Archive pour le Tag 'Pyrrhus'

Présidentielle Macron II : victoire à la Pyrrhus

Présidentielle Macron II  : victoire à la Pyrrhus

La nette victoire d’Emmanuel Macron, premier président sortant réélu hors période de cohabitation depuis les débuts de la Ve République, ne doit pas masquer deux réalités nouvelles de la vie politique française. Avec 42% des suffrages exprimés, Marine Le Pen a fracturé le plafond de verre qui empêche l’arrivée au pouvoir du « camp national » en France. Et une troisième force, l’Union Populaire, est en mesure de se rassembler en vue des législatives autour de Jean-Luc Mélenchon. C’est le paradoxe de ce 24 avril 2022 : comment représenter au parlement une France aussi divisées estime un papier de la « Tribune ». 

Le « ouf » de soulagement du camp anti-Le Pen qui a réussi ce dimanche 24 avril à écarter une seconde fois consécutive la menace d’un basculement de la France dans le populisme ne doit pas faire illusion. Avec un taux d’abstention presque record à part le match Pompidou-Poher de 1969 (« bonnet blanc contre blanc bonnet »), et le score élevé de Marine Le Pen, qui a gagné plus de 2 millions de voix par rapport à 2017, c’est une victoire à la Pyrrhus qu’a remportée Emmanuel Macron. Certes, 16 points d’écart séparent les deux finalistes, ce qui fait du président sortant le mieux réélu depuis 1981. Certes, avec 28% des voix aux premier tour, soit 4 points de mieux qu’en 2017, Emmanuel Macron est assuré d’une forte légitimité. Marine Le Pen en bonne perdante a d’ailleurs reconnu de façon très républicaine sa défaite juste après 20h et a même téléphoné au vainqueur pour le féliciter.

Mais si on regarde de près le nouveau monde politique qui sort de cette campagne électorale, on se dit que rien n’est vraiment gagné pour Emmanuel Macron et que tout est encore ouvert avec le troisième tour politique qui va se jouer avec les élections législatives de juin. Avec la quasi disparition des deux forces républicaines qui ont dominé la vie parlementaire française depuis les débuts de la Ve République, un nouveau tripartisme émerge : le grand centre incarné par LREM et ses alliés, la « maison commune » qui va sans doute emporter la majorité au Parlement ; le camp national que Marine Le Pen comme Eric Zemmour vont tenter de rassembler ; et le camp de l’Union populaire dont Jean-Luc Mélenchon a dès hier soir revendiqué d’être le chef pour devenir « le Premier ministre de cohabitation » à la tête d’une coalition de progrès à laquelle dès hier soir Ségolène Royal, ancienne candidate socialiste a apporté son soutien.

Clairement, cette élection présidentielle de 2022 consacre en l’achevant le processus de décomposition-recomposition de la scène politique française dont Emmanuel Macron a été le messager comme le réalisateur, voire le scénariste. Bien sûr, en théorie, PS et LR vont essayer de profiter de leur bonne implantation locale pour se refaire une santé aux Législatives. Mais en réalité, la dynamique électorale joue en faveur d’une nouvelle donne dont les jours et les semaines à venir vont donner la mesure.

Est-ce que tout va donc devoir changer pour que tout change dans la vie politique française ? Emmanuel Macron, même bien réélu, va devoir en tenir compte. Cette fois, c’est différent : le président réélu ne peut pas refaire aux Français le coup de Chirac en 2002 (82/18 face à Jean-Marie Le Pen) ni même celui de 2017 (66/34 face à Marine Le Pen). A 58/42, le plafond de verre du barrage républicain s’est sérieusement fissuré ce dimanche et Emmanuel Macron ne peut pas faire fi de ce message surtout si on regarde les scores de Marine Le Pen largement majoritaire dans des pans entiers du territoire. Et alors que l’addition de l’abstention et des votes blancs et nuls constitue un quatrième bloc d’électeurs qui ont déserté la vie démocratique faute d’y trouver un espoir.

