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Radicalisation islamiste: un terroriste enfin déchu de la nationalité française

Radicalisation islamiste: un terroriste enfin déchu de la nationalité française


Il y a quelques années le débat sur la perspective de déchéance de la nationalité française avait créé beaucoup de remous parmi l’élite très tolérante vis-à-vis des délits et crimes dans les quartiers qu’elle n’habite pas. Une mesure radicale qui devrait pourtant s’imposer aux auteurs de violences et de crimes quand les auteurs ont la double nationalité .

Ce n’est sans doute pas un hasard si la justice vient d’arrêter le frère d’un des terroristes du Bataclan pour le placer en instance d’expulsion.

Condamné pour «association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste»
Karim Mohamed-Aggad, né en juillet 1990 à Wissembourg, est le frère aîné de l’un des terroristes du Bataclan, Foued Mohamed-Aggad. Âgé de 23 ans, celui-ci s’était fait exploser le 13 novembre 2015 lors de l’attaque de la salle de concert, où, avec deux complices, il avait assassiné 90 personnes.

15 novembre dernier, il avait été déchu de la nationalité française par un décret signé par la première ministre Elisabeth Borne et publié dans le Journal officiel le 17 novembre. L’homme est désormais placé en instance d’expulsion.

Cette opération «s’inscrit dans le cadre de la lutte contre la radicalisation et de l’éloignement des personnes posant un danger à la sécurité de notre pays demandée par le ministre» de l’Intérieur Gérald Darmanin, a commenté pour l’AFP la préfète du Bas-Rhin Josiane Chevalier.

Elle a précisé que l’homme avait été envoyé au Centre de rétention administrative (CRA) de Metz en vue de son expulsion, «le plus vite possible on l’espère». Le recours aux gendarmes du GIGN lors de l’interpellation a lieu dans «les cas extrêmement dangereux» afin qu’elle se fasse «en sécurité», a par ailleurs observé Josiane Chevalier.

Condamné pour «association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste»
Karim Mohamed-Aggad, né en juillet 1990 à Wissembourg, est le frère aîné de l’un des terroristes du Bataclan, Foued Mohamed-Aggad. Âgé de 23 ans, celui-ci s’était fait exploser le 13 novembre 2015 lors de l’attaque de la salle de concert, où, avec deux complices, il avait assassiné 90 personnes.

Karim Mohamed-Aggad avait rejoint en décembre 2013 la Syrie en compagnie de son frère et d’un groupe d’amis radicalisés, la plupart issus du quartier de la Meinau à Strasbourg. À son retour, en 2016, il avait écopé de neuf ans de prison pour «association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste», avant d’être libéré en 2022, précise France Info.

Son arrestation a eu lieu un mois et demi après l’attentat d’Arras au cours duquel l’assaillant, Mohammed Mogouchkov, originaire du Caucase russe et ayant grandi en France, a tué un professeur de français, Dominique Bernard, et blessé trois autres personnes. Le soir de l’attentat, Gérald Darmanin avait exprimé sur TF1 son souhait de pouvoir «expulser tous ceux qui, même arrivés à l’âge de deux ou trois ans, sont étrangers et méritent de retourner dans leur pays d’origine parce qu’ils ne respectent pas les règles de la République».

Auditionné lors du procès du «sergent recruteur du djihad»
Le trentenaire avait également été auditionné lors du procès du «sergent recruteur du djihad» Mourad Farès, en janvier 2020. Soupçonné d’avoir poussé plusieurs jeunes à rejoindre la Syrie, Mourad Farès comparaissait alors devant la cour d’assises spéciale de Paris pour «participation à une association de malfaiteurs terroriste», «direction ou organisation d’une association de malfaiteurs terroriste» et «financement d’entreprise terroriste».

En avril dernier, d’après le Journal officiel, les avoirs de Karim Mohamed-Aggad avaient été gelés par un arrêté publié par les ministères de l’Économie et de l’Intérieur.

Radicalisation : un terroriste déchu de la nationalité française

Radicalisation : un terroriste déchu de la nationalité française


Il y a quelques années le débat sur la perspective de déchéance de la nationalité française avait créé beaucoup de remous parmi l’élite très tolérante vis-à-vis des délits et crimes dans les quartiers qu’elle n’habite pas. Une mesure radicale qui devrait pourtant s’imposer aux auteurs de violences et de crimes quand les auteurs ont la double nationalité .

Ce n’est sans doute pas un hasard si la justice vient d’arrêter le frère d’un des terroristes du Bataclan pour le placer en instance d’expulsion.

