Archive pour le Tag 'réaliste'

Pollution plastique : Pas réaliste de les supprimer ?

Pollution plastique : Pas réaliste de les supprimer ?

Il n’est ni réaliste, ni souhaitable d’envisager la suppression du plastique, souligne Emmanuel Ladent. Il faut avant tout maîtriser sa production et sa gestion post-consommation par Emmanuel Ladent, (Directeur Général de Carbios) .

Pour lutter contre la pollution plastique , la solution n’est pas simplement la suppression du plastique . L’équation est beaucoup plus complexe. Le plastique est un matériau dont le bilan carbone peut être intéressant du fait de sa légèreté : sans les 20 % de plastique qui rentrent dans sa composition, une voiture pèserait beaucoup plus lourd et consommerait bien davantage. C’est aussi un matériau antigaspi qui permet de conserver plus longtemps les produits alimentaires.

En fait, la question du plastique ne se présente pas comme celle du moteur thermique dans l’automobile. Il n’est ni réaliste, ni souhaitable d’en envisager ou d’en décréter la suppression. Il faut avant tout maîtriser sa production et sa gestion post-consommation.

La solution se trouve donc plutôt dans sa collecte et son recyclage car 80 % du plastique produit dans le monde est jeté dans l’année qui suit. De ce point de vue, les efforts les plus importants à fournir sont devant nous. En 2020, la France ne recycle que 25 % des déchets plastiques alors que la moyenne européenne est à 35 %.

La question du recyclage est un sujet essentiel pour les 175 pays qui se retrouveront à Paris à la fin du mois pour préparer un futur traité international contre la pollution plastique. Les pays du G7 ont promis de mettre fin à leur pollution plastique en 2040. Cet engagement précède un nouveau round de négociations avec l’objectif de parvenir à un texte juridiquement contraignant d’ici l’an prochain, sous l’égide de l’ONU. La France peut être moteur de ce projet historique en ralliant le monde entier.

Les débats de ce sommet porteront aussi sur la définition d’un niveau de « consommation responsable » de plastique. Les Américains en sont à 240 kg par personne ; les Européens en consomment deux fois moins et les habitants des pays en voie de développement six fois moins, ce qui fait dire à un rapport commandé par le Cese que cette pollution plastique constitue « une bombe à retardement ». Pour l’éviter, il est nécessaire de développer un arsenal de solutions pour recycler cette « consommation responsable » de plastique.

Des solutions industrielles puissantes existent déjà : elles se complètent en un nécessaire arsenal où chaque technique traite de typologies de plastique différentes.

La méthode de recyclage mécanique est la plus couramment utilisée. Elle consiste à broyer et faire fondre le plastique afin d’obtenir une matière première utilisée pour la fabrication de nouveaux produits. Ce processus permet de conserver certaines propriétés mais la qualité du plastique recyclé est inférieure à la matière vierge ce qui limite le nombre de cycles de recyclage possibles.

Nouvelle technique de recyclage

Une autre approche consiste à utiliser des procédés chimiques pour décomposer le plastique. Cette méthode permet de récupérer davantage de matériaux et d’obtenir une matière de meilleure qualité, mais a recours à des solvants.

Le recyclage biologique permet d’obtenir une matière d’une qualité identique à la matière initiale.

Enfin, il y a le recyclage biologique, une approche innovante. Cette méthode utilise des enzymes pour décomposer le plastique en ses composants de base. Les enzymes ont la capacité de cibler spécifiquement certains types de plastique, ce qui facilite leur dégradation.

Nouvelles perspectives

Cela ouvre de nouvelles perspectives pour recycler des plastiques plus difficiles à traiter, tels que les plastiques multicouches ou le polyester dans le textile. Le recyclage biologique permet d’obtenir une matière d’une qualité identique à la matière initiale, ce qui permet de nombreux cycles. C’est cette approche qu’a développée Carbios.

Le futur traité international sera critique pour amplifier la mobilisation de l’ensemble des acteurs de la chaîne. C’est pourquoi il doit fixer des objectifs ambitieux de réduction de l’utilisation du plastique mais j’appelle également les 175 délégations à fixer un cap fort sur le recyclage car les solutions sont à portée de main. Tous les acteurs de la chaîne de valeur, de l’écoconception des produits, à la collecte, l’usage et le recyclage, ont un rôle à jouer.

Mutation voiture- 100 % électrique en 2035 est-il réaliste ? ( interview de Macron)

Mutation voiture- 100 % électrique en 2035 est-il réaliste ? ( interview de Macron)


Le président de la république annonce la production de 2 millions de véhicules électriques en 2030. Un chiffre assez loin des besoins à couvrir quand on sait que les moteurs thermiques seront interdits en 2035 et que le parc comporte 40 à 50 millions de véhicules

Plusieurs constructeurs concurrents, européens ou asiatiques, eux, vont très vite. Alors on ne peut pas ralentir. On doit accompagner massivement nos constructeurs, leurs sous-traitants, les services et jouer collectif. Notre objectif est de produire 2 millions de véhicules électriques en 2030, avec des investissements français et étrangers créateurs d’emplois dans les batteries ou encore l’assemblage. C’est ambitieux, mais j’ai confiance en l’excellence de notre filière, en ses dirigeants et ses salariés, et on peut l’atteindre. Nous atteindrons le million de véhicules électriques produits en France en 2027.

Les voitures électriques restent encore trop chères pour la plupart des ménages…

Les voitures électriques sont plus chères à l’achat, mais elles permettent de faire des économies majeures en carburant. C’est pourquoi il faut accompagner les ménages dans leur changement de véhicule. Durant le quinquennat passé, nous avons distribué aux Français 1 million de primes à la conversion qui ne concernent pas que l’électrique mais qui nous ont déjà permis de réduire les émissions de CO2. 700.000 bonus écologiques ont également été distribués. Au total, nous avons accompagné plus de 1 million de ménages. Parce que nous voulons rendre la voiture électrique accessible à tous, nous allons même porter le bonus écologique de 6.000 à 7.000 euros pour la moitié des ménages, les plus modestes.

Et que faire sur les bornes de recharge ?

Là aussi, la clé c’est la planification et l’accompagnement. La France compte 1,1 million de bornes au total, le plus grand nombre à domicile et en entreprises, 70.000 bornes publiques ont été installées. Aujourd’hui, 3.000 bornes de plus sont installées chaque mois. Nous serons à 100.000 bornes publiques sur cette partie-là à la fin du premier semestre 2023. Et à 400.000 en 2030. A partir de janvier 2023, nous allons aussi étendre le bouclier tarifaire aux bornes électriques, pour éviter des péripéties comme certains de nos voisins. Aujourd’hui les prix restent raisonnables, nous allons nous assurer qu’ils le resteront.

