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Transition écologique: impossible sans transports publics urbains

Transition écologique: impossible sans transports publics urbains

En ouverture des Rencontres nationales du transport public (RNTP) qui se tiendront à Clermont-Ferrand du 17 au 19 octobre, les représentants du secteur ont tenu à lancer un message au gouvernement. Selon eux, seul un « choc d’offre » permettra la décarbonation des transports.

Par Marie-Ange Debon, Présidente de l’Union des transports publics. dans la Tribune.

Nous, opérateurs de transport public, sommes particulièrement en ligne avec la décarbonation des transports comme une priorité absolue pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de la France de 55 % d’ici 2030. Des efforts conséquents et nous nous en félicitons, ont été menés en ce sens pour rattraper le retard d’investissements sur le réseau ferroviaire, ainsi que pour le développement du transport public en Ile-de France (2,6 milliards d’euros dans le cadre des contrats de plans Etat-Région) et dans quelques métropoles avec les projets de services express régionaux métropolitains.

Cependant, le transport urbain hors Ile-de-France n’est pas traité. Décarboner les mobilités, c’est avant tout réduire la part modale de la voiture. Pour qu’un report de la voiture individuelle vers des mobilités plus durables et partagées comme les transports en commun ait lieu, il faut pouvoir offrir aux citoyens des solutions alternatives, et cela, sur tout le territoire, pas uniquement autour de Paris.

Seul un « choc d’offre » pourra provoquer ce report modal : plus de transports en commun, avec plus de fréquence, plus d’amplitude horaire, plus d’intermodalité et sur des territoires plus étendus, y compris dans les zones périurbaines à dimension rurale où les opérateurs sont en mesure de proposer des solutions adaptées, telles que le transport à la demande.

Il est donc indispensable de dégager de nouveaux financements pour permettre aux collectivités locales d’exploiter leurs réseaux de transport urbain et de procéder à des investissements : que ce soit pour l’achat de nouveaux bus à très faibles émissions, de rames de tramway, de métro ou pour le développement de nouveaux services et de nouvelles infrastructures, comme les parkings relais.

Les transports publics urbains, alors même qu’ils sont présentés comme une solution à la transition écologique, sont exclusivement organisés et financés par les autorités organisatrices de la mobilité. Les appels à projets pour les systèmes de transport en site propre sont échus tandis que les transports publics sont exclus du fonds vert de la nouvelle vague de l’appel à projet ADEME pour la transition vers des véhicules électriques lourds, et des contrats de plan État-Région. Ils sont pourtant soumis à une réglementation qui alourdit considérablement leurs charges : transition énergétique des bus et des dépôts notamment.

Les annonces de la Première ministre dans le cadre du conseil national de la transition écologique quant à une augmentation des « moyens de l’État dans les infrastructures de transport d’un quart, soit une hausse d’un milliard d’euros pour permettre la décarbonation des mobilités » pourraient constituer une réponse si l’Etat s’engageait à mettre en place un dispositif de soutien pluriannuel d’un montant de 500 millions d’euros par an afin d’aider les collectivités de toutes tailles à remplir leurs objectifs de décarbonation des mobilités du quotidien par le développement et la modernisation de leurs infrastructures et systèmes de transport public.

Investir massivement dans les transports publics urbains, c’est concilier transition écologique, inclusion sociale et réduction de la fracture territoriale.

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Société- Les Français assez indifférents face à la dette et aux déficits publics

Société- Les Français assez indifférents face à la dette et aux déficits publics


Les Français continuent de se montrer assez indifférents vis-à-vis de la situation financière du pays. C’est aussi la confirmation du manque de formation économique en France. Plusieurs études ont déjà démontré que la France se situe dans les dernières positions en matière de connaissances dans ce domaine. En effet, seulement 8% des Français se déclarent «préoccupés à titre personnel» par le niveau de la dette et des déficits dans la 11ème vague de l’étude «Fractures françaises» réalisée par Ipsos-Sopra Steria pour Le Monde, la Fondation Jean-Jaurès, le Cevipof et l’Institut Montaigne.

Relégués au huitième rang des principales préoccupations, la dette et les déficits de l’État quittent le podium, trusté par le pouvoir d’achat (46%), en tête, mais aussi désormais, en deuxième position, par la protection de l’environnement (30%). Suivent l’avenir du système social et l’immigration, avec 24% des sondés préoccupés par chacun des deux enjeux. L’étude Ipsos-Sopra Steria révèle qu’un Français sur trois considère de surcroît que le désendettement ne doit pas constituer une priorité pour les pouvoirs publics.

À rebours de la baisse des préoccupations des Français pour le niveau de la dette et des déficits, les finances publiques sont en état d’alerte. La dette française a encore continué de croître au deuxième trimestre 2023, parvenant au niveau record de 3046,9 milliards d’euros. Le poids de cette dette dépasse toujours très nettement celui de la richesse nationale : l’argent dû par la France atteint 111,8% du produit intérieur brut.

Pourtant , La dette de la France coûte de plus en plus cher au budget: Plus de 50 milliards par an. La France emprunte pour ses titres à dix ans se situent actuellement aux alentours de 3,4%, contre moins de 0% il y a encore quelques mois. Avec pour résultante immédiate un renchérissement des frais de remboursement des intérêts dans les finances publiques : 52 milliards d’euros en 2024, 56 milliards en 2025, 61 milliards en 2026 et plus de 70 milliards en 2027.

La dette publique devrait atteindre elle 108,1 % du PIB à cette date, grâce notamment à une baisse prévue des dépenses de l’État. Mais c’est une perspective très théorique !

Voiture ou transports publics ?

Voiture ou transports publics ?

D’après une étude IFOP pour l’union des transports publics et ferroviaires (UTP) , le basculement de la voiture vers les transports collectifs est encore hypothétique. En cause un certain attachement à la voiture mais surtout une insuffisance de l’offre de transport collectif le seul moyen de faire vraiment basculer la répartition entre modes de transport. Ceci étant il faudrait aussi prendre en compte les questions de qualité et de sécurité

Sur le panel interrogé, 41 % des répondants déclarent utiliser leur voiture et non les transports publics. Sur ce total, seul un tiers se dit prêt à faire la bascule en raison du contexte actuel, caractérisé par « l’inflation, la crise énergétique, l’urgence climatique », et encore seulement 7 % disent « oui, certainement » contre 28 % « oui, probablement ».

