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Élections législatives : l’union de la gauche, le meilleur moyen de reculer encore

Élections législatives : l’union de la gauche, le meilleur moyen de reculer encore

Après la décision surprise de Macron de dissoudre l’Assemblée nationale et de provoquer de nouvelles élections, la question se pose d’ores et déjà de l’hypothèse d’une nouvelle union de la gauche. En tout cas,c’est ce que envisage la plupart des médias et certains responsables notamment chez les insoumis.

Le problème, c’est que pour  cette nouvelle union de la gauche , la défaite risque d’être encore plus dévastatrice en termes de résultats électoraux. En effet d’une façon générale insoumis, écolo et marxistes du parti socialiste font l’objet d’un rejet massif de la part de la population. Un front uni serait l’association de leurs faiblesses alors qu’individuellement ils peuvent espérer sauver les meubles mais sans doute pas envisager de récupérer la majorité.

En outre la bataille dans l’hypothèse d’une union risque d’être sanglante pour les investitures. En effet les insoumis vont continuer de réclamer la majorité des sièges alors qu’ils ont été largement battus par les sociaux-démocrates de Glucksmann. Ces derniers surtout éventuellement alliés  avec les écolos voudront occuper la majorité des investitures.

Le mieux pour tous serait qu’ils se présentent sous leurs drapeaux respectifs au premier tour au lieu de constituer une nouvelle alliance complètement hétéroclite de bobos, de communistes et de sociaux-démocrates.

Écologie–La radicalité fait reculer la cause environnementale

Écologie–La radicalité fait reculer la cause environnementale
(Bertrand Piccard)

Dans un entretien exclusif avec La Tribune, au lendemain de la conclusion de la COP 27 de Charm el-Cheikh , Bertrand Piccard, président de la Fondation Solar Impulse, psychiatre et explorateur, auteur du premier tour du monde en ballon (1999) puis en avion solaire (2015-2016), dresse le bilan amer de cette décevante Conférence sur le Climat. Entretien dans la Tribune

(La 28ème Conférence des Parties sur le Climat de l’ONU (COP 28) se déroulera du 30 novembre au 12 décembre 2023 à Dubaï, aux Émirats Arabes Unis! )

Une tribune intéressant mais un peu approximative sur la question du coût de l’électricité et des conditions nécessaires à la production de l’hydrogène NDLR

COP 27 s’est terminée sur une déclaration finale peu ambitieuse et une résolution sur la compensation des dégâts causés par le changement climatique subi par les pays vulnérables. Quel bilan en tirez-vous ?
BERTRAND PICCARD- Le bilan est très contrasté entre, d’un côté, un secteur privé qui prend beaucoup d’initiatives, certains pays qui sont avant-gardistes dans leur lutte contre le changement climatique et, de l’autre, des négociations qui aboutissent à des mesures extrêmement peu ambitieuses. C’est tout juste si l’objectif de contenir la hausse de la température moyenne à 1,5 degré d’ici à la fin du siècle a été conservé. On le doit probablement en partie à l’appui du G20 qui s’est tenu en Indonésie.

À Charm el-Cheikh, des pays voulaient revenir en arrière, passer à 2 degrés, parce qu’ils disaient que l’objectif était impossible à tenir. Il n’y a pas eu de progrès par rapport au charbon, au pétrole et au gaz et, au stade actuel, on voit qu’on n’est pas du tout en ligne pour empêcher la catastrophe. L’accord final stipule que les pays qui ne sont pas en ligne avec cet objectif doivent corriger leurs intentions, leurs engagements, mais il ne s’agit que d’une incitation. Ce n’est pas du tout quelque chose de contraignant. Mais on parle, c’est vrai, d’une avancée historique parce qu’il faut bien mettre de l’historique quelque part pour compenser la catastrophe du reste.

Certains disent que c’est historique qu’on ait enfin pris en compte les revendications des pays les plus vulnérables au changement climatique causés par les pays industrialisés. C’est vrai, c’est une question de pollueur payeur. Il y a un fond qui a été déterminé. Mais on ne dit pas encore comment il sera utilisé, ni combien il y aura dedans, alors qu’autrefois on parlait de 100 milliards de dollars par an. Ce qui a permis d’arracher l’accord des Occidentaux, c’est que ce fond va être ciblé sur les pays vulnérables, en excluant la Chine, qui se considérait comme un pays en développement et voulait recevoir une partie de ces indemnités, alors qu’elle est la deuxième puissance économique mondiale et le gros pollueur de la planète. Bref, un peu de ménage a été fait. Tant mieux, mais on est encore très loin de ce qu’il faut pour éviter la catastrophe.

L’ombre de la crise géopolitique, que ce soit la guerre en Ukraine, l’attitude protectionniste de la Chine, ou le comportement des pays producteurs de pétrole, a-t-elle fait voler en éclat l’esprit de l’Accord de Paris ?
Je pense que les pays européens se sont beaucoup repliés sur eux-mêmes à cause de la crise ukrainienne. C’est indéniable. C’était assez difficile pour eux de pouvoir exiger d’autres pays de réduire leur consommation de pétrole, de charbon et de gaz, alors qu’eux-mêmes rouvrent des mines de charbon. Cela décrédibilise les demandes. Ce qu’on voit, c’est une revendication justifiée des plus démunis face aux nantis. Cela se voit à toutes les échelles de la société.

En France, dans les revendications politiques et sociales, mais aussi à l’échelle mondiale où, indéniablement, les pays les plus démunis veulent se faire aider par les pays les plus riches. On a beaucoup trop de déséquilibres financiers dans ce monde. Il y a des gens qui n’ont plus rien à perdre. Il y a une vraie revendication. Il y a de plus en plus de personnes qui considèrent -à raison – qu’il est inacceptable de vivre en-dessous du minimum vital, en-dessous des seuils de santé, d’éducation… La lutte contre les changements climatiques cristallise aussi cette revendication sociale des pays pauvres vis-à-vis des pays riches.

L’an dernier vous disiez à l’issue de la Cop 26 de Glasgow, qui elle aussi avait été fortement critiquée pour son manque d’ambition que la Cop n’était que la partie émergée de la lutte contre les changements climatiques et qu’il y avait eu des avancées en coulisse. Y a-t-il eu de telles avances en coulisse à Charm el-Cheik ?
Oui, ce qui manque, ce sont les consensus politiques finaux. Car, pour avoir l’unanimité, c’est toujours le pays le moins ambitieux qui gagne. En revanche, au niveau des coalitions, cela avance. À Glasgow, une coalition avait été créée contre le méthane. Cette année j’ai participé à la réunion des 50 ministres qui avaient signé cette coalition. C’était une rencontre destinée à contrôler ce que chacun avait fait dans le cadre de la lutte contre le méthane. Cela avance aussi au niveau de la finance, des entreprises privées, des solutions techniques.

C’est pourquoi je suis très frustré de voir que les négociations politiques sont si peu ambitieuses, alors qu’il y a autant de solutions prêtes et autant d’engagements prêts à être fructifiés au niveau du secteur privé.
Vous avez évoqué la crise en Ukraine. La crise énergétique qu’elle a provoquée et le retour du charbon ou du gaz porte-t-il un coup très dur à la transition écologique ou va-t-il au contraire permettre de l’accélérer ?
Cela porte un coup dur à la transition. La plupart des gens ne comprennent pas que la réponse devrait être la même pour les deux situations. La crise en Ukraine et la transition énergétique nécessitent toutes les deux qu’on diminue la part des énergies fossiles pour la remplacer par des énergies renouvelables et qu’on augmente tous les systèmes qui permettent d’être plus efficient sur le plan de l’énergie, des ressources, de l’alimentation, des déchets… C’est la même réponse, mais dans l’esprit des gens c’est dissocié. Pour eux, la crise ukrainienne va nous donner froid cet hiver ou l’hiver prochain et la lutte contre le réchauffement climatique coûte cher. Les deux problèmes s’ajoutent, alors qu’ils devraient se soustraire.
Vous avez évoqué la finance, le président d’une grande banque française affirmait récemment que la finance jouait le jeu et que le financement du charbon serait fini en 2030. Et qu’il était possible de viser fin 2037 en Europe pour le pétrole en raison de l’électrification du parc automobile. Croyez-vous que le rôle de la finance soit en train de changer sous la pression de la société civile ?

Effectivement, je pense que les dates sont justes sur l’arrêt des énergies sales. Maintenant je ne sais pas ce que vont faire les banques chinoises ou émiraties.
Il y a deux poids, deux mesures ?
L’Occident, au niveau secteur privé, va plus vite. À Glasgow il y avait eu un texte disant qu’il fallait viser la diminution progressive du charbon. L’Inde a demandé cette année de rajouter du charbon, du gaz et du pétrole parce qu’ils en utilisent beaucoup, alors que l’Occident utilise plutôt du gaz et du pétrole. Les pays occidentaux ont refusé que le gaz et le pétrole soient placés dans les objectifs de diminution progressive. C’est quand même ahurissant ! Il y aura toujours beaucoup trop de gens qui voudront utiliser le pétrole, le gaz et le charbon, mais ce ne sera probablement plus financés par les banques occidentales qui sont loyales à la cause climatique et ont la volonté de se désengager des énergies polluantes.