Condamné pour «association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste»
Karim Mohamed-Aggad, né en juillet 1990 à Wissembourg, est le frère aîné de l’un des terroristes du Bataclan, Foued Mohamed-Aggad. Âgé de 23 ans, celui-ci s’était fait exploser le 13 novembre 2015 lors de l’attaque de la salle de concert, où, avec deux complices, il avait assassiné 90 personnes.

15 novembre dernier, il avait été déchu de la nationalité française par un décret signé par la première ministre Elisabeth Borne et publié dans le Journal officiel le 17 novembre. L’homme est désormais placé en instance d’expulsion.

Cette opération «s’inscrit dans le cadre de la lutte contre la radicalisation et de l’éloignement des personnes posant un danger à la sécurité de notre pays demandée par le ministre» de l’Intérieur Gérald Darmanin, a commenté pour l’AFP la préfète du Bas-Rhin Josiane Chevalier.

Elle a précisé que l’homme avait été envoyé au Centre de rétention administrative (CRA) de Metz en vue de son expulsion, «le plus vite possible on l’espère». Le recours aux gendarmes du GIGN lors de l’interpellation a lieu dans «les cas extrêmement dangereux» afin qu’elle se fasse «en sécurité», a par ailleurs observé Josiane Chevalier.

Condamné pour «association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste»
Karim Mohamed-Aggad, né en juillet 1990 à Wissembourg, est le frère aîné de l’un des terroristes du Bataclan, Foued Mohamed-Aggad. Âgé de 23 ans, celui-ci s’était fait exploser le 13 novembre 2015 lors de l’attaque de la salle de concert, où, avec deux complices, il avait assassiné 90 personnes.

Karim Mohamed-Aggad avait rejoint en décembre 2013 la Syrie en compagnie de son frère et d’un groupe d’amis radicalisés, la plupart issus du quartier de la Meinau à Strasbourg. À son retour, en 2016, il avait écopé de neuf ans de prison pour «association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste», avant d’être libéré en 2022, précise France Info.

Son arrestation a eu lieu un mois et demi après l’attentat d’Arras au cours duquel l’assaillant, Mohammed Mogouchkov, originaire du Caucase russe et ayant grandi en France, a tué un professeur de français, Dominique Bernard, et blessé trois autres personnes. Le soir de l’attentat, Gérald Darmanin avait exprimé sur TF1 son souhait de pouvoir «expulser tous ceux qui, même arrivés à l’âge de deux ou trois ans, sont étrangers et méritent de retourner dans leur pays d’origine parce qu’ils ne respectent pas les règles de la République».

Auditionné lors du procès du «sergent recruteur du djihad»
Le trentenaire avait également été auditionné lors du procès du «sergent recruteur du djihad» Mourad Farès, en janvier 2020. Soupçonné d’avoir poussé plusieurs jeunes à rejoindre la Syrie, Mourad Farès comparaissait alors devant la cour d’assises spéciale de Paris pour «participation à une association de malfaiteurs terroriste», «direction ou organisation d’une association de malfaiteurs terroriste» et «financement d’entreprise terroriste».

En avril dernier, d’après le Journal officiel, les avoirs de Karim Mohamed-Aggad avaient été gelés par un arrêté publié par les ministères de l’Économie et de l’Intérieur.

Retraites et social : Vers une radicalisation

Retraites :Vers une radicalisation du mouvement social ?

par Dominique Andolfatto
Professeur des universités en science politique, Université de Bourgogne – UBFC (Dans the conversation)

A peine Elisabeth Borne avait-elle annoncé le recours à l’article 49.3 de la Constitution pour faire adopter la réforme des retraites qu’un cortège étudiant partait de la place de la Sorbonne à Paris en direction de l’Assemblée nationale, aux cris de «Eh Manu, Manu, 49.3 ou pas, ta réforme on n’en veut pas» ou encore «L’Assemblée peut bien voter, la rue va le retirer».

En nombre de participants, le mouvement social contre la réforme des retraites est au niveau des plus grandes mobilisations depuis une trentaine d’années. Le 7 mars 2023 a même constitué un record avec près de 1,3 million de manifestants (dépassant la manifestation du 12 octobre 2010, contre une précédente réforme des retraites, sous Nicolas Sarkozy, qui avait réuni plus de 1,2 million de manifestants.

Cependant, en dépit de la sortie de la crise sanitaire ou de l’augmentation du nombre de salariés, le niveau de mobilisation n’a pas progressé sensiblement.

Certes, les syndicats ont fait un important travail de communication – très unitaire –, d’organisation et d’encadrement pacifique des manifestations. Mais la question se pose désormais de la suite à donner à la contestation.

