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Microsoft va aussi intégrer l’IA dans le moteur de recherche et le navigateur

Microsoft va aussi intégrer l’IA dans le moteur de recherche et le navigateur

Réponse directe à Google, Microsoft veut aussi intégrer l’intelligence artificielle dans le moteur de recherche.

Microsoft a annoncé mardi qu’il procédait à une refonte de son moteur de recherche en ligne Bing et de son navigateur internet Edge, pour y inclure l’intelligence artificielle (IA), signalant l’une de ses démarches majeures destinées à innover en matière technologique et dans la recherche d’informations.

Le géant informatique, qui investit des milliards de dollars dans l’IA, entre ainsi en concurrence frontale avec Google, propriété d’Alphabet.

Microsoft s’est associé à la startup OpenAI avec l’objectif de devancer ses concurrents et d’engranger d’importantes recettes en proposant de nouveaux outils novateurs pour accélérer notamment la création de contenus et les tâches automatisées.

CHATGPT: UNE VERSION GOOGLE INTÉGRÉE AU MOTEUR DE RECHERCHE

CHATGPT: UNE VERSION GOOGLE INTÉGRÉE AU MOTEUR DE RECHERCHE

Une nouvelle étape dans le domaine de l’intelligence artificielle chez les géants de la tech: l’arrivée d’un concurrent au désormais célèbre ChatGPT avec une version Google.

Google a annoncé lundi le lancement en phase de test de son robot conversationnel, baptisé Bard, quelques mois après celui de ChatGPT, le logiciel de la startup américaine OpenAI qui déchaîne les passions.

« Bard a pour ambition de combiner l’étendue des connaissances du monde avec la puissance, l’intelligence et la créativité de nos grands modèles de langage », a expliqué Sundar Pichai, directeur général d’Alphabet, maison mère de Google, cité dans un communiqué. Le logiciel « s’appuie sur les informations du web pour fournir des réponses actualisées et de haute qualité », a indiqué le responsable, pour lequel « Bard peut être un terrain d’expression pour la créativité et une rampe de lancement pour la curiosité. »
Le robot conversationnel est capable d’« expliquer les dernières découvertes de la Nasa issues du télescope James Webb à un enfant de 9 ans, ou de vous renseigner sur les meilleurs attaquants du football actuel, puis de vous proposer un entraînement spécifique pour vous améliorer ».
Bard s’appuie sur LaMDA, un programme informatique conçu par Google pour générer des robots de conversation (chatbots), dont le groupe de Mountain View (Californie) avait dévoilé la première version en 2021.

Si l’intelligence artificielle est omniprésente dans le secteur technologique et au-delà depuis des années, voire des décennies, la sortie de ChatGPT en novembre a fait évoluer la vision du grand public sur ses capacités. Il n’est pas le premier logiciel du genre mais il a surpris par la qualité de ses réponses, qu’il s’agisse d’écrire un texte sur un thème donné, d’expliquer un sujet complexe de façon intelligible, voire de créer un poème ou les paroles d’une chanson.
Déjà partenaire d’Open AI, le créateur de ChatGPT, Microsoft a annoncé fin janvier qu’il allait investir « plusieurs milliards de dollars » pour étendre leur collaboration, après avoir réalisé deux investissements en 2019 et en 2021.

Microsoft, Google, mais aussi Meta et Amazon font partie des acteurs les plus importants de l’intelligence artificielle, technologie à laquelle ils consacrent des investissements colossaux. Selon plusieurs médias américains, l’arrivée de ChatGPT a bousculé Google, qui disposait déjà de LaMDA mais qui a, depuis, mis les bouchées doubles pour proposer dans des délais resserrés, un produit similaire au robot conversationnel d’OpenAI.

Google a indiqué lundi qu’il lançait Bard avec une « version allégée » de LaMDA, « nécessitant une puissance de calcul moindre » pour permettre l’utilisation par un « plus grand nombre d’utilisateurs » et « de traiter un volume plus important de retours. » Pour l’instant, l’utilisation du logiciel va être limitée à « des testeurs de confiance, avant de le rendre plus largement disponible dans les semaines à venir », a précisé Sundar Pichai.

Cette phase de test vise notamment à s’« assurer que les réponses de Bard atteignent un niveau élevé en termes de qualité, de sécurité et d’ancrage dans les informations du monde réel », selon lui.

Recherche académique : Trop soumise à la vulgarisation médiatique

Recherche académique : Trop soumise à la vulgarisation médiatique

 

Dans une tribune au « Monde », l’ingénieur Hugo Hellard, docteur en astrophysique,  s’inquiète de l’incitation à la publication massive d’articles scientifiques, qui va à l’encontre même de la démarche académique, et appelle à réorienter la politique de la recherche.

 

On peut évidemment comprendre et même souhaiter que les résultats de la recherche puissent être vulgarisés d’abord dans la communauté scientifique puis, selon la nature, diffusés dans l’opinion. Reste que la médiatisation n’est pas l’objet prioritaire car le risque est de favoriser la course au lectorat au détriment de la production de connaissances. NDLR 

 

La recherche académique mondiale perd en efficacité, légitimité et responsabilité. Les incitations sous-jacentes à la publication de masse ont un impact négatif sur nos sociétés et sur les producteurs du contenu : les chercheuses et chercheurs eux-mêmes. Dans un monde où la compréhension désintéressée de nos écosystèmes est vitale pour relever les défis de l’urgence climatique, il est grand temps de donner aux chercheurs les moyens de travailler de manière indépendante, efficace et pertinente dans un environnement professionnel sain, tout en assurant une transmission des connaissances au public sous une forme compréhensible et accessible.