De fait, le coût est le troisième critère à entrer en ligne de compte dans le choix du mode de transport, cité par 69 % des répondants (dont près de la moitié juge que c’est extrêmement important), mais l’impact écologique n’apparaît qu’à la sixième place avec 46 % seulement. Et seuls 17 % des répondants jugent ce critère extrêmement important. Des chiffres loin de ceux de la sécurité (78 %) et de la rapidité (77 %). L’allongement du temps de trajet et les contraintes horaires apparaissent ainsi comme les principaux freins pour le choix des transports publics.

La prise de conscience écologique apparaît également comme très en retrait dans les déclencheurs d’un changement d’habitude, citée par seulement 13 % des répondants. C’est là encore loin de critères tels que l’évolution de situation personnelle (42 %) ou un déménagement personnel et/ou professionnel (22 %).

Seule tendance positive sur ce point, la prise en compte de l’impact écologique est sensiblement plus importante pour les personnes dont les habitudes se sont ancrées il y a moins de cinq ans : 41 % des répondants considèrent leur empreinte environnementale pour choisir leur mode de transport jusqu’en 2017, et 51 % depuis 2018. Cette tendance est aussi constatée pour la possibilité de faire autre chose pendant le trajet, qui est l’apanage des transports publics.

Ce constat global vient corroborer celui fait par la SNCF il y a deux ans, à l’occasion d’une enquête réalisée en partenariat avec l’Observatoire Société et Consommation (L’ObSoCo), le cabinet d’études et de prospectives Chronos et l’Agence de l’environnement et la maîtrise de l’énergie (ADEME).

À en croire ce baromètre, il existe tout de même des leviers possibles pour favoriser ce report modal. La première, celle de « la carotte » selon Jérôme Benoit, directeur du pôle Services de l’IFOP, consiste à proposer une offre de transports publics améliorée. Elle est définie ainsi : « une nouvelle ligne garantissant un supplément maximum de 10 minutes ». Sur les 41 % d’urbains utilisant leur voiture, cette fois-ci plus de la moitié sont près à basculer vers les transports publics.

Services publics : pour une véritable révolution culturelle

Services publics : pour une véritable révolution culturelle

Lancé en septembre 2022, le Conseil national de la refondation (CNR), peine à trouver ses marques. Ce conseil, à l’initiative du Président Emmanuel Macron, semble pourtant répondre à une nécessité largement admise : rapprocher les services publics des usagers. Le rapport d’un collectif, publié le 14 septembre 2023, alerte d’ailleurs sur l’inadaptation de l’État face aux besoins de la population.

par Stéphanie Dameron
Professeur des universités, Université Paris Dauphine – PSL

Olivier Meier
Professeur des Universités, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC) dans The Conversation

Un article intéressant sur la nécessité d’une révolution culturelle pour moderniser nos services publics. Une observation toutefois : le conseil national de la Refondation n’a ni compétence, ni légitimité pour intervenir dans un champ aussi complexe NDLR

Il s’agit ainsi de tenter de « co-construire » ces services, en réunissant régulièrement usagers, collectivités, représentants de l’État, associations, financeurs, pour réfléchir aux moyens de les améliorer en continu, au plus près des besoins exprimés sur le terrain.

Face à un monde en pleine mutation, le CNR propose de revitaliser notre démocratie et d’agir collectivement. Encore faut-il traduire ces intentions en une approche cohérente et efficace. La question est donc la suivante : de quelle façon le Conseil national de la refondation peut-il réussir à unifier des acteurs sociaux, politiques et économiques pour collaborer efficacement et proposer des solutions concrètes pour revitaliser notre vie démocratique ?

Le CNR se structure autour de trois piliers. Le CNR plénier réunit des acteurs de la vie nationale (mouvements, syndicats, parties politiques, citoyens…) pour partager leurs perspectives et comprendre les défis des autres. Cette instance se réunit régulièrement pour définir de nouveaux thèmes et suivre l’avancement des travaux. Les CNR thématiques et territoriaux, quant à eux, rassemblent des acteurs pour co-construire des solutions autour de grandes transitions telles que la décarbonation et des sujets essentiels à notre vie quotidienne (éducation, santé, emploi, logement, transition écologique, etc.)

Ces concertations partent du vécu des Français pour proposer des innovations et des expérimentations, dont l’efficacité est évaluée en continu. En somme, le CNR est une nouvelle méthode de gouvernance et de management, basée sur une dynamique de « concertation, initiative et coopération ». Il promeut une approche pragmatique et participative, visant à une transformation durable de notre société.

La refonte des services publics ne se produira pas simplement à la suite de quelques réunions locales de concertation. C’est un projet ambitieux qui nécessite une véritable révolution culturelle au sein de la fonction publique, et la création d’un conseil de la refondation ne peut, à elle seule, déclencher un tel changement. Les travaux du psychosociologue américain Kurt Lewin, apportent un éclairage précieux sur les défis à relever et les stratégies à adopter.

Selon Lewin, un groupe ne modifie pas ses pratiques uniquement pour des raisons rationnelles, même face à des dysfonctionnements évidents. Le changement n’intervient que dans des contextes d’engagement et d’apprentissage, où les participants peuvent explorer de nouvelles voies. De simples réunions ne suffisent donc pas. Pour favoriser un « dégel » (unfreezing) des routines en place, il faut créer des situations d’interactions, comme des ateliers collaboratifs, propres à faciliter l’émergence de nouvelles idées et pratiques.

Mais l’instauration d’une nouvelle culture au sein de la fonction publique ne peut pas se faire du jour au lendemain. Cette forme d’engagement nécessite un apprentissage collectif et un temps d’adaptation (changing). Il faut créer une expérience partagée et favoriser l’identification à de nouveaux modèles de comportement et parvenir à un processus de « cristallisation ». Cette phase de stabilisation des nouveaux modes de fonctionnement est en effet essentielle, pour que les nouvelles idées et comportements soient intégrés et deviennent la nouvelle norme (refreezing).