Tout ça pour que les gens achètent ensuite des voitures électriques chinoises ?

Nous avons une stratégie industrielle pour que les gens achètent de plus en plus français. Aujourd’hui, les chiffres sont assez cruels : plus de 80 % des véhicules électriques achetés ont été importés. Comment fait-on, à horizon de cinq ans et encore plus dix ans, pour que ce soit différent ?

Dans la campagne, j’ai fixé un objectif : une filière 100 % produite en France. Sur les batteries, voilà cinq ans que nous posons les jalons de notre stratégie. Nous avons aujourd’hui trois grands projets de gigafactory de batteries électriques. Les premières batteries vont être produites en France dans les mois qui viennent. Nous sommes donc très crédibles avec notre objectif d’être autonomes sur les batteries à l’horizon 2027. On pourra même commencer à exporter après cette date.

Et sur la production de voitures ?

On a consolidé avec Renault toute la partie « ElectriCity », notamment à Douai et Maubeuge . Je serai avec Carlos Tavares de Stellantis au Mondial de l’Auto pour y faire ensemble des annonces très importantes concernant la localisation de modèles électriques ou hydrogène en France, dans nos territoires. C’est comme cela que nous atteindrons notre objectif de 1 million de voitures électriques à l’horizon 2027 et que nous assurerons du travail à des milliers de salariés pour des années.

Automobile- 100 % électrique en 2035 est-il réaliste ? ( intreview de Macron)

Automobile- 100 % électrique en 2035 est-il réaliste ( intreview de Macron)

Mais le 100 % électrique en 2035 est-il réaliste ?

Plusieurs constructeurs concurrents, européens ou asiatiques, eux, vont très vite. Alors on ne peut pas ralentir. On doit accompagner massivement nos constructeurs, leurs sous-traitants, les services et jouer collectif. Notre objectif est de produire 2 millions de véhicules électriques en 2030, avec des investissements français et étrangers créateurs d’emplois dans les batteries ou encore l’assemblage. C’est ambitieux, mais j’ai confiance en l’excellence de notre filière, en ses dirigeants et ses salariés, et on peut l’atteindre. Nous atteindrons le million de véhicules électriques produits en France en 2027.

Les voitures électriques restent encore trop chères pour la plupart des ménages…

Les voitures électriques sont plus chères à l’achat, mais elles permettent de faire des économies majeures en carburant. C’est pourquoi il faut accompagner les ménages dans leur changement de véhicule. Durant le quinquennat passé, nous avons distribué aux Français 1 million de primes à la conversion qui ne concernent pas que l’électrique mais qui nous ont déjà permis de réduire les émissions de CO2. 700.000 bonus écologiques ont également été distribués. Au total, nous avons accompagné plus de 1 million de ménages. Parce que nous voulons rendre la voiture électrique accessible à tous, nous allons même porter le bonus écologique de 6.000 à 7.000 euros pour la moitié des ménages, les plus modestes.

Et que faire sur les bornes de recharge ?

Là aussi, la clé c’est la planification et l’accompagnement. La France compte 1,1 million de bornes au total, le plus grand nombre à domicile et en entreprises, 70.000 bornes publiques ont été installées. Aujourd’hui, 3.000 bornes de plus sont installées chaque mois. Nous serons à 100.000 bornes publiques sur cette partie-là à la fin du premier semestre 2023. Et à 400.000 en 2030. A partir de janvier 2023, nous allons aussi étendre le bouclier tarifaire aux bornes électriques, pour éviter des péripéties comme certains de nos voisins. Aujourd’hui les prix restent raisonnables, nous allons nous assurer qu’ils le resteront.

Tout ça pour que les gens achètent ensuite des voitures électriques chinoises ?

Nous avons une stratégie industrielle pour que les gens achètent de plus en plus français. Aujourd’hui, les chiffres sont assez cruels : plus de 80 % des véhicules électriques achetés ont été importés. Comment fait-on, à horizon de cinq ans et encore plus dix ans, pour que ce soit différent ?

Dans la campagne, j’ai fixé un objectif : une filière 100 % produite en France. Sur les batteries, voilà cinq ans que nous posons les jalons de notre stratégie. Nous avons aujourd’hui trois grands projets de gigafactory de batteries électriques. Les premières batteries vont être produites en France dans les mois qui viennent. Nous sommes donc très crédibles avec notre objectif d’être autonomes sur les batteries à l’horizon 2027. On pourra même commencer à exporter après cette date.

Et sur la production de voitures ?

On a consolidé avec Renault toute la partie « ElectriCity », notamment à Douai et Maubeuge . Je serai avec Carlos Tavares de Stellantis au Mondial de l’Auto pour y faire ensemble des annonces très importantes concernant la localisation de modèles électriques ou hydrogène en France, dans nos territoires. C’est comme cela que nous atteindrons notre objectif de 1 million de voitures électriques à l’horizon 2027 et que nous assurerons du travail à des milliers de salariés pour des années.

Les constructeurs devraient s’en sortir. Mais les sous-traitants ?

L’Etat prend sa part, nous investissons également chez les sous-traitants mais c’est aussi le rôle des constructeurs d’accompagner l’ensemble de la filière pour faire face à ces défis. Malgré le Covid, le secteur n’a perdu aucun emploi – là où la crise de 2008 en avait fait perdre 50.000. Nous avons préservé environ 30.000 emplois grâce aux aides Covid et au plan de relance. Nous allons continuer et même recréer des emplois, en formant aussi. Dans le plan France 2030, nous estimons que près de 5 milliards bénéficieront à l’automobile et 1 milliard est fléché vers les sous-traitants pour les aider à se diversifier et à changer de structure, car beaucoup d’entre eux sont sous-capitalisés et n’ont pas la taille critique.

Le tout électrique ne risque-t-il pas de créer de nouvelles dépendances ?

Il faut y veiller et pour cela, travailler sur toute la chaîne de valeur. Nous avons des mines de lithium en France et nous allons les développer grâce au nouveau code minier ; c’est clé pour notre souveraineté. Nous sommes également en train de développer très fortement le recyclage, que ce soit pour le lithium ou d’autres composants. Nous investissons aussi dans d’autres secteurs clés comme les composants électroniques avec STMicroelectronics à Crolles. Et enfin, nous investissons dans l’hydrogène pour la mobilité lourde.
Nous avons les moyens d’avoir une filière 100 % circulaire et souveraine.
Nous avons les moyens d’avoir une filière 100 % circulaire et souveraine. Notre modèle énergétique et les choix que nous avons faits font de la voiture électrique une solution d’avenir car l’électricité française est l’électricité la plus décarbonée d’Europe.

