Archive pour le Tag 'quoi'

Page 3 sur 13

Communauté politique européenne : pour quoi faire

Communauté politique européenne : pour quoi faire 

Alors que la désaffection à l’égard du projet de construction européenne va croissant, Emmanuel Macron propose de renforcer la dimension politique de l’Europe. Par Florent Parmentier et Florent Marciacq.

 

La question se pose cependant de savoir si la priorité est de renforcer la coopération avec quelques pays moteur au lieu d’étendre  indéfiniment le champ géographique de pays qui n’ont pas grand-chose à voir ensemble. En tout cas la proposition de Macron n’a guère été accueillie avec enthousiasme NDLR

 

À Strasbourg, Emmanuel Macron a proposé aux « nations européennes démocratiques adhérant à notre socle de valeurs » de « trouver un nouvel espace de coopération politique, de sécurité, de coopération », le 9 mai 2022. (Crédits : European Union 2022)

La guerre à laquelle nous assistons en Ukraine impose de nouvelles réalités géopolitiques au continent et bouscule les Européens dans leurs certitudes. Elle affecte leur rapport à la sécurité, à leurs voisinages et met l’UE au défi de redéfinir les tenants de la construction européenne. La question ukrainienne – jadis chasse gardée d’États membres frontaliers aujourd’hui exposés à un flux massif de réfugiés - est devenue à proprement parler un enjeu politique pour l’ensemble du continent. Au-delà de l’aide humanitaire, financière et militaire qu’il conviendra de fournir à Kiev pour de nombreuses années, c’est avant tout par une initiative politique que les Européens doivent se réinscrire dans leur histoire et leur géographie et, ainsi, répondre aux défis de notre époque, tant à l’est de l’Union que dans les Balkans occidentaux.

La « communauté politique européenne », proposée par Emmanuel Macron ce 9 mai à Strasbourg vise à relever ce défi. François Mitterrand aimait à dire que la géopolitique de l’Europe a besoin d’une théorie des ensembles. Cette communauté politique européenne peut-elle dès lors connaître un autre sort que la Confédération européenne imaginée et portée par le président français entre 1989 et 1991 ? Sans doute, à condition de dépasser le projet d’origine, de l’adapter aux nouvelles réalités des années 2020, et d’en faire la tête de pont politique du projet européen, pour qu’en son sein grandisse une nouvelle génération de citoyens partageant une seule et même culture démocratique.

Dans les semaines qui viennent, l’enjeu, en somme, sera de dessiner les contours d’une Confédération des citoyennes et des citoyens européens qui contribue à la fois à l’approfondissement et à l’élargissement de la construction européenne, et à la constitution d’un nouvel ordre politique européen compatible avec les acquis de l’Union.

De la confédération européenne à la communauté politique européenne

Les périodes de changements profonds de l’ordre européen sont favorables à l’émergence de nouvelles idées. Celle de Confédération européenne a pris naissance en 1989 dans le contexte d’une Europe encore divisée, d’un approfondissement fort de la construction européenne et de vives préoccupations à l’est.

Pour prometteur qu’il fût, le projet s’est vite heurté à plusieurs craintes, notamment celle de n’offrir aux pays de l’Est qu’une perspective d’Europe à deux vitesses, ou d’une alternative au rabais à l’adhésion à la Communauté européenne.

Et, de fait, la Confédération européenne n’était-elle pas pour une Europe de l’Ouest parfois frileuse, en particulier la France « gardienne du temple », le moyen de reléguer durablement l’Europe centrale et orientale en dehors d’une Europe soucieuse de sa consolidation ? Dans cette perspective, la proposition d’Emmanuel Macron ne revient-elle pas à écarter dans les faits l’adhésion rapide de l’Ukraine à l’UE, et ce faisant, ne crée-t-elle pas une nouvelle antichambre dans laquelle les pays de l’Est (Ukraine, Géorgie, Moldavie) et ceux des Balkans occidentaux (Albanie, Bosnie-Herzégovine, Kosovo, Macédoine du Nord, Monténégro, Serbie) seront invités à patienter de nombreuses années encore ?

L’élargissement de l’Union européenne

Pour tous ces États, l’adhésion pleine et entière à l’UE reste un objectif important, mais à moins de réviser les critères de Copenhague, elle ne peut constituer qu’un objectif à long terme, incertain, que les États membres eux-mêmes n’hésitent pas à rendre plus difficilement atteignable. Les pays des Balkans occidentaux en font les frais depuis deux décennies, sans que leurs perspectives d’adhésion à l’UE ne se précisent.

L’un d’eux, la Macédoine du Nord, a même accepté de changer de nom afin de lever le véto brandi par la Grèce au sein du Conseil, avant de se voir injustement bloqué par la Bulgarie.

Le dogme de Copenhague et la logique intergouvernementale qui prévaut depuis le traité de Lisbonne rendent tout raccourci vers l’adhésion tout à fait illusoire. En principe fondée sur le mérite, la politique d’élargissement, aujourd’hui, nourrit avant toute chose d’immenses frustrations dans les Balkans occidentaux. Son expansion dans les mêmes termes aux pays d’Europe orientale ne palliera pas le manque de crédibilité de l’UE, qui fait le jeu de puissances rivales (Russie, Chine, Turquie). Bien au contraire, elle risque d’approfondir les vulnérabilités communes.

 

Mais des solutions existent, car l’Europe se construit de plus en plus au travers d’une intégration différenciée. Force est de constater qu’aujourd’hui, certains pays se sont déjà placés dans cette position de moindre intégration – en n’appartenant pas à la zone euro, à Schengen ou à l’Europe de la défense. D’autres participent à ces politiques sans pour autant bénéficier du statut d’État membre. Si elle soulève des questions tout à fait légitimes en termes de cohérence, l’intégration différenciée offre des marges de manœuvre permettant d’élargir la construction européenne tout en contribuant à son approfondissement. L’Europe en 2022 doit être pensée à l’aune de cette logique d’approfondissement différenciée.

C’est ici que les réflexions d’Enrico Letta, qui reprend à son compte le concept mitterrandien de confédération européenne, prennent tout leur sens. Il s’agit pour lui, comme pour Emmanuel Macron, de penser l’avenir de l’Europe au travers d’une théorie des ensembles et de projets concrets, qui ne remplacent pas le processus formel d’adhésion à l’UE, mais qui le complètent, le renforcent. On peut en critiquer les modalités, mais le propre des bons projets est de répondre à une grande question, en l’occurrence, comme le rappelle le président français : « Comment organiser l’Europe d’un point de vue politique et plus large que l’UE ? »

Une adhésion immédiate étant illusoire, comment reconnaître dès aujourd’hui l’appartenance des citoyens d’Ukraine et des autres pays d’Europe orientale et balkanique à une famille européenne partageant un même un projet politique ? Comment répondre à leurs aspirations de citoyenneté et de démocratie européenne ? Et comment le faire tout en préservant l’unité de notre continent et la solidité de l’Union ?

Au cours de ces vingt dernières années, l’Union s’est considérablement approfondie et, malgré les crises, s’est élargie successivement en 2004, puis 2007 et enfin 2013. Mais cet approfondissement n’a pas été uniforme. Il a sans conteste contribué à la consolidation de l’Europe des marchés, avec des mesures d’intégration de plus en plus poussées, et de celle de l’Europe des techniciens, élargissant toujours plus le champ de l’acquis communautaire.

Cet accent mis sur l’approfondissement de ces deux Europes, et la confiance portée à la logique fonctionnaliste, a longtemps négligé la vocation politique de la construction européenne. La réaction d’une partie des peuples européens, tout à fait prévisible à la lecture de John Dewey ou Jürgen Habermas, s’est dès lors portée vers une désaffection grandissante à l’encontre du projet de construction européenne.

Elle s’est aussi traduite par une montée des populismes, une contestation du rôle des experts, une résurgence des nationalismes et plus généralement une crise de nos démocraties. Cet effort d’intégration dans les domaines des marchés et du droit a beaucoup apporté à l’Europe, mais le réel approfondissement, aujourd’hui plus qu’en 1989, réside en ces logiques d’intégration visant à doter l’Europe d’une âme politique et les Européens d’une conscience active de leur citoyenneté européenne.

