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L’intelligence artificielle : pour quoi faire ?

L’intelligence artificielle : pour quoi faire ?

ChatGPT tient le devant de la scène depuis sa sortie du fait de ses fonctionnalités bluffantes, notamment pour dialoguer et répondre à des questions, même complexes, de façon naturelle et réaliste. Par Thierry Poibeau, École normale supérieure (ENS) – PSLAlors qu’on commence à avoir un peu de recul sur cet outil, des questions se posent : quelles sont les limites actuelles et futures de ChatGPT, et quels sont les marchés potentiels pour ce type de systèmes ?

ChatGPT est souvent décrit comme un futur concurrent de Google, voire comme un « Google killer » pour sa partie moteur de recherche : même si l’outil produit parfois des réponses baroques, voire carrément fausses, il répond de manière directe et ne propose pas simplement une liste ordonnée de documents, comme le moteur de recherche de Google.

Il y a là assurément un danger potentiel sérieux pour Google, qui pourrait menacer sa position de quasi-monopole sur les moteurs de recherche. Microsoft en particulier (principal investisseur dans OpenAI, qui a par ailleurs un accès privilégié à la technologie développée) travaille à intégrer ChatGPT à son moteur de recherche Bing, dans l’espoir de reprendre l’avantage sur Google.
Il y a toutefois plusieurs incertitudes concernant une telle perspective.

Les requêtes dans les moteurs de recherche sont généralement composées de quelques mots, voire d’un seul mot, comme un événement ou un nom de personnalité. ChatGPT suscite en ce moment la curiosité d’une population technophile, mais ceci est très différent de l’usage classique, grand public, d’un moteur de recherche.

On peut aussi imaginer ChatGPT accessible à travers une interface vocale, ce qui éviterait d’avoir à taper la requête. Mais les systèmes comme Alexa d’Amazon ont eu du mal à s’imposer, et restent confinés à des usages précis et limités (demander des horaires de cinéma, la météo…). Il y a 10 ans, Alexa était vu comme l’avenir de la société de distribution américaine, mais est aujourd’hui un peu à l’abandon, parce qu’Amazon n’a jamais réussi à monétiser son outil, c’est-à-dire à le rendre économiquement profitable.
ChatGPT peut-il réussir là où Alexa a en partie échoué ?

Bien sûr, l’avenir de ChatGPT ne devrait pas se résumer à la recherche d’information. Il existe une foule d’autres situations où on a besoin de produire du texte : production de lettres types, de résumés, de textes publicitaires…

ChatGPT est aussi un bon outil d’aide à l’écriture. On voit déjà différents usages : solliciter ChatGPT pour partir de quelques paragraphes qui peuvent susciter l’inspiration et éviter la peur de la page blanche ; voir quels points l’outil met en avant sur une question particulière (pour vérifier si ça correspond à ce que l’on aurait dit nous-mêmes ou non) ; demander des suggestions de plan sur une question particulière. ChatGPT n’est pas un outil magique et ne peut pas savoir ce que l’utilisateur a en tête, donc face à la rédaction d’un document complexe, il ne peut s’agir que d’une aide.
On peut évidemment imaginer des usages plus problématiques et de nombreux articles ont déjà été publiés dans la presse concernant par exemple l’usage de ChatGPT dans l’enseignement, avec des craintes, justifiées ou non. On peut ainsi imaginer des étudiants produisant des devoirs grâce à ChatGPT, mais aussi des enseignants utilisant l’outil pour rédiger leurs appréciations, ou des chercheurs produisant des articles scientifiques semi-automatiquement. Il y a beaucoup d’articles sur les étudiants dans la presse, mais ce ne seront pas les seuls à faire un usage éventuellement problématique de ce genre de technologie.

Il y a bien sûr lieu de se poser des questions, mais la technologie est là et ne va pas disparaître. Il semble donc primordial d’en parler, et de former les élèves et les étudiants à ces outils, pour expliquer leur intérêt et leurs limites, et discuter de la place qu’ils devraient avoir dans la formation.

Enfin, à l’extrême du spectre des usages problématiques, on pensera bien évidemment à la production de fake news : de fausses informations pouvant ensuite être disséminées en quantité industrielle.
Il ne faut pas exagérer ces dangers, mais ceux-ci sont réels. Même si des détecteurs de texte produits par ChatGPT commencent à apparaître, ceux-ci seront nécessairement imparfaits, car les textes produits sont trop divers et trop réalistes pour pouvoir être reconnus à 100 % par un système… à part par la société OpenAI elle-même, évidemment !
Les limites de ChatGPT : quand l’IA « hallucine »

La masse des interactions avec ChatGPT depuis son ouverture au grand public le 30 novembre a déjà permis d’identifier certaines de ses limites.
ChatGPT fournit en général des réponses correctes, souvent bluffantes… mais si on l’interroge sur des domaines qu’il ne maîtrise pas, voire si on invente une question en apparence sérieuse mais en fait absurde (par exemple sur des faits ou des personnes qui n’existent pas), le système produit une réponse en apparence tout aussi sérieuse, mais en fait complètement absurde ou inventée.
Les exemples sur Twitter sont légion : ChatGPT propose des références scientifiques qui n’existent pas, des explications fumeuses, voire une démonstration où est postulé que -4 = -5. Ceci serait une richesse, si ChatGPT était juste un outil destiné à produire des histoires, des pastiches ou des parodies.

Mais ce que le public attend, c’est avant tout des réponses avérées à des questions réelles, ou l’absence de réponse dans le cas contraire (si le système ne peut trouver la réponse, ou si la question est absurde). C’est la principale faiblesse de l’outil, et donc probablement aussi le principal obstacle pour en faire un concurrent du moteur de recherche de Google, comme on l’a déjà vu.
Pour cette raison, une conférence comme ICML (International Conference on Machine Learning) a déjà interdit aux chercheurs de soumettre des articles produits en partie avec ChatGPT. Stackoverflow, une plate-forme d’échanges entre développeurs informatiques, a aussi interdit les réponses générées par ChatGPT, ayant peur de se retrouver submergée par un flux de réponses générées automatiquement (et en partie fausses).

Ceci est dû au fait que le système n’a pas de « modèle de monde ». Autrement dit, il ne sait pas ce qui est vrai, il peut générer des absurdités, des fausses informations, inventer des choses de toute pièce avec l’aplomb d’un menteur professionnel. C’est ce que l’on appelle les « hallucinations », comme si ChatGPT voyait alors des éléments imaginaires (en fait, on ne peut pas vraiment dire que le système ment, dans la mesure où il n’a pas de modèle de vérité).
Ceci est surtout vrai quand la question elle-même n’est pas tournée vers la réalité, auquel cas le système se met à inventer : en ce sens, GPT n’est ni un journaliste, ni un savant, mais plutôt un raconteur d’histoires.

Il y a fort à parier qu’OpenAI essaie dans de futures versions de fournir un système qui évite d’affabuler quand le contexte ne s’y prête pas, grâce à une analyse fine de la question posée, ou l’ajout de connaissances validées (comme le font déjà Amazon avec Alexa ou Google avec son knowledge graph, qui est tout simplement une base de connaissances). Google, justement, à travers sa succursale Deepmind, travaille actuellement sur un modèle similaire à ChatGPT appelé Sparrow, en essayant de renforcer la fiabilité du système. Il est par exemple question que le système fournisse une liste de sources sur laquelle il s’appuie pour fournir une réponse.
Les enjeux pour demain

L’autre limite de ce système est qu’il repose sur des données (en gros, l’ensemble des textes disponibles sur Internet) à la mi-2021 et que ses connaissances ne peuvent pas être mises à jour en direct. C’est évidemment un problème, ChatGPT ne peut pas répondre de façon pertinente à des questions sur l’actualité, alors qu’il s’agit d’un aspect particulièrement important.
La mise à jour en continu du modèle est donc logiquement un des prochains buts d’OpenAI, qui n’en fait pas mystère. Réviser un modèle, le réentraîner « à partir de zéro » (from scratch) est un processus long et coûteux, qui peut mettre en jeu des milliers de GPU ou de TPU pendant plusieurs semaines ou plusieurs mois, ce qui n’est pas en phase avec la rapidité de l’actualité. La prochaine grande innovation consistera donc en des systèmes capables de se mettre à jour de manière plus localisée en temps réel (ou quasiment), et ceci est sans doute pour bientôt.

Mais le principal enjeu est évidemment celui de l’acceptabilité. On l’a vu : le débat est déjà lancé sur l’influence d’un tel système sur l’éducation. Plus globalement, si un système tel que ChatGPT est par exemple intégré à un logiciel comme Word, se posera aussi la question de qui contrôle ce qui est produit. La voie est étroite entre des systèmes d’IA pas assez contrôlés et capables de produire des contenus racistes ou homophobes, et des systèmes trop bridés qui interdiraient de produire certains contenus.

En conclusion, et comme dit l’adage populaire : il est difficile de faire des prévisions, surtout quand elles concernent l’avenir. Il y a de nombreuses inconnues autour de technologies de type ChatGPT : les perspectives de tels outils sont assez vertigineuses, susceptibles d’avoir un impact profond sur la société, mais en même temps leur potentiel réel et commercial devra passer l’épreuve du monde réel. Ce qui est certain, c’est que les bouleversements actuels devraient inciter au développement d’instituts (au sein des universités, mais aussi à travers des fondations ou des associations capables d’atteindre le grand public) permettant une réflexion large et ouverte sur ces technologies, impliquant tous les acteurs de la société, car c’est la société tout entière qui est déjà impactée, comme en témoigne l’intérêt actuel autour de ChatGPT.
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Par Thierry Poibeau, DR CNRS, École normale supérieure (ENS) – PSL
La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Soutien aux villes sous-préfecture : pour quoi faire ?