Il est donc temps, pour Emmanuel Macron, de tomber le masque et de porter le fer dans la plaie qui conduit plus de 4 électeurs sur 10 à voter pour une candidate dont une bonne partie du programme est clairement d’extrême-droite. Alors si on ne veut pas voir à nouveau en 2027 un second tour Edouard Philippe/Marine Le Pen puis en 2032 le même face à Jordan Bardella, voire une arrivée au pouvoir du camp nationaliste, il va falloir qu’Emmanuel Macron sorte le grand jeu et mérite la chance qui lui arrive de faire un second quinquennat.

Il est attendu à très court terme sur deux fronts parallèles : la crise en Ukraine et ses conséquences économiques via les prix de l’énergie et de l’alimentation ; et la protection du pouvoir de vivre des Français les plus impactés. Sur ce point, on peut compter sur des mesures fortes et rapides. Mais sur les défis du climat, de l’école et de l’emploi, sur le travail, le RSA et les retraites, les points durs de son projet économique et social, la seule réélection d’Emmanuel Macron ne suffira pas sauf à prédire un quatrième tour social dans la rue. Car c’est bien le report à plus de 42% des électeurs de Mélenchon du premier tour qui lui ont permis de gagner. Ces « insoumis » (22% au premier tour) ne vont pas se priver de se venger aux législatives, en tentant de rassembler les 1,74% de la candidate socialiste Anne Hidalgo et les 4,58% de Yannick Jadot dans une stratégie d’alternance. Une autre histoire commence donc.

Emmanuel Macron est aussi attendu par des réponses à la crise démocratique ressentie dans une vieille république monarchisante. Lui qui avait théorisé la nécessité d’une présidence verticale, jupitérienne, en 2017, saura-t-il tenir la promesse d’inscrire une dose de proportionnelle. On ne gouverne pas un pays avec les seuls suffrages des cadres aisés des grandes villes et des personnes âgées qui se sont massivement portées sur son nom. Les ruraux, les habitants de la France des périphéries espèrent un second mandat avec plus de respect à leur égard, un Macron II de rassemblement qui ne se contente pas de dire « Merci » et « Je sais ce que je vous dois » à ceux, minoritaires, qui l’ont réélu. Beaucoup d’électeurs estiment ce dimanche à juste titre détenir un « avoir » sur Emmanuel Macron. Beaucoup de celles et ceux qui ont mis un bulletin Macron se demandent : « va-t-il continuer à nous entuber ? Ou bien va-t-il entendre les colères, les frustrations ? Sauvé par la gauche, voire l’extrême gauche, va-t-il continuer de gouverner à droite avec la droite ou bien mener une politique d’ouverture ? Ecologie, fonction publique, rôle de l’Etat, hôpitaux, santé, politique migratoire, laïcité, école : Si on espère mieux de Macron II, c’est avant tout une nouvelle méthode que les Françaises et les Français lui enjoignent de proposer. Le discours du Champ de Mars de ce dimanche 24 avril en a esquissé les prémisses. Mais pas vraiment la promesse. Le vrai danger pour la France, dans un moment de troubles économiques et géopolitiques, est bien là : celui d’un pays ingouvernable et paralysé par ses propres divisions. Rendez-vous les 12 et 19 juin pour la suite, elle promet d’être intéressante.

Philippe Mabille

Veolia: une victoire provisoire à la Pyrrhus

Veolia: une victoire provisoire à la Pyrrhus

Veolia vient de gagner devant la cour d’appel de Paris mais devra attendre environ au moins un mois et demi concernant la nouvelle enquête de l’autorité des marchés financiers. En outre Veolia devra se situer par rapport à la proposition du ministre de l’économie qui souhaite la nomination d’un médiateur entre Veolia et Suez. Une proposition acceptée par Suez.

Bref une sorte de victoire à la Pyrrhus pour Veolia.  La cour d’appel de Paris a confirmé que Veolia n’était donc pas en situation de préoffre lorsque la société a racheté auprès d’Engie une participation de 29,9 % dans le capital de son concurrent Suez. Ce dernier estimait que le projet de Veolia, l’achat de la participation d’Engie dans Suez suivi d’une offre publique, était un montage suffisamment précis pour le qualifier de préoffre. L’AMF avait battu en brèche cette interprétation dans sa décision du 24 septembre, considérant que l’offre était loin d’être finalisée. Suez avait porté l’affaire devant la cour d’appel de Paris, qui a donc une nouvelle fois donné raison à Veolia.

