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ChatGPT: fantasmes et réalités ?

ChatGPT: fantasmes et réalités ?

Cette intelligence artificielle générative, capable de répondre par des textes complexes aux requêtes lancées par des internautes ? La sortie en décembre 2022 de ce logiciel conçu par la société OpenAI a suscité une multitude d’articles, entre visions de catastrophe et utopie, produisant une panique médiatique, comme l’illustre la lettre ouverte de mars 2023 demandant un moratoire dans le développement de ce type de systèmes, signée par un millier de chercheurs.

par Divina Frau-Meigs
Professeur des sciences de l’information et de la communication, dans The Conversation France

Comme le montre une étude de la Columbia Journalism Review, la panique n’a pas commencé en décembre 2022 avec l’événement lancé par OpenAI mais en février 2023 avec les annonces de Microsoft et Google, chacun y allant de son chatbot intégré dans leur moteur de recherche (Bing Chat et Bard, respectivement). La couverture médiatique opère un brouillage informationnel, se focalisant davantage sur le potentiel remplacement de l’humain que sur la réelle concentration de la propriété de l’IA dans les mains de quelques entreprises.

Comme toute panique médiatique (les plus récentes étant celles sur la réalité virtuelle et le métavers), elle a pour but et effet de créer un débat public permettant à d’autres acteurs que ceux des médias et du numérique de s’en emparer. Pour l’éducation aux médias et à l’information (EMI), les enjeux sont de taille en matière d’interactions sociales et scolaires, même s’il est encore trop tôt pour mesurer les conséquences sur l’enseignement de ces modèles de langage générant automatiquement des textes et des images et de leur mise à disposition auprès du grand public.

En parallèle des actions politiques de régulation, l’EMI permet aux citoyens de se prémunir des risques liés à l’usage de ces outils, en développant leur esprit critique et en adoptant des stratégies d’usages appropriées et responsables. L’algo-littératie, ce sous-champ de l’EMI qui considère ce que les data font aux médias, permet d’appliquer ces clés de lecture à l’IA. Voici quatre directions dans lesquelles l’EMI peut nous aider à nous retrouver dans ces chaînes d’interactions algorithmiques, de leurs productions à leurs publics.

Tenir compte de la géopolitique de l’IA
Ce sont les entreprises contrôlant les moteurs de recherche et donc l’accès à l’information, Google et Microsoft, qui ont le plus à gagner dans le développement des IA génératives. Elles s’organisent, à l’américaine, en duopole, avec un (faux) challenger, OpenAI LP. Il s’agit en fait du bras commercial du laboratoire initialement à but non lucratif OpenAI (financé par Microsoft en grande partie).

Une autre histoire peut être racontée, surtout par les médias, celle de l’incroyable concentration de pouvoir et d’argent par un très petit nombre d’entreprises de la Silicon Valley. Elles se donnent le monopole de l’accès à l’information et de toutes les productions en découlant. Elles alimentent la concurrence frontale entre États-Unis et Chine sur le sujet. La stratégie de Google et Microsoft a en effet pour but de couper l’herbe sous les pieds du gouvernement chinois, qui ne cache pas ses ambitions en matière de développement de l’IA.

L’option d’une pause ou d’un moratoire relève de la chimère, face à ce qui est l’équivalent d’une course aux armements. Les inventeurs eux-mêmes, en apprentis sorciers repentis, dont Sam Altman le directeur général de OpenAI, ont proposé en mai 2023 « une gouvernance de l’IA ». Mais ne serait-ce pas dans l’espoir de ne pas subir de plein fouet une réglementation gouvernementale qui leur échapperait et mettrait un frein à leurs intentions commerciales ? L’Union européenne a anticipé en préparant un règlement IA pour réguler les usages de cette nouvelle évolution du numérique.

Tout ce qui est plausible n’est pas nécessairement porteur de sens. L’IA qui pilote le logiciel ChatGPT fait des propositions sur la base de requêtes et elles apparaissent rapidement… dans un langage plutôt stylé et de bonne tenue ! Mais cela peut générer des erreurs, comme l’a compris, à son grand dam, un avocat de New York qui avait monté un dossier truffé de faux avis judiciaires et de fausses citations juridiques.

Il faut donc se méfier de la pseudo-science générée par l’IA. Les contenus proposés peuvent présenter des biais car ils sont issus de l’exploitation d’énormes banques de données. Celles-ci incluent des ensembles de data avec des sources de toutes sortes… dont les médias sociaux ! La dernière version gratuite de ChatGPT s’appuie sur des données qui s’arrêtent à début 2022, donc pas vraiment au point sur l’actualité.

Ces banques de données sont pour beaucoup issues des pays anglophones, avec les biais algorithmiques attenants. De fait ChatGPT risque de créer de la désinformation et de se prêter à des usages malveillants ou d’amplifier les croyances de ceux qui l’utilisent.

Hologramme numérique du cerveau avec l’IA, icônes du chat et enfant prenant des notes
Si l’IA produit des textes qui peuvent sembler bien écrits, cela ne garantit en rien la validité des informations transmises. Shutterstock
Il est donc à utiliser comme tout autre instrument, comme un dictionnaire auprès duquel faire une recherche, élaborer un brouillon… sans lui confier de secrets et de données personnelles. Lui demander de produire ses sources est une bonne consigne, mais même cela ne garantit pas l’absence de filtres, le robot conversationnel ayant tendance à produire une liste de sources qui ressemblent à des citations mais ne sont pas toutes de vraies références.

Par ailleurs, il ne faut pas oublier les problèmes de droits d’auteur qui ne vont pas tarder à rentrer en action.

Se méfier des imaginaires autour de l’IA
Le terme d’intelligence artificielle n’est pas approprié pour ce qui relève d’un traitement de données préentrainé (le sens de l’acronyme GPT pour generative pre-trained transformer).

Cet anthropomorphisme, qui nous mène à attribuer de la pensée, de la créativité et des sentiments à un agent non humain, est négatif à double titre. Il nous rappelle tous les mythes anxiogènes qui alertent sur la non-viabilité de toute porosité entre le vivant et le non-vivant, du Golem à Frankenstein, avec des peurs d’extinction de la race humaine. Il dessert la compréhension sereine de l’utilité réelle de ces transformateurs à grande échelle. La science-fiction ne permet pas de comprendre la science. Et donc de formuler des repères éthiques, économiques, politiques.

Ces imaginaires, pour actifs qu’ils soient, doivent être démystifiés. Ladite « boite noire » de l’IA générative est plutôt simple dans son principe. Les modèles de langage à grande échelle sont des algorithmes entraînés à reproduire les codes du langage écrit (ou visuel). Ils parcourent des milliers de textes sur Internet et convertissent une entrée (une séquence de lettres par exemple) en une sortie (sa prédiction pour la lettre suivante).

Ce que l’algorithme génère, à très grande vitesse, c’est une série de probabilités, ce que vous pouvez vérifier en refaisant la même requête et en voyant que vos résultats ne sont pas les mêmes. Aucune magie là-dedans, aucune sensibilité non plus, même si l’usager a le sentiment de tenir une « conversation », encore un mot du vocabulaire de l’humain.

Vue sur l’écran d’un smartphone et sur la page ChatGPT sur fond flou
La « boite noire » de l’IA générative fonctionne sur des principes plutôt simples. Shutterstock
Et cela peut être amusant, comme le montre l’IA BabyGPT créé par le New York Times, travaillant sur de petits corpus fermés, pour montrer comment écrire à la manière de Jane Austen, de William Shakespeare ou de J.K. Rowling. Même ChatGPT ne s’y laisse pas prendre : quand on lui demande ce qu’il ressent, il répond, très cash, qu’il n’est pas programmé pour cela.

