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La réponse européenne au protectionnisme américain: très insuffisante

La réponse européenne au protectionnisme américain: très insuffisante

Par Nicolas Ravailhe, Institut francophone de stratégies européennes, enseignant École de guerre économique et avocat au barreau de Bruxelles (droit européen).
Écoutez cet article dans la Tribune.

La réponse européenne à « l’Inflation Reduction Act » (IRA) n’est pas à la hauteur. Certes, les règles européennes en matière d’aides d’État – le droit des États membres et de leurs territoires d’utiliser de l’argent public pour aider des opérateurs économiques – devraient être aménagées. De même, le budget de l’Union européenne (UE) sera réorganisé pour mieux utiliser les programmes actuels. Le tout sera limité aux objectifs européens de croissance verte et numérique.

Dans le match économique USA-UE, qui est le plus fort ?
L’Europe n’est pas naïve. Victoire aux points depuis des décennies pour l’UE, qui connait des excédents commerciaux aux USA très importants, en augmentation de 10 milliards d’euros en moyenne tous les ans pour arriver à un chiffre de 155 milliards d’excédents européens en 2021.

Depuis le début de la guerre russo-ukrainienne, nous assistons à une correction économique significative des USA sur les Européens, par des achats d’armements et d’énergie aux entreprises américaines. Toutefois, elle est évaluée comme étant conjoncturelle quand les succès européens aux USA sont qualifiés de structurels.

Surtout, cette correction économique permet aux États européens qui la pratiquent – Allemagne en tête – de s’assurer de précieux alliés aux USA afin d’y protéger leurs exportations. Une forme de troc s’opère : armes et énergie Made in US contre une absence de représailles sur les exportations civiles germaniques outre-Atlantique. Et tant pis, voire pour certains tant mieux, si c’est au détriment de la défense européenne et en particulier des intérêts français très forts dans ce secteur.

L’Union européenne, sous contrôle de l’Europe du Nord, est forte et stratège. Tout est mesuré en Europe. À tous les sens du terme, c’est-à-dire évalué et contenu. « Tant que le protectionnisme américain ne remet pas en cause les succès européens aux USA, la réponse de l’Europe doit être bridée. » En effet, entrer dans une guerre frontale, coups pour coups, durcirait les relations et l’Europe étant gagnante actuellement, elle aurait plus à perdre.

Certes, la France n’a pas forcément les mêmes intérêts que les autres États européens même si elle semble aussi excédentaire aux USA (données à pondérer par les ré-importations en France de produits US en provenance d’autres pays comme les Pays-Bas. Ces derniers sont déficitaires avec les USA mais ils revendent ces importations pour avoir un énorme excédent de 229 milliards d’euros en 2021 dans le marché intérieur européen.

Donc, en Europe, on s’offusque, on aménage, mais on n’apporte aucune réponse directe. La guerre économique USA-UE n’est pas un concept nouveau. La modération de l’UE est constante depuis des années face à l’extra-territorialité du droit américain – qualifiée d’arme du faible qui ne produit pas et n’exporte pas -, au pillage des données par les GAFAM aussi objet de trocs… mais au final c’est l’Europe qui a des excédents commerciaux gigantesques.

Alors que faire face à « l’Inflation Reduction Act » ?

Quelques pistes juridiques seront brandies par l’UE, notamment le respect des règles de l’OMC : https://multimedia.europarl.europa.eu/fr/video/key-debate-eu-response-to-the-us-inflation-reduction-act-meps-debate-part-1_I234795. L’Europe dispose de peu de moyens juridiques pour contrer les aides d’État étrangères. Le nouveau règlement concernant la lutte contre les subventions étrangères générant des distorsions dans le marché intérieur devrait être inopérant en l’espèce.

De plus, il est quand même compliqué pour les Européens de dénoncer la réindustrialisation des USA contre la Chine, principale visée par l’IRA. D’autant plus que les Américains encouragent les Européens à les rejoindre dans ce combat. L’Europe s’y refuse jusqu’alors afin protéger l’excédent commercial allemand en Chine et les importations néerlandaises revendues aux autres Européens via le marché intérieur (même logique qu’avec les USA cf. tableau Eurostat par États membres). Telle est une des principales causes de la désindustrialisation de la France. Notre pays a les mêmes intérêts que les Américains contre la Chine, mais nos gouvernants laissent faire la passivité européenne…

Une alliance France-USA aurait aussi du sens pour contrer les excédents commerciaux allemands dénoncés dans nos deux pays. Elle est rendue très compliquée en raison d’une concurrence franco-américaine dans les secteurs de la défense et ainsi que dans l’aéronautique civile. Le schéma est connu. L’Allemagne est protégée de mesures protectionnistes en France par le droit européen, la notion d’entrave, et elle achète des armes aux USA afin de s’offrir de puissants soutiens pour ses intérêts civils. Les USA étant une grande démocratie avec de nombreux contre-pouvoirs, les lobbyistes « pro made in Germany » en joueront à merveille pour diviser les Américains. Tant que le cadre actuel perdure, IRA compris, une seule devise « wait and see » et si possible profitons-en !

L’environnement alibi du protectionnisme aux États-Unis

L’environnement alibi du protectionnisme aux États-Unis

À juste titre et avec retard, les différents gouvernements annoncent des plans de transition écologique afin de lutter contre les conséquences néfastes de l’industrie polluante, des transports et du logement.

La France par exemple a annoncé il y a quelques jours une planification écologique relativement timide. La première ministre s’est d’ailleurs bornée à reprendre les mesures pro environnementales déjà décidées sans véritable action stratégique d’ampleur.

Les États-Unis ont décidé de leur côté un vague problème de soutien à l’économie ave cune enveloppe de 430 milliards de dollars -. Une partie de ce plan sera mis à disposition des consommateurs pour favoriser les produits américains comme les automobiles par exemple.

Aussi, plusieurs milliards de dollars de crédits d’impôts seront également proposés aux industries les plus polluantes afin de les aider dans leur transition énergétique. C’est sur ce type de mesure, qui concerne des secteurs stratégiques, que la Française voit une menace à l’équilibre commercial.

