Des hybrides rechargeables peu écologiques
Alors que le marché des hybrides rechargeables va occuper la plus grande part des voitures écolos, on vient de s’apercevoir mais sans doute un peu tard que cet technique est très contestable d’un point de vue écologique. Cependant la même critique pourrait être adressée au véhicule totalement électrique dont le bilan carbone en intégrant la production et également catastrophique sans parler de la recherche de métaux rares qui vont polluer ailleurs que dans les pays développés.
.L’an dernier, sur un million de véhicules électrifiés (100 % à batterie et hybrides rechargeables) vendus en Europe, près de la moitié étaient des hybrides rechargeables. En France, leur succès se confirme. En avril leur part de marché dépassait même celle des véhicules 100 % électrique. Mais un succès très contestable comme l’indiquait déjà un article du Monde.
Alors que leurs ventes enregistrent un bond sans précédent, les hybrides rechargeables voient se lever un vent de contestation. Les vertus qu’on leur prête tiendraient du mirage, voire de « l’arnaque », comme l’affirme l’ONG britannique Transport & Environment. Sur le papier, pourtant, ces modèles proposent le meilleur des deux mondes. Une batterie pour parcourir une quarantaine de kilomètres sans consommer une goutte de carburant, un moteur thermique pour les longues distances et, au final, un bilan carbone flatteur.
Selon les données officielles, un hybride rechargeable rejette entre 30 et 50 g de CO2 au kilomètre. C’est, grosso modo, deux fois moins qu’un hybride classique (non rechargeable) et trois fois moins qu’un modèle thermique conventionnel. Ce qui lui vaut l’attribution d’un bonus de 2 000 euros à l’achat (à condition que le prix reste inférieur à 50 000 euros) et de confortables allégements de taxes en tant que véhicule de société.
Connus sous l’acronyme de PHEV (pour « plug-in hybrid electric vehicle »), ces hybrides que l’on peut recharger sur une borne se sont rendus indispensables. Ils contribuent efficacement à abaisser la moyenne des émissions de CO2 des constructeurs qui, à compter de 2021, devra être inférieure à 95 g au kilomètre. Un PHEV coûte cher (compter environ 5 000 euros supplémentaires) et doit transporter quelque 300 kg de batteries mais les nouveautés se bousculent et les ventes décollent.
Publiées, deux études risquent de faire pâlir l’étoile de l’hybride rechargeable. Selon Transport & Environment (T&E), les PHEV émettent en réalité 117 grammes de CO2 au kilomètre, soit 2,5 fois plus que ce qui est annoncé par les données officielles. Le Fraunhofer Institute for Systems and Innovation Research (ISI) de Karlsruhe et le Council of Clean Transportation (ICCT) enfoncent le clou.
Ces observations relancent les critiques récurrentes que suscitent les conditions d’homologation des hybrides rechargeables. Celles-ci présupposent que l’utilisateur branche son véhicule presque à chaque arrêt, ce qui relève de la pensée magique. Un tel décalage entre données officielles et réalité des usages a déjà valu quelques revers aux hybrides rechargeables, privés de subventions aux Pays-Bas depuis 2016 et au Royaume-Uni depuis 2018. En France, où PSA et Renault viennent de commercialiser ce genre de véhicule, la prime a été rétablie en juin dernier mais elle sera réduite de moitié dès 2021.
Certains experts se demandent si l’heure de gloire de ces modèles conçus pour faciliter le passage du tout-thermique au tout-électrique ne sera pas plus courte que prévu. Cités par Automotive News, les consultants de LMC prévoient que la croissance des ventes d’hybrides rechargeables en Europe commencera à faiblir dès 2022.