Vous étiez jusqu’ici très prudent sur le nucléaire pour réussir la transition écologique. Or, la crise actuelle montre les effets pervers de ce renoncement puisqu’il entraîne aujourd’hui une augmentation de l’électricité issue du charbon ou du gaz. Greta Thunberg a changé d’avis et n’appelle plus à l’arrêt de l’atome. Quelle est votre position aujourd’hui ?
Je dois dire que le nucléaire reprend une place qu’il n’avait plus. Je suis d’accord, il est aberrant aujourd’hui de démonter les centrales nucléaires si elles fonctionnent et si elles sont sûres. Mais il faut voir le prix que cela coûte. Le renouvelable aujourd’hui coûte moins cher que le nucléaire, même en comptant le stockage. Donc il faut être prudent si on veut reconstruire des centrales nucléaires, car on va se retrouver avec un prix d’électricité beaucoup plus élevé qu’avec le renouvelable.

Aujourd’hui, on voit des choses extraordinaires. Quand on parle de l’intermittence du renouvelable et qu’on affirme qu’on ne pourra pas le stocker, on voit que l’on peut construire de très grands réseaux, sur plusieurs fuseaux horaires, avec des renouvelables différents et des câbles qui transportent l’électricité produite en continu, à très haut voltage. On ne perd presque rien. 1% par 1000 km, ce qui est insignifiant. Il y a un projet qui pourra fournir 8% de l’électricité britannique. Elle sera produite au Maroc et sera acheminée en Angleterre en passant par des câbles sous-marins via les côtes espagnoles et portugaises. C’est extraordinaire. Ce courant sera livré en Angleterre pour beaucoup moins cher que le nucléaire. Ou faut-il investir ? Il faut donc être très prudent quand on veut faire davantage de vieilles choses, plutôt que de faire des nouvelles.

Depuis le crise sanitaire, les pays occidentaux cherchent à réindustrialiser leurs pays (ce qui permet d’éviter les émissions liées au transport) et à recréer un secteur minier pour disposer des métaux rares nécessaires à la transition énergétique. Or, de telles initiatives se heurtent parfois à l’hostilité des écologistes. L’écologie radicale peut-elle entraver ce processus de rapprochement de la production des centres de consommation, qui permet de baisser les émissions ?
Vous répondez avec la question. Dès qu’on est radical, on échoue à atteindre un objectif consensuel, un objectif bon pour l’ensemble. Qu’on soit radical de droite, de gauche ou écologique. Ce qu’il faut, ce n’est pas de la radicalité mais du réalisme, atteindre un objectif indépendamment de sa propre idéologie. Il faut prendre ce qu’il y a de bon partout. Il n’y a aucune raison, quand on est écologiste et qu’on veut protéger l’environnement, de rejeter tout ce qui permet sur le plan énergétique ou sur le stockage des minéraux, de bloquer tous les progrès. En fait, en étant trop radical, on arrive à l’opposé de ce que veut l’écologie : on atteint un rejet de la part des autres. On fait peur, on effraye. Aujourd’hui, l’écologie devrait fédérer et réunir, plutôt qu’effrayer ou rejeter.

On voit beaucoup de mouvements de jeunes qui bloquent des autoroutes, s’accrochent à des tableaux. Est-ce que ce mouvement, qui traduit une éco anxiété, peut être efficace pour changer les mentalités de ceux qui ne veulent pas changer et faire accepter une bascule plus rapide des choses. Pensez-vous que ces mouvements aient un rôle à jouer d’éveilleur de conscience, ou qu’ils sont contre-productifs ?
C’est le thème d’une chronique que j’ai écrite sur l’éco-violence et l’éco-résistance. Cela m’interroge beaucoup. En fait, les terroristes et les résistants sont toujours définis en fonction de leur camp et de l’époque. Les résistants les plus valeureux en France durant la Deuxième Guerre étaient considérés comme des terroristes par les Allemands. On va voir comment on jugera les éco-violents. C’est vrai que c’est révoltant de voir qu’il ne se passe rien. Quand on voit que des gens polluent outrageusement par pur égoïsme, il y a de quoi commencer à s’agiter. Et il y a des gens qui s’agitent beaucoup, parfois au point de devenir violents. Je ne peux pas soutenir la violence, mais je peux la comprendre. Tout dépend contre quoi elle est axée.

Si c’est sur des tableaux qui n’ont absolument rien à voir avec les changements climatiques, c’est immature. Si c’est sur des choses hyper polluantes, on peut se demander si ce n’est pas un acte assez héroïque. Autrefois, il y avait des écologistes qui s’opposaient aux transferts des déchets radioactifs, qui bloquaient des trains. Ils attaquaient directement la cause qu’ils voulaient défendre. Si on dégonfle les pneus des SUV en ville, on s’attaque à la cause qu’on veut défendre. C’est différent que de jeter de la soupe sur des tableaux qui n’ont rien à voir avec la cause. Il faut bien regarder. Je ne soutiens pas la violence, mais il y a un moment où, voyant qu’il ne se passe rien, je comprends que certains deviennent violents.

L’Europe a pris une réglementation pour la fin des moteurs thermiques dans l’automobile en 2035, mais ne devrait-elle pas prendre aussi des décisions plus dures concernant le poids des véhicules électriques, mettre des limites de poids ou taxer ceux qui ne veulent rien changer à leurs habitudes ?
Taxer très fortement, ceux qui ont de quoi acheter de grosses voitures, lourdes polluantes et chères ont de quoi payer les taxes. Ce n’est pas vraiment utile. Ce serait de nouveau les gens les plus démunis qui souffriraient le plus. Je crois qu’il faut des limites de poids. C’est aberrant d’avoir des voitures très lourdes, même électriques, ou extrêmement puissantes, alors que la vitesse est limitée à 130 km/h sur autoroute.

À quoi cela sert de pouvoir rouler à 200 km/h. Il faudrait mettre des limites de poids. Mais c’est difficile pour le législateur, parce qu’il faut intervenir sur les gammes de production et je pense que les constructeurs vont s’y opposer fermement. Le courage politique serait de l’imposer massivement. On ne peut plus accepter qu’autant de choses aussi polluantes soient mises sur le marché. Mais il n’y a pas que les grosses voitures, il y des chauffages polluants, des gadgets, des ampoules incandescentes qui continuent à être vendues dans certains pays à la place des LED. Il faut aller beaucoup plus vite. Mais je tiens à souligner que la Commission et le Parlement européen sont beaucoup plus ambitieux que les pays pris individuellement. Il faut vraiment leur tirer notre chapeau.

Concernant l’hydrogène, il existe un débat en Europe entre ceux qui prônent une production locale et ceux qui préfèrent miser sur le commerce international pour l’importer. Quel est votre point de vue ?
On a commencé à faire le projet Desertech pour produire de l’hydrogène au Maghreb et le transporter en Europe. Mais on voit une autre tendance qui est en train de se dessiner. Les pays du sud demandent aux pays du Nord, au lieu de faire monter l’hydrogène, de faire descendre l’industrie chez eux. De mettre l’industrie plus près de la production de l’hydrogène. Comme on voit qu’il faut de l’hydrogène pour décarboner les aciéries et les productions d’engrais, les pays du sud demandent que les industries d’engrais et d’industrie soient délocalisées chez eux. Ce n’est pas aussi facile que ce qu’on croit. Mais moi je pense que ce qui est intéressant pour l’hydrogène, c’est quand même d’en produire chez soi, plutôt que de le transporter.