Ce programme, « selon notre point de vue, a pour conséquence de ne pas mettre sur un pied d’égalité les Etats-Unis et les acteurs européens », a déclaré Mme Colonna, qui s’exprimait devant le Center for Strategic and International Studies, un cercle de réflexion de la capitale américaine.

Il faut noter que l’Allemagne aussi dans son plan de 200 milliards de soutien à l’économie se sert aussi de l’environnement comme alibi du protectionnisme.

Protectionnisme : la leçon de Biden à la France !

Protectionnisme : la leçon de Biden à la France !

Biden donne une leçon de libéralisme et de concurrence dont la France ferait bien de s’inspirer. Par Eugène Daronnat, Membre du Comité Exécutif d’Objectif France.( Dans la Tribune, extrait)

Il avait été décrit comme timide. A 78 ans, beaucoup de commentateurs pensaient que le mandat de Joe Biden allait être un mandat de transition. A peine élu, les scénarios sur la prise de pouvoir de Kamala Harris en cours de Présidence étaient déjà évoqués. Celui que l’on surnommait « sleepy Joe » a pris à contre-courant la plupart des observateurs, marquant une véritable rupture avec la présidence de Donald Trump, et le réveil des Etats-Unis sur la scène internationale, notamment à travers le retour du multilatéralisme.

En première ligne sur la nouvelle fiscalité sur les multinationales, le Président Américain a confirmé que c’était bien grâce aux Etats-Unis, et aux Etats-Unis seulement que ces avancées avaient été rendues possibles, même s’il ne faut pas être dupe sur les intérêts défendus par les Américains dans cette affaire : les Etats-Unis seront en effet le 1er bénéficiaire de cette mesure visant à faire payer l’impôt sur les sociétés dans le pays d’origine des entreprises « délocalisant » leur fiscalité à l’étranger.

Joe Biden s’est trouvé beaucoup de soutiens en France quand il a décidé d’augmenter la fiscalité sur les entreprises, en faisant passer l’impôt sur les sociétés de 21% à 28% (il était de 28% en France en 2020). Augmenter les impôts, le rêve Français devenu réalité outre-Atlantique, quelques semaines après que les Etats-Unis aient réalisé un plan d’investissement de plusieurs centaines de milliards de dollars, avec des chèques de relance directement adressés aux ménages américains.

Le Président Américain a surpris son monde ces dernières semaines, avec un décret visant à renforcer la concurrence dans l’économie américaine. Inaudible en France où les termes concurrence et libéralisme sont des épouvantails, Joe Biden se place dans la lignée de la tradition américaine, avec une économie ouverte, libérale, mais qui pour autant n’oublie pas sa finalité : servir le consommateur.

Dans ce décret, il est notamment écrit : « La promesse américaine d’une prospérité large et durable découle d’une économie ouverte et compétitive ».

Puis ensuite : « Pour les travailleurs, un marché compétitif créé plus d’emplois de qualité, avec la liberté économique de changer de travail ou de négocier un meilleur salaire ». Nous sommes loin d’une politique de nivellement par le bas !

Concrètement, ce texte prévoit l’ouverture à la concurrence de secteurs dans lesquels les Américains ont peu de choix. Baisse des prix des médicaments, possibilité d’accéder à un nouveau fournisseur d’accès à internet, plus de transparence dans la présentation de certains services : par des mesures concrètes, Joe Biden souhaite montrer que « le capitalisme sans concurrence, ce n’est plus du capitalisme, c’est de l’exploitation. ». Son administration évalue à plusieurs milliers de dollars par an la perte d’argent pour les ménages, liée à une trop grande concentration de l’économie.

 

Les Etats-Unis vivent plus que nous une situation d’inégalités économique et patrimoniales, avec une scission claire entre les gagnants et les perdants de la mondialisation. Avec ces annonces, Joe Biden prend une orientation assumée : seule la concurrence, l’économie ouverte (en intérieur) permettront à toute une génération d’américains d’accéder à la prospérité.

Loin des caricatures du libéralisme en France, le Président des Etats-Unis nous montre que le (véritable) libéralisme, ce n’est pas la loi du plus fort, c’est l’intérêt du plus faible.

Il s’agit d’une véritable leçon pour la France, alors que notre logiciel de pensée nous pousse à croire que plus de normes, plus de lois, plus de textes contribuent à nous protéger. C’est exactement le contraire.

La seule complexité administrative se fait aujourd’hui clairement au détriment des plus faibles. Ceux qui ont les moyens de comprendre, d’interpréter des procédures, des textes de loi tirent leur épingle du jeu, les autres sont condamnés à échouer. Pour honorer sa promesse d’égalité, la France ferait bien de s’inspirer de Joe Biden, en convoquant une révolution administrative, avec le retour de plus de liberté, de plus de transparence.

Car en France plus qu’ailleurs, le système économique est sclérosé. De manière symétrique, en France plus qu’ailleurs, le système politique est paralysé. Il est temps de réconcilier le consommateur, le citoyen avec un système économique, démocratique qui ne se fasse plus dans l’intérêt de quelques-uns, au détriment de tous. Dans tout cela, le rôle de l’Etat n’est pas d’être omniprésent, mais de créer les conditions pour que chacun puisse s’accomplir, quel que soit son héritage patrimonial, culturel, éducatif.

C’est cela que nous apprend Joe Biden. La prospérité est à la portée de tous.

Néolibéralisme et Protectionnisme : la leçon de Biden à la France !

Protectionnisme : la leçon de Biden à la France !

Biden donne une leçon de libéralisme et de concurrence dont la France ferait bien de s’inspirer. Par Eugène Daronnat, Membre du Comité Exécutif d’Objectif France.( Dans la Tribune, extrait)

Il avait été décrit comme timide. A 78 ans, beaucoup de commentateurs pensaient que le mandat de Joe Biden allait être un mandat de transition. A peine élu, les scénarios sur la prise de pouvoir de Kamala Harris en cours de Présidence étaient déjà évoqués. Celui que l’on surnommait « sleepy Joe » a pris à contre-courant la plupart des observateurs, marquant une véritable rupture avec la présidence de Donald Trump, et le réveil des Etats-Unis sur la scène internationale, notamment à travers le retour du multilatéralisme.