Les publics de l’IA, notamment à l’école, se doivent donc de développer des connaissances et compétences autour des risques et opportunités de ce genre de robot dit conversationnel. Outre la compréhension des mécanismes du traitement automatique de l’information et de la désinformation, d’autres précautions prêtent à éducation :

prendre garde au monopole de la requête en ligne, tel que visé par Bing Chat et Google Bard, en jouant de la concurrence entre elles, donc en utilisant régulièrement plusieurs moteurs de recherche ;

exiger des labels, des codes couleur et autres marqueurs pour indiquer qu’un document a été produit par une IA ou avec son aide est aussi frappé au coin du bon sens et certains médias l’ont déjà anticipé ;

demander que les producteurs fassent de la rétro-ingénierie pour produire des IA qui surveillent l’IA. Ce qui est déjà le cas avec GPTZero ;

entamer des poursuites judiciaires, en cas d’« hallucination » de ChatGPT- – encore un terme anthropomorphisé pour marquer une erreur du système !

Et se souvenir que, plus on utilise ChatGPT, sous sa version gratuite comme payante, plus on l’aide à s’améliorer.

Dans le domaine éducatif, les solutions marketing de la EdTech vantent les avantages de l’IA pour personnaliser les apprentissages, faciliter l’analyse de données, augmenter l’efficacité administrative… Mais ces métriques et statistiques ne sauraient en rien se substituer à la validation des compétences acquises et aux productions des jeunes.

Pour tout intelligente qu’elle prétende être, l’IA ne peut remplacer la nécessité pour les élèves de développer leur esprit critique et leur propre créativité, de se former et s’informer en maîtrisant leurs sources et ressources. Alors que la EdTech, notamment aux États-Unis, se précipite pour introduire l’IA dans les classes, d’école primaire au supérieur, la vigilance des enseignants et des décideurs reste primordiale pour préserver les missions centrales de l’école et de l’université. L’intelligence collective peut ainsi s’emparer de l’intelligence artificielle.

Covid Afrique: Pour une campagne adaptée aux réalités locales

 

Covid Afrique: Pour une campagne adaptée aux réalités locales

 

Moumouni Kinda, Directeur de l’ONG Alima, Moumouni Kinda plaide, dans une tribune au « Monde », pour des solutions associant les acteurs de la société civile afin d’éviter une troisième vague.Une réflexion pleine d’un urgent bon sens. Avec cependant des précautions à prendre quant à l’usage des fonds qui pourraient se perdre dans les méandres d’organisations locales douteuses.

 

Tribune.

 

On aurait tort de penser que les défis de la vaccination contre le Covid-19 en Afrique se résument à la question de la disponibilité des vaccins. Certes, la lenteur et la faible quantité des livraisons demeurent un vrai obstacle et, pour tout dire, un « échec moral catastrophique », comme l’a déclaré le directeur de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, en janvier. En Afrique à ce jour, on compte 2,5 doses administrées pour 100 habitants, contre 87 aux Etats-Unis et 47 en Europe. La moyenne mondiale est de 26 doses pour 100 habitants. Cependant, si l’on en croit les annonces du G7 du 13 juin, le dispositif Covax va progressivement entrer en plein régime. Il faut donc se tourner résolument vers l’avenir et préparer des campagnes de vaccination efficaces et adaptées aux réalités africaines ! D’après notre expérience de terrain d’ONG humanitaire médicale présente dans douze pays d’Afrique, cette mobilisation passe par quatre priorités stratégiques et des préconisations spécifiques au continent. Premièrement, l’identification des publics prioritaires. Parce que l’Afrique n’a pas droit à l’abondance immédiate des vaccins, elle doit encore plus qu’en Europe procéder avec méthode et discernement. Cela concerne en premier lieu les personnels de santé, davantage exposés au virus et dont la mobilisation est essentielle, ainsi que les populations fragiles (personnes âgées et/ou porteuses de comorbidités). Mais le contexte africain se distingue malheureusement par la présence de publics très fragiles, victimes de maladies endémiques comme le paludisme et la malnutrition, ou de conflits sous-régionaux. Il faudra s’appuyer sur l’expertise des humanitaires et des communautés elles-mêmes pour accéder aux camps de réfugiés et de personnes déplacées (par exemple, les 62 000 personnes réfugiées en Mauritanie, à la frontière avec le Mali, ou les milliers de personnes déplacées au Nigeria ou au Burkina Faso). Mais il faudra aussi garantir une bonne mise en œuvre de la vaccination, notamment dans le renforcement de la pharmacovigilance, c’est-à-dire évaluer, documenter et bien sûr prendre en charge les quelques effets indésirables des vaccins. Seule une stratégie rigoureuse respectant les normes internationales et impliquant les acteurs locaux permettra de lever les réticences constatées actuellement. Deuxièmement, le déploiement de la logistique vaccinale. Le risque est grand de voir les vaccins uniquement disponibles et administrés dans les capitales et grands pôles urbains des pays africains. Il faut impérativement que la vaccination soit mobile, ce qui implique des savoir-faire logistiques mais surtout des technologies de gestion de la chaîne du froid. Ce défi du « dernier millimètre » de l’injection se complique dans de nombreux pays, à l’image de la Guinée, touchée par Ebola, où il faut prévenir les risques supplémentaires liés à la difficulté de gestion de plusieurs épidémies. Troisièmement, la préparation en amont des opinions publiques. Comme les autres continents, l’Afrique a sa part de résistance sociale et culturelle aux campagnes de vaccination. Mais à la différence des pays occidentaux, nous ne pouvons pas nous appuyer sur les chiffres pour convaincre. En effet, les données officielles sont relativement faibles, en raison de l’absence de tests à grande échelle, ce qui provoque une baisse d’attention de la population, qui finit par questionner l’existence de la maladie et donc la nécessité du vaccin. Il est impératif de préparer les campagnes de vaccination par une sensibilisation des populations que seule une approche communautaire impliquant les acteurs locaux pourra rendre efficace. C’est ainsi que la demande citoyenne viendra renforcer la pression sur l’offre vaccinale et donc accélérer la livraison des doses à l’Afrique. Enfin, quatrième spécificité, les alliances multi-acteurs. Au-delà de la disponibilité des vaccins, la plupart des Etats africains ne disposent pas des infrastructures de santé suffisantes pour affronter seuls ce défi de la vaccination devant aboutir à 10 % des populations immunisées d’ici à septembre, selon les objectifs de l’OMS. Le virus a eu l’effet d’une bombe systémique, révélant les problèmes structurels africains, comme notre retard en matière d’accès à l’oxygène, qui entrave tragiquement la qualité des soins d’urgence. Et pourtant, c’est aussi en Afrique que s’inventent, avec la lutte contre le paludisme ou Ebola, les nouvelles réponses de l’humanité contre les pandémies et zoonoses. Comme on le voit sur ces terrains, les solutions fonctionnent quand la société civile y est associée dans toutes ses dimensions. Il faudra aussi s’appuyer sur l’expertise africaine en matière de vaccination de masse et de routine développée dans le cadre du Programme élargi de vaccination de l’OMS depuis les années 1970. Avec la mobilisation de l’ensemble des acteurs, l’objectif d’immunisation du continent est bien un objectif réaliste.   En tant qu’humanitaires et médecins africains, nous allons faire face à l’urgence en mobilisant les moyens locaux, nos savoir-faire techniques, notre compréhension des spécificités culturelles, et ce grâce à l’aide internationale qui doit renforcer nos campagnes de vaccination. Il faut à tout prix éviter une troisième vague, qui menace les populations africaines du fait de la baisse de vigilance sur les mesures de prévention et des risques de mutation du virus sur les continents en retard sur la vaccination. Mais tout comme en France ou d’autres pays occidentaux, la crise du Covid-19 doit être l’occasion de repenser nos systèmes sanitaires. Le récent appel de dirigeants africains et européens à un « new deal » pour l’Afrique nous semble aller dans le bon sens et ouvrir des horizons constructifs, notamment en matière de financements et d’investissements. Mais prenons garde à ce que les acteurs de la société civile africaine ne soient pas tenus à l’écart une fois de plus. Ils sont au contraire au centre de la refondation africaine et incarnent plus encore la promesse d’un nouveau modèle de gouvernance sanitaire que nous allons, avec d’autres, construire et proposer au monde. Moumouni Kinda est directeur général de l’ONG Alima (The Alliance for International Medical Action).

