Après le XXᵉ Congrès du Parti communiste chinois , Xi Jinping Encore plus puissant et …..plus dangereux
Vu de Chine, le Parti communiste et le numéro un chinois sont bien loin de la crise supposée par l’Occident, analyse Frédéric Lemaître, correspondant du « Monde » à Pékin, dans sa chronique.
Contrairement à Poutine, Xi Jinping ne multiplie pas les déclarations aussi fracassantes que ridicules. C’est tout en douceur qu’il avance ses pions un peu partout dans les pays en développement comme en Afrique ou comme dans les pays développés comme en Europe. Les intérêts économiques chinois dominent nettement les aspects géopolitiques. NDLR
Amoins de deux semaines de l’ouverture, prévue le 16 octobre, du XXe congrès du Parti communiste chinois, les esprits commencent à s’échauffer en Occident. Xi Jinping serait contesté. Une rumeur a même couru sur Twitter les 23, 24 et 25 septembre : le président chinois aurait été victime d’un coup d’Etat militaire. Rien de moins.
Les rumeurs de ce type sont légion, mais celle-ci a été répercutée et commentée par nombre de « China watchers », notamment aux Etats-Unis. Les auteurs à l’origine de la rumeur s’appuyaient sur l’annulation d’environ 60 % des vols en Chine, le 23 septembre, sur une colonne de camions militaires de plus de 50 kilomètres autour de Pékin et sur l’absence de Xi Jinping de la scène publique depuis son retour d’Ouzbékistan, le 16 septembre.
Ces rumeurs, propagées notamment par des membres de l’organisation Falun Gong, violemment anticommuniste, et reprises par des médias indiens nationalistes, ne reposaient sur aucun fondement. Les annulations de vols sont légion en Chine depuis la mise en place de la politique zéro Covid, le convoi militaire figurait déjà sur une vidéo postée en 2021, et si Xi Jinging était invisible, c’est tout simplement parce qu’il a effectué les dix jours de quarantaine à laquelle tout Pékinois doit se soumettre quand il revient de l’étranger.
Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Xi Jinping, ultime tête pensante du destin chinois
Xi Jinping avait déjà « disparu » plusieurs jours après la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques d’hiver de Pékin, le 4 février, ainsi qu’après les commémorations des 25 ans de la rétrocession de Hongkong, le 1er juillet. Durant le week-end du 24 septembre, plusieurs journalistes étrangers basés à Pékin se sont d’ailleurs rendus dans les lieux stratégiques de la capitale pour constater qu’aucun élément ne permettait de supposer un quelconque coup de force militaire. De son côté, Xi Jinping a refait une apparition le 27 septembre, dix jours après son retour sur le sol chinois.
Envie d’en savoir plus sur l’essor de la Chine ?
La mise en scène de ce retour ne doit rien au hasard : le président, entouré des vingt-quatre autres membres du bureau politique du Parti communiste chinois et de quelques autres personnalités, a en effet inauguré une exposition intitulée « Aller de l’avant dans la nouvelle ère ». Une exposition consacrée aux dix dernières années, au cours desquelles le Parti a « réussi des tâches colossales », et à l’avenir, qui s’annonce, bien sûr, radieux. Bref, une exposition à la gloire de Xi Jinping. Comme l’a dit Wang Huning, idéologue en chef, « la raison pour laquelle le Parti et le pays ont pu accomplir des tâches historiques réside dans le fait que le secrétaire général Xi Jinping en est à la tête ».