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Mayotte : des promesses toujours non tenues

Mayotte : des promesses toujours non tenues

 

 

Mayotte, petite île de l’océan Indien, symbolise à elle seule la collision brutale entre histoire coloniale, fractures sociales et désastres environnementaux. Département français depuis 2011, elle est un territoire en crise, où la misère humaine et les catastrophes naturelles s’entrelacent dans une spirale infernale. Les événements récents – séismes, tornades, montée des eaux – ne sont que la face visible d’un effondrement plus global. Ils révèlent une vulnérabilité accumulée sur des décennies, amplifiée par des promesses non tenues, des inégalités criantes et une gestion déconnectée des réalités locales.

 

par Bernard Kalaora
Professeur honoraire, Université de Picardie Jules Verne (UPJV)  dans The Conversation 

En 1974, Mayotte se sépare des Comores à l’issue d’un référendum où les Mahorais choisissent de rester français. Ce choix, né du désir d’échapper à l’instabilité politique des Comores indépendantes, place l’île dans une situation paradoxale : elle devient un territoire français entouré de voisins économiquement fragiles. Cette appartenance à la République française, vue comme une chance à l’époque, isole Mayotte de son propre environnement géographique et culturel. Rapidement, cette singularité engendre des tensions avec les autres îles de l’archipel, notamment l’île comorienne d’Anjouan, d’où proviennent chaque année des milliers de migrants.

L’intégration comme département, survenue en 2011, devait marquer une nouvelle ère pour Mayotte. Les Mahorais espéraient voir leur île se développer et accéder à des droits égaux à ceux des métropolitains c’est-à-dire que s’y applique pleinement les lois françaises et européennes, à la différence d’une collectivité territoriale. Mais cette départementalisation s’est révélée un leurre. La croissance fulgurante de la population, (76 000 habitants en 1991, 300 000 habitants en 2023), dépasse largement la capacité des infrastructures et des services publics à répondre aux exigences, tout en exacerbant l’obsolescence des équipements, faute d’entretien.
L’éducation, en particulier, est le symbole de cet échec. Avec des classes surchargées, des enseignants en sous-effectifs et des écoles délabrées, le système scolaire est incapable de répondre aux besoins d’une jeunesse nombreuse et en quête d’avenir. Cet effondrement du système éducatif alimente un sentiment d’abandon et de mépris parmi les Mahorais. Ils constatent chaque jour que la promesse d’égalité républicaine reste une illusion.
Les infrastructures sanitaires et sociales sont tout aussi défaillantes. Les femmes comoriennes qui bravent les flots pour accoucher à Mayotte afin que leurs enfants acquièrent la nationalité française, contribuent à une pression démographique croissante. Mais ces enfants, bien que nés sur le sol français, grandissent souvent dans des conditions indignes. Ils alimentent les bidonvilles, des espaces d’exclusion où se forment des bandes de jeunes livrés à eux-mêmes, vecteurs de violences et d’émeutes récurrentes. À leur majorité, en vertu du droit du sol, ces enfants peuvent acquérir la nationalité française.

La colère gronde dans une population qui se sent méprisée, prise en étau entre un État central distant et des besoins locaux criants. Mais ce mépris ne se limite pas aux politiques sociales : il se manifeste aussi dans la gestion de l’environnement. Mayotte est une île en pleine dégradation écologique, où les bidonvilles, sans réseaux d’assainissement, rejettent leurs déchets dans une mer polluée, comme j’ai pu l’étudier dans le cadre d’une mission pour l’association Littocean. La destruction des mangroves (due à un développement urbain incontrôlé et au changement climatique) et en conséquence des récifs coralliens, essentiels pour limiter l’érosion et les submersions marines, témoigne de l’incapacité à relier environnement et développement.

À cela s’ajoute un paradoxe criant : tandis que les populations locales luttent pour survivre, des moyens considérables sont mobilisés pour protéger l’écosystème marin par le biais du parc naturel de Mayotte. Ce parc, destiné à préserver la biodiversité exceptionnelle des récifs coralliens, devient un symbole d’une gestion technocratique déconnectée des réalités humaines. Les Mahorais, exclus de ce projet, perçoivent cette conservation comme une nouvelle forme de colonialisme : une « colonisation bleue » où la priorité est donnée à la nature, administrée par l’État français, au détriment des habitants. Ce fossé entre la préservation de l’environnement et les besoins des communautés accentue le sentiment d’abandon et l’idée que Mayotte n’est qu’un territoire périphérique, instrumentalisé pour des objectifs extérieurs et géopolitiques, traité comme une colonie et non comme un territoire français à part entière.

Dans ce contexte, le changement climatique agit comme un catalyseur. Il intensifie les phénomènes naturels extrêmes, tels que les cyclones ou les sécheresses, et exacerbe les inégalités. L’élévation du niveau de la mer menace directement les habitations précaires situées sur les littoraux, tandis que les ressources en eau, déjà insuffisantes, s’amenuisent. Les catastrophes naturelles se multiplient, mais elles ne sont pas de simples fatalités : elles frappent un territoire déjà fragilisé, où chaque événement climatique devient un désastre humain par manque de préparation.

Face à cette accumulation de crises, c’est le rapport au temps qui interroge. À Mayotte, l’idée même d’un avenir semble inatteignable. Les Mahorais vivent dans un présent sans repères, où les mêmes drames – émeutes, violences, destructions – se répètent sans fin. François Hartog, dans sa réflexion sur le présentisme, décrit cet état où le passé perd sa valeur, où le futur est inconcevable, et où seul le présent s’impose, figé dans l’urgence et l’incapacité d’anticiper.

Mayotte incarne cette temporalité brisée. L’île n’a pas de nostalgie d’un âge d’or, car son histoire est marquée par des fractures successives : colonisation, séparation des Comores, départementalisation ratée. Elle n’a pas non plus de projet d’avenir, car les conditions de vie, les inégalités et les crises structurelles la maintiennent dans un état d’urgence permanent. Ce présentisme exacerbé renforce le sentiment d’impuissance, rendant impossible toute perspective de reconstruction ou de progrès.

La situation actuelle de Mayotte peut être qualifiée d’hypercriticité : un état où les tensions sociales, politiques et environnementales atteignent un point de rupture, où chaque élément, même mineur, peut précipiter un effondrement global.

Ce terme désigne non seulement l’accumulation des vulnérabilités, mais aussi l’incapacité à s’en extraire. L’hypercriticité, c’est l’impossibilité de penser au-delà de l’urgence, l’incapacité de construire des ponts entre les crises pour trouver des solutions globales. À Mayotte, cet état est visible dans chaque aspect de la vie : dans l’école qui échoue à offrir un avenir, dans les bidonvilles qui s’étendent, dans la mer qui rejette les déchets de l’île et engloutit peu à peu ses côtes, dans l’accès à l’eau et à un environnement sain, dans la pression démographique et ses conséquences écologiques.

Cette crise révèle une conjonction inédite entre deux histoires : celle, humaine, de la globalisation, avec ses migrations, ses inégalités et ses fractures coloniales ; et celle, planétaire, d’une Terre abîmée par la dégradation accélérée des écosystèmes. Comme l’explique Dipesh Chakrabarty dans _Une planète, plusieurs mondes_, ce croisement marque une rupture : à Mayotte, cette rencontre s’incarne dans une « planète des pauvres », où les damnés de la Terre subissent de plein fouet l’amplification de ces dynamiques destructrices. Ici, les vulnérabilités humaines et écologiques se confondent dans un cycle sans précédent, soulignant la nouveauté tragique de cette crise.

Toutefois, l’hypercriticité peut aussi être un point de départ. Elle force à regarder en face l’ampleur des problèmes et à repenser radicalement les relations entre les hommes, leur territoire et leur futur. Si Mayotte continue sur cette voie, elle risque de devenir un archétype de l’effondrement insulaire, un avertissement pour d’autres territoires. Mais si elle parvient à dépasser ce présentisme, à prendre en compte l’histoire passée, à s’attaquer aux urgences présentes tout en imaginant un avenir collectif mettant en avant la double identité mahoraise française et comorienne pour en faire un exemple d’hybridité culturelle réussie, elle pourrait, paradoxalement, transformer sa fragilité en force, en inventant un modèle résilient face aux défis du XXIe siècle. Le temps, à Mayotte, n’a pas encore retrouvé son cours, mais il n’est pas trop tard pour le remettre en mouvement.

Mayotte : des promesses toujours non tenues

Mayotte : des promesses toujours non tenues

 

 

Mayotte, petite île de l’océan Indien, symbolise à elle seule la collision brutale entre histoire coloniale, fractures sociales et désastres environnementaux. Département français depuis 2011, elle est un territoire en crise, où la misère humaine et les catastrophes naturelles s’entrelacent dans une spirale infernale. Les événements récents – séismes, tornades, montée des eaux – ne sont que la face visible d’un effondrement plus global. Ils révèlent une vulnérabilité accumulée sur des décennies, amplifiée par des promesses non tenues, des inégalités criantes et une gestion déconnectée des réalités locales.