Prenons l’exemple de l’Éducation nationale que le Conseil national de la refondation aspire à réinventer. La démarche se veut inclusive, impliquant professeurs, personnels administratifs, parents, élus locaux, responsables associatifs, et autres acteurs concernés. Pour initier un changement véritable, il est crucial de mettre en lumière des modèles réussis de coopération, qui montrent concrètement l’intérêt individuel et collectif de la démarche. Cela pourrait inclure des initiatives locales pour lutter contre le décrochage scolaire, améliorer le dialogue avec les parents ou renforcer la cohésion et la pertinence des équipes enseignantes grâce à des postes à profil.

La cristallisation de ces nouvelles pratiques, comme le décrit Kurt Lewin, est une étape essentielle pour contrer les forces de rappel et pérenniser le changement. Cette cristallisation passe par un travail de formation des corps intermédiaires, comme les corps d’inspection de l’Éducation nationale, qui doivent évoluer d’une culture de contrôle vers une culture de coopération. Elle passe aussi par une visibilité matérielle des transformations souhaitées, à l’instar des initiatives menées dans le domaine des lieux d’accueil du service public avec le bâti scolaire : aménagement des espaces et des lieux de savoir ; nouveaux modèles collaboratifs et interactifs. C’est la seule façon opérante de rendre l’école plus partenariale, en incluant notamment des parents dans son fonctionnement.

Citons comme exemple marquant, en Belgique, le programme « École numérique » lancé par le gouvernement afin de mettre en place un système d’éducation numérique visant à intégrer les technologies numériques dans l’ensemble du système éducatif. Plusieurs actions ont ainsi été mises en place : développement des ressources numériques (plates-formes d’apprentissage, logiciels éducatifs…), amélioration de l’infrastructure numérique, soutien aux initiatives numériques locales (manuels numériques, jeux éducatifs), mise en place de la protection des données…

Cette initiative repose sur une large concertation et collaboration entre les enseignants, les élèves, les parents, les administrations et les prestataires technologiques. Chaque acteur apporte sa perspective unique et complémentaire, permettant d’élaborer une approche numérique adaptée aux besoins spécifiques de l’éducation. Cet exemple illustre comment la coopération entre différents acteurs et l’accompagnement d’initiatives innovantes (espace numérique de travail) peuvent transformer en profondeur la culture d’une institution.

Dans ce contexte, le concept de gouvernance multiparties prenantes prend toute son importance. Il s’agit d’une approche qui cherche à garantir que toutes les parties prenantes, quel que soit leur niveau d’influence ou d’implication, aient la possibilité de participer activement et équitablement au processus décisionnel. Ce mode d’action permet non seulement d’assurer une représentation équitable, mais aussi d’exploiter une diversité de perspectives et d’expertises.

L’idée d’un Conseil national de la refondation est par conséquent louable dans ses intentions. Néanmoins, si l’action du CNR se restreint à l’organisation d’ateliers locaux, il risque d’apparaître comme une autre promesse non tenue, alimentant ainsi le scepticisme des Français envers l’État. C’est en adoptant une gouvernance partenariale et ouverte, basée sur de nouvelles formes de coopération, que cette initiative peut véritablement prendre son sens et obtenir l’approbation du plus grand nombre.

Services publics : les enjeux structurels ?

Services publics : les enjeux structurels ?

Dans un contexte socio-économique difficile, il est indispensable de maintenir un niveau d’engagement fort en faveur des services publics, estime dans une tribune au « Monde » Luc Farré, secrétaire général de l’UNSA Fonction Publique.

A juste titre le syndicat une ça plaide le maintien et le renforcement du service public dans les fonctions régaliennes pour une société plus solidaire, plus écologique et plus citoyenne.

Reste que le syndicat se montre assez discret sur les conditions de fonctionnement et d’efficacité de ce service public qu’il amalgame avec la fonction publique. Une confusion classique entre l’objectif et les moyens. Pour parler clair, une vision assez corporatiste. Le service public n’est pas une affaire de statut du personnel ou de statut de l’entreprise et nombre d’activités sont epar le privé par délégation. Le statut de fonctionnaire dans de nombreux cas au contraire porte atteint au concept même de service public du fait de son inefficacité NDLR

La mondialisation et l’exploitation sans limite de ressources épuisables, l’injuste répartition des richesses et ses effets sur le climat nous exposent à des crises majeures : sanitaires, sociales, environnementales, économiques et géopolitiques. La prise de conscience est d’autant plus brutale qu’elle est tardive. L’inaction de ces dernières décennies a considérablement réduit les marges de manœuvre d’une transition écologique socialement soutenable.

Il est donc urgent d’agir avec des moyens d’action fondateurs pour une société plus solidaire, plus écologique, plus citoyenne. Dans le panel des évolutions structurelles et structurantes à accomplir face à ces nombreux défis, la France peut se prévaloir de ses services publics et de son niveau de protection sociale. L’UNSA plaide pour un réinvestissement significatif dans les services publics et la fonction publique, bien commun, ciment de notre modèle et porteur d’avenir pour notre pays et nos enfants.

Les services publics assurent des activités d’intérêt général et leur existence comme leur fonctionnement résultent de contributions socialisées. Ils participent à réduire les écarts entre les citoyens. Les règles qui leur sont propres constituent un rempart contre les conflits d’intérêts et renforcent la cohésion sociale. Cette spécificité doit perdurer et s’amplifier car, plus les incertitudes sont grandes, plus la confiance des citoyens dans les services publics doit être un point d’appui pour affronter les crises.

Face aux périls, les principes de continuité, d’égalité et de mutabilité des services publics sont de réels atouts. La crise sanitaire en est une parfaite illustration, la lutte contre les incendies également. Ce contexte implique de réactiver les fondements mêmes des services publics : la satisfaction des besoins des citoyens, de revoir leurs contours et leurs objectifs.

Gestion de l’eau, énergie, transports, information, formation, éducation, sécurité, justice, aide à la personne, santé, culture, sport, petite enfance, dépendance…, nécessitent d’importants investissements. Les services publics et les infrastructures participent aussi au développement et à la protection des activités du secteur privé.

Pour faire face au dérèglement climatique, les employeurs publics doivent donner l’exemple. La mise en œuvre concrète d’une sobriété énergétique impose des économies et l’adhésion des agents, mais surtout des investissements importants dès à présent et sur une longue période. Un plan massif pour isoler et transformer les bâtiments publics, pour substituer à une gestion au jour le jour une vision structurante à moyen et long terme est urgent.