En première ligne sur la nouvelle fiscalité sur les multinationales, le Président Américain a confirmé que c’était bien grâce aux Etats-Unis, et aux Etats-Unis seulement que ces avancées avaient été rendues possibles, même s’il ne faut pas être dupe sur les intérêts défendus par les Américains dans cette affaire : les Etats-Unis seront en effet le 1er bénéficiaire de cette mesure visant à faire payer l’impôt sur les sociétés dans le pays d’origine des entreprises « délocalisant » leur fiscalité à l’étranger.

Joe Biden s’est trouvé beaucoup de soutiens en France quand il a décidé d’augmenter la fiscalité sur les entreprises, en faisant passer l’impôt sur les sociétés de 21% à 28% (il était de 28% en France en 2020). Augmenter les impôts, le rêve Français devenu réalité outre-Atlantique, quelques semaines après que les Etats-Unis aient réalisé un plan d’investissement de plusieurs centaines de milliards de dollars, avec des chèques de relance directement adressés aux ménages américains.

Le Président Américain a surpris son monde ces dernières semaines, avec un décret visant à renforcer la concurrence dans l’économie américaine. Inaudible en France où les termes concurrence et libéralisme sont des épouvantails, Joe Biden se place dans la lignée de la tradition américaine, avec une économie ouverte, libérale, mais qui pour autant n’oublie pas sa finalité : servir le consommateur.

Dans ce décret, il est notamment écrit : « La promesse américaine d’une prospérité large et durable découle d’une économie ouverte et compétitive ».

Puis ensuite : « Pour les travailleurs, un marché compétitif créé plus d’emplois de qualité, avec la liberté économique de changer de travail ou de négocier un meilleur salaire ». Nous sommes loin d’une politique de nivellement par le bas !

Concrètement, ce texte prévoit l’ouverture à la concurrence de secteurs dans lesquels les Américains ont peu de choix. Baisse des prix des médicaments, possibilité d’accéder à un nouveau fournisseur d’accès à internet, plus de transparence dans la présentation de certains services : par des mesures concrètes, Joe Biden souhaite montrer que « le capitalisme sans concurrence, ce n’est plus du capitalisme, c’est de l’exploitation. ». Son administration évalue à plusieurs milliers de dollars par an la perte d’argent pour les ménages, liée à une trop grande concentration de l’économie.

 

Les Etats-Unis vivent plus que nous une situation d’inégalités économique et patrimoniales, avec une scission claire entre les gagnants et les perdants de la mondialisation. Avec ces annonces, Joe Biden prend une orientation assumée : seule la concurrence, l’économie ouverte (en intérieur) permettront à toute une génération d’américains d’accéder à la prospérité.

Loin des caricatures du libéralisme en France, le Président des Etats-Unis nous montre que le (véritable) libéralisme, ce n’est pas la loi du plus fort, c’est l’intérêt du plus faible.

Il s’agit d’une véritable leçon pour la France, alors que notre logiciel de pensée nous pousse à croire que plus de normes, plus de lois, plus de textes contribuent à nous protéger. C’est exactement le contraire.

La seule complexité administrative se fait aujourd’hui clairement au détriment des plus faibles. Ceux qui ont les moyens de comprendre, d’interpréter des procédures, des textes de loi tirent leur épingle du jeu, les autres sont condamnés à échouer. Pour honorer sa promesse d’égalité, la France ferait bien de s’inspirer de Joe Biden, en convoquant une révolution administrative, avec le retour de plus de liberté, de plus de transparence.

Car en France plus qu’ailleurs, le système économique est sclérosé. De manière symétrique, en France plus qu’ailleurs, le système politique est paralysé. Il est temps de réconcilier le consommateur, le citoyen avec un système économique, démocratique qui ne se fasse plus dans l’intérêt de quelques-uns, au détriment de tous. Dans tout cela, le rôle de l’Etat n’est pas d’être omniprésent, mais de créer les conditions pour que chacun puisse s’accomplir, quel que soit son héritage patrimonial, culturel, éducatif.

C’est cela que nous apprend Joe Biden. La prospérité est à la portée de tous.

Economie-Libéralisme et protectionnisme : la leçon de Biden à la France !

Economie-Libéralisme et protectionnisme : la leçon de Biden à la France !

Biden donne une leçon de libéralisme et de concurrence dont la France ferait bien de s’inspirer. Par Eugène Daronnat, Membre du Comité Exécutif d’Objectif France.( Dans la Tribune, extrait)

Il avait été décrit comme timide. A 78 ans, beaucoup de commentateurs pensaient que le mandat de Joe Biden allait être un mandat de transition. A peine élu, les scénarios sur la prise de pouvoir de Kamala Harris en cours de Présidence étaient déjà évoqués. Celui que l’on surnommait « sleepy Joe » a pris à contre-courant la plupart des observateurs, marquant une véritable rupture avec la présidence de Donald Trump, et le réveil des Etats-Unis sur la scène internationale, notamment à travers le retour du multilatéralisme.

En première ligne sur la nouvelle fiscalité sur les multinationales, le Président Américain a confirmé que c’était bien grâce aux Etats-Unis, et aux Etats-Unis seulement que ces avancées avaient été rendues possibles, même s’il ne faut pas être dupe sur les intérêts défendus par les Américains dans cette affaire : les Etats-Unis seront en effet le 1er bénéficiaire de cette mesure visant à faire payer l’impôt sur les sociétés dans le pays d’origine des entreprises « délocalisant » leur fiscalité à l’étranger.

Joe Biden s’est trouvé beaucoup de soutiens en France quand il a décidé d’augmenter la fiscalité sur les entreprises, en faisant passer l’impôt sur les sociétés de 21% à 28% (il était de 28% en France en 2020). Augmenter les impôts, le rêve Français devenu réalité outre-Atlantique, quelques semaines après que les Etats-Unis aient réalisé un plan d’investissement de plusieurs centaines de milliards de dollars, avec des chèques de relance directement adressés aux ménages américains.