La crise sanitaire a ramené au premier plan la recherche académique, de la compréhension du virus responsable du Covid-19 au développement de plusieurs vaccins. Cette course au vaccin a aussi été le théâtre du système pervers sur lequel la recherche académique est actuellement construite : l’incitation à la production rapide et à la publication massive d’articles scientifiques. Il n’aura échappé à personne certaines rétractations d’articles, initialement publiés dans plusieurs journaux scientifiques prestigieux, comme The Lancet. Le site Retraction Watch résume dans cette page l’ensemble des articles scientifiques retirés dont le sujet portait sur le Covid-19.

Retirer un article n’a rien de mauvais en soi, car aucun article ne prétend présenter « la vérité », mais seulement des éléments permettant de s’en approcher. Aucun résultat scientifique n’est définitif. La pluralité des réponses apportées permet de mettre à disposition des éléments pour affiner l’analyse, trouver de potentielles erreurs, ou encore proposer de nouvelles approches, afin d’obtenir des conclusions qui s’approchent le plus de « la réalité ». C’est là le cœur du processus scientifique qui, par définition, se veut itératif et précis, donc long comparativement à la soif d’immédiateté ambiante.

Le respect de ce processus scientifique est essentiel pour comprendre « correctement » notre monde et respecter ses écosystèmes riches et divers. Malheureusement, la recherche académique est construite sur un système incitant à bafouer ce processus, pourtant garant de la construction saine du socle de connaissances communes. Les chercheuses et chercheurs du monde se trouvent aujourd’hui exclus et à la merci des trois parties prenantes du marché de la connaissance : les organismes de financement de la recherche (publics ou privés), les bibliothèques universitaires et les institutions de recherche (comme le CNRS en France).

Recherche pluridisciplinaire: la mal-aimée !

Recherche pluridisciplinaire: la mal-aimée !

Un collectif de quatre chercheurs montre, dans une tribune au « Monde », que les universitaires dont les travaux s’inscrivent dans plusieurs disciplines sont défavorisés par leurs pairs, car considérés comme une menace pour le statu quo des disciplines.

 

La recherche pluri disciplinaire est effectivement la mal-aimée, un paradoxe dans une société qui se complexifie compte tenu des relations systémiques entre les champs d’activité. C’est aussi en raison de cela, qu’ est de plus en plus difficile la compréhension du fonctionnement global socio économique, technique, environnemental et sociétal.NDLR

 

Depuis quelques années, les grandes institutions de recherche encouragent le développement et la promotion de projets de recherche pluridisciplinaires. De nombreuses campagnes de communication en promeuvent les bénéfices, vantant une approche de la formation des futures élites plus globale, et des environnements de recherche plus riches et plus innovants.

Nos travaux révèlent pourtant que les universitaires pluridisciplinaires ont tendance à être désavantagés lorsqu’ils sont évalués par leurs confrères (« A New Take on the Categorical Imperative: Gatekeeping, Boundary Maintenance, and Evaluation Penalties in Science », Riccardo Fini, Julien Jourdan, Markus Perkmann, Laura Toschi, Organization Science, juillet 2022). Plus étonnant peut-être : plus leur performance, mesurée en termes de publications et de citations, est élevée, plus ils sont pénalisés !

 

Ce constat est particulièrement surprenant au regard de la littérature. Les précédentes études sur le sujet suggèrent que les scientifiques pluridisciplinaires sont en général pénalisés par les évaluateurs qui peinent à classer leurs travaux, car un soupçon pèse sur leurs compétences et leur fiabilité. Selon ce raisonnement, les inquiétudes des évaluateurs devraient se dissiper quand ils disposent d’informations complètes sur le brillant parcours universitaire d’un collègue. Mais ce que nous observons est tout autre.

Notre étude porte sur le dispositif national d’habilitation mis en place en 2012 en Italie, dont le rôle est d’accréditer les candidats pouvant postuler à un poste de professeur associé ou de plein titre dans une université publique italienne. L’analyse de l’ensemble des 55 497 candidatures soumises à 174 jurys (spécifiques à une discipline scientifique) montre que, plus un chercheur pluridisciplinaire est performant – en matière de publications et de citations –, moins il est susceptible d’être accrédité par ses pairs.

En moyenne, la pénalité appliquée à un candidat pluridisciplinaire très performant est supérieure de plus de 50 % à celle appliquée à un alter ego peu performant ! Ce phénomène est particulièrement marqué dans les « petites » disciplines et dans celles qui sont très exclusives en matière de revues scientifiques. Les candidats multidisciplinaires talentueux sont aussi plus sévèrement évalués par les jurys dont les membres ont un profil typique de leur discipline.

 

Pour comprendre ces résultats en apparence contre-intuitifs, il faut examiner de plus près le fonctionnement du monde de la recherche. Dans le microcosme universitaire, un petit nombre d’individus talentueux et productifs exerce une influence disproportionnée sur l’avenir de chaque discipline. Ils peuvent décider notamment des domaines de recherche prioritaires et de l’orientation vers de nouvelles approches, théories ou méthodes.