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Guerre en Ukraine : Etre réaliste ou cynique ?

Guerre en Ukraine :  Etre réaliste ou cynique ?

 

La position selon laquelle la Russie et l’Ukraine pourraient être renvoyées dos à dos comme « des acteurs rationnels défendant leurs intérêts » n’est pas du réalisme, mais du cynisme, estime, dans une tribune au « Monde », le chercheur en relations internationales Jean-Baptiste Jeangène Vilmer.

 

La guerre en Ukraine a accentué la tendance déjà tenace à caricaturer ce qu’est le « réalisme » en politique étrangère. Nombreux sont les analystes qui revendiquent ce label pour appeler à la modération face à l’agression russe. Le procès en « manque de réalisme » vise tant les origines prétendues du conflit que sa conduite et les perspectives de sortie.

Avant la guerre, c’est l’absence de « réalisme » qui aurait permis l’expansion de l’OTAN, laquelle aurait « provoqué » le président Poutine, qui n’aurait fait que défendre ses intérêts en attaquant l’Ukraine, ce dont il est, par conséquent, presque excusé. Pendant la guerre, c’est encore au nom du « réalisme » qu’il faudrait ne pas trop soutenir les Ukrainiens et ménager une porte de sortie honorable aux Russes. Et, après la guerre, les mêmes « réalistes » nous inviteront à rapidement normaliser nos relations avec Moscou.

Dans cette acception du mot, le réaliste est une sorte d’observateur impartial des rapports de force, pour lequel il n’y aurait « ni gentil ni méchant » – la Russie et l’Ukraine sont renvoyées dos à dos –, mais seulement des acteurs rationnels défendant leurs intérêts. Dénonçant « l’hystérisation » du débat, voulant incarner la raison contre la passion, ce réaliste met un point d’honneur à exclure les questions morales de son analyse.

Sauf que cette position n’est pas du réalisme. C’est ce que, il y a déjà plus d’un demi-siècle, le philosophe Raymond Aron (1905-1983) appelait le « faux réalisme », c’est-à-dire en réalité le cynisme. La matrice réaliste partage certes plusieurs postulats avec cette attitude : tenir compte des contraintes du réel, reconnaître les rapports de force, se méfier des abstractions et juger la valeur d’une proposition à sa faisabilité, sans se faire d’illusion sur la volonté ou la capacité des acteurs de respecter les principes qu’ils invoquent, comprendre que les Etats cherchent à maximiser leur intérêt national et sont plus souvent en conflit qu’en harmonie, etc.

Mais, et c’est une différence majeure, le réalisme n’est pas pour autant un amoralisme. Ignorer ou sous-estimer les questions morales, ce n’est pas faire preuve de réalisme, puisque ces questions se posent et font partie de « la réalité ». Elles se posent même de plus en plus, parce que la pression normative sur les acteurs des relations internationales – Etats, organisations, entreprises, individus – ne cesse de s’accroître : sur la conduite de la guerre, les ventes d’armes, le nucléaire militaire, les droits de l’homme, les émissions de gaz à effet de serre, etc.

Agriculture : » La guerre entre « tout bio » et « productivisme » n’est pas réaliste »

Agriculture : »  La guerre entre « tout bio » et « productivisme » n’est pas réaliste »

Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’agriculture bio qui, en France, est pour la première fois confrontée à une régression du marché, est aussi questionnée sur sa capacité à nourrir la planète. Yves Le Morvan, responsable « filières et marchés » au think tank Agridées, et auteur d’une étude parue en 2018 sur « La résilience des filières bio », en analyse les forces et les faiblesses.

 

Il faut soutenir l’agriculture bio, mais se donner un objectif chiffré n’a pas de sens, estime Yves Le Morvan. (Interview dans la Tribune)

 Dans le contexte du risque de pénuries alimentaires engendré par la guerre en Ukraine, le patron de l’agro-chimiste suisse Syngenta, lors d’une interview au quotidien suisse Neue Zürcher Zeitung, a récemment pointé du doigt l’agriculture biologique et ses trop faibles rendements. Que pensez-vous de cette prise de position?

YVES LE MORVAN - Je n’ai pas lu cette interview en entier. Mais ses propos, tels que rapportés en France, semblent relever d’une volonté de clivage dans les discours sur l’agriculture et l’alimentation, que je déplore. On oppose un modèle de « tout bio » à une agriculture « productiviste ». Or, cela ne correspond ni à la réalité économique et sociale ni à ce qu’est l’agriculture en Occident. En France, notamment, l’agriculture est très plurielle : derrière ce qu’on appelle « agriculture productiviste » ou « conventionnelle », il y a une richesse de pratiques agricoles assez fantastique.

Les difficultés que traverse l’agriculture bio aujourd’hui viennent d’ailleurs aussi du fait qu’elle a elle-même surfé sur cette rivalité. C’est aussi pour cela que le consommateur aujourd’hui doute parfois des vertus qu’elle a jusqu’à présent mises en avant. Une telle approche peut fonctionner tant qu’on ne représente qu’une niche mais, dès qu’on occupe un vrai segment de marché, elle suscite inévitablement des interrogations. Puisque, à un tel stade, le prix devient essentiel, cela génère de la concurrence, notamment de la part d’autres formes d’agriculture qui répondent à des préoccupations de plus en plus précises des consommateurs (bien-être animal, véganisme, localisme, etc.) et réduisent le clivage par rapport à l’agriculture conventionnelle.

Il est néanmoins vrai que, comme l’affirme le patron de Syngenta, les rendements de l’agriculture bio sont inférieurs à ceux de l’agriculture conventionnelle. Dans le cas du blé tendre, céréale clé en termes de sécurité alimentaire, cet écart peut atteindre 50%. Mais a-t-on demandé à l’agriculture bio de devenir dominante en surfaces et de répondre aux enjeux globaux de sécurité alimentaire? Il y a certes des représentants de la bio qui voudraient que demain l’agriculture soit bio à 100%. Mais cela constitue à mes yeux une profonde erreur économique car, au moment où l’on devient dominant, on perd de la valeur, avec le risque que les agriculteurs bio soient en conséquence mal rémunérés.