En termes de mobilisation, l’implication effective de la CFDT – au contraire de ce qui s’est passé en 2019 – et une unité syndicale sans faille ont permis de faire la différence. Mais il faut compter aussi avec un mécontentement social latent, en lien avec l’inflation et le surenchérissement des prix de l’énergie et de l’alimentation, qui n’est pas nécessairement encadré par les syndicats, certains manifestants préférant même défiler sous aucune bannière syndicale.

Malgré cette réussite, avec plus de 2 millions de syndiqués revendiqués par les diverses organisations, les syndicats n’ont pas, durant cette crise, réussi à faire reculer le gouvernement.

C’est sans doute le choix d’un répertoire d’action – selon le terme du sociologue Charles Tilly – trop classique ou trop bien encadré, qu’il faut interroger : celui de la manifestation de rue, lors d’une journée, en semaine ou le week-end.

Mais peut-il en être autrement ? On voit aussi que, contrairement au calcul fait pour mobiliser davantage de gens du privé, le choix du samedi ne fonctionne pas plus qu’un jour de semaine (voire moins).

Si certains salariés du privé sont bien présents dans les cortèges, et sans doute en plus grand nombre que d’habitude (au vu de taux de grévistes plutôt en recul dans les services publics), ils restent encore minoritaires.

Ainsi, la stratégie privilégiée par les syndicats depuis plusieurs années, soit des manifestations pacifiques, fondées sur le « nombre », malgré des succès passés, ne suffit pas – pour le moment – pour trancher le désaccord social sur la réforme des retraites. Dès lors que faire ?

Les syndicats ont longtemps hésité durant les dernières semaines entre continuer à manifester ou faire grève. Certains se disaient favorables à ce « durcissement » depuis le début, notamment des fédérations de la CGT – cheminots, énergie, chimistes (dont les raffineurs)… – mais aussi l’Union syndicale Solidaires (qui rassemble les syndicats SUD), connues pour son radicalisme et une type de syndicalisme « à l’ancienne », fondé sur le militantisme et, souvent, le conflit ouvert.

Mais que signifie le mot « durcissement » ? Il est censé illustrer une gradation dans l’action collective.

Manifestation contre un plan social à Air France, le DRH avait été pris à partie physiquement par les militants, 2015, BFM TV.
Celle-ci ne consistera plus seulement en des défilés pacifiques et intermittents – certains syndicalistes critiquant au passage des journées « saute-mouton » peu efficaces.

Il s’agira d’actions plus déterminées, voire plus violentes (même si le terme reste tabou) et continues. L’objectif est d’engendrer des désordres dans l’économie ou dans la vie sociale ou quotidienne – étant entendu que les salariés se montreront compréhensifs puisqu’il s’agit de leur bien – pour faire céder un gouvernement sourd aux seules manifestations de rue.

Tous les syndicats ne sont pas favorables à une telle évolution. Mais plus personne ne les exclut. Même la CFDT, qui a patiemment sculpté son identité réformiste depuis des années, ne la rejette pas, du moins par antiphrase.

Ainsi, son leader, Laurent Berger, faisant allusion aux « gilets jaunes », s’étonnait récemment que les formes d’actions « très violentes » (et minoritaires) aient obtenu gain de cause alors que les revendications portées par des manifestations pacifiques, bien plus nombreuses, laissent indifférents les pouvoirs publics.

Cela légitime implicitement des actions plus radicales. Pour autant, ce n’est pas la violence qui a caractérisé les « gilets jaunes ». Ce mouvement a innové, en révélant une France des invisibles.

Reste à passer à ces nouvelles formes d’actions : grève d’un jour, voire reconductible… Dans certains secteurs, comme les éboueurs de Paris, c’est ce qui s’est dessiné cette semaine. La menace de « blocages » concernant l’approvisionnement en carburant est également agitée par certains militants.

Mais ce types d’action réussiront-elles à s’installer dans la durée et à peser ? On a vu, à l’automne dernier, que le gouvernement n’était pas sans moyens juridiques, par exemple en s’appuyant sur des réquisitions.

Une « grève générale » pourrait aussi se profiler même si elle n’est pas encore annoncée comme telle. L’intersyndicale préfère l’euphémisme de « mise à l’arrêt de tous les secteurs » pour éviter d’effrayer l’opinion tout en se préservant d’un échec éventuel qui serait sans doute rédhibitoire.

Une telle grève paraît aussi hypothétique. Celles qui ont réussi – pour faire allusion au Front populaire ou à mai 1968 – n’ont pas été décrétées par les confédérations syndicales. Et le secteur privé, en particulier, ne semble pas prêt à une telle éventualité, d’autant plus que la responsabilité directe des entreprises n’est pas en cause dans la réforme. Comme une récente enquête du ministère du Travail vient de le rappeler, le taux de syndicalisation dans le secteur privé continue de reculer. Dès lors, pour les organisations syndicales, susciter et encadrer un tel mouvement paraît difficile. Les syndicats paient implicitement leur éloignement de bien des salariés à la base et notamment, des plus jeunes, même si leurs récents succès dans la rue montrent qu’ils sont bien vivants.