Reconnecter notre économie aux réalités de la nature

 Reconnecter notre économie aux réalités de la nature

 

 Tribune d’un collectif dans le monde

Alors que la crise sanitaire a démontré la fragilité de notre modèle agricole, un collectif de personnalités engagées pour une transition écologique et solidaire plaide pour un nouveau pacte entre villes et campagne et invite à repenser notre relation à la terre.

Tribune. Le Covid-19 aura eu au moins un mérite : révéler au plus grand nombre la vulnérabilité de notre système et rendre manifeste l’urgence de proposer de nouveaux modèles de production et de vivre-ensemble, plus résilients, porteurs de sens, créateurs de richesses et de solidarités. Face aux crises écologiques, économiques et sociales s’impose une évidence : la nécessité de (re)toucher terre. Un retour à la terre que nous entendons au sens large, c’est-à-dire repenser les relations ville-campagne, reconnecter notre société hors-sol au vivant et redonner une place centrale à l’agriculture et aux paysans.

Le modèle urbain consumériste arrive en bout de course. Cette impasse invite à changer de regard sur la ruralité. Loin des congestions automobiles et du stress, agriculteurs, entrepreneurs, associations, artistes et collectivités inventent chaque jour d’autres façons de produire, de travailler, d’habiter. Ils refont battre le cœur des villages, mettent de la poésie dans nos vies, permettent la résilience alimentaire et économique, mettent les gens en relation et ouvrent à de nouvelles solidarités.

Ce foisonnement d’expériences offre une occasion pour les campagnes de jouer un rôle politique fort dans la construction du monde de demain et invite à penser de nouveaux équilibres territoriaux. Oui, les campagnes qualifient les villes aujourd’hui ! Nous plaidons pour un nouveau pacte ville-campagne qui favoriserait les complémentarités et les mises en cohérence plutôt que l’irresponsable « laisser-faire » libéral.

Miser sur l’intelligence collective

Les nouveaux modes de travail et les technologies rendent aujourd’hui possible un exode urbain. Le confinement loin des villes aura permis à de nombreux citadins de l’expérimenter temporairement, et pour certains de sauter le pas définitivement. Mais pour que ce phénomène soit une véritable opportunité, il doit faire l’objet de « politiques d’accueil ». Et inversement, les projets des néoruraux doivent s’inscrire dans le respect des spécificités et des besoins locaux. Seul un projet politique qui s’inscrit dans des processus de rencontres entre les différents acteurs fera sens, et permettra à chacun de s’approprier le territoire et de travailler ensemble.

La diversité et le lien sont les seules réponses à la complexité. Les crises actuelles ont pris racine dans un mal invisible : celui de l’uniformisation des êtres et des territoires. Face à l’ineptie d’un monde cloisonné, nous devons concentrer nos efforts sur le lien à l’autre : entre citadins et ruraux, entre les mondes agricoles, économiques, politiques et artistiques. La résilience ne peut se créer qu’en misant sur nos complémentarités. L’innovation naît de l’intelligence collective.

 

Coronavirus : « L’Etat décide tout seul sans connaître les réalités (Jean-Luc Moudenc)

Coronavirus : « L’Etat décide tout seul sans connaître les réalités (Jean-Luc Moudenc)

Jean-Luc Moudenc, président de France urbaine et maire de Toulouse relaie les difficultés des maires des grandes villes dans une interview au JDD. Il alerte : « Il y a un hiatus incroyable entre le discours du gouvernement et ce que nous vivons. » (Interview de l’AFP)

Dans ses dernières communications, France urbaine hausse le ton. Pourquoi ce changement?
Les maires sont en première ligne dans ce combat, surtout ceux des grandes villes. C’est en milieu urbain que les problèmes sont les plus aigus, sur la gestion de l’espace public, l’accueil des enfants de soignants, l’hébergement des sans-abris… Nous sommes aux côtés de l’Etat, relayant les consignes nationales, prenant des initiatives. Mais nous avons besoin de l’aide, de la validation, de la souplesse de l’Etat. Chaque lundi, nous écrivons au Premier ministre pour soulever des questions pratiques, et nous n’avons aucune réponse depuis le début de la crise. Nous haussons le ton pour nous faire entendre, pas pour polémiquer.

Les Agences régionales de santé (ARS) ne sont-elles pas là pour répondre à vos questions?
On est globalement très mécontents. Soit elles ne nous répondent pas, soit de manière contradictoire d’un territoire à l’autre. J’ai écrit par exemple il y a quinze jours à l’ARS d’Occitanie pour avoir des tests de dépistage pour nos Ehpad, mais je n’ai eu aucune réponse. On comprend que les ARS soient débordées mais nous aussi, on est sur le pont.

Quelles réponses attendez-vous?
Justement sur le dépistage dans les Ehpad : il y a un hiatus incroyable entre le discours du gouvernement et ce que nous vivons. On nous dit depuis deux semaines que les tests de dépistage vont arriver, mais quand on s’adresse aux ARS, on constate qu’elles n’en ont pas! Alors on fait du bricolage.

Concrètement, quelles conséquences cela a-t-il pour vous?
Dans un Ehpad d’une ville membre de France urbaine, quatre agents étaient infectés ou suspectés de l’être. Il fallait 130 tests pour dépister personnels et résidents. L’hôpital en a fourni 40, et un laboratoire privé 80, grâce aux relations personnelles du maire. Mais ce laboratoire ne fera ce geste qu’une fois : si un autre établissement doit être testé, il n’y aura pas de solution.

Il y a un hiatus incroyable entre le discours du gouvernement et ce que nous vivons

 

Êtes-vous en mesure d’accueillir les enfants du personnel soignant et de sécurité?
Nous pouvons en accueillir dix fois plus! C’est une autre demande que nous avons. Nos locaux sont aujourd’hui largement sous employés : à Toulouse, j’ai ouvert huit groupes scolaires pour 90 enfants… Or l’Etat a décidé de réserver cette possibilité aux soignants, policiers nationaux, gendarmes et pompiers. Comment comprendre que ce ne soit pas possible pour la police municipale? Elle aussi assure le respect du confinement! Pour nous, maires, se pose aussi la question du personnel des Ehpad, des caissiers, de ceux qui nettoient écoles et crèches, qui assurent la collecte des ordures – tâches ingrates ô combien stratégiques! Comme l’accueil des enfants est assuré par l’Education nationale, nous avons besoin de l’autorisation des recteurs pour l’ouvrir à d’autres publics. Certains sont plus ou moins compréhensifs d’une académie à l’autre. Et nos agents qui remplissent cette tâche aux côtés des enseignants ne sont mêmes pas autant protégés qu’eux!