Le dépérissement de la recherche française

Le dépérissement de la recherche française

 

Le directeur de recherche , directeur d’études à l’EHESS, Michel Grossetti s’inquiète, dans une tribune au « Monde », de la concentration des (faibles) moyens de la recherche sur quelques établissements

 

S’il n’est guère productif de dénigrer les universités françaises, qui font ce qu’elles peuvent avec les moyens qui leur sont attribués, il est tout de même permis de s’interroger sur les évolutions de la recherche française dans les dernières décennies. La place de notre pays dans les bases de données recensant les publications scientifiques, en particulier le Web of Science qui forme la base du classement de Shanghaï, fait apparaître une situation plus inquiétante que ne le suggère la tribune de Pierre Veltz « Arrêtons l’autodénigrement à propos de l’université française » parue dans Le Monde du 24 août 2022.

 

Dans son rapport de 2021 sur « La position scientifique de la France dans le monde et en Europe 2005-2018 », l’Observatoire des sciences et techniques (OST) constate le passage progressif de notre pays du 6e rang mondial en 2005 au 9e en 2018, la France ayant été dépassée successivement par l’Inde, puis l’Italie et enfin la Corée du Sud. Si la progression de très grands pays comme l’Inde est logique dans le cadre d’un processus global de rééquilibrage en faveur des pays émergents, le constat est plus inquiétant lorsque la France est devancée par des pays moins peuplés comme l’Italie ou la Corée du Sud.

 

Le nombre de publications d’un pays (ou d’une ville, d’une région ou d’une université) est fonction du nombre de personnes effectuant de la recherche et des moyens dont ces personnes disposent. Sur ces deux points, la France a moins progressé que d’autres pays. Ainsi, le Sénat notait en 2020 que « la dépense intérieure de R&D (DIRD) oscille depuis les années 1990 autour de 2,25 % du PIB (2,21 % en 2017), loin de l’objectif collectivement fixé en Europe dès le début des années 2000 : parvenir à 3 % du PIB. Pis, en 2017, l’effort de recherche a diminué dans notre pays, à 2,21 % du PIB. Pourtant, l’Allemagne dépasse les 3 % du PIB, comme la Suède, la Finlande, la Suisse et l’Autriche en Europe. La France est seulement le 13e pays du monde sur cet indicateur !  ».

Depuis une quinzaine d’années, la stagnation des financements et des recrutements, voire la diminution de ces derniers dans certains organismes comme le CNRS, s’est accompagnée de restructurations incessantes des établissements avec les regroupements comme celui de Paris-Saclay bénéficiant de fortes dotations, contrairement aux établissements qui ne font pas partie de ces grands assemblages, et de la mise en œuvre d’une politique d’« excellence » consistant à concentrer les moyens sur les chercheurs les plus reconnus.

L’inflation et la recherche de prix bas

L’inflation et la recherche de prix bas

 

3%, c’est la proportion de Français qui, en juin 2021, positionnaient l’inflation parmi les trois sujets les plus inquiétants. En juin 2022, ils sont 38% dans ce cas, souligne Alexandre Guérin. Les Français auraient-ils été pris de court ? Par Alexandre Guérin, Directeur général d’Ipsos en France

 

Une approche très marketing qui peut en partie permettre d’affronter l’inflation mais avec des limites car le consommateur se rend vite compte des artifices pour dissimuler les hausses NDLR

 

L’inflation est devenue la préoccupation première des Français et la confiance des ménages s’érode. L’Indice primaire de Confiance des Consommateurs qui avait atteint son plus haut niveau depuis 10 ans en septembre 2021 (49) s’est effondré (43,9) en juin 2022, atteignant un niveau comparable à celui de la crise des Gilets jaunes. Il a rapidement été possible d’identifier certaines stratégies des consommateurs pour faire face à cette dégradation de leur pouvoir d’achat. Les deux plus répandues du mois de juin étaient de différer certains achats (30%) et de rechercher les promotions (26%).

Mais les marques ne sont pas toutes égales face à ces enjeux. La demande, en réponse à l’augmentation des prix, est hétérogène pour les catégories de produits de consommation, et peut même l’être au sein d’une même catégorie. Le consommateur va donc réagir au cas par cas à une hausse du prix. On observe ainsi ce que l’on appelle « une plus grande élasticité de la demande au prix » pour les soins capillaires que pour le papier hygiénique ou encore pour le lait infantile : quand le prix augmente, la consommation baisse. Parmi les catégories les plus « élastiques », on trouve ainsi, dans l’alimentaire, le bio, dont les volumes accusent une baisse de 10% sur un an.

 

Que restera-t-il des comportements nouveaux adoptés par les consommateurs pendant les confinements successifs de 2020 et 2021 ? C’était la grande interrogation des professionnels des études de marché l’an passé. Les plus provocateurs d’entre eux formuleraient plutôt aujourd’hui la question suivante : que restera-t-il dans le panier des ménages une fois qu’ils auront restreint leur train de vie ? Ce changement de perspective implique un retour aux fondamentaux des études de marché. Au-delà de la mesure de « l’élasticité prix », toute marque doit désormais se questionner sur ce qui la rend non-substituable pour résister.

