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Projet de loi Climat : En décalage avec les urgences

Projet de loi Climat : En décalage avec les urgences

En France, à rebours des engagements pris, le projet de loi qui est en cours de discussion au Sénat s’avère en complet décalage avec l’urgence, expliquent Hugues de Saint-Pierre et Lou Welgryn, diplômés de l’Essec, dans une tribune au « Monde ».

 

Tribune.

 

La France s’est fixé un objectif de diminution de 40 % de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030, qu’elle va devoir relever puisque l’Union européenne (UE) s’est récemment engagée à les diminuer de 55 % à cet horizon afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050.

Au regard de l’importance de l’enjeu, la Cour constitutionnelle allemande a jugé, dans une décision du 29 avril 2021, que l’objectif allemand pour 2030, pourtant fixé à 55 %, était « insuffisant » et menaçait « pratiquement toute liberté garantie par la loi fondamentale », y compris le droit de propriété des générations futures – forçant le gouvernement à relever son objectif pour 2030 à 65 %.

Formation des élites

Pourtant, en France, à rebours des engagements pris, le projet de loi Climat et résilience, qui est en cours de discussion au Sénat en juin, s’avère en complet décalage avec l’urgence, comme l’ont dénoncé 115 000 manifestants le 9 mai. De l’aveu du Haut Conseil pour le climat, le projet de loi n’engage pas les changements structurels nécessaires, et une proportion élevée de ses dispositions voit sa portée réduite par un périmètre d’application limité. Le constat est sans appel : en l’état des mesures prises, la France n’atteindra pas ses objectifs, déjà insuffisants.

Le projet de loi Climat constitue ainsi une double occasion manquée : respecter l’accord de Paris et faire confiance à la science. Dans ce contexte, toutes les compétences doivent être mises au service d’une société en cohérence avec les limites physiques de notre planète. Nous avons été préparés, au sein d’une grande école, à faire partie des leaders économiques et politiques de demain. Nous y avons appris à analyser les décisions stratégiques des entreprises et les politiques publiques.

 

Sur la base de cette formation, trois réformes nous apparaissent particulièrement nécessaires et urgentes pour mener à bien les « transformations sans précédent » auxquelles nous exhorte le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), rapport après rapport.

Tout d’abord, la formation des élites. Seule une profonde ignorance de la réalité physique de l’urgence climatique de la part du gouvernement et de l’Assemblée nationale peut expliquer la pauvreté des débats et la faiblesse générale du texte.

Il est donc urgent que les dirigeants politiques se forment aux enjeux climatiques, comme l’ont fait les 150 membres de la convention citoyenne pour le climat, sur la base des meilleurs travaux scientifiques disponibles, notamment ceux du GIEC et du Haut Conseil pour le climat. Ce dernier peut être sollicité pour organiser une session de formation des députés et des sénateurs, obligatoire, de sept jours minimum, dès le début de la prochaine législature. Cette formation doit être renouvelée après chaque élection, pour assurer la compétence des nouveaux élus.




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