Valls : mesures insuffisantes tant pour relancer la croissance que pour la justice sociale
En fait Valls n’a rien annoncé de très nouveau, c’est du Hollande sur un ton de Valls. Tout est encore très flou en matière d’économies sauf la non revalorisation de prestations sociales (les allocations familiales ou les retraites par exemple). En fait Valls est pris dans le filet de l’austérité de Hollande et il fait comme il peut pour s’en dégager en vain. Le résultat c’est qu’on ne parviendra à relancer de manière significative la croissance, qu’on aura affecté le pouvoir d’achat et qu’on ne parviendra même pas à tenir les objectifs de déficit. Bref, un échec total. C’est le Premier ministre qui s’est exprimé mercredi à la sortie du Conseil des ministres pour annoncer quels efforts allaient être demandés à l’ensemble des Français. Promettant des efforts « justes », « collectifs » et « équitablement répartis », il a également distillé quelques garanties sur la préservation du modèle social français. Il a balayé d’emblée la polémique naissante sur un salaire transitoire inférieur au Smic, par exemple pour encourager l’embauche des jeunes, promettant « avec force » de ne pas « remettre en cause » le salaire minimum (1.445 euros bruts aujourd’hui). Les 50 milliards d’économies sur la dépense publique entre 2015 et 2017 seront supportés à hauteur de 18 milliards d’euros par l’Etat, 11 milliards les collectivités locales, 10 milliards l’Assurance maladie et 11 milliards par d’autres dépenses sociales. Mercredi soir, François Hollande a affirmé que « la feuille de route » pour réaliser ces économies était « difficile », « âpre », « rugueuse » mais « indispensable » pour redresser le pays. Le Premier ministre a esquissé le détail des réformes que la France va présenter à Bruxelles début mai dans le cadre de son programme de stabilité, trajectoire de finances publiques que le Conseil des ministres doit valider le mercredi 23 avril, avant un vote prévu à l’Assemblée le 30 avril. L’objectif, a rappelé M. Valls, est non seulement de permettre « la mise en œuvre du pacte de responsabilité », un allègement de 30 milliards d’euros des cotisations patronales, mais aussi de réduire le déficit public. Dans une moindre mesure, elles visent à « redonner du pouvoir d’achat aux salariés » les moins favorisés. Côté économies, en première ligne, les prestations sociales « ne seront pas revalorisées jusqu’en octobre 2015″, c’est-à-dire qu’elles ne seront pas augmentées, comme c’est l’usage, du montant de l’inflation (0,7% en 2013). Concrètement, les pensions de retraite, allocations logement, famille et invalidité resteront stables sur la période. »Cette mesure ne touchera pas les minima sociaux », comme le Revenu de solidarité active (RSA) ou la minimum vieillesse, a toutefois promis M. Valls. Sur France 2, il a aussi assuré que le gel n’irait « pas au-delà de 2015″. »La modernisation de la politique familiale engagée en 2013 sera poursuivie », a aussi dit sans plus de détails Manuel Valls, et la revalorisation exceptionnelle du RSA ou du complément familial, promise dans le plan de lutte contre la pauvreté en 2013 sera « décalée d’une année », au 1er septembre 2015. Parallèlement, le geste fiscal promis aux ménages modestes interviendra dès le mois de juin 2014, a précisé le Premier ministre. Il représentera un effort d’environ « 500 millions d’euros », a précisé le secrétaire d’Etat aux Relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen. Manuel Valls a confirmé que l’assurance maladie participerait via un recours plus important aux médicaments génériques et à la chirurgie ambulatoire. Mises à contribution pour une somme plus importante qu’initialement prévu, les collectivités territoriales sont invitées à faire « des réformes profondes », notamment dans leurs dépenses de fonctionnement. L’Etat va enfin prendre sa part à l’effort avec 18 milliards d’euros d’économies annoncées. Visés au premier chef les fonctionnaires, dont les salaires sont gelés depuis 2010, ne connaîtront pas d’augmentation. Et ce jusqu’en 2017. Manuel Valls a toutefois promis de ne pas toucher aux « règles d’avancement ». »Je sais ce que nous devons à nos fonctionnaires si essentiels à la vie de ce pays (…) mais la situation nous oblige à leur demander de contribuer à notre effort commun », a dit le Premier ministre. Il a d’ailleurs confirmé que « les effectifs des ministères (…) continueront de diminuer ». Mais, alors que plusieurs parlementaires craignaient que la promesse de François Hollande de créer 60.000 postes dans l’Education soit revue à la baisse, il a garanti son « maintien », de même que les créations prévues, par redéploiement, dans la police, la justice et l’administration pénitentiaire. Les agences de l’Etat enfin, comme Météo-France ou les Agences de l’eau, verront « leurs effectifs réduits (…), à l’exception de Pôle emploi et des universités », a encore annoncé M. Valls. La prestation du Premier ministre a été accueillie de manière glaciale par une partie des députés PS, beaucoup déplorant ne pas avoir été prévenus en amont du détail de ces mesures. Il n’a pas non plus trouvé grâce aux yeux des syndicats: la CFDT a estimé que « les plus modestes sont insuffisamment protégés », alors que pour FO, le plan va « accroître la précarité et la pauvreté ». La CGT a de son côté évoqué « un gouvernement dur avec les faibles ».