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L’obsession racialiste qui rejoint le racisme

L’obsession racialiste qui rejoint le racisme

La grande spécialiste de l’histoire africaine renvoie dos à dos tenants de l’universalisme et ceux de la pensée décoloniale. Dans cette controverse, chacun gagnerait à être davantage attentif au point de vue opposé, affirme-t-elle dans un entretien au « Monde ».

 

Figure fondatrice de l’histoire africaine en France, à qui l’on doit des découvertes importantes sur l’histoire coloniale et esclavagiste de l’Hexagone, Catherine Coquery-Vidrovitch publie Le Choix de l’Afrique (La Découverte, 304 pages, 22 euros) dans lequel elle revient sur son parcours hors norme mais aussi ce qui l’a poussée à travailler sur l’Afrique subsaharienne, perçue par ses pairs dans les années 1960 comme une terre sans histoire.

Quel était le contexte intellectuel de vos débuts ?

Il n’y avait pratiquement pas d’historiens travaillant sur l’Afrique subsaharienne. Seuls les anthropologues s’y intéressaient. Les Britanniques avaient créé deux chaires d’histoire africaine en 1947 – année de la première indépendance d’un pays dit du Sud, l’Inde –, l’une à la School of Oriental Studies de Londres, l’autre au Ghana. Mais en France, rien.

J’ai été engagée, au tout début des années 1960, au sein de la sixième section de l’Ecole pratique des hautes études, dirigée par Fernand Braudel (1902-1985). Avec l’Ecole des annales, il avait participé à renouveler la conception de l’histoire et il avait créé des aires géoculturelles rassemblant des chercheurs de différentes disciplines, y compris pour l’Afrique subsaharienne. C’était totalement nouveau. Pour les historiens français de l’époque, les sociétés africaines n’avaient pas d’histoire.

Quelles étaient les sources dont vous disposiez ?

Les archives sur l’Afrique subsaharienne étaient abondantes à cause du sens administratif et archivistique des colonies. Celles de l’Afrique-Occidentale française étaient rassemblées à Dakar, celles de l’Afrique-Equatoriale française à Brazzaville. Elles sont extrêmement riches à partir des années 1880. Mais ce qui m’intéressait, ce n’était pas l’histoire coloniale, celle des administrateurs et des colonisateurs, mais celle des Africains. Comment avaient-ils subi la conquête coloniale ? Qu’est-ce que cela avait changé ? Les sources écrites ne manquaient pas, mais il fallait les rassembler ; cela n’avait presque pas été fait parce qu’on pensait que les sources africaines étaient uniquement orales.

Dans votre dernier ouvrage, « Le Choix de l’Afrique », vous revenez régulièrement sur le lieu d’où vous parlez : celui d’une femme blanche, qui a eu une enfance clandestine pendant la seconde guerre mondiale. Pourquoi ?

L’objectivité, extrêmement importante pour un historien, n’existe jamais totalement. On reste toujours une personnalité fabriquée par une enfance, des influences, des opinions, qui choisit de s’intéresser à un sujet plutôt qu’un autre. Ce qui m’intéressait dans ce livre, c’était de reconstituer, après coup, pourquoi j’ai choisi l’Afrique.

«L’UNEF , acteur et complice de la lutte racialiste»

 «L’UNEF , acteur et complice de la lutte racialiste»

Une interview particulièrement intéressante de la présidence de l’UNEF qui s’est embourbée dans ses contradictions mais n’a pas réussi à masquer les positions et actions raciales est victimaires de l’organisation gauchiste qui est devenue l’UNEF. La réaction de Paul Melun , conseiller en stratégie et essayiste dans le Figaro.

 

. Il a récemment publié, avec Jérémie Cornet, Les enfants de la déconstruction. Portrait d’une jeunesse en rupture (éd. Marie B., 2019).

 

 


Ce matin sur Europe 1, la présidente de l’UNEF, Mélanie Luce, a admis que son syndicat organisait des réunions interdites aux Blancs. En tant qu’ancien président de l’UNEF à Science Po Bordeaux, de 2014 à 2016, avez-vous eu connaissance de ces pratiques?

 

Paul MELUN. - Durant mon engagement à l’IEP de Bordeaux, j’ai constaté le glissement idéologique du syndicat. D’une gauche traditionnelle, soucieuse de défendre les plus démunis, l’UNEF est devenu un supplétif des activistes de la lutte «anti-discriminations» et des «minorités», concepts tout droit sortis des campus américains. Dans sa tradition centralisatrice et peu démocratique, la direction nationale a peu à peu ordonné une nouvelle orientation politique des sections locales en ce sens.

