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Dette publique: 10.000 milliards d’euros, le vrai montant

Dette publique: 10.000 milliards d’euros, le vrai montant 

 La dette souveraine de l’État français approche les 10 000 milliards d’euros soit la moitié du patrimoine économique national. Pour résorber cette dette, la solution du bon sens est-elle la dernière à laquelle songe le gouvernement ? Par Gabriel Gaspard, Chef d’entreprise à la retraite, spécialiste en économie financière. ( dans La Tribune)

La dette souveraine de l’État français c’est l’ensemble des emprunts et des engagements souscrits par l’État et qu’il doit rembourser. Elle inclut la dette publique, les dettes hors bilan, les dettes isolées, la dette des entreprises du secteur public, la dette du déficit commercial, les dettes cachées et les dettes invisibles, etc. Elle représente environ la moitié du total du patrimoine économique national de 2023 (19 084,3 milliards d’euros). Cette dette est de fait garantie par ce patrimoine national. Accroitre sa valeur et réduire les dettes est impératif pour les épargnants et pour l’État. Explications et solution.

La dette publique c’est l’ensemble des emprunts contractés par l’État, la Sécurité sociale, les organismes divers d’administration centrale et les collectivités territoriales. À la fin de l’année 2023, la dette publique au sens de Maastricht s’est établie à 3 101,2 milliards d’euros soit 110,6% du PIB. D’après les chiffres de la Banque de France, 52% de la dette des administrations publiques françaises étaient détenus par des investisseurs étrangers. La France a payé 50,1 milliards d’euros en charge d’intérêts de cette dette et 26,05 milliards d’euros  à des non-résidents à comparer au déficit des transactions courantes de 28,1 milliards d’eurosCette dette était de 2 218,4 milliards d’euros à la fin du quatrième trimestre 2017, soit une augmentation d’environ 1 000 milliards d’euros depuis les élections présidentielles de 2017. Cette dette est restée élevée et s’est accrue rapidement. Elle a fait apparaitre des comportements d’épargne de précaution et elle a affaibli la croissance avec des conséquences préjudiciables pour les personnes les plus vulnérables.

« La valeur des engagements hors bilan donnés par l’État atteint 4 188 milliards d’euros au 31 décembre 2023. Ce montant représente plus de douze ans de produits régaliens et est en hausse de 266 milliards d’euros par rapport à 2022. Il se compose de plusieurs parties : les engagements de retraite des fonctionnaires, pour 1 841 milliards d’euros, les engagements de l’État au titre de sa mission de régulateur économique et social, pour 680 milliards d’euros (incluant les régimes spéciaux de retraite (SNCF, RATP) à hauteur de 262 milliards d’euros) et enfin les engagements financiers (1 591 milliards d’euros) qui comprennent notamment la protection de l’épargne réglementée, les prêts garantis par l’État et les garanties et engagement vis-à-vis de l’Union européenne«  Cour des comptes. La dette hors bilan, qui est moins commentée par la presse a aussi des conséquences lourdes sur le déficit, etc.

Au sens du traité de Maastricht, la dette de la Sécurité sociale doit être incorporée à la dette publique. Ce qui n’est pas entièrement le cas. C’est 145,1 milliards d’euros qui sont encore retirés de la dette publique et gérés par la CADES. La Caisse d’Amortissement de la Dette Sociale (CADES) a été créée en 1996. Sa mission est de financer et d’éteindre la dette cumulée de la Sécurité Sociale. « Fin 2023, 242,6 milliards d’euros de dette sociale ont ainsi été amortis par la CADES sur les 387,7 milliards d’euros repris depuis sa création (y compris les 27,2 milliards d’euros au titre de 2023)« .

Le total des passifs financiers comptabilisé par l’agence de participation de l’État (APA) s’élevait à environ 238,525 milliards d’euros fin 2023. Cette dette n’est pas prise en compte dans la dette publique. L’endettement de ses entreprises demeure un risque pour l’État, particulièrement aujourd’hui avec une croissance lente de l’activité économique, qui compliquerait le remboursement des dettes ainsi contractées.

La dette du déficit commercial correspond au solde négatif de la balance commerciale d’un pays. En France, la balance commerciale enregistre uniquement les flux liés aux exportations et importations de biens. En 2023, le déficit commercial de la France s’est établit à 99,6 milliards d’euros. Si la balance commerciale reste longtemps déficitaire (depuis 2006), elle peut devenir un problème économique lorsque la dette qu’elle engendre devient très lourde à supporter.

La France touchera 40 milliards d’euros de l’UE (plan de relance Européen Next EU de 750 milliards d’euros) comme subvention pour son plan de relance de 100 milliards d’euros. A priori l’argent doit être remboursé par l’Europe sur 40 ans si elle arrive à mettre en place ses propres taxes. Dans le cas où les 27 pays ne s’entendraient pas, la France doit rembourser 67 milliards d’euros, équivalent à 17,3% du budget européen (contribution de la France au budget de l’UE). De plus dans le plan global de 750 milliards d’euros il y a 360 milliards d’euros de prêts potentiels mis au service des pays européens, une possibilité de nouveaux emprunts pour la France de 62,28 milliards d’euros. La contribution de la France aux ressources propres de l’Union européenne était de 26,1 milliards d’euros en 2023. Celle-ci est directement affectée à l’UE sans passer par le budget de l’État.

L’Europe n’est pas la seule à venir au secours de la France. Le FMI vient de voter une allocation de droits de tirage spéciaux de 650 milliards de dollars (DTS). Le DTS n’est pas considéré comme un emprunt. La France peut donc emprunter sans l’intégrer à sa dette publique jusqu’à 145% de sa quote-part (qui est de 5,2%). D’après le FMI, les dettes cachées nuisent à l’économie. Les lois nationales doivent être révisées pour assurer la transparence des obligations publiques. En France, la transparence n’est pas totale sur les prêts garantis, sur les formes inédites et complexes de financement et sur les accords de confidentialité, etc.

Les dettes invisibles correspondent au manque d’investissement dans l’entretien des infrastructures, le coût de la transition retardée ou de l’inaction climatique.

Pour l’entretien des infrastructures, il y a besoin d’investissements directs considérables pour assurer l’avenir. Selon les avis de CESE en 2020 : « si la France possède l’un des meilleurs réseaux d’infrastructures au monde, les besoins d’investissement sont énormes tant pour entretenir l’existant que pour relever les grands défis du siècle que sont la transition écologique et la révolution numérique » En 2023, les dépenses de l’État consacrée aux investissements directs étaient de 4,3% du PIB, en 2020 moins de 5%, alors qu’au début des années 1990, elles représentaient près de 20% du budget. Le pourcentage réel à retenir aujourd’hui est proche de 10% du PIB soit 282 milliards d’euros (145 milliards d’euros pour les projets en études).

Dans le PLF 2024 on trouve une différence de 7 milliards d’euros en faveur de la planification écologique. La France n’est qu’à la neuvième place au classement 2023 des pays les plus écologiques et engagés. Elle se prépare à mal vivre les +4°C à l’Horizon 2100. Le troisième plan national d’adaptation au changement climatique dévoilé le 25 octobre 2024 reste flou et loin de la réalité. D’après la direction générale du trésor DGT, les besoins nécessaires sont de 100 milliards d’euros par an de 2024 à 2030. D’après l’ADEME, pour une élévation des températures mondiales de près de +3,5°C par rapport à l’ère préindustrielle, dans le scénario de transition retardée, la somme nécessaire serait de 1 100 milliards d’euros de 2030 à 2050.

« Les nouvelles règles encourageront davantage les réformes structurelles et les investissements publics qui renforcent la durabilité et la croissance ». La France a mis en œuvre d’importantes réformes structurelles au cours des dernières décennies. Ces réformes n’ont pas permis pour autant de combler l’écart de PIB par habitant avec les pays les plus performants. Avec une Assemblée nationale divisée, le gouvernement évite d’engager de nouvelles réformes des retraites, du chômage, etc. Il a choisi, en même temps, de réduire les dépenses et d’augmenter les impôts et taxes. Ce choix hasardeux ne défend pas la crédibilité financière de la France… « Les États membres seront invités à élaborer un plan budgétaire et structurel national à moyen terme qui s’étende sur 4 à 5 ans…Les États membres seront autorisés à demander une prolongation du plan jusqu’à sept ans au maximum s’ils s’engagent à mettre en œuvre un ensemble de réformes et d’investissements qui améliorent la croissance potentielle et le potentiel de résilience… ».

Avec 10 000 milliards d’euros  de dette souveraine, le défi serait de réduire la dette publique de 1 408 milliards d’euros sur 4 à 5 ans (revenir à 60% du PIB) et de limiter le déficit public à 3% au lieu de 6,2% prévu en 2024. Une seule solution reste possible : orienter l’épargne des ménages vers les investissements productifs publics.

Le multiplicateur d’investissement ou multiplicateur budgétaire établit un rapport entre les dépenses publiques et leurs effets sur les revenus globaux disponibles. Quand l’État investit, les dépenses produiront un effet démultiplié sur la production, l’emploi, le niveau de vie des citoyens et l’indépendance industrielle. Dans une économie, l’investissement joue le rôle d’un accélérateur, l’épargne celui d’un frein. Pour rejeter le multiplicateur d’investissement, l’analyse libérale met en avant son inefficacité à cause des emprunts qu’il faudra rembourser par des impôts à venir. Pour éviter la hausse des taux due aux emprunts bancaires, l’augmentation de la dette publique, la relance de la demande extérieure et la hausse des impôts, la meilleure solution serait d’investir en recourant aux épargnes des ménages gérés par des établissements de crédits publics (conformément au traité de Rome, les caisses de crédit publiques peuvent emprunter directement à la Banque centrale).