La prochaine Cop se tiendra à Dubaï. Que pensez-vous du choix de ce pays du Golfe, symbole de la démesure ?
Dubaï ne produit ni pétrole, ni de gaz. Ce n’est donc pas Dubaï qui va pousser le pétrole. D’autres émirats en produisent, comme Abu Dhabi, et c’est vrai que cette Cop va être essentiellement une Cop des Émirats arabes unis. Je connais bien les gens des Émirats. Ils ont absolument besoin d’un succès à cette Cop. Ils ne peuvent pas se contenter d’avoir le même type de résultat qu’à Glasgow ou Charm el-Cheik. Et les Occidentaux ne vont pas accepter davantage de pétrole dans le futur parce que la Cop est à Dubaï. Il est possible que les négociations soient assez dures, mais qu’on avance quand même. Il ne faut pas oublier qu’Abu Dhabi est un pays qui gagne plus avec ses placements financiers qu’avec son pétrole. C’est pour cela qu’on avait décollé avec Solar Impulse depuis Abu Dhabi Ils ont des sociétés qui investissent beaucoup dans les énergies renouvelables, ce n’est pas un bloc monolithique en faveur du pétrole Abu Dhabi, ni Dubaï.
La question n’était pas tant sur le pétrole que sur l’exubérance de Dubaï…

L’exubérance, c’est quelque chose de choquant, mais Dubaï se veut tolérant sur le plan religieux, ethnique, en disant que c’est une terre d’accueil pour toutes les religions. Dubaï présente des excès, mais aussi un certain nombre d’avantages. C’est pour cela que tellement de gens ont choisi Dubaï pour la prochaine Cop. Mais c’est vrai que quand on vit avec des bâtiments qui sortent de terre comme des champignons, mal isolés ou refroidis, des grosses voitures juste pour rouler en ville, c’est clair que c’est aberrant. Mais je ne sais pas si c’est la Cop qui va changer cela, car cela existe aussi aux Etats-Unis et dans d’autres pays.

La biodiversité est menacée par le réchauffement climatique, mais elle est plus difficile à appréhender pour les entreprises, car elle est moins quantifiable. Qu’attendez-vous de la Cop 15 de la biodiversité ?
La chute de la biodiversité est un des résultats du changement climatique. En luttant contre le changement climatique, en mettant en place des solutions, des énergies renouvelables, de l’efficience énergétique, de l’efficience de l’agriculture, de la production industrielle, on va protéger la biodiversité, mais cela ne suffira pas. Ce qu’il faut beaucoup plus de législation, de règlementation. Cela ne sert à rien d’interdire la pêche illégale et la déforestation tant que l’on continue à importer des produits de manière légale. On a le droit d’acheter du poisson pêché illégalement ou du soja ou de l’huile de palme qui contribue à la déforestation. Il faut légiférer pour que ces aberrations ne soient plus permises. Il y a une hypocrisie totale de notre côté. Il faut légiférer pour que cela ne soit plus permis. À ce moment-là, vous verrez la biodiversité s’améliorer.

Social : Laurent Berger appelle à l’apaisement mais refuse de reculer sur l’âge de la retraite

Social : Laurent Berger appelle à l’apaisement mais refuse de reculer sur l’âge de la retraite

La Première ministre, Elisabeth Borne, a fait semblant de tendre la main à l’opposition politique et aux syndicats dimanche. Une main tendue avec une certaine hypocrisie estime Laurent Berger. « C’est quelle main tendue ? Je suis désolé de le dire comme ça, mais elle est où la main tendue, sur la question des retraites ? (Or) c’est le sujet actuel », a-t-il répondu.

« Si la main tendue, c’est rediscutons et travail et des retraites, et en mettant de côté pour l’instant la réforme qui a été adoptée par le 49-3, qui n’est pas validée par le Conseil constitutionnel (…), si ces deux sujets sont sur la table, on va discuter », a-t-il ajouté.
« Vous n’imaginez pas quand même qu’il y a deux millions de personnes dans la rue jeudi dernier », d’un côté et « qu’on (ne) va pas discuter des retraites si on est invités à discuter » d’un autre côté.

à propos de la journée de mobilisation de mardi, Laurent Berger a déclaré : « non, ce n’est pas forcément la dernière (…). On va au moins aller jusqu’au Conseil constitutionnel ». La décision de ce dernier est attendue d’ici à trois semaines. Et une nouvelle fois Laurent Berger a attiré l’attention sur les dangers de la colère qui monte.

La radicalité fait reculer la cause de l’écologie (Bertrand Piccard)

La radicalité fait reculer la cause de l’écologie
(Bertrand Piccard)

Dans un entretien exclusif avec La Tribune, au lendemain de la conclusion de la COP 27 de Charm el-Cheikh , Bertrand Piccard, président de la Fondation Solar Impulse, psychiatre et explorateur, auteur du premier tour du monde en ballon (1999) puis en avion solaire (2015-2016), dresse le bilan amer de cette décevante Conférence sur le Climat. Entretien dans la Tribune

Une tribune intéressant mais un peu approximative sur la question du coût de l’électricité et des conditions nécessaires à la production de l’hydrogène NDLR

COP 27 s’est terminée sur une déclaration finale peu ambitieuse et une résolution sur la compensation des dégâts causés par le changement climatique subi par les pays vulnérables. Quel bilan en tirez-vous ?
BERTRAND PICCARD- Le bilan est très contrasté entre, d’un côté, un secteur privé qui prend beaucoup d’initiatives, certains pays qui sont avant-gardistes dans leur lutte contre le changement climatique et, de l’autre, des négociations qui aboutissent à des mesures extrêmement peu ambitieuses. C’est tout juste si l’objectif de contenir la hausse de la température moyenne à 1,5 degré d’ici à la fin du siècle a été conservé. On le doit probablement en partie à l’appui du G20 qui s’est tenu en Indonésie.

À Charm el-Cheikh, des pays voulaient revenir en arrière, passer à 2 degrés, parce qu’ils disaient que l’objectif était impossible à tenir. Il n’y a pas eu de progrès par rapport au charbon, au pétrole et au gaz et, au stade actuel, on voit qu’on n’est pas du tout en ligne pour empêcher la catastrophe. L’accord final stipule que les pays qui ne sont pas en ligne avec cet objectif doivent corriger leurs intentions, leurs engagements, mais il ne s’agit que d’une incitation. Ce n’est pas du tout quelque chose de contraignant. Mais on parle, c’est vrai, d’une avancée historique parce qu’il faut bien mettre de l’historique quelque part pour compenser la catastrophe du reste.

Certains disent que c’est historique qu’on ait enfin pris en compte les revendications des pays les plus vulnérables au changement climatique causés par les pays industrialisés. C’est vrai, c’est une question de pollueur payeur. Il y a un fond qui a été déterminé. Mais on ne dit pas encore comment il sera utilisé, ni combien il y aura dedans, alors qu’autrefois on parlait de 100 milliards de dollars par an. Ce qui a permis d’arracher l’accord des Occidentaux, c’est que ce fond va être ciblé sur les pays vulnérables, en excluant la Chine, qui se considérait comme un pays en développement et voulait recevoir une partie de ces indemnités, alors qu’elle est la deuxième puissance économique mondiale et le gros pollueur de la planète. Bref, un peu de ménage a été fait. Tant mieux, mais on est encore très loin de ce qu’il faut pour éviter la catastrophe.

L’ombre de la crise géopolitique, que ce soit la guerre en Ukraine, l’attitude protectionniste de la Chine, ou le comportement des pays producteurs de pétrole, a-t-elle fait voler en éclat l’esprit de l’Accord de Paris ?
Je pense que les pays européens se sont beaucoup repliés sur eux-mêmes à cause de la crise ukrainienne. C’est indéniable. C’était assez difficile pour eux de pouvoir exiger d’autres pays de réduire leur consommation de pétrole, de charbon et de gaz, alors qu’eux-mêmes rouvrent des mines de charbon. Cela décrédibilise les demandes. Ce qu’on voit, c’est une revendication justifiée des plus démunis face aux nantis. Cela se voit à toutes les échelles de la société.

En France, dans les revendications politiques et sociales, mais aussi à l’échelle mondiale où, indéniablement, les pays les plus démunis veulent se faire aider par les pays les plus riches. On a beaucoup trop de déséquilibres financiers dans ce monde. Il y a des gens qui n’ont plus rien à perdre. Il y a une vraie revendication. Il y a de plus en plus de personnes qui considèrent -à raison – qu’il est inacceptable de vivre en-dessous du minimum vital, en-dessous des seuils de santé, d’éducation… La lutte contre les changements climatiques cristallise aussi cette revendication sociale des pays pauvres vis-à-vis des pays riches.

L’an dernier vous disiez à l’issue de la Cop 26 de Glasgow, qui elle aussi avait été fortement critiquée pour son manque d’ambition que la Cop n’était que la partie émergée de la lutte contre les changements climatiques et qu’il y avait eu des avancées en coulisse. Y a-t-il eu de telles avances en coulisse à Charm el-Cheik ?
Oui, ce qui manque, ce sont les consensus politiques finaux. Car, pour avoir l’unanimité, c’est toujours le pays le moins ambitieux qui gagne. En revanche, au niveau des coalitions, cela avance. À Glasgow, une coalition avait été créée contre le méthane. Cette année j’ai participé à la réunion des 50 ministres qui avaient signé cette coalition. C’était une rencontre destinée à contrôler ce que chacun avait fait dans le cadre de la lutte contre le méthane. Cela avance aussi au niveau de la finance, des entreprises privées, des solutions techniques.