Le Président Américain a surpris son monde ces dernières semaines, avec un décret visant à renforcer la concurrence dans l’économie américaine. Inaudible en France où les termes concurrence et libéralisme sont des épouvantails, Joe Biden se place dans la lignée de la tradition américaine, avec une économie ouverte, libérale, mais qui pour autant n’oublie pas sa finalité : servir le consommateur.

Dans ce décret, il est notamment écrit : « La promesse américaine d’une prospérité large et durable découle d’une économie ouverte et compétitive ».

Puis ensuite : « Pour les travailleurs, un marché compétitif créé plus d’emplois de qualité, avec la liberté économique de changer de travail ou de négocier un meilleur salaire ». Nous sommes loin d’une politique de nivellement par le bas !

Concrètement, ce texte prévoit l’ouverture à la concurrence de secteurs dans lesquels les Américains ont peu de choix. Baisse des prix des médicaments, possibilité d’accéder à un nouveau fournisseur d’accès à internet, plus de transparence dans la présentation de certains services : par des mesures concrètes, Joe Biden souhaite montrer que « le capitalisme sans concurrence, ce n’est plus du capitalisme, c’est de l’exploitation. ». Son administration évalue à plusieurs milliers de dollars par an la perte d’argent pour les ménages, liée à une trop grande concentration de l’économie.

 

Les Etats-Unis vivent plus que nous une situation d’inégalités économique et patrimoniales, avec une scission claire entre les gagnants et les perdants de la mondialisation. Avec ces annonces, Joe Biden prend une orientation assumée : seule la concurrence, l’économie ouverte (en intérieur) permettront à toute une génération d’américains d’accéder à la prospérité.

Loin des caricatures du libéralisme en France, le Président des Etats-Unis nous montre que le (véritable) libéralisme, ce n’est pas la loi du plus fort, c’est l’intérêt du plus faible.

Il s’agit d’une véritable leçon pour la France, alors que notre logiciel de pensée nous pousse à croire que plus de normes, plus de lois, plus de textes contribuent à nous protéger. C’est exactement le contraire.

La seule complexité administrative se fait aujourd’hui clairement au détriment des plus faibles. Ceux qui ont les moyens de comprendre, d’interpréter des procédures, des textes de loi tirent leur épingle du jeu, les autres sont condamnés à échouer. Pour honorer sa promesse d’égalité, la France ferait bien de s’inspirer de Joe Biden, en convoquant une révolution administrative, avec le retour de plus de liberté, de plus de transparence.

Car en France plus qu’ailleurs, le système économique est sclérosé. De manière symétrique, en France plus qu’ailleurs, le système politique est paralysé. Il est temps de réconcilier le consommateur, le citoyen avec un système économique, démocratique qui ne se fasse plus dans l’intérêt de quelques-uns, au détriment de tous. Dans tout cela, le rôle de l’Etat n’est pas d’être omniprésent, mais de créer les conditions pour que chacun puisse s’accomplir, quel que soit son héritage patrimonial, culturel, éducatif.

C’est cela que nous apprend Joe Biden. La prospérité est à la portée de tous.

Libéralisme et protectionnisme : la leçon de Biden à la France !

Libéralisme et protectionnisme : la leçon de Biden à la France !

Biden donne une leçon de libéralisme et de concurrence dont la France ferait bien de s’inspirer. Par Eugène Daronnat, Membre du Comité Exécutif d’Objectif France.( Dans la tribune, extrait)

Il avait été décrit comme timide. A 78 ans, beaucoup de commentateurs pensaient que le mandat de Joe Biden allait être un mandat de transition. A peine élu, les scénarios sur la prise de pouvoir de Kamala Harris en cours de Présidence étaient déjà évoqués. Celui que l’on surnommait « sleepy Joe » a pris à contre-courant la plupart des observateurs, marquant une véritable rupture avec la présidence de Donald Trump, et le réveil des Etats-Unis sur la scène internationale, notamment à travers le retour du multilatéralisme.

En première ligne sur la nouvelle fiscalité sur les multinationales, le Président Américain a confirmé que c’était bien grâce aux Etats-Unis, et aux Etats-Unis seulement que ces avancées avaient été rendues possibles, même s’il ne faut pas être dupe sur les intérêts défendus par les Américains dans cette affaire : les Etats-Unis seront en effet le 1er bénéficiaire de cette mesure visant à faire payer l’impôt sur les sociétés dans le pays d’origine des entreprises « délocalisant » leur fiscalité à l’étranger.

Joe Biden s’est trouvé beaucoup de soutiens en France quand il a décidé d’augmenter la fiscalité sur les entreprises, en faisant passer l’impôt sur les sociétés de 21% à 28% (il était de 28% en France en 2020). Augmenter les impôts, le rêve Français devenu réalité outre-Atlantique, quelques semaines après que les Etats-Unis aient réalisé un plan d’investissement de plusieurs centaines de milliards de dollars, avec des chèques de relance directement adressés aux ménages américains.

Le Président Américain a surpris son monde ces dernières semaines, avec un décret visant à renforcer la concurrence dans l’économie américaine. Inaudible en France où les termes concurrence et libéralisme sont des épouvantails, Joe Biden se place dans la lignée de la tradition américaine, avec une économie ouverte, libérale, mais qui pour autant n’oublie pas sa finalité : servir le consommateur.

Dans ce décret, il est notamment écrit : « La promesse américaine d’une prospérité large et durable découle d’une économie ouverte et compétitive ».

Puis ensuite : « Pour les travailleurs, un marché compétitif créé plus d’emplois de qualité, avec la liberté économique de changer de travail ou de négocier un meilleur salaire ». Nous sommes loin d’une politique de nivellement par le bas !

Concrètement, ce texte prévoit l’ouverture à la concurrence de secteurs dans lesquels les Américains ont peu de choix. Baisse des prix des médicaments, possibilité d’accéder à un nouveau fournisseur d’accès à internet, plus de transparence dans la présentation de certains services : par des mesures concrètes, Joe Biden souhaite montrer que « le capitalisme sans concurrence, ce n’est plus du capitalisme, c’est de l’exploitation. ». Son administration évalue à plusieurs milliers de dollars par an la perte d’argent pour les ménages, liée à une trop grande concentration de l’économie.