L’agriculture bio fait d’ailleurs courir des risques plus importants aux producteurs, puisqu’ils disposent de moyens de défense moins radicaux contre les aléas climatiques et les invasions d’insectes. Elle demande un véritable engagement technique, et non seulement financier. Certes, elle est moins dépendante d’intrants, qui aujourd’hui deviennent très chers, mais cette forme de résilience ne permet pas encore aux agriculteurs de compenser les écarts de rendements et de prix. De tels éléments ne peuvent pas être négligés par rapport aux perspectives de développement de cette agriculture. Donc, il faut soutenir le développement des filières bio.

 

Concrètement, l’objectif que se donne l’Union européenne de 25% d’agriculture biologique en 2030 représente-t-il un danger pour la sécurité alimentaire mondiale?

Je pense que s’imposer un objectif aussi élevé dans un timing aussi court n’est pas utile car on sait qu’il ne pourra pas être atteint. Le Parlement européen d’ailleurs, tout en ayant adopté une résolution favorable à l’agriculture bio, n’a pas repris ce chiffre. Il peut certes représenter une orientation politique, mais il ne correspond pas à la réalité de la production ni du marché. Il y a en outre d’autres formes d’agriculture, telles que celle de conservation des sols ou à haute valeur environnementale, qui méritent d’être développées, en raison de leur qualité environnementale mais aussi de leurs rendements proches de ceux de l’agriculture conventionnelle - c’est d’ailleurs ce que prévoit la future politique agricole commune (PAC) de l’Union européenne. Comme en matière d’énergie, j’estime qu’il serait préférable de soutenir un bouquet de solutions.

Cependant, aujourd’hui, les céréales, qui constituent le produit essentiel pour la sécurité alimentaire mondiale, ne sont pas destinées seulement à l’alimentation humaine: elles sont aussi utilisées pour l’alimentation animale et pour la fabrication d’agro-carburants. Lorsque la situation sur les marchés devient tendue à cause de prix très élevés, ce ne peut donc pas être qu’à cause de l’agriculture bio. D’autres facteurs entrent d’ailleurs aussi en jeu: les conditions météorologiques, qui affectent certaines productions, et l’augmentation de la consommation liée à la croissance démographique.

Des réductions du gaspillage alimentaire et de la consommation de viande pourraient-elles compenser les rendements plus faibles de l’agriculture bio?

Le problème principal est que l’échelle de temps n’est pas la même. Les rendements de l’agriculture bio sont immédiatement plus faibles, alors que la lutte contre le gaspillage alimentaire relève de politiques publiques à moyen-long terme. L’écueil est le même pour une réduction de la consommation de viande qui, pourtant, représente un véritable gisement potentiel: même si la tendance est là, on ne peut pas l’imposer à la population, cela passe par la pédagogie.

Quant au changement des usages, certains types de céréales ne sont pas toujours substituables. Le maïs par exemple, qui aux Etats-Unis est la céréale reine en termes de surfaces cultivées, est dans la culture occidentale plutôt destinée à l’alimentation animale. Les éventuelles réaffectations dépendent aussi des sols et des conditions climatiques.

Face aux problèmes de sécurité alimentaire – notion mieux définie internationalement et à connotation moins politique voire protectionniste que celle de « souveraineté alimentaire » -, la première question de politique publique qui se pose est plutôt celle de l’absence de stocks de sécurité. Elle est suivie par la question politique de l’utilisation des céréales à des fins énergétiques, aggravée par la crise énergétique engendrée par la guerre en Ukraine. Quant au développement de productions locales dans d’autres régions du monde, il serait possible et devrait être soutenu par des formes de transfert de technologies et des financements dédiés. Mais les exportations vers des pays dont les conditions des sols et climatiques ne permettent pas la production suffisante de certaines denrées restent nécessaires.

Quels moyens existent-ils aujourd’hui pour améliorer les rendements de l’agriculture bio? Quel est leur potentiel?

Il faudrait sans doute développer davantage la recherche scientifique autour de la génétique conventionnelle et des variétés végétales. Une voie de recherche importante est aussi celle portant sur l’alliance entre différentes cultures. Cela permettrait probablement d’obtenir de meilleurs rendements. Mais c’est un travail sur le long terme.

Quel avenir imaginez-vous donc pour l’agriculture bio qui, aujourd’hui en France, traverse des difficultés ?

Je pense que le grand enjeu auquel elle doit faire face aujourd’hui, c’est la remise en cause de la réponse globale qu’elle fournissait jusqu’à présent à l’ensemble des préoccupations des consommateurs. Je crois donc que son avenir ne consiste pas tellement dans la massification, qui implique de s’adresser à des consommateurs volatils, mais plutôt dans l’approfondissement de ses valeurs et vertus originales pour garder la confiance des consommateurs plus engagés. Je crois notamment au potentiel de labels bio « régionalisés », prévus dans le nouveau règlement européen. En tout état de cause, il y a un avenir pour les produits bio, par exemple en restauration collective et hors foyer.

 

société-L’ « écoréalisme » : pour une approche réaliste de l’écologie (Bertrand Piccard)

société-L’ « écoréalisme » : pour une approche réaliste de l’écologie (Bertrand Piccard)

 

Psychiatre de formation, Bertrand Piccard défend une approche « réaliste » de l’écologie dans un livre à paraître mercredi.  »Il faut réconcilier l’écologie et l’industrie, pour développer une écologie rentable et une industrie écologique », prône le fondateur et président de Solar Impulse.( Avion solaire et labellisation)  .

 

La Fondation Solar Impulse, initiée par l’explorateur Bertrand Piccard suite à son mythique tour du monde en avion solaire, a mis en place le label Solar Impulse Efficient Solutionafin de promouvoir des solutions ayant un impact positif pour la planète tout en étant économiquement viables.

Ce label est attribué à la suite d’un processus d’évaluation rigoureux faisant intervenir des experts indépendants. Une fois labellisées, les solutions bénéficient d’avantages exclusifs comme la promotion de ces solutions dans les médias et auprès d’investisseurs et de décisionnaires économiques.

 

 

En matière d’écologie, vous défendez l’esprit pionnier. Quel est-il?
Chaque fois qu’on doit prendre une décision ou juger une situation, il faut regarder ailleurs que dans nos certitudes, nos croyances et nos habitudes. Dans n’importe quel domaine, l’innovation vient rarement de l’intérieur du système. Enfant, j’ai côtoyé beaucoup d’explorateurs. Mon grand-père et mon père ont accompli des choses qui étaient considérées comme impossibles. Tous m’ont montré à quel point la vie est intéressante si on accepte l’inconnu, si on se remet en question, si on a de grandes visions.