Soutien aux villes sous-préfecture : pour quoi faire ?

S’il est clair que la métropolisation nourrit la désertification y compris des petites villes, la question se pose s’il faut réanimer les villes sièges de sous-préfecture. Des sous-préfectures qui ne servent à peu près plus à rien sinon qu’à enregistrer les associations et à représenter le préfet dans des manifestations marginales. Ce n’est pas en rajoutant ou en réveillant une étagère administrative et politique qu’on pourra redynamiser l’économie et redéfinir l’aménagement du territoire plus harmonieux. Pourtant Les membres de l’Association « Mouvement pour le développement des villes sous-préfectures » sont pour une dotation globale de fonctionnement de l’État fortement bonifiée !
( dans la Tribune).

Dans nos territoires, des plus ruraux aux proches banlieues des grandes villes, les 235 villes sous-préfectures agissent tels des phares de la République pour des habitants souvent trop éloignés de la représentation de l’État. Ce sont les terminaisons nerveuses de la République : ville sous-préfecture & sous-préfecture (ensemble).

L’organisation de cette représentation dans nos villes n’est pas le fruit du hasard, mais du besoin, identifié dès l’aube du XIXe siècle, de relais efficaces de nos politiques publiques. Les 235 villes sous-préfectures (avec leurs intercommunalités) jouent désormais un rôle de pivot nécessaire à la décentralisation qui n’a fait que se renforcer depuis la fin du XXe siècle. Pour autant ces villes n’ont pas bénéficié d’une prise en compte suffisante des fortes charges supplémentaires qu’elles supportent (routes, écoles/collèges/lycées, sécurité, lieux culturels, complexes sportifs, etc.).

Le Gouvernement, par l’intermédiaire de Dominique Faure, ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales qui nous a reçu, a entendu nos signaux d’alerte et nos Villes lui en sont reconnaissantes. Nous demandons désormais que l’écoute active se transforme en réponse concrète.

Faire le portrait des villes sous-préfectures, c’est mieux percevoir la France dans ce qu’elle a de plus territoriale, au sens premier du terme : Lesparre-Médoc, Châteaudun, Le Raincy, Neufchâteau, Calvi, Saint-Pierre (Martinique), Nogent-sur-Seine, etc., sont autant de noms de ces villes, parfois moins connus par les Français, mais toujours identifiés par les locaux.

Elles représentent aujourd’hui 235 sous-préfectures et pôles de centralité où tous les maux de notre temps s’expriment crument : baisse du pouvoir d’achat, montée des extrêmes, difficultés d’accès aux services. Elles sont aussi le lieu des qualités que tant d’urbains recherchent depuis la fin de la pandémie : espace, sécurité, temps.

Nous demandons un plan d’action rapide, efficient, concret. Le gouvernement a fait le choix de la baisse de la dotation globale de fonctionnement (DGF). Cette décision a créé dans nos 35 000 communes des difficultés importantes d’adaptation.

Cependant, les villes sous-préfectures peinent davantage encore à faire face aux charges dites de centralité(1) qui représentent près de 25% du budget communal (parfois 30 %). Il s’agit de l’entretien des voies, de l’impact des pôles éducatifs, de la police municipale, de la sécurité routière, des transports… de dépenses induites, inévitables du fait de la position de petit, moyen ou grand pôle de centralité.

Notre association se crée aujourd’hui pour rappeler, s’il en est besoin, que nous sommes le cœur battant de la République et le maillon clé de la promotion territoriale.

Ce Mouvement vise à développer cette dimension de centralité, avec ses nombreux atouts et ses coûts. Nous savons que L’État, les partenaires institutionnels, l’Union européenne, les Régions, les Départements, les intercommunalités s’appuient sur notre niveau pour promouvoir le développement territorial (industriel, éducatif, culturel, etc.). Il convient en effet de soutenir et développer les 235 villes Sous-préfectures et les pôles de centralité de France. Sur le plan industriel, plusieurs dizaines d’hectares constructibles dans chaque ville sous-préfecture (et leur intercommunalité) est nécessaire pour (re)développer ces piliers de notre République.

Les pôles de centralité irriguent par définition un ensemble de communes, un bassin de vie plus large, un espace social et politique, qui permet à la République de vivre. Nous en sommes fiers et souhaitons en faire un atout, pour cela nous aurons besoin de l’engagement de tous ces acteurs à nos côtés.

Ainsi, nous proposons à l’État une dotation globale de fonctionnement bonifiée(2) pour les 235 villes sous-préfectures, c’est-à-dire les petits, moyens, grands pôles de centralité. Cette forte bonification est essentielle pour assurer nos missions actuelles et futures. La non-sécession territoriale est à cette condition. La maîtrise de la montée des extrêmes également.

(1) Les charges de centralités sont les dépenses particulières que sont conduites à engager les structures territoriales qui ont pour caractéristiques de contenir des équipements uniques dont les autres structures territoriales, périphériques, dispersées, ne disposent pas. Quand une personne décède dans une ville centre, le plus souvent elle n’habite pas la ville centre mais c’est le service de l’état civil de la ville centre qui enregistre le décès. Ce qui oblige la ville centre à rémunérer du personnel. Il s’agit d’une charge de centralité. Source : Le Courrier des Maires.

(2) Une dotation globale de fonctionnement (DGF) bonifiée doit être mise en œuvre pour les pôles de centralité. À l’instar des petites communes balnéaires qui voient leur population fortement croître par 10, voire 20, pendant seulement deux mois par an ! Les villes Sous-préfectures gèrent cette centralité et ces coûts de centralité cela 365 jours par an.

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(*) Signataires :

Bernard GUIRAUD, Maire de Lesparre-Médoc (Gironde, 33), Secrétaire de l’Association « Mouvement pour le développement des villes Sous-préfectures »
Patrice BERARD, Adjoint au Maire de Neufchâteau (Vosges, 88), Trésorier adjoint de l’Association « Mouvement pour le développement des villes Sous-préfectures »
François DIETSCH, Maire de Val de Briey, Chef-lieu de l’arrondissement de Val de Briey (Meurthe-et-Moselle, 54)
Jean-Luc DUPONT, Maire de Chinon (Indre-et-Loire, 37)
Jérôme GUILLEM, Maire de Langon (Gironde, 33)
Bernard LIPERINI, Maire de Castellane (Alpes-de-Haute-Provence, 04)
Pascale LOISELEUR, Maire de Senlis (Oise, 60)
Antoine SCHWOERER, Ancien conseiller ministériel, Secrétaire adjoint de l’Association « Mouvement pour le développement des villes Sous-préfectures »
Jean-Michel GENESTIER, Maire du Raincy (Seine-Saint-Denis, 93)
Guillaume SYLVESTRE, Chercheur et expert en social data intelligence, Trésorier de l’Association « Mouvement pour le développement des villes Sous-préfectures »
Philippe ROLLET, Maire de Saint-Jean-de-Maurienne (Savoie, 73)
Fabien VERDIER, Maire de Châteaudun (Eure-et-Loir, 28), Président de l’Association « Mouvement pour le développement des villes Sous-préfectures »
Catherine PAILLARD, Maire de Lunéville (Meurthe-et-Moselle, 54)
Chantal Marie MALUS, Maire de Château-Chinon (Nièvre, 58)
Nadine GRELET CERTENAIS, Maire de La Flèche (Sarthe, 72)
Emmanuel RIOTTE, Maire Saint-Amand-Montrond (Cher, 18)
Franck MARLIN, Maire d’Etampes (Essonne, 91), Député honoraire

Réforme du RSA: ni…ni d’après Dussopt mais quoi alors ?

Réforme du RSA: ni…ni d’après Dussopt mais quoi alors ?

La réforme du RSA envisage de créer des contraintes aux bénéficiaires de cette allocation. Le problème est dans la difficulté de rendre cohérent et supportable cette contrainte. Du coup le ministre du travail Olivier Dussopt demeure particulièrement vague sur le contenu des dispositions futures du RSA. Il affirme simplement que ce ne sera ni du travail gratuit, ni du bénévolat obligatoire. Bref , le flou qui pourrait demeurer et qui existe d’ailleurs toujours depuis la création du RSA et avant lui du RMI. La question étant de savoir s’il s’agit d’une allocation à la pauvreté ou un moyen de faciliter l’insertion. Pour l’instant le RSA ne permet de résoudre aucun de ces objectifs.

Au printemps 2022, lors de la campagne présidentielle, Emmanuel Macron, alors candidat à sa réélection, avait formulé la volonté de transformer le RSA, en conditionnant son versement à la réalisation d’heures d’activité.

« Je propose un travail, une formation, une insertion parce que je ne considère pas que les bénéficiaires du RSA sont comme des prisonniers », avait-il fait valoir en mars 2022.