D’après la Fédération Bancaire Française « L’épargne est toujours abondante en France et les flux d’épargne restent dynamiques en 2023 à 315 milliards d’euros »L’épargne financière des ménages est estimée à 4 427,7 milliards d’euros en 2023, dont 935,5 milliards d’euros déposés sur les produits d’épargne réglementée. Une partie de cette manne peut être utilisée pour créer de nouveaux livrets réglementés au lieu d’augmenter la dette extérieure nette de la France qui a atteint 1 102 milliards d’euros soit 39,1% du PIB. Avec des plafonds de versement, les nouveaux produits d’épargne seraient garantis et rémunérés. Les nouveaux contrats devraient présenter plusieurs atouts pour les consommateurs : flexibilité, frais de gestion nuls, pas de frais de transfert, avantages fiscaux, etc.

Les investissements retenus doivent être de haute qualité, nécessaires et utiles tels que la transition écologique, la santé et la dépendance, la ruralité et les infrastructures, etc. La France ne devrait pas opérer de dépenses publiques de fonctionnement pour des raisons électorales, ni pratiquer une politique économique de l’offre.

La dernière étude du FMI en 2020, portant sur les pays avancés et les pays émergents, a montré que financer par un accroissement de la dette « une augmentation de l’investissement public égale à 1% du PIB renforcerait la confiance dans le redémarrage de l’activité et dynamiserait le PIB de 2,7%, l’investissement privé de 10% et l’emploi de 1,2% ».

Stratégie énergétique : une consultation publique bidon !

Stratégie énergétique : une consultation publique bidon !

Le gouvernement français veut lancer une consultation publique sur l’énergie tout simplement pour éviter l’obstacle du Parlement où les contradictions sont rédhibitoires. Une énième consultation sur la question et qui devrait se traduire non pas par une loi mais par la publication d’un décret simple en 2025.Théoriquement il faut évidemment se réjouir de voir le débat sur les grandes questions stratégiques qui structurent l’avenir élargi à l’ensemble de l’opinion. En réalité , cette consultation sera comme les autres : bidon. Il y aura deux ou trois grandes réunions solennelles, de grands discours et on ne retiendra pas grand-chose de la vision d’avenir. De toute manière, les points de vue sont relativement inconciliables entre les partisans du tout nucléaire qui représente un atout économique et écologique indiscutable et les écolos politisés qui ne jurent que par des énergies alternatives sans doute utiles  mais complètement inadaptés aux besoins globaux.

Cette grande consultation sur le plan démocratique ressemblera sans doute à ce » grand débat nationa »l qu’avait lancé le président de la république et dont aucune synthèse ni aucune orientation n’ont été tirées.

On objectera qu’ici ou là dans quelques grandes villes on va organiser entre les deux camps opposés quelques séminaires ou réunions solennelles. Quelques articles dans les journaux locaux. Globalement comme d’ailleurs à chaque fois lors des consultations publiques seulement une infime partie de la population aura l’occasion de donner son avis et en six semaines.
En cause l’organisation même de nos pratiques démocratiques. Ces débats publics type « conventions citoyennes » sont bidons tout simplement parce qu’on ne peut pas brusquement devenir en quelques jours ou quelques semaines un expert capable de prendre en compte la problématique globale, la question énergétique bien sûr mais plus généralement la question économique mais aussi sociale, sociétale voire culturelle.

Ces débats d’une grande complexité exigent un minimum de sérieux et de connaissances que seules les organisations et institutions représentatives peuvent aborder avec pertinence. Or précisément depuis l’ère Maco,n la plupart des institutions et organisations intermédiaires ont été ignorées encore davantage que naguère.

Lae gouvernement a donc  lancé ce lundi une consultation publique sur la « Programmation pluriannuelle de l’énergie » (PPE), c’est-à-dire la feuille de route pour la production et la consommation de chaque source d’énergie dans l’Hexagone sur les dix ans à venir (2025-2035).

Le document devrait entraîner la publication d’un décret « d’ici à la fin du premier trimestre 2025 », après plus d’un an et demi de retard. Et non d’une loi, comme l’avait pourtant promis par Emmanuel Macron en 2019, afin d’éviter les débats parlementaires sur ce sujet explosif. Il s’agissait en effet d’une obligation légale, d’ailleurs inscrite dans le Code de l’Energie.

Concrètement, pendant six semaines, chacun pourra donner son avis sur les documents soumis à consultation, qui ont été mis en ligne cet après-midi. L’idée : établir une « planification » des sources de production d’énergie (nucléaire, renouvelables…) avec des cibles de réduction des émissions de gaz à effet de serre associées, mais aussi des objectifs sur la sobriété, sans devoir passer par le Sénat et l’Assemblée nationale. Et pour cause, une grande partie de la gauche entend diminuer le poids du nucléaire, tandis que la droite se refuse au développement massif du renouvelable.

Il  faudra utiliser davantage d’électricité pour se passer du gaz, du fioul et du pétrole, puisque la part de ces fossiles dans la consommation finale passera de 60% en 2022 à 42% en 2030, indiquent les documents. Ce qui ne signifie pas que la demande globale d’énergie montera en flèche. À l’inverse, celle-ci devrait même décliner de 20% en 2030 par rapport à 2012. Sobriété, efficacité et électrification seront donc les maîtres-mots.

 

Une dette publique insoutenable

Une dette publique insoutenable

 

Les mesures annoncées par le premier ministre lors de son discours de politique générale risquent de ne pas suffire. L’environnement économique est tel que la France atteint le seuil où la dette produit de la dette qui produit de la dette… Une situation désormais intenable. L’incapacité récurrente des pouvoirs publics français à ramener le déficit dans les critères de Maastricht a été aggravée par les deux grandes crises des subprimes en 2008 et celle du Covid-19 en 2020. En conséquence de l’accumulation de 44 années de déficit excessif depuis 1980, date à laquelle les finances publiques étaient à l’équilibre et la dette à 20 %, l’endettement public s’élevait fin 2023 à 112 % du PIB soit le double de la limite de 60 % du PIB fixée par le Pacte de stabilité et de croissance dûment ratifié par la France. Pire encore, depuis début janvier nous assistons à une succession de révisions à la hausse du déficit public pour 2024, initialement attendu à 4,4 % soit déjà à l’époque le pire de la zone euro après l’Italie. Le ministère des Finances l’a depuis fortement revu à la hausse d’abord en mars dernier à 5,7 % pour finalement avouer juste avant le dépôt du projet de loi de finances pour 2025 qu’il s’établira sans doute au-delà de 6 %.

par Éric Pichet
Professeur et directeur du Mastère Spécialisé Patrimoine et Immobilier, Kedge Business School dans « the Conversation » 
Nous avions déjà souligné ici l’impuissance chronique des gouvernements successifs à respecter les objectifs pourtant modestes des lois de finances mais la divergence entre déficit attendu et réalisé n’a jamais été aussi forte alors que doit débuter – avec retard – l’examen du budget 2025 par une Assemblée nationale extraordinairement divisée et polarisée. Parallèlement, Paris, sous procédure pour déficit excessif depuis juillet dernier devait soumettre à Bruxelles un plan pluriannuel de réduction de son déficit le 20 septembre avant d’obtenir in extremis un délai supplémentaire au 31 octobre.

La gravité de la situation n’a pas encore été prise en compte par les agences de notation mais elle l’est déjà par les marchés obligataires puisque la France emprunte désormais à 5 ans non seulement à un taux plus élevé que le Portugal et l’Espagne mais même que la Grèce. Ils remplissent ainsi un rôle très utile de lanceurs d’alerte que n’a jamais su assumer le Haut Conseil des finances publiques depuis sa création par le Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance de 2012, comme nous l’avions rappelé dès 2014 puis à maintes reprises. La Commission européenne a elle aussi toujours fait preuve de laxisme vis-à-vis des dérives budgétaires françaises.

Le déficit nominal, publié régulièrement par l’Insee doit, depuis l’application des critères de Maastricht, rester en dessous de 3 % ce qui ne s’est pas produit depuis 2018. Pour tenir compte de l’évolution du cycle économique et éviter de faire plonger les pays de l’UE d’une récession temporaire à une profonde dépression, le Pacte de stabilité et de croissance a progressivement retenu le critère du déficit structurel, à savoir le déficit hors dégradation liée à un ralentissement économique conjoncturel. Le problème vient du fait que ce solde structurel ne peut qu’être estimé, à la différence du déficit nominal dont le calcul par l’Insee est incontestable.

Ainsi en 2021 nous estimions, comme la Commission européenne, le déficit structurel français autour de 5 % soit très loin de l’évaluation fantaisiste de Bercy et surtout très au-delà de l’objectif fixé par le traité de 0,5 % du PIB. S’il reste supérieur à 5 % du PIB aujourd’hui c’est parce que le pays n’a toujours pas engagé de véritables réformes structurelles à l’exception de celle des retraites d’avril 2023 si décriée malgré des résultats modestes.