C’est pourquoi je suis très frustré de voir que les négociations politiques sont si peu ambitieuses, alors qu’il y a autant de solutions prêtes et autant d’engagements prêts à être fructifiés au niveau du secteur privé.
Vous avez évoqué la crise en Ukraine. La crise énergétique qu’elle a provoquée et le retour du charbon ou du gaz porte-t-il un coup très dur à la transition écologique ou va-t-il au contraire permettre de l’accélérer ?
Cela porte un coup dur à la transition. La plupart des gens ne comprennent pas que la réponse devrait être la même pour les deux situations. La crise en Ukraine et la transition énergétique nécessitent toutes les deux qu’on diminue la part des énergies fossiles pour la remplacer par des énergies renouvelables et qu’on augmente tous les systèmes qui permettent d’être plus efficient sur le plan de l’énergie, des ressources, de l’alimentation, des déchets… C’est la même réponse, mais dans l’esprit des gens c’est dissocié. Pour eux, la crise ukrainienne va nous donner froid cet hiver ou l’hiver prochain et la lutte contre le réchauffement climatique coûte cher. Les deux problèmes s’ajoutent, alors qu’ils devraient se soustraire.
Vous avez évoqué la finance, le président d’une grande banque française affirmait récemment que la finance jouait le jeu et que le financement du charbon serait fini en 2030. Et qu’il était possible de viser fin 2037 en Europe pour le pétrole en raison de l’électrification du parc automobile. Croyez-vous que le rôle de la finance soit en train de changer sous la pression de la société civile ?

Effectivement, je pense que les dates sont justes sur l’arrêt des énergies sales. Maintenant je ne sais pas ce que vont faire les banques chinoises ou émiraties.
Il y a deux poids, deux mesures ?
L’Occident, au niveau secteur privé, va plus vite. À Glasgow il y avait eu un texte disant qu’il fallait viser la diminution progressive du charbon. L’Inde a demandé cette année de rajouter du charbon, du gaz et du pétrole parce qu’ils en utilisent beaucoup, alors que l’Occident utilise plutôt du gaz et du pétrole. Les pays occidentaux ont refusé que le gaz et le pétrole soient placés dans les objectifs de diminution progressive. C’est quand même ahurissant ! Il y aura toujours beaucoup trop de gens qui voudront utiliser le pétrole, le gaz et le charbon, mais ce ne sera probablement plus financés par les banques occidentales qui sont loyales à la cause climatique et ont la volonté de se désengager des énergies polluantes.

Vous étiez jusqu’ici très prudent sur le nucléaire pour réussir la transition écologique. Or, la crise actuelle montre les effets pervers de ce renoncement puisqu’il entraîne aujourd’hui une augmentation de l’électricité issue du charbon ou du gaz. Greta Thunberg a changé d’avis et n’appelle plus à l’arrêt de l’atome. Quelle est votre position aujourd’hui ?
Je dois dire que le nucléaire reprend une place qu’il n’avait plus. Je suis d’accord, il est aberrant aujourd’hui de démonter les centrales nucléaires si elles fonctionnent et si elles sont sûres. Mais il faut voir le prix que cela coûte. Le renouvelable aujourd’hui coûte moins cher que le nucléaire, même en comptant le stockage. Donc il faut être prudent si on veut reconstruire des centrales nucléaires, car on va se retrouver avec un prix d’électricité beaucoup plus élevé qu’avec le renouvelable.

Aujourd’hui, on voit des choses extraordinaires. Quand on parle de l’intermittence du renouvelable et qu’on affirme qu’on ne pourra pas le stocker, on voit que l’on peut construire de très grands réseaux, sur plusieurs fuseaux horaires, avec des renouvelables différents et des câbles qui transportent l’électricité produite en continu, à très haut voltage. On ne perd presque rien. 1% par 1000 km, ce qui est insignifiant. Il y a un projet qui pourra fournir 8% de l’électricité britannique. Elle sera produite au Maroc et sera acheminée en Angleterre en passant par des câbles sous-marins via les côtes espagnoles et portugaises. C’est extraordinaire. Ce courant sera livré en Angleterre pour beaucoup moins cher que le nucléaire. Ou faut-il investir ? Il faut donc être très prudent quand on veut faire davantage de vieilles choses, plutôt que de faire des nouvelles.

Depuis le crise sanitaire, les pays occidentaux cherchent à réindustrialiser leurs pays (ce qui permet d’éviter les émissions liées au transport) et à recréer un secteur minier pour disposer des métaux rares nécessaires à la transition énergétique. Or, de telles initiatives se heurtent parfois à l’hostilité des écologistes. L’écologie radicale peut-elle entraver ce processus de rapprochement de la production des centres de consommation, qui permet de baisser les émissions ?
Vous répondez avec la question. Dès qu’on est radical, on échoue à atteindre un objectif consensuel, un objectif bon pour l’ensemble. Qu’on soit radical de droite, de gauche ou écologique. Ce qu’il faut, ce n’est pas de la radicalité mais du réalisme, atteindre un objectif indépendamment de sa propre idéologie. Il faut prendre ce qu’il y a de bon partout. Il n’y a aucune raison, quand on est écologiste et qu’on veut protéger l’environnement, de rejeter tout ce qui permet sur le plan énergétique ou sur le stockage des minéraux, de bloquer tous les progrès. En fait, en étant trop radical, on arrive à l’opposé de ce que veut l’écologie : on atteint un rejet de la part des autres. On fait peur, on effraye. Aujourd’hui, l’écologie devrait fédérer et réunir, plutôt qu’effrayer ou rejeter.

On voit beaucoup de mouvements de jeunes qui bloquent des autoroutes, s’accrochent à des tableaux. Est-ce que ce mouvement, qui traduit une éco anxiété, peut être efficace pour changer les mentalités de ceux qui ne veulent pas changer et faire accepter une bascule plus rapide des choses. Pensez-vous que ces mouvements aient un rôle à jouer d’éveilleur de conscience, ou qu’ils sont contre-productifs ?
C’est le thème d’une chronique que j’ai écrite sur l’éco-violence et l’éco-résistance. Cela m’interroge beaucoup. En fait, les terroristes et les résistants sont toujours définis en fonction de leur camp et de l’époque. Les résistants les plus valeureux en France durant la Deuxième Guerre étaient considérés comme des terroristes par les Allemands. On va voir comment on jugera les éco-violents. C’est vrai que c’est révoltant de voir qu’il ne se passe rien. Quand on voit que des gens polluent outrageusement par pur égoïsme, il y a de quoi commencer à s’agiter. Et il y a des gens qui s’agitent beaucoup, parfois au point de devenir violents. Je ne peux pas soutenir la violence, mais je peux la comprendre. Tout dépend contre quoi elle est axée.

Si c’est sur des tableaux qui n’ont absolument rien à voir avec les changements climatiques, c’est immature. Si c’est sur des choses hyper polluantes, on peut se demander si ce n’est pas un acte assez héroïque. Autrefois, il y avait des écologistes qui s’opposaient aux transferts des déchets radioactifs, qui bloquaient des trains. Ils attaquaient directement la cause qu’ils voulaient défendre. Si on dégonfle les pneus des SUV en ville, on s’attaque à la cause qu’on veut défendre. C’est différent que de jeter de la soupe sur des tableaux qui n’ont rien à voir avec la cause. Il faut bien regarder. Je ne soutiens pas la violence, mais il y a un moment où, voyant qu’il ne se passe rien, je comprends que certains deviennent violents.

L’Europe a pris une réglementation pour la fin des moteurs thermiques dans l’automobile en 2035, mais ne devrait-elle pas prendre aussi des décisions plus dures concernant le poids des véhicules électriques, mettre des limites de poids ou taxer ceux qui ne veulent rien changer à leurs habitudes ?
Taxer très fortement, ceux qui ont de quoi acheter de grosses voitures, lourdes polluantes et chères ont de quoi payer les taxes. Ce n’est pas vraiment utile. Ce serait de nouveau les gens les plus démunis qui souffriraient le plus. Je crois qu’il faut des limites de poids. C’est aberrant d’avoir des voitures très lourdes, même électriques, ou extrêmement puissantes, alors que la vitesse est limitée à 130 km/h sur autoroute.

À quoi cela sert de pouvoir rouler à 200 km/h. Il faudrait mettre des limites de poids. Mais c’est difficile pour le législateur, parce qu’il faut intervenir sur les gammes de production et je pense que les constructeurs vont s’y opposer fermement. Le courage politique serait de l’imposer massivement. On ne peut plus accepter qu’autant de choses aussi polluantes soient mises sur le marché. Mais il n’y a pas que les grosses voitures, il y des chauffages polluants, des gadgets, des ampoules incandescentes qui continuent à être vendues dans certains pays à la place des LED. Il faut aller beaucoup plus vite. Mais je tiens à souligner que la Commission et le Parlement européen sont beaucoup plus ambitieux que les pays pris individuellement. Il faut vraiment leur tirer notre chapeau.

