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Avenir Syrie : délicat jeu d’équilibre entre les puissances régionales

 Syrie :  délicat  jeu d’équilibre entre les puissances régionales

La Russie occupée ailleurs, les États-Unis en retrait, l’Iran affaibli… La nouvelle Syrie doit d’abord se préoccuper de ne pas susciter l’ire des puissances arabes, très méfiantes envers toute orientation djihadiste qui remettrait en cause leurs régimes respectifs. Elle doit aussi rester dans les bonnes grâces de la Turquie d’Erdogan et faire le dos rond face aux bombardements israéliens sur les arsenaux de l’armée défaite de Bachar Al-Assad. Al-Joulani a montré ses capacités de chef de guerre ; il va maintenant devoir faire ses preuves en tant que diplomate.

 

par   Professeur agrégé de Géographie, membre du laboratoire Médiations, Sorbonne Université dans  » The Conversation » 

 

L’entretien accordé par Abou Mohammed Al-Joulani à CNN le 6 décembre dernier, alors que les combattants de son mouvement, Hayat Tahrir-al-Cham (HTC), étaient sur le point de renverser le régime de Bachar Al-Assad, témoigne de sa volonté de présenter désormais un profil plus « présentable » aux puissances occidentales, et notamment aux États-Unis, dont la capacité de projection dans la région reste importante.

La presse souligne à juste titre ce renouveau : HTC rejette la logique du djihad global, qui a abouti à l’intervention des puissances occidentales en Syrie et en Irak contre l’État islamique (EI ou Daech) et les filiales d’Al-Qaida. Joulani semble soucieux de ne franchir aucune ligne rouge et tire les enseignements de l’échec de l’EI, dont l’éphémère califat instauré en 2015 a été démantelé, avec une perte quasi totale de ses territoires, en 2019.

Cependant, si HTC respecte plusieurs lignes rouges, celles-ci sont surtout tracées par les puissances régionales comme l’Arabie saoudite, la Turquie, le Qatar, l’Iran ou encore Israël. À l’inverse des puissances lointaines comme les États-Unis ou la Russie, contraintes l’une et l’autre à se désengager de la Syrie soit par isolationnisme (les États-Unis de Trump) soit par manque de moyens militaires disponibles (l’Ukraine absorbe la quasi-totalité du potentiel militaire russe), les puissances régionales sont, quant à elles, particulièrement enclines à s’ingérer dans les affaires intérieures de la Syrie, particulièrement si le nouveau gouvernement de Damas menace leurs intérêts stratégiques.

Le risque d’ingérence de la part de la Turquie, de l’Arabie saoudite ou du Qatar est d’autant plus grand que la Syrie sort de la guerre considérablement affaiblie : l’armée dirigée par les alaouites s’étant décomposée, les deux principaux groupes rebelles, le HTS et l’ANS (l’armée nationale syrienne soutenue par la Turquie), certes alliés contre Bachar Al-Assad, pourraient s’opposer maintenant que leur ennemi commun a disparu.

Pour compléter ce tableau, les frappes massives de Tsahal ont achevé de détruire les capacités opérationnelles de l’État syrien tandis que les graves tensions entre les milices kurdes qui contrôlent le nord-est du pays et l’ANS pro-turque risquent de plonger à nouveau cette partie du pays dans la guerre civile.

Dès lors, la nouvelle république islamique que souhaite probablement instaurer HTC en Syrie s’apparente à un État failli ou, du moins, à un régime trop faible pour survivre à d’éventuelles interventions de puissances voisines.

C’est pourquoi HTC n’a d’autre choix que de conduire une politique équilibriste destinée à ménager les intérêts des puissances voisines pour limiter leur ingérence et ainsi espérer construire un régime pérenne dans un pays ravagé par 13 ans de guerres civiles et soumis à l’influence grandissante de ses voisins.

Dans un contexte de révolte des masses sunnites contre le régime alaouite et de rejet de la domination iranienne dans la région, il est fondamental pour HTC de s’assurer le soutien, ou du moins, la neutralité des puissances sunnites de la Ligue arabe comme l’Égypte, la Jordanie et, surtout, l’Arabie saoudite. Cette dernière a montré, lors de la guerre civile syrienne, qu’elle était capable d’intervenir directement ou indirectement contre les forces sunnites qui remettent en question la légitimité de la monarchie des Saoud.