Une mesure à nouveau évoquée, un an plus tard, dans le rapport consacré à France Travail, organisme qui remplacera Pôle emploi et qui doit permettre une meilleure coordination de tous les acteurs de l’emploi et de l’insertion, ainsi que la création d’un guichet unique. « Quand on ne sait pas ce qu’on veut faire, ce n’est pas mal d’aller tester un stage dans une entreprise ou une autre. C’est de la formation, passer le permis de conduire, faire du bénévolat dans une association… Tout ce qui contribue à ce que la personne retrouve confiance en elle et retrouve un emploi », avait ainsi fait valoir, au micro de France Info, Thibaut Guilluy, haut-commissaire à l’emploi chargé de ce rapport, arguant que seules 40% des personnes allocataires du RSA sont inscrites à Pôle emploi.

Quid des allocataires ne respectant pas les conditions inscrites dans ce contrat d’engagements réciproques ? « Je vous confirme que dans le projet de loi, il y aura bien la possibilité de suspendre, sur une durée courte peut-être pour démarrer, en tout cas il y aura aussi un dispositif de sanctions, dès lors qu’on aura accompli, de notre côté, notre part de responsabilité, c’est-à-dire qu’on aura mis la personne bénéficiaire du RSA en situation de suivre le parcours qu’on lui a proposé », avait confirmé le 13 mai dernier Elisabeth Borne. Elle s’était toutefois montrée plus évasive sur l’échéance de la mise en place de ces sanctions. Cette possibilité interviendra dès lors qu’« on aura réglé les autres problèmes préalables », les « freins périphériques » au retour à l’emploi, avait-elle précisé.

Interrogée par La Tribune le 19 avril dernier, l’économiste et prix « Nobel » 2019, Esther Duflo expliquait, elle, qu’« aucune donnée ne montre que c’est une bonne idée » d’ajouter le plus de conditions possibles sur le RSA.

« Ces conditionnalités ne fonctionnent pas. Les études montrent plutôt que lorsque les gens sont suffisamment pauvres pour être éligibles à un dispositif, il faut faciliter l’accès à ce programme et les soutenir pour en sortir », indiquait-elle.

Couronnement Charles III–A quoi sert le roi du Royaume-Uni ? A rien !

Couronnement Charles III–A quoi sert le roi du Royaume-Uni ? A rien !


À quoi sert le Roi du Royaume-Uni s’interroge le « Journal du Dimanche », la réponse est pourtant claire : à rien sinon à dépenser en folklore l’argent du contribuable surtout britannique ( 100 millions pour couronnement et autant chaque année !).

On pourrait alors s’interroger sur l’engouement des Anglais et même du monde entier parfois sur cet événement. En réalité, il s’agit d’entretenir un folklore qui relève de la nostalgie du de l’ancien régime . Et de ce point de vue , avec toutes les péripéties que connaît la famille royale, il y a matière à soutenir l’intérêt de cette saga de parasites, sortes de vedettes de série de télé réalité

En démocratie ,le roi ne sert strictement à rien en Grande-Bretagne et pas davantage à l’intérieur du Commonwealth. D’ailleurs progressivement les pays suppriment cette fonction inutile.

Le roi est aussi le chef de l’Église, mais son rôle est, une nouvelle fois, très symbolique. Les archevêques et évêques sont nommés par le monarque sur recommandation du Premier ministre et d’une commission ecclésiastique. Le vrai chef spirituel de l’Église d’Angleterre est l’archevêque de Canterbury. Charles III n’est toutefois pas que roi du Royaume-Uni : il est aussi officiellement roi du Canada, d’Australie, de Nouvelle-Zélande, de Jamaïque… et de onze autres pays, qu’on appelle les royaumes du Commonwealth. Ce sont des pays tous indépendants, mais tous des royaumes, avec le même chef d’État donc. Il est donc seize fois chef d’État sur le papier mais complètement obsolète au plan démocratique et politique.

Certains rétorqueront que parfois les régimes démocratiques ne sont guère plus efficaces que sous les anciens régimes. En outre dans des pays comme en France, le système présidentiel est tellement poussé à l’extrême que le président en exercice arrive à se persuader qu’il a une légitimité quasi royale. Et de ce point de vue, Macron est sans doute l’exemple plus caricatural de ce que peut être un régime démocratique complètement tordu.
Macron a été élu en fait avec 16 % des inscrits et n’est plus soutenue que par 20 à 25 % de la population. Ce qui n’affecte en rien sa conviction qu’il dispose de la légitimité démocratique !

A quoi sert le roi du Royaume-Uni ? A rien !

A quoi sert le roi du Royaume-Uni ? A rien !


À quoi sert le Roi du Royaume-Uni s’interroge le « journal du Dimanche », la réponse est pourtant claire : à rien sinon à dépenser en folklore l’argent du contribuable surtout britannique.

On pourrait alors s’interroger sur l’engouement des Anglais et même du monde entier parfois sur cet événement. En réalité, il s’agit d’entretenir un folklore qui relève de la nostalgie du temps passé. Et de ce point de vue ,avec toutes les péripéties que connaît la famille royale, il y a matière à soutenir l’intérêt de cette saga de parasites, sortes de vedettes de série de télé réalité

En démocratie ,le roi ne sert strictement à rien en Grande-Bretagne et pas davantage à l’intérieur du Commonwealth. D’ailleurs progressivement les pays suppriment cette fonction inutile.

Le roi est aussi le chef de l’Église, mais son rôle est, une nouvelle fois, très symbolique. Les archevêques et évêques sont nommés par le monarque sur recommandation du Premier ministre et d’une commission ecclésiastique. Le vrai chef spirituel de l’Église d’Angleterre est l’archevêque de Canterbury. Charles III n’est toutefois pas que roi du Royaume-Uni : il est aussi officiellement roi du Canada, d’Australie, de Nouvelle-Zélande, de Jamaïque… et de onze autres pays, qu’on appelle les royaumes du Commonwealth. Ce sont des pays tous indépendants, mais tous des royaumes, avec le même chef d’État donc. Il est donc seize fois chef d’État sur le papier mais complètement obsolète au plan démocratique et politique.

Certains rétorqueront que parfois les régimes démocratiques ne sont guère plus efficaces que sous les anciens régimes. En outre dans des pays comme en France, le système présidentiel est tellement poussé à l’extrême que le président en exercice arrive à se persuader qu’il a une légitimité quasi royale. Et de ce point de vue, Macron est sans doute l’exemple plus caricatural de ce que peut être un régime démocratique complètement tordu.
Macron a été élu en fait avec 16 % des inscrits et n’est plus soutenue que par 20 à 25 % de la population. Ce qui n’affecte en rien sa conviction qu’il dispose de la légitimité démocratique !

ChatGPT: une IA pour quoi faire ?

ChatGPT: une IA pour quoi faire ?

ChatGPT tient le devant de la scène depuis sa sortie le 30 novembre dernier, du fait de ses fonctionnalités bluffantes, notamment pour dialoguer et répondre à des questions, même complexes, de façon naturelle et réaliste. Par Thierry Poibeau, École normale supérieure (ENS) – PSL

Alors qu’on commence à avoir un peu de recul sur cet outil, des questions se posent : quelles sont les limites actuelles et futures de ChatGPT, et quels sont les marchés potentiels pour ce type de systèmes ?

ChatGPT est souvent décrit comme un futur concurrent de Google, voire comme un « Google killer » pour sa partie moteur de recherche : même si l’outil produit parfois des réponses baroques, voire carrément fausses, il répond de manière directe et ne propose pas simplement une liste ordonnée de documents, comme le moteur de recherche de Google.

Il y a là assurément un danger potentiel sérieux pour Google, qui pourrait menacer sa position de quasi-monopole sur les moteurs de recherche. Microsoft en particulier (principal investisseur dans OpenAI, qui a par ailleurs un accès privilégié à la technologie développée) travaille à intégrer ChatGPT à son moteur de recherche Bing, dans l’espoir de reprendre l’avantage sur Google.
Il y a toutefois plusieurs incertitudes concernant une telle perspective.

Les requêtes dans les moteurs de recherche sont généralement composées de quelques mots, voire d’un seul mot, comme un événement ou un nom de personnalité. ChatGPT suscite en ce moment la curiosité d’une population technophile, mais ceci est très différent de l’usage classique, grand public, d’un moteur de recherche.

On peut aussi imaginer ChatGPT accessible à travers une interface vocale, ce qui éviterait d’avoir à taper la requête. Mais les systèmes comme Alexa d’Amazon ont eu du mal à s’imposer, et restent confinés à des usages précis et limités (demander des horaires de cinéma, la météo…). Il y a 10 ans, Alexa était vu comme l’avenir de la société de distribution américaine, mais est aujourd’hui un peu à l’abandon, parce qu’Amazon n’a jamais réussi à monétiser son outil, c’est-à-dire à le rendre économiquement profitable.
ChatGPT peut-il réussir là où Alexa a en partie échoué ?