Quel est votre rapport à l’écologie? 
J’ai toujours vu mon père et mon grand-père utiliser l’exploration scientifique pour protéger l’environnement. Pour eux, l’écologie était quelque chose de très concret. C’était du bon sens. C’était non politisé. Quand il y a eu les premiers partis verts qui se sont créés dans les années 1980, ça nous paraissait curieux qu’il y ait besoin d’un parti pour l’écologie plutôt que de mettre l’écologie dans tous les partis.

 

Vous défendez une écologie réaliste et concrète. Est-ce parce que vous avez vu l’idéalisme de votre père se heurter à la réalité?
Il a été très déçu que l’écologie devienne à ce point idéologique. Il aurait voulu une écologie concrète, qui réunisse, plutôt qu’une écologie qui divise. Ça a ancré en moi ce désir de prôner une écologie fédératrice, où chacun y trouve son compte, plutôt qu’une écologie constituée de clivages. C’est aberrant de voir l’écologie et l’industrie s’opposer aujourd’hui alors que l’industrie est capable d’apporter des solutions écologiques. Si les industriels perçoivent que la protection de l’environnement est devenue plus rentable que sa destruction, ils se rallieront à la cause écologique sans même avoir besoin de croire au changement climatique!

 

Que faut-il faire pour sortir de cette opposition?
Il faut que les écologistes et les industriels parlent le même langage : celui d’une protection de l’environnement financièrement rentable grâce aux nouvelles opportunités économiques. Il faut que chaque parti politique fasse de l’écologie, qu’on s’attelle à promouvoir l’efficience énergétique, les énergies renouvelables, l’économie circulaire, la gestion des déchets, la rénovation des bâtiments. Ça sert tout le monde : les plus modestes, dont les factures énergétiques diminuent, l’industrie, car ça ouvre de nouveaux débouchés, le politique, car ça crée des emplois, et le monde écologique, car ça protège l’environnement. On doit absolument comprendre qu’aujourd’hui l’écologie est la force motrice autant de notre société humaine que de l’économie, de l’industrie et de la politique.

C’est le discours que vous tenez aux PDG et chefs d’Etat que vous rencontrez régulièrement? 
Si vous allez vers le monde industriel et que vous dites ‘il faut protéger l’environnement’, vous aurez à peu près le même résultat que si vous allez vers le monde écologique et que vous dites ‘il faut produire davantage pour pouvoir développer l’économie’. Ça ne marche pas, car personne ne se comprend. Il faut voir où est l’intersection des intérêts. Aujourd’hui, vous avez de nouveaux procédés, systèmes, produits, matériaux et appareils qui protègent l’environnement, sont capables de créer des emplois et permettent à l’économie de fonctionner. C’est ce que j’appelle l’écologie réaliste, l’écoréalisme. En faisant ça, vous êtes capables d’obtenir un changement que vous n’êtes pas capable d’obtenir tant que c’est uniquement conflictuel. Si les entreprises comprennent que c’est pour elles plus rentable de protéger l’environnement que de continuer à polluer, elles vont être capables d’évoluer. Si les écologistes comprennent qu’il est possible de pousser les entreprises à devenir plus responsables, plus durables et en même temps plus rentables, ils vont aider les entreprises à faire cette transition. On ira beaucoup plus vite que si on fait une guerre de tranchées. Aujourd’hui, vous avez les écologistes d’un côté, les industriels de l’autre, et ça évolue très peu.

On est conscient des risques liés au changement climatique, on connaît les solutions, mais rien ou presque ne bouge. Pourquoi?
Le cadre légal des normes et des standards est aussi archaïque que les vieux systèmes polluants que l’on utilise encore. Le résultat est que beaucoup d’entreprises polluent légalement. Pour développer l’écologie fédératrice, les standards environnementaux doivent devenir plus exigeants. Il faut créer une nécessité d’utiliser toutes les nouvelles solutions. Aujourd’hui par exemple, il est légalement autorisé d’avoir des passoires thermiques. D’un côté, les plus démunis paient des fortunes en frais de chauffage, de l’autre, l’énergie est gaspillée. Ça devrait être une norme obligatoire d’avoir des bâtiments neutres sur le plan carbone. L’investissement de départ est amorti par l’économie d’énergie réalisée.

 

L’interdiction des passoires thermiques était l’idée des 150 citoyens, mais elle a été édulcorée. Par manque de courage politique? 
C’est surtout une méconnaissance du fait que toutes ces nouvelles solutions écologiques aujourd’hui sont devenues très rentables. Rien qu’avec les économies d’énergie, d’eau, d’électricité, de fioul, on rentabilise ces investissements. Prenez l’exemple des bus : le bus diesel est moins cher à l’achat qu’un bus électrique, mais sur dix ans d’exploitation le bus électrique est 400.000 dollars moins cher car il y a peu de maintenance et pas de carburant. Ce qui pèche, c’est la peur de faire l’investissement de départ. Il faut investir davantage au départ, mais ensuite on récupère plusieurs fois sa mise.

 

Vous êtes psychiatre, vous avez pratiqué pendant plus de vingt ans. Est-ce une incapacité de notre cerveau à penser à long terme?
Notre monde est un monde de court terme, les mandats politiques sont courts, ceux des directeurs généraux aussi. Par conséquent, c’est difficile de faire du long terme, car c’est le suivant qui en profitera. Mais il devrait être légalement obligatoire. Dans un marché public, au lieu de calculer le coût d’achat on devrait tenir compte du coût du cycle de vie sur dix ans. Le bus électrique devient alors une évidence.

 

Vous écrivez que le problème n’est pas tant la société de consommation que son corollaire, le gaspillage ; pour autant, vous ne prônez pas la décroissance. Pourquoi? 
Il faut faire décroître beaucoup de choses : le gaspillage, l’inefficience, la pollution, la démesure, l’irresponsabilité, le court terme. Mais il faut faire croître la création de valeur et de richesse. Il y a trop de gens démunis, trop d’inégalités. Si on parle de redistribution pour les plus pauvres, il faut bien avoir quelque chose à redistribuer! Ça m’étonne toujours que ce soient les partis de gauche – qui se préoccupent de la solidarité – qui prônent la décroissance, car il n’y a pas de solidarité s’il n’y a pas de richesse à partager, si on ne crée pas de la valeur. Il faut protéger l’environnement, mais aussi l’être humain. Arrêtons d’associer la décroissance nécessaire des excès avec une décroissance économique, les deux ne doivent pas être liés.