Que voulez-vous dire?
On apprend par la bande, sans même que les maires soient consultés, que l’Education nationale va équiper de masques ses personnels. L’Etat a décidé tout seul dans son coin. Et au mépris de la doctrine qu’il a lui-même mis en oeuvre, à savoir réserver les masques aux malades et aux soignants! La rentrée scolaire à Toulouse est le 20 avril : mes agents vont voir les enseignants masqués et pas eux, ils vont prendre peur et me demander ce que je fais! Et il y autre problème que nous avons : l’information du public.

C’est-à-dire?

On prend plein de mesures pour relayer l’action de l’Etat. Mais la grande majorité des élus des grandes villes sont dans l’entre-deux-tours des municipales : il nous est interdit de communiquer sur les actions de notre collectivité car nous sommes en période électorale. Nous demandons une dérogation exclusivement pour la communication de crise. Par exemple pour éviter que des habitants découvrent que plusieurs espaces municipaux sont fermés au public. Ou encore, pour informer les Toulousains des adresses des 13 centres de consultation dédiés aux personnes potentiellement atteintes par le Covid-19, que nous avons ouvert avec l’ordre des médecins.

Il faut que ce gouvernement regarde les élus locaux autrement, de manière positive, et qu’il nous fasse confiance

Pourquoi les réponses tardent-elles?
Cette crise révèle des failles dans l’organisation de l’Etat en France. Pour être franc – et le contraire serait indécent – je ne cherche pas la polémique. Je ne suis pas sûr que ça se passerait mieux avec un autre gouvernement. Le sujet est celui de la déconcentration : les administrations de l’Etat sur le terrain sont pauvres en ressources humaines et en moyens. Elles auraient, sinon, davantage de possibilités pour dialoguer avec nous. Il faut que ce gouvernement, où il n’y a pas que des décentralisateurs, regarde les élus locaux autrement, de manière positive et qu’il nous fasse confiance. On le dit depuis trois ans.

ENA : « Non, les élèves ne sont pas coupés des réalités » (le directeur de l’ENA)

ENA : « Non, les élèves ne sont pas  coupés des réalités » (le directeur de l’ENA)

 

Une défense assez corpo du directeur de l’ENA qui protège son établissement en affirmant notamment que les élèves ne sont pas coupés des réalités, ni cooptés. Ce qui formellement est vrai sur ce dernier point.  En effet, les élèves sont recrutés par voie de concours mais le problème c’est que seulement moins de 20 % viennent de milieux modestes et 10 % de milieux très modestes. Quant à dire que les élèves de l’ENA ne sont pas coupés des réalités, c’est évidemment une information un peu gratuite quand on connaît d’une part le  programme d’enseignement, d’autre part la réalité des stages sur le terrain (le plus souvent dans les bureaux d’une préfecture ou d’une ambassade). Cette défense de l’institution tente évidemment de répondre par avance aux menaces de suppression que pourrait annoncer le président de la république. Une suppression d’ailleurs virtuelle puisqu’elle serait remplacée par un institut supérieur de formation des fonctionnaires. Le directeur reconnaît fois que près de la moitié des ambassadeurs préfets ou recteur sont d’anciens élèves. S’il ne veut pas  « participer au débat actuel sur l’avenir de l’ENA, qui sera tranché par le président de la République », il estime tout de même de son « devoir de rétablir quelques vérités » face aux critiques visant l’établissement qui « choquent voire blessent profondément ses élèves et ses personnels ».

Le  patron de l’ENA dit refuser d’entendre que les étudiants y entrent  »par favoritisme » puisqu’ils passent « un concours exigeant ». Avant d’ajouter que  »non, les élèves de l’ENA ne sont pas tous des jeunes de 25 ans » mais qu’ils ont un « âge moyen de 31 ans et demi » à la sortie de l’école. Et qu’ils y entrent après « plusieurs années d’expérience professionnelle » ou « après des études supérieures plus longues qu’autrefois ».

Il rappelle aussi que la création de l’école en 1945 visait précisément à mettre fin à « un système de cooptation » des hauts fonctionnaires. D’ailleurs, « l’actuelle promotion Molière ne compte aucun enfant d’énarque, de ministre ou de parlementaire ». Pour autant, concède Patrick Gérard, « il faut encore mieux faire ». Car « on peut regretter que seuls 19% des élèves actuels aient un parent ouvrier, commerçant, employé, agriculteur, artisan ou chômeur. »

 

Intelligence artificielle : réalités et gadgets (Charles Edouard Bouée)

 

 Dans une tribune des Échos, Charles Edouard Bouée,  président de Roland Berger, fait la part de ce qui relève réellement des avancés en matière d’intelligence artificielle et ce qui relève des gadgets.

«  La septicémie, qui représente une des premières causes de mortalité en milieu hospitalier, pourrait bientôt appartenir au passé. Comment ? Grâce à un algorithme d’intelligence artificielle capable de détecter, une demi-heure avant qu’elle ne survienne, une chute brutale de la pression artérielle très souvent indicatrice d’une infection du sang. Trente minutes suffisent à l’équipe soignante pour intervenir, sauver ainsi des milliers de vies et économiser des milliards de dollars. Une telle avancée est le fruit de la collaboration entre l’expert en intelligence artificielle Antoine Blondeau, fondateur de  Sentient Technologies, et les chercheurs du MIT . On est bien loin du buzz que des entreprises peu scrupuleuses font parfois, en estampillant « IA » des solutions technologiques qui pour certaines n’ont rien à voir avec l’intelligence artificielle, pour attirer les investisseurs et les clients. Après le « green washing », consistant à donner un vernis durable à des produits et des services qui ne le sont pas, l’« AI washing » nous promet monts et merveilles avec des solutions qui ne sont que des gadgets. C’est que derrière le succès actuel du terme « intelligence artificielle » – d’ailleurs choisi un peu par hasard en 1956 par John McCarthy, se cachent des technologies complexes : le « deep learning », qui permet la reconnaissance des objets et des mots, associé au « machine reasoning », qui permet d’élaborer des modèles prédictifs, les deux étant complétés par des algorithmes génétiques et des codes écrits par la machine elle-même. Si bien que le grand public a parfois du mal à comprendre les tenants et les aboutissants. D’où la difficulté à savoir ce qui relève vraiment de l’IA : de nombreux produits ou services qui disent reposer sur de l’intelligence artificielle, ne mobilisent en réalité que des logiciels d’automatisation basiques. Un autre mirage consiste à faire croire, en particulier aux chefs d’entreprises, que l’intelligence artificielle est toujours la réponse la plus adaptée pour accroître l’efficacité d’un processus. C’est loin d’être systématiquement le cas. Ainsi, lorsqu’on cherche une réponse à une question précise, les outils analytiques de Business Intelligence sont souvent plus pertinents. Mais label « IA » attire le chaland… et certains en abusent. Si, comme tous les eldorados, l’intelligence artificielle a ses charlatans, elle a aussi ses magiciens. Antoine Blondeau, Chris Boos, fondateur de la société Arago , Tomaso Poggio du MIT , Yann Le Cun de Facebook AI Research, Sean Tang, fondateur de SenseTime , Jürgen Schmidhuber du laboratoire suisse Idsia, Demis Hassabis de Deepmind … venus de tous les continents, ils travaillent ensemble autant dans les laboratoires, les universités que les entreprises. Ils forment une communauté d’experts capables de faire émerger un nouveau monde, sans bruit, loin des médias. On sait que l’intelligence artificielle sera la rupture technologique, sociale et économique des décennies à venir. Et il est certain que les prochaines licornes seront des entreprises d’intelligence artificielle. Mais la bataille ne se joue pas toujours où on le croit. Ni chez ceux qui en parlent beaucoup, ni forcément chez les GAFA ou leurs cousins chinois, les BAT. Les innovations véritables sont le fait de scientifiques et de techniciens qui n’aiment pas la lumière. Quant à ceux qui bluffent, en prétendant développer des solutions d’IA quand ce n’est pas le cas, ils pourraient bien être pris à leur propre piège. Car après DeepBlue aux échecs et Alphago au jeu de Go, le programme Libratus a envoyé au tapis, en janvier 2017, quatre joueurs de poker professionnels . En nous laissant face à ce constat vertigineux : l’intelligence artificielle sait donc bluffer, et intégrer le bluff des autres à sa propre stratégie ! Il ne lui reste plus qu’à apprendre à démasquer les bluffeurs. ».

