Archive pour le Tag 'quid'

Quid du cloud souverain ?

 

Par Arno Pons, délégué général du think-tank Digital New Deal (*) ( dans la Tribune, extrait)

 

Les annonces gouvernementales en début d’année sur le « Cloud souverain » semblaient pourtant frappées du bon sens, et ont été d’ailleurs globalement bien accueillies. À un détail près peut-être, mais pas des moindres : la question des licences aux GAFAM. Beaucoup en effet considèrent que c’était ouvrir la porte en grand aux Big techs dont ils étaient supposés nous protéger. Les fervents défenseurs de notre indépendance technologique, économique et géopolitique, dont notre think-tank Digital New Deal fait partie, sont en droit de s’interroger. Pour y répondre, posons-nous les bonnes questions, et tentons d’y répondre le plus franchement possible :

  • Pouvons-nous attendre d’accélérer sur le Cloud pour construire l’Europe du numérique ? La réponse est clairement NON. Pas de marché unique de la data, et donc d’IA, sans Cloud.
  • Notre objectif est-il de numériser l’Europe via la technologie ou d’européaniser le numérique via nos valeurs ? OUI aux deux. A l’instar du RGPD, l’ambition est de sécuriser notre propre marché mais aussi d’imposer nos standards aux grands ensembles géopolitiques, qu’ils soient publics ou privés.
  • Notre écosystème est-il suffisamment fort pour imaginer être au niveau des hyperscalers ? Nous pouvons répondre un grand OUI. Grâce aux offres ultra compétitives des OVH, Orange, Scaleway, Docaposte, Outscale, et le dynamisme de la FrenchTech, nous pouvons et devons viser la création d’une offre alternative aux Américains et aux Chinois.
  • Notre offre est-elle aujourd’hui au même niveau que les GAFAM pour couvrir les demandes des grands groupes présents à l’international ? La réponse à date est NON. Il ne faut pas se raconter d’histoires, notre dépendance est telle aujourd’hui que se couper d’eux du jour au lendemain serait fatal. On ne se met pas soi-même sous embargo. Un Renault ou un L’Oréal ont encore besoin de ces solutions en Asie, en Amérique, pour couvrir les besoins internationaux et pour respecter la souveraineté de ces pays…

La question est donc : comment pouvons-nous atteindre ce niveau ?
Tout d’abord en structurant une offre à la bonne échelle, c’est-à-dire européenne. GAIA-X est là précisément pour pousser le marché à se structurer en faisant le pari de la coopération.
Ensuite en facilitant le multi-cloud. En utilisant les capacités techniques des acteurs dominants à des fins de transferts de technologie vers des solutions européennes, le multi-cloud est de fait la seule opportunité commerciale concrète pour pénétrer le marché et ensuite y faire sa place. Les licences américaines — à l’instar d’un Microsoft territorialisé pour Bleu — sont donc un choix pragmatique pour accompagner cette nécessaire transition pour nos acteurs et espérer gagner des parts de marché.

C’est une vision assez Gaullienne finalement, selon laquelle l’alliance n’empêche pas l’autonomie. En matière technologique comme en matière militaire, nous devons viser la souveraineté politique tout en s’inscrivant dans une logique de coopération opérationnelle. La France doit porter ce combat pour l’Europe, elle qui défend le principe d’autonomie stratégique depuis des décennies face à ses amis allemands qui jusqu’ici se contentaient très bien de la protection américaine. Mais la décennie précédente a été jalonnée d’événements (Snowden, Cloud Act,…), qui par accumulation, ont jeté la lumière sur un impensé européen, recouvrant une dépendance généralisée non seulement aux géants du numérique, mais aussi au droit des puissances étrangères, fussent-elles alliées.

 

 

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(*) Arno Pons, délégué général du think-tank Digital New Deal, co-auteur du livre blanc  »Cloud de confiance, un enjeu d’autonomie stratégique pour l’Europe »

Fusion PSA – Fiat : quid de l’avenir de la production en France ?

Fusion PSA – Fiat : quid de l’avenir de la production en France ?

Dans une tribune au « Monde » l’économiste Pierre-André Buigues s’inquiète de la future production après la fusion Fiat- PSA ( on pourrait en dire autant de l’Italie)

Tribune.

 

« Après l’annonce de la fusion de PSA et Fiat, les commentaires de la presse sont unanimement élogieux. Tout d’abord, cette fusion à 50/50 donnera naissance au numéro 4 mondial du secteur automobile et permettra au nouveau groupe d’atteindre la taille critique. Le nouveau groupe devrait dégager alors des synergies estimées à 3,7 milliards d’euros. Puis, les usines des deux groupes seraient complémentaires, et permettront à PSA d’être présent aux Etats-Unis.

 

Enfin, face à la révolution de la voiture électrique, le nouveau groupe pourra mieux faire face aux importants investissements nécessaires. Ainsi, les décisions critiques sont déjà tranchées : Les actionnaires respectifs vont détenir chacun la moitié du capital. FCA (Fiat Chrysler Automobiles) va distribuer à ses actionnaires un dividende de 5,5 milliards d’euros ainsi que ses parts dans Comau (qui regroupe des constructeurs de machines-outils du secteur automobile) et PSA va distribuer ses parts de l’équipementier Faurecia à ses propres actionnaires pour un montant estimé à 2,75 milliards. 

Pour le gouvernement français qui plaide toujours pour la création de champions français ou européens, cette fusion est donc une excellente nouvelle. On peut, cependant ne pas partager cet enthousiasme. Le bénéfice de cette fusion repose sur l’hypothèse que plus une entreprise a une grande taille, meilleures seront ses performances. Comme de nombreux travaux économiques le montrent, cela n’est pas nécessairement le cas.

En outre, les deux entreprises qui vont fusionner, présentent des doublons sur le marché européen et cela impliquera à terme des restructurations et des fermetures d’usines. Enfin, cette fusion va laisser Faurecia, qui est un des plus gros équipementiers de l’automobile français, beaucoup plus vulnérable à une OPA hostile ou à une opération financière.

 

Mais au-delà de ces questions sur la fusion, le vrai problème posé à la France, c’est l’avenir de la production automobile sur le territoire français. Pour les travailleurs français et la santé économique de notre pays, c’est un sujet bien plus important que la naissance du numéro 4 mondial de l’automobile. 

En 2017, le chiffre d’affaires du secteur automobile représentait 399 milliards d’euros en Allemagne contre seulement 98 milliards d’euros en France et la crise de 2008 a affecté aussi plus durement le secteur automobile en France qu’en Allemagne, avec une augmentation de 53 % du chiffre d’affaires de l’industrie automobile allemande entre 2008 et 2017 contre seulement 17 % en France… »

 




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