En France, les gouvernements successifs n’ont jamais su, depuis 1981, tirer profit des périodes de croissance pour rétablir l’équilibre des comptes publics, chaque période de récession se traduisant par une flambée spectaculaire de la dette suivie systématiquement d’un effet de cliquet.

Cette inconscience s’est même accentuée après la crise des subprimes grâce à des circonstances exceptionnellement favorables. À partir de 2008 en effet, les banques centrales ont ramené leurs taux directeurs à des niveaux proches de zéro, voire négatifs, ce qui était totalement inédit. Par contagion, les taux obligataires ont suivi la tendance puisque l’État français a même pu emprunter à 10 ans à taux négatif pendant quelques années. D’où la situation paradoxale et lénifiante d’une forte hausse de la dette concomitante à une diminution régulière de la charge de la dette publique (les intérêts versés sur la dette publique) passée de 3 % du PIB en 2008 à seulement 1,7 % en 2023.

Comble du paradoxe, la remontée des taux d’intérêt obligataires autour de 3 % en 2022 et 2023 s’est traduite par une baisse du ratio dette publique sur PIB passé de 118 % du PIB au plus haut en 2021 à 112 % fin 2023 car la charge de la dette ne remontera que progressivement au fil des remplacements des emprunts émis il y a quelques années alors que l’inflation s’est brutalement envolée de 5,2 % en 2022 puis de 4,9 % en 2023 ce qui a immédiatement gonflé les recettes publiques.

L’inflation refluant désormais en dessous de l’objectif de long terme de la BCE de 2 % par an, les circonstances exceptionnelles des deux dernières années disparaissent et le risque d’un effet boule de neige sur la dette du fait de déficits incontrôlables devient patent.

Selon l’équation de soutenabilité de la dette, cette dernière est stabilisée par rapport au PIB tant que le taux de croissance nominale de la dette égale celui du PIB en valeur. Ainsi aujourd’hui, avec une dette publique de 112 % du PIB et une croissance du PIB en valeur de 3 % (1 % en volume +2 % d’inflation), la dette en pourcentage est stable si le déficit ne dépasse pas 3,3 %. Or, il est de plus de 6 % cette année et attendu par le Gouvernement (de manière excessivement optimiste) à 5 % en 2025. Il est donc certain que la dette va reprendre son ascension en 2024 et 2025 et donc que la charge d’intérêts va s’envoler.

Pour stopper l’emballement de l’effet boule de neige déjà enclenché, il n’y a qu’une seule solution : atteindre au plus vite le déficit stabilisant la dette de 3,3 %. Compte tenu de la charge d’intérêts actuelle d’environ 2 % du PIB cela implique nécessairement de ramener le déficit primaire (hors charge d’intérêts) de 4 % actuellement à seulement 1,3 % du PIB soit un effort structurel de 2,7 % du PIB en 2024 et même de 3,7 % en 2025 car le déficit s’établirait sans correction à 7 % l’an prochain.

En clair, cela signifie qu’il faudrait faire un effort de 112 milliards d’euros en 2025 soit deux fois plus que prévu dans le projet de lois de finances pour 2025… une prévision déjà particulièrement optimiste. Il est évident que l’effort extraordinaire annoncé de 60 milliards dont 20 milliards sous forme de hausse d’impôts et 40 milliards de coupes dans les dépenses n’empêchera pas la dette publique de croître et ne stoppera pas l’effet boule de neige.

Le pays n’est donc qu’au début d’un long et douloureux chemin déjà balisé par la Grèce, le Portugal, l’Espagne et l’Italie (les fameux PIGS) qui sont contraints de dégager depuis plusieurs années un excédent primaire afin de réduire leur endettement via la baisse du niveau de vie de leurs citoyens (de 30 % en Grèce) ou en coupant dans leurs dépenses d’investissement et en supportant un fort taux de chômage des jeunes comme en Italie. La question de la dette publique restera donc centrale dans le débat politique des prochaines années d’autant qu’à la dette financière s’ajoute la dette écologique qui bien que les émissions de CO2 diminuent chaque année progresse toujours de l’ordre de 40 milliards d’euros par an. Sans oublier le passif social lié aux droits à retraite dans le secteur public qui n’est pas provisionné…

Une dette publique insoutenable

Une dette publique insoutenable

 

Les mesures annoncées par le premier ministre lors de son discours de politique générale risquent de ne pas suffire. L’environnement économique est tel que la France atteint le seuil où la dette produit de la dette qui produit de la dette… Une situation désormais intenable. L’incapacité récurrente des pouvoirs publics français à ramener le déficit dans les critères de Maastricht a été aggravée par les deux grandes crises des subprimes en 2008 et celle du Covid-19 en 2020. En conséquence de l’accumulation de 44 années de déficit excessif depuis 1980, date à laquelle les finances publiques étaient à l’équilibre et la dette à 20 %, l’endettement public s’élevait fin 2023 à 112 % du PIB soit le double de la limite de 60 % du PIB fixée par le Pacte de stabilité et de croissance dûment ratifié par la France. Pire encore, depuis début janvier nous assistons à une succession de révisions à la hausse du déficit public pour 2024, initialement attendu à 4,4 % soit déjà à l’époque le pire de la zone euro après l’Italie. Le ministère des Finances l’a depuis fortement revu à la hausse d’abord en mars dernier à 5,7 % pour finalement avouer juste avant le dépôt du projet de loi de finances pour 2025 qu’il s’établira sans doute au-delà de 6 %.

par Éric Pichet
Professeur et directeur du Mastère Spécialisé Patrimoine et Immobilier, Kedge Business School dans « the Conversation » 

 
Nous avions déjà souligné ici l’impuissance chronique des gouvernements successifs à respecter les objectifs pourtant modestes des lois de finances mais la divergence entre déficit attendu et réalisé n’a jamais été aussi forte alors que doit débuter – avec retard – l’examen du budget 2025 par une Assemblée nationale extraordinairement divisée et polarisée. Parallèlement, Paris, sous procédure pour déficit excessif depuis juillet dernier devait soumettre à Bruxelles un plan pluriannuel de réduction de son déficit le 20 septembre avant d’obtenir in extremis un délai supplémentaire au 31 octobre.

La gravité de la situation n’a pas encore été prise en compte par les agences de notation mais elle l’est déjà par les marchés obligataires puisque la France emprunte désormais à 5 ans non seulement à un taux plus élevé que le Portugal et l’Espagne mais même que la Grèce. Ils remplissent ainsi un rôle très utile de lanceurs d’alerte que n’a jamais su assumer le Haut Conseil des finances publiques depuis sa création par le Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance de 2012, comme nous l’avions rappelé dès 2014 puis à maintes reprises. La Commission européenne a elle aussi toujours fait preuve de laxisme vis-à-vis des dérives budgétaires françaises.

Le déficit nominal, publié régulièrement par l’Insee doit, depuis l’application des critères de Maastricht, rester en dessous de 3 % ce qui ne s’est pas produit depuis 2018. Pour tenir compte de l’évolution du cycle économique et éviter de faire plonger les pays de l’UE d’une récession temporaire à une profonde dépression, le Pacte de stabilité et de croissance a progressivement retenu le critère du déficit structurel, à savoir le déficit hors dégradation liée à un ralentissement économique conjoncturel. Le problème vient du fait que ce solde structurel ne peut qu’être estimé, à la différence du déficit nominal dont le calcul par l’Insee est incontestable.

Ainsi en 2021 nous estimions, comme la Commission européenne, le déficit structurel français autour de 5 % soit très loin de l’évaluation fantaisiste de Bercy et surtout très au-delà de l’objectif fixé par le traité de 0,5 % du PIB. S’il reste supérieur à 5 % du PIB aujourd’hui c’est parce que le pays n’a toujours pas engagé de véritables réformes structurelles à l’exception de celle des retraites d’avril 2023 si décriée malgré des résultats modestes.

En France, les gouvernements successifs n’ont jamais su, depuis 1981, tirer profit des périodes de croissance pour rétablir l’équilibre des comptes publics, chaque période de récession se traduisant par une flambée spectaculaire de la dette suivie systématiquement d’un effet de cliquet.

Cette inconscience s’est même accentuée après la crise des subprimes grâce à des circonstances exceptionnellement favorables. À partir de 2008 en effet, les banques centrales ont ramené leurs taux directeurs à des niveaux proches de zéro, voire négatifs, ce qui était totalement inédit. Par contagion, les taux obligataires ont suivi la tendance puisque l’État français a même pu emprunter à 10 ans à taux négatif pendant quelques années. D’où la situation paradoxale et lénifiante d’une forte hausse de la dette concomitante à une diminution régulière de la charge de la dette publique (les intérêts versés sur la dette publique) passée de 3 % du PIB en 2008 à seulement 1,7 % en 2023.

Comble du paradoxe, la remontée des taux d’intérêt obligataires autour de 3 % en 2022 et 2023 s’est traduite par une baisse du ratio dette publique sur PIB passé de 118 % du PIB au plus haut en 2021 à 112 % fin 2023 car la charge de la dette ne remontera que progressivement au fil des remplacements des emprunts émis il y a quelques années alors que l’inflation s’est brutalement envolée de 5,2 % en 2022 puis de 4,9 % en 2023 ce qui a immédiatement gonflé les recettes publiques.

L’inflation refluant désormais en dessous de l’objectif de long terme de la BCE de 2 % par an, les circonstances exceptionnelles des deux dernières années disparaissent et le risque d’un effet boule de neige sur la dette du fait de déficits incontrôlables devient patent.