En 2014, la restauration du titre de calife par Abou Bakr Al-Baghadi et Daech a achevé de persuader Riyad de participer à la coalition contre l’EI, mouvement que les Saoud avaient pourtant soutenu lors de son émergence. La restauration califale constitue clairement une ligne rouge pour l’Arabie saoudite puisqu’elle rappelle l’illégitimité dynastique et historique de la monarchie saoudienne. En 1932, la proclamation de l’Arabie saoudite s’était faite au détriment du dernier calife, Hussein ben Ali al-Hashimi.

Roi du Hedjaz, chérif de la Mecque puis calife (après l’abrogation du califat ottoman) de 1924 jusqu’à 1925, le roi Hussein disposait alors d’une puissante légitimité à gouverner les lieux saints de l’islam : appartenant à la famille des Hachémites, le dernier calife était un Quraysh, la tribu du prophète Mahomet. D’autant qu’Hussein était la figure tutélaire des mouvements panarabistes alors en plein essor, ce qui lui assurait un vrai soutien populaire et l’appui de nombreux cheikhs.

La prise de La Mecque en 1925 par Ibn Séoud puis la proclamation en 1932 du royaume saoudien peuvent dès lors s’apparenter à une usurpation, ce qui prive la monarchie saoudienne d’une réelle légitimité dynastique et historique. D’où l’hostilité de Riyad aux groupes djihadistes qui aspirent à recréer un « califat » et à s’approprier un titre que la monarchie saoudienne tente de faire disparaître. On comprend dès lors pourquoi Al-Joulani ne proclamera certainement pas le retour du « califat », à l’inverse de ce qu’avait fait Al-Baghdadi en 2014 : le leader de HTC connaît parfaitement les lignes rouges de l’Arabie saoudite et ne compte pas les franchir avant d’avoir reconstruit un régime pérenne et stable à Damas.

De même, le régime syrien ne revendique pas pour l’instant de liens directs avec les Frères musulmans qui soutiennent officiellement l’ANS (l’armée nationale syrienne) alliée à la Turquie et plus particulièrement le Faylaq-al-Cham (l’une des composantes de l’ANS). Le mouvement des Frères musulmans, organisé depuis le Qatar et la Turquie, est interdit dans la plupart des pays arabes de la région, surtout dans les régimes autoritaires dont l’Égypte depuis le retour de l’armée au pouvoir en 2013 ainsi que dans les monarchies comme l’Arabie saoudite ou la Jordanie.

En effet, le mouvement frériste se veut républicain et hostile aux monarchies en place auxquelles il reproche, outre leur nature autoritaire, leur convergence avec les intérêts occidentaux. Les Frères restent avant tout un mouvement postcolonial qui lutte contre les résidus d’influence occidentale dans la région et contre Israël, perçu comme « une avant-garde américaine » au Levant. Dès lors, ils fustigent la politique de rapprochement entre Israël et les monarchies arabes comme l’Arabie saoudite, la Jordanie ou le Maroc qui a abouti aux accords d’Abraham en 2020.

Dans ces conditions, on comprend mieux le refus d’Al-Joulani de tomber dans la surenchère antisioniste ou anti-occidentale. Il ne s’agit pas simplement de « faire bonne figure » auprès de l’Ouest mais aussi de rassurer les voisins arabes de la Syrie, qui voient d’un œil pour le moins inquiet l’émergence de groupes alignés sur les Frères musulmans. D’où aussi la timidité du soutien d’Al-Joulani au Hamas palestinien, véritable branche armée des Frères musulmans à Gaza, et ce malgré les bombardements massifs de Tsahal sur le sol syrien ces derniers jours. Dès lors, HTC doit rester sur une ligne de crête puisque la Turquie, alliée aux Frères musulmans, constitue le principal parrain du nouveau régime…