Logement : quelle efficacité des financements publics ?

Logement : quelle efficacité des financements publics ?

par Véronique Chocron dans le Monde

est en plein marasme, la première ministre, Elisabeth Borne, et le ministre Olivier Klein devaient rendre publiques, lundi 5 juin, les mesures issues des travaux du Conseil national de la refondation-logement.*
« On a créé un système de surdépenses publiques pour de l’inefficacité collective. » En brocardant dans le magazine Challenges, en mai, la politique du logement en France, le président de la République, Emmanuel Macron, n’a pas apaisé un secteur plongé dans une crise brutale, amplifiée par une hausse forte et rapide des taux d’intérêt. Dans cette optique, la première ministre, Elisabeth Borne, et le ministre chargé du logement, Olivier Klein, doivent rendre publiques, lundi 5 juin, les mesures issues des travaux du ­Conseil national de la refondation-logement.

Quelques chiffres illustrent le marasme actuel : au premier trimestre, les réservations de logements neufs auprès des promoteurs immobiliers se sont effondrées de 41 % et les ventes de logements anciens en Ile-de-France ont chuté de près d’un quart (– 22 %), par rapport à la même période de 2022.

Non seulement l’envolée du taux moyen du crédit immobilier, passé de 1,06 % en décembre 2021 à 3,28 % en mai 2023, a eu un impact puissant sur le budget des acheteurs, mais les banques ont resserré le robinet du crédit. Les ménages, bloqués dans leur projet d’accession à la propriété, n’ont pas d’autre choix que de rester locataires. Le marché locatif s’enraye, et plus de 2,4 millions de ménages se retrouvent désormais en attente d’un logement social, un niveau inédit.

Cette crise serait-elle l’occasion de remettre à plat une politique publique du logement trop peu efficace, « un secteur où on finance l’offre, l’investissement et la demande », alors que « malgré tout on produit moins, et c’est plutôt plus cher qu’ailleurs », selon la charge du chef de l’Etat ?

Les résultats de cette politique publique restent, en effet, très imparfaits, en raison d’un problème d’accès à des logements abordables. Les prix des biens ont doublé entre 2000 et 2017. Près d’un tiers des jeunes ménages à faibles revenus étaient propriétaires en 1973, contre 16 % à peine quarante ans plus tard.

France travail : un rapport pour la transformation des services publics de l’emploi

France travail : un rapport pour la transformation des services publics de l’emploi


Le journal les Échos évoque un rapport de l’inspection générale des affaires sociales et celle des finances (IGAS et IGF) àpropos de la transformation des services publics de l’emploi.

C’est une des expertises sur lesquelles s’est appuyé le haut-commissaire à l’Emploi Thibaut Guilluy pour son rapport de préfiguration de France travail , le projet de refonte du service de l’emploi et de l’insertion. L ‘avant-projet de loi a commencé à être soumis aux partenaires sociaux, pour une application à l’horizon 2027.

L’inspection générale des affaires sociales et celle des finances (IGAS et IGF) se sont penchées sur cinq services publics de l’emploi étrangers : l’allemand, le catalan, le danois, le flamand et le suédois. Objectif : « identifier les bonnes pratiques pouvant inspirer le service public de l’emploi français ». Elles en ont tiré quatre observations principales.

Premier constat : dans les pays étudiés, « l’organisation des services publics de l’emploi est moins morcelée que l’organisation française » avec un seul guichet d’accompagnement des chômeurs à une exception près. En Allemagne, il y en a deux mais avec des « périmètres très bien définis » entre gestion du régime d’assurance chômage et gestion du régime d’assistance.

Si l’on excepte la Catalogne, l’accompagnement des chômeurs est en outre plus directif ailleurs qu’en France, avec une « stratégie tournée vers la reprise rapide d’un emploi ». Dans l’Hexagone, il s’agit d’accompagner le projet du demandeur d’emploi, qu’il « permette de déboucher rapidement vers un emploi ou non », une approche jugée « moins pertinente aujourd’hui au vu des tensions sur certains métiers ».

Le troisième constat est que, si l’on excepte encore la Catalogne, les moyens humains et financiers d’accompagnement sont moins élevés en France. Il y a enfin une difficulté partagée par tous, celle d’ « assurer l’insertion de l’ensemble des personnes les plus éloignées de l’emploi ». Mais en dehors de la France, la politique d’emplois aidés est préservée.

Cela conduit l’IGAS et l’IGF à définir quatre priorités. Outre la « définition d’un cadre contractuel où chaque acteur s’engage sur des objectifs chiffrés et vérifiables », la mission préconise de mieux mesurer l’éloignement à l’emploi, en particulier des bénéficiaires du RSA et de l’ASS (l’allocation-chômage de solidarité) « et d’adapter leur parcours en conséquence ».

Elle recommande aussi « de fixer des objectifs réalistes d’emploi évolutifs dans le temps et d’adopter une approche plus directive en liant les formations financées à une cible d’emploi ».

Sur le sujet particulièrement sensible du contrôle des demandeurs d’emploi, elle préconise « d’adopter une grille de sanctions plus progressive » que l’actuelle , qui pourrait être alors « appliquée de façon plus systématique ». Enfin, le rapport suggère d’expérimenter « au niveau local » des «équipes mixtes spécialisées entreprises et demandeurs d’emploi notamment dans les secteurs en tension ».

Sondage qualité services publics : près de 60 % des Français mécontents de la qualité

Sondage qualité services publics : près de 60 % des Français mécontents de la qualité

Les Français sont mécontents des services publics. Pour eux, les priorités sont les suivantes: La santé pour54 %.
Suivent l’Éducation (46 %), la sécurité et la Défense (30 %), les retraites (28 %), l’environnement (23 %), la justice à égalité avec l’énergie (15 %), le remboursement de la dette publique (14 %), la famille (13 %), le soutien à l’économie (12 %), et, sous la barre des 10 %, les solidarités, la lutte contre le chômage, les transport, les services généraux ou encore la culture et le sport.