Le « durcissement » pourrait aussi venir d’une implication plus forte des organisations étudiantes. Présentes dans l’intersyndicale, ces dernières restent encore peu impliquées et les universités, sauf exception, ne connaissent pas de perturbations.

Les confédérations syndicales, à l’instar de Laurent Berger, insistent par ailleurs beaucoup sur ce qui serait une « révolte des sous-préfectures ». Bref, le mouvement serait particulièrement actif dans les petites villes. En fait, peu de comparaisons sérieuses ont été faites entre le nombre de manifestants actuels et passés dans ces villes.

Un examen rapide révèle que la situation s’avère contrastée. Ce surcroît de manifestants dans certaines villes s’explique, semble-t-il par l’importance locale de l’emploi public. Cela confère à ces populations des taux de syndicalisation supérieurs à la moyenne.

Ainsi, cette « révolte des sous-préfectures » révélerait d’abord les forces et faiblesses de la syndicalisation. Mais les syndicats y voient surtout des exemples à suivre, traduction d’une colère profonde dans le tissu social.

Compte tenu de cette situation, les leaders syndicaux ont défilé à Albi le 16 février, ville-symbole d’une riche histoire ouvrière. Cette décentralisation de l’action doit mettre en relief cette « révolte » et, peut-être, compenser des manifestations moins nombreuses.

Ce moment permet aussi aux syndicats de donner une dimension plus politique au mouvement et témoigne d’une critique implicite de la gauche à l’Assemblée nationale.

Ces 30 dernières années, les mouvements sociaux n’ont pas manqué, mais leurs résultats ont souvent été discutés. Quand on cherche à comprendre pourquoi certains ont eu gain de cause, il faut tenir compte aussi de ce qui serait la psychologie du gouvernement.

Si Alain Juppé, en 1995, ou Dominique de Villepin, en 2006, ont dû renoncer à leurs réformes c’est aussi parce que l’exécutif était partagé.

Une telle issue ne semble pas se profiler actuellement concernant la réforme des retraites. L’executif a choisi de passer en force en ayant recours au 49.3. Céder maintenant à la rue pourrait faire perdre toute autorité à Emmanuel Macron pour la suite du quinquennat. Mais la rue tiendra-t-elle ?

Retraites :Vers une radicalisation du mouvement social

Retraites :Vers une radicalisation du mouvement social ?

par Dominique Andolfatto
Professeur des universités en science politique, Université de Bourgogne – UBFC (Dans the conversation)

A peine Elisabeth Borne avait-elle annoncé le recours à l’article 49.3 de la Constitution pour faire adopter la réforme des retraites qu’un cortège étudiant partait de la place de la Sorbonne à Paris en direction de l’Assemblée nationale, aux cris de «Eh Manu, Manu, 49.3 ou pas, ta réforme on n’en veut pas» ou encore «L’Assemblée peut bien voter, la rue va le retirer».

En nombre de participants, le mouvement social contre la réforme des retraites est au niveau des plus grandes mobilisations depuis une trentaine d’années. Le 7 mars 2023 a même constitué un record avec près de 1,3 million de manifestants (dépassant la manifestation du 12 octobre 2010, contre une précédente réforme des retraites, sous Nicolas Sarkozy, qui avait réuni plus de 1,2 million de manifestants.

Cependant, en dépit de la sortie de la crise sanitaire ou de l’augmentation du nombre de salariés, le niveau de mobilisation n’a pas progressé sensiblement.

Certes, les syndicats ont fait un important travail de communication – très unitaire –, d’organisation et d’encadrement pacifique des manifestations. Mais la question se pose désormais de la suite à donner à la contestation.

En termes de mobilisation, l’implication effective de la CFDT – au contraire de ce qui s’est passé en 2019 – et une unité syndicale sans faille ont permis de faire la différence. Mais il faut compter aussi avec un mécontentement social latent, en lien avec l’inflation et le surenchérissement des prix de l’énergie et de l’alimentation, qui n’est pas nécessairement encadré par les syndicats, certains manifestants préférant même défiler sous aucune bannière syndicale.

Malgré cette réussite, avec plus de 2 millions de syndiqués revendiqués par les diverses organisations, les syndicats n’ont pas, durant cette crise, réussi à faire reculer le gouvernement.

C’est sans doute le choix d’un répertoire d’action – selon le terme du sociologue Charles Tilly – trop classique ou trop bien encadré, qu’il faut interroger : celui de la manifestation de rue, lors d’une journée, en semaine ou le week-end.