Bien sûr, l’avenir de ChatGPT ne devrait pas se résumer à la recherche d’information. Il existe une foule d’autres situations où on a besoin de produire du texte : production de lettres types, de résumés, de textes publicitaires…

ChatGPT est aussi un bon outil d’aide à l’écriture. On voit déjà différents usages : solliciter ChatGPT pour partir de quelques paragraphes qui peuvent susciter l’inspiration et éviter la peur de la page blanche ; voir quels points l’outil met en avant sur une question particulière (pour vérifier si ça correspond à ce que l’on aurait dit nous-mêmes ou non) ; demander des suggestions de plan sur une question particulière. ChatGPT n’est pas un outil magique et ne peut pas savoir ce que l’utilisateur a en tête, donc face à la rédaction d’un document complexe, il ne peut s’agir que d’une aide.
On peut évidemment imaginer des usages plus problématiques et de nombreux articles ont déjà été publiés dans la presse concernant par exemple l’usage de ChatGPT dans l’enseignement, avec des craintes, justifiées ou non. On peut ainsi imaginer des étudiants produisant des devoirs grâce à ChatGPT, mais aussi des enseignants utilisant l’outil pour rédiger leurs appréciations, ou des chercheurs produisant des articles scientifiques semi-automatiquement. Il y a beaucoup d’articles sur les étudiants dans la presse, mais ce ne seront pas les seuls à faire un usage éventuellement problématique de ce genre de technologie.

Il y a bien sûr lieu de se poser des questions, mais la technologie est là et ne va pas disparaître. Il semble donc primordial d’en parler, et de former les élèves et les étudiants à ces outils, pour expliquer leur intérêt et leurs limites, et discuter de la place qu’ils devraient avoir dans la formation.

Enfin, à l’extrême du spectre des usages problématiques, on pensera bien évidemment à la production de fake news : de fausses informations pouvant ensuite être disséminées en quantité industrielle.
Il ne faut pas exagérer ces dangers, mais ceux-ci sont réels. Même si des détecteurs de texte produits par ChatGPT commencent à apparaître, ceux-ci seront nécessairement imparfaits, car les textes produits sont trop divers et trop réalistes pour pouvoir être reconnus à 100 % par un système… à part par la société OpenAI elle-même, évidemment !
Les limites de ChatGPT : quand l’IA « hallucine »

La masse des interactions avec ChatGPT depuis son ouverture au grand public le 30 novembre a déjà permis d’identifier certaines de ses limites.
ChatGPT fournit en général des réponses correctes, souvent bluffantes… mais si on l’interroge sur des domaines qu’il ne maîtrise pas, voire si on invente une question en apparence sérieuse mais en fait absurde (par exemple sur des faits ou des personnes qui n’existent pas), le système produit une réponse en apparence tout aussi sérieuse, mais en fait complètement absurde ou inventée.
Les exemples sur Twitter sont légion : ChatGPT propose des références scientifiques qui n’existent pas, des explications fumeuses, voire une démonstration où est postulé que -4 = -5. Ceci serait une richesse, si ChatGPT était juste un outil destiné à produire des histoires, des pastiches ou des parodies.

Mais ce que le public attend, c’est avant tout des réponses avérées à des questions réelles, ou l’absence de réponse dans le cas contraire (si le système ne peut trouver la réponse, ou si la question est absurde). C’est la principale faiblesse de l’outil, et donc probablement aussi le principal obstacle pour en faire un concurrent du moteur de recherche de Google, comme on l’a déjà vu.
Pour cette raison, une conférence comme ICML (International Conference on Machine Learning) a déjà interdit aux chercheurs de soumettre des articles produits en partie avec ChatGPT. Stackoverflow, une plate-forme d’échanges entre développeurs informatiques, a aussi interdit les réponses générées par ChatGPT, ayant peur de se retrouver submergée par un flux de réponses générées automatiquement (et en partie fausses).

Ceci est dû au fait que le système n’a pas de « modèle de monde ». Autrement dit, il ne sait pas ce qui est vrai, il peut générer des absurdités, des fausses informations, inventer des choses de toute pièce avec l’aplomb d’un menteur professionnel. C’est ce que l’on appelle les « hallucinations », comme si ChatGPT voyait alors des éléments imaginaires (en fait, on ne peut pas vraiment dire que le système ment, dans la mesure où il n’a pas de modèle de vérité).
Ceci est surtout vrai quand la question elle-même n’est pas tournée vers la réalité, auquel cas le système se met à inventer : en ce sens, GPT n’est ni un journaliste, ni un savant, mais plutôt un raconteur d’histoires.

Il y a fort à parier qu’OpenAI essaie dans de futures versions de fournir un système qui évite d’affabuler quand le contexte ne s’y prête pas, grâce à une analyse fine de la question posée, ou l’ajout de connaissances validées (comme le font déjà Amazon avec Alexa ou Google avec son knowledge graph, qui est tout simplement une base de connaissances). Google, justement, à travers sa succursale Deepmind, travaille actuellement sur un modèle similaire à ChatGPT appelé Sparrow, en essayant de renforcer la fiabilité du système. Il est par exemple question que le système fournisse une liste de sources sur laquelle il s’appuie pour fournir une réponse.
Les enjeux pour demain

L’autre limite de ce système est qu’il repose sur des données (en gros, l’ensemble des textes disponibles sur Internet) à la mi-2021 et que ses connaissances ne peuvent pas être mises à jour en direct. C’est évidemment un problème, ChatGPT ne peut pas répondre de façon pertinente à des questions sur l’actualité, alors qu’il s’agit d’un aspect particulièrement important.
La mise à jour en continu du modèle est donc logiquement un des prochains buts d’OpenAI, qui n’en fait pas mystère. Réviser un modèle, le réentraîner « à partir de zéro » (from scratch) est un processus long et coûteux, qui peut mettre en jeu des milliers de GPU ou de TPU pendant plusieurs semaines ou plusieurs mois, ce qui n’est pas en phase avec la rapidité de l’actualité. La prochaine grande innovation consistera donc en des systèmes capables de se mettre à jour de manière plus localisée en temps réel (ou quasiment), et ceci est sans doute pour bientôt.

Mais le principal enjeu est évidemment celui de l’acceptabilité. On l’a vu : le débat est déjà lancé sur l’influence d’un tel système sur l’éducation. Plus globalement, si un système tel que ChatGPT est par exemple intégré à un logiciel comme Word, se posera aussi la question de qui contrôle ce qui est produit. La voie est étroite entre des systèmes d’IA pas assez contrôlés et capables de produire des contenus racistes ou homophobes, et des systèmes trop bridés qui interdiraient de produire certains contenus.

En conclusion, et comme dit l’adage populaire : il est difficile de faire des prévisions, surtout quand elles concernent l’avenir. Il y a de nombreuses inconnues autour de technologies de type ChatGPT : les perspectives de tels outils sont assez vertigineuses, susceptibles d’avoir un impact profond sur la société, mais en même temps leur potentiel réel et commercial devra passer l’épreuve du monde réel. Ce qui est certain, c’est que les bouleversements actuels devraient inciter au développement d’instituts (au sein des universités, mais aussi à travers des fondations ou des associations capables d’atteindre le grand public) permettant une réflexion large et ouverte sur ces technologies, impliquant tous les acteurs de la société, car c’est la société tout entière qui est déjà impactée, comme en témoigne l’intérêt actuel autour de ChatGPT.
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Par Thierry Poibeau, DR CNRS, École normale supérieure (ENS) – PSL
La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Distribution- Un Conseil national du commerce pour quoi faire ?

Un Conseil national du commerce pour quoi faire ?

Olivia Grégoire, soldat perdu du parti socialiste dans le gouvernement Macron, s’efforce d’exister alors que le chef d’État a nettement opéré un virage à droite. Du coup, elle prend une initiative consistant à créer une institution supplémentaire : le Conseil national du commerce. Le tout avec des objectifs un peu surréaliste visant à supprimer les zones commerciales actuelles. Bref l’utopie socialiste coupée des réalités qui rebondit.

L’objectif est louable mais surréaliste, il s’agit est de « reconstruire un commerce qui s’intègre dans un lieu de vie, densifié et mêlé à des logements, des services et des bureaux, le tout avec des signatures architecturales et environnementales innovantes », développe la ministre chargée des PME et du Commerce. Soit l’inverse de ce qui a longtemps été fait en France. L’enjeu est fort : au-delà de l’économie, c’est la vie de la cité qui est en cause ainsi que l’image de marque du pays auprès des touristes.

Tout cela finira évidemment en eau de boudin, il s’agit d’une vision de bobos urbains qui ignorent sans doute qu’elle est la structure de l’urbanisme aujourd’hui et les réalités du secteur de la distribution.

Restera sans doute une institution supplémentaire qui sera présidée par Thierry Mandon ancien secrétaire d’État à la simplification de Hollande et qui évidemment n’a jamais rien simplifié. Avant de vouloir révolutionner les structures de distribution, on ferait mieux de soutenir les derniers petits commerces qui risquent de disparaître encore plus massivement.

En guise d’amorce, une enveloppe de 24 millions d’euros sera débloquée en 2023, avec entre 10 et 30 « démonstrateurs » à la clef. « L’État ne va pas financer seul cette transformation, mais l’impulser avec les collectivités locales et l’accélérer », veut croire Olivia Grégoire.

Un Conseil national du commerce pour quoi faire ?

Un Conseil national du commerce pour quoi faire ?

Olivia Grégoire, soldat perdu du parti socialiste dans le gouvernement Macro s’efforce d’exister alors que le chef d’État a nettement opéré un virage à droite. Du coup elle prend une initiative consistant à créer une institution supplémentaire : le conseil national du commerce. Le tout avec des objectifs un peu surréaliste visant à supprimer les zones commerciales actuelles. Bref l’utopie socialiste coupée des réalités qui rebondit.