Formation des élites en France : les réalités (François Lévêque)

Formation des élites en France : les réalités (François Lévêque)  

Professeur d’économie,   MINES ParisTech jette un regard critique sur la formation de nos élites.

 

«  Les étudiants choisissent leurs universités et les universités choisissent leurs étudiants. Les classements et palmarès aident les premiers à formuler leurs préférences tandis que concours, dossiers de candidature ou tests d’aptitude président au choix des secondes. Pour les meilleurs des deux, comment se fait l’appariement et quel est son résultat ?

L’analyse économique de la formation élitaire est pour moi un exercice délicat. Le lecteur pourra légitimement se demander si l’auteur, professeur d’une grande école parisienne prestigieuse, ne porte pas un regard biaisé et partial, en particulier s’il parle de l’Université française. Que son établissement, l’École des Mines ParisTech, ait récemment rejoint une université nouvelle, celle de Paris-Sciences-Lettres, n’arrangera rien. Bien logiquement, sa visée d’occuper les premiers rangs n’est pas perçue avec bienveillance par ses consœurs.

De plus, l’enseignement supérieur est une activité économique très éloignée de la place de marché et du monde de l’entreprise. Le prix ne règle en rien les admissions. Contrairement aux maisons d’opéra, il n’est pas le moyen utilisé pour attribuer les meilleures places. Ce serait les plus offrants et non les plus méritants et motivés qui rejoindraient alors les meilleurs rangs universitaires ! Même aux États-Unis où des entrées en premier cycle de grands établissements peuvent « s’acheter » via des dons de parents riches ou célèbres (les deux, c’est mieux), la chose n’est pas essentielle.

Même si cela leur est parfois reproché, les étudiants ne sont pas non plus des consommateurs. Ils doivent travailler, souvent d’arrache-pied, réussir examens et projets. Les universités ne sont pas non plus des entreprises. Il en existe bien de privées, à l’exemple des universités de Stanford aux États-Unis ou de Waseda au Japon, mais elles n’ont pas de but lucratif. De plus, les universités d’élite ne peuvent pas se développer en produisant toujours plus pour satisfaire la demande et grandir en taille à l’instar de n’importe quel constructeur automobile, fabricant d’ordinateurs ou chaîne de restauration rapide qui connaîtrait le succès.

Les écoles de commerce et d’administration des affaires sont celles qui se rapprochent le plus des modèles économiques du marché et de l’entreprise. Elles en restent encore cependant bien éloignées : il faut payer cher pour suivre leurs enseignements mais il ne suffit pas de payer pour y entrer ; les plus coûteuses ne sont pas forcément les plus cotées ; leurs administrateurs, souvent des anciens élèves, veillent à l’équilibre des comptes non au maintien d’une marge positive et ils sont attentifs à ce que la croissance n’entame pas le caractère très sélectif et prestigieux de leur établissement.

Mais n’oubliez pas que l’économie est une discipline qui s’intéresse à l’allocation des ressources rares et qui cherche à quantifier des effets et leurs déterminants, ce qui donne tout de même quelques clefs pour observer de près les sommets de l’enseignement supérieur.

Les biens et services rares ne sont pas uniquement alloués à travers le mécanisme des prix. Pensez à l’échange d’organes entre donneurs et receveurs, par exemple. Ils ne sont pas attribués à ceux qui sont prêts et capables de proposer le plus d’argent. Les consentements à payer et recevoir ne jouent aucun rôle dans la répartition. En revanche, ils peuvent être attribués en recourant à un système de règles qui tient compte des préférences et des caractéristiques des offreurs et demandeurs et qui impose des contraintes et des critères de choix.

Ces systèmes d’appariement ont justement fait l’objet de nombreux travaux théoriques et pratiques de la part des économistes, notamment des meilleurs d’entre eux tant le problème est ardu (voir appendice). Il ne s’agit pas moins de concilier des principes d’efficacité et d’équité.

Plus près de vous que l’échange de rein ou de foie, je l’espère, vous pouvez aussi penser à Parcoursup. Vous-même ou votre fille ou votre fils y étiez peut-être inscrits cette année. Souhaitons alors que les affres de l’attente des résultats n’aient pas été trop aiguës et que le candidat ait été admis dans son établissement préféré, ou pas loin.

Plus précisément, la formation supérieure élitaire s’apparente aux concepts économiques de bien de club et de bien de position.

Au bien de club car, à l’image des salles de sport, la satisfaction retirée des membres dépend de leur nombre, nombre qui ne doit être ni trop petit ni trop grand. S’il est trop petit, les effets positifs de réseau sont insuffisants : manque de pairs à qui se confronter et auprès de qui apprendre ; association d’anciens clairsemée qui ne facilite ni le placement à la sortie ni l’entretien de la renommée.

S’il est trop grand, le prestige associé à l’appartenance au club devient moindre car partagé entre un plus grand nombre et dégradé par un taux de sélection à l’entrée moins drastique. Ce taux sera inévitablement interprété comme une baisse de qualité, ce qui entraînera une diminution de la demande auprès de ceux, sûrs de leur capacité, de leur mérite ou encore de leur statut, qui auraient autrement candidatés et dont le choix se portera désormais ailleurs.

La notion de bien de position, ou bien positionnel (positionnal goods) complète cette idée. La formule est laide mais elle est parlante : la valeur d’un tel bien dépend en effet de son rang dans un classement ou une échelle reconnus par les personnes auxquelles l’on prête attention, voire par l’ensemble de la société.

En d’autres termes, la satisfaction n’est pas retirée du bien lui-même mais de sa position relative. Si la formation de haut niveau était un pur bien de position, cela voudrait dire, par exemple, que les élèves de l’École polytechnique ne retireraient leur satisfaction d’en être diplômés pour aucune part de l’enseignement reçu mais seulement de sa place au-dessus des écoles des mines, des ponts, des télécoms et d’autres encore moins cotées.

Les positions étant chacune uniques, la concurrence pour l’accès à ces biens se caractérise par un jeu à somme nulle comme dans les compétitions sportives : si l’un gagne, l’autre perd ; si je suis admis à l’Université Paris Dauphine, une autre ou un autre ne l’est pas ; si le MIT est le cinquième du classement de Shanghai, la place est prise et Princeton sixième ne l’a pas.