Une quarantaine d’années de données montrent que les marques les moins substituables sont celles qui font le pari continu de l’innovation, qui peut se matérialiser sous différentes stratégies : la réduction des formats (downsizing), par exemple, qui garde l’étiquette de prix inchangé, mais pour une quantité de produit moindre, peut s’avérer une option particulièrement payante dans des catégories pour lesquelles les décisions d’achat sont immédiates. Un changement de design ou un travail sur les bénéfices pour les rendre plus percutants et pertinents sont à contrario souhaitables pour accompagner une hausse de prix. Enfin, un produit nouveau, premium, sans concurrent direct, sera par nature moins vulnérable à une « guerre des prix ».

Le marché des boissons chaudes constitue un exemple intéressant d’utilisation combinée de ces différentes stratégies : l’offre déjà très large de thé en sachet (de la marque distributeur au très premium) est très compétitive tandis que celle en capsules pour machine est encore récente et limitée. Un format au caractère innovant qui permettrait à la marque leader de proposer 16 capsules pour le prix de 50 sachets de thé.

Ce retour aux fondamentaux du commerce s’impose plus que jamais aujourd’hui. Non pas parce que la digitalisation, la personnalisation de l’expérience ou encore la raison d’être des marques seraient déjà derrière nous, mais parce que l’urgence du moment est bel et bien de revenir aux bases des quatre « P » : produit, prix, placement et promotion.

COVID :Les crédits de la recherche stoppés !

COVID :Les crédits de la recherche stoppés !

 

Le chercheur Mircea Sofonea déclare que les moyens alloués à une partie de la recherche sur le Covid-19 ont été stoppés, empêchant de faire des projections sur l’évolution de l’épidémie.

Un désengagement de l’État dans la recherche sur le Covid-19? L’épidémiologiste Mircea Sofonea assure ce dimanche sur BFMTV que certains financements, permettant de mener des projections sur l’évolution du virus, ont été arrêtés, malgré la poursuite de l’épidémie. Une « première », selon lui.

« C’est la première fois depuis presque deux ans et demi qu’il n’y a pas de projections publiques en France sur l’actuelle vague », dénonce-t-il.

« Cela s’explique par plusieurs paramètres. (…) Il se trouve qu’il y a un manque de moyens dans la recherche, un désintérêt aussi de l’État et donc un manque de financements sur cette activité », assure-t-il.

L’épidémiologiste s’inquiète spécifiquement pour les financements des recherches scientifiques permettant de réaliser des projections de l’évolution du virus et de prévoir les prochaines vagues.

Pour l’épidémiologiste, si le financement de la recherche des projections épidémiologistes « coûte moins d’argent que de développer des vaccins », il estime que « ce sont des moyens qui peuvent être mis en place par l’État ».

« Malgré l’enjeu sanitaire, l’État s’est désengagé de cette dynamique », déplore-t-il.

L’arrêt de ces financements a des conséquences concrètes sur le travail des recherches, pour Mircea Sofonea.

« J’ai, par exemple, des personnes dans mon équipe, qui n’a pas grossi depuis le début de l’épidémie de Covid, qui seront malheureusement en arrêt de contrat en 2023″, assure-t-il.

Le chercheur explique que pour compenser ce manque de moyens, son équipe doit postuler à des projets pour trouver d’autres moyens de financements.

« Ça veut dire qu’on passe beaucoup plus de temps à essayer d’avoir des financements pour pérenniser certains chercheurs précaires dans l’équipe ne serait-ce que pour maintenir l’activité de projection. Ce manque de temps impacte aussi la recherche », s’inquiète-t-il.

Crise climatique : Entreprendre un immense effort de recherche

Crise climatique : Entreprendre un immense effort de recherche

 

Il est nécessaire de suivre une double stratégie face au réchauffement climatique et alors que nos modes de vies les plus prisés ont été principalement obtenus à l’aide de sources d’énergie et de systèmes techniques trop émetteurs de CO₂, défend dans le Monde  le professeur en sciences de gestion Armand Hatchuel.

 

Un article intéressant qui ne pose pas bien au contraire sobriété et recherche. Un appel sans doute aussi à sortir de la caricature des positions entre les partisans de la croissance et ceux qui voudrait la stopper brutalement NDLR

 En avril, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a annoncé qu’il restait peu de temps pour éviter un réchauffement climatique à plus de 1,5 °C. L’alerte a mis la planification écologique à l’agenda gouvernemental. Elle a aussi exacerbé les antagonismes entre les tenants d’une sobriété consentie – voire émancipatrice – et les partisans d’un effort résolu de recherche scientifique et technique.

Or ces deux stratégies sont indispensables l’une à l’autre, et une politique de sobriété doit aussi être éclairée par un effort majeur de recherche, notamment sur les principes de justice qui la guident.

La crise climatique tient à ce que nos modes de vie les plus prisés ont été principalement obtenus à l’aide de sources d’énergie et de systèmes techniques trop émetteurs de CO2. On peut donc agir dans deux directions : la sobriété écologique qui consiste à conduire un profond changement de nos modes de vies, et la recherche de nouvelles technologies vertes et qui ne bouleverseraient pas trop ces derniers.

