75 mesures proposées pour la jeunesse (rapport parlementaire)
Un rapport parlementaire dont rend compte le JDD propose 75 mesures pour la jeunesse particulièrement affectée par les conséquences du Corona virus
»Mesurer et prévenir les effets de la crise du Covid-19 sur les enfants et la jeunesse. » C’était l’objectif ambitieux assigné à la commission d’enquête présidée par la députée (LREM) Sandrine Mörch. Après quatre mois de travaux et plus de 80 heures d’auditions, cette dernière présentera mercredi, aux côtés de la rapporteure (PCF) Marie-George Buffet, l’ancienne ministre de la Jeunesse et des Sports, les fruits de cette étude : un pavé d’environ 270 pages, avec 75 propositions à la clé.
Le rapport ausculte, chiffres à l’appui, toutes sortes de maux : prise de poids (6 kilos en plus en moyenne) ; mal-être (la moitié des étudiants disent avoir souffert de la solitude pendant le premier confinement) ; décrochage (un jeune sur six aurait arrêté ses études) ou encore pauvreté (la moitié des personnes aidées par les Restos du cœur ont désormais moins de 25 ans). « La crise a amplifié les difficultés des jeunes : ils sont plus accros au numérique, plus précaires et plus déprimés, constate Sandrine Mörch. Le gouvernement a déjà débloqué des moyens conséquents, mais la crise agit comme un révélateur des problèmes existants. Elle doit maintenant servir de détonateur pour avancer. »
Elargir la garantie jeune
La députée de Haute-Garonne préconise donc « d’élargir encore la garantie jeune, cette aide financière assortie d’un accompagnement, et d’en allonger la durée ». « Les bénéficiaires peuvent actuellement la toucher pendant un an, ajoute-t-elle. Nous pourrions passer à 18, 24, voire 28 mois pour les plus éloignés de l’emploi. » Pour soigner les souffrances psychiques des jeunes, elle invite à « renforcer le nombre d’infirmières, de psychologues et d’assistants sociaux. » La France accuse sur ce point un sérieux retard. A l’université, par exemple, on compte un psychologue pour 30.000 étudiants, un ratio « très éloigné de certaines recommandations internationales ».
Face au cyberharcèlement (en hausse de 30% pendant le premier confinement, selon l’association e-enfance), à l’explosion des discours racistes, haineux et complotistes, la députée appelle à renforcer l’éducation aux médias et aux usages du numérique, y compris pour les parents. En ce qui concerne la scolarité, Marie-George Buffet, la rapporteure, aurait jugé plus sage de reporter d’une année la réforme du bac. Le document propose « d’adapter et d’alléger les programmes pour tenir compte des retards d’apprentissage. » Sandrine Mörch, elle, plaide surtout pour le renforcement du binôme associations-Education nationale, la pérennisation des crédits destinés aux colonies de vacances ou la création d’un observatoire national du décrochage scolaire.
La commission souligne le sort de populations habituellement peu visibles : enfants des bidonvilles, des hôtels sociaux (pour ces derniers, elle suggère d’établir un cahier des charges et des contrôles réguliers de l’Etat), mineurs étrangers isolés… Elle soutient enfin « le renforcement du pilotage national de la politique de protection de l’enfance » et propose de prévoir une réserve de bénévoles ; mobilisables auprès des établissements de l’Aide sociale à l’enfance. « Il est temps d’entendre les enfants, de mieux porter leur parole et d’arrêter de parler de ‘génération sacrifiée’ », conclut-elle. Pour replacer la jeunesse au cœur des politiques publiques, elle recommande de créer une délégation aux droits des enfants et de la jeunesse à l’Assemblée nationale, ainsi qu’un Observatoire de la jeunesse.