Le principal acteur dont Joulani doit ménager les intérêts est bien évidemment la Turquie, qui tente de placer la Syrie sous son influence. La chute d’Assad a en effet été rendue possible par la politique turque de rapprochement entre l’ANS (armée nationale syrienne), composée de supplétifs arabes de l’armée turque, et le mouvement HTC. Cette alliance provisoire contre Assad pourrait faire long feu si le nouveau gouvernement syrien s’éloignait des projets d’Ankara pour la Syrie. D’autant que l’offensive actuelle de l’ANS à Manbij contre les milices kurdes des Forces démocratiques syriennes (FDS) montre que l’ANS obéit plus à Ankara qu’à Damas, l’offensive contre les Kurdes n’ayant pas été officiellement revendiquée par HTC.

À la lumière de ces évènements, on comprend l’accord passé entre HTC et la Turquie : accepter les offensives turques contre le FDS en échange du soutien des milices de l’ANS au pouvoir de Joulani. Ankara voit dans le Rojava kurde, au nord-est de la Syrie, une véritable menace pour son propre territoire, la Turquie considérant cette zone comme une base arrière du PKK, le parti indépendantiste kurde qui lutte contre la Turquie dans le Kurdistan turc.

Sous la pression d’Ankara, soucieux de conserver le soutien des milices proturques, Joulani devrait vraisemblablement abandonner le Rojava à la Turquie et à ses supplétifs. D’autant que le principal soutien des Kurdes, les Américains, avec le retour du très isolationniste Donald Trump à la Maison Blanche, devraient mener à son terme la politique de retrait de la Syrie. La neutralité des États-Unis en cas d’offensive massive turque sur le Kurdistan syrien ne fait presque aucun doute, comme le montrent les précédents des offensives lancées par Ankara sur la ville d’Afrine lors de l’Opération Rameau d’olivier en 2018, ou lors de l’Opération Source de Paix en 2019. Les deux fois, les États-Unis ont littéralement abandonné leur allié kurde menacé par l’armée turque et ses milices.

Par ailleurs, la Turquie pourrait constituer autour de Damas un nouvel « axe de la résistance » antisioniste et, par ce biais, reprendre un leadership dans le monde moyen-oriental laissé en jachère par l’affaiblissement de l’Iran et de ses « proxies ». L’hostilité d’Ankara et de l’AKP (le parti d’Erdogan) envers Israël croît d’année en année et s’intègre à la politique néo-ottomane de réaffirmation de la tutelle turque sur les anciennes provinces arabes de l’Empire ottoman.

Devenir le principal soutien à la lutte palestinienne permettrait à Ankara de fédérer les sociétés du Levant autour d’elle et d’accroître son soft power dans le monde arabe. Dans cette optique, la Syrie de Joulani joue un rôle clé puisqu’elle permet à la Turquie de se projeter aux frontières israéliennes, et pourrait constituer le cœur d’un « nouveau front de la résistance » anti-Israël qui, à la différence du front actuel piloté par l’Iran, serait, quant à lui, sunnite et donc plus susceptible de fédérer les masses musulmanes de la région.

Par conséquent, une orientation clairement antisioniste du régime de Joulani constitue un scénario très envisageable même si HTS ne peut à court terme, en aucun cas, défier Tsahal étant donnée le déséquilibre des forces au niveau militaire. Cette crainte a d’ailleurs certainement inspiré les bombardements massifs menés par l’État hébreu contre les dépôts d’armes de l’ancienne armée syrienne au lendemain de la chute d’Assad. Même s’il reste pour l’instant embryonnaire, le nouvel « axe de la résistance sunnite » se forme actuellement autour de la Turquie et de son vassal syrien et pourrait pousser les sunnites libanais du nord-Liban à rejoindre cette alliance en gestation.

Ainsi, dans un contexte d’affaiblissement extrême de l’État syrien, HTC ne peut survivre sans le soutien des puissances régionales et se trouve sur une ligne de crête entre deux orientations politiques possibles : HTC pourrait jouer la carte du rapprochement avec les puissances arabes sunnites (Arabie saoudite, Jordanie, Égypte), unies dans leur volonté commune d’affaiblir l’Iran et tous ses alliés dans la région ; ou bien le régime de Joulani pourrait accepter, voire revendiquer, le parrainage turc, et devenir le premier proxy « néo-ottoman » d’Ankara.