Selon une étude Ifop réalisée pour Contribuables associés et dévoilée par le JDD, une majorité des Français estiment que le montant des impôts et taxes est trop important. Eu égard de ce qu’ils paient, ils sont aussi majoritaires à être mécontents de la qualité des services publics. En particulier dans le secteur de la santé.

66 % des Français estiment que le montant des impôts et des taxes est trop important. À l’inverse, 34 % des personnes interrogées considèrent le niveau d’imposition comme acceptable.

59 % des Français sont mécontents de la qualité des services publics, quand 30 % sont, au contraire, satisfaits.

Hôpital public: Pour 81 % des personnes interrogées, la qualité et l’efficacité des services s’y sont dégradées.

Suivent l’Éducation (74 % des Français constatent une dégradation des services), la sécurité (68 %), la justice (67 %) et enfin les transports (57 %).

Enfin, le sondage de l’Ifop interroge les Français sur les secteurs prioritaires que devraient financer leurs impôts. De loin, c’est celui de la santé et de l’Assurance maladie qui apparaît en tête du classement avec 54 %. Pour 24 % des personnes interrogées, ce secteur devrait même être « la première priorité ».

Suivent l’Éducation (46 %), la sécurité et la Défense (30 %), les retraites (28 %), l’environnement (23 %), la justice à égalité avec l’énergie (15 %), le remboursement de la dette publique (14 %), la famille (13 %), le soutien à l’économie (12 %), et, sous la barre des 10 %, les solidarités, la lutte contre le chômage, les transport, les services généraux ou encore la culture et le sport.

* Méthodologie
Enquête réalisée selon la méthode des quotas auprès d’un échantillon de 1 000 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La marge d’erreur se situe entre 1,4 et 3,1 points. Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 21 au 24 avril 2023.

Transports publics : trop chers en France

Transports publics : trop chers en France

La France est en 21e position sur 30 pays européens et Paris 27e sur 30 capitales, dans un classement prenant en compte le prix des transports publics, les tarifs sociaux et la simplicité des abonnements, publié jeudi 4 mai par Greenpeace. L’organisation écologiste reproche au système français la cherté de ses trains et leur manque d’intégration tarifaire.

Concernant Paris, Greenpeace trouve l’abonnement annuel cher (925 euros), d’autant qu’il couvre toute l’Ile-de-France et qu’il n’existe aucune formule moins chère pour se déplacer dans la seule capitale. A contrario, l’ONG salue la tarification sociale francilienne. Elle relève aussi que les employeurs remboursent au moins 50% des abonnements de transports en commun de leurs employés (sur onze mois), mais cette spécificité française ne semble pas entrer dans son classement.

Pour Greenpeace, les formules doivent être simples, couvrir tous les modes de transport dans de vastes régions, sur au moins un mois voire un an, s’appliquer à tous – non résidents compris -, être « abordables à tous » et être gratuits ou moins chers pour les revenus les plus bas, chômeurs, retraités, jeunes, handicapés, demandeurs d’asile, etc. Le classement ne prend pas en compte la qualité des réseaux de transport.

Le Luxembourg, où les transports publics sont gratuits, est sans surprise numéro 1, suivi par Malte, l’Autriche, l’Allemagne, Chypre et l’Espagne. A la 21e place, la France est classée au même niveau que la Finlande, l’Italie et la Slovaquie, la Suisse étant 7e, la Belgique 12e et la Bulgarie bonne dernière. Greenpeace salue les « billets relativement abordables » qui peuvent être utilisés dans tout le pays en Allemagne, en Autriche et en Hongrie, et note que des abonnements intégrés existent en Allemagne, en Autriche, en Belgique, à Chypre, en Hongrie, aux Pays-Bas et en Suisse. L’ONG attend d’en savoir plus sur le « billet unique » que veut introduire le gouvernement en France.

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Le scandale de l’indigence de relations téléphoniques avec les services publics

Le scandale de l’indigence de relations téléphoniques avec les services publics


60 Millions de consommateurs qui a effectué une enquête sur le sujet, précise qu’un appel est considéré comme inabouti après trois tentatives et 5 minutes d’attente à chaque fois. Dans les trois quarts des cas en moyenne l’administré ne peut obtenir aucune réponse satisfaisante.

« Il y a trop souvent des renvois vers le site Internet, alors même qu’on vient de dire qu’on n’a pas Internet », dénonce le chef de rubrique De 60 millions de consommateurs .
Des usagers renoncent donc à leurs droits.

« Les gens ont besoin d’avoir des échanges personnels avec les grandes administrations et malheureusement elles ne suivent pas », estime Lionel Maugain pour qui il n’y a « pas assez d’agents » téléphoniques.

La Défenseure des droits Claire Hédon estime que la tendance s’explique par une dématérialisation croissante des services publics. « La dématérialisation est une chance, cela permet de simplifier les démarches, mais parfois, ça complique aussi les personnes éloignées du numérique (…) et aussi des jeunes », reconnaît-elle ce jeudi sur RMC.

Une situation aux conséquences lourdes. « Quand vous n’arrivez pas à obtenir de réponse, en fait à ce moment vous abandonnez, c’est ce qu’on appelle le non recours », estime la Défenseure des droits.
Des appels en augmentation avec la crise sanitaire

60 Millions de consommateurs et la Défenseure des droits réclament une loi imposant plusieurs modes d’accès aux services publics ainsi que l’instauration d’un guichet de proximité rassemblant un représentant de chaque organisme.

Société : Des services publics en pleine crise

Société : Des services publics en pleine crise

Les services publics en France connaissent une crise particulièrement grave sans doute liée à des questions de financement mais pas seulement. Le plus souvent il souffre aussi d’un manque d’organisation et d’efficacité. Cela vaut pour la santé mais aussi pour l’école, la justice, pôle emploi ou encore la police.

Selon un sondage Ifop pour le JDD, 61 % des Français estiment que les services publics « fonctionnent mal ». Ils sont particulièrement sévères à l’encontre de l’hôpital et de la justice.