L’objectif est louable mais surréaliste, il s’agit est de « reconstruire un commerce qui s’intègre dans un lieu de vie, densifié et mêlé à des logements, des services et des bureaux, le tout avec des signatures architecturales et environnementales innovantes », développe la ministre chargée des PME et du Commerce. Soit l’inverse de ce qui a longtemps été fait en France. L’enjeu est fort : au-delà de l’économie, c’est la vie de la cité qui est en cause ainsi que l’image de marque du pays auprès des touristes.

Tout cela finira évidemment en euu de boudin, il s’agit d’une vision de bobos urbains qui ignorent sans doute qu’elle est la structure de l’urbanisme aujourd’hui et les réalités du secteur de la distribution.

Restera sans doute une institution supplémentaire qui sera présidée par Thierry Mandon ancien secrétaire d’État à la simplification de Hollande et qui évidemment n’a jamais rien simplifié. Avant de vouloir révolutionner les structures de distribution, on ferait mieux de soutenir les derniers petits commerces qui risquent de disparaître encore plus massivement

En guise d’amorce, une enveloppe de 24 millions d’euros sera débloquée en 2023, avec entre 10 et 30 « démonstrateurs » à la clef. « L’État ne va pas financer seul cette transformation, mais l’impulser avec les collectivités locales et l’accélérer », veut croire Olivia Grégoire.

Geodis (SNCF): Une ouverture du capital, pour quoi faire ?

Geodis (SNCF): Une ouverture du capital, pour quoi faire ?

 

Dans un long entretien à La Tribune, Marie-Christine Lombard, la présidente du directoire du groupe de logistique Geodis, filiale de la SNCF, explique l’impact du ralentissement économique sur l’activité et affirme ses ambitions pour le développement du groupe au cours des prochaines années en dépit des incertitudes qui pèsent sur ce marché en pleine évolution. A l’affût de nouvelles acquisitions, Marie-Christine Lombard n’exclut pas une ouverture du capital de Geodis en cas d’opération très importante si la SNCF ne peut suivre financièrement.

  • On peut contester ouverture du capital dans la mesure où les résultats et le développement de cette  filiale de la SNCF ( avec keolis  autre filiale spécialisée dans le transport de personnes)  contribuent largement à l’équilibre des comptes du groupe SNCF. Il est clair qu’une ouverture du capital réorientera sles profits vers des actionnaires privés. On peut comprendre que la présidente du directoire  issue de la banque et de grands groupes privés veuille  peut-être s’éloigner   de la SNCF. Ne pas oublier cependant que la construction de Geodis est le fruit du dynamisme du groupe tout autant que des faibles exigences de la SNCF pendant longtemps  à l’égard des profits de sa filiale . Ce qui a permis de constituer le plus grand groupe de transports terrestres français. Une ouverture du capital serait une manière discrète de privatiser.À noter enfin que le changement capital d’une filiale incombe à la direction du groupe et non à la filiale ! NDLR

 

 

 

Interview 

L’économie mondiale ralentit et le scénario d’une récession n’est pas exclue. Observez-vous déjà ce ralentissement dans votre activité ?

MARIE-CHRISTINE LOMBARD- Au premier semestre, nous n’avons pas senti de ralentissement. Notre chiffre d’affaires et notre résultat ont fortement augmenté. Cela a été le cas également pour nos concurrents directs cotés en bourse. Pour autant, les résultats de certains d’entre eux sont un peu en trompe-l’œil puisque la croissance de leurs ventes provient uniquement d’une hausse des prix. Il faut donc davantage regarder la courbe des volumes. Et là, nous avons fait mieux que le marché global pour tous les modes de transport. En revanche, il est vrai qu’au cours de ce deuxième trimestre, nous observons un tassement des volumes dans l’aérien et le maritime sur certains axes comme l’Asie-Europe. Vu le poids de ce corridor, il y a là le signe d’un ralentissement qui s’amorce. S’il y a moins de volumes, cela signifie que les Européens, dont 80% des produits qu’ils consomment proviennent d’Asie et de Chine en particulier, ont déjà commencé à diminuer leur consommation. Certes, pour l’aérien, le phénomène est assez classique à cette période, et l’on voit généralement un redémarrage en octobre-novembre au moment des périodes de pic sur les produits high tech. En revanche, pour le maritime, ce tassement estival est inhabituel puisque cette saison correspond traditionnellement à un pic d’activité.

Êtes-vous inquiète pour les prochains mois ?

Je fais une grosse différence entre 2022 et 2023. Pour les derniers mois de l’année 2022, il n’y aura pas d’effondrement du marché d’une manière générale, sauf évènement externe grave évidemment. En revanche, pour 2023, nous sommes dans l’inconnu. La dépense logistique pour les biens consommés représente un marché énorme de 5.600 milliards d’euros, dont un peu moins de la moitié, 2.600 milliards d’euros, est externalisé vers des sociétés de logistique. Pour des opérateurs globaux et diversifiés comme Geodis, même si le marché global de la dépense logistique devait se contracter, la partie externalisée à des logisticiens devrait résister car les entreprises cherchent des solutions pour optimiser leur chaîne d’approvisionnement, qui passent par un recours à des experts. Si le PIB mondial se grippe, le marché du fret et de la logistique se contractera. La corrélation de notre activité au PIB est très forte, la croissance du transport et de la logistique est généralement plus élevée que celle de l’économie quand elle est en croissance. Au cours des dix dernières années par exemple, le marché a cru à un rythme plus rapide que celui du PIB.

« La Provence » : encore un journal racheté par un industriel, pour quoi faire ?

« La Provence » : encore un journal racheté par un industriel, pour quoi faire ?

 

 

CMA CGM s’empare de La Provence après un accord avec Xavier Niel; La grande presse est déjà détenue à 80 % par des financiers et des industriels. De quoi s’interroger sur le fonctionnement de la démocratie en France dans la mesure où les lignes éditoriales sont forcément influencées par les intérêts des propriétaires de journaux. Cette fois ,c’est la Provence, ancien journal de Tapie qui passe dans les mains de l’armateur CMA–CGM.

L’armateur basé à Marseille CMA-CGM va pouvoir racheter 100% du groupe de presse régionale La Provence. Après des mois de conflit judiciaire avec son concurrent au rachat, Xavier Niel, le géant des mers s’est accordé avec l’entrepreneur qui lui vend ses 11% du capital de La Provence. Agacée jusqu’ici par l’entêtement judiciaire de Xavier Niel, La Provence a immédiatement partagé son « soulagement ».

 

C’est la fin d’un feuilleton qui aura tenu en haleine les Marseillais et les Provençaux pendant un an. CMA CGM s’est officiellement mis d’accord ce mardi avec NJJ, la holding du fondateur de Free Xavier Niel. L’armateur lui rachète ses 11% de parts dans le groupe de presse La Provence, qui possède d’autres titres que le quotidien marseillais notamment Corse-Matin. Cela ouvre la porte à un rachat définitif et total de La Provence par CMA CGM qui en deviendrait l’unique propriétaire.

L’offre du géant mondial du transport maritime, également basé à Marseille, est désormais seule en lice pour reprendre les 89% à vendre de La Provence, jusqu’ici propriété de Groupe Bernard Tapie (GBT), holding en liquidation de l’ancien patron et président de l’Olympique de Marseille mort en octobre dernier.

Peu de monde s’étonne de cette mainmise de la finance sur les grands médias et pour cause on voit mal ces médias appartenant à des financiers critiquer le processus d’appropriation de la démocratie par des intérêts économiques.Quand on voit ce que Bolloré par exemple fait des  médias acquis, il y a de sérieuses raisons de s’interroger sur l’objectivité de la presse

EDF étatisée : pour quoi faire ?

EDF étatisée : pour quoi faire ?

Largement mis à contribution pour contenir la hausse des prix de l’énergie via, notamment, le « bouclier tarifaire », EDF a riposté, mardi, en exigeant de l’Etat une indemnisation de plus de huit milliards d’euros. Un recours qui intervient alors que le gouvernement prévoit de nationaliser l’électricien à la rentrée et qui pose la question du rôle d’EDF. Explications de Phuc-Vinh Nguyen, chercheur spécialiste des politiques de l’énergie européenne et française au sein du centre énergie de l’Institut Jacques Delors. ( la Tribune)

 

La tension monte entre l’Etat et EDF. Ce dernier a annoncé, mardi, avoir déposé un recours auprès du Conseil d’Etat réclamant à l’Etat une indemnisation de 8,34 milliards d’euros. L’électricien entend ainsi obtenir réparation des pertes causées par le « bouclier tarifaire » imposé par l’Etat. Destiné à contenir la hausse des tarifs réglementés de l’électricité à 4% en 2022, ce dispositif l’a contraint à augmenter de 20% le quota annuel d’électricité vendu à prix réduit à ses concurrents, à 120 TWh (contre 100 TWh auparavant) selon le principe de « l’accès régulé à l’électricité nucléaire historique » (Arenh). Ce dernier impose à EDF de vendre son énergie à un prix très avantageux à ses concurrents, en comparaison aux prix actuels du marché, pour favoriser la diversité des offres et permettre au consommateur de bénéficier de tarifs attractifs.

Un conflit qui intervient alors que l’Etat a annoncé, début juillet, la nationalisation d’EDF d’ici le mois de septembre. Au-delà d’acquérir les 16% restant du capital de l’électricien — l’Etat en possède déjà 84% –, cette opération pose de nombreuses questions à commencer par celle du rôle d’EDF et de celui que l’Etat veut lui donner, comme l’explique Phuc-Vinh Nguyen, chercheur sur les politiques de l’énergie européenne et française au sein du centre énergie de l’Institut Jacques Delors à la Tribune.