Entre ces deux orientations, HTC semble privilégier la deuxième option. Mais il continue de mener un habile jeu d’équilibriste en attendant la reconstruction de la puissance syrienne tout en acceptant l’ingérence turque. HTC ne revendique pas d’affiliation avec les partis qui combattent les régimes arabes en place comme les Frères musulmans et cherche à ne pas bousculer Riyad ou Le Caire.

On voit bien, à travers l’exemple de la Syrie, à quel point le retrait des puissances internationales comme les États-Unis ou la Russie offre de nouvelles opportunités aux impérialismes régionaux qui, à l’image de celui de la Turquie néo-ottomane, redessinent la carte du Moyen-Orient.

Afghanistan : les trois grandes puissances pour un cessez-le-feu

Afghanistan : les trois grandes puissances pour un cessez-le-feu

Fait rarissime les trois grandes puissances mondiales que sont les États-Unis, la Chine et la Russie ont appelé un cessez-le-feu immédiat à l’Afghanistan. Un effort louable de toute la communauté internationale qu’il faut souligner mais qui vise un pays dans un état de misère absolue et sans réelle perspective politique durable.

Les Etats-Unis ont été rejoints jeudi par la Russie, la Chine et le Pakistan dans leur appel à un cessez-le-feu immédiat en Afghanistan, alors qu’une conférence organisée à Moscou a montré la détermination de Washington à convaincre les puissances régionales à propos de son plan de paix.

A six semaines de la date butoir pour le retrait des troupes américaines d’Afghanistan, où elles ont présentes depuis près de vingt ans, Les Etats-Unis ont envoyé pour la première fois un haut représentant prendre part à des discussions de paix régionales organisées par la Russie.

La conférence moscovite avait pour but de donner du souffle aux négociations menées au Qatar par le gouvernement afghan et les taliban, alors que le pouvoir à Kaboul reproche aux insurgés de n’avoir pas fait suffisamment pour endiguer les violences.

« A ce tournant, nos quatre pays appellent les deux camps à mener des discussions et conclure un accord de paix qui mettra fin à plus de quatre décennies de guerre en Afghanistan », est-il écrit dans un communiqué commun publié à l’issue des discussions.

Syrie : terrain de jeu des puissances internationales

Syrie : terrain de jeu des puissances internationales

Les pourparlers sur la Syrie engagés en 2017, s’éternisent sans autre résultat que de permettre à ses parrains – Russie, Iran et Turquie – d’asseoir leur influence sur le jeu régional. Seul un accord entre Washington et Moscou pourrait garantir une solution politique, estime, dans une tribune au « Monde », le chercheur Souhaïl Belhadj.

Tribune.

 

Les pourparlers de paix d’Astana, au Kazakhstan, qui visent à trouver une solution pacifique au conflit syrien, sont « prometteurs », déclarait en 2017 l’envoyé spécial des Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, au Conseil de sécurité, à New York. Mais – doit-on remarquer aujourd’hui – « prometteur » peut aussi signifier « qui promet légèrement, ou sans intention de tenir sa promesse ».

Effectivement, le quinzième round des pourparlers syriens, qui a eu lieu les 16 et 17 février 2021 (cette fois-ci à Sotchi, en Russie, au lieu d’Astana), ne tient toujours pas ses promesses. En dépit des déclarations consensuelles de ses trois parrains, la Russie, l’Iran et la Turquie, le processus d’Astana ne fait qu’éterniser le conflit syrien au lieu d’y mettre un terme.

Ce prolongement du conflit depuis quatre ans a un coût dévastateur : ces quatre dernières années, environ 73 000 personnes de plus sont mortes en Syrie [sur un total de morts se situant, d’après les estimations, entre 300 000 et 500 000 depuis 2011], et parmi elles 34 % de civils et au moins 55 médecins et soignants ; plus de 6 millions de déplacés internes ne sont toujours pas retournés chez eux ; à ces déplacés s’ajoutent plus de 6 millions de réfugiés à l’étranger. Et, pour les Syriens qui ont pu retourner chez eux depuis 2017, plus de la moitié n’ont pas d’accès direct à l’eau ou aux services de santé. Enfin, depuis 2019, ce sont 2,4 millions d’enfants qui ne vont plus à l’école en Syrie.