La concurrence entre les fournisseurs de ces biens prend dès lors souvent la forme d’une course à des investissements de prestige coûteux. Au cours de ma carrière, j’ai pu assister à une impressionnante escalade dans le luxe des cafétérias des law schools américaines. Si vous avez l’occasion de visiter Cambridge (Massachusetts) faites un tour à celle de Harvard. On se croirait dans le salon d’un grand hôtel. Vous ne pourrez pas cependant visiter la cafétéria de la school of law de Princeton.

Dans une enquête, les étudiants américains classent cette faculté de droit parmi les dix meilleures des États-Unis. Sa cafétéria doit donc être chouette. Le problème c’est qu’il n’y a pas de school of law à Princeton !

Ces dépenses de prestige contribuent à signaler la qualité des établissements. Mais elles ne sont pas les seules, ni même les principales. Le recrutement de chercheurs de haut niveau est par exemple devenu clef à cause de l’importance des publications dans les classements nationaux et mondiaux des universités. Idem pour les efforts d’internationalisation des cursus. Bref, des dépenses multiples car ce qui fait la qualité d’une université ou d’une école d’élite repose sur de multiples critères.

Un des plus intéressants à discuter est la qualité des étudiants eux-mêmes. Elle est l’input principal du processus de production, dirait l’ingénieur qui observerait aussi que c’est en se frottant à leurs pairs qu’elle s’améliore. Elle détermine la qualité du service produit tout en étant apporté par les clients eux-mêmes, ajouterait l’économiste. Et certains d’entre eux d’en déduire qu’il convient de rétribuer les meilleurs étudiants pour faire la course en tête.

Cette caractéristique très particulière de la technologie de la formation supérieure permet d’expliquer qu’il arrive que les grandes universités coûtent moins cher à leurs élèves que les autres. Citons le cas des universités américaines dans les années 1990. Les frais de scolarité étaient en moyenne par étudiant de 3.800 dollars pour un coût total de 12.000 dollars, la différence étant comblée par des subventions (donations, aides publiques, etc.). Ces frais et ce coût étaient respectivement de 5.700 et 28.500 dollars pour les universités les plus riches et cotées et de 6.100 et 7.900 dollars pour les universités en bas de tableau.

Observons également qu’en France, certains des établissements parmi les plus prestigieux tels l’X et les Écoles normales payent leurs étudiants en leur octroyant une solde ou un salaire. Vous pourriez objecter que ces émoluments sont la contrepartie d’un engagement de l’étudiant une fois diplômé de servir l’État. Mais jusque vers les années 2000, ils ont été rarement remboursés en cas de passage dans le privé. Passage d’ailleurs souvent mal vu, d’où le terme péjoratif de pantoufle pour désigner cette somme à rembourser par opposition à la botte des premiers classés. De façon générale, le coût de la formation par étudiant, c’est-à-dire les dépenses totales de l’établissement divisées par la taille de ses promotions est un signal de qualité.

Le salaire moyen à la sortie naturellement aussi. Sans surprise, il augmente avec le caractère sélectif de la formation. Ce phénomène a bien été démontré pour le premier cycle aux États-Unis : plus le collège est sélectif, que ceci soit mesuré par le score moyen obtenu au test d’admission standard ou par un ensemble d’autres critères, plus les étudiants qui en sont issus percevront un salaire élevé au cours de leur carrière. Ce résultat intuitif tient compte du poids que jouent également d’autres variables observables et renseignées sur les salaires comme le genre, l’origine ethnique ou encore le niveau d’étude des parents.

Mais n’est-il pas biaisé par des variables cachées ? Si cela se trouve, l’écart de salaires ne reflète pas tant les différences des collèges que le talent et l’ambition des étudiants qui y entrent. Et bien, c’est grosso modo le cas, le recrutement prévaut sur les années de formation.

Un mathématicien, Stacy Berg Dale, et un économiste, Alan B. Krueger, ont les premiers mis en évidence ce biais de capacité. Ils ont recouru à une bien jolie astuce : les candidats postulent en général à plusieurs collèges et certains ne choisissent pas toujours l’établissement le mieux classé (c.-à-d., le plus sélectif) prêt à les accueillir. Or, toutes choses égales par ailleurs, ces originaux seront une vingtaine d’années plus tard autant payés que leurs camarades conformistes qui ont eux choisi le collège qu’ils n’ont pas retenu (ils, c’est-à-dire les originaux).

Dit de façon journalistique et moins alambiquée, si l’étudiant est bon il réussira (financièrement s’entend) même s’il ne sort pas du meilleur collège. Et d’ajouter que Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook, a quitté Harvard en deuxième année ; Bill Gates de Microsoft aussi. Dans un autre registre, l’acteur Matt Damon n’y est resté que six mois.

En creux, l’étude de Dale et Krueger montre donc que les différences dans la qualité de l’enseignement entre établissements n’influent pas à long terme sur les niveaux de salaire et les carrières. Mais que les dirigeants d’universités et d’écoles d’élite et leur corps d’enseignants-chercheurs se rassurent. Les mêmes auteurs montrent également que le choix du collège importe pour les étudiants afro-américains et pour ceux dont les parents n’ont pas fait d’étude. Ces étudiants gagneront plus s’ils choisissent le plus sélectif de ceux auxquels ils sont admissibles et non un qui l’est moins. Par ailleurs, d’autres travaux fondés sur des données et des méthodes différentes présentent des résultats sur le biais de capacité moins tranchés. Caroline M. Hoxby, économiste renommée de l’éducation, avance que le collège pèse pour un quart dans la différence de salaire, les trois quarts s’expliquant par l’aptitude des élèves.

Enfin, il s’agit de résultats qui portent sur le premier cycle. La formation en master et doctorat étant moins standardisée, se déroulant en plus petite classe et étant dispensée par des enseignants praticiens ou chercheurs plus chevronnés, le poids joué par l’établissement est sans doute plus important. En tout cas, c’est rassurant de le croire quand on enseigne à des étudiants gradués comme c’est mon cas… »

François Lévêque vient de publier « Les habits neufs de la concurrence : ces entreprises qui innovent et raflent tout » aux éditions Odile Jacob.

 

 