Mais peut-il en être autrement ? On voit aussi que, contrairement au calcul fait pour mobiliser davantage de gens du privé, le choix du samedi ne fonctionne pas plus qu’un jour de semaine (voire moins).

Si certains salariés du privé sont bien présents dans les cortèges, et sans doute en plus grand nombre que d’habitude (au vu de taux de grévistes plutôt en recul dans les services publics), ils restent encore minoritaires.

Ainsi, la stratégie privilégiée par les syndicats depuis plusieurs années, soit des manifestations pacifiques, fondées sur le « nombre », malgré des succès passés, ne suffit pas – pour le moment – pour trancher le désaccord social sur la réforme des retraites. Dès lors que faire ?

Les syndicats ont longtemps hésité durant les dernières semaines entre continuer à manifester ou faire grève. Certains se disaient favorables à ce « durcissement » depuis le début, notamment des fédérations de la CGT – cheminots, énergie, chimistes (dont les raffineurs)… – mais aussi l’Union syndicale Solidaires (qui rassemble les syndicats SUD), connues pour son radicalisme et une type de syndicalisme « à l’ancienne », fondé sur le militantisme et, souvent, le conflit ouvert.

Mais que signifie le mot « durcissement » ? Il est censé illustrer une gradation dans l’action collective.

Manifestation contre un plan social à Air France, le DRH avait été pris à partie physiquement par les militants, 2015, BFM TV.
Celle-ci ne consistera plus seulement en des défilés pacifiques et intermittents – certains syndicalistes critiquant au passage des journées « saute-mouton » peu efficaces.

Il s’agira d’actions plus déterminées, voire plus violentes (même si le terme reste tabou) et continues. L’objectif est d’engendrer des désordres dans l’économie ou dans la vie sociale ou quotidienne – étant entendu que les salariés se montreront compréhensifs puisqu’il s’agit de leur bien – pour faire céder un gouvernement sourd aux seules manifestations de rue.

Tous les syndicats ne sont pas favorables à une telle évolution. Mais plus personne ne les exclut. Même la CFDT, qui a patiemment sculpté son identité réformiste depuis des années, ne la rejette pas, du moins par antiphrase.

Ainsi, son leader, Laurent Berger, faisant allusion aux « gilets jaunes », s’étonnait récemment que les formes d’actions « très violentes » (et minoritaires) aient obtenu gain de cause alors que les revendications portées par des manifestations pacifiques, bien plus nombreuses, laissent indifférents les pouvoirs publics.

Cela légitime implicitement des actions plus radicales. Pour autant, ce n’est pas la violence qui a caractérisé les « gilets jaunes ». Ce mouvement a innové, en révélant une France des invisibles.

Reste à passer à ces nouvelles formes d’actions : grève d’un jour, voire reconductible… Dans certains secteurs, comme les éboueurs de Paris, c’est ce qui s’est dessiné cette semaine. La menace de « blocages » concernant l’approvisionnement en carburant est également agitée par certains militants.

Mais ce types d’action réussiront-elles à s’installer dans la durée et à peser ? On a vu, à l’automne dernier, que le gouvernement n’était pas sans moyens juridiques, par exemple en s’appuyant sur des réquisitions.

Une « grève générale » pourrait aussi se profiler même si elle n’est pas encore annoncée comme telle. L’intersyndicale préfère l’euphémisme de « mise à l’arrêt de tous les secteurs » pour éviter d’effrayer l’opinion tout en se préservant d’un échec éventuel qui serait sans doute rédhibitoire.

Une telle grève paraît aussi hypothétique. Celles qui ont réussi – pour faire allusion au Front populaire ou à mai 1968 – n’ont pas été décrétées par les confédérations syndicales. Et le secteur privé, en particulier, ne semble pas prêt à une telle éventualité, d’autant plus que la responsabilité directe des entreprises n’est pas en cause dans la réforme. Comme une récente enquête du ministère du Travail vient de le rappeler, le taux de syndicalisation dans le secteur privé continue de reculer. Dès lors, pour les organisations syndicales, susciter et encadrer un tel mouvement paraît difficile. Les syndicats paient implicitement leur éloignement de bien des salariés à la base et notamment, des plus jeunes, même si leurs récents succès dans la rue montrent qu’ils sont bien vivants.

Le « durcissement » pourrait aussi venir d’une implication plus forte des organisations étudiantes. Présentes dans l’intersyndicale, ces dernières restent encore peu impliquées et les universités, sauf exception, ne connaissent pas de perturbations.