 

Le premier dilemme auquel l’Europe fait face est donc celui d’un rééquilibrage de ses approfondissements, pour qu’à terme émerge un ordre politique proprement européen, animé par une conception supranationale de la démocratie européenne et habité par des citoyens européens se percevant avant tout comme Européens.

Ce nouvel ordre politique d’une Europe des citoyennes et des citoyens reste à bâtir. Mais il transcende le dilemme qui suggère qu’un nouvel élargissement de l’UE mettrait en péril son approfondissement. Ces vingt dernières années, l’UE a presque doublé le nombre de ses États membres – et perdu l’un d’entre eux, avec le Brexit en 2020. Malgré des fragilités, l’UE fait aujourd’hui face à des crises historiques. Ses précédents élargissements ne se révèlent en aucune manière comme des faiblesses, bien au contraire. Et pourtant, ce dilemme reste un frein puissant à l’élargissement, puisque l’adhésion de nouveaux États membres soulève des questions quant à la constitution d’une Europe politique. Mais comment celle-ci peut-elle donc voir le jour, si ce qui prime en matière d’intégration européenne à la fois entre les États membres et avec les pays d’Europe orientale et balkanique reste les logiques d’intégration par le marché et le droit ? Avec la Communauté politique européenne, l’enjeu est de sortir l’UE et ses voisinages de l’ornière dans laquelle ils se trouvent.

La guerre en Ukraine est un moment charnière mettant au défi l’UE dans sa capacité à se réinventer. Il ne s’agit plus seulement de faire preuve de résilience. Si l’UE peut être tentée de privilégier le temps long, elle doit également donner à court terme des impulsions stratégiques. Ce dilemme portant sur le temps est essentiel, compte tenu de l’érosion dramatique de la crédibilité de l’UE en matière de politique d’élargissement dans les Balkans occidentaux.

C’est en gardant ces dilemmes en tête que l’idée mitterrandienne de Confédération européenne peut aujourd’hui servir de source d’inspiration : quelle forme cette nouvelle Confédération – ouverte aux pays non membres de l’UE – pourrait-elle prendre pour répondre aux défis historiques se posant en Europe ?

Avant toute chose, il importe de concevoir cette Confédération comme une contribution à l’approfondissement de la construction européenne dans un domaine essentiel auquel l’UE peine à œuvrer : la constitution d’un dèmos européen. La Confédération européenne doit en quelque sorte servir de berceau pour une nouvelle génération de citoyens européens, qu’il conviendra d’éduquer en tant que tel, au travers de projets concrets. Dans les écoles des États membres de la Confédération, l’enseignement de la citoyenneté démocratique, de l’histoire, de la culture, de l’éthique et des langues européennes devra faire partie intégrante du programme éducatif national. La Confédération aura pour mission d’éveiller la conscience politique des jeunes Européens et de favoriser l’émergence d’une culture démocratique européenne. Elle touchera donc à des prérogatives que se réservent les États membres de l’UE, mais pourra pour cela s’appuyer sur des bases posées par le Conseil de l’Europe.

Pour bâtir cette nouvelle génération d’Européens, la Confédération pourra appuyer son programme politique sur la mobilité, surtout à un âge où se forment les identités des jeunes citoyens (dès 12 ans). Des programmes d’échanges confédéraux pourraient permettre aux adolescents de faire l’expérience de la mobilité européenne, de nouer des amitiés dans les autres pays et de concevoir leur engagement citoyen à l’échelle du continent. Ces programmes existent aujourd’hui sous formes volontaristes ou bilatérales (l’Office franco-allemand pour la Jeunesse par exemple), alors qu’ils devraient servir de levier d’Archimède pour l’émergence d’une Génération E (européenne) de citoyens. Les Balkans occidentaux disposent d’un modèle en la matière, le Regional Youth Cooperation Office, que la Confédération pourrait étendre à l’ensemble de ses membres. La mobilité des écoliers en Europe devrait être la norme et non l’exception. De même, l’instauration d’un service civique ou militaire européen permettrait de renforcer encore la mobilité des jeunes et de faire émerger un sentiment de loyauté nécessaire à l’heure des débats sur l’autonomie stratégique.

La constitution d’une telle Confédération, mettant la citoyenneté européenne au cœur du projet, ne saurait être portée par les seules élites. Il importe au contraire de la concevoir comme un exercice de démocratie participative, préparant les futures générations d’Européens à leur rôle de citoyen. D’ici là, les peuples européens pourraient être amenés à se prononcer régulièrement sur le maintien ou non de leur pays dans la Confédération, en même temps que se tiennent les élections générales dans leur pays. Les partis politiques dans les États européens ne pourront ainsi pas faire l’impasse sur ces questions fondamentales liées à la jeunesse, la citoyenneté, la démocratie et le fédéralisme européen.

Tous les pays européens devraient être appelés à rejoindre cette Confédération – les pays d’Europe orientale ou balkanique au même titre que les États membres de l’UE – dès lors que sont garantis le pluralisme des partis, des élections libres, un système représentatif et une liberté d’information. Tous ne choisiront probablement pas de le faire, car au-delà de la question des standards politiques conditionnant cette adhésion, c’est surtout le partage d’une vision fédéraliste européenne qui primera dans la décision d’adhérer. Et c’est donc vers les pays dont la marche vers la démocratie est évidente que la Confédération devra aussi se tourner. L’UE, elle, continuera son travail d’intégration par le marché et par le droit. En s’élargissant aux pays d’Europe orientale et balkanique qui le souhaitent, la construction européenne, par le biais de cette Confédération, donnera un statut à ces pays pour le moment exclus de l’UE, et surtout un cadre commun dans lequel bâtir, ensemble, l’Europe et la démocratie de demain. La Confédération sera une source de fierté, un engagement générationnel, et non pas une nouvelle politique sectorielle de l’UE.

Les prochains mois seront déterminants pour la construction européenne. Il conviendra de poursuivre les réformes engagées au sein de l’UE et qui portent tant sur son fonctionnement que sur sa politique d’adhésion. Mais ces processus prendront du temps, alors même que le monde change à vive allure. La constitution d’une Confédération des Européennes et des Européens permettrait alors une quadrature du cercle historique. Approfondir le projet européen en le dotant d’une véritable âme politique, tout en l’élargissant aux peuples partageant ces idéaux ; agir aujourd’hui en mettant en œuvre des projets concrets et audacieux, tout en façonnant les forces démocratiques qui demain mèneront la Grande Europe à son accomplissement ; et, enfin, donner un nouveau souffle à l’Europe tout en préservant l’UE et ses logiques d’intégration.

_______

Par Florent Parmentier, Secrétaire général du CEVIPOF. Enseignant à Sciences Po. Chercheur-associé au Centre HEC Paris de Géopolitique, Sciences Po et Florent Marciacq, Secrétaire général adjoint au Centre franco-autrichien pour le rapprochement en Europe, directeur de l’Observatoire des Balkans à la Fondation Jean Jaurès, chercheur au Centre international de formation européenne, Centre international de formation européenne.

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

PRÉSIDENTIELLE: 12 candidats, pour quoi faire ?

PRÉSIDENTIELLE: 12 candidats, pour quoi faire ?

 

12 candidats ont finalement été retenus pour l’élection présidentielle. C’est évidemment ridicule car au moins la moitié n ‘ obtiendront que des scores complètement anecdotiques. Surtout ils ne représentent pas grand-chose dans la société ni en termes d’organisation ou de représentativité. La plupart n’ont d’ailleurs occupé que les fonctions publiques assez mineures qui ne leur permet pas d’appréhender une problématique de gestion globale d’un pays. En réalité pour une bonne moitié l’objectif est surtout de satisfaire un ego démesuré pour montrer sa bobine à la télé.Curieusement il est souvent plus facile d’être candidat comme président de la république que maire d’une ville moyenne de 50 000 habitants.