Pourquoi le bouclier tarifaire est-il au centre des griefs d’EDF contre l’Etat ?

EDF est dans une situation difficile pour deux raisons. D’une part, à cause de la faiblesse de la production de son parc nucléaire qui va lui causer un important manque à gagner. En effet, traditionnellement, la France exporte de l’électricité l’été. Or, cette année, nous allons devoir en importer. Et la faiblesse du parc nucléaire va aussi se ressentir cet hiver. Il y a également cette question du « bouclier tarifaire » qui est financé en partie par EDF dans le cadre de l’Arenh.

Ce recours lancé par EDF, qui se retrouve donc mis à contribution, peut donc aussi être vu comme un moyen de contester cette mesure. En effet, le fait qu’il finance le bouclier tarifaire peut poser question, car EDF n’a pas forcément vocation à protéger le consommateur d’une éventuelle hausse du prix de l’énergie. C’est plutôt au gouvernement d’instaurer des mesures pour épauler le consommateur. Le dispositif en vigueur actuellement a été mis en place dans l’urgence, permettant à l’exécutif de réagir vite. Mais il ne doit pas avoir vocation à être pérennisé.

D’autant que si l’Arenh est négocié au niveau européen, l’Etat a accepté son instauration en France en échange d’autres concessions sur le sujet. Il y a une dissonance à clarifier à propos de l’image et du rôle qu’EDF doit jouer et celui que le gouvernement entend lui faire jouer. La nationalisation d’EDF peut, peut-être, éclaircir cette situation.

Que va changer la nationalisation d’EDF ?

L’Etat détient déjà 84% du capital d’EDF donc concrètement, le fait qu’il monte à 100% ne changera pas grand-chose. C’est, en quelque sorte, le premier étage d’une fusée qui va permettre une réforme de grande ampleur d’EDF. Bien que le gouvernement justifie cette nationalisation comme essentielle à sa nouvelle politique énergétique, c’est surtout une clarification du rôle d’EDF dans cette nouvelle politique. Cela a donc davantage une portée symbolique, ne serait-ce que pour le signal qui est envoyé à l’opinion publique. Quand vous voulez reprendre en main la politique énergétique du pays c’est mieux, en terme d’affichage, de détenir à 100% EDF.

Quels enjeux posent cette nationalisation ?

S’il a déjà été annoncé que le gouvernement va lancer d’ici début septembre une offre publique d’achat (OPA) à 9,7 milliards d’euros, on en sait encore peu sur le calendrier de reprise et il y a plusieurs questions auxquelles il est nécessaire de répondre dans un court laps de temps. C’est notamment le cas pour le mécanisme de l’Arenh qui arrive à expiration à la fin de l’année 2025. Il est donc nécessaire de se mettre d’accord sur ce sujet avec la Commission européenne et d’obtenir un accord, au moins dans les grandes lignes, avant les prochaines élections européennes qui sont en 2024. Car les acteurs clé de ce dossier sont non seulement Emmanuel Macron et le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, mais aussi la commissaire européenne à la Concurrence Margreth Vestager. Or, il n’est pas sûr qu’elle occupe encore ce poste à l’issue des élections.

Un autre sujet risque de soulever des tensions : celui de la réforme Hercule (ce projet prévoit de scinder EDF en trois entités : une entreprise publique pour les centrales nucléaires, une autre cotée en Bourse pour la distribution d’électricité et les énergies renouvelables, et une troisième consacrées aux barrages hydroélectriques, ndrl). Lorsqu’il avait été débattu en 2019, le sujet avait suscité de vives tensions chez les syndicats qui craignaient un démantèlement impliquant une forme de privatisation. Or, la question du projet Hercule pourrait bien revenir sur la table. Il va donc falloir que l’Etat clarifie la direction dans laquelle il souhaite aller.

Enfin, il va surtout falloir apporter des gages de la faisabilité technique de la politique énergétique voulue par l’Etat en nationalisant EDF et cela demeure une grande inconnue. L’Etat va mettre la main au portefeuille, mais EDF sera-t-il capable de délivrer les commandes d’EPR ? Le groupe a-t-il la main d’oeuvre et l’expertise nécessaire? Ce qui ne semble pas évident pour l’instant. Des réponses sont aussi attendues concernant la succession de son PDG, Jean-Bernard Lévy. Les défis à venir pour EDF sont considérables et il faut trouver une personne qui soit familière aux enjeux de l’énergie. Trouver le candidat idéal n’est pas une mince affaire, surtout en peu en si peu de temps, tant toutes ces questions nécessitent des réponses rapidement.

Proposition de vote des étrangers : pour quoi faire ?

Proposition de vote des étrangers : pour quoi faire ?

 

Droit de vote des étrangers : Darmanin «fermement opposé» à la mesure défendue par Houlié (LREM)

 

 

Inquiet sans doute de la dérive droitière de la majorité le député LREM de la Vienne, Sacha Houlié souhaite imposer un marqueur de gauche avec la proposition d’autoriser le vote des étrangers aux élections locales. Selon l’exposé des motifs, le texte vise à «accorder le droit de vote et d’éligibilité aux élections municipales aux étrangers non ressortissants de l’Union européenne résidant en France». «Je présenterai cette proposition au groupe (Renaissance) à la rentrée dans la perspective qu’il la reprenne», appuie l’élu dans La Croix .

C’est typiquement une mesure d’affichage de gauche surtout pour un député de Poitiers qui n’est pas une ville vraiment concernée en premier par les vagues migratoires. La question qui se pose est de savoir pour quoi faire ?

Ce n’est sans doute pas la priorité des immigrés eux-mêmes qui dans leur grande masse souhaitent surtout une régularisation de leur papier et un logement accessible.

Problème, la mesure défendue par Sacha Houlié ne trouve guère de résonance au sommet de l’État. Pire, elle se heurte à une fin de non-recevoir directement adressée par Beauvau. Selon nos informations, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a en effet indiqué à l’intéressé qu’il était «fermement opposé» à son projet. Une position sans ambiguïté, qui rejoint d’ailleurs celle du président de la République : Emmanuel Macron ne s’est jamais déclaré favorable, lui non plus, à une telle solution.

De son côté, la présidente du groupe macroniste à l’Assemblée nationale, Aurore Bergé, indique au Figaro vouloir la création d’un «groupe de travail sur les questions d’immigration pour travailler (ce sujet) ensemble, dans toutes ses composantes», afin d’allier «humanisme et efficacité»

Macron et Poutine : 50 heures de bavardage pour quoi faire ?

Macron et Poutine : 50 heures de bavardage pour quoi faire ?

 

La presse a révélé une grande partie des conversations entre Macron et Poutine concernant la situation en Ukraine. Une discussion qui a tourné en permanence avec la réinterprétation de l’histoire par Poutine qui n’a cessé de justifier son opération dite spéciale par référence à la nécessité de rétablir la Grande Russie historique  humiliée par l’Occident après la perte  d’une partie de son territoire. De son côté,  Macron a passé son temps à essayer de convaincre Poutine d’engager des négociations d’abord pour éviter la guerre ensuite pour la contrôler puis pour y  mettre fin.
En vérité un véritable dialogue de sourds pour deux raisons;  Poutine n’a pas de considération particulière vis-à-vis de Macron qu’il considère comme un second couteau. D’une manière générale même,  il méprise tout ce qui est Occident, démocratie et leurs leaders. Encore davantage quand il s’agit d’un personnage qui joue la mouche du coche.

En effet Macron est sans doute moins préoccupé de la situation de l’Ukraine que de son propre rôle dans l’histoire. Il a cherché en vain à incarner le leader occidental capable de négocier la paix avec Poutine.

Mais les discussions ont montré que Poutine avait toujours pris ses décisions sans tenir le moindre compte des contacts qu’il pouvait avoir avec Macron. Pire,  il n’a cessé de mentir sur ses intentions. La multiplication de ces conversations entre Macron et Poutine ont surtout permis au dictateur russe d’entretenir un pseudo vernis diplomatique.

Pour parler vulgairement Macron en permanence s’est fait rouler dans la farine. Maintenant il a changé complètement son fusil d’épaule pour tenter de ce réconcilier avec le président de l’Ukraine qui a fortement critiqué les initiatives de la France. En fait, ce en même temps de Macron sur le plan diplomatique a largement discrédité le rôle de conciliateur qu’il entendait jouer.

Comme en politique intérieure, Macron ne doute nullement de ses très hautes compétences malheureusement les réalités le ramènent à ses capacités réelles. En politique intérieure, comme politique internationale, le bilan de Macron est catastrophique.

En cause , le fait de son inexpérience totale car parvenue au haut niveau de la magistrature suprême sans aucune expérience politique et un âge qui le prive de la maturité nécessaire pour gérer de tels enjeux.

La France a élu un président immature. Un président largement aidé et promu par les milieux financiers qui certes bénéficie d’une légitimité démocratique mais dont la légitimité politique est contestée par 60 à 70 % des Français. Macron finira aussi détesté que Louis XV et pour des raisons assez identiques  son ignorance et son mépris finalement des réalités du peuple. Macron est passé comme Louis XV du statut de bien-aimé au début à celui de mal-aimé. 

L’OMC, pour quoi faire face aux crises ?

L’OMC, pour quoi faire face aux crises ? 