 

par Bernard Kalaora
Professeur honoraire, Université de Picardie Jules Verne (UPJV)  dans The Conversation 

En 1974, Mayotte se sépare des Comores à l’issue d’un référendum où les Mahorais choisissent de rester français. Ce choix, né du désir d’échapper à l’instabilité politique des Comores indépendantes, place l’île dans une situation paradoxale : elle devient un territoire français entouré de voisins économiquement fragiles. Cette appartenance à la République française, vue comme une chance à l’époque, isole Mayotte de son propre environnement géographique et culturel. Rapidement, cette singularité engendre des tensions avec les autres îles de l’archipel, notamment l’île comorienne d’Anjouan, d’où proviennent chaque année des milliers de migrants.

L’intégration comme département, survenue en 2011, devait marquer une nouvelle ère pour Mayotte. Les Mahorais espéraient voir leur île se développer et accéder à des droits égaux à ceux des métropolitains c’est-à-dire que s’y applique pleinement les lois françaises et européennes, à la différence d’une collectivité territoriale. Mais cette départementalisation s’est révélée un leurre. La croissance fulgurante de la population, (76 000 habitants en 1991, 300 000 habitants en 2023), dépasse largement la capacité des infrastructures et des services publics à répondre aux exigences, tout en exacerbant l’obsolescence des équipements, faute d’entretien.
L’éducation, en particulier, est le symbole de cet échec. Avec des classes surchargées, des enseignants en sous-effectifs et des écoles délabrées, le système scolaire est incapable de répondre aux besoins d’une jeunesse nombreuse et en quête d’avenir. Cet effondrement du système éducatif alimente un sentiment d’abandon et de mépris parmi les Mahorais. Ils constatent chaque jour que la promesse d’égalité républicaine reste une illusion.
Les infrastructures sanitaires et sociales sont tout aussi défaillantes. Les femmes comoriennes qui bravent les flots pour accoucher à Mayotte afin que leurs enfants acquièrent la nationalité française, contribuent à une pression démographique croissante. Mais ces enfants, bien que nés sur le sol français, grandissent souvent dans des conditions indignes. Ils alimentent les bidonvilles, des espaces d’exclusion où se forment des bandes de jeunes livrés à eux-mêmes, vecteurs de violences et d’émeutes récurrentes. À leur majorité, en vertu du droit du sol, ces enfants peuvent acquérir la nationalité française.

La colère gronde dans une population qui se sent méprisée, prise en étau entre un État central distant et des besoins locaux criants. Mais ce mépris ne se limite pas aux politiques sociales : il se manifeste aussi dans la gestion de l’environnement. Mayotte est une île en pleine dégradation écologique, où les bidonvilles, sans réseaux d’assainissement, rejettent leurs déchets dans une mer polluée, comme j’ai pu l’étudier dans le cadre d’une mission pour l’association Littocean. La destruction des mangroves (due à un développement urbain incontrôlé et au changement climatique) et en conséquence des récifs coralliens, essentiels pour limiter l’érosion et les submersions marines, témoigne de l’incapacité à relier environnement et développement.

À cela s’ajoute un paradoxe criant : tandis que les populations locales luttent pour survivre, des moyens considérables sont mobilisés pour protéger l’écosystème marin par le biais du parc naturel de Mayotte. Ce parc, destiné à préserver la biodiversité exceptionnelle des récifs coralliens, devient un symbole d’une gestion technocratique déconnectée des réalités humaines. Les Mahorais, exclus de ce projet, perçoivent cette conservation comme une nouvelle forme de colonialisme : une « colonisation bleue » où la priorité est donnée à la nature, administrée par l’État français, au détriment des habitants. Ce fossé entre la préservation de l’environnement et les besoins des communautés accentue le sentiment d’abandon et l’idée que Mayotte n’est qu’un territoire périphérique, instrumentalisé pour des objectifs extérieurs et géopolitiques, traité comme une colonie et non comme un territoire français à part entière.

Dans ce contexte, le changement climatique agit comme un catalyseur. Il intensifie les phénomènes naturels extrêmes, tels que les cyclones ou les sécheresses, et exacerbe les inégalités. L’élévation du niveau de la mer menace directement les habitations précaires situées sur les littoraux, tandis que les ressources en eau, déjà insuffisantes, s’amenuisent. Les catastrophes naturelles se multiplient, mais elles ne sont pas de simples fatalités : elles frappent un territoire déjà fragilisé, où chaque événement climatique devient un désastre humain par manque de préparation.

Face à cette accumulation de crises, c’est le rapport au temps qui interroge. À Mayotte, l’idée même d’un avenir semble inatteignable. Les Mahorais vivent dans un présent sans repères, où les mêmes drames – émeutes, violences, destructions – se répètent sans fin. François Hartog, dans sa réflexion sur le présentisme, décrit cet état où le passé perd sa valeur, où le futur est inconcevable, et où seul le présent s’impose, figé dans l’urgence et l’incapacité d’anticiper.

Mayotte incarne cette temporalité brisée. L’île n’a pas de nostalgie d’un âge d’or, car son histoire est marquée par des fractures successives : colonisation, séparation des Comores, départementalisation ratée. Elle n’a pas non plus de projet d’avenir, car les conditions de vie, les inégalités et les crises structurelles la maintiennent dans un état d’urgence permanent. Ce présentisme exacerbé renforce le sentiment d’impuissance, rendant impossible toute perspective de reconstruction ou de progrès.

La situation actuelle de Mayotte peut être qualifiée d’hypercriticité : un état où les tensions sociales, politiques et environnementales atteignent un point de rupture, où chaque élément, même mineur, peut précipiter un effondrement global.

Ce terme désigne non seulement l’accumulation des vulnérabilités, mais aussi l’incapacité à s’en extraire. L’hypercriticité, c’est l’impossibilité de penser au-delà de l’urgence, l’incapacité de construire des ponts entre les crises pour trouver des solutions globales. À Mayotte, cet état est visible dans chaque aspect de la vie : dans l’école qui échoue à offrir un avenir, dans les bidonvilles qui s’étendent, dans la mer qui rejette les déchets de l’île et engloutit peu à peu ses côtes, dans l’accès à l’eau et à un environnement sain, dans la pression démographique et ses conséquences écologiques.

Cette crise révèle une conjonction inédite entre deux histoires : celle, humaine, de la globalisation, avec ses migrations, ses inégalités et ses fractures coloniales ; et celle, planétaire, d’une Terre abîmée par la dégradation accélérée des écosystèmes. Comme l’explique Dipesh Chakrabarty dans _Une planète, plusieurs mondes_, ce croisement marque une rupture : à Mayotte, cette rencontre s’incarne dans une « planète des pauvres », où les damnés de la Terre subissent de plein fouet l’amplification de ces dynamiques destructrices. Ici, les vulnérabilités humaines et écologiques se confondent dans un cycle sans précédent, soulignant la nouveauté tragique de cette crise.

Toutefois, l’hypercriticité peut aussi être un point de départ. Elle force à regarder en face l’ampleur des problèmes et à repenser radicalement les relations entre les hommes, leur territoire et leur futur. Si Mayotte continue sur cette voie, elle risque de devenir un archétype de l’effondrement insulaire, un avertissement pour d’autres territoires. Mais si elle parvient à dépasser ce présentisme, à prendre en compte l’histoire passée, à s’attaquer aux urgences présentes tout en imaginant un avenir collectif mettant en avant la double identité mahoraise française et comorienne pour en faire un exemple d’hybridité culturelle réussie, elle pourrait, paradoxalement, transformer sa fragilité en force, en inventant un modèle résilient face aux défis du XXIe siècle. Le temps, à Mayotte, n’a pas encore retrouvé son cours, mais il n’est pas trop tard pour le remettre en mouvement.

Économie : le risque des promesses de Trump

Économie : le risque des promesses de Trump

L’imposition de droits de douane de 10 % à 20 % à toutes les importations tout comme une politique migratoire trop stricte pourraient porter un mauvais coup à l’économie américaine, qui jouit d’une excellente santé, diagnostique l’économiste Jason Furman, dans une tribune au « Monde ».

Donald Trump héritant d’une excellente économie, la question est de savoir s’il sera capable de la maintenir en cet état. Aujourd’hui, la croissance du PIB réel avoisine 3 %, les dépenses des consommateurs et les investissements des entreprises sont en plein essor, le taux de chômage atteint presque son niveau le plus bas depuis un demi-siècle, et l’inflation s’approche de l’objectif de la Réserve fédérale.

Le risque majeur dans cet heureux tableau est que Trump tienne ses promesses de campagne, avec entre autres : une augmentation des droits de douane, un radical coup de frein à l’immigration, une hausse du déficit et la fin de l’indépendance de la Réserve fédérale. Il est toutefois probable que le président ne respecte pas les pires de ses promesses : d’une part ce ne serait pas la première fois qu’il ne tiendrait pas sa parole, d’autre part le marché boursier lui ferait aussitôt comprendre que ce n’est pas là une bonne idée. Hélas, la Bourse ne donne pas de retour de bâton sur des questions comme le dérèglement climatique, les discriminations raciales, l’Etat de droit ou le financement de l’aide à l’Ukraine.