 

Le processus de paix d’Astana n’améliore donc pas le présent de la Syrie. Mais dessine-t-il au moins un avenir ? La réponse est non car les négociations piétinent sur les questions à régler qui fondent le principe même des pourparlers : un consensus autour d’un nouveau texte constitutionnel à faire promulguer, la tenue d’élections libres dans la foulée, des échanges de prisonniers entre le régime syrien et l’opposition. 

Bien que l’intensité du conflit armé ait baissé depuis l’engagement du processus d’Astana, l’aide que reçoit la Syrie sert avant tout à traiter des situations humanitaires d’urgence et non pas à entamer la reconstruction. Pourtant, il faut remettre en état de marche des infrastructures économiques et de services à la population, pour l’heure en ruines.

La faiblesse des grandes puissances face au Covid

La faiblesse des grandes puissances face au Covid

 

 Nidal Shoukeir ,professeur de communications stratégiques et relations gouvernementales note la faiblesse des grandes puissances face au C ovid.( L’opinion)

 

 Il ne fait aucun doute que le monde après la Covid-19 ne sera plus jamais le même qu’avant. Ce virus a réussi à changer radicalement son fonctionnement et laissera des traces sérieuses sur notre quotidien pour très longtemps, si ce n’est pour toujours. Ces changements touchent la plupart des domaines.

De nos pensées jusqu’à nos habitudes de travail, d’éducation, d’alimentation et notre vie sociale, l’effet de la Covid est omniprésent. Une question vitale, touchant le domaine politique et social, s’impose à nous : quelles conséquences entraînera ce virus sur les Etats, les gouvernements ou même sur le système de gouvernance mondiale que nous connaissons aujourd’hui ?

Un an après son déclenchement, cette gigantesque crise sanitaire est un tournant pour le mécanisme du système mondial avec un changement profond des tendances de la gouvernance dans ses aspects administratif, stratégique et géopolitique.

En observant les gestions de la Covid, on a remarqué la montée du nationalisme et du protectionnisme des Etats et des gouvernements, au détriment de la coopération régionale et collective.

La guerre des vaccins en est un véritable exemple. Au niveau stratégique, on note aussi un éloignement de la mondialisation et un retour aux frontières intérieures pour essayer d’assurer l’autosuffisance. La pénurie des masques, des gels hydroalcooliques, des appareils respiratoires et d’autres produits liés à cette crise est un bon indice de cette tendance.

Il s’agit d’un vrai risque qui pourrait toucher une partie fondamentale du système mondial actuel. L’espace Schengen est une fierté et un symbole de la géopolitique européenne mais il a été involontairement affecté par le virus avec la fermeture des frontières.

Au cours des premières semaines de février et mars 2020, des peuples comme les Italiens, très touchés par la pandémie, ont parfois perdu la foi en l’Union européenne. Cette remise en cause des grands ensembles va de pair avec celle montant à l’intérieur des pays, des métropoles jusqu’aux petites villes aux régions les plus enclavées.

Performance. Cela entraîne de nombreuses questions : quelle est l’efficacité des politiques gouvernementales contre le virus ? Pourquoi certains pays et pas d’autres ont-ils réussi à gérer cette crise ? Quelle stratégie de vaccination est la meilleure ? Quel système de gouvernance a été le plus performant ? Une question clé s’impose : quel est l’effet du virus sur le concept d’Etat « hyper-puissance » et d’Etat très développé ?

Si l’on jette un coup d’œil sur la liste des pays les plus touchés, les pays « hyper-puissances » comme les Etat-Unis, la France, la Russie, la Grande-Bretagne ou même très développés tels que l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne occupent les premières places.