 

 

L’Organisation mondiale du commerce, réunie du 12 au 17 juin, paralysée par le retour des souverainetés économiques, tente de trouver une nouvelle légitimité dans la résolution des crises sanitaire, alimentaire et environnementale, observe Julien Bouissou, dans Le Monde.

 

Une tribune pas vraiment convaincante à propos d’une mutation de l’organisation mondiale du commerce d’une part devant l’ampleur des crises , d’autre part devant la multiplication des accords commerciaux entre pays ou groupe de pays .Par ailleurs voit mal l’OMC, championne de la mondialisation neo-libérale, passer à un rôle de régulateur prenant en compte la transition énergétique et la régulation des ressources alimentaires. NDLR

 

L’Organisation mondiale du commerce (OMC) se cherche une nouvelle identité qui ne se résume pas à éliminer les barrières douanières ou à régler les litiges commerciaux entre pays. La douzième conférence ministérielle, qui s’est achevée à Genève vendredi 17 juin, a été l’occasion pour l’OMC de conclure quelques accords dans les domaines de la pêche ou des brevets. Mais cette réunion a surtout été le moment de se montrer indispensable dans la résolution des crises qui secouent la planète, de la protection de la biodiversité à la sécurité alimentaire.

Dans son long discours de clôture, la directrice générale de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala, n’a pas prononcé une seule fois les mots « droits de douane », n’a rien dit sur les perturbations des chaînes d’approvisionnement ou sur la flambée des prix du transport maritime. En revanche, elle a assuré que l’OMC pouvait traiter des questions relatives aux « biens communs », avant de se féliciter d’avoir signé « un accord axé sur la durabilité environnementale », puis de conclure que le commerce « faisait partie de la solution de notre temps ».

De fait, la réponse à la crise alimentaire se trouve en partie dans le commerce, en maintenant par exemple l’approvisionnement en blé dans les pays importateurs, malgré la guerre en Ukraine et le blocus de la mer Noire, ou en dissuadant les Etats d’imposer des restrictions à leurs exportations. Grâce à un accord qui vient d’être signé à Genève, le Programme alimentaire mondial (PAM) sera exonéré de ces restrictions et pourra acheter des matières premières agricoles dans tous les pays.

Si, comme le redoutent les experts, les pandémies mondiales seront plus fréquentes, l’OMC a aussi un rôle à jouer dans la facilitation des échanges de matériel médical. L’institution de Genève a négocié un accord, certes fragile et limité, mais qui pourrait servir de modèle lors des prochaines pandémies. Il autorise des pays en développement à fabriquer des vaccins contre le Covid-19, sans l’autorisation des titulaires des brevets, et pour une période limitée de cinq ans.

Enfin, l’OMC a voulu montrer qu’elle pouvait participer à la protection de la biodiversité en éliminant les subventions destinées aux pêcheurs qui surexploitent certaines populations de poissons. L’accord trouvé à Genève se limite toutefois aux espèces déjà menacées.

Le nouveau contexte international oblige l’OMC à changer de raison d’être. Depuis sa création, en janvier 1995, les échanges commerciaux ont doublé de volume et les tarifs douaniers ont baissé en moyenne de 9 %. Cette période d’hypermondialisation, qui a duré jusqu’à la crise financière de 2008 et 2009, s’est traduite par une hausse des échanges, mais aussi par de nombreuses délocalisations et des destructions d’emplois dans les pays riches. Les entreprises multinationales ont tiré avantage d’une main-d’œuvre à bas coût des pays en développement, en tissant des chaînes de valeur complexes – et fragiles – à travers le monde.

Europe -Une Communauté politique pour quoi faire ?

Europe -Une Communauté politique  pour quoi faire ? 

Alors que la désaffection à l’égard du projet de construction européenne va croissant, Emmanuel Macron propose de renforcer la dimension politique de l’Europe. Par Florent Parmentier et Florent Marciacq.

 

La question se pose cependant de savoir si la priorité est de renforcer la coopération avec quelques pays moteur au lieu d’étendre  indéfiniment le champ géographique de pays qui n’ont pas grand-chose à voir ensemble. En tout cas la proposition de Macron n’a guère été accueillie avec enthousiasme . Une nouvelle institution qui ressemble fortement à une salle d’attente pour que les candidats à l’union européenne prennent leur mal en patience! NDLR

 

À Strasbourg, Emmanuel Macron a proposé aux « nations européennes démocratiques adhérant à notre socle de valeurs » de « trouver un nouvel espace de coopération politique, de sécurité, de coopération », le 9 mai 2022.

La guerre à laquelle nous assistons en Ukraine impose de nouvelles réalités géopolitiques au continent et bouscule les Européens dans leurs certitudes. Elle affecte leur rapport à la sécurité, à leurs voisinages et met l’UE au défi de redéfinir les tenants de la construction européenne. La question ukrainienne – jadis chasse gardée d’États membres frontaliers aujourd’hui exposés à un flux massif de réfugiés - est devenue à proprement parler un enjeu politique pour l’ensemble du continent. Au-delà de l’aide humanitaire, financière et militaire qu’il conviendra de fournir à Kiev pour de nombreuses années, c’est avant tout par une initiative politique que les Européens doivent se réinscrire dans leur histoire et leur géographie et, ainsi, répondre aux défis de notre époque, tant à l’est de l’Union que dans les Balkans occidentaux.

La « communauté politique européenne », proposée par Emmanuel Macron ce 9 mai à Strasbourg vise à relever ce défi. François Mitterrand aimait à dire que la géopolitique de l’Europe a besoin d’une théorie des ensembles. Cette communauté politique européenne peut-elle dès lors connaître un autre sort que la Confédération européenne imaginée et portée par le président français entre 1989 et 1991 ? Sans doute, à condition de dépasser le projet d’origine, de l’adapter aux nouvelles réalités des années 2020, et d’en faire la tête de pont politique du projet européen, pour qu’en son sein grandisse une nouvelle génération de citoyens partageant une seule et même culture démocratique.

Dans les semaines qui viennent, l’enjeu, en somme, sera de dessiner les contours d’une Confédération des citoyennes et des citoyens européens qui contribue à la fois à l’approfondissement et à l’élargissement de la construction européenne, et à la constitution d’un nouvel ordre politique européen compatible avec les acquis de l’Union.

De la confédération européenne à la communauté politique européenne

Les périodes de changements profonds de l’ordre européen sont favorables à l’émergence de nouvelles idées. Celle de Confédération européenne a pris naissance en 1989 dans le contexte d’une Europe encore divisée, d’un approfondissement fort de la construction européenne et de vives préoccupations à l’est.

Pour prometteur qu’il fût, le projet s’est vite heurté à plusieurs craintes, notamment celle de n’offrir aux pays de l’Est qu’une perspective d’Europe à deux vitesses, ou d’une alternative au rabais à l’adhésion à la Communauté européenne.

Et, de fait, la Confédération européenne n’était-elle pas pour une Europe de l’Ouest parfois frileuse, en particulier la France « gardienne du temple », le moyen de reléguer durablement l’Europe centrale et orientale en dehors d’une Europe soucieuse de sa consolidation ? Dans cette perspective, la proposition d’Emmanuel Macron ne revient-elle pas à écarter dans les faits l’adhésion rapide de l’Ukraine à l’UE, et ce faisant, ne crée-t-elle pas une nouvelle antichambre dans laquelle les pays de l’Est (Ukraine, Géorgie, Moldavie) et ceux des Balkans occidentaux (Albanie, Bosnie-Herzégovine, Kosovo, Macédoine du Nord, Monténégro, Serbie) seront invités à patienter de nombreuses années encore ?

L’élargissement de l’Union européenne

Pour tous ces États, l’adhésion pleine et entière à l’UE reste un objectif important, mais à moins de réviser les critères de Copenhague, elle ne peut constituer qu’un objectif à long terme, incertain, que les États membres eux-mêmes n’hésitent pas à rendre plus difficilement atteignable. Les pays des Balkans occidentaux en font les frais depuis deux décennies, sans que leurs perspectives d’adhésion à l’UE ne se précisent.

L’un d’eux, la Macédoine du Nord, a même accepté de changer de nom afin de lever le véto brandi par la Grèce au sein du Conseil, avant de se voir injustement bloqué par la Bulgarie.

Le dogme de Copenhague et la logique intergouvernementale qui prévaut depuis le traité de Lisbonne rendent tout raccourci vers l’adhésion tout à fait illusoire. En principe fondée sur le mérite, la politique d’élargissement, aujourd’hui, nourrit avant toute chose d’immenses frustrations dans les Balkans occidentaux. Son expansion dans les mêmes termes aux pays d’Europe orientale ne palliera pas le manque de crédibilité de l’UE, qui fait le jeu de puissances rivales (Russie, Chine, Turquie). Bien au contraire, elle risque d’approfondir les vulnérabilités communes.

 

Mais des solutions existent, car l’Europe se construit de plus en plus au travers d’une intégration différenciée. Force est de constater qu’aujourd’hui, certains pays se sont déjà placés dans cette position de moindre intégration – en n’appartenant pas à la zone euro, à Schengen ou à l’Europe de la défense. D’autres participent à ces politiques sans pour autant bénéficier du statut d’État membre. Si elle soulève des questions tout à fait légitimes en termes de cohérence, l’intégration différenciée offre des marges de manœuvre permettant d’élargir la construction européenne tout en contribuant à son approfondissement. L’Europe en 2022 doit être pensée à l’aune de cette logique d’approfondissement différenciée.