 

De ce point de vue la France est un des rares pays à afficher une telle cacophonie. Tout est sans doute à revoir dans la qualification des candidats a commencé par l’investiture de maires eux-mêmes. Qualifié pour juger de la pertinence d’une candidature présidentielle. À tout le moins il conviendrait de définir des critères démocratiques, des critères d’évaluation pour autoriser seulement les candidats ayant déjà prouvé leurs compétences au service de l’intérêt général et non des marginaux parfois sympathiques mais qui n’ont pas leur place dans une telle élection.

RÉSEAU TÉLÉPHONIQUE HISTORIQUE: La fin en 2030 remplacé par quoi, pas rien ?

RÉSEAU TÉLÉPHONIQUE HISTORIQUE: La fin en 2030 remplacé par quoi, pas rien ?

 

Théoriquement d’ici 2025,  toute la France sera reliée au câble. Un objectif très théorique puisqu’il y a deux jours le Premier ministre prévoyait un chèque de 150 € pour ceux qui seraient écartés de la modernité une nouvelle fois. Pendant ce temps-l,à Orange continue sa stratégie de suppression de l’infrastructure du réseau téléphonique historique. Un réseau qui n’est plus entretenu depuis longtemps mais qui est seul moyen d’accéder à Internet pour nombre de ruraux.

« Ce projet va constituer notre principal chantier d’infrastructures de la décennie à venir », alors que « les dix dernières années ont été marquées par le déploiement de la fibre », a déclaré Fabienne Dulac, présidente d’Orange France, lundi lors d’une conférence téléphonique, sans préciser toutefois le coût de ce plan.

Dans son plan stratégique Engage 2025 annoncé en 2019, le groupe Orange prévoit que le réseau cuivre historique pour la téléphonie fixe et l’accès à internet par ADSL, dont il a la charge, sera complètement remplacé par un réseau fibre optique en 2030.

Les raisons? Un réseau énergivore, coûteux, et de plus en plus fragile, qui n’est plus capable de supporter la hausse continue des nouveaux usages et besoins en matière de trafic internet.

« Conserver indéfiniment deux réseaux parallèles n’a pas de sens », a souligné Fabienne Dulac, précisant que seules la Suède, la Norvège ou l’Espagne avaient commencé un chantier similaire en Europe.

L’Arcep a également annoncé lundi consulter « le secteur » sur les conséquences du plan de fermeture d’Orange sur les tarifs d’accès versés par les opérateurs alternatifs souhaitant accéder au réseau en cuivre.

Fin mai dernier, après plusieurs semaines de discussions avec le gouvernement, Orange s’était engagé à maintenir les 500 millions d’euros annuels consacrés à l’entretien du réseau cuivre, seule source d’accès au réseau téléphonique pour plusieurs millions de Français.

En décembre 2020, plus de 200 élus ruraux avaient réclamé dans une tribune que les opérateurs téléphoniques, au premier rang desquels Orange, permettent l’accès au service « universel » de téléphonie fixe, dénonçant que « des services de base comme le simple accès à une ligne fixe ne (soient) pas garantis ».

Économie–Rachat massifs d’actions par les entreprises : pour quoi faire ?

Économie–Rachat massifs d’actions par les entreprises : pour quoi faire ?

Les  sociétés cotées au sein du SBF 120 ont déboursé plus de 16 milliards d’euros pour racheter leurs propres actions. L’intérêt est essentiellement financier et spéculatif et n’apporte pas grand-chose au développement de l’entreprise.

En réduisant le nombre d’actions en circulation, l’entreprise obtient un levier multiplicateur  sur le cours de Bourse et sur le bilan financier. Conséquence :

  • Une augmentation immédiate du bénéfice net par action (BPA),
  • Une diminution ou maintien du PER (Price Earnings Ratio) pour le rendre le cours de l’action attractif au yeux des investisseurs,
  • Une amélioration de la rentabilité financière sous certaines conditions,
  • Un soutien à la hausse du cours de l’action,
  •  Il s’agit aussi de diminuer le nombre d’actionnaires pour accentuer la maîtrise sur l’entreprise.

 

Comme le précisent Les Echos, l’augmentation de ces rachats d’actions s’explique notamment par le rebond de l’économie après la levée des restrictions imposées durant la crise sanitaire. Les grandes entreprises françaises, qui ont souhaité rester prudentes en 2020 alors que le pays était paralysé par la pandémie de Covid-19, ont désormais des liquidités importantes à reverser aux actionnaires. Le soutien de l’Etat, notamment en ce qui concerne le chômage partiel, a également permis aux sociétés d’éviter de prendre en charge certains coûts exceptionnels liés à la crise sanitaire.

La trésorerie a par ailleurs pu être enrichie grâce aux cessions opérées par certains groupes français. A l’image d’ArcelorMittal, qui a cédé ses activités américaines pour la somme de 1,4 milliard de dollars. Le groupe sidérurgique culmine d’ailleurs en tête du classement des programmes de rachats d’actions les plus importants en 2021. Fin novembre, ses dépenses s’élevaient à 2,5 milliards d’euros, soit plus de 10% de sa capitalisation boursière. ArcelorMittal est suivi de L’Oréal, avec 1,10 milliard d’euros de rachats d’actions. Le numéro un mondial de la cosmétique a d’ailleurs annoncé le 7 décembre dernier un accord conclu avec Nestlé pour le rachat de 4% de ses actions propres pour un montant de 8,9 milliards d’euros. Viennent ensuite le Crédit Agricole (949 millions d’euros), Axa (812 millions d’euros) et Danone (799 millions d’euros).

Rachat massif d’actions par les entreprises : pour quoi faire ?

Rachat massifs d’actions par les entreprises : pour quoi faire ?

Les  sociétés cotées au sein du SBF 120 ont déboursé plus de 16 milliards d’euros pour racheter leurs propres actions. L’intérêt est essentiellement financier et spéculatif et n’apporte pas grand-chose au développement de l’entreprise.

En réduisant le nombre d’actions en circulation, l’entreprise obtient un levier multiplicateur  sur le cours de Bourse et sur le bilan financier. Conséquence :

  • Une augmentation immédiate du bénéfice net par action (BPA),
  • Une diminution ou maintien du PER (Price Earnings Ratio) pour le rendre le cours de l’action attractif au yeux des investisseurs,
  • Une amélioration de la rentabilité financière sous certaines conditions,
  • Un soutien à la hausse du cours de l’action,
  •  Il s’agit aussi de diminuer le nombre d’actionnaires pour accentuer la maîtrise sur l’entreprise.

 

Comme le précisent Les Echos, l’augmentation de ces rachats d’actions s’explique notamment par le rebond de l’économie après la levée des restrictions imposées durant la crise sanitaire. Les grandes entreprises françaises, qui ont souhaité rester prudentes en 2020 alors que le pays était paralysé par la pandémie de Covid-19, ont désormais des liquidités importantes à reverser aux actionnaires. Le soutien de l’Etat, notamment en ce qui concerne le chômage partiel, a également permis aux sociétés d’éviter de prendre en charge certains coûts exceptionnels liés à la crise sanitaire.

La trésorerie a par ailleurs pu être enrichie grâce aux cessions opérées par certains groupes français. A l’image d’ArcelorMittal, qui a cédé ses activités américaines pour la somme de 1,4 milliard de dollars. Le groupe sidérurgique culmine d’ailleurs en tête du classement des programmes de rachats d’actions les plus importants en 2021. Fin novembre, ses dépenses s’élevaient à 2,5 milliards d’euros, soit plus de 10% de sa capitalisation boursière. ArcelorMittal est suivi de L’Oréal, avec 1,10 milliard d’euros de rachats d’actions. Le numéro un mondial de la cosmétique a d’ailleurs annoncé le 7 décembre dernier un accord conclu avec Nestlé pour le rachat de 4% de ses actions propres pour un montant de 8,9 milliards d’euros. Viennent ensuite le Crédit Agricole (949 millions d’euros), Axa (812 millions d’euros) et Danone (799 millions d’euros).