Cela dit, il n’est pas exclu que Trump tienne en grande partie voire en totalité ses promesses de campagne. Il aura sans doute assez de pouvoir pour imposer unilatéralement à la Chine la hausse d’au moins 60 % des droits de douane qu’il a promise. Cette hausse, qui ferait passer ces droits à plus du double de leur niveau actuel, excéderait largement toute forme de politique sensée visant à défendre la sécurité nationale ou les règles commerciales. Elle accélérerait du reste le coûteux découplage des deux plus grandes économies mondiales.
Même si ce ne serait pas du goût de la Bourse, il est possible que Trump s’accroche mordicus à cette idée bornée et erronée selon laquelle l’imposition de droits de douane de 10 % à 20 % à toutes les importations permettrait de faire cracher au bassinet les entreprises étrangères, en aidant les Etats-Unis aux dépens du monde. De tels droits de douane, cependant, ne manqueraient pas d’être à terme attaqués devant les tribunaux et créeraient dans l’intervalle une forte incertitude. Les premiers perdants dans cette affaire, estime le Centre d’études prospectives et d’informations internationales, un think tank français, seraient les Etats-Unis et la Chine, mais l’Europe et d’autres pays du monde y laisseraient également des plumes.

Législatives : des promesses inadaptées aux enjeux

 

Législatives : des promesses  inadaptées aux enjeux

Les programmes des deux blocs arrivés en tête après le premier tour des élections législatives font comme si la France était isolée du reste du monde, libérée de ses engagements européens et sans comptes à rendre à ses bailleurs de fonds, estime, dans sa chronique, Stéphane Lauer, éditorialiste au « Monde ».

 

par Stéphane Lauer, Editorialiste au « Monde »

 

La colère et la peur ne sont pas bonnes conseillères. Ce sont pourtant les deux sentiments qui ont prévalu dans le choix des Français lors du premier tour des élections législatives. La peur est nourrie par la perte de repères dans la période d’instabilité intense que nous traversons. Tensions géopolitiques dans un monde multipolaire ; mutations démographiques avec le vieillissement des populations au nord et l’accélération des flux migratoires au sud ; changement climatique et adaptation brutale à ses conséquences ; intelligence artificielle aux promesses ambivalentes et réseaux sociaux amplificateurs des désordres du monde : tout concourt à remettre en question notre façon de vivre sans que s’imposent des solutions simples pour s’y adapter. La colère, elle, découle du sentiment d’impuissance que donnent les gouvernants quant à leurs capacités à offrir des perspectives dans cet environnement bouleversé.

Sans préjuger du résultat qui sortira des urnes le 7 juillet, un constat s’impose déjà : les deux blocs en tête à l’issue du premier tour, le Rassemblement national (RN) et le Nouveau Front populaire (NFP), misent, chacun dans un registre différent, sur la démagogie pour séduire une opinion désabusée, en grande défiance à l’égard du politique.

D’un côté, les remèdes de l’extrême droite sur la sécurité et l’immigration : des propositions simplistes, inapplicables sur le plan légal et diplomatique, mais surtout dangereuses pour la cohésion nationale. Le tout est emballé dans un galimatias économique sans cohérence, sans vision, à rebours de l’urgence climatique et qui prône un repli sur soi mortifère. Le but consiste à élargir le socle électoral du RN avec des promesses à géométrie variable au fur et à mesure qu’il se rapproche du pouvoir pour mieux imposer son obsession de la préférence nationale.

De l’autre côté, le programme commun de la gauche, qui peine à dissimuler le manque de cohérence de ses composantes par une relance keynésienne très vintage, à l’efficacité et à la faisabilité douteuses. Sa vocation première et légitime consiste à empêcher la France de basculer à l’extrême droite. Mais ses solutions pour apaiser les colères – tout aussi légitimes – semblent inadaptées aux enjeux auxquels le pays fait face.

Politique-Promesses des législatives : oignons ou artichauts ?

Politique-Promesses des  législatives  : oignons ou artichauts ?

Pour Gabriel Attal  : «Le programme du RN c’est un oignon, chaque jour il se pèle». Cela fait évidemment référence au fait que le RN a décidé de reculer en tout cas de décaler un certain nombre de mesures dans le temps en fonction de l’audit des finances du pays. Mais cette contradiction entre les programmes électoraux et l’action au pouvoir peut-être relevée dans la plupart des formations politiques. Il y a en effet un temps pour faire des promesses et l’autre temps , celui des réalités et de la gestion. Les programmes politiques d’une certaine manière sont donc effectivement comme un oignon. Pire comme un artichaut, le seul légume disait Coluche dont le volume augmente après consommation mais vidée de toute sa substance nourricière.

 

Gabriel Attal a considéré que «Jordan Bardella recule chaque jour sur une mesure sur le pouvoir d’achat». «Son programme, c’est un oignon. Chaque jour, il se pèle et à la fin il n’y a plus que ses yeux pour pleurer parce que ce n’est pas sérieux, pas crédible», a-t-il ironisé.
Accusé d’aller sur des thématiques mises en avant par le RN, comme la sécurité ou le pouvoir d’achat, le chef du gouvernement, qui «n’a besoin de personne d’autre que les Français pour savoir leurs préoccupations», a sorti ses gants de boxe contre ses opposants. En rappelant que le RN «avait promis aux Français que la priorité c’était la retraite à 60 ans, et puis finalement il recule.» Et de poursuivre sa charge : «Il avait promis de supprimer la TVA sur les produits de première nécessité, il vient de reculer. Il avait promis une baisse de l’impôt sur le revenu pour les jeunes, il vient de reculer aussi.»

 

Promesses des législatives : oignons ou artichauts ?

Promesses des  législatives  : oignons ou artichauts ?

Pour Gabriel Attal  : «Le programme du RN c’est un oignon, chaque jour il se pèle». Cela fait évidemment référence au fait que le RN a décidé de reculer en tout cas de décaler un certain nombre de mesures dans le temps en fonction de l’audit des finances du pays. Mais cette contradiction entre les programmes électoraux et l’action au pouvoir peut-être relevée dans la plupart des formations politiques. Il y a en effet un temps pour faire des promesses et l’autre temps , celui des réalités et de la gestion. Les programmes politiques d’une certaine manière sont donc effectivement comme un oignon. Pire comme un artichaut, le seul légume disait Coluche dont le volume augmente après consommation mais vidée de toute sa substance nourricière.

 

Gabriel Attal a considéré que «Jordan Bardella recule chaque jour sur une mesure sur le pouvoir d’achat». «Son programme, c’est un oignon. Chaque jour, il se pèle et à la fin il n’y a plus que ses yeux pour pleurer parce que ce n’est pas sérieux, pas crédible», a-t-il ironisé.
Accusé d’aller sur des thématiques mises en avant par le RN, comme la sécurité ou le pouvoir d’achat, le chef du gouvernement, qui «n’a besoin de personne d’autre que les Français pour savoir leurs préoccupations», a sorti ses gants de boxe contre ses opposants. En rappelant que le RN «avait promis aux Français que la priorité c’était la retraite à 60 ans, et puis finalement il recule.» Et de poursuivre sa charge : «Il avait promis de supprimer la TVA sur les produits de première nécessité, il vient de reculer. Il avait promis une baisse de l’impôt sur le revenu pour les jeunes, il vient de reculer aussi.»

 

Promesses législatives : oignons ou artichauts ?

Programmes politiques législatives  : oignons ou artichauts

Pour Gabriel Attal  : «Le programme du RN c’est un oignon, chaque jour il se pèle». Cela fait évidemment référence au fait que le RN a décidé de reculer en tout cas de décaler un certain nombre de mesures dans le temps en fonction de l’audit des finances du pays. Mais cette contradiction entre les programmes électoraux et l’action au pouvoir peut-être relevée dans la plupart des formations politiques. Il y a en effet un temps pour faire des promesses et l’autre temps , celui des réalités et de la gestion. Les programmes politiques d’une certaine manière sont donc effectivement comme un oignon. Pire comme un artichaut, le seul légume disait Coluche dont le volume augmente après consommation mais vidée de toute sa substance nourricière.

 

Gabriel Attal a considéré que «Jordan Bardella recule chaque jour sur une mesure sur le pouvoir d’achat». «Son programme, c’est un oignon. Chaque jour, il se pèle et à la fin il n’y a plus que ses yeux pour pleurer parce que ce n’est pas sérieux, pas crédible», a-t-il ironisé.
Accusé d’aller sur des thématiques mises en avant par le RN, comme la sécurité ou le pouvoir d’achat, le chef du gouvernement, qui «n’a besoin de personne d’autre que les Français pour savoir leurs préoccupations», a sorti ses gants de boxe contre ses opposants. En rappelant que le RN «avait promis aux Français que la priorité c’était la retraite à 60 ans, et puis finalement il recule.» Et de poursuivre sa charge : «Il avait promis de supprimer la TVA sur les produits de première nécessité, il vient de reculer. Il avait promis une baisse de l’impôt sur le revenu pour les jeunes, il vient de reculer aussi.»