Selon l’équation de soutenabilité de la dette, cette dernière est stabilisée par rapport au PIB tant que le taux de croissance nominale de la dette égale celui du PIB en valeur. Ainsi aujourd’hui, avec une dette publique de 112 % du PIB et une croissance du PIB en valeur de 3 % (1 % en volume +2 % d’inflation), la dette en pourcentage est stable si le déficit ne dépasse pas 3,3 %. Or, il est de plus de 6 % cette année et attendu par le Gouvernement (de manière excessivement optimiste) à 5 % en 2025. Il est donc certain que la dette va reprendre son ascension en 2024 et 2025 et donc que la charge d’intérêts va s’envoler.

Pour stopper l’emballement de l’effet boule de neige déjà enclenché, il n’y a qu’une seule solution : atteindre au plus vite le déficit stabilisant la dette de 3,3 %. Compte tenu de la charge d’intérêts actuelle d’environ 2 % du PIB cela implique nécessairement de ramener le déficit primaire (hors charge d’intérêts) de 4 % actuellement à seulement 1,3 % du PIB soit un effort structurel de 2,7 % du PIB en 2024 et même de 3,7 % en 2025 car le déficit s’établirait sans correction à 7 % l’an prochain.

En clair, cela signifie qu’il faudrait faire un effort de 112 milliards d’euros en 2025 soit deux fois plus que prévu dans le projet de lois de finances pour 2025… une prévision déjà particulièrement optimiste. Il est évident que l’effort extraordinaire annoncé de 60 milliards dont 20 milliards sous forme de hausse d’impôts et 40 milliards de coupes dans les dépenses n’empêchera pas la dette publique de croître et ne stoppera pas l’effet boule de neige.

Le pays n’est donc qu’au début d’un long et douloureux chemin déjà balisé par la Grèce, le Portugal, l’Espagne et l’Italie (les fameux PIGS) qui sont contraints de dégager depuis plusieurs années un excédent primaire afin de réduire leur endettement via la baisse du niveau de vie de leurs citoyens (de 30 % en Grèce) ou en coupant dans leurs dépenses d’investissement et en supportant un fort taux de chômage des jeunes comme en Italie. La question de la dette publique restera donc centrale dans le débat politique des prochaines années d’autant qu’à la dette financière s’ajoute la dette écologique qui bien que les émissions de CO2 diminuent chaque année progresse toujours de l’ordre de 40 milliards d’euros par an. Sans oublier le passif social lié aux droits à retraite dans le secteur public qui n’est pas provisionné…

Dette publique : Autour de 50 000 € par Français et 100 000 Euros par actif

Dette publique : Autour de 50 000 € par Français et 100 000 Euros par actif

 

  La dette publique française a atteint 3228,4 milliards d’euros au deuxième trimestre 2024, d’après les derniers chiffres de l’Insee parus ce vendredi. L’endettement public du pays, qui s’est massivement accru depuis la crise sanitaire, a donc augmenté de près de 69 milliards d’euros entre mars et juin pour atteindre 112% du PIB, contre 110,7% à la fin du premier trimestre. Une dette qui représente environ 50 000 € par Français ou encore environ 100 000 € par actif.

L’année dernière, les «engagements financiers de l’État» figuraient à la seconde place des dépenses derrière l’éducation (82 milliards d’euros), avec quelque 62,4 milliards d’euros dépensés en 2023, dont 53,9 milliards d’euros au titre de la «Charge de la dette et trésorerie de l’État». Loin devant la Défense, et son budget de 54,8 milliards d’euros en 2023.

Le  nouveau ministre du Budget a tiré la sonnette d’alarme ce mercredi. «La situation de nos finances publiques est grave, et je n’irai pas par quatre chemins: en 2024, le déficit public risque de dépasser les 6% du PIB» contre 5,1% initialement attendus, a-t-il annoncé devant la Commission des Finances de l’Assemblée nationale.

 

Dette publique : Autour de 50 000 € par Français

Dette publique : Autour de 50 000 € par Français

  La dette publique française a atteint 3228,4 milliards d’euros au deuxième trimestre 2024, d’après les derniers chiffres de l’Insee parus ce vendredi. L’endettement public du pays, qui s’est massivement accru depuis la crise sanitaire, a donc augmenté de près de 69 milliards d’euros entre mars et juin pour atteindre 112% du PIB, contre 110,7% à la fin du premier trimestre. Une dette qui représente environ 50 000 € par Français ou encore environ 100 000 € par actif.

L’année dernière, les «engagements financiers de l’État» figuraient à la seconde place des dépenses derrière l’éducation (82 milliards d’euros), avec quelque 62,4 milliards d’euros dépensés en 2023, dont 53,9 milliards d’euros au titre de la «Charge de la dette et trésorerie de l’État». Loin devant la Défense, et son budget de 54,8 milliards d’euros en 2023.

Le  nouveau ministre du Budget a tiré la sonnette d’alarme ce mercredi. «La situation de nos finances publiques est grave, et je n’irai pas par quatre chemins: en 2024, le déficit public risque de dépasser les 6% du PIB» contre 5,1% initialement attendus, a-t-il annoncé devant la Commission des Finances de l’Assemblée nationale.

 

Économie : rôle et limites de la dette publique

Économie : rôle et limites de la dette publique

 

La dette publique est souvent perçue comme un élément incontournable des politiques économiques modernes. Elle agirait comme un relais naturel de la dette privée dans un contexte où l’épargne globale dépasse l’investissement. Mais cette perception mérite d’être nuancée, car elle repose sur plusieurs hypothèses qui peuvent être remises en question. À première vue, la dette publique semble remplir une fonction cruciale dans une économie où l’épargne globale, tant celle des ménages que des entreprises, dépasse les besoins d’investissement. En effet, les entreprises, tout comme les ménages, sont souvent en position de créanciers nets. Cette situation génère un surplus d’épargne qui doit être absorbé par d’autres acteurs économiques, notamment les gouvernements, qui peuvent emprunter ces fonds pour financer des dépenses publiques.

 

par

Économie : rôle et limites de la dette publique
par Serge Besanger
Professeur à l’ESCE International Business School, INSEEC U Research Center, ESCE International Business School,  consulting expert au Fonds Monétaire International (FMI) dans The Conversation . 

Ce mécanisme, en apparence, confère à la dette publique un rôle stabilisateur : elle permet de recycler l’excès d’épargne sous forme de dépenses publiques, stimulant ainsi l’économie et évitant une stagnation due à un manque de demande. Cependant, cette approche fait abstraction des effets secondaires et des comportements anticipateurs des acteurs économiques.
Une autre explication possible du surplus d’épargne provient de ce que l’on appelle l’équivalence ricardienne. Selon cette théorie, les ménages et les entreprises anticipent des hausses futures de la fiscalité en réponse à l’augmentation de la dette publique. Ils épargnent donc davantage aujourd’hui en prévision de l’augmentation future des impôts, nécessaire pour rembourser cette dette. En conséquence, ce surcroît d’épargne n’est pas nécessairement un excès, mais une réponse rationnelle à la politique budgétaire actuelle trop dépensière.
Ce phénomène peut créer un cercle vicieux : les entreprises épargnent « trop » par crainte d’une future hausse des impôts, ce qui limite l’investissement privé, renforce le rôle du gouvernement dans l’économie et justifie encore davantage l’endettement public. En d’autres termes, loin d’être une solution indispensable, la dette publique pourrait en réalité être un symptôme de comportements économiques anticipatifs. Son rôle de relais nécessaire pour soutenir la demande globale serait partiellement en trompe-l’œil.

Les dangers d’une dette publique trop élevée
Quelle que soit l’explication retenue pour justifier l’existence de la dette publique, il est indéniable que des niveaux trop élevés de dette posent des risques importants pour l’économie d’un pays. Parmi les effets bien connus d’une dette publique excessive, on trouve :

le coût croissant du service de la dette : lorsque la dette augmente, les paiements d’intérêts deviennent une part de plus en plus importante du budget de l’État, réduisant ainsi la marge de manœuvre pour financer d’autres priorités (régaliennes, éducation, santé, infrastructures…) ;

le risque de crise de confiance : si les marchés perdent confiance dans la capacité d’un État à rembourser sa dette, cela peut entraîner une augmentation des taux d’intérêt, accentuant encore davantage le coût de la dette et pouvant mener à une crise budgétaire ;

enfin un effet d’éviction sur l’investissement privé : une dette publique excessive peut avoir pour effet de « chasser » les investissements privés, car les fonds disponibles pour prêter aux entreprises sont absorbés par le financement de la dette publique.

 

Certains seuils devraient alerter les décideurs, toutes choses égales par ailleurs :

tout d’abord, le ratio de la dette publique au PIB : un ratio supérieur à 60 % est souvent considéré comme un seuil préoccupant. Cela signifie que la dette publique représente plus de la moitié de la production économique annuelle d’un pays ;

le ratio des intérêts de la dette sur les recettes publiques : si ce ratio dépasse 10 %, cela indique que plus de 10 % des recettes fiscales sont consacrées au paiement des intérêts de la dette, limitant ainsi la capacité d’investissement de l’État ;

le rapport entre la croissance des dépenses publiques et la croissance économique : si les dépenses publiques augmentent plus rapidement que la croissance du PIB sur plusieurs années, cela peut signaler un risque de déséquilibre budgétaire et une accumulation insoutenable de la dette.