Concernant l’hydrogène, il existe un débat en Europe entre ceux qui prônent une production locale et ceux qui préfèrent miser sur le commerce international pour l’importer. Quel est votre point de vue ?
On a commencé à faire le projet Desertech pour produire de l’hydrogène au Maghreb et le transporter en Europe. Mais on voit une autre tendance qui est en train de se dessiner. Les pays du sud demandent aux pays du Nord, au lieu de faire monter l’hydrogène, de faire descendre l’industrie chez eux. De mettre l’industrie plus près de la production de l’hydrogène. Comme on voit qu’il faut de l’hydrogène pour décarboner les aciéries et les productions d’engrais, les pays du sud demandent que les industries d’engrais et d’industrie soient délocalisées chez eux. Ce n’est pas aussi facile que ce qu’on croit. Mais moi je pense que ce qui est intéressant pour l’hydrogène, c’est quand même d’en produire chez soi, plutôt que de le transporter.

La prochaine Cop se tiendra à Dubaï. Que pensez-vous du choix de ce pays du Golfe, symbole de la démesure ?
Dubaï ne produit ni pétrole, ni de gaz. Ce n’est donc pas Dubaï qui va pousser le pétrole. D’autres émirats en produisent, comme Abu Dhabi, et c’est vrai que cette Cop va être essentiellement une Cop des Émirats arabes unis. Je connais bien les gens des Émirats. Ils ont absolument besoin d’un succès à cette Cop. Ils ne peuvent pas se contenter d’avoir le même type de résultat qu’à Glasgow ou Charm el-Cheik. Et les Occidentaux ne vont pas accepter davantage de pétrole dans le futur parce que la Cop est à Dubaï. Il est possible que les négociations soient assez dures, mais qu’on avance quand même. Il ne faut pas oublier qu’Abu Dhabi est un pays qui gagne plus avec ses placements financiers qu’avec son pétrole. C’est pour cela qu’on avait décollé avec Solar Impulse depuis Abu Dhabi Ils ont des sociétés qui investissent beaucoup dans les énergies renouvelables, ce n’est pas un bloc monolithique en faveur du pétrole Abu Dhabi, ni Dubaï.
La question n’était pas tant sur le pétrole que sur l’exubérance de Dubaï…

L’exubérance, c’est quelque chose de choquant, mais Dubaï se veut tolérant sur le plan religieux, ethnique, en disant que c’est une terre d’accueil pour toutes les religions. Dubaï présente des excès, mais aussi un certain nombre d’avantages. C’est pour cela que tellement de gens ont choisi Dubaï pour la prochaine Cop. Mais c’est vrai que quand on vit avec des bâtiments qui sortent de terre comme des champignons, mal isolés ou refroidis, des grosses voitures juste pour rouler en ville, c’est clair que c’est aberrant. Mais je ne sais pas si c’est la Cop qui va changer cela, car cela existe aussi aux Etats-Unis et dans d’autres pays.

La biodiversité est menacée par le réchauffement climatique, mais elle est plus difficile à appréhender pour les entreprises, car elle est moins quantifiable. Qu’attendez-vous de la Cop 15 de la biodiversité ?
La chute de la biodiversité est un des résultats du changement climatique. En luttant contre le changement climatique, en mettant en place des solutions, des énergies renouvelables, de l’efficience énergétique, de l’efficience de l’agriculture, de la production industrielle, on va protéger la biodiversité, mais cela ne suffira pas. Ce qu’il faut beaucoup plus de législation, de règlementation. Cela ne sert à rien d’interdire la pêche illégale et la déforestation tant que l’on continue à importer des produits de manière légale. On a le droit d’acheter du poisson pêché illégalement ou du soja ou de l’huile de palme qui contribue à la déforestation. Il faut légiférer pour que ces aberrations ne soient plus permises. Il y a une hypocrisie totale de notre côté. Il faut légiférer pour que cela ne soit plus permis. À ce moment-là, vous verrez la biodiversité s’améliorer.

La radicalité fait reculer l’écologie

La radicalité fait reculer l’écologie
(Bertrand Piccard)

Dans un entretien exclusif avec La Tribune, au lendemain de la conclusion de la COP 27 de Charm el-Cheikh , Bertrand Piccard, président de la Fondation Solar Impulse, psychiatre et explorateur, auteur du premier tour du monde en ballon (1999) puis en avion solaire (2015-2016), dresse le bilan amer de cette décevante Conférence sur le Climat. Entretien dans la Tribune

Une tribune intéressant mais un peu approximative sur la question du coût de l’électricité et des conditions nécessaires à la production de l’hydrogène NDLR

COP 27 s’est terminée sur une déclaration finale peu ambitieuse et une résolution sur la compensation des dégâts causés par le changement climatique subi par les pays vulnérables. Quel bilan en tirez-vous ?
BERTRAND PICCARD- Le bilan est très contrasté entre, d’un côté, un secteur privé qui prend beaucoup d’initiatives, certains pays qui sont avant-gardistes dans leur lutte contre le changement climatique et, de l’autre, des négociations qui aboutissent à des mesures extrêmement peu ambitieuses. C’est tout juste si l’objectif de contenir la hausse de la température moyenne à 1,5 degré d’ici à la fin du siècle a été conservé. On le doit probablement en partie à l’appui du G20 qui s’est tenu en Indonésie.

À Charm el-Cheikh, des pays voulaient revenir en arrière, passer à 2 degrés, parce qu’ils disaient que l’objectif était impossible à tenir. Il n’y a pas eu de progrès par rapport au charbon, au pétrole et au gaz et, au stade actuel, on voit qu’on n’est pas du tout en ligne pour empêcher la catastrophe. L’accord final stipule que les pays qui ne sont pas en ligne avec cet objectif doivent corriger leurs intentions, leurs engagements, mais il ne s’agit que d’une incitation. Ce n’est pas du tout quelque chose de contraignant. Mais on parle, c’est vrai, d’une avancée historique parce qu’il faut bien mettre de l’historique quelque part pour compenser la catastrophe du reste.

Certains disent que c’est historique qu’on ait enfin pris en compte les revendications des pays les plus vulnérables au changement climatique causés par les pays industrialisés. C’est vrai, c’est une question de pollueur payeur. Il y a un fond qui a été déterminé. Mais on ne dit pas encore comment il sera utilisé, ni combien il y aura dedans, alors qu’autrefois on parlait de 100 milliards de dollars par an. Ce qui a permis d’arracher l’accord des Occidentaux, c’est que ce fond va être ciblé sur les pays vulnérables, en excluant la Chine, qui se considérait comme un pays en développement et voulait recevoir une partie de ces indemnités, alors qu’elle est la deuxième puissance économique mondiale et le gros pollueur de la planète. Bref, un peu de ménage a été fait. Tant mieux, mais on est encore très loin de ce qu’il faut pour éviter la catastrophe.

L’ombre de la crise géopolitique, que ce soit la guerre en Ukraine, l’attitude protectionniste de la Chine, ou le comportement des pays producteurs de pétrole, a-t-elle fait voler en éclat l’esprit de l’Accord de Paris ?
Je pense que les pays européens se sont beaucoup repliés sur eux-mêmes à cause de la crise ukrainienne. C’est indéniable. C’était assez difficile pour eux de pouvoir exiger d’autres pays de réduire leur consommation de pétrole, de charbon et de gaz, alors qu’eux-mêmes rouvrent des mines de charbon. Cela décrédibilise les demandes. Ce qu’on voit, c’est une revendication justifiée des plus démunis face aux nantis. Cela se voit à toutes les échelles de la société.

En France, dans les revendications politiques et sociales, mais aussi à l’échelle mondiale où, indéniablement, les pays les plus démunis veulent se faire aider par les pays les plus riches. On a beaucoup trop de déséquilibres financiers dans ce monde. Il y a des gens qui n’ont plus rien à perdre. Il y a une vraie revendication. Il y a de plus en plus de personnes qui considèrent -à raison – qu’il est inacceptable de vivre en-dessous du minimum vital, en-dessous des seuils de santé, d’éducation… La lutte contre les changements climatiques cristallise aussi cette revendication sociale des pays pauvres vis-à-vis des pays riches.

L’an dernier vous disiez à l’issue de la Cop 26 de Glasgow, qui elle aussi avait été fortement critiquée pour son manque d’ambition que la Cop n’était que la partie émergée de la lutte contre les changements climatiques et qu’il y avait eu des avancées en coulisse. Y a-t-il eu de telles avances en coulisse à Charm el-Cheik ?
Oui, ce qui manque, ce sont les consensus politiques finaux. Car, pour avoir l’unanimité, c’est toujours le pays le moins ambitieux qui gagne. En revanche, au niveau des coalitions, cela avance. À Glasgow, une coalition avait été créée contre le méthane. Cette année j’ai participé à la réunion des 50 ministres qui avaient signé cette coalition. C’était une rencontre destinée à contrôler ce que chacun avait fait dans le cadre de la lutte contre le méthane. Cela avance aussi au niveau de la finance, des entreprises privées, des solutions techniques.