COP26 : passer au « comment » ?

COP26 :passer   au « comment » ?

 

Bertrand Piccard, président de la Fondation Solar Impulse Explique comment passer du « quoi ou comment »Sinon l’objectif risque de demeurer illusoire.

 

Bertrand Piccard, président de la Fondation Solar Impulse, psychiatre et explorateur, auteur du premier tour du monde en ballon (1999) puis en avion solaire (2015-2016), tiendra durant cette quinzaine une chronique quotidienne des succès et des déceptions de ce rendez-vous crucial pour l’avenir de notre planète. Une exclusivité pour La Tribune et le quotidien suisse Le Temps.

_________

Nous avons débarqué hier soir à Glasgow entouré de zombies et de squelettes. Comme s’il fallait renforcer l’atmosphère d’épouvante des déguisements d’Halloween dans les rues brumeuses et froides, les files d’attentes pour les tests Covid me donnaient l’impression que nous étions déjà dans le monde catastrophique que nous essayons désespérément d’éviter. Mais parler de l’angoisse du futur amène plus de dépression que d’action.

La bonne nouvelle, c’est que les dirigeants politiques ont compris la menace qui pèse sur nous tous. Enfin. La notion d’urgence constitue la singularité de cette COP26. Les échéances se rapprochent. Les dates butoirs évoquées à l’époque (2030, 2050) semblaient lointaines aux gouvernants qui ne s’imaginaient plus au pouvoir à un tel horizon. Mais nous sommes désormais tellement touchés par les catastrophes naturelles que les politiciens sont impactés pendant leurs mandats. Ils sont maintenant jugés, non pas seulement par les générations futures, mais déjà par leurs électeurs actuels.

Alors, que veut dire agir ?

Dans les premières COP, on ne faisait que ressasser les problèmes, aujourd’hui les discours expriment la volonté d’atteindre des objectifs concrets de réduction des émissions. En revanche, je ne suis pas absolument certain que ceux qui ont compris le « quoi » – à savoir les objectifs à atteindre – ont vraiment compris le « comment ». Et c’est là que l’on risque de perdre du temps.

Pourquoi ? Parce que beaucoup de participants voulant protéger les intérêts de leur pays craignent que les mesures de réduction des émissions ne soit préjudiciables à leur économie. Et ils avancent sur la pointe des pieds quand il s’agit de prendre des engagements contraignants.

C’est donc le narratif d’une écologie sacrificielle et d’une décroissance économique qu’il faut changer. Il faut que la transition écologique leur fasse envie !

La multitude de solutions financièrement rentables qui permettent de protéger l’environnement sont là pour le prouver. Le message doit être clairement martelé : la pression populaire, l’imminence des taxes carbone, le coût démesuré de la pollution, mais également les avantages financiers de l’efficience énergétique et le bas prix des énergies renouvelables, ne laissent aucune chance aux tenants du statu quo.

Le Premier Ministre indien Narendra Modi m’a clairement confié cet après-midi son intérêt pour ce type de solutions, qui pourraient selon moi lui permettre d’atteindre la neutralité carbone plus tôt qu’en 2070, objectif qu’il a annoncé à la tribune. Nicola Sturgeon, Première Ministre écossaise, est plus ambitieuse avec le même objectif pour 2045. C’est pour cela qu’après 3 ans de partenariat, je lui ai remis aujourd’hui une sélection de 200 solutions, comme une boite à outil pour concilier écologie et économie. Signe encourageant, une rencontre s’est faite également avec la ministre écossaise de l’économie et des finances, qui s’intéresse autant à la COP26 que la ministre de l’écologie. Les temps changent…

 

Pour que cette COP soit un succès, il faut démontrer que les intérêts de chacun peuvent converger : industriels, décideurs politiques, acteurs économiques et activistes écologistes. Passer du discours utopique au langage éco-réaliste diminuera les résistances et permettra d’atteindre des objectifs financiers avec des moyens qui protègent l’environnement, et non qui le détruisent.

Société-Environnement : la conquête spatiale touristique pour quoi faire ?

Société-Environnement : la conquête spatiale touristique pour quoi faire ?

Si la conquête spatiale en tant que telle peut présenter un intérêt du point de vue scientifique par contre le développement de l’activité touristique dans l’espace peut susciter des fortes interrogations et même des condamnations.

D’abord concernant l’aspect environnemental, le développement touristique dans l’espace constitue un énorme gouffre énergétique et en même temps l’exemple même d’activité socialement inutile.

Il est difficile de prétendre que la croissance du tourisme spatial participe du progrès scientifique. En outre une activité qui pendant longtemps sera réservé à des milliardaires qui s’offrent ainsi une espèce de droit à polluer pour satisfaire leurs caprices.

Une telle activité au regard des menaces environnementales et notamment climatiques devrait rapidement faire l’objet d’une régulation mondiale. Déjà dans l’espace proche la multiplication des satellites transforme le ciel en poubelle. Des milliers de satellites devenus inutiles encombrent en effet le ciel.

On recense en 2019 34 000 objets de plus de 10 cm circulant en orbite basse (dont 5 000 satellites et 2 000 satellites actifs), 5 400 débris spatiaux de plus de 1 m en orbite géostationnaire et, selon un modèle statistique de l’ESA 900 000 objets de plus de 1 cm et 130 000 000 objets de plus de 1 mm. Les débris spatiaux situés sur une orbite inférieure à 400 kilomètres sont éliminés au bout d’une vingtaine d’années car leur altitude diminue en raison de la perte de vitesse due aux frottements dans l’atmosphère résiduelle. Ils finissent par brûler dans l’atmosphère terrestre lors de leur rentrée atmosphérique. Mais leur nombre est en augmentation constante du fait de l’activité spatiale (notamment le lancement de nano-satellites) et cette élimination naturelle intervient au bout de centaines d’années dès que leur orbite dépasse 700 km.

Ces débris constituent la manifestation la plus importante de la pollution spatiale et représentent en 2021 une menace très grave pour les engins spatiaux opérationnels en orbite basse (moins de 2000 kilomètres d’altitude). ( wikipédia)

 

Il y a maintenant de nombreux risques de collision en plus de la pollution déjà évoquée. Le développement touristique impulsé par certains chefs d’entreprise déments comme Eon Musk qui veut même coloniser Mars relève d’une folie scientiste et d’un nombrilisme entrepreneurial s’affranchissant de toute contrainte d’intérêt général.

Environnement : la conquête spatiale touristique pour quoi faire ?

Environnement : la conquête spatiale touristique pour quoi faire ?

Si la conquête spatiale en tant que telle peut présenter un intérêt du point de vue scientifique par contre le développement de l’activité touristique dans l’espace peut susciter des fortes interrogations et même des condamnations.

D’abord concernant l’aspect environnemental, le développement touristique dans l’espace constitue un énorme gouffre énergétique et en même temps l’exemple même d’activité socialement inutile.

Il est difficile de prétendre que la croissance du tourisme spatial participe du progrès scientifique. En outre une activité qui pendant longtemps sera réservé à des milliardaires qui s’offrent ainsi une espèce de droit à polluer pour satisfaire leurs caprices.

Une telle activité au regard des menaces environnementales et notamment climatiques devrait rapidement faire l’objet d’une régulation mondiale. Déjà dans l’espace proche la multiplication des satellites transforme le ciel en poubelle. Des milliers de satellites devenus inutiles encombrent en effet le ciel.

On recense en 2019 34 000 objets de plus de 10 cm circulant en orbite basse (dont 5 000 satellites et 2 000 satellites actifs), 5 400 débris spatiaux de plus de 1 m en orbite géostationnaire et, selon un modèle statistique de l’ESA 900 000 objets de plus de 1 cm et 130 000 000 objets de plus de 1 mm. Les débris spatiaux situés sur une orbite inférieure à 400 kilomètres sont éliminés au bout d’une vingtaine d’années car leur altitude diminue en raison de la perte de vitesse due aux frottements dans l’atmosphère résiduelle. Ils finissent par brûler dans l’atmosphère terrestre lors de leur rentrée atmosphérique. Mais leur nombre est en augmentation constante du fait de l’activité spatiale (notamment le lancement de nano-satellites) et cette élimination naturelle intervient au bout de centaines d’années dès que leur orbite dépasse 700 km.