De ces trois points de vue, la dette française est jugée préoccupante, notamment du point de vue de l’équité générationnelle.

Les dangers d’une dette publique « trop faible »
La dette publique est donc souvent perçue sous un angle négatif, associée à des risques de surendettement, de crise budgétaire et de charges d’intérêts élevées. Cependant, il ne faut pas oublier que la dette publique, lorsqu’elle est gérée de manière prudente, peut jouer un rôle clé dans le bon fonctionnement de l’économie d’un pays. Une dette publique trop faible – ou son absence – peut également comporter des risques et priver un État d’un levier important pour gérer l’économie.

 

Pis encore, une dette publique faible, ou l’absence de dette, n’est pas nécessairement un signe de bonne santé économique. Une dette publique trop faible limite les possibilités de financement de projets régaliens, d’infrastructure, d’éducation, de recherche ou de santé. Ces investissements sont pourtant essentiels pour le développement économique à long terme. Sans dette, l’État peut être contraint de financer ces projets uniquement via des recettes fiscales, ce qui peut entraîner une augmentation des impôts ou une diminution des investissements, freinant ainsi la croissance.

La dette publique permet aux gouvernements de répondre rapidement en cas de crise économique, comme une récession, une pandémie, ou une catastrophe naturelle. Sans la possibilité de s’endetter, un pays serait contraint de réduire ses dépenses ou d’augmenter ses impôts en pleine crise, aggravant la situation. La dette publique sert donc de levier pour soutenir la demande globale et éviter des effets récessifs trop sévères.

France versus Paraguay
Une dette publique trop faible peut également engendrer des déséquilibres sur les marchés financiers. Les obligations d’État jouent un rôle crucial en tant qu’actifs sûrs, offrant aux investisseurs une source de stabilité dans un environnement financier souvent volatile. Ainsi, la France maintient un niveau de dette publique élevé, ce qui lui permet d’émettre régulièrement des obligations d’État. Cette politique assure une liquidité sur le marché et permet aux investisseurs de se tourner vers ces actifs sûrs en période d’incertitude.

Dans le cas de l’Équateur et du Paraguay en revanche, pays où le niveau de la dette publique est compris entre seulement 30 et 40 % du PIB, l’émission d’obligations est plus irrégulière, et les investisseurs ne trouvent pas suffisamment d’actifs sûrs pour diversifier leurs portefeuilles. Cette situation mène à une volatilité accrue, car les investisseurs cherchent des alternatives, souvent dans des actifs plus risqués.

En somme, tandis qu’une dette publique excessive peut « chasser » les investissements privés et nuire à l’économie dans son ensemble, une dette trop faible peut également déséquilibrer les marchés financiers en réduisant l’offre d’actifs sûrs. Il est donc crucial de trouver un équilibre approprié qui permette de soutenir la croissance économique tout en maintenant la stabilité financière.
Banque de France.
La dette publique est un outil puissant pour stimuler l’investissement et la demande, notamment en période de récession. Lorsque le secteur privé réduit ses investissements, l’État peut intervenir en augmentant ses dépenses publiques, financées par l’emprunt, pour maintenir l’activité économique et limiter les effets d’une crise. Cela permet également de stabiliser l’emploi et d’éviter une augmentation trop brutale du chômage.

Certains pays, comme Singapour, montrent qu’il peut y avoir une gestion stratégique de la dette. Cependant, utiliser la dette comme une solution de facilité pour financer des déficits récurrents n’est pas viable. Une gestion responsable nécessite une coordination entre politique budgétaire et monétaire, ainsi qu’une fiscalité pour garantir une croissance durable. L’équilibre entre soutien à l’économie et viabilité à long terme est essentiel pour préserver la prospérité future. L’équivalence ricardienne nous rappelle que les acteurs économiques ne sont pas passifs et qu’une dette trop élevée peut in fine nuire à l’économie.

Comment baisser la dépense publique

Comment baisser  la dépense publique

La Cour des comptes vient d’émettre une énième alerte sur la situation de nos finances publiques, au moment même où la procédure européenne pour déficit excessif est officiellement enclenchée contre la France. Son premier président, Pierre Moscovici, n’exclut pas a priori de nouvelles hausses d’impôts. Mais n’est-ce pas là, dans une discipline où nous sommes les champions olympiques avant même que les épreuves n’aient commencé, une solution de facilité, éculée et improductive, car pesant sur la création de richesses ? Pourquoi ne pas innover, en faisant ce que toutes les nations les plus compétitives ont fait : baisser la dépense publique.

 

par Par Vincent Delahaye, sénateur de l’Essonne, groupe Union centriste, et Membre de la commission des finances. dans La Tribune

Bien entendu, l’idéal serait d’engager de véritables réformes structurelles (assurance-chômage, introduction d’une dose de capitalisation pour les retraites, statut de la fonction publique, règle d’or budgétaire, etc.). Autant de réformes qui requièrent du courage, mais aussi une majorité forte – et que condamne donc la période et la situation politique actuelles. Dans l’attente de jours meilleurs et d’un Parlement plus serein, beaucoup de choses pourraient être faites néanmoins.

En commençant par le plus facile : les dépenses ministérielles dites « protocolaires » (frais de déplacement et de réception, campagnes de communication, relations publiques, etc.) pourraient ainsi être divisées par deux, générant immédiatement plus de 700 millions d’euros d’économies pérennes.

Une deuxième piste d’économies consisterait à ne pas indexer sur l’inflation l’ensemble des prestations qui, en principe, le sont chaque année (à commencer par les pensions de retraite, dont le gel exceptionnel se justifierait autant par un impératif budgétaire que par un motif d’équité intergénérationnelle). Au-delà des seules pensions de retraite, une « année blanche » généralisée dégagerait plusieurs milliards d’euros d’économies budgétaires dès 2025.

Troisième piste envisageable : la mise en œuvre d’une authentique « chasse aux économies » au sein de l’ensemble des administrations publiques. Les ministres seuls ne suffisent pas à traquer tous les gisements d’économies. On pourrait intéresser les responsables de programmes placés sous l’autorité des ministres par le biais d’une « prime d’économies », plafonnée, mais suffisamment élevée pour inciter à la saine gestion budgétaire. Cette prime serait déclenchée sur la base des propositions d’économies formulées, retenues par le ministre et pérennes dans le temps. « Les petits ruisseaux font les grandes rivières », dit le vieil adage. Si les grandes réformes sont nécessaires pour rétablir durablement les comptes publics, il est non moins indispensable d’inculquer dès maintenant une culture de la rigueur dans la gestion des deniers publics, de façon à réaliser des économies partout où cela est possible.

Enfin, quatrième proposition : renouer avec la règle, en vigueur sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, consistant à ne remplacer qu’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Seuls les périmètres concernés par les lois de programmation déjà votées seraient sanctuarisés.

L’ensemble de ces mesures nous placerait aussitôt sur une trajectoire plus vertueuse de nos finances publiques. Certains diront qu’à court terme, elles auraient un effet récessif et entraîneraient une contraction du PIB. Ma conviction, c’est qu’à long terme elles seraient très bénéfiques à notre économie et à la société tout entière. Ayons le courage de faire primer le temps long sur le court-termisme. Comme disait le célèbre économiste Frédéric Bastiat :

« Le mauvais économiste poursuit un petit bien actuel qui sera suivi d’un grand mal à venir, tandis que le vrai économiste poursuit un grand bien à venir au risque d’un petit mal actuel. »

Comment réduire la dette publique et le chômage ?

Comment réduire la dette publique et le chômage  ?

En théorie, pour réduire l’endettement public et augmenter le taux d’activité, il faut générer de la croissance tout en maîtrisant l’évolution des dépenses publiques. Pourquoi depuis les années 1970 la France n’arrive pas à contenir sa dette publique et son nombre de chômeurs ? Raisons et solution. Par Gabriel Gaspard, Chef d’entreprise à la retraite, spécialiste en économie financièreNION. .( dans La Tribune)

La dette publiquele chômageDes trente glorieuses 1945-1973, on a retenu une expansion sans précédent dans une économie de paix du lendemain de la Seconde Guerre mondiale jusqu’au choc pétrolier de 1973. Depuis les années 1970, la dette de la France se dégrade. Elle s’est aggravée avec la crise financière de 2008. Elle atteint un record avec la pandémie. La dette publique française a dépassé 100 milliards d’euros en 1981, 500 milliards d’euros en 1993, 1 000 milliards d’euros en 2003 puis 2 000 milliards d’euros en 2014. Cette dette est passée de 15% du PIB en 1974 à 110,6% du PIB fin 2023 (3 101,2 milliards d’euros). Il faut noter qu’entre 1959 et 1974, la France n’a connu que trois années de déficits publics qui n’ont jamais dépassé 1,4% du PIB.

Depuis les années 1970, l’économie mondialisée s’est profondément transformée et avec elle le marché du travail. Ces mutations pourraient encore s’amplifier sous les effets de la révolution numérique et de l’intelligence artificielle. Au début des années 1970, le nombre de chômeurs s’élevait à 510.000 personnes, soit 2,4% de la population active. Fin 2023, ce taux remontait à 7,5% soit 2,3 millions de personnes indemnisées.

Les principales raisons fatidiques de cette progression.

