Les civilisations ne s’étiolent pas seulement pour des motifs économiques, même si cela y contribuent, mais en amont souvent par la dégénérescence des valeurs qui fondaient leur existence. Quand des élites (grands patrons, banquiers, artistes) osent affirmer que c’est désormais chacun pour sa gueule c’est que le déclin n’est pas loin ; Ii ne s’agit pas d’une révolte contre la fiscalité qui handicape la compétitivité, encore moins contre la pauvreté non mais contre la fiscalité qui atteint le patrimoine accumulé ; protéger le patrimoine, voilà l’ambition de cette génération de sexagénaires qui ne croit plus en rien sinon qu’en la religion de l’argent. Ils sont même soutenus par certains politiques éboueurs de voix putrides. Ils n’ont pas honte, non au contraire, ils s’affichent le plus souvent, parlent, philosophent même. exemple Tapie et Michel Edouard Leclerc : « ce ne sont pas les riches qui sont responsables de la pauvreté, ce sont les pauvres qui ne sont pas assez riches » De quoi méditer sur la profondeur de la réflexion ; cela de la part de beaucoup qui sont en fait des parvenus grâce à leurs liens avec le pouvoir ou parce qu’ils ont hérité de la fortune familiale, ou parce qu’ils ont bénéficié de l’injuste répartition des richesses ( ce qui vaut aussi dans le milieu artistique) ; ceux qui ont réussi par leur seul travail ne peuvent cependant se parer des vertus de la justice et donner de leçons en politique ; une société qui repose sur le principe du chacun pour sa gueule ne peut résister longtemps, elle éclate nécessairement ou jour ou l’autre sous le poids de ses contradictions. Les médias complaisants, au service le plus souvent de ces nantis qui se font la courte échelle, ne font qu’approfondir cette crise des valeurs qui ont nom solidarité, justice, fraternité mais qui paraissent bien désuètes aujourd’hui dans un mode de requins et de stupides.