Un nouveau PS ?
Un nouveau PS pourrait être lancée sur initiative notamment de Bernard Cazeneuve le 10 juin après un appel de responsables socialistes.
Il est clair que la famille socialiste est complètement éclatée au point d’être menacée de disparition pour cause notamment de contradictions entre les lignes idéologiques et surtout de l’énorme écart entre les orientations et les pratiques quand les socialistes sont au pouvoir. La preuve la plus significative de cet écart étend sans doute le passage de François Hollande. Reste que cet appel est essentiellement une émanation d’élus. Or le parti socialiste s’est aussi écroulé du fait d’être réduit une sorte de club d’élus et non un rassemblement des forces sociales qu’il entend représenter. Dans un parti qui se veut social-démocrate comme le souhaiterait Bernard Cazenave et ses amis encore faudrait-il une représentativité des couches sociologiques du pays et non une appropriation du parti par quelques technocrates et autres aventuriers. Le dernier en date étend sans doute Emmanuel Macron. Plusieurs ex-députés et élus issus du PS, électeurs d’Emmanuel Macron en 2017et 2022, apportent leur soutien à La Convention, le mouvement initié par Bernard Cazeneuve, qui tiendra sa première réunion publique nationale, samedi 10 juin à Créteil.
L’appel de responsables socialiste pour un nouveau parti :
« Élus ou militants de gauche de toujours, nous avons apporté notre soutien à Emmanuel Macron en 2017 et la plupart d’entre nous le lui ont renouvelé, parfois par défaut, en mai 2022.
Notre sensibilité sociale-démocrate se retrouvait dans son engagement européen, dans la réhabilitation du mérite et du travail, et celle des savoirs fondamentaux à l’école, dans la revalorisation de l’apprentissage et de l’enseignement technique, dans la redynamisation de notre économie et la réduction du chômage tout juste engagées sous François Hollande, dans la PMA pour toutes, comme dans la protection des populations et des entreprises lors de la crise sanitaire et depuis l’invasion de l’Ukraine.
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Face à la marée montante des populismes et des nationalismes illibéraux, nous ne sommes pas radicalement hostiles au principe d’un « dépassement » entre droites et gauches démocratiques et républicaines, mais par un contrat de programme si la situation du pays l’exige, plutôt que par dilution dans un fourre-tout césariste.
Mais force est de constater que le macronisme « apolitique » n’a pas tenu sa promesse cardinale d’endiguer la progression de l’extrême droite qui est aujourd’hui au seuil du pouvoir. En refusant que se structure, au sein de sa majorité, un parti de gauche porté par les deux tiers de l’électorat socialiste qui l’ont rallié en 2017, le Président de la République et quelques transfuges zélés ont condamné sa majorité à pencher à droite et la gauche à se perdre dans un populisme séditieux, qui outrage la République.
Les Français ne peuvent se résigner à ce spectacle qui aboutit à une fracturation de la société française
Ce faisant, une grande partie de la gauche est aujourd’hui invisible, désemparée et orpheline d’une offre politique dans la lignée historique des partis de Jaurès, Blum, Mitterrand, Rocard, Clémenceau, Briand et Mendes-France.
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Nous ne croyons pas, pour la politique, comme pour la société, à la vertu d’une rupture générationnelle, communautariste, sans mémoire, sans histoire et sans identité politique.
Nous nous inscrivons dans la nécessité de refonder une offre politique de gauche pleinement assumée face à une droite écartelée entre un centrisme sans chair et la tentation électoraliste régressive d’une union avec l’extrême droite.
Pour l’échéance de 2027, nous aspirons à conjurer le choix déchirant entre deux extrémismes qui se nourrissent l’un l’autre, de leur commune aversion pour la construction européenne, de leur nationalisme de repli et de leurs penchants corporatistes et communautaristes.
Les vociférations obscènes de la NUPES, jusqu’à la tribune de l’Assemblée nationale ne font pas avancer la cause des moins favorisés et des classes moyennes. La droitisation du discours politique et économique de la majorité relative qui soutient l’exécutif, non plus. L’appareil du Parti socialiste, dans un réflexe de sauve-qui-peut, s’est enterré en se soumettant à LFI. Les responsables de Renaissance se sont largement mis à la remorque des humeurs changeantes des Républicains. Les Français ne peuvent se résigner à ce spectacle qui aboutit à une fracturation de la société française et exacerbe la violence politique et civile.
Il faut retrouver une véritable Gauche de gouvernement, généreuse dans ses ambitions, responsable dans sa gestion et pro-européenne dans son projet
Le temps nous semble révolu de la « jupitérisation » de notre République, laquelle doit mieux s’appuyer sur les forces syndicales, associatives et politiques qui font, dans la profondeur du pays, la cohésion de notre Nation.
Notre conviction est qu’il faut, désormais, retrouver une véritable « Gauche de gouvernement », généreuse dans ses ambitions, responsable dans sa gestion et pro-européenne dans son projet. Cette Gauche de gouvernement, cette nouvelle social-démocratie, modernisée et adaptée aux attentes et aux défis de la Société d’aujourd’hui, lève enfin la tête.
La Convention initiée par Bernard Cazeneuve offre cette possibilité d’un espace politique nouveau, d’une ouverture qui redonne de l’espoir aux citoyens. Elle nous semble la seule opportunité crédible de recréer une gauche pro européenne, sociale-démocrate et libérale, laïque, universaliste et fermement attachée aux principes républicains qui sont profondément inscrits dans notre histoire sociale et politique.
C’est pourquoi, aujourd’hui, nous répondons à l’appel lancé par Bernard Cazeneuve et serons avec lui, par la pensée ou à ses côtés, en témoignage à la fois de notre soutien et de notre espoir, le 10 juin après-midi à Créteil. »