Les années 1970. Le 15 août 1971, Richard Nixon (Président des États-Unis d’Amérique de 1969 à 1974) suspend la convertibilité du dollar en or pour augmenter l’offre de monnaie et fait du dollar la principale monnaie de réserve. Depuis cette date il n’y a plus de lien entre le Franc et l’or. Cette fin de parité ouvre une période d’incertitude. Les Européens cherchent une solution à cette instabilité. En 1972, le Franc fait partie des six devises du « serpent » monétaire, un système de taux de change mis en place par les six membres fondateurs de la Communauté économique européenne. En 1973 est votée la loi « Pompidou-Giscard ». Elle précise que le Trésor ne peut s’endetter que de manière limitée auprès de la Banque de France : « on a eu une loi stupéfiante [...]. On a obligé l’État à aller se financer sur le marché financier privé à 4% ou 5%, et… » Michel Rocard (Premier ministre de 1993 à 1994), Mediapolis, Europe 1, 22 décembre 2012. C’est en 1993 que la loi sur l’indépendance totale de la Banque de France a été votée.

La Banque de France a joué le rôle de banquier central au service de la politique monétaire décidée par le gouvernement de 1936 jusqu’en 1994. Cette pratique est interdite depuis la création de la zone euro et la Banque centrale européenne BCE. La BCE n’a pas le droit d’apporter directement des financements aux besoins de l’État. Elle n’a pas le droit de financer les déficits publics par la création monétaire.

Les partenaires sociaux jouaient encore un rôle prépondérant dans la gestion de la Sécurité sociale. Les syndicats et le patronat géraient l’assurance chômage. La réforme Boulin en 1971 vise à relever sensiblement le niveau des pensions et en 1972 la retraite complémentaire devient obligatoire. Depuis, la gestion paritaire a été soumise de façon croissante à une tutelle publique et à des réformes législatives récurrentes qui visaient essentiellement à réduire les dépenses de l’État.

L’euro. « Le chiffre fait très mal : chaque Français aurait perdu environ 56 000 euros sur la période 1999-2017″. C’est en tout cas ce qu’affirme une étude réalisée par le centre de politique européenne de Fribourg (Allemagne), soit environ 3 304 milliards d’euros. Vingt ans après la mise en place de la monnaie unique. Emmanuel Todd dans son livre Les Luttes de classes en France au XXIe siècle aux éditions du Seuil, arrive à la même conclusion de la perte du pouvoir d’achat par les Français avec l’introduction de l’euro.

Selon Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie, l’euro au lieu de rapprocher les Européens a fini par les diviser et plomber l’économie. En d’autres termes, l’euro a contribué à un ralentissement économique et à des pertes de pouvoir d’achat pour les ménages européens.

L’euro est un frein à la croissance dans l’Union économique et monétaire. Quatre sous-périodes se distinguent : 1985-1991, 1992-1998, 1999-2016 et 2017-2022 pour 3 zones : monde, États-Unis et zone euro (données Banque mondiale).

 

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Dans la plupart des pays, l’introduction de l’euro n’a pas provoqué l’accélération promise de la croissance. Pour d’autres, l’accélération de la croissance s’est accompagnée de l’accroissement de déséquilibres structurels. Il faut réajuster aujourd’hui son taux de conversion au temps et à la réalité du poids de chaque pays dans la zone euro. Le traité de Lisbonne ne contient aucun mécanisme permettant la sortie de la zone euro.

La crise de 2008. Déclenchée aux États-Unis en 2007-2008, la crise des subprimes trouve son origine dans un excès d’endettement des particuliers. En 2008, face à cette crise, les banques centrales européennes ont abaissé leurs taux, ont injecté des liquidités et ont acheté de la dette publique et privée. La BCE a injecté 4 000 milliards d’euros de 2011 à 2017. En 10 ans, la crise financière a coûté approximativement 1 541 milliards d’euros à la France en termes de produit intérieur brut (PIB) selon les calculs d’Éric Dor, directeur des études économiques à IESEG School of Management. La dette de la France a augmenté de 1 000 milliards d’euros sur 10 ans entre 2007 et 2017. Pour la même période, le total de remboursement d’intérêts des dettes, à lui seul, s’est élevé à 500 milliards d’euros.

Le nombre de chômeurs indemnisés en France au sens du Bureau international du Travail (BIT) est ainsi passé de moins de 2 millions à près de 2,8 millions, une hausse de 40% entre mi 2008 et mi 2014. Le taux de chômage a augmenté de 7,3% à 10,5% de la population active.

Les taux de croissance de la productivité, très bas dans les années 1970-1980 (en moyenne inférieurs à 1% alors qu’ils se situaient autour de 3% dans les années 1960). La productivité du travail a progressé de manière régulière d’environ 1,3% de 1990 à la crise de 2008-2009. Après la crise de 2008, elle a connu une chute inédite de 2,6 points. Pour la période 2010-2016, la productivité a recommencé à croître, mais à un rythme de 0,9% inférieur à celui d’avant crise.

La pandémie. Déclenchée en Chine, l’impact économique du coronavirus (COVID-19) a été violent. Si l’on fait le compte total, sur les trois années frappées par la crise sanitaire (2020, 2021 et le début 2022), la facture de la crise sanitaire dépasse les 140 milliards d’euros.

Afin de faire face aux conséquences économiques de l’épidémie de COVID-19, en juillet 2020, l’Union européenne a mis sur pied un plan de relance de 806,9 milliards d’euros, 750 milliards d’euros au prix de 2018 (Next Generation EU). Ce plan octroie des subventions (338 milliards d’euros) et des prêts pour soutenir les réformes et les investissements (385 milliards d’euros) dans les États membres de l’UE. Ils ont décidé de s’endetter en commun et de rembourser cet emprunt de 2028 à 2058 (30 ans). La France a bénéficié de 40,3 milliards d’euros.

Pour la productivité du travail, avant la nouvelle crise sanitaire, de 2016 à 2019, les entreprises françaises accumulaient une productivité de +3,8%, 1,7% de cette productivité sera perdue en 2020. Depuis la crise sanitaire, d’après Dares, le niveau de productivité au travail continue de diminuer. En 2022 elle a baissé de 3% par rapport à 2019. In fine, de 1990 à 2022, la France a gagné en 33 ans en moyenne 0,85% par an.

Le Traité de Lisbonne. Adopté en 2007, le Traité de Lisbonne encadre actuellement le fonctionnement de l’UE. « Il a été engagé à la suite du résultat négatif de deux référendums sur le traité constitutionnel tenus en mai et juin 2005« . Le but de ce Traité était de favoriser la croissance et l’emploi tout en maintenant la compétitivité de l’économie européenne.

On s’aperçoit aujourd’hui, dans un contexte international ébranlé, marqué par une guerre à la porte de l’Europe, une nouvelle guerre au Moyen-Orient et une tension entre la chine et les États-Unis, que ce Traité n’a pas créé le renouveau voulu des modèles capitalistes européens. Il a cherché à réformer un modèle néolibéral par un mouvement de réformes structurelles (retraite, chômage, etc.). Depuis le début des années 1990, 7 réformes se sont succédé pour rétablir l’équilibre financier des régimes des retraites. À partir de la convention de 1979, qui marque une rupture avec la période 1958-1979, l’assurance-chômage ne fonctionne plus comme une assurance et les conditions sont de plus en plus restrictives.

Pour la première fois, la poussée des partis extrémistes, des partis nationalistes ou des partis populistes de gauche ou de droite, etc., s’observe dans une large majorité de pays européens. Cette droitisation pose une question du renouveau de l’économie européenne.

L’économie française est mise en déséquilibre par les dettes publiques, donc la solution, pour sauver la France, est de supprimer les emprunts d’État.

Les aides publiques aux entreprises sont en très forte hausse depuis les années 2020. La Cour des comptes estime à 260,4 milliards d’euros le soutien financier total pour les années 2020-2022 (y compris les prêts garantis et report du paiement des cotisations sociales). Le ministère du Budget évoque un montant de l’ordre de 140 milliards d’euros d’aides d’État en 2018 et l’Institut de recherches économiques et sociales (Ires) évalue à 157 milliards d’euros le montant global en 2019. Le bilan de ces mesures est jugé contrasté. Mais si l’État avait investi des milliards d’euros au lieu de soutenir les entreprises ?

Une étude réalisée dans l’essai Vers une économie écosociale pour sortir des crises (édition Vérone) montre un redressement spectaculaire des comptes publics de la France en 5 ans de 2020 à 2024 si cet argent avait été investi pour stimuler la croissance en temps de crise.

Pourquoi ne pas recourir à l’épargne des ménages pour soutenir l’économie sous forme de livrets réglementés (5 000 milliards d’euros en 2019 et 6 185,60 milliards d’euros fin 2023). D’après l’OFCE l’étude Investissement public, Capital public et croissance, coordonnée par Xavier Ragot et Francesco Saraceno, en période de crise et en particulier lorsque la politique monétaire atteint la borne zéro des taux d’intérêt, les investissements auront un effet de création de richesse estimée à un multiplicateur de 2 et 60 centimes rendus à l’État pour chaque euro investi.

Il s’agit d’investir chaque année : 100 milliards d’euros pour le pacte vert français ; 40 milliards d’euros pour le pacte dépendance et handicap ; 50 milliards d’euros pour le pacte républicain de solidarité ; 80 milliards d’euros pour le pacte ruralité et 10 milliards d’euros pour le développement responsable des PME-PMI.

Les résultats. À fin 2024, avec 6,1 millions de personnes inscrites à France Travail et une création de 5,26 millions d’emplois avec une réduction du coût public de 105,2 milliards d’euros, il y a bien un retour comme dans les années 1970 à moins de 1 million de chômeurs.