La sobriété semble ne dépendre que de la décision collective. La voie technologique apparaît lente et incertaine et pourrait dangereusement retarder cette décision. La sobriété devrait donc s’imposer au plus vite, même si elle force à rompre avec nos pratiques les plus désirées. Mais un changement aussi violent n’a pu être obtenu qu’en temps de guerre ou de pandémie, et de façon provisoire.

En outre, d’un pays à l’autre, les émissions par habitant (Banque mondiale, 2018) varient en valeur relative de 1 (Rwanda) à 320 (Qatar), en passant par 150 (Etats-Unis) et 88 (moyenne des pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques).

Comment répartir efficacement et équitablement les efforts de sobriété ? Comment gérer les conséquences non prévisibles de cet effort ? La recherche nécessaire pour réussir une telle transformation, au niveau national et mondial, est immense. Car, outre la conception partagée de critères de justice, il faut réussir les nouveaux modèles techniques indispensables à la sobriété : la généralisation sans carences d’une alimentation moins carnée, la réduction drastique des déplacements non verts, la pleine recyclabilité des matériaux, la viabilité des circuits courts, etc.

Serait-elle un horizon indépassable, la voie de la sobriété n’en est pas moins inconnue. Or c’est l’imprévisibilité de ses effets qui pousse simultanément à la recherche de technologies alternatives. Car même si celles-ci n’émergent que dans quelques années, nul ne sait où nous auront alors conduits les politiques de sobriété, tant sur le plan climatique que sociétal.

« Sauver la recherche ! »

« Sauver la recherche ! »

 

Face au constat de décrochage de la recherche française, le biologiste Jean-Marc Egly alerte dans une tribune au « Monde » . 

 

La situation de la recherche en France n’est pas bonne. Les résultats de l’appel d’offres lancé par le Conseil européen de la recherche qui attribue trois types de contrats sur projets (financements de 2 millions d’euros sur cinq ans), à l’élite de la recherche européenne, sont tombés. La France qui, jusque dans les années 2010, tenait son rang en Europe en se hissant à la deuxième place, et titillant parfois le Royaume-Uni pour la première place, se retrouve en queue de peloton. En ce qui concerne les contrats « avancés », cette année, dans les sciences du vivant, la France n’a que quatre lauréats à égalité avec l’Irlande, loin derrière l’Allemagne (17), l’Angleterre (14) et les Pays-Bas (10). Si, en sciences physiques, la France obtient 15 lauréats, l’Allemagne en a 31. En sciences humaines, nous nous hissons à la troisième place avec six lauréats, l’Angleterre en ayant 13.

Dans la catégorie « consolidator », nous obtenons 29 lauréats sur un total de 313 projets financés, loin derrière l’Allemagne (61) et l’Angleterre (41). Constat moins sévère chez les juniors, où près d’une soixantaine sont lauréats sur un total de 397, juste derrière l’Allemagne. On ne peut que saluer les résultats de cette dernière qui a – il y a peu – considérablement revu sa politique de recherche en matière de budget et de financement basé sur l’excellence.

Sourd aux alertes formulées par de nombreux scientifiques et après plus de vingt ans de désintérêt de l’Etat, de maladresses du monde syndical, et de faible mobilisation des chercheurs eux-mêmes, il nous faut malheureusement constater que nous ne jouons plus les premiers rôles sur la scène européenne, ce que la crise due au Covid-19 nous avait indiqué avec notre incapacité à produire un vaccin.

Notons également combien les candidats au poste suprême, tous adeptes du bien-être de nos concitoyens, n’ont pas fait de la recherche un axe prioritaire. A l’heure où des esprits qui se croient éclairés ne veulent plus considérer le niveau de nos publications scientifiques en termes de facteurs d’impact (un indice de la visibilité des travaux), regardons simplement les déroulés des grands meetings internationaux où nous brillons par notre absence. Avouons-le donc, nous avons pris au moins cinq ans de retard en recherche.

Inflation : la recherche des prix les plus bas par les consommateurs

Inflation : la recherche des prix les plus bas par les consommateurs

Il y a une bascule des consommateurs vers les produits premier prix », constate la Fédération du commerce et de la distribution .

Selon Jacques Creyssel, les enseignes de grande distribution ont une marge de manoeuvre « extrêmement faible » sur les prix.Du coup, les consommateurs délaissent les produits de marque au profit des produits à bas prix des distributeurs, abandonnant au passage les produits bio trop chers

« Il y a une vraie bascule des consommateurs vers les produits premier prix », a déclaré vendredi 29 avril sur franceinfo Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), alors que l’inflation a continué à accélérer en avril en France pour atteindre 4,8% sur un an.