61 % d’entre eux affirment qu’ils fonctionnent, en général, mal. Certains sont particulièrement critiques : 18 % pensent qu’ils fonctionnent « très mal », quand seuls 3 % déclarent qu’ils fonctionnent « très bien ». Les fonctionnaires eux-mêmes ne sont pas indulgents. Pour 58 % d’entre eux, les services publics sont défaillants.
Pour Frédéric Dabi, « quand on faisait des études sur l’image de la France, la réassurance dans le pays provenait de ces services publics, de la gratuité de l’école, de notre modèle social. Là, les Français se mettent à douter. »

Certains services publics obtiennent tout juste la moyenne. Ainsi, la Sécurité sociale, l’université et l’école récoltent respectivement 56, 53 et 52 % d’opinions favorables. Le jugement est plus sévère concernant la police (54 % d’opinions négatives) et Pôle emploi (64 %)

Les deux cancres sont l’hôpital et la justice : malgré les récentes augmentations de budget, 73 et 77 % des Français estiment que ces services publics fonctionnent mal. Là encore, les fonctionnaires sont les plus durs : 81 % ont une image négative de l’hôpital. « Comme si le Grenelle de la santé n’avait aucune prise », commente Frédéric Dabi.

Sondage Ifop pour le JDD, effectué du 2 au 4 novembre 2022 auprès d’un échantillon représentatif de 1 513 personnes âgées de 18 ans et plus (méthode des quotas). Les interviews ont été réalisées par questionnaire autoadministré. La marge d’erreur est située entre 1,4 et 3,1 points.

L’écologisme radical se nourrit du laxisme des pouvoirs publics

L’écologisme radical se nourrit du laxisme des pouvoirs publics»

L ‘État est en partie responsable du développement de la nouvelle forme d’activisme violent pour
Frédéric Lefret président l’Institut du Dialogue civil et Olivier Vial qui a cofondé l’Institut du Dialogue civil ( dans le Figaro).

«Ce week-end, nous avons complètement débordé le dispositif de maintien de l’ordre à Sainte-Soline. […] Nous avons arraché les grilles et accédé à cet endroit tant protégé. Nous n’y avons pas trouvé grand-chose, mais ce que nous avons vécu pour l’atteindre marquera nos combats à venir» s’enthousiasme un militant ayant participé à cette «guerre de l’eau» qui, selon lui et ses camarades, vient de commencer. Quand 4.000 personnes bravent un interdit préfectoral, affrontent 1.700 gendarmes et participent à des attaques à la façon des black blocs, permettant aux plus radicaux de se dissimuler au milieu des familles pour ensuite tirer au mortier et jeter des cocktails Molotov sur les forces de l’ordre, cela n’a rien d’innocent. Un tel baptême du feu, qui apparaît en plus victorieux (les travaux sur les bassines ont été interrompus) et sans grandes conséquences (seuls quatre manifestants ont été interpellés et renvoyés en comparution immédiate devant le tribunal), ne peut qu’affermir l’envie d’en découdre des nouveaux venus dans la cause. Depuis plusieurs mois, une dynamique radicale traverse la plupart des mouvements militants écologiques. Les marches pour le climat ne font plus recette. Les rebelles d’Extinction Rebellion délaissent leurs chorales, leurs danses et leurs déguisements bigarrés. Le temps est désormais à la désobéissance civile, voire à l’action directe.

Pour attirer les apprentis activistes et accompagner ce tournant stratégique, des formations à la «désobéissance civile» sont organisées sur l’ensemble du territoire toutes les semaines, et ce depuis plusieurs années. Certaines d’entre elles sont même financées par des subventions publiques (sic!). Ce sont ainsi des milliers d’étudiants, de salariés, de retraités à qui l’on a appris à réagir, à s’organiser face à la police et à s’affranchir de la loi. Pour ne pas effrayer les plus tendres et les plus modérés, un arsenal d’actions très diversifiées est proposé. Chacun doit pouvoir franchir les étapes vers la radicalité militante à son rythme. C’est ainsi que depuis deux ans, nous avons vu éclore de nouveaux modes d’action illégaux, mais pour lesquels leurs auteurs ne risquent pas de poursuites importantes. Dégonfler les pneus des SUV, mettre hors d’état de marche des panneaux lumineux, saccager le green d’un golf, voler les bouchons des emballages de sucre en poudre pour en empêcher la vente… Tous ces «microsabotages» constituent des marchepieds vers des actions plus dures.
Le blocage peut être l’étape suivante. Interrompre la circulation sur l’autoroute ou le périphérique, comme le font, depuis des mois, les membres du collectif « Dernières rénovations ».
Tribune collective

L’étape suivante? Cela peut être le blocage. Interrompre la circulation sur l’autoroute ou le périphérique, comme le font, depuis des mois, les membres du collectif «Dernières rénovations». Si l’idée n’est pas nouvelle, la méthode utilisée avec le recours à de la colle pour s’arrimer au bitume est récente et directement inspirée des mouvements anglais. Le vandalisme est lui aussi en train d’être remis au goût du jour. Dépassés les tags dessinés anonymement en pleine nuit, désormais, quand on jette de la soupe sur un tableau, toute l’action est filmée et relayée sur les réseaux sociaux. L’impact est démultiplié, les conséquences juridiques également. Enfin, le sabotage représente toujours le Graal pour les plus aguerris. Dans ce domaine également, le phénomène s’amplifie depuis deux ans: destruction de machines-outils sur les chantiers, dégradation d’antennes 5G, câbles du réseau internet sectionnés… En mars dernier, un train de céréales a même été attaqué par des activistes qui ont déversé sur les voies 142 tonnes de blé.

Les pouvoirs publics, comme les entreprises (beaucoup de ces activistes sont également des salariés) auraient tort de prendre cela à la légère. Certains se sont moqués des militants «en toc version Tik Tok» qui jettent de la purée sur un tableau de Monnet. En réalité, même ces méthodes qui paraissent ridicules ont été pensées et théorisées de longue date. Leur impact médiatique et le clivage qu’elles nourrissent au sein même de la galaxie climat démontrent malheureusement leur efficacité. Nous n’assistons pas à une simple et passagère poussée de fièvre qui ne toucherait que les militants. 30 % des moins de 35 ans se déclaraient, d’après un sondage réalisé en septembre 2021 par Harris Interactive pour l’institut du dialogue civil, prêts à occuper de force une entreprise, à dégrader des panneaux publicitaires ou directement les produits d’une entreprise. Un tel niveau d’acceptation pour des actions pourtant illégales a de quoi inquiéter. Il constitue au minimum pour les mouvements les plus radicaux un soutien moral qui pourrait avec le temps se transformer en vivier de recrutement.
Quand le ministre de l’Intérieur parle d’écoterrorisme, son inquiétude est légitime. Malheureusement, l’étape d’après, c’est bien celle-là! La question n’est plus de savoir si cela va arriver, mais seulement quand cela va se produire!