 

Législatives : la fuite en avant des promesses

Législatives  : la fuite en avant des promesses

 

Après la décision du président de la République de dissoudre l’Assemblée nationale et de procéder à de nouvelles élections, le champ politique français apparaît organisé autour de trois blocs : le camp présidentiel avec le slogan Ensemble pour la République, une coalition des forces de gauche intitulée le Nouveau Front populaire et le Rassemblement national. Quant aux Républicains, après leur score de 7 % aux élections européennes et leur division en trois factions, ils ne semblent plus en mesure de peser réellement sur la vie politique française.

 

par 

Professeur et directeur du Mastère Spécialisé Patrimoine et Immobilier, Kedge Business School dans The Conversation 

Restent donc trois forces qui, en vue des élections législatives, viennent de présenter leur programme pour la XVIIe législature de la Ve République. Ces trois forces ont développé, avec plus ou moins de précision et de détails, leur programme économique et budgétaire mais chacun semble faire fi, avec plus ou moins d’intensité, du monde réel. Le retour de balancier et le réveil pourraient être cruels pour des électeurs qui n’auront eu finalement que peu de temps pour faire leur choix. Mais il est vrai que la maîtrise de la science économique n’est pas le point fort des Français préoccupés avant tout par leur pouvoir d’achat à court terme.

Selon les derniers sondages, trois blocs hétérogènes peuvent prétendre, après le 7 juillet, conduire le gouvernement qui selon l’article 20 de la Constitution « détermine et conduit la politique de la Nation ». Le Rassemblement national en tête des sondages avec environ 32 % des intentions de vote a le vent en poupe. Il est en outre favorisé par le mode de scrutin qui renforce le parti hégémonique et peut même rêver d’une majorité absolue avec les troupes de son allié supplétif, Éric Ciotti. Pour asseoir sa crédibilité et espérer gagner les indécis, le RN a sérieusement édulcoré son programme budgétaire depuis la dissolution. Ainsi, le parti dirigé par Jordan Bardella repousse désormais dans un second temps, indéterminé, des mesures coûteuses comme l’abrogation de la réforme des retraites, l’exonération de cotisations patronales sur une hausse des salaires de 10 % (jusqu’à 3 smic) ou l’exonération d’IR des jeunes actifs.

 

Inversement, les partis qui composent l’actuelle majorité présidentielle réunis sous la bannière Ensemble ont nettement desserré les cordons de la bourse et abandonné l’hymne à la rigueur budgétaire vantée encore tout récemment par le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, pour respecter le Pacte de stabilité européen et rassurer les marchés.

À gauche la nouvelle Union populaire écologiste et sociale s’est reconstituée dans l’urgence sous l’étiquette du Nouveau Front populaire en rassemblant des éléments hétéroclites encore plus disparates que lors des législatives de 2022 puisque, sous cette bannière, on trouve aussi bien François Hollande en Corrèze que Philippe Poutou du NPA dans l’Aude. Le programme budgétaire et fiscal est plus à gauche qu’en 2022, et même qu’en 1981, même s’il n’est plus question de nationalisations d’entreprises du secteur industriel ou financier. Il a été qualifié à juste titre par ses auteurs de programme de rupture. Pour répondre à la principale préoccupation des électeurs, le pouvoir d’achat, les trois camps rivalisent de propositions.

Le Rassemblement national veut, dès la séance inaugurale de la prochaine Assemblée nationale le 18 juillet, faire passer sa mesure phare déjà annoncée en 2022 : une baisse massive de la TVA sur les carburants de 20 % à 5,5 % (qui coûterait 10 milliards d’euros) et sur le gaz et l’électricité (7 milliards). Le coût global en année pleine de ces mesures s’élèverait dont à 17 milliards d’euros. Cette mesure profiterait à tous les conducteurs, français et étrangers, particuliers et routiers, mais aussi aux distributeurs qui ne répercuteront sans doute pas la totalité de la baisse de la taxe sur les prix proposés aux consommateurs.

Pour améliorer le pouvoir d’achat des ménages, il serait préférable de ressusciter en le ciblant par exemple sur les actifs en dessous d’un certain revenu, le défunt chèque carburant actuellement en pause en dessous de 2 euros le litre ou d’augmenter le chèque énergie ce qui n’est pas très difficile à mettre en œuvre et coûterait bien moins cher.

Pour financer la mesure, le RN veut supprimer une disposition fiscale réservée aux armateurs dont le coût est estimé à 5,6 milliards en 2024. Cette mesure très décriée est pourtant destinée à lisser l’imposition d’une activité très volatile, puisque le cours du fret est passé de 1 000 dollars avant le Covid à 20 000 dollars le conteneur au moment de la guerre en Ukraine. C’est pourquoi sa suppression rapportera beaucoup moins en moyenne sur plusieurs années. Cette disposition fiscale permet en outre au pays de disposer dans un secteur très compétitif d’un des trois géants du commerce maritime mondial, CMA-CGM dont le siège est à Marseille.

En revanche, l’idée d’exonérer d’IR les médecins retraités qui accepteraient de reprendre du service, si elle est marginale, est originale, utile et peu coûteuse.

De son côté, le Nouveau Front populaire veut prendre vingt actes de rupture, dès les deux premières semaines de la législature, tous axés sur le pouvoir d’achat des ménages. Avec le blocage des prix des biens de première nécessité dans l’alimentation, l’énergie et les carburants, sont prévus l’abrogation pure et simple de la réforme des retraites, l’augmentation des fonctionnaires (soit 30 milliards selon le think tank de gauche Intérêt général), du minimum vieillesse de 10 % et du smic de 200 euros pour atteindre 1600 euros nets. En année pleine, cela représente un coût global d’au moins 40 milliards (le nombre de smicards a progressé de 50 % en 2 ans). Le programme prévoit aussi l’augmentation du minimum contributif jusqu’au niveau du salaire minimum et un minimum vieillesse au niveau du seuil de pauvreté.

Viendraient ensuite dans les cent jours « les bifurcations » et enfin les mois suivants « les transformations », comme l’indexation des retraites sur les salaires et celle des salaires sur les prix, une mesure pourtant abandonnée par la gauche au pouvoir en… 1983, au moment du tournant de la rigueur. Bref le coût total de ces mesures atteindrait rapidement entre 150 et 200 milliards par an, ce qui laisse planer quelques doutes sur sa faisabilité, toutes choses égales par ailleurs.

Le financement de ces mesures passerait par la fin des contraintes de maîtrise du déficit public contenues dans le Pacte de stabilité européen. La fiscalité augmenterait significativement pour les privilégiés dès le 4 août (en référence explicite à l’abolition des privilèges de 1789) via l’accroissement de la progressivité de l’impôt sur le revenu qui passerait à 14 tranches (comme en 1983) la progressivité du taux de la CSG, un ISF renforcé avec un volet climatique, la fin de la flat tax, le rétablissement de l’exit tax et une réforme de l’impôt sur les successions pour le rendre plus progressif tout en instaurant un héritage maximum…

Dans la même veine, prétendre taxer, sous l’impulsion de l’économiste Gabriel Zucman, dès mi-juillet, les ultrariches est totalement illusoire du fait d’un prévisible exode massif et immédiat. Comme nous l’avons déjà démontré à plusieurs reprises notamment sur ce site dans un monde ouvert, réduire la base taxable ne peut que diminuer le rendement des impôts et affaiblir l’économie du pays.

À la différence des deux autres blocs qui se revendiquent pro-business, le Nouveau Front populaire réduirait les allégements de cotisation des entreprises et alourdirait leur fiscalité de diverses manières, notamment via une taxation renforcée des transactions financières et la taxation des « superprofits des agro-industriels et de la grande distribution ».

Dans la course à l’échalote des dépenses publiques, le camp présidentiel a confirmé la publication d’un décret durcissant les conditions d’accès à l’assurance chômage au 1er juillet contre l’avis du RN et du Front de gauche, mais prétend sanctuariser les retraites en les indexant sur l’inflation. Ensemble pour la République veut également élargir significativement la prime de partage de la valeur (ou PPV, plus connue sous le nom de prime Macron) qui passerait de 3 000 euros maximum à 10 000 euros toujours sans charges sociales, ce qui réduirait d’autant le financement de la sécurité sociale mais en la soumettant à l’IR.

[Déjà plus de 120 000 abonnements aux newsletters The Conversation. Et vous ? Abonnez-vous aujourd’hui pour mieux comprendre les grands enjeux du monde.]