Les confédérations syndicales, à l’instar de Laurent Berger, insistent par ailleurs beaucoup sur ce qui serait une « révolte des sous-préfectures ». Bref, le mouvement serait particulièrement actif dans les petites villes. En fait, peu de comparaisons sérieuses ont été faites entre le nombre de manifestants actuels et passés dans ces villes.

Un examen rapide révèle que la situation s’avère contrastée. Ce surcroît de manifestants dans certaines villes s’explique, semble-t-il par l’importance locale de l’emploi public. Cela confère à ces populations des taux de syndicalisation supérieurs à la moyenne.

Ainsi, cette « révolte des sous-préfectures » révélerait d’abord les forces et faiblesses de la syndicalisation. Mais les syndicats y voient surtout des exemples à suivre, traduction d’une colère profonde dans le tissu social.

Compte tenu de cette situation, les leaders syndicaux ont défilé à Albi le 16 février, ville-symbole d’une riche histoire ouvrière. Cette décentralisation de l’action doit mettre en relief cette « révolte » et, peut-être, compenser des manifestations moins nombreuses.

Ce moment permet aussi aux syndicats de donner une dimension plus politique au mouvement et témoigne d’une critique implicite de la gauche à l’Assemblée nationale.

Ces 30 dernières années, les mouvements sociaux n’ont pas manqué, mais leurs résultats ont souvent été discutés. Quand on cherche à comprendre pourquoi certains ont eu gain de cause, il faut tenir compte aussi de ce qui serait la psychologie du gouvernement.

Si Alain Juppé, en 1995, ou Dominique de Villepin, en 2006, ont dû renoncer à leurs réformes c’est aussi parce que l’exécutif était partagé.

Une telle issue ne semble pas se profiler actuellement concernant la réforme des retraites. L’executif a choisi de passer en force en ayant recours au 49.3. Céder maintenant à la rue pourrait faire perdre toute autorité à Emmanuel Macron pour la suite du quinquennat. Mais la rue tiendra-t-elle ?

Radicalisation : enfin un vrai plan ?

Radicalisation : enfin un vrai plan ?

Le Premier ministre Édouard Philippe entourés des ministres concernés dont la Garde des Sceaux, a présenté 60 mesures pour prévenir. Parmi celles-ci, 9 relèvent du ministère de la Justice.

 

« Prévenir pour protéger » illustre l’ambition gouvernementale pour mieux identifier, signaler et prendre en charge les signes avant-coureurs d’une rupture avec les principes républicains. Le Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR) s’appuie sur la mobilisation et la coordination entre les acteurs de l’État, les collectivités territoriales et la société civile. Les retours d’expérience du terrain et les pratiques des partenaires européens ont été pris en compte pour établir le plan national de prévention.

 

 

 

Les 60 mesures du plan national de prévention de la radicalisation reposent sur 5 axes :

1) Prémunir les esprits face à la radicalisation

2) Compléter le maillage détection / prévention

3) Comprendre et anticiper l’évolution de la radicalisation

4) Professionnaliser les acteurs locaux et évaluer les pratiques

5) Adapter le désengagement

 

9 mesures pour le  ministère de la Justice

 

3 mesures se rapportent à la réinsertion des mineurs de retour de zones de groupements terroristes. Il s’agit notamment de renforcer la professionnalisation  et la coordination des acteurs et d’évaluer régulièrement la situation des mineurs dans le cadre d’un suivi dans la durée.

3 mesures concernent le suivi de détenues radicalisés comme le développement des capacités d’évaluation des détenus ; la conception et la répartition sur le territoire des quartiers de prise en charge des personnes radicalisées (QPR) ou encore des programmes de prévention de la radicalisation violente dans l’ensemble des établissements susceptibles d’accueillir des détenus poursuivis pour des faits de terrorisme islamiste.

1 mesure porte sur les centres de prise en charge individualisée pour des publics radicalisés ou en voie de radicalisation placés sous-main de justice.

1 mesure pour objectif l’accompagnement et le suivi renforcés en appui de ces centres et en sortie de détention

Enfin, une 9ème mesure a pour objectif d’organiser les retours et partages d’expériences entre les services du ministère de la Justice et le Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation concernant la prise en charge des différents publics sous-main de justice dans les programmes de prévention de la radicalisation.