Les méthodes de l’UNEF sont simples et reviennent à séparer le monde en deux catégories : les victimes et leurs bourreaux.

À ma grande surprise, les concepts de réunions en «non-mixité» ont fait leur apparition. Il m’était alors demandé d’organiser des réunions interdites aux hommes, catalogués comme oppresseurs héréditaires. J’ai naturellement refusé que de telles choses se produisent sous ma présidence. Mon positionnement a alors été marginalisé et j’ai subi une campagne d’intimidation pour me faire plier.

J’ai poursuivi une gestion de l’UNEF à Sciences Po Bordeaux différente de la doxa nationale qui ne me convenait plus. Je crois que beaucoup d’étudiants de l’époque ont pu constater comme moi l’OPA des luttes néoféministes ou racialistes sur la gauche républicaine. Leurs méthodes sont simples et reviennent à séparer le monde en deux catégories: les victimes et leurs bourreaux. Né homme blanc, j’appartiens naturellement à la seconde selon eux.

 

Selon vous, cette dérive témoigne-t-elle de convergences idéologiques entre la gauche et l’islamisme?

L’islamo-gauchisme comme l’ensemble des luttes intersectionnelles, reste minoritaire dans le peuple de gauche. Bien que très affaiblis, les sympathisants de gauche demeurent attachés aux valeurs françaises et subissent de plein fouet la francophobie de leurs élites. Incapable de répondre aux défis économiques, diplomatiques ou sociaux du pays, l’intelligentsia de gauche a délaissé ce peuple au profit d’hypothétiques minorités. C’est ainsi que la gauche féministe se retrouve à faire l’apologie du voile, ou que la gauche anti-raciste se retrouve à prôner l’exclusion des blancs à des réunions ou manifestations.

 

L’islam exerce une certaine fascination sur une partie de la gauche.

Les repères de la gauche se sont effondrés les uns après les autres. Le mur de Berlin est tombé, la désindustrialisation a sonné le glas des combats ouvriers et la sociale démocratie au pouvoir a déçu. Aujourd’hui, je crois que l’islam exerce une certaine fascination sur une partie de la gauche. Pour eux, les musulmans ne sont pas des Français qui doivent s’intégrer, mais les nouveaux damnés de la terre, les victimes du racisme structurel et de l’oppression éternelle de la France.

Cette gauche, sans culture ni esprit, rechigne à condamner les viols s’ils sont commis par des musulmans et accepte sans sourciller que la charia s’impose sur la liberté de caricaturer, de se vêtir ou de s’exprimer. En voyant dans l’islam politique l’idéologie d’un nouveau prolétariat, la gauche commet une grave erreur. Ce renoncement se ressent d’ailleurs dans les urnes. La gauche est historiquement faible et représente péniblement 25 % des suffrages totaux si elle se réunit. Signe que les électeurs de gauche n’adhèrent pas au virage «pro-minorités» de cette nouvelle gauche sans idées.

Faut-il, comme le suggère François-Xavier Bellamy, dissoudre l’UNEF?

Je ne crois pas qu’il faille dissoudre l’UNEF. Pas plus que les autres organisations politiques ou militantes qui font ou ont fait l’objet de dissolution récemment. L’UNEF doit pouvoir exister et défendre ses idées et nous devons avoir le droit de les contester sans être traités de fascistes par leurs leaders. Je suis navré de voir qu’aujourd’hui il y ait tant de sujets interdits, de concepts que l’on ne peut contester sous peine d’être traîné dans la boue, à l’instar des théories du genre, du décolonialisme ou de «l’islamophobie». Je ne vais pas appeler à encore davantage de censure à une époque où l’on empêche déjà beaucoup trop de penser librement à mon goût.

Face aux inepties de l’UNEF nous devons reconquérir idéologiquement le terrain. Les universités sont devenues le foyer de l’islamo-gauchisme et des théories du genre, il faut impérativement une contre-attaque intellectuelle, surtout à gauche. Je prône un débat d’idées totalement libre et sans barrières. C’est d’ailleurs toute ma différence avec l’UNEF qui préfère souvent faire interdire les conférences de ses adversaires ou les exclure à cause de leur couleur de peau.




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