C’est pourquoi je suis très frustré de voir que les négociations politiques sont si peu ambitieuses, alors qu’il y a autant de solutions prêtes et autant d’engagements prêts à être fructifiés au niveau du secteur privé.
Vous avez évoqué la crise en Ukraine. La crise énergétique qu’elle a provoquée et le retour du charbon ou du gaz porte-t-il un coup très dur à la transition écologique ou va-t-il au contraire permettre de l’accélérer ?
Cela porte un coup dur à la transition. La plupart des gens ne comprennent pas que la réponse devrait être la même pour les deux situations. La crise en Ukraine et la transition énergétique nécessitent toutes les deux qu’on diminue la part des énergies fossiles pour la remplacer par des énergies renouvelables et qu’on augmente tous les systèmes qui permettent d’être plus efficient sur le plan de l’énergie, des ressources, de l’alimentation, des déchets… C’est la même réponse, mais dans l’esprit des gens c’est dissocié. Pour eux, la crise ukrainienne va nous donner froid cet hiver ou l’hiver prochain et la lutte contre le réchauffement climatique coûte cher. Les deux problèmes s’ajoutent, alors qu’ils devraient se soustraire.
Vous avez évoqué la finance, le président d’une grande banque française affirmait récemment que la finance jouait le jeu et que le financement du charbon serait fini en 2030. Et qu’il était possible de viser fin 2037 en Europe pour le pétrole en raison de l’électrification du parc automobile. Croyez-vous que le rôle de la finance soit en train de changer sous la pression de la société civile ?

Effectivement, je pense que les dates sont justes sur l’arrêt des énergies sales. Maintenant je ne sais pas ce que vont faire les banques chinoises ou émiraties.
Il y a deux poids, deux mesures ?

L’Occident, au niveau secteur privé, va plus vite. À Glasgow il y avait eu un texte disant qu’il fallait viser la diminution progressive du charbon. L’Inde a demandé cette année de rajouter du charbon, du gaz et du pétrole parce qu’ils en utilisent beaucoup, alors que l’Occident utilise plutôt du gaz et du pétrole. Les pays occidentaux ont refusé que le gaz et le pétrole soient placés dans les objectifs de diminution progressive. C’est quand même ahurissant ! Il y aura toujours beaucoup trop de gens qui voudront utiliser le pétrole, le gaz et le charbon, mais ce ne sera probablement plus financés par les banques occidentales qui sont loyales à la cause climatique et ont la volonté de se désengager des énergies polluantes.

Vous étiez jusqu’ici très prudent sur le nucléaire pour réussir la transition écologique. Or, la crise actuelle montre les effets pervers de ce renoncement puisqu’il entraîne aujourd’hui une augmentation de l’électricité issue du charbon ou du gaz. Greta Thunberg a changé d’avis et n’appelle plus à l’arrêt de l’atome. Quelle est votre position aujourd’hui ?
Je dois dire que le nucléaire reprend une place qu’il n’avait plus. Je suis d’accord, il est aberrant aujourd’hui de démonter les centrales nucléaires si elles fonctionnent et si elles sont sûres. Mais il faut voir le prix que cela coûte. Le renouvelable aujourd’hui coûte moins cher que le nucléaire, même en comptant le stockage. Donc il faut être prudent si on veut reconstruire des centrales nucléaires, car on va se retrouver avec un prix d’électricité beaucoup plus élevé qu’avec le renouvelable.

Aujourd’hui, on voit des choses extraordinaires. Quand on parle de l’intermittence du renouvelable et qu’on affirme qu’on ne pourra pas le stocker, on voit que l’on peut construire de très grands réseaux, sur plusieurs fuseaux horaires, avec des renouvelables différents et des câbles qui transportent l’électricité produite en continu, à très haut voltage. On ne perd presque rien. 1% par 1000 km, ce qui est insignifiant. Il y a un projet qui pourra fournir 8% de l’électricité britannique. Elle sera produite au Maroc et sera acheminée en Angleterre en passant par des câbles sous-marins via les côtes espagnoles et portugaises. C’est extraordinaire. Ce courant sera livré en Angleterre pour beaucoup moins cher que le nucléaire. Ou faut-il investir ? Il faut donc être très prudent quand on veut faire davantage de vieilles choses, plutôt que de faire des nouvelles.

Depuis le crise sanitaire, les pays occidentaux cherchent à réindustrialiser leurs pays (ce qui permet d’éviter les émissions liées au transport) et à recréer un secteur minier pour disposer des métaux rares nécessaires à la transition énergétique. Or, de telles initiatives se heurtent parfois à l’hostilité des écologistes. L’écologie radicale peut-elle entraver ce processus de rapprochement de la production des centres de consommation, qui permet de baisser les émissions ?
Vous répondez avec la question. Dès qu’on est radical, on échoue à atteindre un objectif consensuel, un objectif bon pour l’ensemble. Qu’on soit radical de droite, de gauche ou écologique. Ce qu’il faut, ce n’est pas de la radicalité mais du réalisme, atteindre un objectif indépendamment de sa propre idéologie. Il faut prendre ce qu’il y a de bon partout. Il n’y a aucune raison, quand on est écologiste et qu’on veut protéger l’environnement, de rejeter tout ce qui permet sur le plan énergétique ou sur le stockage des minéraux, de bloquer tous les progrès. En fait, en étant trop radical, on arrive à l’opposé de ce que veut l’écologie : on atteint un rejet de la part des autres. On fait peur, on effraye. Aujourd’hui, l’écologie devrait fédérer et réunir, plutôt qu’effrayer ou rejeter.

On voit beaucoup de mouvements de jeunes qui bloquent des autoroutes, s’accrochent à des tableaux. Est-ce que ce mouvement, qui traduit une éco anxiété, peut être efficace pour changer les mentalités de ceux qui ne veulent pas changer et faire accepter une bascule plus rapide des choses. Pensez-vous que ces mouvements aient un rôle à jouer d’éveilleur de conscience, ou qu’ils sont contre-productifs ?
C’est le thème d’une chronique que j’ai écrite sur l’éco-violence et l’éco-résistance. Cela m’interroge beaucoup. En fait, les terroristes et les résistants sont toujours définis en fonction de leur camp et de l’époque. Les résistants les plus valeureux en France durant la Deuxième Guerre étaient considérés comme des terroristes par les Allemands. On va voir comment on jugera les éco-violents. C’est vrai que c’est révoltant de voir qu’il ne se passe rien. Quand on voit que des gens polluent outrageusement par pur égoïsme, il y a de quoi commencer à s’agiter. Et il y a des gens qui s’agitent beaucoup, parfois au point de devenir violents. Je ne peux pas soutenir la violence, mais je peux la comprendre. Tout dépend contre quoi elle est axée.

Si c’est sur des tableaux qui n’ont absolument rien à voir avec les changements climatiques, c’est immature. Si c’est sur des choses hyper polluantes, on peut se demander si ce n’est pas un acte assez héroïque. Autrefois, il y avait des écologistes qui s’opposaient aux transferts des déchets radioactifs, qui bloquaient des trains. Ils attaquaient directement la cause qu’ils voulaient défendre. Si on dégonfle les pneus des SUV en ville, on s’attaque à la cause qu’on veut défendre. C’est différent que de jeter de la soupe sur des tableaux qui n’ont rien à voir avec la cause. Il faut bien regarder. Je ne soutiens pas la violence, mais il y a un moment où, voyant qu’il ne se passe rien, je comprends que certains deviennent violents.

L’Europe a pris une réglementation pour la fin des moteurs thermiques dans l’automobile en 2035, mais ne devrait-elle pas prendre aussi des décisions plus dures concernant le poids des véhicules électriques, mettre des limites de poids ou taxer ceux qui ne veulent rien changer à leurs habitudes ?
Taxer très fortement, ceux qui ont de quoi acheter de grosses voitures, lourdes polluantes et chères ont de quoi payer les taxes. Ce n’est pas vraiment utile. Ce serait de nouveau les gens les plus démunis qui souffriraient le plus. Je crois qu’il faut des limites de poids. C’est aberrant d’avoir des voitures très lourdes, même électriques, ou extrêmement puissantes, alors que la vitesse est limitée à 130 km/h sur autoroute.