 

« Il ne faut pas continuer à mettre des pansements partout mais plutôt prendre le problème à la racine », explique au JDD Sandrine Mörch, députée de La République en marche qui va prendre la tête d’une mission « flash » sur le sujet en compagnie de Michèle Victory (PS). « Jusque-là, on n’avait pas su prendre cette problématique et on se retrouve avec des jeunes sous le joug de certaines théories du complot, regrette de son côté Danièle Cazarian députée LREM du Rhône et membre d’un groupe de travail sur le sujet. En aidant nos jeunes à bien se construire, on peut lutter efficacement contre ce phénomène de radicalisation. » L’une des propositions du gouvernement vise à « mieux encadrer l’ouverture des établissements privés hors contrat et leur affecter des équipes d’inspecteurs académiques spécialisés » pour ainsi éviter la montée en puissance de structures islamistes. En 2016, Najat Vallaud-Belkacem, alors ministre de l’Education, avait tenté de conditionner l’ouverture de ces écoles par l’obtention d’une autorisation préalable mais sa proposition avait été retoquée par le Conseil constitutionnel.

Le gouvernement veut aussi « développer les dispositifs de soutien à la laïcité et renforcer la formation des enseignants ». Un premier pas vers l’instauration d’un enseignement laïc du fait religieux à l’école? Le gouvernement n’a pas souhaité s’avancer jusque-là mais la mesure est souhaitée par plusieurs parlementaires membres du groupe de travail sur la prévention de la radicalisation dont Brigitte Liso députée LREM du Nord. Selon elle, cela pourrait se matérialiser par un cours spécifique ou un « enseignement transversal qui serait évoqué dans les cours de science, d’art plastique ou d’histoire ». « Je crois qu’on y est prêt, on le préconise à moyen terme », renchérit Danièle Cazarian qui affirme que la question a été évoquée avec le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer. En attendant, le gouvernement veut faire un effort sur « l’éducation aux médias, notamment pour prémunir les élèves des théories du complot ». « Il faut donner plus d’outils aux enseignants pour aborder ces questions », affirme Sandrine Mörch qui veut par exemple encourager le recours aux intervenants extérieurs. Danièle Cazarian envisage aussi d’agir dans le milieu du sport, qui est « à la fois un vecteur de radicalisation et de désengagement ».

La lutte contre la radicalisation sera l’affaire d’une génération (Valls)

La lutte contre la radicalisation sera l’affaire d’une génération (Valls)

 

 

Dans une interview au JDD Valls indique que la lutte contre le terrorisme et la radicalisation demandera du temps, sans doute le temps d’une génération. Valls n’a sans doute pas tort  car si la défaite de l’État islamique est probable d’ici la fin de l’année, il faudra ensuite prendre les moyens de mettre fin à une radicalisation ancrée dans le communautarisme, le fanatisme et la violence. Une radicalisation qui d’ailleurs pourrait encore s’alimenter, par esprit de vengeance, de la défaite de l’État islamique. Une prédiction qui malheureusement ne manque pas de pertinence et qui va à l’encontre de certaines promesses illusoires de certains candidats à l’élection présidentielle de 2017. Par ailleurs Valls soutient le principe d’un primaire de la gauche du gouvernement, ce qui signifie en clair qu’il soutiendra François Hollande si ce dernier décide de se représenter.

 

Les Français doivent vivre avec le risque d’autres attentats…
J’assume de dire la vérité, surtout quand elle est difficile. C’est cela avoir du respect pour ses concitoyens. Ma responsabilité impose donc de dire aux Français: une guerre nous a été déclarée et nous nous donnons tous les moyens pour la gagner. Le combat sera long, l’ennemi est de taille. Certes, il recule en Irak, en Syrie, en Libye, mais en finir avec la radicalisation de certains individus sera l’affaire d’une génération. Il y aura de nouveaux attentats car jamais la menace n’a été aussi élevée. Il y aura de nouvelles victimes innocentes, ça me coûte de le dire, mais nous devons le savoir et nous y préparer. Nous détruirons les terroristes. Cela demande de la maîtrise et du sang-froid, de nous rassembler autour de nos forces de sécurité et surtout de nos valeurs républicaines.

 Il y aura finalement une primaire à laquelle pourrait participer François Hollande, c’est une bonne nouvelle?
La primaire correspond à un besoin de participation démocratique dans notre société. Le Parti socialiste entend, à juste titre, rassembler la gauche à l’occasion de cette primaire, la gauche réformiste, socialiste, écologiste, radicale, c’est-à-dire la Belle Alliance populaire, car il s’agit d’être présent au second tour. Autre chose est le choix du président de la République, dont il est seul maître. Il en a déjà fixé la date, le rendez-vous : il annoncera sa décision à la fin de l’année. [...]

 

Donc s’il décide d’être candidat, François Hollande sera désigné par une primaire, alors qu’il est président de la République. Cela ne dévalorise-t-il pas sa fonction?
À aucun moment! Qu’y a-t-il de dévalorisant à retourner devant les Français, à défendre ses idées, à expliquer son action? C’est cela, la démocratie! [...]