« Tout le monde fait très attention« , constate Jacques Creyssel. « Il y a très clairement une évolution dans ce sens-là et on pense que ça va s’accentuer et s’accélérer dans les semaines qui viennent. »

Le délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution explique que « les pâtes sont le produit qui a le plus augmenté », avec « une augmentation globale de 13% du prix des pâtes depuis le début de l’année. »

Selon lui, les enseignes de grande distribution ont une marge de manoeuvre « extrêmement faible » sur les prix : « C’est de l’ordre de 1%, c’est-à-dire que sur un panier de 50 euros, nous touchons 50 centimes. Pour autant, tout le monde fait des efforts parce que nous avons besoin que nos clients soient capables de trouver des produits au meilleur prix. »

Présidentielle 2022 : « « NOUS », acteurs de la recherche et de l’enseignement supérieur contre Le Pen

Présidentielle 2022 :  « Nous », acteurs de la recherche et de l’enseignement supérieur contre Le Pen 

 

Un collectif rassemblant plus de soixante-dix acteurs de la recherche et de l’enseignement supérieur  ( sur des milliers NDLR) estime, dans une tribune au « Monde », qu’une victoire de l’extrême droite – qui a toujours montré sa vraie identité faite d’intolérance, de stigmatisation, de censure, de menace et de défiance vis-à-vis de la science – se traduirait par un changement de civilisation, en rupture avec les Lumières.

 

Tribune. 

 

Engagés dans le secteur de la recherche et de l’enseignement supérieur, sensibles aux attentes vis-à-vis de la science pour répondre aux défis de la planète et de notre pays, nous souhaitons alerter nos concitoyens sur l’immense danger que représenterait l’élection de Mme Le Pen à la présidence de la République.

La banalisation progressive du Front national hier, du Rassemblement national aujourd’hui, et de leur même candidate, Mme Le Pen, ne doit aucunement faire oublier la nature du programme politique proposé, porteur de régression et de déclin sur tous les plans, économique, social, culturel et, bien sûr, scientifique.

Mme Le Pen l’a elle-même déclaré le soir du premier tour : « Ce qui se jouera ce 24 avril (…) sera un choix de société et même de civilisation. » Notre civilisation, justement, est le fruit de notre histoire, celle qui a conduit notre pays à être celui des droits de l’homme et à prendre toute sa place dans la dynamique du siècle des Lumières, qui nous a aidés à sortir de l’obscurantisme et de l’arbitraire.

La civilisation que nous propose Mme Le Pen est à l’opposé de ces principes et va à l’encontre de nos valeurs académiques, faites de tolérance, d’écoute et de respect. Elle est fondée sur le rejet de l’autre, sur la désignation de boucs émissaires, sur le refus d’une approche globale des problèmes. Elle remet en cause notre vocation européenne et l’ouverture internationale dont se nourrissent l’enseignement supérieur et la recherche.

Au moment où les crises se font de plus en plus fortes sous l’effet des pandémies, du réchauffement climatique, des conflits géopolitiques, nous avons besoin plus que jamais de préserver la démarche scientifique, l’ouverture aux autres et les valeurs d’humanité et de solidarité pour pouvoir faire face à ces défis et faire en sorte que de ces crises naissent aussi des progrès pour l’humanité.

Une grande partie des électeurs et des électrices de Marine Le Pen ont exprimé une colère et des craintes quant à leur avenir et à celui de la France. Nous ne considérons évidemment pas que notre société soit parfaite. La communauté académique n’a pas la réputation d’être avare de critiques, nous sommes conscients que les inégalités sociales n’épargnent pas l’enseignement supérieur et la recherche.

Nous devons collectivement rendre cette société plus juste, plus inclusive, plus durable et plus éclairée, avec un service public de l’enseignement supérieur et de la recherche accessible à tous les bacheliers. Mais une telle évolution n’est possible que dans une démocratie où les droits et les devoirs de chacun et de chacune sont respectés.

Agrégation Droit: Pour l’enseignement mais aussi la recherche

Agrégation Droit: Pour l’enseignement mais aussi la recherche

 

La leçon en vingt-quatre heures, épreuve du concours d’agrégation de droit défendue par certains juristes et qu’un projet d’arrêté gouvernemental veut supprimer, renforce les inégalités et méconnaît la juste place du droit, affirme, dans une tribune au « Monde », le professeur de droit public Antoine Corre-Basset.

 

Tribune

 

Les unités de formation et de recherche (UFR) de droit et de gestion sont-elles tombées bien bas, si leur éclat ne tient qu’à la persistance, comme ces étoiles déjà mortes mais qu’on voit encore, de la leçon de vingt-quatre heures ! On s’excuserait presque de porter sur la place publique un débat récurrent parmi les juristes (dont certains, et même les présidents de récents jurys d’agrégation, ont déjà mis en doute la pertinence de cette épreuve) : nous ne faisons cependant que répondre, et l’argumentation avancée par Jean-François Cesaro et Pierre-Yves Gauthier dans la tribune « L’amélioration du concours d’agrégation ne passe pas par son édulcoration » (Le Monde du 17 janvier) nous paraît, bien malgré eux sans doute, plutôt de nature à remettre en cause le système même du concours d’agrégation du supérieur.

Ramassons ces arguments : la leçon en vingt-quatre heures permettrait de vérifier que les candidats possèdent les qualités qui font un bon professeur. Celui-ci devrait savoir faire ressortir les enjeux juridiques de toute notion de manière pédagogique, sélectionner et animer une équipe et, accessoirement, terminer sa journée de travail après 16 h 30. Cependant, et contrairement à ce qu’affirment MM. Cesaro et Gauthier, l’épreuve est tout à fait impropre – ou, en tout cas, pas plus propre qu’une autre – à cette tâche.