Privilèges SNCF : fantasmes et réalités

Privilèges SNCF : fantasmes et réalités  

Il est évident que la SNCF montre de nombreuses insuffisances en matière de gestion, d’organisation, de productivité et de politique commerciale. Pour autant, afficher le statut comme l’élément responsable de tout relève de l’intox. Exemple cette prime d’escarbille (de charbon)  évoquée même par Macron dans une  discussion avec un cheminot lors du salon de l’agriculture. Cette prime n’existe plus depuis l’abandon de la traction vapeur, c’est-à-dire depuis près de 50 ans. En fait, la prime a été supprimée en 1974.France info a  fait le point sur ces fantasmes et ces réalités.  Les cheminots ont un emploi à vie. Oui comme à EDF ou comme les fonctionnaires mais on peut licencier. Mais comme les fonctionnaires, les cheminots ont une retraites calculés sur les 6 derniers mois et non sir les 25 ans comme dans le privé.  tEn moyenne, les employés de la SNCF ont une retraite de 1 900 euros brut par mois et la moyenne des Français est de 1 700 euros. L’âge moyen de départ à la retraite est de 57 ans pour les sédentaires et 53 ans pour les roulants. C’est 63 ans en moyenne pour les Français. 92% des salariés de la compagnie bénéficient du statut de cheminot, même ceux qui travaillent dans un bureau. Ils ont une espérance de vie de 82 ans en moyenne et le reste des Français de 80 ans.  Le salaire des conducteurs de TGV est souvent brandi pour symboliser les avantages du secteur ; en réalité, leur rémunération évolue entre 2 400 et 3 300 euros brut par mois, primes comprises (les primes représentent dans leur cas environ 30 % du salaire final). La moyenne des salaires dans le groupe s’établissait à 2 891 euros brut en 2012, selon le rapport RSE (responsabilité sociale) du groupe — un peu plus que le salaire moyen en France qui s’établit à 2 466 euros brut. Par ailleurs, ils ne sont que 1 800 par rapport aux 14 500 conducteurs que compte le groupe qui emploie lui-même 155 000 personnes. En moyenne les salaires des agents d’exécution tournent autour de 2 000 euros. Pour la durée du travail les agents SNCF sont soumis à la réglementation des trente-cinq heures qu’a signée l’entreprise en 1999. Toutefois, précise un document interne de l’entreprise, « les trains circulent vingt-quatre heures sur vingt-quatre et trois cent soixante-cinq jours par an[ce qui a] évidemment des répercussions sur la vie des agents ». Les règles d’organisation du travail pour l’ensemble du groupe sont fixées par une directive (RH-0077), qui détaille l’organisation par roulement intégrant des nuits, samedis, dimanches et jours fériés pour les agents roulants comme pour les agents sédentaires. Parmi les cadres, la majorité est soumise à des astreintes pendant les week-ends, explique la direction de la communication. Selon les trajets, le salarié roulant (environ 30 000 personnes avec les contrôleurs, soit 20 % du groupe) peut être amené à prendre des repos hors domicile, des « découchés »… ce qui explique, pour certaines catégories de salariés, les « allocations de déplacement », des frais de déplacement en somme. Parmi les compléments de salaire réservés au personnel roulant, la « prime de parcours » correspond à une rémunération supplémentaire calculée en fonction de la distance parcourue, la « prime de TGV » est accordée aux salariés spécialement qualifiés pour conduire ce type de trains (près d’un an de formation). La prime de fin d’année (le 13e mois n’existe pas à la SNCF), la gratification annuelle d’exploitation (8 % d’un mois de salaire) et les heures supplémentaires existent réellement, comme dans d’autres entreprises. La « gratification de vacances » correspond à environ 15 euros par mois et par salarié. Quant à l’intéressement, appelé « dividende salarial » à la SNCF, il est d’environ 300 euros par salarié, un montant en baisse de 17 % pour l’année 2014, après une baisse de 9 % l’an dernier. Comme c’est le cas dans de nombreuses entreprises, les salariés peuvent bénéficier d’une mutuelle. En l’occurrence, la Caisse de prévoyance et de retraite du personnel de la SNCF passe des conventions avec des établissements de soins. Et la mutuelle complémentaire de santé (payée par les salariés)  couvre la part non remboursée par la Sécurité sociale. Certaines prestations (mais pas toutes) sont donc couvertes à hauteur de 100 %. Mais c’est aussi le cas de nombreux salariés de grands groupes privés (la mutuelle du groupe BNP Paribas, par exemple), du secteur public (la MGEN, mutuelle de l’éducation nationale) ou d’indépendants (la mutuelle des clercs et employés de notaire).
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2014/06/18/prime-charbon-prime-pour-absence-de-prime-les-legendes-urbaines-de-la-sncf_4439497_4355770.html#WMFvOFjQ9a1cPOKw.99

Livre de Taubira : la poésie…. face aux réalités

Livre de Taubira : la poésie…. face aux réalités

 

 

Dans un pays démocratique, il est sain  voire indispensable que les différents courants d’opinion puissent s’exprimer sur les enjeux qui conditionnent l’avenir de la société ;  de ce point de vue Taubira a parfaitement raison (comme d’autres) de participer au débat. Pour autant tout en constatant la qualité littéraire indiscutable de Taubira on ne pourra s’empêcher de penser que son ouvrage relève davantage de la  poésie que d’une approche des réalités. On pourra par ailleurs discuter l’argumentation de ceux qui s’opposent  à la déchéance de nationalité tout autant qu’à l’état d’urgence. Le principal argument des opposants à la modification de la constitution c’est de considérer que cette modification est complètement inefficace et qu’elle relève uniquement du symbole. Une grave erreur sans doute qui fait abstraction des réalités sociétales. L’opinion publique en général et particulièrement ceux qui sont confrontés à l’intégrisme qui nourrit le terrorisme souhaitent  un acte régalien fort et contraignant vis-à-vis des valeurs républicaines qui fondent l’unité de la nation. Bien évidemment ce ne sont pas à elles seules quelques lignes dans la constitution qui vont permettre d’opérer une révolution dans ce domaine ;  il conviendra bien entendu que le principe soit décliné. Pour parler clair pour la majorité des Français compte de tenu des dérives communautaires les résidents-français ou non n’ont d’autres choix que de s’intégrer ou de partir. D’une façon générale ceux qui s’oppose à la déchéance de nationalité appartiennent  à la classe des bobos un peu hors sol et souvent très éloignés des lieux de dérives communautaires, dérives se caractérisent par un refus toute intégration et qui favorise la haine comme la violence  y compris le terrorisme.

Terrorisme: la découverte des vraies réalités sociétales par les élites

 

 

Terrorisme: la découverte des vraies réalités sociétales par les élites

 

Les attentats récents auront peut-être permis à nos élites (politiques, institutionnels, grands médias) de découvrir un peu ce que sont nos réalités sociales en France. Un France éclatée en  prise avec les démons du communautarisme dans nombres de quartiers sensibles dans la plupart des villes françaises. Contrairement à ce qui est affirmé ici ou là, il ne s’agit pas seulement de quelques grandes villes à Paris, Lyon, Marseille ou Lille. Toutes les villes sont concernées même des villes de 10 000 habitants. Toutes ont leur quartier sensible. Et pour mettre des mots clairs sur ces réalités toutes ont leurs zones de non-droit gangrénées par la violence, le trafic de drogue, l’influence grandissante de l’intégrisme. Ce qui les distingue c’est le niveau de non-droit. Dans les cas les plus extrêmes plus aucun service public n’ose pénétrer dans ces zones (sauf l’école avec les problèmes que l’on sait). Dans d’autres, ce n’est pas encre la violence permanente mais l’insulte, l’intimidation, le racisme anti français. La  ministre de l’éducation a évoqué 200 incidents pendant la minute de silence en hommage aux victimes d’attentats (notons  qu’il y avait des juifs, des musulmans, des noirs, des femmes). Une évaluation qui relève de la fumisterie car ce sont des milliers d’incidents qui se sont produits. Des incidents qui se produisent tous les jours avec des enseignants (au demeurant courageux) qui ne peuvent plus exercer la moindre autorité sur leur classe dans les collèges. En cause évidemment la situation sociale très dégradée dans ces quartiers où le chômage peut concerner jusqu’à 50% de la population chez les jeunes. Du coup une micro-économie s’est mise en place avec la vente de produits volés, contrefaits et surtout la drogue. Mais aujourd’hui la violence et la criminalité ont  trouvé une légitimité à travers l’intégrisme religieux. D’une certaine manière les voyous sont devenus des soldats de Dieu. Ce qu’ils font, ce qu’ils disent se justifie par la religion.  Chaque nuit dans ces quartiers, voitures détériorés, incendiées mais le plus souvent élus locaux et médias sous-estiment ou même ignorent l’ampleur de cette violence pour ne pas discréditer nos institutions. Par mimétisme cette violence se propage dans une grande partie de la jeunesse finalement qui remet en cause toutes les valeurs de la république notamment le rapport à la loi et tout simplement à la civilité. Nombre de parents n’ont plus dans ces zones aucune autorité sur ces jeunes, c’est la démission qui s’ajoute à l’ignorance des élites concernant ces réalités sociales. Malek Boutih, député PS (, pourtant pas particulièrement à droite) a même proposé la mise en tutelle par l’Etat  de ces quartiers.  Une formule sans doute pour indiquer que la république doit être réimplantée dans des quartiers qui sinon deviendront dans quelques années de » micro-califats islamistes ». Pour cette problématique  de l’intégrisme, de sa violence et la criminalité, nous devons malheureusement faite le constat de la coupure totale entre les élites et ces réalités. Aucun de nos élus nationaux (sans doute PC excepté) ne connait la réalité quotidienne de ces quartiers, n’y réside,  n’y a de proche. Aucun n’envoie ses enfants dans ces écoles ghettoïsées. Du coup les décisions des politiques et autres institutionnels sont déconnectées des problèmes concrets. La démocratie malade en bas dans ces quartiers, elle l’est  tout autant en haut. Ce n’est sans doute pas une justification quelconque à la violence mais un facteur explicatif majeur pour comprendre le pourrissement dramatique de la situation