Comment s’étonner de cette dérive radicale d’une partie de la jeunesse quand on sait que depuis des années, en toute impunité, certains universitaires prêchent la nécessité de dépasser l’engagement politique classique pour légitimer le sabotage ou même l’action directe? En France, par exemple, le philosophe Geoffroy de Lagasnerie explique que les militants sont habitués à piocher dans un arsenal de moyens d’action (sit-in, pétition, grève, manifestation…), mais que «ces formes traditionnelles nous donnent souvent un sentiment purement fictif d’agir.» Dans son livre En finir avec l’impuissance politique, il affirme, citant le philosophe allemand Günther Anders, que la seule possibilité pour être efficace c’est «le recours à la violence – c’est-à-dire le fait de menacer physiquement ceux qui nous menacent. Agir politiquement ne doit consister ni à faire la fête, ni à nous mettre en danger, ni à nous faire souffrir nous-même. Agir veut dire: faire souffrir celles et ceux qui nous font souffrir».

Alors quand le ministre de l’Intérieur parle d’écoterrorisme, son inquiétude est légitime. Malheureusement, l’étape d’après, c’est bien celle-là! La question n’est plus de savoir si cela va arriver, mais seulement quand cela va se produire! Là encore, des intellectuels préparent les esprits. Andreas Malm, un universitaire suédois, devenu le héraut des mouvements radicaux depuis la publication en 2020 de son livre Comment saboter un pipeline faisait semblant de s’interroger: «il est étrange et frappant que les militants pour le climat n’aient pas commis d’actes de terrorisme. Après tout, le terrorisme est de loin la forme d’action politique individuelle la plus efficace du monde moderne et le changement climatique est un sujet qui tient au cœur des gens […] C’est d’autant plus remarquable quand on pense à la facilité avec laquelle on peut faire sauter des stations-service ou vandaliser des SUV.»

Fin octobre, interrogé sur un plateau de télévision, il enfonçait le clou affirmant que «nous devons infliger des dégâts matériels qui engendrent de sérieux coûts financiers aux forces du capital.» Tous les éléments sont réunis (formation des militants, théorisation et légitimation du recours à la violence, multiplication des actions) pour que l’on passe de l’agitation contestataire à un véritable chaos. Sans réactions énergiques de la part des pouvoirs publics et des entreprises, cette fièvre militante pourrait bien devenir une maladie chronique qui s’attaquera à nos libertés et à notre fonctionnement démocratique.

Pour la décarbonation de tous les services publics !

Pour la décarbonation de tous les services publics !

L’administration publique doit participer à l’effort national pour le climat, affirme, dans une tribune au « Monde », un collectif d’agents de l’Etat et des collectivités territoriales, à l’initiative du Shift Project, soutenus par 3 600 citoyens. Ils proposent notamment d’augmenter la part des protéines végétales à l’hôpital et dans les écoles, de favoriser les mobilités actives des salariés et de limiter la consommation énergétique des bâtiments publics.

Une contribution sympathique d’agents des services publics pour participer à la décarbonation des services. Une contribution toutefois un peu légère avec des considérations trop générales et des mesures finalement assez anecdotiques voire discutables comme la modification des menus des malades et des écoliers.Il y aurait sûrement autre chose à dire concernant la politique de santé, d’éducation voire de gestion des services et des effectifs pour contribuer à la réduction des émissions de carbone.Bref une contribution un peu trop corpo qui manque de contenu d’intérêt général NDLR

Les enjeux soulevés par le dérèglement climatique n’ont jamais été aussi présents dans les préoccupations de nos concitoyens. La dépendance aux énergies fossiles et à un ensemble de ressources physiques épuisables, les atteintes à la biodiversité fragilisent et mettent en péril notre société et sa cohésion. Une évolution profonde et rapide de nos modes de vie, de consommation et de production est indispensable.

La déclaration de la COP26 tenue à Glasgow en novembre 2021 a encore rappelé l’urgence à agir pour limiter le changement climatique et se préparer à affronter ses impacts. Chaque rapport du GIEC décrit de manière plus précise les conséquences dramatiques de l’inaction. Nous, agents publics, avec le soutien de nombreux citoyens et usagers du service public, demandons donc une accélération urgente de la décarbonation du fonctionnement de l’Etat, des collectivités territoriales et de tous les établissements publics.

Nous voulons faire notre part dans la transition bas carbone de notre pays. Et cette part est importante. Parce que l’administration publique représente 20 % de l’emploi en France. Elle doit réduire l’impact de son fonctionnement quotidien sur le climat et ainsi apporter sa contribution à la réduction des émissions de gaz à effet de serre de la France et à l’effort de sobriété énergétique indispensable pour pouvoir se passer des énergies fossiles.

Car nous sommes engagés pour le maintien d’un service public accessible à tous. Nous ne voulons pas que nos missions soient mises en péril par les conséquences inévitables du dérèglement climatique. Nous devons préparer dès maintenant un service public résilient et capable d’accompagner, en toutes circonstances, nos concitoyens, notamment les plus vulnérables, qui sont et seront les plus touchés par les crises climatiques et énergétiques.

Comme au travers des écoles, des services administratifs, des équipements sportifs et culturels, des établissements de santé, etc., l’administration est au cœur de la vie quotidienne de chaque citoyen et elle doit, dès lors, être exemplaire. Augmenter la part des protéines végétales dans les repas servis dans les hôpitaux ou les écoles, passer aux mobilités actives et à une flotte de véhicules plus petits et à motorisation électrique pour les déplacements professionnels, limiter la consommation énergétique des bâtiments publics, acheter des ordinateurs réparables et les changer moins souvent : autant d’actions qui peuvent montrer la voie à l’ensemble de la société.

Services publics : enjeux structurels ?

Services publics : enjeux structurels ?