Passons sur la résistance physique, qui n’est d’ailleurs pas réservée aux professions intellectuelles évoquées par nos auteurs. L’argument est si peu spécifique qu’on ose à peine l’évoquer : faut-il donc croire que, seuls parmi leurs pairs, les étudiants en droit, avant de passer l’agrégation (donc en particulier au moment de rendre leur mémoire de M2 puis leur thèse) n’ont jamais passé de nuit blanche à travailler et qu’il faille donc vérifier à l’article de la titularisation qu’ils ont bien cette capacité ?Ou bien doit-on comprendre que l’image idéale d’un enseignant en droit est celle d’un individu si mal organisé qu’il se rend systématiquement compte la veille au soir qu’il doit préparer un cours pour le lendemain ? Et lui saura-t-on gré, donc, de livrer à ses étudiants un résumé hâtif de lectures rapides plutôt que le fruit d’une réflexion de long terme sur un champ longtemps labouré ?

C’est que le rendu de la leçon en vingt-quatre heures n’est pas digne d’un cours en amphithéâtre. Il n’est rien d’autre qu’un exercice rhétorique, comme le sont toutes les leçons d’agrégations, qu’elles soient ou non, d’ailleurs, du supérieur. On y chercherait en vain le résultat d’une recherche, alors même que ce qui fait la spécificité des universitaires est d’être à la fois enseignants et chercheurs, et enseignants parce que chercheurs.

Former les élites à la problématique de la recherche

Former les élites à la problématique de la recherche

 

 

A l’occasion de l’ouverture du nouvel Institut national du service public, le 1er janvier, l’universitaire Elyès Jouini plaide, dans une tribune au « Monde », pour la formation des hauts fonctionnaires par la recherche.

 

Tribune. 

 

En Allemagne, une grande partie des élites est formée par la recherche : 40 % des titulaires de doctorat œuvrent notamment dans l’administration publique (hors enseignement et recherche). Ils ont consacré plusieurs années à des recherches approfondies, apportant modestement leur pierre à l’édifice des connaissances, avant de s’engager dans l’action publique et, pour certains, d’y accéder aux plus hautes responsabilités. Ainsi, Angela Merkel et Helmut Kohl étaient tous deux titulaires d’un doctorat : la première, scientifique, en chimie ; le second, littéraire, en histoire.

La situation est toute différente en France, où seulement 10 % des docteurs formés s’orientent vers la fonction publique, avec, au total, dans la haute administration, sept fois moins de titulaires d’un doctorat qu’en Allemagne.

Les conséquences sont importantes. On ne s’étonnera pas que les décideurs publics français, plus éloignés du monde de la recherche, accordent moins de valeur à la démarche scientifique au sens large que leurs homologues allemands. L’investissement public dans la recherche est, de fait, d’un montant de 20 % plus élevé en Allemagne qu’en France.

La formation par la recherche modifie par ailleurs l’approche des problèmes. Après trois à cinq ans de travaux à la pointe des connaissances, le docteur sait que les savoirs ne sont jamais définitifs. Il sait qu’il doit veiller à recueillir les meilleures expertises, les confronter entre elles et à la réalité. Il sait qu’à un problème donné il peut y avoir plusieurs solutions, et qu’une solution peut être la source de nouveaux questionnements.

L’administration gagnerait beaucoup à accueillir en son sein des hauts fonctionnaires formés à cette école de l’humilité, aux côtés des profils classiques, sélectionnés via les filières traditionnelles pour leur vélocité à résoudre des problèmes pourvus d’une solution déjà connue, et le plus souvent unique.

La haute fonction publique française trouverait également, ainsi, des personnels capables de jouer un rôle de passeur entre le monde de la recherche scientifique et celui des décideurs, rôle crucial dans une période où les politiques sont sommés de prendre des décisions dans des domaines complexes et mouvants : gestion de pandémie, choix énergétiques, régulation des réseaux, etc.

Le faible nombre de hauts fonctionnaires capables aujourd’hui de décrypter et de synthétiser les recherches les plus récentes dans l’entourage immédiat des politiques peut conduire ces derniers à s’appuyer sur des informations dépassées, ou parcellaires, voire à en tirer de fausses certitudes. Et en période de fortes turbulences, le grand public, ballotté de décision en décision, parfois contradictoires en apparence, en arrive à rejeter l’ensemble des mesures proposées.

La bureaucratie ou la recherche ?

La bureaucratie ou la recherche ?

 

L’alourdissement des tâches administratives, synonyme de perte de temps et d’énergie, conduira à un appauvrissement de la science française, prévient un collectif de directeurs de structure de recherche dans une tribune au « Monde ».

 

La protestation des directeurs de recherche est pertinente compte tenu de la bureaucratisation des fêlures de financement des recherches. Cela ne serait cependant dispensé d’une évaluation NDLR

 

 

 

Tribune.

 

 Alors que les sciences et les savoirs sont plus que jamais nécessaires pour faire face aux crises de notre temps, la recherche française est malmenée et menacée par l’intensification du nouveau management public. Après le renforcement de la logique compétitive et du financement par projet, entériné par la loi de programmation pluriannuelle de la recherche, voici l’apparition de nouvelles procédures d’évaluation des activités de recherche, instaurées récemment par le Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Hcéres), qui ne font qu’amplifier ce phénomène délétère.