Les factures d’électricité baisseraient de 15 % l’hiver prochain soit environ 200 euros par ménage, un complémentaire santé publique à 1 euro par jour serait créé pour ceux qui ne sont pas couverts par la complémentaire gratuite ou à prix réduit et une volte-face est prévue pour relancer le leasing social pour les véhicules électriques. Cette fois, il serait ciblé sur les personnels soignants. Enfin, l’exonération des frais de notaire pour l’achat de biens inférieurs à 250 000 euros (soit une économie de 10 000 à 20 000 euros par achat) est destinée à relancer le marché immobilier.

Quels que soient le ou les vainqueurs, le principe de réalité va rapidement s’imposer. Il prendra d’abord la forme du droit car le Conseil constitutionnel censurerait évidemment toute velléité d’instaurer un héritage maximum au visa, entre autres de l’article 2 de la Déclaration des droits.

La réduction de la TVA sur les produits énergétiques est contraire au droit de l’UE et exposerait la France à une amende car ces taux sont harmonisés précisément pour éviter tout dumping, les carburants étant explicitement exclus des taux à 5,5 % depuis 2022 pour faciliter l’agenda de décarbonation et l’interdiction des véhicules thermiques neufs en 2035.

Le second risque est bien connu : il s’agit de l’économie puisque la hausse des charges sur les entreprises voulue par le Nouveau Front populaire est critiquée par le Medef qui fustige l’irrationalité des mesures et par le CGPME qui dénonce le retour d’une économie administrée et un scénario budgétaire identique à celui de la Grèce. Ils estiment que ces mesures entraîneraient très rapidement une flambée du chômage à court terme. Les enfants chéris du macronisme ne sont pas en reste puisque la French Tech s’inquiète d’une hémorragie de talents et de capitaux étrangers.

Enfin, le troisième risque est bien sûr financier. Comme nous l’avons rappelé à plusieurs reprises sur ce site depuis le début de l’année, la France arrive au terme des 44 dispendieuses ou 44 années d’indiscipline budgétaire. Malgré la résilience d’une économie riche et diversifiée, la persistance d’un déficit public supérieur à 5 % et d’une dette de 110 % du PIB réduit à néant les marges de manœuvre budgétaires dont disposait encore le programme commun de la gauche en 1981. À l’époque, le gouvernement de Raymond Barre avait laissé des comptes publics à l’équilibre et une dette de seulement 20 % du PIB alors qu’en juin 2024 la Commission européenne va déclencher une procédure pour déficit excessif contre la France. Malgré les promesses des uns et des autres, le 9 juin 2024 pourrait ainsi marquer la date symbolique de la fin de l’insouciance budgétaire.

Elections Législatives : la fuite en avant des promesses

Elections Législatives  : la fuite en avant des promesses

 

Après la décision du président de la République de dissoudre l’Assemblée nationale et de procéder à de nouvelles élections, le champ politique français apparaît organisé autour de trois blocs : le camp présidentiel avec le slogan Ensemble pour la République, une coalition des forces de gauche intitulée le Nouveau Front populaire et le Rassemblement national. Quant aux Républicains, après leur score de 7 % aux élections européennes et leur division en trois factions, ils ne semblent plus en mesure de peser réellement sur la vie politique française.

 

par 

Professeur et directeur du Mastère Spécialisé Patrimoine et Immobilier, Kedge Business School dans The Conversation 

Restent donc trois forces qui, en vue des élections législatives, viennent de présenter leur programme pour la XVIIe législature de la Ve République. Ces trois forces ont développé, avec plus ou moins de précision et de détails, leur programme économique et budgétaire mais chacun semble faire fi, avec plus ou moins d’intensité, du monde réel. Le retour de balancier et le réveil pourraient être cruels pour des électeurs qui n’auront eu finalement que peu de temps pour faire leur choix. Mais il est vrai que la maîtrise de la science économique n’est pas le point fort des Français préoccupés avant tout par leur pouvoir d’achat à court terme.

Selon les derniers sondages, trois blocs hétérogènes peuvent prétendre, après le 7 juillet, conduire le gouvernement qui selon l’article 20 de la Constitution « détermine et conduit la politique de la Nation ». Le Rassemblement national en tête des sondages avec environ 32 % des intentions de vote a le vent en poupe. Il est en outre favorisé par le mode de scrutin qui renforce le parti hégémonique et peut même rêver d’une majorité absolue avec les troupes de son allié supplétif, Éric Ciotti. Pour asseoir sa crédibilité et espérer gagner les indécis, le RN a sérieusement édulcoré son programme budgétaire depuis la dissolution. Ainsi, le parti dirigé par Jordan Bardella repousse désormais dans un second temps, indéterminé, des mesures coûteuses comme l’abrogation de la réforme des retraites, l’exonération de cotisations patronales sur une hausse des salaires de 10 % (jusqu’à 3 smic) ou l’exonération d’IR des jeunes actifs.

 

Inversement, les partis qui composent l’actuelle majorité présidentielle réunis sous la bannière Ensemble ont nettement desserré les cordons de la bourse et abandonné l’hymne à la rigueur budgétaire vantée encore tout récemment par le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, pour respecter le Pacte de stabilité européen et rassurer les marchés.

À gauche la nouvelle Union populaire écologiste et sociale s’est reconstituée dans l’urgence sous l’étiquette du Nouveau Front populaire en rassemblant des éléments hétéroclites encore plus disparates que lors des législatives de 2022 puisque, sous cette bannière, on trouve aussi bien François Hollande en Corrèze que Philippe Poutou du NPA dans l’Aude. Le programme budgétaire et fiscal est plus à gauche qu’en 2022, et même qu’en 1981, même s’il n’est plus question de nationalisations d’entreprises du secteur industriel ou financier. Il a été qualifié à juste titre par ses auteurs de programme de rupture. Pour répondre à la principale préoccupation des électeurs, le pouvoir d’achat, les trois camps rivalisent de propositions.

Le Rassemblement national veut, dès la séance inaugurale de la prochaine Assemblée nationale le 18 juillet, faire passer sa mesure phare déjà annoncée en 2022 : une baisse massive de la TVA sur les carburants de 20 % à 5,5 % (qui coûterait 10 milliards d’euros) et sur le gaz et l’électricité (7 milliards). Le coût global en année pleine de ces mesures s’élèverait dont à 17 milliards d’euros. Cette mesure profiterait à tous les conducteurs, français et étrangers, particuliers et routiers, mais aussi aux distributeurs qui ne répercuteront sans doute pas la totalité de la baisse de la taxe sur les prix proposés aux consommateurs.

Pour améliorer le pouvoir d’achat des ménages, il serait préférable de ressusciter en le ciblant par exemple sur les actifs en dessous d’un certain revenu, le défunt chèque carburant actuellement en pause en dessous de 2 euros le litre ou d’augmenter le chèque énergie ce qui n’est pas très difficile à mettre en œuvre et coûterait bien moins cher.

Pour financer la mesure, le RN veut supprimer une disposition fiscale réservée aux armateurs dont le coût est estimé à 5,6 milliards en 2024. Cette mesure très décriée est pourtant destinée à lisser l’imposition d’une activité très volatile, puisque le cours du fret est passé de 1 000 dollars avant le Covid à 20 000 dollars le conteneur au moment de la guerre en Ukraine. C’est pourquoi sa suppression rapportera beaucoup moins en moyenne sur plusieurs années. Cette disposition fiscale permet en outre au pays de disposer dans un secteur très compétitif d’un des trois géants du commerce maritime mondial, CMA-CGM dont le siège est à Marseille.

En revanche, l’idée d’exonérer d’IR les médecins retraités qui accepteraient de reprendre du service, si elle est marginale, est originale, utile et peu coûteuse.

De son côté, le Nouveau Front populaire veut prendre vingt actes de rupture, dès les deux premières semaines de la législature, tous axés sur le pouvoir d’achat des ménages. Avec le blocage des prix des biens de première nécessité dans l’alimentation, l’énergie et les carburants, sont prévus l’abrogation pure et simple de la réforme des retraites, l’augmentation des fonctionnaires (soit 30 milliards selon le think tank de gauche Intérêt général), du minimum vieillesse de 10 % et du smic de 200 euros pour atteindre 1600 euros nets. En année pleine, cela représente un coût global d’au moins 40 milliards (le nombre de smicards a progressé de 50 % en 2 ans). Le programme prévoit aussi l’augmentation du minimum contributif jusqu’au niveau du salaire minimum et un minimum vieillesse au niveau du seuil de pauvreté.

Viendraient ensuite dans les cent jours « les bifurcations » et enfin les mois suivants « les transformations », comme l’indexation des retraites sur les salaires et celle des salaires sur les prix, une mesure pourtant abandonnée par la gauche au pouvoir en… 1983, au moment du tournant de la rigueur. Bref le coût total de ces mesures atteindrait rapidement entre 150 et 200 milliards par an, ce qui laisse planer quelques doutes sur sa faisabilité, toutes choses égales par ailleurs.