La dette publique tomberait à 1 494,86 milliards d’euros avec un taux d’endettement de 28,65%. La création de richesse par an est de 560 milliards d’euros avec 168 milliards d’euros de nouvelles recettes dans les caisses de l’État.

L’idée est d’investir pour soutenir une croissance supérieure à l’inflation et protéger les épargnes des ménages ; lutter contre les déserts médicaux et le déclin de l’espace rural ; atteindre la neutralité climatique tout en créant des emplois et en améliorant la qualité de vie ; freiner la poussée des extrêmes ; réformer le modèle néolibéral vers une économie écologique sociale et citoyenne et sortir de la démocratie de la rancune.

L’épargne des Français pour rembourser la dette publique !! (Sandrine Rousseau)

L’épargne des Français pour rembourser la dette publique !! (Sandrine Rousseau)

Une idée lumineuse de la gauchiste Sandrine Rousseau d’Europe écologie les Verts. Prendre l’épargne des Français ou les inciter à éponger la dette publique. Sandrine Rousseau est sans doute à l’économie ce que McDo est à la gastronomie. Témoin sa très évasive formation. En 2002, elle obtient un doctorat en sciences économiques avec les félicitations du jury, pour une thèse intitulée « Économie et environnement, une analyse « régulationniste » de la rente environnementale », qui aborde les rapports sociaux à l’environnement et leur impact sur les processus d’accumulation.

Un sujet suffisamment ésotérique et confus pour plaire à un jury de gauche. Sandrine Rousseau oublie que l’épargne en particulier dans les différents livrets n’est pas de l’argent qui dort mais sert de trésorerie à l’État au financement d’infrastructures et notamment du logement. Un État qui déjà ponctionne ses livrets avec un taux de rémunération très en dessous de l’inflation sur le log terme..

Une épargne qui concerne surtout les couches moyennes qui ne peuvent malheureusement solliciter l’évasion fiscale réservée aux plus riches. Notons qu’il faudrait aussi signaler à Sandrine Rousseau que rien n’empêche les épargnants de souscrire aux obligations d’État et autre formes d’emprunt. Mettre la totalité ou presque de l’épargne au service de la dette publique constituerait une sorte de fuite en avant et un gros risque pour les épargnants de voir leur épargne encore davantage ponctionnée. D’une certaine manière, ce serait creuser un trou au détriment des épargnants pour boucher l’énorme trou des déficits publics et en crèer de nouveaux  Des propos de gauchistes dangereux et irresponsables. Aussi irresponsables que ceux de Mélenchon ( dont Sandrine Rousseau est proche) qui propose tout simplement d’effacer la dette. Bref, de ne plus rembourser les emprunts.

Pour être crédible, la gauche aura besoin de faire un sérieux effort de formation et de compétences en matière économique.

Sandrine Rousseau: L’épargne des Français pour rembourser la dette publique !!

Sandrine Rousseau: L’épargne des Français pour rembourser la dette publique !!

Une idée lumineuse de la gauchiste Sandrine Rousseau d’Europe écologie les Verts. Prendre l’épargne des Français ou les inciter à éponger la dette publique. Sandrine Rousseau est sans doute à l’économie ce que McDo est à la gastronomie. Témoin sa très évasive formation. En 2002, elle obtient un doctorat en sciences économiques avec les félicitations du jury, pour une thèse intitulée « Économie et environnement, une analyse « régulationniste » de la rente environnementale », qui aborde les rapports sociaux à l’environnement et leur impact sur les processus d’accumulation.

Un sujet suffisamment ésotérique et confus pour plaire à un jury de gauche. Sandrine Rousseau oublie que l’épargne en particulier dans les différents livrets n’est pas de l’argent qui dort mais sert de trésorerie à l’État au financement d’infrastructures et notamment du logement. Un État qui déjà ponctionne ses livrets avec un taux de rémunération très en dessous de l’inflation.

Une épargne qui concerne surtout les couches moyennes qui ne peuvent malheureusement solliciter l’évasion fiscale réservée aux plus riches. Notons qu’il faudrait aussi signaler à Sandrine Rousseau que rien n’empêche les épargnants de souscrire aux obligations d’État et autre formes d’emprunt. Mettre la totalité ou presque de l’épargne au service de la dette publique constituerait une sorte de fuite en avant et un gros risque pour les épargnants de voir leur épargne encore davantage ponctionnée. D’une certaine manière, ce serait creuser un trou au détriment des épargnants pour boucher l’énorme trou des déficits publics et en crèer de nouveaux  Des propos de gauchistes dangereux et irresponsables. Aussi irresponsables que ceux de Mélenchon ( dont Sandrine Rousseau est proche) qui propose tout simplement d’effacer la dette. Bref, de ne plus rembourser les emprunts.

Pour être crédible, la gauche aura besoin de faire un sérieux effort de formation et de compétences en matière économique.

L’épargne des Français pour rembourser la dette publique !!

L’épargne des Français pour rembourser la dette publique !!

Une idée lumineuse de la gauchiste Sandrine Rousseau d’Europe écologie les Verts. Prendre l’épargne des Français ou les inciter à éponger la dette publique. Sandrine Rousseau est sans doute à l’économie ce que McDo est à la gastronomie. Témoin sa très évasive formation. En 2002, elle obtient un doctorat en sciences économiques avec les félicitations du jury, pour une thèse intitulée « Économie et environnement, une analyse « régulationniste » de la rente environnementale », qui aborde les rapports sociaux à l’environnement et leur impact sur les processus d’accumulation.

Un sujet suffisamment ésotérique et confus pour plaire à un jury de gauche. Sandrine Rousseau oublie que l’épargne en particulier dans les différents livrets n’est pas de l’argent qui dort mais sert de trésorerie à l’État au financement d’infrastructures et notamment du logement. Un État qui déjà ponctionne ses livrets avec un taux de rémunération très en dessous de l’inflation.

Une épargne qui concerne surtout les couches moyennes qui ne peuvent malheureusement solliciter l’évasion fiscale réservée aux plus riches. Notons qu’il faudrait aussi signaler à Sandrine Rousseau que rien n’empêche les épargnants de souscrire aux obligations d’État et autre formes d’emprunt. Mettre la totalité ou presque de l’épargne au service de la dette publique constituerait une sorte de fuite en avant et un gros risque pour les épargnants de voir leur épargne encore davantage ponctionnée. D’une certaine manière, ce serait creuser un trou au détriment des épargnants pour boucher l’énorme trou des déficits publics. Des propos de gauchistes dangereux et irresponsables. Aussi irresponsables que ceux de Mélenchon ( dont Sandrine Rousseau est proche) qui propose tout simplement d’effacer la dette. Bref, de ne plus rembourser les emprunts.

Pour être crédible, la gauche aura besoin de faire un sérieux effort de formation et de compétences en matière économique.

Libération de la France : une histoire « publique »

Libération de la France : une histoire publique

En cette période de célébration des 80 ans de la Libération de la France, c’est aussi un champ que l’on nomme l’« histoire publique » qui est remis en avant. Depuis que l’expression de « public history » a été élaborée en 1978 par Robert Kelley à l’université de Santa Barbara aux États-Unis, son cadre s’est considérablement étendu et enrichi. En France, il est enseigné et pratiqué depuis 2015, l’université Paris-Est Créteil (UPEC) ayant été pionnière en la matière.

par

Maîtresse de conférences HDR en Histoire moderne , Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC) dans The Conversation 

Mettre en œuvre l’histoire en dehors de l’université, décrypter les politiques de mémoire et les usages politiques du passé, élaborer des formes de récit historique adaptées au grand public… depuis les années 1970, l’histoire publique a multiplié ses visages et les espaces de son intervention. Ses pratiques et ses expérimentations nombreuses et hétérogènes forment un ensemble apparemment peu cohérent. Les réalisations en histoire publique partagent pourtant un point commun : elles résultent d’un processus de production de l’histoire, en relation avec des institutions publiques ou privées, dans le cadre de médias écrits, audiovisuels ou web et à destination de publics de nature différente.

Ces mises en récit ont contribué à combler le fossé entre le monde académique et le reste de la société et à décloisonner des champs, des méthodes et des engagements qui semblaient inconciliables, entre des choix épistémologiques obéissant à une méthode scientifique éprouvée et ceux répondant à une demande institutionnelle ou sociale. Au moment de son apparition, ce champ a aussi permis de répondre à une crise de débouchés professionnels en Amérique du Nord. Étudiantes et étudiants en histoire ont pu alors envisager des carrières dans des musées, des médias, des entreprises privées ou des institutions gouvernementales.

L’histoire publique s’est, depuis, institutionnalisée et connaît un succès grandissant comme en témoignent le dynamisme de la Fédération internationale pour l’histoire publique créée en 2011, les diplômes qui portent ses méthodes (14 pays européens proposent une soixantaine de formations dans ce champ et en France on en compte déjà cinq) ou les festivals qui en éprouvent les expérimentations. Le festival d’histoire populaire qui se tiendra à Créteil les 7 et 8 juin prochains en constitue un exemple supplémentaire. Spectacles, conférences, balades… Différentes manières de transmettre le passé y seront mobilisées comme cela sera le cas lors des commémorations de la bataille de Normandie. Dans cet objectif, « la Mission du 80e anniversaire des débarquements, de la Libération de la France et de la Victoire » a été mise en place par arrêté ministériel pour organiser les quelque 1 000 événements prévus.