En mars 2021, la Cour des comptes rendait public un rapport d’une grande sévérité sur les activités menées par le Hcéres entre 2014 et 2020 : « Les rapports d’évaluation du Haut Conseil ne jouissent pas, dans le milieu académique, d’une réputation à la hauteur de l’effort consenti. Menés sur la base de référentiels très normés et de procédures particulièrement longues, les travaux d’évaluation pèsent sur les établissements, et plus encore sur des unités de recherche déjà chargées en travaux non scientifiques. »

Que diraient les magistrats de la Rue Cambon un an après l’arrivée de Thierry Coulhon à la tête du Hcérès ? Ils constateraient certainement, à rebours de leurs recommandations, un alourdissement de la technostructure de cette autorité administrative indépendante, une complexification des procédures normatives et, en conséquence, l’accroissement mécanique de la charge de travail administratif, déjà phénoménale, demandée aux acteurs de la recherche.

Contre-pied

Lors de sa prise de fonctions, en novembre 2020, le nouveau président du Hcérès avait pourtant déclaré : « Il faut trouver un équilibre entre la simplicité, la légèreté de l’évaluation, et son efficacité. » En outre, le Hcérès vient de signer la Déclaration de San Francisco sur l’évaluation de la recherche (DORA), laquelle défend une évaluation qualitative, portant sur les contenus de la recherche, au détriment d’une approche quantitative recourant à des critères « scientométriques ».

Dans la pratique, le Hcérès fait donc tout le contraire de ce qu’il défend publiquement. Sans aucune concertation avec le terrain et en toute opacité, il vient de mettre en place une usine à gaz aux antipodes des principes du texte de DORA. Le Haut Conseil a décidé qu’il n’avait plus à évaluer les contenus scientifiques et les projets des laboratoires : il entend désormais uniquement procéder à un bilan « ex post », c’est-à-dire à une évaluation comptable suivant d’innombrables indicateurs (on n’en recense pas moins de 57 pour les structures de recherche).

 

L’Etat doit soutenir aussi la recherche spatiale

 L’Etat doit soutenir aussi la recherche spatiale

Un collectif d’une soixantaine de membres de l’Académie des sciences, parmi lesquels l’astrophysicienne Françoise Combes, le climatologue Jean Jouzel et le Prix Nobel de physique Albert Fert, s’alarme, dans une tribune au « Monde », de la priorité donnée par le ministère de l’économie à la dimension industrielle de la recherche spatiale.

Tribune.

 

A l’été 2020, à l’occasion d’un remaniement ministériel, la tutelle du secteur spatial français est passée du ministère de la recherche et de l’innovation au ministère de l’économie et des finances, pour la première fois depuis soixante ans.

Pour le Centre national d’études spatiales (CNES), ce transfert constitue un changement sans précédent. Chargé de la mise en œuvre des programmes spatiaux publics, contributeur essentiel du développement des lanceurs (Ariane) et de l’innovation, le CNES a toujours été un acteur-clé de la recherche scientifique, visant à comprendre et à protéger notre planète, explorer l’Univers, ou étudier les lois de la nature et le vivant grâce à la micropesanteur. Ainsi, le CNES joue un rôle majeur dans les missions scientifiques de l’Agence spatiale européenne (ESA) et d’autres partenaires internationaux, comme la NASA [l’agence spatiale américaine].

Pour cela, il s’appuie sur un vaste réseau de laboratoires universitaires – avec le Centre national de recherche scientifique et le Commissariat à l’énergie atomique – et d’entreprises industrielles. Cet écosystème a construit la légende de l’espace français. C’est ce qu’a récemment reconnu le premier ministre, Jean Castex, à l’occasion du soixantième anniversaire du CNES, en affirmant que la collaboration historique « entre laboratoires de recherche et industries reste l’une des grandes originalités du CNES » et « l’une de ses forces principales ».

Applications commerciales

C’est donc au titre de nouveau ministre de tutelle du CNES que, le 6 décembre, Bruno Le Maire a livré un discours précisant sa vision de la stratégie spatiale française. Cette vision semble opposer recherche scientifique spatiale et nouvelles applications commerciales de l’espace. Pour lui, la priorité du programme spatial français doit être à présent l’« aventure industrielle ». Il doit rejoindre le « monde de la compétitivité et du financement ».

Bien sûr, on ne peut que souhaiter que notre économie tire profit du savoir-faire français dans le spatial. La France doit prendre sa place dans le « New Space » [terme qui désigne l’irruption d’acteurs privés spécialisés dans le domaine spatial], en s’appuyant non seulement sur ses opérateurs historiques mais aussi en soutenant les « jeunes pousses » qui pourront, à terme, conquérir les marchés émergents du secteur. A l’avenir, la science et l’exploration pourront d’ailleurs bénéficier de ces nouveaux acteurs.

Cependant, ce projet ne pourra réussir dans la durée si l’Etat se détourne de la recherche spatiale sous prétexte de favoriser l’innovation industrielle. En effet, au-delà des connaissances et des services qu’elle apporte, la recherche a toujours été le principal moteur de l’innovation dans l’espace. Elle est à l’origine de la plupart des applications dont nous bénéficions aujourd’hui : prévisions météorologique et océanographique, systèmes de positionnement, surveillance de la Terre, suivi des ressources, gestion de risques et de la pollution, évolution du climat, etc.

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