C’est un coup dur pour Suez, car un avis différent aurait tout simplement annulé la transaction de vente des titres Suez. Il s’agit de la deuxième victoire importante de Veolia depuis le début du mois. Le 3 février, le tribunal de commerce de Nanterre a estimé que Veolia n’avait pas à mener à bien une procédure d’information- consultation auprès des salariés de Suez. Ce qui a permis au groupe dirigé par Antoine Frérot de récupérer ses droits de vote, même s’ils restent encadrés par les autorités de la concurrence. Et de lancer son projet d’OPA dimanche 7 février. Cependant  le gendarme français de la Bourse ne pourra probablement pas se prononcer sur la conformité de l’offre publique d’achat de Veolia sur Suez « avant un mois et demi, deux mois », a dit vendredi son président Robert Ophèle.

Pendant ce temps-là le gouvernement ne restera pas non plus inactif et poussera ses pions pour geler les hostilités de Veolia vis-à-vis de Suez.

 

Réforme SNCF : une victoire à la Pyrrhus

Réforme SNCF : une victoire à la Pyrrhus

La reforme de la SNCF dont beaucoup se félicitent a un fort goût d’inachevé. C’est surtout une victoire politique pour tous ceux qui rêvaient t depuis longtemps de régler leurs comptes aux cheminots et à l’entreprise étatique. La vérité, c’est qu’on n’a pas réglé grand-chose. Sur le plan social, le recrutement sous statut privé commence seulement cette année, autant dire qu’il faudra 40 à 50 ans pour que le statut disparaisse complètement. Au plan financier, la SNCF va continuer de traîner une dette de près de 25  milliards qui incombe pourtant à l’état en raison de ses choix notamment vis-à-vis des lignes TGV et des contraintes qu’elle impose à l’entreprise ; certes la réforme était nécessaire pour redonner qualité et surtout compétitivité mais là le projet est vide de tout contenu. En outre, il n’a été négocié avec personne. D’une façon plus globale,  la politique des transports manque de vision, elle est même assez souvent contradictoire vis-à-vis des préoccupations environnementales quand on favorise la route. D’où cet appel dans une tribune au « Monde », des cédétistes Laurent Berger et Sébastien Mariani au futur patron de la SNCF, qui doit être nommé prochainement, « à porter un engagement social et environnemental ambitieux et mobilisateur ».

Tribune. 

 

« Tout au long de l’été, au moment des grands départs en vacances, la SNCF a réaffirmé sa vocation originelle de transport de masse, universel, populaire et respectueux de l’environnement. Pourtant, un an après une réforme de rupture qui a laissé beaucoup de traces, l’avenir et le rôle de cette entreprise publique et citoyenne sont incertains.

La CFDT a démontré au début de l’été les problématiques d’attente aux guichets. Ces dysfonctionnements trouvent leur explication dans la quête de productivité incessante de la SNCF et la diminution de la présence humaine dans les gares au service des usagers. Cette entreprise possède pourtant de nombreux atouts.

L’urgence climatique ? Avant même la fin du mois de juillet, le jour du dépassement des ressources planétaires renouvelables a été franchi. L’humanité vit à crédit sur la Terre. Les épisodes caniculaires sans précédent que nous avons vécus illustrent parfaitement les défis environnementaux auxquels nous sommes confrontés.

La CFDT s’est engagée dans un pacte du pouvoir de vivre pour que le progrès écologique et la justice sociale deviennent réalité. Le transport ferroviaire y a toute sa place. C’est clairement une solution à la demande croissante de mobilité et à l’exigence de réduction des émissions de gaz à effet de serre dans le domaine des transports de voyageurs comme de marchandises. Il est de la responsabilité de l’Etat de lui donner un avenir.

