Bouygues fait la cour à Hollande pour racheter SFR
Selon l’un de ses proches, Bouygues s’engagerait devant François Hollande à garantir l’emploi alors que les inquiétudes sont fortes sur le front social. Il fait aussi passer le message qu’il est désormais réconcilié avec Vincent Bolloré, aujourd’hui premier actionnaire de Vivendi. Une manière délicate d’encourager l’Élysée à convaincre l’homme d’affaires breton de lui vendre le deuxième opérateur mobile français. Cette semaine, Martin Bouygues a aussi rencontré Arnaud Montebourg et Fleur Pellerin. L’enjeu est majeur : depuis une semaine, Vivendi discute d’un mariage de sa filiale SFR avec Numericable, qui vend de l’Internet par le câble. Une cellule d’administrateurs menée par Henri Lachmann et Alexandre de Juniac (PDG d’Air France- KLM), planche sur le sujet. Si cette opération se réalisait, Bouygues se retrouverait isolé face à son ennemi juré Free et contraint de s’allier à lui. Un scénario inimaginable pour le leader mondial du BTP. Pour le contrer, le groupe travaille ces jours-ci à une offre de rachat de SFR qu’il devrait présenter d’ici à dix jours, selon plusieurs sources. « Nous étudions toutes les options et informerons le marché quand nous aurons une position concrète », confirme un porte-parole. Bouygues déroule le tapis rouge pour convaincre les actionnaires de SFR. Il leur promet avant tout plus d’argent que les 5 milliards d’euros que Numericable fait miroiter. Ensuite, une situation financière plus saine que son concurrent, déjà très endetté, grâce aux moyens colossaux de son empire. Et deux fois plus de synergies de coûts, argument massue pour la Bourse. Le réseau de SFR permettrait d’accueillir les 32 millions d’abonnés mobiles des deux opérateurs, assurant une économie d’un milliard d’euros par an. En contrepartie, Bouygues Telecom pourrait vendre le sien à Free pour ne pas être confronté aux griefs de l’Autorité de la concurrence. Sauf que chez l’opérateur fondé par Xavier Niel on ne voit pas les choses ainsi. « Notre réseau couvre aujourd’hui plus de 60 % de la population et nous n’avons aucun intérêt à en acheter un entier », indique-t-on. Sur le plan social, la promesse de Bouygues de ne pas licencier ne convainc pas. Combiné à SFR, le nouvel opérateur compterait 20.000 salariés et beaucoup de doublons dans les fonctions commerciales, services clients, réseau et administratives. « C’est impossible de faire ce mariage sans casse sociale », reconnaît même un proche de SFR. Le chemin est étroit pour Bouygues, qui ne désarme pas. Pour séduire les dirigeants de SFR et de Vivendi, il leur promet une direction équilibrée dans laquelle Jean-René Fourtou, déjà promis à la présidence d’un duo SFR-Numericable, disposerait aussi de son siège de figure tutélaire. Beaucoup de promesses qui reçoivent peu d’écho. « Ce schéma est hyper-compliqué, se désespère un proche de Vivendi, on a du mal à y croire. »