Les cérémonies n’ont pas toujours suscité autant d’engouement. Pourtant, l’histoire de la commémoration du Débarquement remonte à la création du comité du Débarquement en 1947. Celui-ci est chargé de mettre en place les cérémonies d’hommages. Jusqu’en 1984, ces dernières étaient essentiellement animées par des militaires et d’anciens combattants. Les chefs d’État n’y ont été accueillis que de manière irrégulière. René Coty inaugure, par exemple, le musée du Débarquement d’Arromanches en 1954, le premier sur le thème, dix ans après les événements ; en revanche le général de Gaulle refuse d’y participer pour les vingt ans en 1964.

C’est à partir du premier septennat de François Mitterrand que ces célébrations décennales deviennent de hauts lieux de la mémoire nationale et de plus en plus internationale. En 2004, pour la première fois, le chancelier allemand, le président de la Fédération de Russie ainsi que le président de la République polonaise participent aux différentes cérémonies. Elles prennent de l’ampleur et reflètent de nouvelles préoccupations. Ainsi, en 2014, on y trouve 8 000 invités et 19 chefs d’État et de gouvernement tandis qu’on célèbre pour la première fois les 21 000 victimes civiles des bombardements et des combats de juin 1944.

La commémoration des événements passe également par un « tourisme de mémoire » très dynamique en Normandie depuis la mise en place du programme chargé de le promouvoir. Il s’appuie sur 94 sites et lieux de visites mémoriels, 44 musées, 21 mémoriaux et sites naturels et 29 cimetières en relation avec la Seconde Guerre mondiale. Il rassemble les acteurs institutionnels normands pour faire de cette région la destination la plus évidente sur la Seconde Guerre mondiale.

Ces sites mémoriels et ces musées-mémoriaux assurent plusieurs missions : transmission de savoirs, éducation aux valeurs de paix et de démocratie ou hommage à ceux qui sont morts. Deux musées normands, en particulier, témoignent de cette mémorialisation de la guerre. Le musée de la bataille d’Arromanches a accueilli quelque 20 millions de visiteurs depuis son ouverture en 1953. L’ancien bâtiment a été détruit, un nouveau inauguré le 6 juin prochain permettra d’accueillir davantage de curieux encore. Plus récent, le Mémorial de Caen, inauguré en 1988 dans un esprit de réconciliation et de paix, propose, pour célébrer ce 80e anniversaire, une exposition temporaire appelée « L’Aube du siècle américain, 1919-1944 » qui retrace l’histoire politique, sociale et culturelle de l’Amérique dans laquelle les soldats du débarquement ont été élevés.

Le succès de ces musées est à l’image de celui du tourisme de mémoire : entre 1994 et 2019, le nombre de visiteurs passe de 3 à 6,2 millions sur les sites normands. Une grande partie d’entre eux séjournent autour des plages du Débarquement et sont d’origine anglo-saxonne. Depuis 2018 une candidature a été déposée pour que les plages du Débarquement soient inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco.

En Normandie comme ailleurs, la multiplication des événements et des lieux mémoriels signale la grande importance d’une politique de mémoire. Elle cherche, depuis les années 1990, à reconnaître et à réparer des violences de l’histoire, selon Sébastien Ledoux, spécialiste des questions mémorielles.

Ces questionnements sur la mémoire ont suscité de nombreuses controverses opposant souvent celle-ci à l’histoire. Pourtant, la porosité entre le discours historique et la construction de la mémoire semble évidente et ouvre l’espace à de nouvelles interrogations qui sont celles de l’histoire publique. L’un de ses objectifs est d’observer les commémorations de différentes natures (cérémonies officielles, spectacles, bals, événements sportifs ou reconstitutions historiques) et de les interroger pour comprendre ce qui est montré du passé, quels en sont les buts, les procédés et les motivations politiques, leurs rapports à l’événement commémoré et les enjeux contemporains que les différents récits soulèvent. Quel aspect d’un événement est-il mis en lumière ou passé sous silence ? Quels en sont les effets sur les publics ?

Très populaires en France depuis les années 1970, les reconstitutions historiques cherchent à être authentiques dans leurs mises en scène du passé tout en étant ludiques ou festives. Ce succès conduit les historiens à s’interroger sur leur place dans les politiques de mémoire et plus généralement la société. Dans l’optique de la science partagée et dans le contexte des célébrations de juin 2024, un programme de science collaborative est ainsi proposé pour élaborer un contenu co-construit à partir d’observations faites par des volontaires universitaires ou non pendant les cérémonies.

Ces reconstitutions historiques du débarquement attirent les foules, de même que les immersions dans le passé proposées toute l’année par le Puy-du-fou. Cela fait écho à une notable passion française pour l’histoire. Ce goût pour mettre en scène le passé ne s’est jamais démenti depuis le succès commercial de Montaillou, village occitan d’Emmanuel Le Roy Ladurie écrit en 1975. Le succès de différents formats plus contemporains en témoigne : jeux vidéo fondés sur des scénarios historiques, émissions de télévision comme « Faire l’histoire » créée en 2020 par Patrick Boucheron, les podcasts de Philippe Collin sur France Inter, ou des séries télévisées historiques comme les sept saisons de « Un village français » de Frédéric Krivine, Philippe Triboit et Emmanuel Daucé. L’histoire suscite également d’innombrables débats autour de sa présence dans l’espace public : noms de rues, statues ou plaques commémoratives, qu’il faudrait enlever ou au contraire garder, sans parler de celles qu’il faudrait ajouter.

Ces multiples célébrations, ces goûts partagés et ces innombrables débats relèvent tous du déploiement de l’histoire dans l’espace public et suscitent de nécessaires questionnements.

Réforme audiovisuelle publique : le risque démocratique ?

Réforme audiovisuelle publique : le risque démocratique ?

 

Alors que le gouvernement mène tambour battant une réforme de l’audiovisuel public, plus de 1 100 salariés des équipes de Radio France, parmi lesquels Nicolas Demorand et Sonia Kronlund, mettent en garde, dans une tribune au « Monde », sur les risques d’affaiblir un média plébiscité par les auditeurs.
Nous, journalistes, animateurs, producteurs, chargés de programme, techniciens, réalisateurs, équipes administratives et de production, musiciens, personnel de Radio France, artisans d’une radio de service public dont le rayonnement est unique en Europe, nous refusons la fusion des différentes entreprises de l’audiovisuel public.

 

Pourquoi le gouvernement orchestre-t-il ce mariage entre radios et télévisions à un train d’enfer ? Pourquoi faire voter cette loi sans concertation ? Quelle est la véritable nature de ce projet ? Nous posons ces questions, nous n’obtenons aucune réponse, si ce n’est de creux éléments de langage : « Il faut renforcer l’audiovisuel public. » Mais les radios de service public sont, en France, exceptionnellement fortes. Nous ne craignons qu’une chose, c’est que le gouvernement n’affaiblisse une formidable réussite. Et même la brise.
Les antennes de Radio France sont écoutées, chaque jour, par plus de quinze millions de personnes. Chaque mois, nous enregistrons 92 millions d’écoutes à la demande. En France, la radio publique est le premier acteur radio du pays, à la fois sur le hertzien et sur le numérique. Cette popularité se double d’une exigence dont nous sommes immensément fiers et qu’il faut protéger à tout prix. Auditeurs, public de nos concerts et de nos spectacles, contribuables et parlementaires, il est de notre devoir de vous alerter sur les dangers d’une union avec les autres entreprises de l’audiovisuel public qui peut virer à la casse.

Le risque est avant tout démocratique.

Social- Fonction publique : les tabous

Social- Fonction publique : les tabous

La réforme de la fonction publique engagée par le ministre Stanislas  Guerini intègre la rémunération au mérite. Le ministre évoque aussi la nécessité de lever le tabou du licenciement aussi celui du mérite. 

« Je veux qu’on lève le tabou du licenciement dans la fonction publique », a claironné Stanislas Guerini dans Le Parisien, pointant une « culture de l’évitement sur ces sujets-là ». Les catégories historiques de la fonction publique (A, B et C) sont aussi sur la sellette, car jugées par le gouvernement « en décalage croissant » avec la réalité des métiers du secteur public.

Le ministre de la Fonction publique Stanislas Guerini a lancé, mardi 9 avril à Paris, la concertation autour de son projet de réforme de la fonction publique, se heurtant d’emblée à la colère des syndicats. Annoncée en septembre 2023, la réforme devait initialement être présentée au Conseil des ministres en février, mais est désormais annoncée pour l’automne. Ce projet de loi vise notamment à accentuer la rémunération au mérite des fonctionnaires et faciliter les mutations d’une branche à l’autre de la fonction publique (Etat, collectivités, hôpitaux).

En effet le nombre de fonctionnaires a progressé d’un million environ en 20 ans soit beaucoup plus que la population ou les salariés du privé. Alors que globalement la qualité du service ne s’est pas nécessairement améliorée.

Pas demandeurs de ce projet de loi, les huit syndicats représentatifs ont dénoncé dès lundi, dans un communiqué commun, une réforme à leurs yeux « dogmatique » et qui ne répondrait « à aucune des préoccupations exprimées par les agents publics ». La concertation doit se poursuivre jusqu’à l’été, avant une présentation du projet de loi à la rentrée.

 

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