À quoi cela sert de pouvoir rouler à 200 km/h. Il faudrait mettre des limites de poids. Mais c’est difficile pour le législateur, parce qu’il faut intervenir sur les gammes de production et je pense que les constructeurs vont s’y opposer fermement. Le courage politique serait de l’imposer massivement. On ne peut plus accepter qu’autant de choses aussi polluantes soient mises sur le marché. Mais il n’y a pas que les grosses voitures, il y des chauffages polluants, des gadgets, des ampoules incandescentes qui continuent à être vendues dans certains pays à la place des LED. Il faut aller beaucoup plus vite. Mais je tiens à souligner que la Commission et le Parlement européen sont beaucoup plus ambitieux que les pays pris individuellement. Il faut vraiment leur tirer notre chapeau.

Concernant l’hydrogène, il existe un débat en Europe entre ceux qui prônent une production locale et ceux qui préfèrent miser sur le commerce international pour l’importer. Quel est votre point de vue ?
On a commencé à faire le projet Desertech pour produire de l’hydrogène au Maghreb et le transporter en Europe. Mais on voit une autre tendance qui est en train de se dessiner. Les pays du sud demandent aux pays du Nord, au lieu de faire monter l’hydrogène, de faire descendre l’industrie chez eux. De mettre l’industrie plus près de la production de l’hydrogène. Comme on voit qu’il faut de l’hydrogène pour décarboner les aciéries et les productions d’engrais, les pays du sud demandent que les industries d’engrais et d’industrie soient délocalisées chez eux. Ce n’est pas aussi facile que ce qu’on croit. Mais moi je pense que ce qui est intéressant pour l’hydrogène, c’est quand même d’en produire chez soi, plutôt que de le transporter.

La prochaine Cop se tiendra à Dubaï. Que pensez-vous du choix de ce pays du Golfe, symbole de la démesure ?
Dubaï ne produit ni pétrole, ni de gaz. Ce n’est donc pas Dubaï qui va pousser le pétrole. D’autres émirats en produisent, comme Abu Dhabi, et c’est vrai que cette Cop va être essentiellement une Cop des Émirats arabes unis. Je connais bien les gens des Émirats. Ils ont absolument besoin d’un succès à cette Cop. Ils ne peuvent pas se contenter d’avoir le même type de résultat qu’à Glasgow ou Charm el-Cheik. Et les Occidentaux ne vont pas accepter davantage de pétrole dans le futur parce que la Cop est à Dubaï. Il est possible que les négociations soient assez dures, mais qu’on avance quand même. Il ne faut pas oublier qu’Abu Dhabi est un pays qui gagne plus avec ses placements financiers qu’avec son pétrole. C’est pour cela qu’on avait décollé avec Solar Impulse depuis Abu Dhabi Ils ont des sociétés qui investissent beaucoup dans les énergies renouvelables, ce n’est pas un bloc monolithique en faveur du pétrole Abu Dhabi, ni Dubaï.
La question n’était pas tant sur le pétrole que sur l’exubérance de Dubaï…

L’exubérance, c’est quelque chose de choquant, mais Dubaï se veut tolérant sur le plan religieux, ethnique, en disant que c’est une terre d’accueil pour toutes les religions. Dubaï présente des excès, mais aussi un certain nombre d’avantages. C’est pour cela que tellement de gens ont choisi Dubaï pour la prochaine Cop. Mais c’est vrai que quand on vit avec des bâtiments qui sortent de terre comme des champignons, mal isolés ou refroidis, des grosses voitures juste pour rouler en ville, c’est clair que c’est aberrant. Mais je ne sais pas si c’est la Cop qui va changer cela, car cela existe aussi aux Etats-Unis et dans d’autres pays.

La biodiversité est menacée par le réchauffement climatique, mais elle est plus difficile à appréhender pour les entreprises, car elle est moins quantifiable. Qu’attendez-vous de la Cop 15 de la biodiversité ?
La chute de la biodiversité est un des résultats du changement climatique. En luttant contre le changement climatique, en mettant en place des solutions, des énergies renouvelables, de l’efficience énergétique, de l’efficience de l’agriculture, de la production industrielle, on va protéger la biodiversité, mais cela ne suffira pas. Ce qu’il faut beaucoup plus de législation, de règlementation. Cela ne sert à rien d’interdire la pêche illégale et la déforestation tant que l’on continue à importer des produits de manière légale. On a le droit d’acheter du poisson pêché illégalement ou du soja ou de l’huile de palme qui contribue à la déforestation. Il faut légiférer pour que ces aberrations ne soient plus permises. Il y a une hypocrisie totale de notre côté. Il faut légiférer pour que cela ne soit plus permis. À ce moment-là, vous verrez la biodiversité s’améliorer.

La décision de la BCE insuffisante pour faire reculer l’inflation ?

La décision de la BCE insuffisante pour faire reculer l’inflation ?

 

Curieusement, le président de la Bundesbank prévoit que l’Allemagne pourrait tomber en récession dès le troisième trimestre et toute l’année 2023. Et il recommande d’augmenter encore les taux d’intérêt. L’inflation allemande devrait en effet dépasser les 10 % pour l’année. Si un relèvement des taux d’intérêt paraît encore souhaitable au regard de cette inflation reste que procéder de manière excessive et brutale pourrait contribuer à tuer pour assez longtemps la croissance. La Bundesbank comme les banques centrales devraient sans doute réexaminer leur stratégie monétaire et économique au-delà des dogmes habituels. NDLR

Selon Joachim Nagel, le président de la Bundesbank, la banque centrale allemande « Si la situation inflationniste demeure comme elle est, d’autres étapes significatives vont devoir être franchies ».

« Nous avons des indications montrant que l’inflation se répand dans de nombreux domaines » de l’économie, a ajouté Joachim Nagel. Le patron de la banque centrale allemande a estimé que le taux d’inflation en Allemagne pourrait atteindre un niveau « supérieur à 10% » sur un an au mois de décembre, période qui devrait à ses yeux constituer l’apogée de la poussée inflationniste actuelle.

La Bundesbank parlait jusqu’ici d’un taux de 10% dans les derniers mois de l’année et a ainsi encore un peu noirci son pronostic. L’inflation devrait à ses yeux décélérer en 2023, mais M. Nagel a estimé qu’elle devrait rester « au-dessus de 6% » l’an prochain, soit un niveau « beaucoup trop élevé ».

Dans ces conditions, une poursuite du resserrement du coût du crédit en zone euro est incontournable, a dit le patron de la banque centrale allemande, malgré l’impact négatif que cette politique risque d’avoir sur la croissance.

 

 

Ne pas reculer l’âge de la retraite ?

Ne pas reculer l’âge de la retraite ?

 La discipline économique n’étend pas une science très exacte, on retrouve autant d’avis que d’économistes concernant la complexe question des retraites. autant d’avis que l’économiste presque concernant la complexe question des retraites. L’économiste Christiane Marty observe, dans une tribune au « Monde », que pour la première fois, en 2019, le montant des pensions versées a diminué. Reculer l’âge de départ à la retraite aggraverait, selon elle, le phénomène. ( Un papier qui fait toutefois l’impasse sur l’équilibre à long terme du système financier des retraites NDLR)

 

Tribune.

 

Reculer l’âge de départ à 64 ans ou accélérer l’allongement de la durée de cotisation ne feraient qu’aggraver encore la dégradation inquiétante de notre système de retraites. Le rapport annuel du ministère du travail révèle en effet une évolution très préoccupante du montant des pensions : la pension brute de droit direct de l’ensemble des retraités a diminué de 1,1 % en euros constants en 2019 par rapport à 2018. Jusqu’en 2017, elle progressait par le jeu normal du renouvellement de la population : les générations âgées qui décèdent et qui avaient de plus faibles pensions laissent la place à de nouvelles générations ayant bénéficié en moyenne de meilleures carrières, et donc de meilleures pensions ; c’est « l’effet de noria ».

Mais ce mécanisme est devenu insuffisant. Les pensions brutes des retraités ont d’abord baissé du fait d’une revalorisation désindexée de l’inflation : leur pouvoir d’achat a ainsi diminué de 1 % en 2019. Mais ce qui est inédit, c’est que la pension brute moyenne des personnes ayant liquidé leur retraite en 2019 est devenue inférieure à la pension moyenne de l’ensemble des retraités (1401 € contre 1 430 €) ! La pension moyenne des personnes nouvellement retraitées diminuait année après année depuis trois ans. Mais en 2019, elle est passée sous le niveau de l’ensemble des retraités. Un cap symbolique est franchi, qui acte la fin d’une évolution positive assurant jusqu’alors à chaque génération une meilleure pension que celle de la précédente.