Le financement de ces mesures passerait par la fin des contraintes de maîtrise du déficit public contenues dans le Pacte de stabilité européen. La fiscalité augmenterait significativement pour les privilégiés dès le 4 août (en référence explicite à l’abolition des privilèges de 1789) via l’accroissement de la progressivité de l’impôt sur le revenu qui passerait à 14 tranches (comme en 1983) la progressivité du taux de la CSG, un ISF renforcé avec un volet climatique, la fin de la flat tax, le rétablissement de l’exit tax et une réforme de l’impôt sur les successions pour le rendre plus progressif tout en instaurant un héritage maximum…

Dans la même veine, prétendre taxer, sous l’impulsion de l’économiste Gabriel Zucman, dès mi-juillet, les ultrariches est totalement illusoire du fait d’un prévisible exode massif et immédiat. Comme nous l’avons déjà démontré à plusieurs reprises notamment sur ce site dans un monde ouvert, réduire la base taxable ne peut que diminuer le rendement des impôts et affaiblir l’économie du pays.

À la différence des deux autres blocs qui se revendiquent pro-business, le Nouveau Front populaire réduirait les allégements de cotisation des entreprises et alourdirait leur fiscalité de diverses manières, notamment via une taxation renforcée des transactions financières et la taxation des « superprofits des agro-industriels et de la grande distribution ».

Dans la course à l’échalote des dépenses publiques, le camp présidentiel a confirmé la publication d’un décret durcissant les conditions d’accès à l’assurance chômage au 1er juillet contre l’avis du RN et du Front de gauche, mais prétend sanctuariser les retraites en les indexant sur l’inflation. Ensemble pour la République veut également élargir significativement la prime de partage de la valeur (ou PPV, plus connue sous le nom de prime Macron) qui passerait de 3 000 euros maximum à 10 000 euros toujours sans charges sociales, ce qui réduirait d’autant le financement de la sécurité sociale mais en la soumettant à l’IR.

[Déjà plus de 120 000 abonnements aux newsletters The Conversation. Et vous ? Abonnez-vous aujourd’hui pour mieux comprendre les grands enjeux du monde.]

Les factures d’électricité baisseraient de 15 % l’hiver prochain soit environ 200 euros par ménage, un complémentaire santé publique à 1 euro par jour serait créé pour ceux qui ne sont pas couverts par la complémentaire gratuite ou à prix réduit et une volte-face est prévue pour relancer le leasing social pour les véhicules électriques. Cette fois, il serait ciblé sur les personnels soignants. Enfin, l’exonération des frais de notaire pour l’achat de biens inférieurs à 250 000 euros (soit une économie de 10 000 à 20 000 euros par achat) est destinée à relancer le marché immobilier.

Quels que soient le ou les vainqueurs, le principe de réalité va rapidement s’imposer. Il prendra d’abord la forme du droit car le Conseil constitutionnel censurerait évidemment toute velléité d’instaurer un héritage maximum au visa, entre autres de l’article 2 de la Déclaration des droits.

La réduction de la TVA sur les produits énergétiques est contraire au droit de l’UE et exposerait la France à une amende car ces taux sont harmonisés précisément pour éviter tout dumping, les carburants étant explicitement exclus des taux à 5,5 % depuis 2022 pour faciliter l’agenda de décarbonation et l’interdiction des véhicules thermiques neufs en 2035.

Le second risque est bien connu : il s’agit de l’économie puisque la hausse des charges sur les entreprises voulue par le Nouveau Front populaire est critiquée par le Medef qui fustige l’irrationalité des mesures et par le CGPME qui dénonce le retour d’une économie administrée et un scénario budgétaire identique à celui de la Grèce. Ils estiment que ces mesures entraîneraient très rapidement une flambée du chômage à court terme. Les enfants chéris du macronisme ne sont pas en reste puisque la French Tech s’inquiète d’une hémorragie de talents et de capitaux étrangers.

Enfin, le troisième risque est bien sûr financier. Comme nous l’avons rappelé à plusieurs reprises sur ce site depuis le début de l’année, la France arrive au terme des 44 dispendieuses ou 44 années d’indiscipline budgétaire. Malgré la résilience d’une économie riche et diversifiée, la persistance d’un déficit public supérieur à 5 % et d’une dette de 110 % du PIB réduit à néant les marges de manœuvre budgétaires dont disposait encore le programme commun de la gauche en 1981. À l’époque, le gouvernement de Raymond Barre avait laissé des comptes publics à l’équilibre et une dette de seulement 20 % du PIB alors qu’en juin 2024 la Commission européenne va déclencher une procédure pour déficit excessif contre la France. Malgré les promesses des uns et des autres, le 9 juin 2024 pourrait ainsi marquer la date symbolique de la fin de l’insouciance budgétaire.

Législatives : la fuite en avant des promesses

Législatives  : la fuite en avant des promesses

 

Après la décision du président de la République de dissoudre l’Assemblée nationale et de procéder à de nouvelles élections, le champ politique français apparaît organisé autour de trois blocs : le camp présidentiel avec le slogan Ensemble pour la République, une coalition des forces de gauche intitulée le Nouveau Front populaire et le Rassemblement national. Quant aux Républicains, après leur score de 7 % aux élections européennes et leur division en trois factions, ils ne semblent plus en mesure de peser réellement sur la vie politique française.

 

par 

Professeur et directeur du Mastère Spécialisé Patrimoine et Immobilier, Kedge Business School dans The Conversation 

Restent donc trois forces qui, en vue des élections législatives, viennent de présenter leur programme pour la XVIIe législature de la Ve République. Ces trois forces ont développé, avec plus ou moins de précision et de détails, leur programme économique et budgétaire mais chacun semble faire fi, avec plus ou moins d’intensité, du monde réel. Le retour de balancier et le réveil pourraient être cruels pour des électeurs qui n’auront eu finalement que peu de temps pour faire leur choix. Mais il est vrai que la maîtrise de la science économique n’est pas le point fort des Français préoccupés avant tout par leur pouvoir d’achat à court terme.

Selon les derniers sondages, trois blocs hétérogènes peuvent prétendre, après le 7 juillet, conduire le gouvernement qui selon l’article 20 de la Constitution « détermine et conduit la politique de la Nation ». Le Rassemblement national en tête des sondages avec environ 32 % des intentions de vote a le vent en poupe. Il est en outre favorisé par le mode de scrutin qui renforce le parti hégémonique et peut même rêver d’une majorité absolue avec les troupes de son allié supplétif, Éric Ciotti. Pour asseoir sa crédibilité et espérer gagner les indécis, le RN a sérieusement édulcoré son programme budgétaire depuis la dissolution. Ainsi, le parti dirigé par Jordan Bardella repousse désormais dans un second temps, indéterminé, des mesures coûteuses comme l’abrogation de la réforme des retraites, l’exonération de cotisations patronales sur une hausse des salaires de 10 % (jusqu’à 3 smic) ou l’exonération d’IR des jeunes actifs.

 

Inversement, les partis qui composent l’actuelle majorité présidentielle réunis sous la bannière Ensemble ont nettement desserré les cordons de la bourse et abandonné l’hymne à la rigueur budgétaire vantée encore tout récemment par le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, pour respecter le Pacte de stabilité européen et rassurer les marchés.

À gauche la nouvelle Union populaire écologiste et sociale s’est reconstituée dans l’urgence sous l’étiquette du Nouveau Front populaire en rassemblant des éléments hétéroclites encore plus disparates que lors des législatives de 2022 puisque, sous cette bannière, on trouve aussi bien François Hollande en Corrèze que Philippe Poutou du NPA dans l’Aude. Le programme budgétaire et fiscal est plus à gauche qu’en 2022, et même qu’en 1981, même s’il n’est plus question de nationalisations d’entreprises du secteur industriel ou financier. Il a été qualifié à juste titre par ses auteurs de programme de rupture. Pour répondre à la principale préoccupation des électeurs, le pouvoir d’achat, les trois camps rivalisent de propositions.

Le Rassemblement national veut, dès la séance inaugurale de la prochaine Assemblée nationale le 18 juillet, faire passer sa mesure phare déjà annoncée en 2022 : une baisse massive de la TVA sur les carburants de 20 % à 5,5 % (qui coûterait 10 milliards d’euros) et sur le gaz et l’électricité (7 milliards). Le coût global en année pleine de ces mesures s’élèverait dont à 17 milliards d’euros. Cette mesure profiterait à tous les conducteurs, français et étrangers, particuliers et routiers, mais aussi aux distributeurs qui ne répercuteront sans doute pas la totalité de la baisse de la taxe sur les prix proposés aux consommateurs.

Pour améliorer le pouvoir d’achat des ménages, il serait préférable de ressusciter en le ciblant par exemple sur les actifs en dessous d’un certain revenu, le défunt chèque carburant actuellement en pause en dessous de 2 euros le litre ou d’augmenter le chèque énergie ce qui n’est pas très difficile à mettre en œuvre et coûterait bien moins cher.