La notion d’« hyper-puissance » est souvent évaluée au prisme du pouvoir militaire et surtout nucléaire. Mais les Etats détenteurs de la bombe atomique et d’arsenaux militaires surdimensionnés ont montré leur impuissance face à cette crise sanitaire. La Covid19 s’y est propagée sans véritable résistance, comme en témoignent les scènes des hôpitaux italiens. Ces « hyper-puissances » et les pays très développés sont aussi en retard en matière de vaccination par rapport à des pays jeunes comme Israël ou les Emirats arabes unis.

Cette crise est en passe de changer durablement le concept d’« hyper-puissance » à l’aune des nouveaux challenges et défis à relever dans notre futur proche : les réponses aux virus et aux maladies.

Le Dr Nidal Shoukeir est professeur de communications stratégiques et relations gouvernementales.

Iles Caïmans (60 000 habitants) une des premières puissances mondiales grâce à l’évasion fiscale

Iles Caïmans (60 000 habitants) une des premières puissances mondiales grâce à l’évasion fiscale

ce n’est pas grâce à sa puissance économique que les iles Caïmans qui ne comptent que 60 000 habitants figurent comme troisième détenteur de la dette américaine (derrière la Chine et le Japon !) Mais grâce tout simplement à l’exemption dont bénéficie ce paradis fiscal. Ce petit territoire du Commonwealth britannique est aussi le siège de 60 % des très spéculatifs hedge funds. Quand on se demande qui peuvent être les principaux créanciers des Etats-Unis, les noms de la Chine, du Japon, de l’Arabie Saoudite ou de pays européens reviennent souvent.  Mais les chiffres du Trésor Américain recèlent le nom d’un créancier qu’on imaginait pas intégrer ne serait-ce que dans le Top 10. Le 3ème détenteur de dette américaine, derrière la Chine (1.244 milliards de dollars) et le Japon (1.137 milliards de dollars), sont les Îles Caïman, avec 265 milliards de dollars d’obligations américaines. Ce territoire du Commonwealth britannique, dont la population se limite à 60.413 habitants au dernier recensement, est en effet passé ces dernières semaines devant l’Irlande (264 milliards de dollars), et désormais loin devant le Brésil (246 milliards de dollars). Une progression fulgurante, liée à la problématique des paradis fiscaux, diablement d’actualité. Hormis leur climat tropical et leurs paysages paradisiaques, les Caïmans offrent aux investisseurs une singulière douceur en matière de taxe et d’impôts. Un décret royal britannique datant de 1788 les en exempte à 100%. Un cadeau de la couronne qui à l’époque est totalement justifié. Cette année-là, un convoi de navires britanniques parti de Jamaïque et ralliant la Grande-Bretagne, est pris dans une violente tempête. Tous les habitants de ce petit archipel de trois îles se mobilisent, afin de sauver le plus de marins et de passagers possible. Une bravoure louée par les survivants. Le Roi George III décide de faire grâce aux autochtones de conscription… et d’impôt à la Couronne. Ce privilège royal ne passe pas longtemps inaperçu. Très vite, de nombreuses sociétés commerciales s’installent aux Caïmans. Suivis, au 20ème siècle… par toutes les grandes banques et institutions financières. Et malgré des progrès en termes de transparence financière, le pays est toujours cité parmi les différentes listes internationales, noires ou grises, des paradis fiscaux. Si beaucoup de grandes banques ou d’institutions financières ont préféré quitter le pays, par peur d’éveiller les soupçons, énormément de hedge funds y sont toujours présents. Selon un rapport du cabinet Olivier Wyman datant d’il y a 2 ans, 60% des fonds d’arbitrage à travers le monde sont domiciliés dans cet archipel!  La Réserve Fédérale américaine étant déterminée à durcir sa politique monétaire cette année, les hedge funds, dont le travail consiste à couvrir le client et à gérer le risque, parient plus que jamais sur la dette américaine. Le passage en territoire négatif de certains taux européens et japonais ne fait qu’accroître le mouvement. « Une manière simple et efficace de laisser l’argent dormir avec profit, sans prendre trop de risque », commente un cabinet de conseil en hedge funds.

(avec RTL)




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