz et 25 % de son pétrole de Russie, il s’agit essentiellement de subventions à M. Poutine.

Gaz et pétrole : réduire drastiquement la consommation en Europe

Gaz et pétrole : réduire drastiquement la consommation en Europe

 

Face à l’augmentation des risques pour la sécurité énergétique, les gouvernements européens doivent cesser de subventionner le pétrole et le gaz et demander aux citoyens de consommer moins, estime, dans une tribune au « Monde », l’économiste Simone Tagliapietra.

 

La décision de la Russie de couper l’approvisionnement en gaz naturel de la Pologne et de la Bulgarie marque une escalade sérieuse dans la tentative russe de se servir de l’énergie comme arme contre l’Europe. D’autres interruptions pourraient bientôt avoir lieu, transformant en réalité ce qui, jusqu’à présent, n’était qu’un scénario catastrophe théorique pour l’Europe.

Face à cette situation qui se détériore rapidement, les gouvernements européens doivent enfin prendre au sérieux la réduction de la demande de pétrole et de gaz et prendre deux mesures : cesser de subventionner le pétrole et le gaz de manière universelle et demander aux gens de consommer moins. Bien que politiquement difficiles, ces deux mesures sont désormais nécessaires de toute urgence, tant du point de vue de la sécurité énergétique que des finances publiques, et ne peuvent plus être reportées.

Car l’Europe doit s’atteler sérieusement à réduire sa consommation de pétrole et de gaz. Depuis le début de la crise énergétique en Europe à l’été 2021, les gouvernements européens ont fortement subventionné la consommation de pétrole et de gaz, par le biais d’une grande variété d’interventions allant des subventions directes aux réductions d’impôts. Initialement conçues pour apporter une solution rapide à ce qui était censé n’être qu’un problème temporaire de prix élevés de l’énergie, ces mesures sont désormais devenues structurelles et beaucoup plus importantes.

 

Depuis septembre 2021, de grands pays européens comme l’Allemagne, la France, l’Italie et l’Espagne ont dépensé chacun environ 20 à 30 milliards d’euros pour faire baisser artificiellement les factures de gaz et d’électricité, ainsi que les prix de l’essence et du diesel. D’aussi importantes subventions du pétrole et du gaz ne sont pas seulement insoutenables du point de vue des finances publiques. Elles sont également préjudiciables du point de vue de la géopolitique et de la sécurité énergétique, sans parler de l’environnement.

Comme l’Europe importe 40 % de son gaz et 25 % de son pétrole de Russie, il s’agit essentiellement de subventions à M. Poutine.

Démagogie :Macron veut réduire les droits de successions « modestes »

Démagogie :Macron veut réduire les droits de successions modestes

 

Une orientation pas à la hauteur des enjeux politiques économiques et stratégiques mais qui fait plaisir aux intéressés, celle qui consiste pour Macron à annoncer  une réduction des droits de successions modestes. Une manière de faire semblant de réduire les inégalités car Macron ne prévoit pas d’augmenter les droits sur les très grosses successions. De cette manière, Macron propose à peu près le contraire de ce qu’il envisageait en 2017.

 

«Je ne fais pas partie de ceux qui pensent qu’il faut augmenter les droits de succession à tout-va, au contraire. (…) La transmission est importante pour nous (Français). Donc je pense qu’il y a des choses à améliorer. Il faut plutôt accompagner les gens pour les aider à transmettre les patrimoines modestes», esquissait-il déjà début janvier. Sans toutefois rentrer dans le détail pour bien entretenir le flou et les espérances. On est loin évidemment des enjeux  stratégiques qui pourraient menacer l’économie et la paix.

Transports: Réduire la mobilité ?

Transports: Réduire la  mobilité ? 

 

Christophe Gay, co-directeur du Forum Vies Mobiles, s’interroge dans la Tribunesur une société du toujours plus de mobilités, là où il y a trop de déplacements inutiles ou subis. De son côté, Mathieu Flonneau, enseignant-chercheur d’histoire contemporaine à l’Université de Paris 1, met lui en garde contre un risque de déclassement social qu’entraînerait la mise en oeuvre de la « ville du quart d’heure » ou du « territoire de la demi-heure ».

En réalité une question qui est aussi liée à l’urbanisation et à l’aménagement du territoire; Sans cette prise en compte la question est assez théorique NDLR

 

Alors, faut-il réduire la demande de mobilité ?

 

Oui, la démobilité est nécessaire. Jusqu’ici, notre société a utilisé deux leviers pour résoudre le problème de la pollution et des émissions de gaz à effet de serre liées à la mobilité. Celui de l’innovation technologique, en améliorant l’impact environnemental des carburants ou en jouant sur l’efficacité des moteurs. Et le levier du transfert modal en encourageant les personnes à quitter leur voiture pour aller vers les transports en commun ou le vélo. Mais, il y a un levier qui est totalement ignoré par les autorités alors qu’il est celui le plus recommandé par l’ONU et d’autres organisations internationales : celui d’éviter les déplacements. Cette démobilité consiste à réduire les distances parcourues au quotidien et le temps passé à se déplacer. Au 19ème siècle, nous parcourions 4 km par jour en moyenne. Aujourd’hui, c’est 60 km et 1h30 par jour. Ces pratiques de mobilité sont ancrées dans notre quotidien, et peuvent paraître aussi naturelles que respirer de l’air. Mais toutes nos enquêtes démontrent que chez certains, cette mobilité est une contrainte et qu’ils en souffrent. Pour eux, l’aspiration à réduire le temps passé dans les transports et les distances parcourues est très forte.