Ces débris constituent la manifestation la plus importante de la pollution spatiale et représentent en 2021 une menace très grave pour les engins spatiaux opérationnels en orbite basse (moins de 2000 kilomètres d’altitude). ( wikipédia)

 

Il y a maintenant de nombreux risques de collision en plus de la pollution déjà évoquée. Le développement touristique impulsé par certains chefs d’entreprise déments comme Eon Musk qui veut même coloniser Mars relève d’une folie scientiste et d’un nombrilisme entrepreneurial s’affranchissant de toute contrainte d’intérêt général.

Finances -Quoi qu’il en coûte : une évaluation approximative

Finances -Quoi qu’il en coûte : une évaluation approximative

 

 

. Par Eric Séverin, Université de Lille et David Veganzones, ESCE International Business School estime Dansla « Tribune » qu’il est trop tôt pour procéder à une évaluation précise du quoi qu’il en coûte.

 

Face à la crise économique liée aux mesures sanitaires, le gouvernement a mis en place différents dispositifs d’aides, dont l’objectif est de permettre aux entreprises (viables ou non) de faire face à leurs échéances. Un an demi après leur instauration, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a annoncé la levée de ces aides. « Le « quoi qu’il en coûte », c’est fini », a-t-il déclaré à l’occasion de la Rencontre des entrepreneurs de France du Medef, le 25 août.

La fin des aides de l’État laisse donc craindre une recrudescence des faillites qui avaient été jusqu’alors limitées. En effet, selon le rapport Altares 2021, celles-ci ont augmenté de 14,2 %, mais ce chiffre reste en recul de 48 % par rapport à la période 2017-2019.

Certes, il est difficile de prévoir le nombre de défaillances qui surviendront après la levée des mesures d’aides. Pour l’année 2021, le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) s’attend à un chiffre de 60 000 à 100 000 alors qu’Altares prévoit entre 33000 et 35000 défaillances.

Quoi qu’il en soit, il ne fait guère de doute que ces défaillances vont être coûteuses. Mais quels sont ces coûts ? Et sommes-nous réellement capables de les mesurer ?

Les coûts sont à la fois directs et indirects. En ce qui concerne les coûts directs, ils sont constitués par les frais des mandataires de justice. D’autres éléments sont à incorporer à ces coûts tels que ceux perçus par le commissaire à l’exécution du plan. Quel est l’ordre de grandeur de ces coûts ? Plusieurs études apportent des éléments de réponse.

Premièrement, leur étendue est variable selon les pays et représente entre 1 et 10 % de la valeur de la firme. Deuxièmement, ils sont inversement proportionnels à la taille de l’entreprise (plus lourds pour les PME comparativement aux grandes entreprises). Troisièmement, ils ne sont pas supportés de façon identique par tous les acteurs en fonction de la règle de priorité et de la législation en vigueur.

En revanche, contrairement aux coûts directs, les coûts indirects restent d’une extrême complexité, non pas à définir mais à mesurer. On peut circonscrire cinq types de coûts indirects.

Le premier est celui de la perte du chiffre d’affaires faisant suite à la perte de clients. Devant l’incertitude d’être approvisionné et de ne pas bénéficier d’un service après vente, un client se détournera d’une entreprise en redressement judiciaire, augmentant conséquemment ses difficultés.

Le deuxième se porte de l’autre côté du spectre avec les fournisseurs. Percevant la difficulté d’un client, les fournisseurs infèrent la possibilité de perdre leurs créances en raison de l’ordre de priorité des créanciers dans le redressement judiciaire. Par conséquent, ils vont exiger des délais de paiement plus rapides.

Le troisième tient dans l’attitude du personnel. En effet, dans un redressement judiciaire, on assiste très souvent à des licenciements qui traduisent un double coût : celui d’une perte de compétence et de formation financée par l’entreprise et celui de la démotivation des salariés restants qui sont dans la crainte de perdre leurs emplois si la situation venait à empirer encore. Le coût pour la firme est d’autant plus important que les meilleurs de ses salariés partent car ces derniers sont les plus employables et recherchés par les compétiteurs.

Le quatrième coût est appelé par les Américains fire sale (vente précipitée). Pour résoudre leurs problèmes de cash, les firmes vont chercher à désinvestir de façon sous optimale en vendant leurs actifs à vil prix.

 

Le cinquième coût est lié à l’asymétrie d’information et au risque. En effet, les dirigeants, qui ont un meilleur accès à l’information que les actionnaires, peuvent soit retarder la faillite pour préserver leurs avantages, soit extraire des avantages importants avant leur mise à l’écart. Un exemple célèbre met en évidence que plus de 50 % de la valeur de la compagnie aérienne Eastern Airline a été détruite pendant le redressement judiciaire en raison du comportement opportuniste du dirigeant dans les années 1990.

Qu’y a-t-il derrière le « quoiqu’il en coûte » ?

Dans les années 1980, une étude avait tenté d’évaluer plus précisément ces coûts indirects en mesurant d’une part, le différentiel de la baisse du chiffre d’affaires des entreprises ayant fait faillite comparativement à la moyenne des ventes du secteur et d’autre part, l’écart entre le montant réel des ventes et les prévisions réalisées trois ans avant la faillite. Ces coûts pourraient ainsi représenter de 6,6 à 8,1 % de la valeur de la firme. La difficulté d’une telle approche reste toutefois l’accès aux données.

Une seconde méthode consiste à mesurer les coûts indirects en utilisant les données boursières au travers des coûts de réputation et des effets de contagion. On mesure les variations de cours boursier des clients et fournisseurs des sociétés ayant fait faillite. On capte ainsi la perte de valeur subie par les partenaires des entreprises ayant fait faillite (effet contagion). Les résultats font ressortir des pertes de l’ordre de 1 à 3 % de la valeur boursière des fournisseurs et des clients.

S’il reste difficile de prévoir le nombre exact des faillites en 2021, il n’en reste pas moins vrai qu’il serait très utile de pouvoir mesurer les coûts de ces faillites pour l’ensemble des acteurs. Cela aurait deux mérites. Le premier serait de savoir ce qu’il convient de mettre derrière le « quoiqu’il en coûte ». Le second serait de permettre des comparaisons avec nos partenaires pour savoir où nous situer au sein de cette crise mondiale.

______

(*) Par Eric Séverin, Professeur des Universités Finance – Comptabilité, Université de Lille et David Veganzones, Assistant professor, management & finance, ESCE International Business School.

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Finances- Quoi qu’il en coûte : une évaluation approximative

Finances- Quoi qu’il en coûte : une évaluation approximative

 

 

. Par Eric Séverin, Université de Lille et David Veganzones, ESCE International Business School estime Dansla « Tribune » qu’il est trop tôt pour procéder à une évaluation précise du quoi qu’il en coûte.

 

Face à la crise économique liée aux mesures sanitaires, le gouvernement a mis en place différents dispositifs d’aides, dont l’objectif est de permettre aux entreprises (viables ou non) de faire face à leurs échéances. Un an demi après leur instauration, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a annoncé la levée de ces aides. « Le « quoi qu’il en coûte », c’est fini », a-t-il déclaré à l’occasion de la Rencontre des entrepreneurs de France du Medef, le 25 août.

La fin des aides de l’État laisse donc craindre une recrudescence des faillites qui avaient été jusqu’alors limitées. En effet, selon le rapport Altares 2021, celles-ci ont augmenté de 14,2 %, mais ce chiffre reste en recul de 48 % par rapport à la période 2017-2019.

Certes, il est difficile de prévoir le nombre de défaillances qui surviendront après la levée des mesures d’aides. Pour l’année 2021, le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) s’attend à un chiffre de 60 000 à 100 000 alors qu’Altares prévoit entre 33000 et 35000 défaillances.