 

Les Etats-Unis vivent plus que nous une situation d’inégalités économique et patrimoniales, avec une scission claire entre les gagnants et les perdants de la mondialisation. Avec ces annonces, Joe Biden prend une orientation assumée : seule la concurrence, l’économie ouverte (en intérieur) permettront à toute une génération d’américains d’accéder à la prospérité.

Loin des caricatures du libéralisme en France, le Président des Etats-Unis nous montre que le (véritable) libéralisme, ce n’est pas la loi du plus fort, c’est l’intérêt du plus faible.

Il s’agit d’une véritable leçon pour la France, alors que notre logiciel de pensée nous pousse à croire que plus de normes, plus de lois, plus de textes contribuent à nous protéger. C’est exactement le contraire.

La seule complexité administrative se fait aujourd’hui clairement au détriment des plus faibles. Ceux qui ont les moyens de comprendre, d’interpréter des procédures, des textes de loi tirent leur épingle du jeu, les autres sont condamnés à échouer. Pour honorer sa promesse d’égalité, la France ferait bien de s’inspirer de Joe Biden, en convoquant une révolution administrative, avec le retour de plus de liberté, de plus de transparence.

Car en France plus qu’ailleurs, le système économique est sclérosé. De manière symétrique, en France plus qu’ailleurs, le système politique est paralysé. Il est temps de réconcilier le consommateur, le citoyen avec un système économique, démocratique qui ne se fasse plus dans l’intérêt de quelques-uns, au détriment de tous. Dans tout cela, le rôle de l’Etat n’est pas d’être omniprésent, mais de créer les conditions pour que chacun puisse s’accomplir, quel que soit son héritage patrimonial, culturel, éducatif.

C’est cela que nous apprend Joe Biden. La prospérité est à la portée de tous.

Pays riches : le danger du protectionnisme vaccinal

Pays riches : le danger du protectionnisme vaccinal

Face à ce virus qui expose si durement notre vulnérabilité mais aussi notre interdépendance, jamais la communauté de destins entre l’Afrique et l’Europe ne s’est illustrée de manière aussi limpide, explique un collectif de représentants d’instances internationales, dont le directeur général de l’OMS, dans une tribune au « Monde ».

Tribune. Un an après le début de la pandémie de Covid-19 qui a fait plus de 2,4 millions de morts dans le monde, l’humanité a fait face en accomplissant un exploit scientifique historique : des vaccins ont été développés et certifiés en un temps record.

En combinaison avec d’autres outils de santé publique éprouvés que de nombreux pays ont utilisés avec succès pour supprimer la transmission, les vaccins offrent désormais un moyen de sortir de la crise. Le monde d’après peut être autre chose qu’un slogan.

Ce monde d’après justement. Tous s’accordent à dire que la pandémie a mis en exergue l’interconnexion de nos sociétés au Nord comme au Sud, et a permis la prise de conscience des menaces communes. Le concept de One Health, qui montre l’interdépendance de la santé humaine, de la santé animale et de la santé des écosystèmes, est désormais indiscutable. Une évidence s’impose donc : nous devons transformer la crise que nous vivons en une opportunité pour construire un monde plus durable, équitable et solidaire, en particulier dans le domaine de la santé.

Mais ce monde n’est pas encore tout à fait à portée de main : après le choc provoqué par le virus se profile désormais un autre danger, celui d’une fracture entre pays du Nord et pays du Sud dans l’accès au vaccin.

Les conséquences de ces inégalités pourraient bien provoquer une rechute dont nous ne soupçonnons pas encore l’ampleur. Tout protectionnisme vaccinal se retournerait vite contre les pays les plus riches : il accélérerait l’émergence d’une autre menace, celle de la multiplication de la circulation des variants, qui pourrait anéantir leur tentative de se protéger.

Au-delà de l’acte de solidarité et de l’impératif moral qu’elle représente, la vaccination rapide dans les pays du Sud est donc une question de sécurité pour tous. Car l’Afrique ne demande pas la charité, mais simplement l’égalité et l’équité d’accès aux vaccins, au même titre que les pays d’Europe. A ce jour, force est de constater que les pays africains ne peuvent même pas accéder aux vaccins qu’ils sont prêts à payer, car ceux-ci sont déjà précommandés par les pays riches.

«Le macronisme : libéralisme ou protectionnisme ? »

«Le macronisme : libéralisme ou protectionnisme ? ».

Bruno Alomar, économiste, est ancien haut fonctionnaire à la direction générale de la concurrence de la Commission européenne s’interroge sur les contradictions entre les intentions initiales de Macron et ses évolutions dans la conjoncture actuelle (tribune dans l’opinion)

Au feu des responsabilités, le macronisme, qui se voulait un progressisme capable de renverser les conservatismes économiques, a-t-il perdu sa boussole ? Blairisme à la française, il avait placé au centre de son analyse l’économie française, et la nécessité absolue de la moderniser. De là toutes les réformes du début du quinquennat, depuis la transformation de l’ISF en IFI jusqu’à celle du marché du travail, en passant par la baisse de l’impôt sur les sociétés et une plus grande attention portée aux impôts de production.

Bien sûr la crise est passée par là et a considérablement remisé les ambitions initiales. Le mouvement des Gilets jaunes, l’augmentation puissante des déficits publics, la confirmation d’un déficit extérieur élevé, sont autant de pierres dans le jardin du bilan économique du pouvoir en place.

Pourtant, si une analyse objective impose de prendre en compte des rigidités qui ont pu être sous-estimées et une crise économique — comme celle de 2008 — qui n’est pas née en France, force est de constater un glissement de la doctrine économique gouvernementale. Car, en fait d’ouverture au monde et à la technologie, qui se voulaient ses marques de fabrique, voici que la politique gouvernementale emboîte le pas aux souverainistes et place au cœur de son action le concept de « souveraineté », devenu subitement à la mode. Ce faisant, c’est bien un message protectionniste que la France ne craint plus d’envoyer. Deux exemples l’attestent.