Par ailleurs, le mouvement des gilets jaunes a mis en lumière la forte dépendance des gens à la voiture individuelle, une mobilité non seulement carbonée mais aussi coûteuse. Pour ceux qui n’ont que la voiture pour se déplacer, la moindre hausse de taxe ou des prix du carburant devient invivable. Aussi, si l’on veut répondre à l’urgence climatique sans exacerber les inégalités face à la mobilité, il faut offrir des solutions alternatives qui permettent de moins utiliser la voiture. Ce n’est plus seulement un enjeu environnemental, c’est aussi une question de pouvoir d’achat, de qualité de vie et également de santé publique en rendant possible la pratique de la marche et du vélo.

Pour que ces alternatives à la voiture soient crédibles, il faut donc repenser l’organisation des territoires afin de favoriser les activités en proximité et réduire les distances à parcourir au quotidien. C’est ce que l’on appelle la ville du quart d’heure ou le territoire de la demi-heure. Dans les deux cas, il s’agit de réunir dans un même espace les divers centres d’intérêt qui poussent aux déplacements : le logement, l’emploi, les commerces et les lieux de loisirs. Certes ; redéployer les services publics, les commerces, repenser la localisation des entreprises et des logements… tout cela prend du temps. Aussi ; il faut sans attendre poser les bases d’un système moins dépendant de la voiture individuelle. Comment ? En proposant des infrastructures de transport alternatives (pistes pour les vélos et la marche, transports collectifs…) et en réorganisant nos activités pour éviter certains déplacements subis ou inutiles grâce, par exemple, au télétravail. La mobilité ne peut plus être la variable d’ajustement des modes de vie des individus car elle est aliénante dans sa configuration actuelle !

 

Non. Il ne faut pas pousser à la démobiltié. A travers ce concept, on observe une tentation d’expliquer la dégradation des conditions de vie par la dégradation de l’accès aux mobilités. Pourtant, la réalité de la démobilité n’est pas fondée sur la seule sobriété écologique, mais plutôt sur une contrainte qui a trait à l’accroissement du coût de la mobilité, à la saturation problématique des modes capacitaires et au coût du foncier qui atteint des records dans certaines zones, poussant ainsi les gens à s’éloigner. Il existe également une contrainte liée à la congestion qui, paradoxalement, est parfois mise en œuvre par les autorités elles-mêmes lorsqu’elles restreignent volontairement la circulation.

La ville autoréalisatrice du quart d’heure illustre les faiblesses du concept de démobilité. D’un côté, elle revendique cette sobriété dans la consommation de mobilité, alors qu’en réalité, cette ville miraculeuse du quart d’heure est extrêmement équipée, connectée et incarne le triomphe des flux logistiques qui ne sont pas moins carbonés. En outre, ce modèle urbain s’avère être le promoteur pervers de la précarisation du travail, avec l’ubérisation des transports avec ses VTC ou son cortège de livraisons de repas minutées. C’est la Silicon Valley qui prospère sur cette imposture !

On peut donc regretter que cet hypercapitalisme moralisant, qui est à l’origine de ce concept de démobilité, impacte durablement les emplois liés aux déplacements (les métiers des transports publics régulés et de l’industrie automobile) mais aussi tout le tissu économique et le maillage des territoires. Le schéma d’une démobilité qui favoriserait les hyper-centre-villes au détriment de leurs périphéries reproduit donc, dans les faits, une nouvelle forme de ségrégation sociale, qui paupérise et perpétue, sous une nouvelle forme, une France du déclassement.

« L’intelligence artificielle pour réduire l’empreinte environnementale ?

« L’intelligence artificielle  pour réduire l’empreinte environnementale  ?

Michaël Trabbia est responsable de l’innovation d’Orange. Passé par le cabinet du Ministre délégué à l’Industrie, diplômé de Polytechnique et Telecom ParisTech, il est persuadé que la pédagogie et le débat sont les meilleurs moyens de convaincre les réfractaires au progrès technique. À condition de s’assurer que l’éthique est bien respectée dans les technologies sensibles comme l’intelligence artificielle. (Cet article est issu de T La Revue de La Tribune – N°7 Décembre 2021)

 

L’innovation est une notion parfois difficile à cerner. Quelle est votre définition ?

Michaël Trabbia Pour moi, il s’agit d’apporter un service nouveau qui va permettre de simplifier ou d’enrichir la vie des utilisateurs. Ce type de services est très présent dans l’industrie du numérique. Dans un monde menacé par le dérèglement climatique, l’industrie du numérique peut-elle s’affranchir d’une réflexion sur son empreinte carbone ? Chez Orange, nous plaidons pour une innovation à impact positif, pour l’usager comme pour la société. Le bitcoin est un bon exemple. II y a un vrai sujet sur la consommation énergétique de cette technologie (estimée à 115 TWh, soit plus que les Pays-Bas, ndlr). C’est un point que l’on ne peut ignorer. L’innovation doit être bénéfique pour l’utilisateur, mais dans le cadre d’une démarche soutenable.

Quels sont les exemples de technologies qui peuvent aider à lutter contre les émissions de GES (gaz à effet de serre) ?

M.T. Le numérique, en nous permettant de communiquer à distance, a permis de limiter les déplacements. Nous sommes passés de la lettre manuscrite au téléphone, puis au courriel et maintenant aux outils de communication collaborative. Nous avons vu en cette période de Covid que le numérique nous a donné la possibilité de continuer à travailler en étant confinés. Si nous sommes capables d’ajouter un ou deux jours de travail à distance pour la moitié des salariés dans le monde, nous aurons un impact énorme dans la limitation des émissions de CO2. Autre exemple : le bâtiment. Avec les objets connectés, il est possible de faire baisser de 20 % à 30 % la consommation d’énergie. L’optimisation de la logistique avec de l’IA est un autre élément important de cette baisse des émissions de GES.

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