 

Dans un contexte socio-économique difficile, il est indispensable de maintenir un niveau d’engagement fort en faveur des services publics, estime dans une tribune au « Monde » Luc Farré, secrétaire général de l’UNSA Fonction Publique.

 

 

A juste titre le syndicat une ça plaide le maintien et le renforcement du service public dans les fonctions régaliennes pour une société plus solidaire, plus écologique et plus citoyenne.

Reste que le syndicat se montre assez discret sur les conditions de fonctionnement et d’efficacité de ce service public qu’il amalgame avec la fonction publique. Une confusion classique entre l’objectif et les moyens. Pour parler clair, une vision assez corporatiste. Le service public n’est pas une affaire de statut du personnel ou de statut de l’entreprise et nombre d’activités sont epar le privé par délégation. Le statut de fonctionnaire dans de nombreux cas au contraire porte atteint au concept même de service public du fait de son inefficacité NDLR

La mondialisation et l’exploitation sans limite de ressources épuisables, l’injuste répartition des richesses et ses effets sur le climat nous exposent à des crises majeures : sanitaires, sociales, environnementales, économiques et géopolitiques. La prise de conscience est d’autant plus brutale qu’elle est tardive. L’inaction de ces dernières décennies a considérablement réduit les marges de manœuvre d’une transition écologique socialement soutenable.

Il est donc urgent d’agir avec des moyens d’action fondateurs pour une société plus solidaire, plus écologique, plus citoyenne. Dans le panel des évolutions structurelles et structurantes à accomplir face à ces nombreux défis, la France peut se prévaloir de ses services publics et de son niveau de protection sociale. L’UNSA plaide pour un réinvestissement significatif dans les services publics et la fonction publique, bien commun, ciment de notre modèle et porteur d’avenir pour notre pays et nos enfants.

Les services publics assurent des activités d’intérêt général et leur existence comme leur fonctionnement résultent de contributions socialisées. Ils participent à réduire les écarts entre les citoyens. Les règles qui leur sont propres constituent un rempart contre les conflits d’intérêts et renforcent la cohésion sociale. Cette spécificité doit perdurer et s’amplifier car, plus les incertitudes sont grandes, plus la confiance des citoyens dans les services publics doit être un point d’appui pour affronter les crises.

Face aux périls, les principes de continuité, d’égalité et de mutabilité des services publics sont de réels atouts. La crise sanitaire en est une parfaite illustration, la lutte contre les incendies également. Ce contexte implique de réactiver les fondements mêmes des services publics : la satisfaction des besoins des citoyens, de revoir leurs contours et leurs objectifs.

Gestion de l’eau, énergie, transports, information, formation, éducation, sécurité, justice, aide à la personne, santé, culture, sport, petite enfance, dépendance…, nécessitent d’importants investissements. Les services publics et les infrastructures participent aussi au développement et à la protection des activités du secteur privé.

Pour faire face au dérèglement climatique, les employeurs publics doivent donner l’exemple. La mise en œuvre concrète d’une sobriété énergétique impose des économies et l’adhésion des agents, mais surtout des investissements importants dès à présent et sur une longue période. Un plan massif pour isoler et transformer les bâtiments publics, pour substituer à une gestion au jour le jour une vision structurante à moyen et long terme est urgent.

Gratuité des transports publics : Non pertinent et injuste

Gratuité des transports publics : Non pertinent et injuste

 

L’expert des mobilités Jean Coldefy met en garde, dans une tribune au « Monde », contre les illusions simplistes de la gratuité des transports publics. L’impératif pour les pouvoir publics est d’accroître l’offre alternative en transports en commun, à Paris comme dans les autres grandes agglomérations.

 

L’expérience récente du ticket unique à 9 euros en Allemagne pour les TER et les transports en commun urbains interroge les décideurs français qui cherchent des solutions pour lutter contre le réchauffement climatique. Mais cette initiative allemande a eu un impact très faible sur le trafic routier et revient très cher : 1 400 euros la tonne de CO2 évitée, près de 30 fois le montant de la taxe carbone. L’Allemagne fait, par ailleurs, rouler deux fois plus de TER qu’en France et l’usager allemand paie deux fois plus cher ses transports en commun urbains : les situations n’ont donc rien à voir.

Faut-il aller jusqu’à la gratuité des transports, idée qui séduit de plus en plus en France avec une équation simple : des transports gratuits = moins de voitures ? De la simplicité au simplisme, il y a souvent peu. En France, c’est le manque d’alternatives en transports en commun depuis le périurbain et en première couronne qui explique que des centaines de milliers de voitures engorgent les agglomérations aux heures de pointe. C’est aussi la raison d’être du projet de Grand Paris Express.

En province, l’offre TER est de trois fois inférieure à la demande. C’est une insuffisance d’offre alternative à la voiture que nous avons à combler et non un problème de demande. La gratuité des transports publics fait une erreur de diagnostic et ne fera qu’aggraver la situation, en dégradant la capacité à financer plus d’alternatives à la voiture, avec une perte de 5 milliards d’euros annuels si nous la généralisions, sans gain sur l’usage de la voiture.

Les enquêtes d’opinion montrent, par ailleurs, que les Français demandent plus de transports en commun et non la gratuité. Si la gratuité est typique de la vraie fausse solution, elle pose néanmoins de bonnes questions sur la tarification des transports en commun en France. Les transports en commun coûtent en moyenne trois fois moins cher à l’usager que la voiture.

Cependant, si on distingue les abonnements des tarifs au ticket (voyageurs dits « occasionnels »), le prix payé au kilomètre par les occasionnels est légèrement supérieur à celui de la voiture. On rétorquera qu’au-delà du seul coût monétaire ce qui compte, c’est le temps de parcours. En ajoutant au coût monétaire le temps de parcours multiplié par la valeur du temps (qui dépend des revenus et des motifs de déplacement), on obtient un coût global du transport.

Le temps de parcours pèse 90 % de ce coût global pour l’abonné, mais 60 % pour le non-abonné, voire 50 % pour les revenus plus faibles : si le tarif ne compte pas pour l’abonné, c’est nettement moins vrai pour le voyageur occasionnel. Les calculs de coût global montrent que le voyageur non abonné des transports en commun est toujours perdant face à la voiture, que ce soit en milieu urbain ou depuis le périurbain.

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