Quoi qu’il en soit, il ne fait guère de doute que ces défaillances vont être coûteuses. Mais quels sont ces coûts ? Et sommes-nous réellement capables de les mesurer ?

Les coûts sont à la fois directs et indirects. En ce qui concerne les coûts directs, ils sont constitués par les frais des mandataires de justice. D’autres éléments sont à incorporer à ces coûts tels que ceux perçus par le commissaire à l’exécution du plan. Quel est l’ordre de grandeur de ces coûts ? Plusieurs études apportent des éléments de réponse.

Premièrement, leur étendue est variable selon les pays et représente entre 1 et 10 % de la valeur de la firme. Deuxièmement, ils sont inversement proportionnels à la taille de l’entreprise (plus lourds pour les PME comparativement aux grandes entreprises). Troisièmement, ils ne sont pas supportés de façon identique par tous les acteurs en fonction de la règle de priorité et de la législation en vigueur.

En revanche, contrairement aux coûts directs, les coûts indirects restent d’une extrême complexité, non pas à définir mais à mesurer. On peut circonscrire cinq types de coûts indirects.

Le premier est celui de la perte du chiffre d’affaires faisant suite à la perte de clients. Devant l’incertitude d’être approvisionné et de ne pas bénéficier d’un service après vente, un client se détournera d’une entreprise en redressement judiciaire, augmentant conséquemment ses difficultés.

Le deuxième se porte de l’autre côté du spectre avec les fournisseurs. Percevant la difficulté d’un client, les fournisseurs infèrent la possibilité de perdre leurs créances en raison de l’ordre de priorité des créanciers dans le redressement judiciaire. Par conséquent, ils vont exiger des délais de paiement plus rapides.

Le troisième tient dans l’attitude du personnel. En effet, dans un redressement judiciaire, on assiste très souvent à des licenciements qui traduisent un double coût : celui d’une perte de compétence et de formation financée par l’entreprise et celui de la démotivation des salariés restants qui sont dans la crainte de perdre leurs emplois si la situation venait à empirer encore. Le coût pour la firme est d’autant plus important que les meilleurs de ses salariés partent car ces derniers sont les plus employables et recherchés par les compétiteurs.

Le quatrième coût est appelé par les Américains fire sale (vente précipitée). Pour résoudre leurs problèmes de cash, les firmes vont chercher à désinvestir de façon sous optimale en vendant leurs actifs à vil prix.

 

Le cinquième coût est lié à l’asymétrie d’information et au risque. En effet, les dirigeants, qui ont un meilleur accès à l’information que les actionnaires, peuvent soit retarder la faillite pour préserver leurs avantages, soit extraire des avantages importants avant leur mise à l’écart. Un exemple célèbre met en évidence que plus de 50 % de la valeur de la compagnie aérienne Eastern Airline a été détruite pendant le redressement judiciaire en raison du comportement opportuniste du dirigeant dans les années 1990.

Qu’y a-t-il derrière le « quoiqu’il en coûte » ?

Dans les années 1980, une étude avait tenté d’évaluer plus précisément ces coûts indirects en mesurant d’une part, le différentiel de la baisse du chiffre d’affaires des entreprises ayant fait faillite comparativement à la moyenne des ventes du secteur et d’autre part, l’écart entre le montant réel des ventes et les prévisions réalisées trois ans avant la faillite. Ces coûts pourraient ainsi représenter de 6,6 à 8,1 % de la valeur de la firme. La difficulté d’une telle approche reste toutefois l’accès aux données.

Une seconde méthode consiste à mesurer les coûts indirects en utilisant les données boursières au travers des coûts de réputation et des effets de contagion. On mesure les variations de cours boursier des clients et fournisseurs des sociétés ayant fait faillite. On capte ainsi la perte de valeur subie par les partenaires des entreprises ayant fait faillite (effet contagion). Les résultats font ressortir des pertes de l’ordre de 1 à 3 % de la valeur boursière des fournisseurs et des clients.

S’il reste difficile de prévoir le nombre exact des faillites en 2021, il n’en reste pas moins vrai qu’il serait très utile de pouvoir mesurer les coûts de ces faillites pour l’ensemble des acteurs. Cela aurait deux mérites. Le premier serait de savoir ce qu’il convient de mettre derrière le « quoiqu’il en coûte ». Le second serait de permettre des comparaisons avec nos partenaires pour savoir où nous situer au sein de cette crise mondiale.

______

(*) Par Eric Séverin, Professeur des Universités Finance – Comptabilité, Université de Lille et David Veganzones, Assistant professor, management & finance, ESCE International Business School.

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Quoi qu’il en coûte : une évaluation approximative

Quoi qu’il en coûte : une évaluation approximative

 

 

. Par Eric Séverin, Université de Lille et David Veganzones, ESCE International Business School estime Dansla « Tribune » qu’il est trop tôt pour procéder à une évaluation précise du quoi qu’il en coûte.

 

Face à la crise économique liée aux mesures sanitaires, le gouvernement a mis en place différents dispositifs d’aides, dont l’objectif est de permettre aux entreprises (viables ou non) de faire face à leurs échéances. Un an demi après leur instauration, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a annoncé la levée de ces aides. « Le « quoi qu’il en coûte », c’est fini », a-t-il déclaré à l’occasion de la Rencontre des entrepreneurs de France du Medef, le 25 août.

La fin des aides de l’État laisse donc craindre une recrudescence des faillites qui avaient été jusqu’alors limitées. En effet, selon le rapport Altares 2021, celles-ci ont augmenté de 14,2 %, mais ce chiffre reste en recul de 48 % par rapport à la période 2017-2019.

Certes, il est difficile de prévoir le nombre de défaillances qui surviendront après la levée des mesures d’aides. Pour l’année 2021, le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) s’attend à un chiffre de 60 000 à 100 000 alors qu’Altares prévoit entre 33000 et 35000 défaillances.

Quoi qu’il en soit, il ne fait guère de doute que ces défaillances vont être coûteuses. Mais quels sont ces coûts ? Et sommes-nous réellement capables de les mesurer ?

Les coûts sont à la fois directs et indirects. En ce qui concerne les coûts directs, ils sont constitués par les frais des mandataires de justice. D’autres éléments sont à incorporer à ces coûts tels que ceux perçus par le commissaire à l’exécution du plan. Quel est l’ordre de grandeur de ces coûts ? Plusieurs études apportent des éléments de réponse.

Premièrement, leur étendue est variable selon les pays et représente entre 1 et 10 % de la valeur de la firme. Deuxièmement, ils sont inversement proportionnels à la taille de l’entreprise (plus lourds pour les PME comparativement aux grandes entreprises). Troisièmement, ils ne sont pas supportés de façon identique par tous les acteurs en fonction de la règle de priorité et de la législation en vigueur.

En revanche, contrairement aux coûts directs, les coûts indirects restent d’une extrême complexité, non pas à définir mais à mesurer. On peut circonscrire cinq types de coûts indirects.

Le premier est celui de la perte du chiffre d’affaires faisant suite à la perte de clients. Devant l’incertitude d’être approvisionné et de ne pas bénéficier d’un service après vente, un client se détournera d’une entreprise en redressement judiciaire, augmentant conséquemment ses difficultés.

Le deuxième se porte de l’autre côté du spectre avec les fournisseurs. Percevant la difficulté d’un client, les fournisseurs infèrent la possibilité de perdre leurs créances en raison de l’ordre de priorité des créanciers dans le redressement judiciaire. Par conséquent, ils vont exiger des délais de paiement plus rapides.

Le troisième tient dans l’attitude du personnel. En effet, dans un redressement judiciaire, on assiste très souvent à des licenciements qui traduisent un double coût : celui d’une perte de compétence et de formation financée par l’entreprise et celui de la démotivation des salariés restants qui sont dans la crainte de perdre leurs emplois si la situation venait à empirer encore. Le coût pour la firme est d’autant plus important que les meilleurs de ses salariés partent car ces derniers sont les plus employables et recherchés par les compétiteurs.