Vous alertez sur l’inefficience de nos usages aujourd’hui. Quelle est-elle?
Aujourd’hui on perd, par inefficience, les trois quarts de l’énergie produite, entre le tiers et la moitié de la nourriture, la moitié des matières premières, plus de 95% des déchets. Ça doit s’arrêter! Les écologistes ont raison de le dire. Philosophiquement, c’est juste. Philosophiquement, nous devons être plus sobres, consommer moins, vivre de manière plus simple. Mais psychologiquement, ce n’est pas comme ça que l’être humain raisonne. La décroissance est une excellente philosophie qui manque de psychologie. Elle ne tient pas compte de la psychologie humaine. Le citoyen ne veut pas moins, il veut mieux à défaut de plus. Certes, dans nos pays d’Europe occidentale, nous avons trop, nous sommes un îlot d’excès. Mais regardez le reste du monde, privé de sécurité sociale, d’assurance santé, de retraite… Comment allez-vous faire passer une philosophie de la décroissance économique à des populations dont le seul rêve est d’avoir la même chose que nous?

Que faire?
Il faut les aider à se développer de manière propre. Pour éviter de reproduire nos excès du XXe siècle, il faut les aider à installer directement chez eux des énergies renouvelables, de l’efficience énergétique, des technologies pour recycler et purifier l’eau potable, des systèmes de recyclage de déchets, une économie circulaire. Si vous faites ça, vous aurez des pays propres mais qui se sont aussi développés économiquement. Grâce à l’écologie, on peut obtenir un développement économique qui profite à tous et à toutes et en même temps protège l’environnement.

Vous dites qu’il ne faut pas compter que sur les comportements individuels, qui, s’ils changent, le font trop lentement. Pourquoi?
On n’a pas le temps d’attendre quarante ans qu’une nouvelle génération prenne le pouvoir. Il faut aller beaucoup plus vite. Il y a eu des milliers de Gilets jaunes dans la rue tous les samedis car on voulait augmenter le prix du diesel de 8 centimes. La population n’est pas prête à faire des sacrifices. La décroissance va créer un rejet de l’écologie, et c’est en ça que je la trouve dangereuse. Je suis fondamentalement un écologiste, mais je n’utilise pas les mêmes moyens que certains écologistes. Ce n’est pas comme ça que l’on arrivera au résultat.

 

La solution est-elle forcément technologique?
Parmi les 1.300 solutions identifiées par ma fondation, la plupart ne sont pas high-tech. La majorité d’entre elles relèvent du bon sens, de systèmes, de produits, de matériaux et d’appareils qui sont plus efficients que les anciens. Je ne suis pas un technophile, je ne pense pas que la technologie en elle-même va sauver l’humanité. Certaines technologies peuvent d’ailleurs la détruire.

 

Pensez-vous à la géo-ingénierie par exemple? 
Ceux qui cherchent des réponses technologiques pour permettre de continuer à polluer comme aujourd’hui en compensant cette pollution sont des gens dangereux. Aller saupoudrer les hautes couches de l’atmosphère avec des nanoparticules pour réfléchir les rayons du soleil vers l’extérieur et compenser l’écart de température causé par le CO2 est aberrant. C’est même criminel. Ça induit de continuer à déstabiliser et déséquilibrer la nature, comme on le fait aujourd’hui, et d’utiliser une technique qui déstabilise la nature dans l’autre sens. On déséquilibre la nature des deux côtés. On arrivera forcément à une catastrophe, la nature est plus forte que nous.

Décrivez-nous ce monde propre qui pourrait déjà exister… 
C’est un monde qui est devenu tellement efficient que les sources renouvelables suffisent pour l’alimenter en énergie. Un monde où on ne gaspille pas, où on utilise mieux les ressources, et qui devient rentable. Prenons l’exemple de la chaîne alimentaire : beaucoup de nourriture est perdue sur le lieu de production à cause de problèmes climatiques ou de sous-développement local. Ma fondation a labellisé un séchoir solaire qui permet aux agriculteurs ou aux coopératives de faire sécher leurs récoltes pour qu’elles ne pourrissent pas sur place. On a aussi des cultures qui permettent, avec des produits naturels, d’avoir plus de rendement ; des systèmes qui économisent l’eau ou l’engrais ; une poubelle intelligente qui scanne et pèse ce que vous jetez et qui va dire à un restaurateur ou à une cafétéria ce qui a été commandé en trop. Il est aussi indispensable de rallonger les dates de péremption sur les produits qu’on achète. Un yaourt que vous consommez un mois plus tard est toujours bon. Ce sont des millions de tonnes de nourriture jetées chaque année à cause de ces dates trop précoces.

Comment convaincre l’industriel? Si on consomme moins, il va gagner moins… 
C’est là qu’intervient la croissance qualitative que je défends dans mon livre : si on consomme plus de qualité et qu’on est plus efficient, on a besoin de consommer moins. Et donc on peut facturer un peu plus cher au consommateur et faire un peu plus de marge. Ce qui est perdu en nombre de ventes est récupéré en bénéfices ; et comme le consommateur ne gaspille pas, il achète moins et peut payer un peu plus cher ce qu’il consomme. On augmente la qualité de tout ce qu’on produit et de ce qu’on consomme.

C’est l’exemple du téléphone portable?
Oui, il est facile de comprendre qu’il vaut mieux acheter un téléphone 20% plus cher si on peut le garder deux fois plus longtemps. Le problème aujourd’hui est que l’obsolescence programmée est légale. Si demain votre garantie passe d’un ou deux ans à cinq ans, si pendant cinq ans vous pouvez rapporter votre ordinateur, votre imprimante ou votre téléphone, vous serez d’accord pour les acheter un peu plus cher. Là aussi, il faut donc un cadre légal pour pousser à l’efficience et conserver des objets de meilleure qualité plus longtemps. Et ça, seul l’Etat peut le faire pour ne pas introduire une distorsion de concurrence avec les entreprises qui ne voudraient pas jouer le jeu. Il faut mettre tout le monde sur un pied d’égalité, sinon personne n’ose bouger.

