Fibre optique : un droit au raccordement, quand ?
Il n’y a pas encore formellement de droit au raccordement à la fibre optique puisque certaines zones très éloignées pourraient avoir à se satisfaire du satellite ou de la 5g. Les opérateurs rechignent à se déployer très massivement dans les zones plus désertiques. Cependant les pouvoirs publics ont obtenu d’Orange l’engagement pour le raccordement d’un, 5 millions de nouveaux foyers par Orange. Surtout dans les villes secondaires.
Ce lundi soir, dans le Figaro, Jean-Noël Barrot, le ministre délégué en charge du Numérique, explique qu’Orange a pris de nouveaux engagements. L’opérateur historique va raccorder 1,5 million de nouveaux foyers dans le pays.
Dans le détail, d’ici à 2025, Orange va apporter la fibre à 1,2 million de foyers supplémentaires dans les villes moyennes et les périphéries des grandes agglomérations et 300.000 de plus dans les grands centres urbains. Cette date n’a pas été choisie au hasard : Emmanuel Macron avait promis que tous les Français disposeraient de la fibre optique à cet horizon.
Cependant à cet horizon, on sera encore loin du droit au raccordement à la fibre pour tous et comme pour le téléphone il y aura des zones blanches et où des zones mal raccordées. Une sorte de paradoxe de la mobilité de l’information car plus les zones sont éloignées et plus paradoxalement elles sont mal desservies. Or la fonction des télécoms est précisément de contracter l’espace par la gestion des communications.
Orange ne couvrira donc, à terme, selon Le Figaro, « que » 98,5% des foyers des zones moyennement denses dont il a la charge – et dont il s’était pourtant, des années plus tôt, engagé à atteindre les 100% en 2022. A ce jour, l’opérateur couvre 88% de cette zone. En outre, sa couverture des grands centres urbains va grimper de 92% à 96%. Cela signifie, en clair, que tous les foyers – et en premier lieu les plus difficiles à raccorder – n’auront vraisemblablement pas la fibre. Ils devront, en conséquence, se rabattre sur des technologies alternatives, comme le satellite et la 5G à usage fixe.
Bref, cela risque fort de faire jaser les collectivités. Beaucoup estimeront sans doute qu’avec cet accord, présenté comme une victoire par l’exécutif, le compte n’y est pas. Les débats s’annoncent déjà électriques ce mardi, où se déroule à partir du début d’après-midi, à Paris, un colloque de l’Avicca, qui rassemble les collectivités engagées dans le numérique.
A noter que ce deal entre Orange et le gouvernement va introduire un système de raccordement à la fibre sur demande, et dans les six mois, des abonnés qui le souhaitent, comme l’avait détaillé La Tribune en septembre dernier.
En contrepartie de ses engagements, Orange s’évite une sanction – et possiblement une grosse amende – pour n’avoir pas couvert en fibre l’intégralité des villes moyennes dans les temps. Le gouvernement, pour sa part, espère redonner un coup de fouet au déploiement de cette technologie, qui a beaucoup ralenti ces derniers mois. L’objectif est que les autres opérateurs – SFR, Bouygues Telecom et Free – se mettent dans la roue de l’opérateur historique sur les nouveaux raccordements. S’ils ne le font pas, ils risquent, sur le papier du moins, de perdre des parts de marché.