Le quatrième coût est appelé par les Américains fire sale (vente précipitée). Pour résoudre leurs problèmes de cash, les firmes vont chercher à désinvestir de façon sous optimale en vendant leurs actifs à vil prix.

 

Le cinquième coût est lié à l’asymétrie d’information et au risque. En effet, les dirigeants, qui ont un meilleur accès à l’information que les actionnaires, peuvent soit retarder la faillite pour préserver leurs avantages, soit extraire des avantages importants avant leur mise à l’écart. Un exemple célèbre met en évidence que plus de 50 % de la valeur de la compagnie aérienne Eastern Airline a été détruite pendant le redressement judiciaire en raison du comportement opportuniste du dirigeant dans les années 1990.

Qu’y a-t-il derrière le « quoiqu’il en coûte » ?

Dans les années 1980, une étude avait tenté d’évaluer plus précisément ces coûts indirects en mesurant d’une part, le différentiel de la baisse du chiffre d’affaires des entreprises ayant fait faillite comparativement à la moyenne des ventes du secteur et d’autre part, l’écart entre le montant réel des ventes et les prévisions réalisées trois ans avant la faillite. Ces coûts pourraient ainsi représenter de 6,6 à 8,1 % de la valeur de la firme. La difficulté d’une telle approche reste toutefois l’accès aux données.

Une seconde méthode consiste à mesurer les coûts indirects en utilisant les données boursières au travers des coûts de réputation et des effets de contagion. On mesure les variations de cours boursier des clients et fournisseurs des sociétés ayant fait faillite. On capte ainsi la perte de valeur subie par les partenaires des entreprises ayant fait faillite (effet contagion). Les résultats font ressortir des pertes de l’ordre de 1 à 3 % de la valeur boursière des fournisseurs et des clients.

S’il reste difficile de prévoir le nombre exact des faillites en 2021, il n’en reste pas moins vrai qu’il serait très utile de pouvoir mesurer les coûts de ces faillites pour l’ensemble des acteurs. Cela aurait deux mérites. Le premier serait de savoir ce qu’il convient de mettre derrière le « quoiqu’il en coûte ». Le second serait de permettre des comparaisons avec nos partenaires pour savoir où nous situer au sein de cette crise mondiale.

______

(*) Par Eric Séverin, Professeur des Universités Finance – Comptabilité, Université de Lille et David Veganzones, Assistant professor, management & finance, ESCE International Business School.

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Un coût de 240 milliards pour le «quoi qu’il en coûte» ( Le Maire)

Un coût  de 240 milliards pour le «quoi qu’il en coûte» ( Le Maire)

D’après le ministre de l’économie, la facture s’élèverait à 240 milliards pour le » quoi qu’il en coûte »  dont «80 milliards d’euros de subventions», sous la forme de chômage partiel, d’exonérations de charge, et de fonds de solidarité et «160 milliards d’euros de prêts».

Un nouveau dispositif intervenant au cas par cas devrait être mis en place après avec les possessions notamment avec les secteurs de l’hôtellerie, les cafés, la restauration, ainsi que les discothèques, ou le tourisme. «.

La fin du « quoi qu’il en coûte »

La fin du « quoi qu’il en coûte »

 

 

Plusieurs voix proches du pouvoir commencent à chanter la nécessité de la fin du quoi qu’il en coûte. C’est aussi le cas de l’économiste Patrick Artus Selon lui, l’Etat français a « consenti un effort budgétaire global de 9% cette année, soit 160 milliards d’euros de plus et 320 milliards sur deux ans ». « A partir de maintenant, il va falloir compter l’argent », assure-t-il avant de calculer le soutien économique nécessaire aux secteurs toujours en crise. « Hors prêts garantis par l’Etat, le coût d’un plan d’aide sur mesure sera de l’ordre de 4 milliards d’euros », estime-t-il dans le JDD

Le « quoi qu’il en coûte » qui a déjà consommé plus de 75 milliards d’argent public a-t-il bien fonctionné?
Notre plan d’urgence va bien au-delà. Il faut y ajouter les aides liées au Ségur de la Santé, le premier plan d’aide aux jeunes et la baisse des impôts de production des entreprises. En termes macro-économiques, la France qui fonctionnait avec un déficit public de 2% avant la crise a consenti un effort budgétaire global de 9% cette année, soit 160 milliards d’euros de plus et 320 milliards sur deux ans. Nous avons donc explosé nos compteurs. Lorsque nous avons démarré le plan d’urgence en mars 2020, c’était la panique. Nous avons pris des mesures globales pour aider tout le monde. A posteriori, l’effet a été très positif pour les entreprises. L’emploi s’est maintenu, elles n’ont pas accumulé de dette nette et elles enregistrent des profits plus élevés qu’en 2019. Les ménages, eux, ont gagné 0,5% de pouvoir d’achat en 2020. Donc, le « quoi qu’il en coûte » a été doublement efficace.

 

N’a-t-il pas eu des effets pervers?
On aurait dû en faire moins en direction des ménages. Grâce aux aides, ils ont accumulé sur 2 ans 180 milliards d’euros, en plus de leur épargne habituelle. Or, ce surplus a avant tout profité aux 25% de ménages les plus aisés qui l’ont investi en placements financiers et surtout dans la pierre, en achetant des logements dans l’ancien. Ce qui a eu pour effet de faire grimper les prix de l’immobilier de 7%. De ce point de vue, c’est un gâchis d’argent public.

Certains secteurs vont continuer à être aidés, comment et à combien chiffrez-vous le coût d’une protection sur mesure?
Ce sont les secteurs qui continuent d’enregistrer une perte de chiffre d’affaires. Le tourisme, l’hôtellerie, la restauration, l’événementiel et la culture, ont été impactés à des degrés divers par la baisse des flux touristiques et par la mise en place du passe sanitaire. Un régime de protection se justifie encore pour 5 à 6% des entreprises en France. Le fonds de solidarité qui permet de prendre en charge à hauteur de 20% leur perte de chiffre d’affaires est une bonne mesure dont la durée pourrait être prolongée jusqu’à fin décembre pour tenir compte de l’évolution du variant Delta et du rétablissement du transport international. S’agissant des prêts garantis par l’Etat, 75% des entreprises en difficulté vont avoir des problèmes pour les rembourser et la solution pourrait consister à transformer ces crédits en obligations remboursables sur 10 ans. L’activité partielle touche encore 1,3 millions de salariés dans ces secteurs. Hors PGE, le coût d’un plan d’aide sur mesure sera de l’ordre de 4 milliards d’euros.

Globalement, sommes-nous sortis du « quoi qu’il en coûte »?
Oui. A partir de maintenant, il va falloir compter l’argent. Pour le prochain président de la République, le budget de toutes les restrictions sera celui de 2023 avec un objectif de retour à un déficit public autour de 3% et des enjeux stratégiques de réindustrialisation et d’inégalités engendrées par la transition énergétique.

Notre plan d’urgence a-t-il été plus généreux que ceux de nos voisins européens?
Si on compare la hausse de notre déficit public à la perte de PIB en 2020, on voit que la France a été moins généreuse que l’Allemagne et encore moins que les Etats-Unis, mais ce n’est pas une critique parce que des aides supplémentaires auraient encore accru l’excès d’épargne.

Avec une prévision de croissance à 6% en 2021, la France est un des pays de l’Union Européenne qui repart le plus fort. Est-ce le signe d’une vraie reprise économique?
Cette course en tête est biaisée du fait du poids du tourisme dans notre économie, bien plus élevée qu’en Allemagne par exemple. Cette reprise ne reflète donc en rien la résilience de notre économie. Mais globalement en ce moment, le tableau est positif : le chômage est tombé à 8%, nous récupérons le niveau de PIB et d’emploi et les profits d’avant crise.