Avez-vous d’autres exemples de ce statu quo que vous décrivez en raison du cadre légal?
Aujourd’hui, on a un système anti-smog qui permet de diviser par cinq les particules toxiques émises par les moteurs diesel et qui réduit la consommation de carburant de 20%. Mais si vous installez ce système, vous devez recertifier votre véhicule. Donc les gens ne le font pas. Il faut faire évoluer la réglementation. C’est la même chose pour les voitures électriques : le soir, au moment du pic de consommation, celles-ci pourraient être déchargées sur la borne de votre maison et vous donner l’énergie dont vous avez besoin pour votre cuisinière, votre chauffage, votre télévision. Puis quand tout le monde va se coucher, on a la nuit pour recharger les voitures électriques. Malheureusement, ce n’est pas autorisé!

Sur qui faut-il compter pour concrétiser ces évolutions?
Le changement viendra de deux directions différentes. Ça viendra des écologistes, des jeunes qui descendent dans la rue et qui font pression sur les gouvernements. Je les soutiens, mais au lieu de crier ‘problème, problème’, ils devraient crier ‘solution, solution’. Ça viendra aussi de ceux qui démontrent que c’est rentable d’agir, que ça ne va pas entraver le développement économique.

Les rapports du Giec sont tous alarmants mais rien ne change. S’est-on habitué à la catastrophe? 
Les gens ne se rendent pas compte. Quand ils ont 2 degrés de température en plus dans leur corps, ils courent aux urgences en pensant qu’ils ont une forme grave du Covid ; quand l’atmosphère prend 2 degrés, les gens s’en foutent. C’est tout bonnement ahurissant. On est dans une situation catastrophique, mais ça ne sert à rien de le dire sans donner de solutions. Car sinon on fait paniquer tout le monde, on fait déprimer les gens et on leur donne l’impression qu’il y a un problème tellement grand qu’ils ne vont jamais pouvoir le résoudre. Le réalisme, c’est changer ce qu’on peut changer plutôt que d’essayer de changer ce qu’on ne peut pas changer.

Qu’est-ce que vous attendez de la COP de Glasgow?
J’attends des engagements ambitieux des pays. Mais si ça n’arrive pas non plus cette fois, la frustration causée par la vaine recherche de consensus international a tout de même le mérite de pousser les acteurs locaux à agir : les régions, les villes, les entreprises.

Les COP ont-elles encore une utilité?
Oui! Il faut convaincre les négociateurs de chaque pays de s’engager davantage sur des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Mais pour l’instant, ils sont très conservateurs, ils pensent que ce sont surtout des sacrifices et que leur pays vivra moins bien en prenant des mesures environnementales. Notre but est de leur montrer que, au contraire, chaque pays ira mieux, sera plus riche et connaîtra moins de chômage s’il adopte des contributions écologiques très ambitieuses.

« Réaliste – Soyons logiques autant qu’écologiques », Bertrand Piccard, Stock, 180 pages, 18 euros (en librairies le 20 octobre). 

Présidentielle 2022 : 55% des Français estiment que le projet pour la société d’Europe écologie les Verts n’est pas réaliste

Présidentielle 2022 : 58% des Français estiment que le projet pour la société d’Europe écologie les Verts (EELV) n’est pas réaliste

Selon le sondage Odoxa réalisé avec Backbone Consulting pour Le Figaro

58% des Français estiment que leur projet pour la société n’est pas «réaliste», et 54% jugent qu’il n’est pas «crédible». Ancrés par tradition dans la «contre-culture», les écologistes veulent prouver qu’ils sont désormais mûrs pour décrocher le pouvoir. Ce sera donc un des chantiers à poursuivre pour le futur vainqueur de la primaire des écologistes. «S’ils veulent dépasser les 5% qui constituaient jusqu’à présent leur score record à ce scrutin, les écologistes doivent changer leur image de ‘gentils babacools’, pas capables de gouverner», note d’ailleurs Gaël Sliman, le président d’Odoxa.

De fait, une majorité de Français estiment que les Verts feraient moins bien que le gouvernement actuel sur «la politique économique et sociale» (62%), sur «la sécurité» (74%) ou sur la «politique internationale». En revanche, 72% jugent que les écologistes feraient mieux sur «l’environnement».

Nucléaire iranien : l’accord est-il réaliste ?

Nucléaire iranien : l’accord est-il réaliste ?

 

La grande question qui se pose pour la faisabilité de la poursuite de l’accord actuel concerne la nature et l’ampleur des sanctions qui seront prises par les Etats –Unis. Non seulement vis-à-vis de l’Iran mis vis-à-vis des entreprises étrangères qui contreviendraient à ces sanctions. Du coup, c’est le commerce avec les Etats- Unis qui pourrait être touché ; et la question pourrait être de savoir s’il fauta commercer avec les Etats-Unis ou avec l’Iran. Un dilemme qui de toute façon réduira l’activité.  Deux phases de sanctions américaines doivent se mettre en place, au bout de trois mois puis de six. Une durée censée être suffisante pour que les entreprises rompent leurs liens avec l’Iran.

Plusieurs grandes entreprises françaises pourraient être directement impactées au premier rang desquelles Total, qui s’est engagé dans l’exploitation d’un des plus grands gisements de gaz au monde, situé en Iran. Téhéran a par ailleurs passé une commande d’une centaine d’appareils à Airbus, pour un montant de plusieurs milliards de dollars. Enfin, il y a le domaine automobile avec Renault et PSA. Cette dernière a vendu plus de 400.000 véhicules l’an dernier et prévoyait d’en vendre trois millions d’ici 2030. Le retrait unilatéral des États-Unis aura, naturellement, un impact conséquent sur l’Iran et sa politique intérieure. Le premier touché pourrait être Hassan Rohani, le président iranien, qui a eu un rôle déterminant dans la signature de l’accord. Il a su obtenir un texte qui pouvait convenir au Guide suprême, qui l’avait approuvé malgré quelques réserves.

L’économie du pays dépend énormément de la vente des réserves de gaz et de pétrole. Les sanctions américaines pourraient diminuer les revenus qui en sont issus par deux et donc entraîner le retour de difficultés pour les Iraniens.

 

Fillon :  »un projet réaliste » ?

Fillon :  »un projet réaliste » ?