Pour financer la mesure, le RN veut supprimer une disposition fiscale réservée aux armateurs dont le coût est estimé à 5,6 milliards en 2024. Cette mesure très décriée est pourtant destinée à lisser l’imposition d’une activité très volatile, puisque le cours du fret est passé de 1 000 dollars avant le Covid à 20 000 dollars le conteneur au moment de la guerre en Ukraine. C’est pourquoi sa suppression rapportera beaucoup moins en moyenne sur plusieurs années. Cette disposition fiscale permet en outre au pays de disposer dans un secteur très compétitif d’un des trois géants du commerce maritime mondial, CMA-CGM dont le siège est à Marseille.

En revanche, l’idée d’exonérer d’IR les médecins retraités qui accepteraient de reprendre du service, si elle est marginale, est originale, utile et peu coûteuse.

De son côté, le Nouveau Front populaire veut prendre vingt actes de rupture, dès les deux premières semaines de la législature, tous axés sur le pouvoir d’achat des ménages. Avec le blocage des prix des biens de première nécessité dans l’alimentation, l’énergie et les carburants, sont prévus l’abrogation pure et simple de la réforme des retraites, l’augmentation des fonctionnaires (soit 30 milliards selon le think tank de gauche Intérêt général), du minimum vieillesse de 10 % et du smic de 200 euros pour atteindre 1600 euros nets. En année pleine, cela représente un coût global d’au moins 40 milliards (le nombre de smicards a progressé de 50 % en 2 ans). Le programme prévoit aussi l’augmentation du minimum contributif jusqu’au niveau du salaire minimum et un minimum vieillesse au niveau du seuil de pauvreté.

Viendraient ensuite dans les cent jours « les bifurcations » et enfin les mois suivants « les transformations », comme l’indexation des retraites sur les salaires et celle des salaires sur les prix, une mesure pourtant abandonnée par la gauche au pouvoir en… 1983, au moment du tournant de la rigueur. Bref le coût total de ces mesures atteindrait rapidement entre 150 et 200 milliards par an, ce qui laisse planer quelques doutes sur sa faisabilité, toutes choses égales par ailleurs.

Le financement de ces mesures passerait par la fin des contraintes de maîtrise du déficit public contenues dans le Pacte de stabilité européen. La fiscalité augmenterait significativement pour les privilégiés dès le 4 août (en référence explicite à l’abolition des privilèges de 1789) via l’accroissement de la progressivité de l’impôt sur le revenu qui passerait à 14 tranches (comme en 1983) la progressivité du taux de la CSG, un ISF renforcé avec un volet climatique, la fin de la flat tax, le rétablissement de l’exit tax et une réforme de l’impôt sur les successions pour le rendre plus progressif tout en instaurant un héritage maximum…

Dans la même veine, prétendre taxer, sous l’impulsion de l’économiste Gabriel Zucman, dès mi-juillet, les ultrariches est totalement illusoire du fait d’un prévisible exode massif et immédiat. Comme nous l’avons déjà démontré à plusieurs reprises notamment sur ce site dans un monde ouvert, réduire la base taxable ne peut que diminuer le rendement des impôts et affaiblir l’économie du pays.

À la différence des deux autres blocs qui se revendiquent pro-business, le Nouveau Front populaire réduirait les allégements de cotisation des entreprises et alourdirait leur fiscalité de diverses manières, notamment via une taxation renforcée des transactions financières et la taxation des « superprofits des agro-industriels et de la grande distribution ».

Dans la course à l’échalote des dépenses publiques, le camp présidentiel a confirmé la publication d’un décret durcissant les conditions d’accès à l’assurance chômage au 1er juillet contre l’avis du RN et du Front de gauche, mais prétend sanctuariser les retraites en les indexant sur l’inflation. Ensemble pour la République veut également élargir significativement la prime de partage de la valeur (ou PPV, plus connue sous le nom de prime Macron) qui passerait de 3 000 euros maximum à 10 000 euros toujours sans charges sociales, ce qui réduirait d’autant le financement de la sécurité sociale mais en la soumettant à l’IR.

[Déjà plus de 120 000 abonnements aux newsletters The Conversation. Et vous ? Abonnez-vous aujourd’hui pour mieux comprendre les grands enjeux du monde.]

Les factures d’électricité baisseraient de 15 % l’hiver prochain soit environ 200 euros par ménage, un complémentaire santé publique à 1 euro par jour serait créé pour ceux qui ne sont pas couverts par la complémentaire gratuite ou à prix réduit et une volte-face est prévue pour relancer le leasing social pour les véhicules électriques. Cette fois, il serait ciblé sur les personnels soignants. Enfin, l’exonération des frais de notaire pour l’achat de biens inférieurs à 250 000 euros (soit une économie de 10 000 à 20 000 euros par achat) est destinée à relancer le marché immobilier.

Quels que soient le ou les vainqueurs, le principe de réalité va rapidement s’imposer. Il prendra d’abord la forme du droit car le Conseil constitutionnel censurerait évidemment toute velléité d’instaurer un héritage maximum au visa, entre autres de l’article 2 de la Déclaration des droits.

La réduction de la TVA sur les produits énergétiques est contraire au droit de l’UE et exposerait la France à une amende car ces taux sont harmonisés précisément pour éviter tout dumping, les carburants étant explicitement exclus des taux à 5,5 % depuis 2022 pour faciliter l’agenda de décarbonation et l’interdiction des véhicules thermiques neufs en 2035.

Le second risque est bien connu : il s’agit de l’économie puisque la hausse des charges sur les entreprises voulue par le Nouveau Front populaire est critiquée par le Medef qui fustige l’irrationalité des mesures et par le CGPME qui dénonce le retour d’une économie administrée et un scénario budgétaire identique à celui de la Grèce. Ils estiment que ces mesures entraîneraient très rapidement une flambée du chômage à court terme. Les enfants chéris du macronisme ne sont pas en reste puisque la French Tech s’inquiète d’une hémorragie de talents et de capitaux étrangers.

Enfin, le troisième risque est bien sûr financier. Comme nous l’avons rappelé à plusieurs reprises sur ce site depuis le début de l’année, la France arrive au terme des 44 dispendieuses ou 44 années d’indiscipline budgétaire. Malgré la résilience d’une économie riche et diversifiée, la persistance d’un déficit public supérieur à 5 % et d’une dette de 110 % du PIB réduit à néant les marges de manœuvre budgétaires dont disposait encore le programme commun de la gauche en 1981. À l’époque, le gouvernement de Raymond Barre avait laissé des comptes publics à l’équilibre et une dette de seulement 20 % du PIB alors qu’en juin 2024 la Commission européenne va déclencher une procédure pour déficit excessif contre la France. Malgré les promesses des uns et des autres, le 9 juin 2024 pourrait ainsi marquer la date symbolique de la fin de l’insouciance budgétaire.

Législatives : Les promesses de la gauche

Législatives : Les promesses de la gauche

Des promesses qui rappellent celle de 1981 lors du programme commun mais qui ont été rapidement remises en cause du fait de la dégradation des comptes publics.
Pas vraiment un programme politique, plutôt une liste de promesses que l’on  fait dans l’opposition et qui une fois au pouvoir sont remises en cause par les contraintes notamment financières. Non pas que les objectifs sociaux soit illégitimes mais il faut évidemment prévoir leur financement sans remettre en cause les équilibres financiers et la compétitivité du pays. Notons que du côté du RN le programme économique n’est pas non plus très élaboré ni très pertinent. En gros,les programmes des deux principales formations qui vont s’affronter se caractérisent surtout par des dépenses de centaines de milliards alors que la France est déjà contrainte d’emprunter pour équilibrer actuellement son budget. En clair, pourrait après la dimension politique se profiler celle d’une crise financière.
Les promesses Du « Front populaire »:
•  retraites et le chômage. Le Nouveau Front populaire propose de mettre fin à plusieurs réformes mises en œuvre par les gouvernements d’Elisabeth Borne et Gabriel Attal. La première est celle de l’assurance-chômage.  pour aller « vers le plein-emploi ».  La seconde est la réforme des retraites, qui a porté l’âge légal de départ à 64 ans. Dans le programme de la gauche figure l’abrogation de la réforme des retraites et le retour à la retraite à 60 ans, dans les 15 jours suivants le second tour des élections législatives, si la gauche sort victorieuse.

•  pouvoir d’achat. le Nouveau Front populaire entend bloquer les prix des biens de première nécessité dans l’alimentation, l’énergie et les carburants par décret, et renforcer le bouclier qualité-prix pour les outre-mer. L’alliance promet également l’indexation des salaires, mais aussi des pensions de retraite, sur l’inflation, afin de favoriser le pouvoir d’achat. La gauche unie prévoit d’augmenter le smic à 1 600 euros net et augmenter de 10% le point d’indice des fonctionnaires.

. énergie . Le Nouveau Front populaire entend également abolir « la taxe Macron de 10% sur les factures d’énergie » et annuler la hausse programmée du prix du gaz au 1er juillet.

•  fiscalité. Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a appelé à la justice fiscale. Il a développé des mesures pour « rétablir l’ISF et abolir la ‘flat taxe’ ». Cette dernière, aussi appelée prélèvement forfaitaire unique sur les revenus du capital, est entrée en vigueur en 2017 dans le but de diminuer l’impôt payé par les contribuables les plus aisés, afin de les pousser à investir dans l’économie.