L’autre évolution notable est l’aggravation de l’inégalité hommes femmes. La pension moyenne de droit direct des femmes est, en général, inférieure de 40 % à celle des hommes (28 % si on intègre la réversion). Mais du fait des meilleures qualifications acquises par les femmes au fil du temps, leur pension augmentait et l’écart avec les hommes se résorbait lentement. Les réformes successives ont freiné, si ce n’est quasi stoppé, cette dynamique : au lieu de refléter leurs meilleures carrières, les pensions des femmes qui liquident leur retraite sont juste stables. Sur les 10 dernières années, la baisse de l’écart hommes-femmes est essentiellement due à la diminution des pensions des hommes. C’est l’égalité par le bas…

Un nouvel allongement de la durée de cotisation accroîtrait cette baisse du niveau de pension pour les futurs retraités, et plus encore pour les futures retraitées. Les conséquences de l’allongement en cours de la durée de cotisation – elle doit atteindre 43 ans pour la génération née en 1973 – sont déjà bien visibles : la part des retraités n’ayant pas réussi à se constituer une carrière complète, n’obtenant donc qu’une pension amputée, s’accroît au fil des ans. Elle était de 39 % des hommes et 46 % des femmes pour la génération née en 1950.

Grande-Bretagne : le brexit fait reculer la consommation

Grande-Bretagne : le brexit  fait reculer la consommation

 

De manière très mécanique l’économie britannique commence à enregistrer les conséquences néfastes Brexit. En effet depuis le référendum,  la livre a baissé de près de 15 %. Du coup les produits importés ont vu leur prix s’envoler. L’inflation Royaume-Uni tour autour de 3 % et les salaires ne suivent pas de ce faite, les ventes au détail en décembre ont clos, avec un recul de 1,5 % sur un mois, une année de ralentissement continu de la consommation, a annoncé vendredi l’Office des statistiques nationales (ONS). Les ventes des magasins alimentaires ont diminué de 1,1 % (après une hausse de 0,6 % le mois précédent), celles de biens d’équipement de la maison ont chuté de 5,3 % et l’habillement est en recul de 1 %. Le chiffre du mois de décembre est le plus mauvais depuis le référendum de juin 2016 sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne . La forte chute des ventes de voitures neuves en Grande-Bretagne en 2017 est en partie due au Brexit, a déploré début janvier la fédération professionnelle de l’automobile (SMMT). L’économie britannique est d’autant plus pénalisée que la consommation a été son principal moteur ces dernières années. Les chiffres de la croissance en 2017, attendus vendredi prochain, devraient montrer un net ralentissement, de 1,9 % en 2016 à 1,5 % l’an dernier. Et, en 2018, les économistes redoutent que les Britanniques continuent à se serrer la ceinture.

 

Venezuela: les manifs font reculer la dictature

Venezuela: les manifs font reculer la dictature

 

 

Voilà où finit l’illusion de la révolution: dans la misère et la dictature. Face aux manifestations de masse, La Cour suprême vénézuélienne a cependant  renoncé samedi à s’attribuer les pouvoirs du Parlement et à conférer des prérogatives élargies au président Nicolas Maduro, qui semble avoir décidé de reculer face à des manifestations annoncées comme massives. La Cour a d’abord annoncé revenir sur sa décision du 29 mars de s’arroger les pouvoirs législatifs et de priver les députés de leur immunité. Celle-ci avait déclenché une vague de réprobation internationale et marqué une escalade dans la crise politique agitant ce pays pétrolier.  La haute juridiction a ensuite publié une décision annulant les pouvoirs élargis qu’elle avait conférées précédemment au président socialiste afin de réviser les lois sur le crime organisé, le financement du terrorisme et sur la corruption, ainsi que le code pénal et celui de la justice militaire. Au Venezuela, comme dans d’autres pays d’Amérique du Sud on est passé du bolivarisme, d’ailleurs mal compris, à une sorte de socialisme détourné pour finir comme à Cuba dans la dictature et la misère. L’espérance a tourné au cauchemar aussi bien sur le plan démocratique économique De quoi faire réfléchir les Américains du Sud mais aussi des responsables français comme Mélenchon qui avait fait de Chavez, de Maduro et des autres ses  modèles ! Inutile de tourner autour du pot le chef d’État du Venezuela vient d’imposer la dictature Les juges de la Cour suprême ont fait savoir, jeudi, qu’ils assumeraient les fonctions de l’Assemblée nationale, s’octroyant le droit d’édicter des lois. Le président du Parlement dénonce un « coup d’Etat ». Au lendemain de la levée de l’immunité parlementaire dont jouissaient les députés, les juges de la Cour suprême ont fait savoir qu’ils assumeraient les fonctions de l’Assemblée nationale « tant que durera la situation de mépris » des institutions dans laquelle elle se trouve. La Cour annulait systématiquement déjà depuis des mois toutes les décisions de l’Assemblée nationale, au motif que trois députés d’opposition accusés de fraude électorale y ont prêté serment à la fin de 2015. Le président du Parlement, Julio Borges, a accusé le président Nicolas Maduro de « coup d’Etat » à l’annonce de cette décision de la Cour suprême de s’octroyer le droit d’édicter des lois. « Nicolas Maduro ne peut pas être au-dessus de la Constitution », a lancé M. Borges lors d’une conférence de presse devant le Parlement, estimant que le président avait « retiré le pouvoir au peuple vénézuélien ». Il a appelé l’armée à sortir du « silence » face à la rupture de l’ordre constitutionnel. Le secrétaire général de l’Organisation des Etats américains (OEA), Luis Almagro, a lui aussi dénoncé « un coup d’Etat auto-infligé » au Venezuela. Pour l’organisation régionale établie à Washington, et qui rassemble les pays du continent américain, cette décision est l’un « des derniers coups par lesquels le régime bouleverse l’ordre constitutionnel du pays et met fin à la démocratie ». L’opposition cherche depuis des mois à obtenir la révocation du successeur de Hugo Chavez, qu’elle accuse d’incompétence et de tendances dictatoriales. Malgré ses efforts, un référendum révocatoire n’a pu être organisé l’an dernier. La décision de la Cour suprême traduit une escalade supplémentaire dans la crise politique qui agite ce pays pétrolier depuis la large victoire de l’opposition antichaviste (du nom de l’ancien président Hugo Chavez, 1999-2013) aux élections législatives à la fin de 2015, pour la première fois en dix-sept ans. Le pays, parmi les plus violents au monde, est également frappé par une pénurie qui concerne 68 % des produits de base, et l’inflation y est devenue incontrôlable (1 660 % à la fin de 2017, prédit le Fonds monétaire international).

Croissance trop faible en 2014 et 2015 pour faire reculer le chômage

Croissance trop faible en 2014 et 2015 pour faire reculer le chômage

 

 

Inutile de tourner autour du pot, il n’y aura pas d’amélioration du chômage avant 2016 au moins. En cause :  une croissance trop faible et surtout un manque généralisé de confiance tant de la part des entreprises que des ménages. L’Insee a annoncé mardi prévoir une hausse du taux de chômage au deuxième trimestre, à 10,2% de la population active (9,8% en France métropolitaine), un niveau auquel il se maintiendrait sur le reste de l’année. L’Unedic avait quant à elle relevé le mois dernier sa prévision du nombre de demandeurs d’emploi cette année et prévoit encore une hausse l’an prochain. Selon le gestionnaire de l’assurance chômage, le nombre de chômeurs en catégorie A augmentera de 103.000 en 2014 et de 60.100 en 2015. Pour l’Insee, la croissance de l’économie française sur les trois derniers trimestres de l’année, que l’institut attend à 0,3%, sera trop faible pour faire reculer le chômage. Des économistes estiment qu’il faudrait au moins 0,4% pendant plusieurs trimestres pour voir une amélioration et ils soulignent qu’il y a toujours un décalage de deux à trois trimestres entre la reprise de l’économie et celle de l’emploi. Le patronat et certains économistes soulignent en outre que les entreprises n’ont pas adapté leurs effectifs au recul de l’activité qu’elles ont enregistré ces dernières années, ce qui freinera le rebond espéré quand la croissance reviendra.

Moral des ménages : hausse en juillet avant de reculer en sept-octobre ?

Moral des ménages : hausse en juillet avant de reculer en sept-octobre ?  

Le moral des français légèrement en hausse en juillet, sans doute l’effet des vacances et enfin du beau temps ; Aucun indicateur économique ne peut autrement justifier cette évolution, la moyenne demeurant toutefois très basse. Dès septembre octobre avec les dépenses contraintes notamment les impôts, il faudra s’attendre à une rechute. ! Le moral des Français a connu une embellie en juillet après un mois de juin au plus bas historique, a indiqué vendredi 26 juillet l’INSEE. La raison : une perception plus optimiste de leur niveau de vie et de celui de leurs concitoyens.  L’indicateur qui synthétise la confiance des ménages gagne trois points et s’établit à 82 points en juillet. Il reste néanmoins inférieur à la moyenne sur une longue période : 100 points, calculée entre janvier 1987 et décembre 2012.

 

 




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