 

Vous envisagez d’interdire les défilés. Les manifestations de jeudi seront-elles autorisées?
Compte tenu de la situation, des violences qui ont eu lieu, de l’attentat odieux contre le couple de policiers mais aussi de la tenue de l’Euro, les organisateurs devraient annuler eux-mêmes ces rassemblements. C’est du bon sens! La CGT doit sortir de l’impasse. Cela étant, il y aura dans les prochains jours des discussions entre la Préfecture de police de Paris et les organisateurs afin de voir si les conditions sont réunies pour qu’un rassemblement se tienne. Le principe de notre droit, c’est la liberté de manifester. La responsabilité du gouvernement, c’est s’assurer que les conditions de sécurité sont remplies. [...]

Comprendre la radicalisation djihadiste, (Valls) … il serait temps !

Comprendre la radicalisation djihadiste, (Valls) … il serait temps

Manuel Valls change de logiciel à propos de la radicalisation, il serait temps car jusqu’à maintenant  il n’a pas compris grand-chose.  Le 25 novembre dernier, deux semaines après les attentats de Paris et Saint-Denis, le chef du gouvernement avait affirmé devant l’Assemblée nationale qu’expliquer de tels actes, c’était « déjà vouloir un peu excuser », une position qui lui avait valu de nombreuses critiques. Lundi, lors d’une réunion de « L’instance de dialogue avec l’islam de France » au ministère de l’Intérieur, Manuel Valls a expliqué qu’il fallait « d’abord et surtout combattre cette hyper-violence ». Mais il a ajouté : « C’est un phénomène complexe et protéiforme, et les sciences sociales ont bien sûr un rôle à jouer pour comprendre, analyser, décortiquer les mécanismes qui font que des individus basculent dans cette forme d’hyper-violence, de négation de l’autre, de nihilisme ». « C’est une idéologie de mort et nous n’avons jamais connu cela à cette échelle, en plus avec cette force liée à un conflit en Syrie et en Irak, la volonté de créer un Etat avec ses attributs », a-t-il ajouté. Une analyse un peu moins schématique que précédemment mais encore bien insuffisante dans la mesure où 2000 français environ sont officiellement impliqués dans le phénomène jihadiste. À cela il faut ajouter tous les individus fortement radicalisés et non n’encore repérés comme terroristes potentiels soit d’après les experts environ  5000 personnes. Des  chiffres évidemment relativement approximatifs tellement les services de renseignements sont débordés par l’ampleur de la tâche. En vérité c’est le déni de radicalisme qui a permis au phénomène jihadiste de prendre une telle dimension en France. Un radicalisme qui s’est surtout développé dans des quartiers sensibles ou la paix sociale a été achetée par l’État comme par les collectivités locales en échange d’une tolérance à l’égard du communautarisme radical. En fait  Manuel Valls découvre la situation seulement aujourd’hui et le dispositif anti terroriste décidé par le gouvernement est bien loin d’être à la hauteur de l’enjeu  « Mais nous savons qu’il y a aujourd’hui des milliers de jeunes, d’individus dans nos quartiers qui sont de près ou de loin séduits par cette radicalisation ». Une découverte un peu naïve et tardive de la part de Manuel Valls alors que  le processus est en cours depuis 20 à 30 ans.

Agression mortelle d’un militant : le prix de la radicalisation de la société

 

Agression mortelle d’un militant : le prix de la radicalisation de la société

 

Face à l’incurie des pouvoirs en place, la révolte gronde et prend des formes violentes (suicides, manifestations dures et hier la mort d’un militant). C’est le résultat de la coupure sociologique entre les dirigeants et les citoyens. Une cassure exploitée et analysée de manière contradictoire par les extrêmes qui, d’une certaine manière manipulent aussi certains faibles d’esprit avec des analyses et des propositions irresponsables mêlant le vrai au faux, le pertinent à l’ânerie. En fait le climat de haine est aussi entretenu par le sentiment du vide politique à gauche comme à droite, lequel prépare un boulevard à Marine Lepen. Le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, a souhaité jeudi l’interpellation « dans les meilleurs délais » des agresseurs d’un militant d’extrême-gauche, dont l’état est décrit comme désespéré. Le jeune homme, âgé de 19 ans, a été attaqué par des skinheads mercredi près de la gare Saint-Lazare, à Paris. « Une altercation a opposé (…) deux groupes de personnes, très probablement pour des raisons d’ordre politique. Au cours de cet affrontement, un militant d’extrême-gauche a été très violemment frappé par plusieurs skinheads », écrit le ministère de l’Intérieur dans un communiqué. « Le ministre de l’Intérieur réaffirme sa totale détermination à éradiquer cette violence qui porte la marque de l’extrême-droite et met gravement en danger notre pacte républicain », poursuit le texte.




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