•  services publics. L’union prévoit « l’école vraiment gratuite », a déclaré Marine Tondelier, secrétaire nationale des Ecologistes-EELV. Cela inclut « la gratuité intégrale » de la cantine scolaire, des fournitures, des transports, et des activités périscolaires, selon le programme consulté par franceinfo.

immigration. Le programme prévoit d’abroger la loi immigration. Le Nouveau Front populaire promet d’assurer un accompagnement social et une autorisation de travailler pour les demandeurs d’asile, et instituer la carte de séjour de dix ans comme titre de séjour de référence. Il propose de créer un statut de déplacé climatique.

•  Ukraine et à Gaza. Le texte affirme par ailleurs « défendre indéfectiblement » l’Ukraine. Avec cependant « des lignes rouges, notamment sur l’intervention militaire de troupes françaises au sol », a précisé Manuel Bompard sur RTL. Le texte condamne les « massacres terroristes » commis par le Hamas le 7 octobre et réclame « la libération de tous les otages ». Il demande un « cessez-le-feu immédiat » dans le territoire palestinien et la reconnaissance d’un Etat palestinien. Il prévoit aussi une rupture avec le « gouvernement suprémaciste d’extrême droite de Nétanyahou » et un embargo sur les livraisons d’armes à Israël.

  racisme. Que cela soit l’antisémitisme ou l’islamophobie, le programme promet de « donner à la justice les moyens » de poursuivre et de sanctionner les auteurs de propos ou actes racistes, islamophobes et antisémites. Il entend aussi instaurer un Commissariat à l’égalité doté d’un Observatoire des discriminations et de pôles spécialisés au sein des services publics et des cours d’appel. Alors que LFI est accusé d’avoir une posture ambiguë sur l’antisémitisme, le programme propose « un plan interministériel pour analyser, prévenir et lutter contre l’antisémitisme en France, notamment à l’école et contre ses effets sur la vie des populations qui le subissent. »

environnement. Le programme promet de faire voter une loi énergie-climat, de mettre en place un plan climat visant la neutralité carbone en 2050, et d’assurer l’isolation complète des logements en renforçant les aides pour les ménages. Le Nouveau Front populaire envisage également de revenir sur la fusion entre l’Agence de sûreté nucléaire et l’Institut de recherche sur la sûreté nucléaire. Ce projet, initié en 2023, avait été critiqué de toutes parts par des experts et associations.

 

Projet de loi agriculture : des promesses et du vide

Projet de loi agriculture : des promesses et du vide

Finalement le projet de loi agriculture pourrait essentiellement viser  la transmission des exploitations. Pour le reste, ce sont de grands principes et des promesses sans perspectives concrètes. Ainsi va-t-on décréter le caractère d’intérêt général de l’agriculture. Ce qui évidemment ne changera pas grand-chose pas davantage que le concept de souveraineté alimentaire encore plus ambiguë quant aux perspectives d’échange internationaux.

C’est un peu la spécialité de la France de graver dans le marbre législatif voire dans la constitution des principes qui ne changent pas grand-chose.

 

On observera d’ailleurs que la mesure la plus discutée et la plus ambiguë aussi comme les tarifs garantis ne figurent pas dans ce texte.

 

 Moins de trois mois après le début de la crise agricole qui a secoué la France jusqu’à la fin du Salon de l’agriculture, le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, présente ce mercredi matin en Conseil des ministres son projet de loi d’orientation pour la souveraineté en matière agricole et le renouvellement des générations en agriculture.

Repoussé en urgence mi-janvier à la demande d’Emmanuel Macron, qui jugeait le texte trop peu ambitieux pour répondre au malaise des agriculteurs français, celui-ci ne sera pas seulement consacré au défi d’installer 20.000 agriculteurs. Il « affirme le caractère d’intérêt général majeur de l’agriculture, de la pêche et de l’aquaculture en tant qu’elles garantissent la souveraineté alimentaire de la nation, qui contribue à la défense de ses intérêts fondamentaux. 

 

Société -Attaque mortelle à Paris : toujours les mêmes promesses de fermeté

Société -Attaque mortelle à Paris : toujours les mêmes promesses de fermeté

Comme d’habitude en quelque sorte, les politiques ont fait les mêmes promesses de fermeté après l’attaque à Paris par un extrémiste musulman qui a fait un mort et de blessés. Et de promettre qu’une enquête approfondie sera conduite avec l’espoir que la justice fera son travail. En gros compassion, suivi de promesses et l’oubli.

Les promesses molles tranchent aussi avec le grand silence de la gauche. Une gauche qui avait fortement regretté à juste titre la mort de Nahel mais qui s’était montrée discrète après la mort de Thomas à Crépol et qui a choisi carrément le silence cette fois..

De quoi vraiment s’interroger sur l’attachement réel de cette gauche aux valeurs républicaines françaises. À gauche, le premier adjoint à la Maire de Paris Emmanuel Grégoire s’est limité ses «pensées pour les victimes». Pas d’autre déclaration à gauche !

En déplacement au Qatar, le président de la République Emmanuel Macron s’est aussi contenté d’une déclaration molle. «toutes [ses] condoléances à la famille et aux proches du ressortissant allemand décédé ce soir lors de l’attaque terroriste (…) [Je] pense avec émotion aux personnes actuellement blessées et prises en charge. Mes plus sincères remerciements aux forces de secours qui ont permis d’interpeller un suspect avec célérité.»

Le parquet national antiterroriste, saisi de l’affaire, «aura la charge de faire toute la lumière sur cette affaire pour que justice soit rendue au nom du peuple Français», a ajouté le chef de l’État.

Attaque à Paris : toujours les mêmes promesses de fermeté de la classe politique

Attaque à Paris : toujours les mêmes promesses de fermeté de la classe politique

Comme d’habitude en quelque sorte, les politiques ont fait les mêmes promesses de fermeté après l’attaque à Paris par un extrémiste musulman qui a fait un mort et de blessés. Et de promettre qu’une enquête approfondie sera conduite avec l’espoir que la justice fera son travail. En gros compassion, suivi de promesses et l’oubli.

Les promesses molles tranchent aussi avec le grand silence de la gauche. Une gauche qui avait fortement regretté à juste titre la mort de Nahel mais qui s’était montrée discrète après la mort de Thomas à Crépol et qui a choisi carrément le silence cette fois..

De quoi vraiment s’interroger sur l’attachement réel de cette gauche aux valeurs républicaines françaises. À gauche, le premier adjoint à la Maire de Paris Emmanuel Grégoire s’est limité ses «pensées pour les victimes». Pas d’autre déclaration à gauche !

En déplacement au Qatar, le président de la République Emmanuel Macron s’est aussi contenté d’une déclaration molle. «toutes [ses] condoléances à la famille et aux proches du ressortissant allemand décédé ce soir lors de l’attaque terroriste (…) [Je] pense avec émotion aux personnes actuellement blessées et prises en charge. Mes plus sincères remerciements aux forces de secours qui ont permis d’interpeller un suspect avec célérité.»

Le parquet national antiterroriste, saisi de l’affaire, «aura la charge de faire toute la lumière sur cette affaire pour que justice soit rendue au nom du peuple Français», a ajouté le chef de l’État.

Crise du logement : devant les maires, des promesses et du flou du ministre !

Crise du logement : devant les maires, des promesses et du flou du ministre !

Lors du congrès des maires, le ministre du logement encore répondu à côté de la plaque et a renvoyé l’examen des questions à plus tard notamment concernant la décentralisation; le ministre du Logement a notamment déclaré que « le modèle de développement territorial [était] à bout de souffle ».

« La ville fabriquée dans les années 1970 est obsolète, a éloigné les gens de leur emploi, a concentré les personnes en précarité dans les quartiers… Il faut refonder totalement ce modèle qui correspond à une ville du pétrole pas cher. Aujourd’hui, la réalité économique n’est plus la même : l’énergie, à commencer par l’essence, coûte cher désormais », a poursuivi Patrice Vergriete.

Devant les maires ce jeudi, le ministre du Logement a promis de « donner plus de moyens pour contrôler et réguler ». Précisément, tant des moyens de préemption que des moyens de déroger aux règles nationales, sauf aux règles environnementales. « Oui, il faut une ressource », a encore affirmé Patrice Vergriete, soulignant que la ville de demain coûtera plus chère. Transformer un actif immobilier existant est en effet plus onéreux qu’artificialiser une terre agricole.

Interrogé par les maires de la salle sur la politique de ZAN, qui renchérit les coûts des terrains disponibles, le ministre du Logement a refusé tout « retour en arrière ». « Si les établissements publics fonciers locaux [qui portent le coût du foncier pour les communes, Ndlr] ne sont pas suffisamment dotés et si les maires n’ont pas la possibilité de réguler le marché foncier, créons les outils », a assuré Patrice Vergriete.

Le ministre du logement s’est enfin montré favorable à l’augmentation des fiscalités locales

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