« Péril québécois ». Le premier concerne les rapprochements entre entreprises. Déjà l’affaire Alstom-Siemens en 2019 avait constitué une première alerte. Les autorités françaises, prises d’une bouffée de protectionnisme, avaient considéré le rejet de l’opération comme un « crime », suscitant l’incompréhension de la plupart de ses partenaires. Elles avaient brandi une menace chinoise non étayée. Après cette opération, pourtant présentée comme « de la dernière chance, » Alstom avait finalement — et heureusement — trouvé un autre accord avec Bombardier.

Et voici que, la semaine dernière, à la stupeur de beaucoup d’observateurs, le gouvernement interdit à Carrefour de discuter une offre amicale, alors même que l’Etat ne dispose d’aucune part au capital de ce dernier, en brandissant cette fois un risque pour la « souveraineté alimentaire », là encore peu étayé. Bruno Le Maire a d’ailleurs insisté sur le fait que faire obstacle à une offre étrangère concernant la chaîne Carrefour n’était, après tout, une question purement politique. Après le « péril jaune », le « péril québécois ».

« Le macronisme, à l’origine, n’avait pas de mots assez enthousiastes pour promouvoir la “start-up nation”. Or, la politique gouvernementale s’évertue désormais surtout à rendre les grandes entreprises américaines responsables des retards français en la matière »

Le second concerne le numérique. Le macronisme, à l’origine, n’avait pas de mots assez enthousiastes pour promouvoir la « start-up nation ». Or, la politique gouvernementale s’évertue désormais surtout à rendre les grandes entreprises américaines responsables des retards français en la matière. La France s’est ainsi enorgueillie de sa croisade pour l’imposition des Gafam, sans prendre le temps de mener sereinement une analyse coûts/avantages de leur influence globale qu’un pays comme l’Irlande, qui n’est pas moins bien géré, a pourtant faite.

Entraves. Le gouvernement se félicite aussi de pousser au niveau européen un agenda numérique souverainiste, avec comme héraut le commissaire Thierry Breton, notamment dans le domaine du droit de la concurrence (digital market act [DMA]). Ceci sans se rendre compte qu’opérer un deux poids deux mesures en défaveur de tel ou tel et au bénéfice des acteurs français c’est non seulement rompre de subtils équilibres entre Européens, mais également encourager les Etats-Unis, ou la Chine à des contre-mesures équivalentes.

Bien sûr, le gouvernement peut décider d’enfourcher le cheval du protectionnisme. Encore faut-il l’assumer et disposer d’une doctrine lisible par les agents économiques. Si la France veut faire obstacle à la liberté des capitaux, elle doit être prête à recevoir moins d’investissements directs étrangers, domaine dans lequel elle occupait le premier rang européen en 2019. Si elle souhaite empêcher les rachats de start-up européennes dans le domaine numérique sans baisser parallèlement la fiscalité pour la mettre au niveau de ses concurrents, elle le peut : qu’elle ne vienne pas ensuite se plaindre que les talents dans le domaine numérique préfèrent s’exporter.

Protéger l’économie est une chose, et tout n’est pas, soit à vendre, soit sans lien avec des intérêts de sécurité nationale. Dans le domaine militaire, la France a sans doute eu raison de s’opposer au rachat de Photonis par Teledyne. En prendre acte est une chose, et mobiliser occasionnellement les dispositifs de protection n’est pas illégitime. Prétendre en revanche poursuivre l’ouverture de l’économie française au vaste monde en multipliant, en réalité, les entraves et en assumant à mots à peine couverts un vrai glissement protectionniste en est une autre. Le « en même temps » y atteint ses limites.

Bruno Alomar, économiste, est ancien haut fonctionnaire à la direction générale de la concurrence de la Commission européenne.

G20 Agriculture, danger du protectionnisme

G20 Agriculture, danger du protectionnisme

 

Les ministres de l’Agriculture s’inquiètent à juste titre des dérèglements de certains marchés agricoles. Il faut dire que la période de sécheresse, un protectionnisme rampant,  sans parler des menaces globales de guerre commerciale sont inquiétants  Bref les mois à venir les marchés pourraient connaître une évolution erratique des prix avec notamment des mouvements haussiers significatifs. Des pays du G20, réunis à Buenos Aires en Argentine, se sont donc déclarés samedi préoccupés par le recours de plus en plus fréquent à des mesures de protectionnisme incompatibles avec les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Les ministres, parmi lesquels ceux des Etats-Unis et de la Chine, ont dans un communiqué commun affirmé leur volonté de ne pas dresser des “obstacles inutiles” au commerce et souligné les droits et les obligations découlant des accords conclus dans le cadre de l’OMC. Cette réunion ministérielle du G20 se déroulait sur fond de tensions commerciales qui troublent les marchés des produits agricoles. La Chine et d’autres importants partenaires commerciaux des Etats-Unis ont imposé des droits de douane aux agriculteurs américains, mesure de rétorsion face aux tarifs douaniers décidés par l’administration Trump sur des produits chinois ainsi que sur l’acier et l’aluminium importés de l’Union européenne, du Canada et du Mexique. La semaine dernière, l’administration Trump a annoncé qu’elle verserait jusqu’à 12 milliards de dollars d’aides aux agriculteurs américains pour faire face à cette guerre commerciale.

Etats-Unis : un protectionnisme inacceptable »( Maroš Šefčovič )

Etats-Unis : un protectionnisme inacceptable »(  Maroš Šefčovič )

 

Maroš Šefčovič vice-président de la Commission européenne en charge de l’union énergétique, dénonce dans une interview à la Tribune  les récentes décisions du président américain sur les exportations européennes d’acier, ou sur l’Iran, la veille d’un G7 qui s’annonce tendu.

 

 

Vous venez d’annoncer une série d’investissements pour renforcer l’union énergétique européenne… L’enveloppe allouée est substantiellement augmentée par rapport au plan précédent. Est-ce que cela signifie que l’Europe est en retard ?