La « raison d’être » inscrite dans les statuts de la nouvelle SNCF veut répondre à ce beau défi en affirmant « donner à chacun la liberté de se déplacer facilement tout en préservant la planète ». Encore faut-il lui en donner les moyens techniques et humains, afin de traduire en actes une vraie ambition politique pour le développement du ferroviaire en France.

En mars 2018, la CFDT a fait de nombreuses propositions pour introduire une dimension sociale et sociétale à la loi de réforme. Dès juin 2018, après le vote de la loi, la CFDT a insisté pour que trois conditions soient définies et remplies : donner des signaux positifs et immédiats sur les conditions sociales et de travail des cheminots, gages d’une confiance à retrouver et d’un système à reconstruire ; donner une incarnation nouvelle aux changements à venir ; retrouver un dialogue social constructeur de l’avenir.

En actant la fin du recrutement au statut et la transformation en plusieurs entreprises distinctes, la loi pose l’obligation de mener un grand nombre de négociations dans un délai très contraint. Les règles d’emploi et de gestion des agents, la garantie d’une forme d’unité sociale au sein du groupe SNCF doivent être refondées. »

 

Travailleurs détachés : une victoire à la Pyrrhus

Travailleurs détachés : une victoire à la Pyrrhus

 

En France on se félicite de l’’accord trouvé par les ministres européens sur les travailleurs détachés. En réalité, il s’agit d’une pseudo victoire pour la France car rien n’est véritablement réglé. D’abord sur la durée, la France réclamait un délai maximum d’un an pour le détachement or le compromis a retenu un délai de 18 mois. Pendant cette période les détachés échappent à nombre de dispositions sociales du pays dans lequel ils travaillent. Observons que la commission proposait un délai supérieur à 24 mois. Dans le compromis,  il est prévu que la période maximale de 18 mois pourra être prolongée de six mois à la demande du pays d’accueil ou de l’entreprise. Autant dire que le délai va varier de 18 mois à 24 mois. De plus et surtout on pourra sans doute continuer de renouveler les contrats de détachement y compris avec des retours au pays fictifs  comme par exemple dans le transport routier qui constitue un excellent champ d’analyse des dérives du détachement légal ou illégal via le cabotage.  la directive de 1996 qui encadrait jusqu’à présent le statut des travailleurs détachés prévoyait que ceux-ci devaient toucher le salaire minimum du pays d’accueil. Mais depuis, l’Union européenne s’est élargie avec l’intégration des pays de l’est et les écarts de salaire entre les pays se sont accentués. L’avancée majeure de la réforme proposée par la Commission européenne est donc d’avoir « un salaire égal, à travail égal, sur un même lieu de travail ». Par exemple dans la rémunération du travailleur détachés, seront dorénavant pris en compte le diverses primes ou le treizième mois.  La nouvelle directive impose qu’un salarié devra avoir été affilié à la sécurité sociale de son Etat d’origine pendant au moins trois mois avant d’être détaché. Cela réduira le phénomène du double détachement et des entreprises dites « boîtes aux lettres ». Par exemple, une société polonaise qui accueille un travailleur détaché d’Italie pour, à nouveau, le détacher en Allemagne. Autre hypothèse, en Loraine, de nombreux résidents français passent la frontière luxembourgeoise pour s’inscrire dans des agences d’intérim et bénéficier de charges moins élevées avant d’être détachés… en France.  Par exemple, en Pologne, les cotisations sociales sont moins élevées qu’en France, il est donc souvent moins couteux pour une entreprise française d’employer un salarié polonais en tant que travailleur détaché plutôt qu’un salarié français. Si quelques voix se sont élevées au début de la réforme pour proposer que les cotisations sociales soient payées dans le pays d’accueil, cette question est non négociable pour les pays de l’Est. Pour les routiers, des dispositions spécifiques seront décidées ultérieurement. En attendant c’est la législation actuelle qui s’applique avec notamment les dérives du cabotage qui permet à un salarié de travailler à l’étranger en permanence mais avec toutes  les conditions sociales de son pays d’origine

 




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