« Mon projet est réaliste » déclare François Fillon dans une tribune publiée par les Échos. On sait que Juppé a mis en cause le réalisme de ce programme en particulier concernant la réduction de la dépense publique dont celle concernant les fonctionnaires. Pour résumer Juppé propose de supprimer moitié moins de fonctionnaires que Fillon 250 000 environ au lieu des 500 000 (initialement Fillon prévoyait 600 000. Première observation Fillon ne précise pas la nature et l’ampleur de chaque réduction de dépenses sans doute pour ne pas froisser les électeurs directement intéressés. Concernant le seul sujet des fonctionnaires on voit mal comment 500 000 postes pourraient être supprimées en cinq ans sachant qu’à peine 120 000 départs en retraite sont prévues chaque année sauf à inclure des effectifs types contractuels ou de sous-traitants qu’on ne pourra supprimer. Fillon finalement reprend la méthode Sarkozy qui consistait à ne remplacer qu’un départ en retraite sur deux, une méthode qui évite de choisir entre les deux emplois utiles et inutiles. En conclusion le projet de Fillon ce caractérise par un certain flou. Si certaines orientations peuvent paraître pertinents par compte les modalités de mise en œuvre peuvent nourrir le doute Notons enfin que Fillon hypothèque la gestion des effectifs des collectivités locales dont il n’a pas la responsabilité.

Interview de Fillon :

« La dépense publique française consomme chaque année 56% de notre richesse nationale. La France emprunte chaque mois sur les marchés financiers pour boucler ses fins de mois, ce qui augmente la dette que nous léguerons à nos enfants. Il faut donc réduire la dépense publique. Lorsque j’étais Premier ministre, nous avons réduit en 5 ans de 11% la dépense d’un périmètre limité à l’Etat central (ministères, administrations). Mon projet prévoit de réduire l’ensemble de la dépense publique de 100 milliards d’euros en cinq ans, soit 8% : rien d’irréaliste là dedans. La méthode est connue et a été appliquée avec succès dans de nombreux pays : passer en revue chaque politique publique, éliminer les dépenses inutiles, recentrer l’Etat sur ses principales missions. Chaque année, 240.000 fonctionnaires et contractuels (hors militaires et titularisation) quittent les trois fonctions publiques. Au total, cela représente 1,2 million de postes sur la durée du quinquennat. Entre 2007 et 2012, nous avons montré qu’on pouvait ne remplacer qu’un fonctionnaire sur deux partant en retraite sans dégrader le service public. En appliquant la même démarche, ce sont 600.000 postes qu’on pourrait supprimer sur cinq ans.  On voit donc que supprimer 500.000 postes sur le quinquennat est faisable et qu’il ne s’agit pas de geler les recrutements, puisque nous remplacerons un départ sur deux. Cela permettra de continuer à embaucher et de faire évoluer les profils en fonction des besoins, en privilégiant la voie contractuelle comme le ministère de la Défense fait depuis de nombreuses années. De plus en revenant à 39 heures par semaine dans les trois fonctions publiques (Etat, territoriale, hospitalière) c’est un volant d’heures équivalent à 500.000 postes que nous libérerons. Ce passage aux 39 heures s’accompagnera d’une négociation avec les représentants des agents de la fonction publique qui portera sur les perspectives de carrière, les conditions de travail, les compensations salariales. Ceux qui disent que je vais creuser les déficits n’ont pas du bien lire mon programme. J’ai pris des hypothèses réalistes. Notre estimation, faite en septembre 2016, montrait que nous devrions hériter d’un déficit de l’ordre de 4,7% en 2017. Ce n’est pas le déficit de François Fillon, c’est celui de François Hollande. Mon programme est le seul qui permet de revenir à l’équilibre en 2022 et de commencer à rembourser la dette. Si le déficit s’avère moins important que ce que nous avons anticipé, cela nous donnera des marges de manœuvre supplémentaires. Quand on me dit que mon programme risque de casser la croissance, je demande : quelle croissance ? La croissance en France est molle, ne crée pas d’emplois. Il faut donc un choc pour les relancer. C’est ce que je propose dans mon programme : 40 milliards de réductions de charges sociales et fiscales pour la compétitivité des entreprises qui s’ajoutent au CICE qui sera pérennisé, 10 milliards pour les ménages et pour leur pouvoir d’achat. Il faut ce choc pour relancer la machine et l’emploi. Les mesures homéopathiques ne suffisent plus. Il faut enfin sortir du renoncement et avoir le courage de transformer le modèle économique et social français. Il faut adapter la France aux réalités du 21e siècle. C’est pour cela que j’ai présenté aux Français un diagnostic sans concessions. Que je leur propose un programme à la hauteur des défis que la France doit enfin relever. Dans ma carrière j’ai mené à bien de nombreuses réformes, sans jamais faiblir. C’est ce que je ferai pour la France. »

Prévisions économiques :le gouvernement plus réaliste

Prévisions économiques :le gouvernement plus réaliste

 

Jusque-là,  la plupart ce gouvernements ont toujours été trop optimiste en matière de croissance, ce qui a participé à la dérive  des déficits ( on escomptait davantage de recettes pour autoriser davantage de dépenses). Echaudé par les chiffres de 2014, le gouvernement semble désormais plus prudent. Peut-être aussi pour contraindre les différents ministères à réaliser des économies plus substantielles. Selon ses estimations, le PIB devait progresser de 1% en 2014, de 1,7% en 2015 puis de 2,25% lors des deux années suivantes. Avec de telles performances, le déficit public chutait à vitesse grand V pour atteindre 2,2% et 1,3% du PIB en 2016 et 2017. Quant à la dette publique, elle fondait également, passant de 95,6% à 91,9% du PIB entre 2014 et 2017. On sait maintenant que ces estimations étaient fantaisistes. La plupart des économistes avaient alors mis en doute la capacité de l’économie française à se relever ainsi de la crise de 2008-2009, la plus grave connue depuis la seconde guerre mondiale. Un exemple : la Commission européenne visait une augmentation de 0,4% du PIB en 2014, de 1% en 2015 et de 1,5% en 2016. On était alors très loin des pronostics élaborés quai de Bercy. Un an plus tard, on a pu constater que la consommation des ménages a très – trop – peu progressé (+1,6%) et que l’investissement des entreprises a continué à reculer, cédant 1,6% par rapport à 2013. Si la Commission européenne aligne ses prévisions sur celle de Paris, la plupart des économistes établissent des prévisions supérieures à celles de Bercy. S&P vise un PIB en hausse de 1,1%. L’OCDE est sur la même longueur d’ondes quand le Fonds monétaire international (FMI) anticipe une progression de 1,2%. Chez les économistes, on note également moins de prudence qu’à Bercy. COE-Rexecode et BNP Paribas tablent sur un PIB en hausse de 1,2%. Les économistes de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) sont les plus optimistes, visant une augmentation de 1,4% de l’activité cette année. La reprise se profile timidement , même si le niveau des défaillances reste élevé.




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