C’est ici que les réflexions d’Enrico Letta, qui reprend à son compte le concept mitterrandien de confédération européenne, prennent tout leur sens. Il s’agit pour lui, comme pour Emmanuel Macron, de penser l’avenir de l’Europe au travers d’une théorie des ensembles et de projets concrets, qui ne remplacent pas le processus formel d’adhésion à l’UE, mais qui le complètent, le renforcent. On peut en critiquer les modalités, mais le propre des bons projets est de répondre à une grande question, en l’occurrence, comme le rappelle le président français : « Comment organiser l’Europe d’un point de vue politique et plus large que l’UE ? »

Une adhésion immédiate étant illusoire, comment reconnaître dès aujourd’hui l’appartenance des citoyens d’Ukraine et des autres pays d’Europe orientale et balkanique à une famille européenne partageant un même un projet politique ? Comment répondre à leurs aspirations de citoyenneté et de démocratie européenne ? Et comment le faire tout en préservant l’unité de notre continent et la solidité de l’Union ?

Au cours de ces vingt dernières années, l’Union s’est considérablement approfondie et, malgré les crises, s’est élargie successivement en 2004, puis 2007 et enfin 2013. Mais cet approfondissement n’a pas été uniforme. Il a sans conteste contribué à la consolidation de l’Europe des marchés, avec des mesures d’intégration de plus en plus poussées, et de celle de l’Europe des techniciens, élargissant toujours plus le champ de l’acquis communautaire.

Cet accent mis sur l’approfondissement de ces deux Europes, et la confiance portée à la logique fonctionnaliste, a longtemps négligé la vocation politique de la construction européenne. La réaction d’une partie des peuples européens, tout à fait prévisible à la lecture de John Dewey ou Jürgen Habermas, s’est dès lors portée vers une désaffection grandissante à l’encontre du projet de construction européenne.

Elle s’est aussi traduite par une montée des populismes, une contestation du rôle des experts, une résurgence des nationalismes et plus généralement une crise de nos démocraties. Cet effort d’intégration dans les domaines des marchés et du droit a beaucoup apporté à l’Europe, mais le réel approfondissement, aujourd’hui plus qu’en 1989, réside en ces logiques d’intégration visant à doter l’Europe d’une âme politique et les Européens d’une conscience active de leur citoyenneté européenne.

 

Le premier dilemme auquel l’Europe fait face est donc celui d’un rééquilibrage de ses approfondissements, pour qu’à terme émerge un ordre politique proprement européen, animé par une conception supranationale de la démocratie européenne et habité par des citoyens européens se percevant avant tout comme Européens.

Ce nouvel ordre politique d’une Europe des citoyennes et des citoyens reste à bâtir. Mais il transcende le dilemme qui suggère qu’un nouvel élargissement de l’UE mettrait en péril son approfondissement. Ces vingt dernières années, l’UE a presque doublé le nombre de ses États membres – et perdu l’un d’entre eux, avec le Brexit en 2020. Malgré des fragilités, l’UE fait aujourd’hui face à des crises historiques. Ses précédents élargissements ne se révèlent en aucune manière comme des faiblesses, bien au contraire. Et pourtant, ce dilemme reste un frein puissant à l’élargissement, puisque l’adhésion de nouveaux États membres soulève des questions quant à la constitution d’une Europe politique. Mais comment celle-ci peut-elle donc voir le jour, si ce qui prime en matière d’intégration européenne à la fois entre les États membres et avec les pays d’Europe orientale et balkanique reste les logiques d’intégration par le marché et le droit ? Avec la Communauté politique européenne, l’enjeu est de sortir l’UE et ses voisinages de l’ornière dans laquelle ils se trouvent.

La guerre en Ukraine est un moment charnière mettant au défi l’UE dans sa capacité à se réinventer. Il ne s’agit plus seulement de faire preuve de résilience. Si l’UE peut être tentée de privilégier le temps long, elle doit également donner à court terme des impulsions stratégiques. Ce dilemme portant sur le temps est essentiel, compte tenu de l’érosion dramatique de la crédibilité de l’UE en matière de politique d’élargissement dans les Balkans occidentaux.

C’est en gardant ces dilemmes en tête que l’idée mitterrandienne de Confédération européenne peut aujourd’hui servir de source d’inspiration : quelle forme cette nouvelle Confédération – ouverte aux pays non membres de l’UE – pourrait-elle prendre pour répondre aux défis historiques se posant en Europe ?

Avant toute chose, il importe de concevoir cette Confédération comme une contribution à l’approfondissement de la construction européenne dans un domaine essentiel auquel l’UE peine à œuvrer : la constitution d’un dèmos européen. La Confédération européenne doit en quelque sorte servir de berceau pour une nouvelle génération de citoyens européens, qu’il conviendra d’éduquer en tant que tel, au travers de projets concrets. Dans les écoles des États membres de la Confédération, l’enseignement de la citoyenneté démocratique, de l’histoire, de la culture, de l’éthique et des langues européennes devra faire partie intégrante du programme éducatif national. La Confédération aura pour mission d’éveiller la conscience politique des jeunes Européens et de favoriser l’émergence d’une culture démocratique européenne. Elle touchera donc à des prérogatives que se réservent les États membres de l’UE, mais pourra pour cela s’appuyer sur des bases posées par le Conseil de l’Europe.

Pour bâtir cette nouvelle génération d’Européens, la Confédération pourra appuyer son programme politique sur la mobilité, surtout à un âge où se forment les identités des jeunes citoyens (dès 12 ans). Des programmes d’échanges confédéraux pourraient permettre aux adolescents de faire l’expérience de la mobilité européenne, de nouer des amitiés dans les autres pays et de concevoir leur engagement citoyen à l’échelle du continent. Ces programmes existent aujourd’hui sous formes volontaristes ou bilatérales (l’Office franco-allemand pour la Jeunesse par exemple), alors qu’ils devraient servir de levier d’Archimède pour l’émergence d’une Génération E (européenne) de citoyens. Les Balkans occidentaux disposent d’un modèle en la matière, le Regional Youth Cooperation Office, que la Confédération pourrait étendre à l’ensemble de ses membres. La mobilité des écoliers en Europe devrait être la norme et non l’exception. De même, l’instauration d’un service civique ou militaire européen permettrait de renforcer encore la mobilité des jeunes et de faire émerger un sentiment de loyauté nécessaire à l’heure des débats sur l’autonomie stratégique.

La constitution d’une telle Confédération, mettant la citoyenneté européenne au cœur du projet, ne saurait être portée par les seules élites. Il importe au contraire de la concevoir comme un exercice de démocratie participative, préparant les futures générations d’Européens à leur rôle de citoyen. D’ici là, les peuples européens pourraient être amenés à se prononcer régulièrement sur le maintien ou non de leur pays dans la Confédération, en même temps que se tiennent les élections générales dans leur pays. Les partis politiques dans les États européens ne pourront ainsi pas faire l’impasse sur ces questions fondamentales liées à la jeunesse, la citoyenneté, la démocratie et le fédéralisme européen.

Tous les pays européens devraient être appelés à rejoindre cette Confédération – les pays d’Europe orientale ou balkanique au même titre que les États membres de l’UE – dès lors que sont garantis le pluralisme des partis, des élections libres, un système représentatif et une liberté d’information. Tous ne choisiront probablement pas de le faire, car au-delà de la question des standards politiques conditionnant cette adhésion, c’est surtout le partage d’une vision fédéraliste européenne qui primera dans la décision d’adhérer. Et c’est donc vers les pays dont la marche vers la démocratie est évidente que la Confédération devra aussi se tourner. L’UE, elle, continuera son travail d’intégration par le marché et par le droit. En s’élargissant aux pays d’Europe orientale et balkanique qui le souhaitent, la construction européenne, par le biais de cette Confédération, donnera un statut à ces pays pour le moment exclus de l’UE, et surtout un cadre commun dans lequel bâtir, ensemble, l’Europe et la démocratie de demain. La Confédération sera une source de fierté, un engagement générationnel, et non pas une nouvelle politique sectorielle de l’UE.

Les prochains mois seront déterminants pour la construction européenne. Il conviendra de poursuivre les réformes engagées au sein de l’UE et qui portent tant sur son fonctionnement que sur sa politique d’adhésion. Mais ces processus prendront du temps, alors même que le monde change à vive allure. La constitution d’une Confédération des Européennes et des Européens permettrait alors une quadrature du cercle historique. Approfondir le projet européen en le dotant d’une véritable âme politique, tout en l’élargissant aux peuples partageant ces idéaux ; agir aujourd’hui en mettant en œuvre des projets concrets et audacieux, tout en façonnant les forces démocratiques qui demain mèneront la Grande Europe à son accomplissement ; et, enfin, donner un nouveau souffle à l’Europe tout en préservant l’UE et ses logiques d’intégration.

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Par Florent Parmentier, Secrétaire général du CEVIPOF. Enseignant à Sciences Po. Chercheur-associé au Centre HEC Paris de Géopolitique, Sciences Po et Florent Marciacq, Secrétaire général adjoint au Centre franco-autrichien pour le rapprochement en Europe, directeur de l’Observatoire des Balkans à la Fondation Jean Jaurès, chercheur au Centre international de formation européenne, Centre international de formation européenne.

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

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