MAROŠ ŠEFČOVIČ - Nous avons beaucoup progressé avec le plan précédent. Nous avons investi dans le hardware, c’est-à-dire les interconnexions et autres infrastructures. Il est clair que nous devons poursuivre cet effort pour atteindre 10% d’interconnexions en 2020 et 15% en 2030. Ces investissements seront également nécessaires pour les gazoducs si nous voulons sécuriser et faciliter nos flux énergétiques, avec notamment la possibilité d’établir des flux inversés. Mais nous voulons également investir dans les réseaux digitaux et le stockage d’énergie. C’est pourquoi nous avons décidé d’augmenter de 47% nos investissements, soit 42,3 milliards d’euros. Nous espérons que 60% de cette ligne d’investissements sera mis au service de nos objectifs climatiques.

Vous voulez dire que la Commission européenne favorisera les énergies renouvelables à d’autres…

Ces investissements doivent permettre de faciliter la circulation des énergies en Europe. Cela signifie que ce sera favorable aux énergies renouvelables puisque cela résoudra en partie le problème de leur intermittence. Par exemple, s’il y a beaucoup d’éoliennes en Europe du Nord, mais pas assez de demandes d’énergie, alors la demande en Europe du Sud pourra récupérer cette production d’énergie que nous pouvons encore mal stocker. C’est donc très favorable aux énergies renouvelables.

Vous avez également plaidé pour développer une filière plus ambitieuse en matière de batteries électriques, qui seront nécessaires demain notamment pour l’industrie automobile. Vous-même avez utilisé une formule pour illustrer cette ambition, vous aviez lancé le projet d’un Airbus des batteries… L’Europe n’est-elle pas en retard dans ce domaine, voire très en retard par rapport aux pays asiatiques ?

J’avais effectivement utilisé cette formule d’Airbus des batteries pour permettre de mieux visualiser ce qu’un tel projet pouvait apporter. Il est vrai que l’Europe est en retard. Nous produisons encore trop peu de batteries… Je vois par exemple qu’à Bruxelles, les taxis commencent à rouler avec des voitures BYD (marque chinoise de voitures électriques, Ndlr), c’est un symbole qui nous oblige à réagir. La raison de ce retard, c’est que les constructeurs ont pensé qu’ils pourraient continuer avec des moteurs thermiques pendant encore très longtemps. Mais les problèmes de pollution et plus encore, le scandale des diesels truqués, ont fait basculer l’opinion et les politiques publiques. Mon idée d’un Airbus des batteries a été lancée en octobre… Depuis, nous avons bien avancé et je peux vous dire que nous sommes, en Europe, aujourd’hui dans une véritable dynamique de travail sur ce sujet. J’ai récemment participé à l’inauguration de ce qui pourrait devenir, je l’espère, la première gigafactory européenne. Elle a été installée en Suède par Northvolt. Ce projet a été soutenu par la Banque européenne d’investissement, mais également avec des aides officielles locales. Enfin, la Commission européenne a classé la production de batteries comme sensible et stratégique pour notre continent. Cela signifie qu’elle mettra tout en œuvre pour encourager son développement. L’enjeu est énorme. Nous avons estimé qu’en 2025, le marché européen des batteries électriques s’élèvera à 250 milliards d’euros, soit 200 gigawatts. Nous estimons que le marché mondial s’élèvera à 600, voire 900 gigawatts. Nous allons donc avoir besoin de dizaines de gigafactory si on veut devenir leaders.

Le prix des batteries ne cesse de baisser… Ne craignez-vous pas de reproduire le fiasco de l’industrie photovoltaïque ?

Nous sommes dans une période stratégique en matière de batteries électriques… C’est pourquoi nous l’avons élevée au rang de priorité pour l’industrie européenne. Notre rôle consistera à imposer des standards qui permettront de constituer une filière totalement propre. Nos standards s’assureront que l’énergie pour fabriquer ces batteries sera propre. Ils imposeront des obligations en matière de recyclage, y compris des métaux précieux. Je veux une batterie verte et soutenable. L’Europe est la mieux placée pour cela parce qu’elle a le meilleur mix énergétique du monde. Il faut maintenant que les constructeurs automobiles prennent conscience de cela et participe à cette dynamique.

L’Europe est guettée par d’autres incertitudes nuisibles au commerce… Notamment par les décisions prises par l’administration de Donald Trump. Cette semaine, le groupe PSA a décidé de suspendre ses activités en Iran, et quelques jours auparavant, c’est la filière européenne de l’acier qui était frappée par des taxes… Comment réagissez-vous ?

Nous avons basculé dans une nouvelle étape des relations internationales. Nous travaillions jusqu’ici dans une situation où le droit prévalait, avec un respect absolu pour les règles convenues et garanties par l’organisation mondiale du commerce (OMC, Ndlr).

Aujourd’hui, notre partenaire traditionnel a décidé de ne pas respecter les accords internationaux en place, que ce soit sur le dossier iranien ou sur le libre-échange. C’est une situation nouvelle qu’il était impossible d’anticiper il y a encore un an. Nous avons déployé d’importants efforts diplomatiques auprès des États-Unis pour leur expliquer que notre attachement à l’accord avec l’Iran n’était pas seulement pour protéger nos entreprises, mais d’abord une question de sécurité internationale, et européenne plus particulièrement. Il est évident que l’Europe va faire tout son possible pour prévenir toute prolifération nucléaire au Moyen-Orient.

Mais l’annonce par Donald Trump de se retirer de cet accord met en péril l’équilibre que nous avions trouvé avec l’Iran.

L’Europe peut-elle toutefois protéger ses entreprises contre le risque de sanctions prises par un pays tiers?

Nous allons tout faire pour les protéger, étudier toutes les possibilités juridiques qui permettront de les rassurer. Nous avons déjà pris une décision d’urgence en actualisant le mandat de la Banque européenne d’investissement pour permettre à l’Iran d’être éligible pour les activités d’investissement. C’est une possibilité que la Banque peut décider, ou non, d’utiliser. Nous avons également activé le dispositif que nous avions appliqué dans le cas de Cuba et qui permettait de protéger nos entreprises du risque de sanctions américaines.