 

Les attentats récents auront peut-être permis à nos élites (politiques, institutionnels, grands médias) de découvrir un peu ce que sont nos réalités sociales en France. Un France éclatée en  prise avec les démons du communautarisme dans nombres de quartiers sensibles dans la plupart des villes françaises. Contrairement à ce qui est affirmé ici ou là, il ne s’agit pas seulement de quelques grandes villes à Paris, Lyon, Marseille ou Lille. Toutes les villes sont concernées même des villes de 10 000 habitants. Toutes ont leur quartier sensible. Et pour mettre des mots clairs sur ces réalités toutes ont leurs zones de non-droit gangrénées par la violence, le trafic de drogue, l’influence grandissante de l’intégrisme. Ce qui les distingue c’est le niveau de non-droit. Dans les cas les plus extrêmes plus aucun service public n’ose pénétrer dans ces zones (sauf l’école avec les problèmes que l’on sait). Dans d’autres, ce n’est pas encre la violence permanente mais l’insulte, l’intimidation, le racisme anti français. La  ministre de l’éducation a évoqué 200 incidents pendant la minute de silence en hommage aux victimes d’attentats (notons  qu’il y avait des juifs, des musulmans, des noirs, des femmes). Une évaluation qui relève de la fumisterie car ce sont des milliers d’incidents qui se sont produits. Des incidents qui se produisent tous les jours avec des enseignants (au demeurant courageux) qui ne peuvent plus exercer la moindre autorité sur leur classe dans les collèges. En cause évidemment la situation sociale très dégradée dans ces quartiers où le chômage peut concerner jusqu’à 50% de la population chez les jeunes. Du coup une micro-économie s’est mise en place avec la vente de produits volés, contrefaits et surtout la drogue. Mais aujourd’hui la violence et la criminalité ont  trouvé une légitimité à travers l’intégrisme religieux. D’une certaine manière les voyous sont devenus des soldats de Dieu. Ce qu’ils font, ce qu’ils disent se justifie par la religion.  Chaque nuit dans ces quartiers, voitures détériorés, incendiées mais le plus souvent élus locaux et médias sous-estiment ou même ignorent l’ampleur de cette violence pour ne pas discréditer nos institutions. Par mimétisme cette violence se propage dans une grande partie de la jeunesse finalement qui remet en cause toutes les valeurs de la république notamment le rapport à la loi et tout simplement à la civilité. Nombre de parents n’ont plus dans ces zones aucune autorité sur ces jeunes, c’est la démission qui s’ajoute à l’ignorance des élites concernant ces réalités sociales. Malek Boutih, député PS (, pourtant pas particulièrement à droite) a même proposé la mise en tutelle par l’Etat  de ces quartiers.  Une formule sans doute pour indiquer que la république doit être réimplantée dans des quartiers qui sinon deviendront dans quelques années de » micro-califats islamistes ». Pour cette problématique  de l’intégrisme, de sa violence et la criminalité, nous devons malheureusement faite le constat de la coupure totale entre les élites et ces réalités. Aucun de nos élus nationaux (sans doute PC excepté) ne connait la réalité quotidienne de ces quartiers, n’y réside,  n’y a de proche. Aucun n’envoie ses enfants dans ces écoles ghettoïsées. Du coup les décisions des politiques et autres institutionnels sont déconnectées des problèmes concrets. La démocratie malade en bas dans ces quartiers, elle l’est  tout autant en haut. Ce n’est sans doute pas une justification quelconque à la violence mais un facteur explicatif majeur pour comprendre le pourrissement dramatique de la situation

Pacte de responsabilité : retour aux réalités, les décisions seront prises au plan des entreprises

Pacte de responsabilité : retour aux réalités, les décisions seront prises  au plan des entreprises

 

On se demande bien pourquoi Hollande a faiat un tel cirque avec son pacte de responsabilité. En fait, ce pacte  ne portera pas sur 30 milliards mais sur 10 puisque CICE et allégements Fillon seront maintenus. Ensuite parque les contreparties globales en matière d’emploi sont une illusion ; Il n’a a pas d’engagement au plan national du patronat, il n’y en aura pas au plan des branches et tout se passera comme c’est logique au plan des entreprises. Beaucoup de bruit pour rien sinon un plan com. de Hollande pour masquer son échec sur l’inversion du chômage et la compétitivité.  Bruxelles ne croit pas dans ce pacte et vient d’ailleurs de mettre la France sous surveillance.  Le patronat (Medef, UPA, CGPME) et trois syndicats (CFDT, CFTC et CFE-CGC) ont donc abouti mercredi à un accord sur les contreparties du pacte de responsabilité, a annoncé le Medef à l’issue d’une nouvelle séance de négociation.  Le patronat et des organisations syndicales majoritaires ont annoncé mercredi être favorables à la signature dans les prochains jours d’un accord sur la mise en œuvre du « pacte de responsabilité. Le texte négocié entre les partenaires sociaux ne comprend pas d’engagements d’embauches chiffrés mais prévoit des négociations ou des discussions dans les branches professionnelles sur de tels objectifs. S’il s’agit de discussions, elles devront se traduire par la signature de relevés de conclusions. Philippe Louis, président confédéral de la CFTC, a confirmé cet accord. « Beaucoup de choses ont évolué au cours des négociations de mercredi », estime-t-il avant de développer : « Le patronat refusait de s’engager sur un nombre d’emplois, il a désormais l’obligation d’arriver à quelque chose. » Les syndicats CFDT, CFE-CGC et CFTC et les trois organisations patronales Medef, CGPME et UPA sont favorables à la signature de ce texte. Le texte doit être soumis aux instances dirigeantes de ces organisations. La CGT et Force ouvrière ont émis, elles, un avis négatif sur le projet présenté par le patronat. « Certes, nous aussi, on aurait voulu que ça aille plus loin. Mais il vaut mieux un accord a minima que rien du tout », commente Philippe Louis. François Hollande a promis, à travers ce « pacte de responsabilité », de baisser le coût du travail de 10 milliards d’euros supplémentaires – en plus des 20 milliards du crédit d’impôt compétitivité emploi – avec l’objectif de relancer l’activité des entreprises et l’emploi. La Commission européenne a déclaré mercredi qu’elle attendait « avec impatience » les détails de ce pacte, dans l’espoir qu’il permette de redresser la compétitivité de l’économie française.

 




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