 
La pénurie de certaines matières premières comme le bois et les semi-conducteurs. Autre point noir : nous manquons de bras et de compétences, alors que nous ne sommes qu’au début de la reprise. Dans le BTP, le tourisme et la restauration c’est particulièrement flagrant. On chiffre à 300.000, les emplois vacants. L’activité partielle et les confinements ont contribué à détourner beaucoup des salariés de métiers jugés pénibles du fait des conditions de travail et les horaires qui leur sont propres

L’Etat a invité les entreprises à faire leur part, que faut-il en attendre?
Elles doivent augmenter les bas salaires. Cela paraît normal et mérité mais il n’est pas certain que cela résolve les problèmes de pénurie. On manque toujours d’infirmières malgré une hausse pouvant aller jusqu’à 400 euros par mois dans le secteur de la santé. A cela s’ajoutent des problèmes de compétence et de formation. Nos entreprises doivent faire beaucoup plus pour les jeunes en continuant à suivre le modèle allemand en matière d’apprentissage. Nous comptons aujourd’hui 560.000 apprentis, plus que deux fois moins qu’outre-Rhin. Si elles n’investissent pas massivement dans la formation, elles continueront à manquer de compétences.

Cette crise a profondément dégradé nos dépenses publiques, peut-on espérer un retour à un déficit plus contenu et comment?
Les déficits publics de 2020 à 2022 n’ont aucune importance car ils sont financés par la création monétaire de la Banque centrale européenne qui rachète nos dettes et ne les revendra jamais. L’enjeu tient à la composition de notre déficit. Selon l’OCDE, sur 9% de déficit, 3% est cyclique mais le solde de 6% est structurel. C’est sur ce solde qu’il va nous falloir travailler surtout quand à partir de 2023, les règles européennes d’équilibre budgétaire vont revenir et que d’ici là la BCE aura réduit ses rachats de dettes. Pour agir sur ce déficit alors que les dépenses pour la sécurité, la justice, la logement, la recherche et la santé vont continuer à augmenter nous n’aurons pas d’autre solution que de réformer notre régime de retraites qui absorbe 14% de notre richesse nationale. La seule réforme possible consiste à augmenter le nombre de trimestres de cotisation. Augmenter les impôts serait une mauvaise option.

 

L’Europe attend quoi pour créer une cryptomonnaie ?

«L’euro n’a pas d’avenir sans une version numérique ambitieuse» estime Philippe Mudry dans l’Opinion 

(Extrait)

 C’est peu dire que le temps presse. Déjà, le système financier international a senti la menace d’un bouleversement imminent avec le projet, heureusement tué dans l’œuf, de « Libra » de Facebook. Tous les jours, de nouvelles initiatives de création de cryptomonnaies rappellent le profond besoin des utilisateurs finaux de nouveaux moyens d’échanges qui se rêvent tous, peu ou prou, en devises de demain.

Surtout, le haut responsable français a mis le doigt sur la principale menace planant sur la souveraineté européenne, que fait peser la Chine avec son projet de renminbi digital déjà en phase d’expérimentation avancée. Il a le potentiel, ni plus ni moins, de faire basculer le monde de l’ère de « roi dollar » au « roi yuan ». Il a fallu deux guerres mondiales pour que le dollar accède formellement, au travers des accords de Bretton Woods, en 1944, à la suprématie qu’on lui connaît. La Chine entend emprunter une autre route, plus discrète mais pas moins efficace.

Elle consiste à se souvenir d’une règle absolue en matière monétaire : qui possède la monnaie dominante s’assure de la domination financière. Les destins de Londres et de New York sont là pour la rappeler. Pour y parvenir, outre une ouverture progressive des marchés financiers chinois de plus en plus poussée, il s’agit de convertir la masse chinoise à un usage numérique de sa monnaie, une évolution déjà en cours, pour l’étendre ensuite, grâce à l’architecture digitale ainsi créée, à d’autres usagers, étrangers cette fois.

Quant à l’Europe elle n’a toujours pas ouvert concrètement le chantier de la création de l’euro numérique, qui seul peut permettre à ses choix digitaux et aux principes démocratiques qu’ils reflètent, en matière de protection des données personnelles, mais aussi plus généralement de régulation financière, d’être sérieusement pris en compte.

L’Europe sait pourtant ce qu’une domination monétaire étrangère veut dire. Quoiqu’alliée des Etats-Unis, elle a dû subir les conséquences de son « privilège exorbitant » dénoncé par la France dès les années 1960 et dont la plus fameuse illustration, et la plus funeste, demeure l’abandon unilatéral de la convertibilité du dollar en or, le 15 août 1971. Veut-elle vraiment un système monétaire et financier sous domination chinoise ? Si la réponse est négative, il faut agir, sans aucun délai.

À quoi sert la religion selon Peter Sloterdijk

À quoi sert la religion selon Peter Sloterdijk

A quoi sert la religion ? D’où vient notre besoin de textes religieux ? Dans un essai exigeant, le philosophe allemand explore les rouages du théâtre de la parole divine.

 

Livre (Analyse du monde).

 

La gravitation condamne les humains à la Terre, et seul demeure le regard pour sonder le silence qui les toise, là-haut. Selon le dernier essai de Peter Sloterdijk, publié chez Payot, « faire parler le ciel » serait ainsi le propre de l’homme. Du moins de l’individu occidental qui, depuis l’Antiquité, a détaché d’ici-bas un ciel des idées et a peuplé l’Olympe de « créatures de l’antigravitation » : les dieux. Nous progressons tirés par cette conscience que « quelque chose » nous dépasse, signe vers une direction à suivre.

 

Cette direction, c’est le verbe qui, depuis toujours, s’est attaché à la décrypter : le lien entre le divin et le langage remonte aux plus anciennes sources écrites connues, rappelle le philosophe allemand, dont l’œuvre, commencée en 1983 avec Critique de la raison cynique et marquée par la trilogie Sphères, au tournant des années 2000, s’impose comme l’une des plus importantes de notre époque.

C’est donc de « théopoésie » qu’il nous parle – son traducteur, Olivier Mannoni, nous prévient toutefois que le français rend mal l’allemand « Dichtung », qui décrit l’idée de création au sens large. « Que serions-nous donc sans le secours de ce qui n’existe pas ? » : c’est en passant par ces mots de Paul Valéry que l’ancien recteur de la Hochschule für Gestaltung de Karlsruhe résume l’enjeu vital de la théopoésie.

De la Grèce à l’Egypte antique, du Moyen Age chrétien à l’islam, il parcourt les civilisations en s’efforçant de montrer comment elles ont navigué avec la boussole de la parole sacrée. Lire Sloterdijk n’est pas de tout repos : sa prose, volontiers nébuleuse, qui aime affirmer sans toujours démontrer, est parfois agaçante – peut-être cet effet est-il amplifié par la construction baroque du livre, dont la première partie est issue d’une conférence.

Mais elle garde la fraîcheur de quelques fulgurances, en particulier lorsque Peter Sloterdijk s’attaque à notre modernité occidentale. Il convoque le second principe de la thermodynamique pour évoquer les monarchies de droit divin qui ont, si longtemps, joué le rôle de « retardement de l’entropie », en maintenant en vie des dieux jusqu’à un siècle des Lumières qui viendra hâter leur crépuscule.

Mais avant l’entropie, la thermodynamique est gouvernée par une première loi, la conservation de l’énergie : où est donc passée la théopoésie dans notre époque si les dieux n’y sont plus ? En nous tous, répond Sloterdijk, pour qui la modernité entérine la société comme « hyperobjet émergent ». Désormais, l’épiphanie divine a laissé place à la « sociophanie », et son théologien s’appelle sociologue. Le philosophe en tire deux « propositions » – tout en se félicitant d’être le premier à les formuler ainsi. La religion, désormais attachée à l’individu, est devenue libre, donc « renvoyée à l’inutilité sociale ». Et, désormais, elle se retrouve en concurrence avec l’art et la philosophie pour nous aider à interpréter l’existence. Car nous n’en aurons jamais fini avec son mystère et ses effrayants hasards.

12345...13



L'actu écologique |
bessay |
Mr. Sandro's Blog |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | astucesquotidiennes
| MIEUX-ETRE
| louis crusol