De même, nous avons aussi réagi aux tarifs douaniers appliqués sur nos produits en acier en lançant nous-mêmes des taxes douanières sur une liste de produits américains. Notre partenaire fait preuve d’un protectionnisme inacceptable, l’Europe ne peut pas être traitée ainsi. Nous sommes mécontents d’en arriver à une telle situation parce qu’à chaque fois que des mesures protectionnistes sont prises, c’est des échanges en moins, et de la croissance en moins pour tout le monde.

Avez-vous le soutien de tous les chefs d’État et de gouvernement dans votre démarche?

Nous avons le soutien entier de tous les chefs d’État et de gouvernement.

Ne craignez-vous pas qu’une guerre commerciale pousse certains pays membres à appliquer eux-mêmes des mesures protectionnistes qui conduiraient à l’explosion de l’Union européenne?

Au contraire, je pense que cette politique conduira l’Europe à renforcer ses liens et à être plus unie que jamais.

Mesures protectionnisme de Trump: danger pour la croissance (FMI)

Mesures protectionnisme de Trump:  danger pour la croissance (FMI)

 

Deux raisons risquent d’affaiblissement de la croissance, le renchérissement de produits importés qui va peser sur les coûts, donc sur la compétitivité aussi la montée de l’aversion au risque dans les milieux financiers. Ce contexte de guerre économique inquiète les investisseurs qui pourraient  se repositionner sur des valeurs refuge avec des baisses notables du marché des actions sans parler des incertitudes sur les taux de change voire les taux d’intérêt. Le Fonds monétaire international a donc estimé vendredi que les mesures protectionnistes qu’entend prendre le président américain Donald Trump auraient pour effet de nuire aussi à l’économie américaine.    »Les restrictions à l’importation annoncées par le président américain sont de nature à causer des dégâts non seulement hors des Etats-Unis mais encore à l’économie américaine elle-même, y compris à ses secteurs manufacturier et de la construction qui sont de gros utilisateurs d’aluminium et d’acier », a indiqué le FMI dans un communiqué. L’institution, basée à Washington, redoute en outre un recours grandissant à l’argument sécurité nationale pour justifier des limitations des importations. « Nous encourageons les Etats-Unis et ses partenaires commerciaux à travailler ensemble de manière constructive pour réduire les barrières commerciales et résoudre les différends commerciaux sans avoir recours à de telles mesures d’urgence », a ajouté le Fonds. Jeudi, Donald Trump a annoncé son intention d’imposer des taxes de 25% sur les importations d’acier et de 10% sur celles d’aluminium suscitant le courroux de ses partenaires commerciaux à commencer par le Canada et l’Union européenne.

Le protectionnisme de Trump : attention au boomerang !

Le protectionnisme de Trump : attention au boomerang !

 

 

Le pire danger pour les les États-Unis et pour Trump  lui-même , cest sans doute cet hymne au  protectionnisme qui risque de retomber sur la tête des Américains. Première observation si effectivement la balance commerciale des États-Unis est déséquilibrée, c’est parce que nombre de films américaines ont délocalisé tout ou partie de leur production notamment en Chine. En outre la complexité du système de production est telle que les États-Unis ne peuvent se passer des intrants des pays extérieurs. C’est notamment le cas pour tout ce qui touche à l’informatique. Par ailleurs pour nombre de productions importées les États-Unis n’ont pas alternative car la rentabilité d’une production locale seraient insuffisante pour intéresser les investisseurs. Produire local conduit inévitablement au renchérissement tarifaire et viendra amputer le pouvoir d’achat des Américains. Enfin les pays victimes   de droits de douane exorbitants seront conduits à prendre des mesures de rétorsion qui nuiront au commerce international y  compris aux États-Unis. Le principal risque auquel est exposée la croissance américaine est donc celui de voir Donald Trump tenir ses promesses en matière de protectionnisme, montre mercredi une enquête de Reuters, qui suggère que les économistes sont loin d’être gagnés par l’exubérance qui a porté les marchés financiers en novembre et décembre. Pendant sa campagne et après son élection, le milliardaire républicain s’est engagé à modifier en profondeur la politique commerciale et d’immigration des Etats-Unis, a menacé d’imposer des droits de douane élevés sur les importations depuis la Chine et proposé des réductions massives d’impôts. Si les marchés financiers se sont repliés ces derniers jours, le rendement des bons du Trésor à dix ans est encore en hausse de plus de 25% depuis les élections du 8 novembre et les actions américaines ont inscrit des records fin décembre. Pourtant, plus de deux tiers des économistes interrogés au cours de la semaine écoulée ont jugé que la politique protectionniste promise par Donald Trump constituait pour l’économie américaine la principale menace en 2017. « Il ne fait aucun doute que dans le haut de la liste des risques à la baisse figure la possibilité de voir mise en application la rhétorique anti-libre-échange », explique Jim O’Sullivan, de High Frequency Economics. « Je pars du principe que l’administration (Trump) sera pragmatique en la matière ». La vigueur du dollar, qui a touché au début du mois son plus haut niveau depuis 14 ans face à un panier d’autres devises de référence et s’est apprécié de près de 6% depuis l’élection, constitue un risque supplémentaire à court terme. La perspective d’allègements fiscaux massifs pour les entreprises et les particuliers, comme celle de dépenses publiques d’infrastructures, n’améliorent en rien les perspectives de croissance des Etats-Unis, estiment en outre les économistes, alors même que Donald Trump a dit vouloir porter la croissance du pays à 3,5% par an. Plus de 80% des économistes qui se sont prononcés sur ce point ont jugé que le moment n’était pas opportun pour de tels allègements de la fiscalité, l’économie étant proche du plein emploi. L’enquête montre que la croissance américaine devrait avoir ralenti à 2,2% en rythme annualisé au quatrième trimestre, après 3,5% au troisième. Pour 2017, les économistes prévoient en moyenne une croissance annualisée de 2,1% à 2,5% pour chaque trimestre, soit seulement 0,1 point de plus que dans l’enquête précédente. La médiane des prévisions pour l’ensemble de cette année est à 2,3%. Un peu moins d’un tiers des experts interrogés ont revu en hausse leurs prévisions pour 2017, pour la plupart en se fondant sur l’hypothèse que Donald Trump ne tiendra pas ses promesses en matière de commerce international et qu’il privilégiera le soutien à l’activité.




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